L’Armoise commune
L’armoise, Artemisia vulgaris fait partie de la famille des astéracées comme le pissenlit ou la pâquerette, et le genre auquel elle appartient ne compte pas moins de 300 espèces dont certaines bien connues, comme l’absinthe (Artemisia absinthium) ou bien l’estragon (Artemisia dracunculus).
Le port de cette plante vivace aromatique peut atteindre de 60 cm à plus d’un mètre. Sa tige relativement rigide de couleur rouge soutient un feuillage vert foncé sur le dessus et duveteux et donc blanchâtre au-dessous; celui-ci est décoratif car élégamment découpé. Les inflorescences sont généralement petites et jaunes et dégagent une odeur caractéristique et épicée. Cette plantes produit de très nombreux akènes, de très petites tailles (2 mm).
C’est une plante très commune, que l’on rencontre sur le bord des chemins ou dans les friches, et qui fleurit en été, de juin à octobre.
Le feuillage de l’armoise était fréquemment utilisé séché, afin de parfumer les armoires et de prévenir les invasions d’insectes. Cette coutume est peut-être liée à une tradition plus ancienne : l’armoise était cueillie à la Saint-Jean au moment du solstice d’été pour confectionner guirlandes et ceintures que l’on conservait toute l’année car on leur prêtait des propriétés magiques..
Le Petit journal. Supplément du dimanche. Paris : 1er juillet 1893
Plusieurs noms vernaculaires de l’armoise conservent d'ailleurs la trace de ces croyances anciennes : Herbe-de-la-Saint-Jean, Ceinture-de-la-Saint-Jean, Couronne-de-Saint-Jean ou encore Fleur-de-Saint-Jean…
Ces croyances populaires sont sévèrement jugées par certains auteurs qui soulignent la crédulité de nos ancêtres. En effet, cette plante était érigée en véritable panacée, sans aucun fondement scientifique. Son nom scientifique fait référence à Artémis (Diane), honorée par Gérard de Nerval dans Les Filles du feu :
Gérard de Nerval, Les Filles du feu, nouvelles. Édition : D. Giraud (Paris). 1854
La référence à Diane, patronne des vierges, évoque de façon pudique, un des usages traditionnels de cette plante comme contraceptif naturel, pour faciliter les accouchements ou réduire les symptômes liés aux menstruations. Ces différents usages sont décrits dans Le Petit écho de l"inconnu. Les racines de l’armoise furent même employées longtemps comme remède contre l’épilepsie. Toutes les parties de l’armoise, des sommités aux racines, semblent pouvoir entrer dans la composition de remèdes et autres fortifiants comme cette recette de tisane proposée par le journal Marie-Claire :
Marie-Claire, directeur de publication Jean Prouvost. 16 août 1941
Le genre Artemisia comprend un grand nombre de représentants, dont une a récemment été mise en lumière par l’épidémie de Covid. En effet, l' Artemisia annua est utilisée depuis longtemps, notamment sous forme de tisanes, comme traitement anti-paludéen. A l’instar des dérivées de la quinine, elle a été présentée comme possédant des principes actifs qui pourraient faciliter les guérisons. Cette pandémie, remet donc en lumière les qualités médicinales des plantes de cette grande famille dont les effets sont loin d’être encore totalement connus et qui mériteraient d’être confortés par des études scientifiques comme le suggère l’Institut Max Planck.
L'armoise, plante discrète qui peuple nos campagnes, mérite donc qu'on s'y intéresse de plus près car elle recèle peut-être des vertus encore inconnues.
Pour aller plus loin
Découvrez d'autres plantes médicinales méconnues dans la section Botanique du parcours Gallica La Nature en images
Ajouter un commentaire