Le droséra
Si les herbivores mangent des plantes, certaines plantes mangent des animaux. Parmi ces plantes carnivores, le droséra pousse dans les zones humides où il complète son alimentation en capturant des insectes avec ses poils collants.
Le droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) – ou la droséra car les deux genres se rencontrent – appartient à la famille des Droséracées qui compte près de deux cents espèces, dont la moitié dans le sud-ouest de l’Australie. Il est aussi connu sous les noms de rossolis, rorelle, rosée du soleil, herbe à la goutte, oreille du diable, etc. Le terme droséra vient du grec droseros (« couvert de rosée ») car les gouttelettes sécrétées par les poils ressemblent à des gouttes de rosée.
La plante mesure une vingtaine de centimètres. Une tige se dresse au centre d’une rosette de feuilles rougeâtres et arrondies. De petites fleurs blanches sont toutes tournées du même côté et fleurissent de juin à août. Le fruit a la forme d’une capsule oblongue. Les feuilles sont tapissées de poils translucides, rougeâtres et collants qui capturent les insectes. Le mucilage collant sécrété par ces poils obstrue la trachée des insectes qui meurent par asphyxie. Ensuite, les poils se recourbent vers la surface des feuilles et des enzymes digèrent le corps des insectes, sauf leur carapace. Les acides aminés ainsi libérés sont absorbés par les cellules à la surface des feuilles. Les insectes apportent à la plante un supplément azoté qu’elle ne peut trouver dans les sols pauvres où elle pousse. Cette particularité a intéressé Charles Darwin qui lui a consacré un ouvrage intitulé Les plantes insectivores. La plante se rencontre en Eurasie jusqu’au Japon et en Amérique du Nord mais est rare et protégée en France. Elle est présente sur des sols pauvres, acides et humides : marais, sols tourbeux, jusqu’ à 2000 mètres d’altitude.
Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales, Paris, 1891
Le droséra a été considéré au Moyen Âge comme rafraichissant à cause de la « rosée » qui couvre ses poils. Il était utilisé par les alchimistes dans la fabrication de l’élixir de longue vie. Au 19ème siècle, il est recommandé pour ses vertus apaisantes dans le traitement de la coqueluche ou de la phtisie, plus généralement les affections des voies respiratoires comme la toux. Le suc de la plante était appliqué sur les piqûres et les morsures, ou les cors et les verrues. Ses enzymes font cailler le lait. Des colorants jaunes et rouges sont tirés de ses des feuilles. Le rossolis a donné son nom à la liqueur du même nom. Certaines espèces de droséra servent comme plantes d’ornement. D’autres plantes carnivores comme le népenthe cherchent chez les animaux des compléments alimentaires, mais rien à voir avec la Petite boutique des horreurs !
Pour aller plus loin
Découvrez le fonctionnement des plantes carnivores en feuilletant la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.
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