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L’Armoise commune

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13 septembre 2021

Parfumant autrefois les armoires de nos aïeux, appréciée des jardiniers pour son joli feuillage découpé, l’armoise aux nombreuses vertus médicinales rejoint l’herbier de Gallica.
Flore médicale. Tome 1, décrite par MM. Chaumeton, Poiret, Chamberet

L’armoise, Artemisia vulgaris fait partie de la famille des astéracées comme le pissenlit ou la pâquerette, et le genre auquel elle appartient ne compte pas moins de 300 espèces dont certaines bien connues, comme l’absinthe (Artemisia absinthium) ou bien l’estragon (Artemisia dracunculus).

Joseph Roques, Phytographie médicale, ornée de figures coloriées de grandeur naturelle..., Tome 1. Paris 1821

Le port de cette plante vivace aromatique peut atteindre de 60 cm à plus d’un mètre. Sa tige relativement rigide de couleur rouge soutient un feuillage vert foncé sur le dessus et duveteux et donc blanchâtre au-dessous; celui-ci est décoratif car élégamment découpé. Les inflorescences sont généralement petites et jaunes et dégagent une odeur caractéristique et épicée. Cette plantes produit de très nombreux akènes, de très petites tailles (2 mm).

Johann Wilhelm Weinmann, Phytanthoza-iconographia, sive Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum. Tome 1

C’est une plante très commune, que l’on rencontre sur le bord des chemins ou dans les friches, et qui fleurit en été, de juin à octobre.

R Siélain, Atlas de poche des plantes des champs, des prairies et des bois, à l'usage des promeneurs et des excursionnistes... Paris : 1896

Le feuillage de l’armoise était fréquemment utilisé séché, afin de parfumer les armoires et de prévenir les invasions d’insectes. Cette coutume est peut-être liée à une tradition plus ancienne : l’armoise était cueillie à la Saint-Jean au moment du solstice d’été pour confectionner guirlandes et ceintures que l’on conservait toute l’année car on leur prêtait des propriétés magiques..

Le Petit journal. Supplément du dimanche. Paris : 1er juillet 1893

Plusieurs noms vernaculaires de l’armoise conservent d'ailleurs la trace de ces croyances anciennes : Herbe-de-la-Saint-Jean, Ceinture-de-la-Saint-Jean, Couronne-de-Saint-Jean ou encore Fleur-de-Saint-Jean…

M.J. Vesque, Planche d'enseignement. Botanique (Ecole supérieure de pharmacie de Paris [Faculté]). 20e siècle

Ces croyances populaires sont sévèrement jugées par certains auteurs qui soulignent la crédulité de nos ancêtres. En effet, cette plante était érigée en véritable panacée, sans aucun fondement scientifique. Son nom scientifique fait référence à Artémis (Diane), honorée par Gérard de Nerval dans Les Filles du feu :

Gérard de  Nerval, Les Filles du feu, nouvelles. Édition : D. Giraud (Paris). 1854

La référence à Diane, patronne des vierges, évoque de façon pudique, un des usages traditionnels de cette plante comme contraceptif naturel, pour faciliter les accouchements ou réduire les symptômes liés aux menstruations. Ces différents usages sont décrits dans Le Petit écho de l"inconnu. Les racines de l’armoise furent même employées longtemps comme remède contre l’épilepsie. Toutes les parties de l’armoise, des sommités aux racines, semblent pouvoir entrer dans la composition de remèdes et autres fortifiants comme cette recette de tisane proposée par le journal Marie-Claire :

 

Marie-Claire, directeur de publication Jean Prouvost. 16 août 1941

Le genre Artemisia comprend un grand nombre de représentants, dont une a récemment été mise en lumière par l’épidémie de Covid. En effet, l' Artemisia annua est utilisée depuis longtemps, notamment sous forme de tisanes, comme traitement anti-paludéen. A l’instar des dérivées de la quinine, elle a été présentée comme possédant des principes actifs qui pourraient faciliter les guérisons. Cette pandémie, remet donc en lumière les qualités médicinales des plantes de cette grande famille dont les effets sont loin d’être encore totalement connus et qui mériteraient d’être confortés par des études scientifiques comme le suggère l’Institut Max Planck.

L'armoise, plante discrète qui peuple nos campagnes, mérite donc qu'on s'y intéresse de plus près car elle recèle peut-être des vertus encore inconnues.

Pour aller plus loin

Découvrez d'autres plantes médicinales méconnues dans la section Botanique du parcours Gallica La Nature en images

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