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Charles Darwin

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24 juin 2021

Resté célèbre pour sa théorie de l’évolution des espèces, Charles Darwin s’est intéressé à une multitude de sujets qui ont nourri sa réflexion sur la définition du vivant : la formation des atolls comme le rôle du ver de terre. Son œuvre est à redécouvrir dans une exposition qui lui est consacrée au musée d’Orsay.

Jules Pizzetta, Galerie des naturalistes : histoire des sciences naturelles depuis leur origine jusqu’à nos jours, Paris, 1891

Origines familiales et études

Charles Darwin voit le jour le 12 février 1809 dans une famille qui compte déjà des personnalités reconnues. Son grand-père paternel, Erasmus Darwin, se passionne déjà pour l’histoire naturelle. Il est l’ami de Josiah I Wedgwood, fondateur de la célèbre fabrique de porcelaine du même nom. Son fils Robert Darwin épouse Susannah Wedgwood, fille de Josiah I.
Perdant sa mère tôt, Charles Darwin est orienté vers des études de médecine par son père, lui-même médecin. C’est un échec et son père lui fait suivre des études en vue de devenir pasteur, à l’université de Cambridge. Il y développe un goût pour l’histoire naturelle, collectionnant les coléoptères. Quand il apprend le départ du Beagle pour un voyage d’exploration autour du globe, il n’hésite pas à se joindre à l’équipage, partant pour cinq ans.

Nandou de Darwin, dans La Terre et la vie : revue d’histoire naturelle, 1936

Un voyage formateur

Ce voyage sera le grand événement de la vie de Darwin, qu’il décrit dans Voyage d’un naturaliste autour du monde : fait à bord du navire le « Beagle » de 1831 à 1836. Il y découvre maints milieux naturels, mais aussi des fossiles, des espèces… Il est influencé par l’uniformitarisme du géologue Charles Lyell : les phénomènes géologiques sont dus à une action lente et graduelle. Il faut chercher dans le passé la clé du présent. Darwin explique ainsi la formation des atolls par l’anneau corallien constitué autour d’une île volcanique qui s’enfonce peu à peu dans l’océan.
En Argentine, il découvre des fossiles de paresseux géants, espèces disparues mais ressemblant fortement aux espèces actuelles. Le chenal que le Beagle utilise pour rallier le Pacifique sera baptisé canal de Beagle en son honneur. L’escale aux îles Galapagos se révèle particulièrement fructueuse. Outre des iguanes et des tortues géantes, l’archipel abrite plusieurs espèces de ce qu’on nommera ensuite les pinsons de Darwin. Chaque île a vu une espèce se différencier et s’adapter au régime alimentaire disponible, ce qui est visible dans la forme du bec.

La Caricature, 27 mai 1882

La parution de L’origine des espèces

Revenu en Angleterre, il s’y marie avec sa cousine germaine Emma Wedgwood. Il a expédié les spécimens récoltés au cours de son voyage à différents naturalistes : Richard Owen pour les mammifères fossiles, John Gould pour les oiseaux… Ceci, ajouté à diverses publications, lui vaut la reconnaissance de ses pairs. Installé à Downe dans le Kent, il s’y occupe de sa famille et de son élevage de pigeons, s’intéressant à la sélection de variétés nouvelles. Un événement vient pourtant bouleverser cette vie bien installée : le naturaliste Alfred Russel Wallace doit publier un texte sur l’évolution des espèces. Darwin met alors en forme ses réflexions sur le sujet : ce sera L’origine des espèces, parue en 1859. Le premier tirage en est épuisé le jour même.
Il y défend le transformisme, à savoir que les espèces ne sont pas figées comme le prétendaient les fixistes comme Georges Cuvier, mais elles changent au cours du temps. Ces changements se font progressivement, et ne sont pas forcément visibles à l’échelle humaine. Pour s’en rendre compte, il faut étudier les espèces fossiles et comparer les espèces actuelles afin d’établir des filiations entre elles. Certaines des mutations qui apparaissent dans les espèces se révèlent un avantage chez les individus concernés, mieux armés pour survivre. Des espèces nouvelles apparaissent ainsi et remplacent peu à peu les espèces existantes. Cette théorie remet en cause les enseignements scientifiques de l’époque mais aussi la lettre du texte biblique, déclenchant une vaste polémique.

La Lune rousse, 18 août 1878

La controverse

L’épisode le plus connu de la controverse est la bataille d’Oxford. Le 30 juin 1860 s’y affrontent les opposants à Darwin, menés par l’évêque Samuel Wilberforce, et ses partisans, conduits par Thomas Huxley, surnommé le bulldog de Darwin ». La théorie de Darwin y est brillamment défendue, tandis que la presse s’en donne à cœur joie pour caricaturer Darwin en singe. Affinant sa théorie, Darwin fait paraître De la variation des animaux et des plantes à l’état domestique en 1868, puis La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe en 1871.
Il y explique ainsi que l’homme possède un ancêtre commun avec les singes et qu’il a tiré un avantage social de comportements antisélectifs comme l’éducation, le droit, la solidarité ou l’altruisme. Trop souvent, la théorie darwinienne est résumée à la survie des plus aptes et a servi de prétexte à des courants politiques comme le darwinisme social ou l’eugénisme. Francis Galton, le propre cousin germain de Darwin, appartient à ces courants.

Benjamin Rabier, Ecoutez-moi, Paris, 1905

Des sources d’intérêt très variées

Darwin se penche sur les relations entre espèces. Dans De la fécondation des orchidées par les insectes : et des bons résultats du croisement, il montre l’ingéniosité de ces plantes pour attirer les insectes : elles vont jusqu’à les leurrer comme chez l’ophrys mouche. Dans Des effets de la fécondation croisée et de la fécondation directe dans le règne végétal, il voit les avantages évolutifs de la fécondation croisée par rapport à l’autofécondation. La faculté motrice dans les plantes étudie l’adaptation des plantes au milieu, tandis que L’expression des émotions chez l’homme et les animaux explique les interactions sociales entre individus. Son dernier ouvrage, Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale, révèle que ces petits animaux sont indispensables à cet écosystème que constitue le sol. Mort le 19 avril 1882, Darwin est enterré quelques jours plus tard dans l’abbaye de Westminster.

Le Magasin pittoresque, 1er janvier 1843

Avec sa théorie, Darwin s’interroge sur la notion d’espèce, sa définition, son apparition et sa disparition. Fixisme et catastrophisme sont écartés devant la vision d’un monde en constante évolution. Après Darwin, d’autres découvertes comme celle de la génétique sont venues compléter ces recherches, montrant toute la complexité de la Nature.

Pour aller plus loin

L’exposition du musée d’Orsay : Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle
Découvrez l’évolution des théories naturalistes dans les parcours Gallica Les essentiels des sciences naturelles et La Nature en images.

Commentaires

Soumis par Jules le 26/06/2021

Dans le prolongement du siècle des Lumières, Charles Darwin ouvre une brèche dans les croyances religieuses sur la genèse et l'évolution du monde animal.
Que l'on soit convaincu par sa théorie de l'évolution ou non, il convient d'attribuer à ce naturaliste les travaux et les observations sur les espèces qui l'on conduit à établir la théorie sur la sélection naturelle. Ses principes ont révolutionné la biologie aussi profondément que lorsque Lavoisier, cf biographie https://www.memoire-vivante.fr/inventeur/antoine-laurent-lavoisier/, posa les fondements de la chimie moderne.
J'espère avoir l'occasion de visiter l'exposition au musée d’Orsay.

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