Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-09-16
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 septembre 1922 16 septembre 1922
Description : 1922/09/16 (A16,N3562). 1922/09/16 (A16,N3562).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76489706
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
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ABONNEMENTS
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SAMEDIS SEPTEMBRE 1922
1 REDACTION ET ADMINISTRATION
ZI. — Boulevard Poissonnière. - th ;
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iovanni Verga
(1840=1922)
Voici quelques mois est mort un grand
écrivain Jlclhen Qui unissait à la plus stricte
probité du talent l'intègre noblesse du ca-
ractère en *Veu* Parler de Giovanni Verga,
décedé en Envier dernier, à Catane, à l'âge
de plus de quatre-vingts ans. La presse
française, trop souvent lointaine des gens
et des pfS 9ui composent la vie intellec-
tuelle de l'Italie, n'a pas rendu à cet illus-
tre mort l'hommage qui lui est dû. Et l'on
pense que ce n'est pas dans les limi-
tes restreintes de oet article que je puis
suffire à ce soin.
je la fi rais toutefois évoquer en ces li-
gnes a fi re et rœuvre de celui qui dans
son pays même, il le faut avouer, fut loin
de jouir tout d'abord de la renommée que
lui devait sa valeur. On s'étonne que Fac-
ent populaire de la plupart de ses ouvrages
n'ait point promptement attiré sur Giovanni
Verga i< » '&ntion et la faveur der ses compa-
triotes. Longtemps on le méconnut dans sa
propre parite et ¡,e nombre de ses tirages
resta toujours fort limité. Mais si l'on in-
terroge l'attitude de l'écrivain, on comprend
aussitôt la raison de ce relatif isolement. Sa
lui ne alt bien connue. Nul plus que
lui reserv montrait hostile à la publicité. Si
la réserve du geste et de la parole ne lui
avait naturelle, nul doute qu'il ne s'en
fut paré comme d'une élégance. Sa vie
s'écoula tout entière dans une sorte de re-
m °ra'e' loin de la foule, et quand,
voici deux années, en institua en l'honneur
eSt aVe atre-vmgisans, une fête littéraire,
c'est avec Un calme plein de sérénité qu ii
accueillit cette glorieuse manifestation.
qu'un Cret orgueil se cachât au cœur de
cette vie simple, c'est ce qu'il est permis
d'imaginer. S r' ^'Cï'ga paraissait se soucier si
peu du sort immédiat de ses oeuvres qu'il
résolut un -nor ncnt de ne plus rien publier.
N'est-ce pas la le geste de ceux qui, sûrs
soi, comptent sur l'avenir plus que sur
leurs contemporains? N'est-ce pas aussi
l'attitude qui déceie l'aristocratie native de
la pensée et du caractère? Car, a voir sac-
cumuler la production des médiocres plus
pressés de donner l'impression d'une près-
tigieuse fécondité que de résumer en quel-
ques ouvrages mûris la méditation d'expé-
Ce - ^?Ues, ne doutons cas- davantage
~ce solitaire n'ait éprouvé quelque me-
colie hautaine Aussi devons-'nous un stn-
~er respect a l'homme qui sut manifester
à cette époque d'arrivisme vorace 1 exem-
ple de la mesure et de la dignité.
~eux périodes nettement distinctes ca-
ractérisent la production de Giovanni Verga.
celle de Milan où il fit-ses études, celle de
Sicile alors Qu'il revint en sa terre natale
puiser la sève de sÓn inspiration. A ia pre-
mière ataPf/t'ennent des livres inégaux telle
~te « ,Istolre d'une Fauvette o. Storia
~na capinera d'une abondance emphati-
que et romantique au mauvais sens du mot,
tels Eva ^ètiê ligresse Royale, Eros, le Mari
Hélène, au s'annoncent, à travers des in-
~gues rom anesques et des psychoLogi'es
volontiers 1,Z.Gmrnaires, les grandes qualités
'^criv 31 n faites de simplicité, de natu-
l'écrivain faites de simplicité, de na>tu-
qUe Qrfe sobre, empreinte de ce réalis-
me que n'abandonne jamais la poésie non
plus qu n'e charmante fraîcheur d'expres-
ssion. Cha ^ue ouvrage de Verga réalisa un
effort vers un style plus serré, vers une
composition P~"s équiHbrée. Nous y saisis-
sons un rogrès constant vers une forme
~dépouillée, plus nerveuse. Et nous ar-
ivons ainsi par l'effet d'un harmonieux dé-
DDern ent, à ces deux œuvres maîtresses
qui s'appellent les Malavoglia et Maitre
Ir^GesyQ C'est au milieu des pêcheurs
~en observant l'existence quoti-
en d: humbles de son pays que l'écri
~en dégagea la-conception. Les persan
ait 1()':S JVlalavoglia, nous les trouvons
~déjà ln 118 des nouvelles où figure la fa
~Cavalleria Rusticana. C'est la Lupa.
la Louve », le grande, maigre et vigou-
teuse crp0! * re- au visage brûlant d'une
~ardeur Pâle comme si la malaria la
~vorait dont les lèvres, les yeux captent
les hommes de leur fascinant appel et, selon
~l'expression, n, de l'écrivain. « les cousent à
~es jupes »; c'est te misérable Nanni qui,
malgré la conscience de sa faiblesse subit
la passion qUI le désole et ruine son foyer,
c'est le 1 atron N'toni qui a voué sa vie à
~mer, la lutte douloureuse du vieux pê-
Ir¡ afiOtre les misères accumulées du
~tin afin de conserver la maison qui pour
~la récompense du travail, l'image de
~nneur, la douceur d'un peu de bien-être
ici-bas,enfin son dernier voyage à l'hôpital
de la ville où 11 va mourir au milieu de re.
ligieuses inaptes à comprendre son dialecte
natal. Par la Peinture de ces personnages
nous touchons tout ensemble l'esprit de cha-
lité de Verga envers les petits condamnés
à d'injustes souffrances et cette manière
sobre, alerte,précise qu-i depuis Alexandre
Manzoni a ait de lui peut-être le plus re-
marquable nQUvellisfe de l'Italie, moderne.
A côté de ces Malavoglia de qui le pa-
'este le type central et résume
~la vérité si vivante, il faut placer Maître don
atig 'ena s ce gros volume, dont la
lecture n'engendre jamais une minute de
fatigue, c'et l'existence familière, ce sont
les intérêt Intimes d'une petite cité de pro-
vince qui °Us sont décrits. La composition
~est parfaite le don d'animer les figures
innombrable, puissant, d'une surprenante jus-
di \alav°giïa nous content surtout
~tte dictée par les besoins matériels.
e don Gesualdo. Verga bous pré-
~te l'incarnation du lucre, l'avidité bour-
~j„ \)oUse à richesse. Ce maçon parvenu
qui épouse la dernière-née d'une famille
; iCSSources, en a une tille et
~un jour cette enfant à un jeune s'ci-
~gieur qui Saspnje son argent, ce maître
SOIl" ru.iné à son tour, pUIS expirant
son gendre, au fond d'unie chambre
~l'assistent que des domestiques-sans
~n'évoque-t-il point le Père Goriot?
Aussi bien l'écrivain nourrissait-il le projet
a!l1s étude sociale à d'autres types
humains selon un plan largement établi et
~s'apparente a celui de la Comédie Hu-
aine.Ce n' est donc pas sans raison qu'on
souvent Prononcé à son sujet le nom de
Balzac. Et c:tte comparaison ne doit pas
~dre uniquement de-la similitude des
conceptions, l11als de la vigueur saisissante
Ns bt^» s ce M ceIIes-ci se trouvent réalisées.
Dans ce Maître don Gesualdo plus encore
~être que dans les Malavoglia les per-
~sonnages, aussi bien ceux Qui ne vivent
un PISOdlque que les protagonistes,
forment un monde extraordinairement den-
se multiple et^^uvementé. On dirait que
~tenons toWte la vie steiHenne résumée
dans ces œuver Puissantes, les premières
du vaste ensemble qu'il nommait les Vain-
cus. Et si les figures essentielles, qu'on ne
peut plus oublier dès l'instant où l'écrivain
les a dressées devant nos yeux, rayonnent
sur leur entourage avec une irrésistible in-
tensité, on peut affirmer que le milieu cons-
titue au même titre un foyer d'où chacun
reçoit le rythme intime de son être. En ce
sens, Verga nous apparaît comme un una-
nimiste de la plus ample envergure.
J'ai dit que la manière du grand écrivain
était faite avant tout de simplicité. Il con-
vient d'ajouter: et d'objectivité. Jamais
Verga n'analyse ni ne livre son sentiment
personnel..Tout commentaire est exclu, tou-
te explication bannie. Seul le récit précis.
d'un relief imagé, d'un accent direct, va
son cours. Rien de plus - net que son dialo-
gue, rien de plus strict que le raccourci de
sa description. Délaissant la langue classi-
que où sa robustesse se sentait mal à l'aise,
il créa un style populaire plus conforme au
monde qu'il exprimait, adaptant ainsi d'une
volonté résolue la forme a 1 idee.
Je frai pas parlé des œuvres dramatiques
de Giovanni Verga. Je compte le faire bien-
tôt. Mais je ne veux point terminer ces li-
gnes trop brèves sans formukr le vœu que
le public français connaisse un jour pro-
chain les livres que je signale à son atten-
tion. Alors il compre-adra mal comment on
l'a tenu si longtemps dans l'ignorance d'un
si pur écrivain.
Edouard SCHNEIDER.
Nous publierons demain un article de :
PAUL SOUDA Y
Echos
16 Septembre 1271-. - Réouverture des BouflV-s-Pii-
risiens.
A
u pays de Colomba et de Jean. 1
M. Paul Ginisty vient de parler,
dans nos colonnes, de 'la Littérature corse.
Un de nos amis, qui vient de visiter 1 île
de beauté, nous conte l'amusant contraste
suivant:
L'accès du théâtre de Bast:a a lieu par
une porte qui est, la vérité nous oblige à
le dire, assez menue, étroite et basse.
Mais, pour que nul n'en ignore, cette
porte est surmontée d'un© inscription .en
très gros caractères:
ENTRÉE GÉNÉRALE
Ajoutons que ladite entrée sert également
à la sortie.
s
ur la vieillesse. ,
On sait que le maître Anatole Fran-
ce dont il avait etc question pvyi jji
la commémoration de Lainennais au seuii
du vieux manoir breton/^longtemps cher
à ses disciples, a anndïWP Î dans ses projets
celui d'écrire - tel-Ckaken — un ouvrage
sur la vieillesse. Lan»!»»*» aussi etrt cette
idée, car on trouve mi cours de son œuvre
maintes pensées qui témoignent de ce
souci.
« On pardonne parfois à un jeune hom-
me de parler de lui; à un vieillard jamais.
On s'irrite contre ce squelette qui vous at-
tire au fond de sa fosse. »
Et plus loin :
« La faiblesse des vieillards, au lieu
d'exciter comme chez les enfants un intérêt
tendre, n'inspire qu'une compassion humi-
liante et sèche.
« Je verrai là une preuve de grandeur.
L'être immortel ne se reconnaît point dans
un cadavre. »
On ne peut nier qu'il y ait là, en quel-
ques lignes, une envolée d'un lyrisme amer
assez rare. Gageons que Fauteur du Lys
Rouge, dédaigneux de cette envergure, im-
prégnera son recueil de pensées de plus de
douceur et d'harmonie. ,f
u
n mot d artiste.
Une artiste - des Nouveautés - ayant
1. - .1. ûr»f 11 n
refusé, comme maigre u-c wn lQl\JH, L.
rôle dans la pièce qui succédera bientôt à
Mon Bébé, Juliette S. le réclama sponta-
nément à Edmond Roze, en ajoutant :
— Donnez-le moi, monsieur le directeur!
Je ne suis pas entrée aux Nouveautés, moi,
nour faire ma réputation.
u
ne exposition sensationnelle.
Mardi prochain 19 septembre, s'ou-
T** » în nrranH.O tTIlQtPi P.D
vre au « rKirucNira. » la 5' AUU,"" .- ---
vente annuelle de Teis et Ameublement.
Grâce à des marchés traités récemment
à Constantinople et en Asie Mineure par
ses acheteurs, le « PRINTEMPS » présente
aux amateurs un choix incomparable de
Tapis d'Orient anciens en même temps que
des tapis modernes, offerts à des prix par-
ticulièrement avantageux.
Le « PRINTEMPS » a réuni également une
belle collection de ces Tapis français, t,is-
sés d'après les modèles de nos artistes dé-
corateurs, dont la vogue est si grande à
l'heure actuelle.
Quant aux meubles, il suffira de rappe-
ler que le « PRINTEMPS » les fa-brique lui-
même dans ses Aciers de Montreuil-sous-
Bois, travaillant sur les dessins des meil-.
lejjrs artistes contemporains et avec des ma-
tériaux de premier choix.
c
hacun se souvient encore du formida-
ble incendie qui anéantit complète-
ment 1g t>asino oe ran».
Quand nous disons « complètement »,
nous nous éloignons quelque peu de la vé-
rité puisqu'il nous revient qu'on a pu reti-
rer des décombres, absolument intactes,
une grande quantité de lampes « Mazda »
watt qui avaient résisté à tous, les chocs
et à toutes les températures.
NOUVELLE A LA MAIN
Léon Bonnat ne détestait pas les jeux de
mots. Il aimait entre autres à répéter cette
facétie:
- On ne peut concevoir un paysage
sans ciel, pas plus qu'un portrait sans fovd,
le ciel est essentiel. Cependant certains
sous-bois de Chintreuil ne lussent point
place au ciel et l'on ne peut pas d.re que
ce soit laid sans ciel,
L- e Nineaue de Verre.
MARbl PROCHAIN :
COMŒDIA publiera in extenso:
« LA RECEPTION GALANTE »
Comédie en un acte de M. Maurice GAILLARD
« BRIDGE A TROIS »
Pièce en un acte de MM. G. DE WISSANT
et René JEANNE
et
CHAPEAUXI »
Comédie en un, acte, de
M. Robert DE U PEYRADH
Talma à Brunoy
En vertu, sans doute, de la loi des contrastes
qui pousse les gens de la campagne à aller à la
ville et ceux de !a ville à rechercher la campa-
gne, il n'est pas étonnant de voir un tragé-
dien., idole de la foule, fuir les toMes peintes
pour se réfugier ians un coin de verdure, loin
des applaudissements et des salles poussiéreu-
ses. Il semblie qu'il ait besoin; de calme pour se
détendre les nerfs et d'air pour se rafraîchir les
poumons. •
La plupart de nos comédiens et de nos comé-
diennes en renom, auxquels leuir état de for-
tune permet le luxe d'wng villégiature - luxueu-
se ou modeste - ont obéi d'instinct à cette loi;
depuis Molière qui allait se reposer sous les
ombrages d'Auteuil, et sa veuve dans sa petite
propriété de Meudon, jusqu'à -Mlle Mars, qui
avast choisi Sceaux comme jésidence d'été.
Lorsque Talma mourut en 1826, sa propriété
de Brunoy avait soixante et dix arpents. 11 y
avait englouti depuis vingt-cinq ans des sommes
considérables en achats, réformes, agrandisse-
ments. :■ ! ■■
Pour donner une idée de son importance,
nous IrafppeHielfons que Bertrand, le directetUT
des Funambules, et Mme Saqui, la fameuse
danseuse de corde offrirent, chacun 240.000 fr.
du domaine. Pendant leurs démêlés, un troi-
sième chaland survint qui emporta le morceau.
Cependant que l'on ne s'y trompe pas: ce-
lui qui voit pour la première fois la maison de
Talma à Brunoy, — elle était fort peu changée
d'aspect à la fin du XIXe siècle, — est frappé
de sa simplicité. Ce n'est pas dans cette cons-
truction des pilus bourgeoises que Talma dé-
pensa une partie de sa fortune. La beauté de
la propriété — nous ignorons si elle fut mor-
celée — réside dans le parc, qui semblait, a
dit un contemporain, « une suite de percées.
dans une forêt, où de longues allées de pins et
de sycomores mènent à des massifs d'aulnes et
de tulipiers, à de vertes prairies chargées de
blanches graminées » ,
Le visiteur de la maison de Talma à Brunoy.
- nous parlons du visiteur de son temps —
devait donc abandonner tout d'abord la croyan-
ce,- assez généralement répandue, que cette de-
meure devait être un parais de contes arabes.
Point de ces statués amenées à grands frais
d'Italie, point de thermes antiques, :coa,r l'imagi-
nation populaire — puisqu'il s'agissait de Tal-
ma — voyait déjà dans ce parc des aqueducs
romains et des portiques.
Au Meu de cela, nous dit M. A. Loève-Vei-
mars, qui a visité cette maison au lendemain
de la mort de son illustre propriétaire, « des
meubles carrés et massifs comme les faisait Ja-
cob à l'aurore die l'Empire, des lits bien blancs,
bien bourgeois, des savons boisés du temps de
Louis XV, des eaux-vives, des prés et des om-
brages noirs et profonds, comme on les aime
Quand' on sadt œnéditter et sentir ».
« Talma, a dit de son côté Alexandre Duval,
qui fut un hôte de Brunoy, comme tous les
hommes qui cooiSument leur vie - dans un em-
ploi de feu (ainsi que l'a dit notre grand Mo-
Mère), ne se trouvait heureux qu'à la campa-
gne. Le repos des champs, les embellissements;
qu'il prodiguait à sa propriété, les plus petits
détails de culture, devenaient pour lui une -af-
faire, mais une affaire de plaisir. Là, il n'était
plus question de vers et de théâtre, c'était un
bon bourgeois, un propriétaire au visage riant
et heureux ».
Sur les moments passés par Talma à Brunoy,
il nous est parvenu .un bien curieux document
retrouve en 1829 par M.. A. Loeve-Weimars,
déjà cité, et qui fut déposé, comme garantie,
d'authenticité chez Me Bonard, notaire de le
Revue de Paris qui le publia. C'est, pour ne
rien Changer au titre, la « vie privée de M.
Talima eu sa campagne de Brunoy, faite par son
jardinier Loueite, et entre-tiens qu'ils ont eus
ensemble depuis 1817 jusqu'au mois d octo-
bre 1826 ».
D'abord cet honnête servi.teur, qui .é. cri-t , naï-
vement, comme .il pense, .commence à expliquer
pourquoi il a écrit oe mémoire: il est tangue
de faire visiter cette propriété à vendre à une
foute de curieux et d'indifférents, et surtout il
(& exaspéré d'entendre dire : « Talma était fou.
Il a .démoli dix fois st maison pour la changer
de forme. 1.1 a arraché tous les arbres, les uns
après les autres, pour lies mettre ,aH leurs ».
En écoutant ces billevesées, le brave homme
ùX peine à se contenir, car « je connaissais le
contraire, dit-il, et je savais que si M Talma
fevair gagné beaucoup d'argent, il n'était em-
ployé qu'à forme? sa propreté et à faire du
bie» partout où mon maître dirigeait ses pas ».
Puiis, c'est une suite de petits tableaux inti-
mes qui ne manquent pas de saveur. Nous
voyons Talma assis à la table de son jardinier,
apprenant qu'une femme du vinage vient d'ac-
coucher. Le médecin ordonne du vin de Bor-
deaux, et il n'y en a pas dams tout le village.
Le tragédien, s'empresse d'en faire remettre six
boiateilles à la malade, car al ne reviendra que
dans six jours.
Il recommande l'ordre et l'économie à son
secteur, lui écrit, pendant ses iournétîs, des
lettres familiales, petits chefs-d'œuvre de bon-
homie et de simplicité. Il rappelle, pour plan-
ter les arbres, tous les endroits dont on est
convenu, et le père Louette s'étonne de ia p ¿-
sence d'esprit du.« grand homme » qui songe à
ses arbrES, là-bas, dans les villes du Midi qu'il
parcourt, entre deux tirades de Corneille.
Sur ses ordres, cette, macsca de Brunoy de-
vient la « maison du Bvi Dieu ». Il ne peut
souffrir la misère autour de lui. « Aussi, nous
dit le jardinier, quand M. T2ima arrivait à Bru-
noy, tous les habitants sortaient aux portes, en
disant duo cœur navré de plaisir: « Voilà le
Il boulanger de Brunoy qui arrive ! »
• L'hiver, il invente des travaux pour occtipcr
les villageois sacs ouvrage. S'il acheté quel-
ques arpents nouveaux, il prête aux plus mal-
heureux des portions de terre à eu hiver.
C'est ce qu'il appelle son « cha.àp d'ssiie J;.
Mais le sort de la récolte le préoccupe, disposé
plutôt à leur donner un salaire, s'il était sûr
qu'ils aient travaillé pour rien, ce qui n'arriva
pas. Louette, qui a vu les comptes de son maî-
tre en 1820, affirme qu'il donna, cette année,
tant à sa famille qu'aux pauvres, une somme de
douze mille cinquante francs.
Ces deux fils, nés de son union l'bre a.ec
Mite Bazile, nés en 1814 -et 1816, étaient encore
fort jeunes lorsqu'ils perdirent leur père. Ils
passaient toute la belle saison ànrunoy,
A sa campagne de Brunoy, fal na, dépouil-
lant toute majesté scéniqu'e, est un véritable
enfant. Il soulève le couvercle de la marmite
de son jardiner, dent il savoure les plats rus-
tiqces du meilleur appétit ; il joue aux dominos
avec lui ; se lève dès l'aurore pour aller, toise
en. main, mesurer tous les coins de son parc ;
; rumi.ne 'mille projets, s'informe sans cesôe de
la dépense, se trompe dans ses calculs, fe laisse
rectifie,: per Louette ; son bonheur est de tracer
; toujours ouelque chose de nouveau dans son jar-
d'in, si bien que ses amis l'ont surnommé
AL. du Piquet.
Restait à nous faire une idée ce ce sctv.'eur
Etui. su( - tel le valet de chambre d'un, grand
homme — nous laisser le portrait de son maî-
tre en pantoufles. C'était, nous dit M. A.
Loève-Veimars, le divulgateur de ce manus-
crit, et qui le connut, « une physionomie de
saMat de Gérard, comme Ses pinceaux en tra-
I œat dans de bons jours, de ces belles figures
, républicaines, brunes et régulières qui s'en
allèrent en culotte de coutil, conquérir des flot-
ées sur les glaces de la Hollande, et dont l'es
.pi.eds nus s'imprimèrent sur les sables de
i l'Egypte. Il est rude e.t brusque a.u premier
-abord; il semble qu'il ait à se.plaindre de tous
celtX qu'il voit pour la première fois ». C'est
que, comme il le dit dans ses mémoires, il
,s'étà'it. bIssé d'entendre mille contes absurdes
sur la prodigalité de'son maître, et si l'indigna-
tion lui av::t fait quitter un instant le râteau
P°1:I;' la plume, c'était pour nous restituer sur
son véritable jour Talma campagnard.
ÎIENRY LYONl'ŒT,
— Monsieur m'a dit d'i rappeler d'aller z'au (ue18,
— Maris, VOIM êtes une perle, mais pas une u perte cultivés.
La Course Cycliste
1 des Artistes à Longchamp
-
1 Le départ sera donné aujourd'hui à 14 heures
Aujourd'hui, à 14 heures, à Longchamp, sera
donné le départ de la icourse cycliste des artis-
tes que nous avons rétablie avec la collabora-
tion de notre confrère l'Echo des Sports. Elle
sera suivie de la grande épreuve du Critérium
des As,
Cette intéressante journée, présidée par M.
Jean de Caste!lane, dont on connaît le dévoue-
ment au groupe sportif de l'Hôtel de Ville, a
suscité un très vif enthousiasme dans le monde
théâtral.
De nombreux comédiens ou chanteurs sont
venus s'inscrire dans nos bureaux, et vingt-deux
coureurs seront en lûgne cet après-midi.
Grâce à l'extrême obligeance des directeurs
de 1 Opéra, de l'Opéra-Comique, de i'Odéon,
des Var" iétés, du Théâtre 'Ma,ri¡gny, des théâtres
Mdlchel, dies Nouveautés, des Capucines, du
Théâtre Mcgador, du Théâtre du Boulevard, des
Galeries de Bruxelles, presque toutes nos gran-
des scènes seront représeinitées dans cette
épreuve.
Voici la liste définitive des concurrents:
1ER M. PALAU (Palais-Royal).
2e M. CAZALIS (Théâtre Marigny).
3° Le nain DELPHIN (Théâtre Marigny).
4° M. PIZELLA (Théâtre Marigny).
5e M. LAFFONT (Théâtre Marigny).
6e M. DUPRAY (Variétés).,
7e M. LARQUEY (Variétés).
8° M. LOCHE (Théâtre Daunou).
9e M. BAIŒOlS (Nouveautés).
10e M. A. BAUGÉ (Opéra-Comique).
11e M. Robert ANCELIN (Capucines).
12e M. Henri- J ean JOURDIN (Odéon).
13e M. DE CREUS (bpéra-Cemique).
14e M. RÉGIANE (Théâtre Michel).
15e M. DE VALERNI (Théâtre des Galènes,
de Bruxelles)
16e M. KOK (Théâtre du Boulevard).
17e M. RHEIMS (Théâtre Michel).
18E M. DENIZART (Opéra).
19° M. MARIONNEAU (Opéra).
20" M. JACQUARD (ThéâHIe Mogador).
21° M. RICAUX (Opéra).
22" M. FONTAINE (Royal-Variétés).
LE DEPART
A 13 heure:, au restaurant de ^la Cascade,
aura lieu la réuniten de tous les coureurs enga-
gés. 11 leur ier,.i distribué d'es brassards portant
leurs numéros d'inscription. Le peloton, mrécâde
de l'auitomotile officielle; se rendra à l'espla-
nade de Longchamp cù, à 14 heures, M. Tris-
tan Bernard donnera le signal du départ.
Le brillant auteur dramatiQue a tenu à prési-
d;er lui:-,même cette course de comédons, et à
(Drssin de Pavil)
DELPHIN
donner une nouvelle marque de sympathie au
monde sportif dans lequel il ne compte que des
amis.
LA COURSE
Les concurrents prendront le départ en ligne.
Ils s'élanceront sur la piste routière de Lônig-
champ, dont ils devront faire trois tours avant
d'arriver au but.
Les entraîneurs sont formellement in-terai-s,
et les soins seront autorisés au poste fixé pout"
la course des as?
Les changements de machines sont imterc"'*
entre concurrents, qu'ils appartiennent ça) f <-n
à Lr. même scène. Naturellement, les coureurs
devront observer le règlement des cesses de
ru. v. F.
Ajoutons que la roue libre a été autorisée.
Nous rappelons que, par décision du com:té,
M. TIRISTAN BERNARD
Starter de la Course
d'organisation, seront exclus de la course les
artistes qui ont une licence de l'U.V.F. etpris part à des épreuves professionnelles dep,.
la guerre. D'autre ipart, on sait que le prem tr
article du règlement impose à chaque artiste
de faire partie de l'Union des Artistes et de
l'Association des Artistes Dramatiques.
Les fonctions de juge à l'arrivée ent été con-
fiées à M. Ulysse Fer.rioi, qui, d,u; reste, occu-
pera le même poste pour le Critérium, des A-. •
La course aura lieu quelle que soit la tem-
perature.
Nous remercions vivement les maisons Peu-
geot, J.-B. Louvet, Alcyon, Mamola, qui ont b-^en
voulu prêter des machines à quelques conev,1"-
reints.
LES PRIX DE « COMŒDIA »
Rappelons que Comœdia a doté la. course cy-
cliste de nombreuses récompenses.
Ier prix: Une bicycfettè La Française ;
2e prix : Une carabine;
3e prix: Une bague en or;
4e prix: Une paire de boutons de manchettes;
5e et 6e pirix : Deux épingles de cravate,
et de nombreux coffrets de parfumerie.
Nous avons annoncé .qu, ',u:ne tribune a 4-1é
édifiée (prix: 10 fr.) dont la recette sera afkù
tée à l'œuvre des colonies scolaires de la \'ÍI'e
de Paris. D autre pairt, face à Far rivée, une en-
ceinte spéciale a été installée dont le prix d' en-
trée a été fixé à 5 francs. -
LE CRITERIUM DES AS
La Course des Artistes sera suivie du troisiè-
me Critrium des As, dont le départ sera domeé
à 15 heures, et qui a été organisé par notre
confrère l'Echo des Sports.
Les plus grands champions de la route et eu
vélodrome participent à cette course sensation-
nelle. Les 21 concurrents qui y prendront part
sont :
1er Philippe THYS (Belge).
2e Emile AERTS (Belge).
3e Charles DERUYTER (Belge).
4° Henri SUTER (Suisse).
5° Jean HILLARION (Français).
6" Marcel GODIVIER (Français).
7e Henri PELISSIER (Français).
8" Francis PEUSSIER (Fram-çais).
9e Oscar EGG (Suisse).
10e Charles LACQUEHAY (Français).
11e Jean BRUNIEiR (Français).
12e Georges DETREILLE i(Fran çais).
13e Jules VAN HEVEL (Belge).
14e Romain BELLENGER (Ftf:a;::Jça,is),
15e Robert JACQUINOT (Français).
16e Jean ALAVOINE (Français).
17e René VERMANDEL (Belge).
18e Maurice BROCCO (Français).
19" Robert GRASSIN (Français).
20e Robert REROUL (Français).
21e Marcel HUOT (Français).
A 14 heures 30 attira Heu JUin important défllé
de tous les « as » précédés de leurs 210 entraî-
neurs.
Le Critérium des As est la consécration de
cette magnifique réunion sportive dont la Courte
des Artistes sera l'heureux prélude.
COMŒDJA.
On ne fera plus queue
pour entrer dans nos Musées.
Ainsi que nous l'avons annoncé, l'adminis-
tration des Beaux-Arts met en vente des i
carnets de tickets valables à tous les guichets
payants qui relèvent de ses services pour évi-
t-er l'attente aux visiteutrs qud se pressent nom-
breux à certaines heures à l'entrée de nos col-
lections nationales.
Ce qui, hier,. Était 'un projet, est une réaldr
station aujourd'hui. En effet, dès à présent, on
peut retirer, à l'administration, des Beaux-Arts,
des carnets de vingt tickets à un franc, les bil-
lets sont valables pouf les musées du Louvre,
d'u Luxembourg, de Cluny et Guimet, la Sainte-
Chapeille du Palais, le Panthéon et les tours de
Notre-Dame.
Près de Paris, pour les musées de Versail-
les,de Saint-GeJ'ma,jn-en-Laye,d'e Maisons-Laffit-
te, lie Grand-Triano.il, les palais de Compiègne
et de Fontainebleau et le château de Pierre-
fonds.
Dans les départements, pour les remparts de
la cité de Carcassonne (Aude), le château
d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), 1 "ancienne
abbaye du Mont-Saint-Michel (Manche), la Flè-
che ,(;:tla Tour de Saiat.-Ronmm de la cathédrale
de Rouen.
On peut également prendre des abonnements
aux tarifs suivants : pour un musée, une colllec-
tion distincte d'un musée ou d'un monument :
un mois, 10 fr. ; trois mois, 20 fr. ; six mois,
30 fr. ; un an, 50 fr. Pour tous les musées, col-
lections distinctes des musées oui monuments il
est payé, pour un abonnement d'un mois, 20
fr. ; de trois mois, 40 fr. ; de six mois, 60 fr. ;
et d'un an, 100 ffancs.
Une réduction de 50 0/0 sera accordée aux
établissements scolaires, aux membres des fa-
milles nombreuses et aux mutilés sur présenta-
tion. d'une carte d'identité.
En même temps, le ministre des Beaux-Arts
a établi des droits pour les reproductions pho-
tographiques. Un droit de 2 francs sera perçu
par photographie exécutée dans l'intérieur des
musées, collections et monuments. Enfin, des
droits seront perçus aussi sur toute personne
qui dessinera. Il en coûtera. 1 franc pour pou-
voir peindre ou dessiner sur appui, un jour du-
rant..
Il pourra, en outre, être délivré par 1 admi-
nistration des Beaux-Arts des cartes d'abon-
nement sur demande accompagnée d'une pho-
tographie dans les conditions déterminées ci-
après. Pour un musée, collection distincte d'un
musée ou monument : 1 mois, 10 fir. ; 3 mois,
20 fr. ; 6 mois, 30 fr.et un an, 50 fr. Pour tous
les musées, collections distinctes des musées
et monuments : 1 mois, 20 fr. ; 3 mois, 40 fr. ;
6 mois, 60 fr. ; 1 an, 100 fr.
Tarif par jour: 5 francs.
Les photographies exécutées à laide d'appa-
reils à, main ou d'appareils à pied ne dépas-
sant pas le format 13x18 dans les cours, jar-
dins et dépendances extérieures des musées,col,
lections et monuments, sont dispensés de taxe.
Il pourra, en outre, être délivré, par l'admi-
nistration des Beaux-Arts, des cartes d'abonne-
ment sur demande accompagnée d'une photo..
gra'phie, dans les conditions déterminées au ta-
rif ci-après: Pour un musée, une collection
distincte d'un musée ou d'un monument: 1'
mois, 20 fr. ; 3 mois, 40 fr. ; 6 mois, 60 fr. ~4
1 an, 100 fr. Pouf tous les musées, collectioiBÇ
distinctes des musées et monuments : 1 molal
30 fr. ; 3 mois, 60 fr. ; 6 mois, 90 fr. ; 1 an
150 fr..
(Photo Henri ManuelO*
M. "Paul LM. t
Cette série d'innovations sera bien accueiîiiè
pair tous et montre que nos -admini.strations se
modernisent enfin.
Avant d'en' finir, et pour être commet, il faut
néanmoins faire remarquer à radministiratiorr
des Beaux-Arts qu'elle a oublié de considé; ■ f,
un cas, qui est celui des journalistes et
critiques d'art. En effet, -ils ne sont exonéras
d'aucun! droit et il serait souhaitable qu'on éta-
blît pour eux une carte rouge comme on lrè
fait pour les critiques dramatiques.
k H E ^1 - E ■ '^| K fl* S ^É"^B
A^NEH ^T^r3562 -TQuotifficf
tfomgrôj ( Paris. 0 fr. 20
( Hors Paris.. O fir. 25
ABONNEMENTS
rrGnee UN AN (MOIS 3 MOU
lraQgef 1 5 • 65. 35 » 18 »
., , iOO » 60. 25 »
SAMEDIS SEPTEMBRE 1922
1 REDACTION ET ADMINISTRATION
ZI. — Boulevard Poissonnière. - th ;
PARIS (2*)
•■ ■■ r.
Tél. : CENTRAL 88-07, LOUVRE 18-00
! Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARU
COMOEDIA-PUBLICITC -. Téléphone: Gut. 41-61
iovanni Verga
(1840=1922)
Voici quelques mois est mort un grand
écrivain Jlclhen Qui unissait à la plus stricte
probité du talent l'intègre noblesse du ca-
ractère en *Veu* Parler de Giovanni Verga,
décedé en Envier dernier, à Catane, à l'âge
de plus de quatre-vingts ans. La presse
française, trop souvent lointaine des gens
et des pfS 9ui composent la vie intellec-
tuelle de l'Italie, n'a pas rendu à cet illus-
tre mort l'hommage qui lui est dû. Et l'on
pense que ce n'est pas dans les limi-
tes restreintes de oet article que je puis
suffire à ce soin.
je la fi rais toutefois évoquer en ces li-
gnes a fi re et rœuvre de celui qui dans
son pays même, il le faut avouer, fut loin
de jouir tout d'abord de la renommée que
lui devait sa valeur. On s'étonne que Fac-
ent populaire de la plupart de ses ouvrages
n'ait point promptement attiré sur Giovanni
Verga i< » '&ntion et la faveur der ses compa-
triotes. Longtemps on le méconnut dans sa
propre parite et ¡,e nombre de ses tirages
resta toujours fort limité. Mais si l'on in-
terroge l'attitude de l'écrivain, on comprend
aussitôt la raison de ce relatif isolement. Sa
lui ne alt bien connue. Nul plus que
lui reserv montrait hostile à la publicité. Si
la réserve du geste et de la parole ne lui
avait naturelle, nul doute qu'il ne s'en
fut paré comme d'une élégance. Sa vie
s'écoula tout entière dans une sorte de re-
m °ra'e' loin de la foule, et quand,
voici deux années, en institua en l'honneur
eSt aVe atre-vmgisans, une fête littéraire,
c'est avec Un calme plein de sérénité qu ii
accueillit cette glorieuse manifestation.
qu'un Cret orgueil se cachât au cœur de
cette vie simple, c'est ce qu'il est permis
d'imaginer. S r' ^'Cï'ga paraissait se soucier si
peu du sort immédiat de ses oeuvres qu'il
résolut un -nor ncnt de ne plus rien publier.
N'est-ce pas la le geste de ceux qui, sûrs
soi, comptent sur l'avenir plus que sur
leurs contemporains? N'est-ce pas aussi
l'attitude qui déceie l'aristocratie native de
la pensée et du caractère? Car, a voir sac-
cumuler la production des médiocres plus
pressés de donner l'impression d'une près-
tigieuse fécondité que de résumer en quel-
ques ouvrages mûris la méditation d'expé-
Ce - ^?Ues, ne doutons cas- davantage
~ce solitaire n'ait éprouvé quelque me-
colie hautaine Aussi devons-'nous un stn-
~er respect a l'homme qui sut manifester
à cette époque d'arrivisme vorace 1 exem-
ple de la mesure et de la dignité.
~eux périodes nettement distinctes ca-
ractérisent la production de Giovanni Verga.
celle de Milan où il fit-ses études, celle de
Sicile alors Qu'il revint en sa terre natale
puiser la sève de sÓn inspiration. A ia pre-
mière ataPf/t'ennent des livres inégaux telle
~te « ,Istolre d'une Fauvette o. Storia
~na capinera d'une abondance emphati-
que et romantique au mauvais sens du mot,
tels Eva ^ètiê ligresse Royale, Eros, le Mari
Hélène, au s'annoncent, à travers des in-
~gues rom anesques et des psychoLogi'es
volontiers 1,Z.Gmrnaires, les grandes qualités
'^criv 31 n faites de simplicité, de natu-
l'écrivain faites de simplicité, de na>tu-
qUe Qrfe sobre, empreinte de ce réalis-
me que n'abandonne jamais la poésie non
plus qu n'e charmante fraîcheur d'expres-
ssion. Cha ^ue ouvrage de Verga réalisa un
effort vers un style plus serré, vers une
composition P~"s équiHbrée. Nous y saisis-
sons un rogrès constant vers une forme
~dépouillée, plus nerveuse. Et nous ar-
ivons ainsi par l'effet d'un harmonieux dé-
DDern ent, à ces deux œuvres maîtresses
qui s'appellent les Malavoglia et Maitre
Ir^GesyQ C'est au milieu des pêcheurs
~en observant l'existence quoti-
en d: humbles de son pays que l'écri
~en dégagea la-conception. Les persan
ait 1()':S JVlalavoglia, nous les trouvons
~déjà ln 118 des nouvelles où figure la fa
~Cavalleria Rusticana. C'est la Lupa.
la Louve », le grande, maigre et vigou-
teuse crp0! * re- au visage brûlant d'une
~ardeur Pâle comme si la malaria la
~vorait dont les lèvres, les yeux captent
les hommes de leur fascinant appel et, selon
~l'expression, n, de l'écrivain. « les cousent à
~es jupes »; c'est te misérable Nanni qui,
malgré la conscience de sa faiblesse subit
la passion qUI le désole et ruine son foyer,
c'est le 1 atron N'toni qui a voué sa vie à
~mer, la lutte douloureuse du vieux pê-
Ir¡ afiOtre les misères accumulées du
~tin afin de conserver la maison qui pour
~la récompense du travail, l'image de
~nneur, la douceur d'un peu de bien-être
ici-bas,enfin son dernier voyage à l'hôpital
de la ville où 11 va mourir au milieu de re.
ligieuses inaptes à comprendre son dialecte
natal. Par la Peinture de ces personnages
nous touchons tout ensemble l'esprit de cha-
lité de Verga envers les petits condamnés
à d'injustes souffrances et cette manière
sobre, alerte,précise qu-i depuis Alexandre
Manzoni a ait de lui peut-être le plus re-
marquable nQUvellisfe de l'Italie, moderne.
A côté de ces Malavoglia de qui le pa-
'este le type central et résume
~la vérité si vivante, il faut placer Maître don
atig 'ena s ce gros volume, dont la
lecture n'engendre jamais une minute de
fatigue, c'et l'existence familière, ce sont
les intérêt Intimes d'une petite cité de pro-
vince qui °Us sont décrits. La composition
~est parfaite le don d'animer les figures
innombrable, puissant, d'une surprenante jus-
di \alav°giïa nous content surtout
~tte dictée par les besoins matériels.
e don Gesualdo. Verga bous pré-
~te l'incarnation du lucre, l'avidité bour-
~j„ \)oUse à richesse. Ce maçon parvenu
qui épouse la dernière-née d'une famille
; iCSSources, en a une tille et
~un jour cette enfant à un jeune s'ci-
~gieur qui Saspnje son argent, ce maître
SOIl" ru.iné à son tour, pUIS expirant
son gendre, au fond d'unie chambre
~l'assistent que des domestiques-sans
~n'évoque-t-il point le Père Goriot?
Aussi bien l'écrivain nourrissait-il le projet
a!l1s étude sociale à d'autres types
humains selon un plan largement établi et
~s'apparente a celui de la Comédie Hu-
aine.Ce n' est donc pas sans raison qu'on
souvent Prononcé à son sujet le nom de
Balzac. Et c:tte comparaison ne doit pas
~dre uniquement de-la similitude des
conceptions, l11als de la vigueur saisissante
Ns bt^» s ce M ceIIes-ci se trouvent réalisées.
Dans ce Maître don Gesualdo plus encore
~être que dans les Malavoglia les per-
~sonnages, aussi bien ceux Qui ne vivent
un PISOdlque que les protagonistes,
forment un monde extraordinairement den-
se multiple et^^uvementé. On dirait que
~tenons toWte la vie steiHenne résumée
dans ces œuver Puissantes, les premières
du vaste ensemble qu'il nommait les Vain-
cus. Et si les figures essentielles, qu'on ne
peut plus oublier dès l'instant où l'écrivain
les a dressées devant nos yeux, rayonnent
sur leur entourage avec une irrésistible in-
tensité, on peut affirmer que le milieu cons-
titue au même titre un foyer d'où chacun
reçoit le rythme intime de son être. En ce
sens, Verga nous apparaît comme un una-
nimiste de la plus ample envergure.
J'ai dit que la manière du grand écrivain
était faite avant tout de simplicité. Il con-
vient d'ajouter: et d'objectivité. Jamais
Verga n'analyse ni ne livre son sentiment
personnel..Tout commentaire est exclu, tou-
te explication bannie. Seul le récit précis.
d'un relief imagé, d'un accent direct, va
son cours. Rien de plus - net que son dialo-
gue, rien de plus strict que le raccourci de
sa description. Délaissant la langue classi-
que où sa robustesse se sentait mal à l'aise,
il créa un style populaire plus conforme au
monde qu'il exprimait, adaptant ainsi d'une
volonté résolue la forme a 1 idee.
Je frai pas parlé des œuvres dramatiques
de Giovanni Verga. Je compte le faire bien-
tôt. Mais je ne veux point terminer ces li-
gnes trop brèves sans formukr le vœu que
le public français connaisse un jour pro-
chain les livres que je signale à son atten-
tion. Alors il compre-adra mal comment on
l'a tenu si longtemps dans l'ignorance d'un
si pur écrivain.
Edouard SCHNEIDER.
Nous publierons demain un article de :
PAUL SOUDA Y
Echos
16 Septembre 1271-. - Réouverture des BouflV-s-Pii-
risiens.
A
u pays de Colomba et de Jean. 1
M. Paul Ginisty vient de parler,
dans nos colonnes, de 'la Littérature corse.
Un de nos amis, qui vient de visiter 1 île
de beauté, nous conte l'amusant contraste
suivant:
L'accès du théâtre de Bast:a a lieu par
une porte qui est, la vérité nous oblige à
le dire, assez menue, étroite et basse.
Mais, pour que nul n'en ignore, cette
porte est surmontée d'un© inscription .en
très gros caractères:
ENTRÉE GÉNÉRALE
Ajoutons que ladite entrée sert également
à la sortie.
s
ur la vieillesse. ,
On sait que le maître Anatole Fran-
ce dont il avait etc question pvyi jji
la commémoration de Lainennais au seuii
du vieux manoir breton/^longtemps cher
à ses disciples, a anndïWP Î dans ses projets
celui d'écrire - tel-Ckaken — un ouvrage
sur la vieillesse. Lan»!»»*» aussi etrt cette
idée, car on trouve mi cours de son œuvre
maintes pensées qui témoignent de ce
souci.
« On pardonne parfois à un jeune hom-
me de parler de lui; à un vieillard jamais.
On s'irrite contre ce squelette qui vous at-
tire au fond de sa fosse. »
Et plus loin :
« La faiblesse des vieillards, au lieu
d'exciter comme chez les enfants un intérêt
tendre, n'inspire qu'une compassion humi-
liante et sèche.
« Je verrai là une preuve de grandeur.
L'être immortel ne se reconnaît point dans
un cadavre. »
On ne peut nier qu'il y ait là, en quel-
ques lignes, une envolée d'un lyrisme amer
assez rare. Gageons que Fauteur du Lys
Rouge, dédaigneux de cette envergure, im-
prégnera son recueil de pensées de plus de
douceur et d'harmonie. ,f
u
n mot d artiste.
Une artiste - des Nouveautés - ayant
1. - .1. ûr»f 11 n
refusé, comme maigre u-c wn lQl\JH, L.
rôle dans la pièce qui succédera bientôt à
Mon Bébé, Juliette S. le réclama sponta-
nément à Edmond Roze, en ajoutant :
— Donnez-le moi, monsieur le directeur!
Je ne suis pas entrée aux Nouveautés, moi,
nour faire ma réputation.
u
ne exposition sensationnelle.
Mardi prochain 19 septembre, s'ou-
T** » în nrranH.O tTIlQtPi P.D
vre au « rKirucNira. » la 5' AUU,"" .- ---
vente annuelle de Teis et Ameublement.
Grâce à des marchés traités récemment
à Constantinople et en Asie Mineure par
ses acheteurs, le « PRINTEMPS » présente
aux amateurs un choix incomparable de
Tapis d'Orient anciens en même temps que
des tapis modernes, offerts à des prix par-
ticulièrement avantageux.
Le « PRINTEMPS » a réuni également une
belle collection de ces Tapis français, t,is-
sés d'après les modèles de nos artistes dé-
corateurs, dont la vogue est si grande à
l'heure actuelle.
Quant aux meubles, il suffira de rappe-
ler que le « PRINTEMPS » les fa-brique lui-
même dans ses Aciers de Montreuil-sous-
Bois, travaillant sur les dessins des meil-.
lejjrs artistes contemporains et avec des ma-
tériaux de premier choix.
c
hacun se souvient encore du formida-
ble incendie qui anéantit complète-
ment 1g t>asino oe ran».
Quand nous disons « complètement »,
nous nous éloignons quelque peu de la vé-
rité puisqu'il nous revient qu'on a pu reti-
rer des décombres, absolument intactes,
une grande quantité de lampes « Mazda »
watt qui avaient résisté à tous, les chocs
et à toutes les températures.
NOUVELLE A LA MAIN
Léon Bonnat ne détestait pas les jeux de
mots. Il aimait entre autres à répéter cette
facétie:
- On ne peut concevoir un paysage
sans ciel, pas plus qu'un portrait sans fovd,
le ciel est essentiel. Cependant certains
sous-bois de Chintreuil ne lussent point
place au ciel et l'on ne peut pas d.re que
ce soit laid sans ciel,
L- e Nineaue de Verre.
MARbl PROCHAIN :
COMŒDIA publiera in extenso:
« LA RECEPTION GALANTE »
Comédie en un acte de M. Maurice GAILLARD
« BRIDGE A TROIS »
Pièce en un acte de MM. G. DE WISSANT
et René JEANNE
et
CHAPEAUXI »
Comédie en un, acte, de
M. Robert DE U PEYRADH
Talma à Brunoy
En vertu, sans doute, de la loi des contrastes
qui pousse les gens de la campagne à aller à la
ville et ceux de !a ville à rechercher la campa-
gne, il n'est pas étonnant de voir un tragé-
dien., idole de la foule, fuir les toMes peintes
pour se réfugier ians un coin de verdure, loin
des applaudissements et des salles poussiéreu-
ses. Il semblie qu'il ait besoin; de calme pour se
détendre les nerfs et d'air pour se rafraîchir les
poumons. •
La plupart de nos comédiens et de nos comé-
diennes en renom, auxquels leuir état de for-
tune permet le luxe d'wng villégiature - luxueu-
se ou modeste - ont obéi d'instinct à cette loi;
depuis Molière qui allait se reposer sous les
ombrages d'Auteuil, et sa veuve dans sa petite
propriété de Meudon, jusqu'à -Mlle Mars, qui
avast choisi Sceaux comme jésidence d'été.
Lorsque Talma mourut en 1826, sa propriété
de Brunoy avait soixante et dix arpents. 11 y
avait englouti depuis vingt-cinq ans des sommes
considérables en achats, réformes, agrandisse-
ments. :■ ! ■■
Pour donner une idée de son importance,
nous IrafppeHielfons que Bertrand, le directetUT
des Funambules, et Mme Saqui, la fameuse
danseuse de corde offrirent, chacun 240.000 fr.
du domaine. Pendant leurs démêlés, un troi-
sième chaland survint qui emporta le morceau.
Cependant que l'on ne s'y trompe pas: ce-
lui qui voit pour la première fois la maison de
Talma à Brunoy, — elle était fort peu changée
d'aspect à la fin du XIXe siècle, — est frappé
de sa simplicité. Ce n'est pas dans cette cons-
truction des pilus bourgeoises que Talma dé-
pensa une partie de sa fortune. La beauté de
la propriété — nous ignorons si elle fut mor-
celée — réside dans le parc, qui semblait, a
dit un contemporain, « une suite de percées.
dans une forêt, où de longues allées de pins et
de sycomores mènent à des massifs d'aulnes et
de tulipiers, à de vertes prairies chargées de
blanches graminées » ,
Le visiteur de la maison de Talma à Brunoy.
- nous parlons du visiteur de son temps —
devait donc abandonner tout d'abord la croyan-
ce,- assez généralement répandue, que cette de-
meure devait être un parais de contes arabes.
Point de ces statués amenées à grands frais
d'Italie, point de thermes antiques, :coa,r l'imagi-
nation populaire — puisqu'il s'agissait de Tal-
ma — voyait déjà dans ce parc des aqueducs
romains et des portiques.
Au Meu de cela, nous dit M. A. Loève-Vei-
mars, qui a visité cette maison au lendemain
de la mort de son illustre propriétaire, « des
meubles carrés et massifs comme les faisait Ja-
cob à l'aurore die l'Empire, des lits bien blancs,
bien bourgeois, des savons boisés du temps de
Louis XV, des eaux-vives, des prés et des om-
brages noirs et profonds, comme on les aime
Quand' on sadt œnéditter et sentir ».
« Talma, a dit de son côté Alexandre Duval,
qui fut un hôte de Brunoy, comme tous les
hommes qui cooiSument leur vie - dans un em-
ploi de feu (ainsi que l'a dit notre grand Mo-
Mère), ne se trouvait heureux qu'à la campa-
gne. Le repos des champs, les embellissements;
qu'il prodiguait à sa propriété, les plus petits
détails de culture, devenaient pour lui une -af-
faire, mais une affaire de plaisir. Là, il n'était
plus question de vers et de théâtre, c'était un
bon bourgeois, un propriétaire au visage riant
et heureux ».
Sur les moments passés par Talma à Brunoy,
il nous est parvenu .un bien curieux document
retrouve en 1829 par M.. A. Loeve-Weimars,
déjà cité, et qui fut déposé, comme garantie,
d'authenticité chez Me Bonard, notaire de le
Revue de Paris qui le publia. C'est, pour ne
rien Changer au titre, la « vie privée de M.
Talima eu sa campagne de Brunoy, faite par son
jardinier Loueite, et entre-tiens qu'ils ont eus
ensemble depuis 1817 jusqu'au mois d octo-
bre 1826 ».
D'abord cet honnête servi.teur, qui .é. cri-t , naï-
vement, comme .il pense, .commence à expliquer
pourquoi il a écrit oe mémoire: il est tangue
de faire visiter cette propriété à vendre à une
foute de curieux et d'indifférents, et surtout il
(& exaspéré d'entendre dire : « Talma était fou.
Il a .démoli dix fois st maison pour la changer
de forme. 1.1 a arraché tous les arbres, les uns
après les autres, pour lies mettre ,aH leurs ».
En écoutant ces billevesées, le brave homme
ùX peine à se contenir, car « je connaissais le
contraire, dit-il, et je savais que si M Talma
fevair gagné beaucoup d'argent, il n'était em-
ployé qu'à forme? sa propreté et à faire du
bie» partout où mon maître dirigeait ses pas ».
Puiis, c'est une suite de petits tableaux inti-
mes qui ne manquent pas de saveur. Nous
voyons Talma assis à la table de son jardinier,
apprenant qu'une femme du vinage vient d'ac-
coucher. Le médecin ordonne du vin de Bor-
deaux, et il n'y en a pas dams tout le village.
Le tragédien, s'empresse d'en faire remettre six
boiateilles à la malade, car al ne reviendra que
dans six jours.
Il recommande l'ordre et l'économie à son
secteur, lui écrit, pendant ses iournétîs, des
lettres familiales, petits chefs-d'œuvre de bon-
homie et de simplicité. Il rappelle, pour plan-
ter les arbres, tous les endroits dont on est
convenu, et le père Louette s'étonne de ia p ¿-
sence d'esprit du.« grand homme » qui songe à
ses arbrES, là-bas, dans les villes du Midi qu'il
parcourt, entre deux tirades de Corneille.
Sur ses ordres, cette, macsca de Brunoy de-
vient la « maison du Bvi Dieu ». Il ne peut
souffrir la misère autour de lui. « Aussi, nous
dit le jardinier, quand M. T2ima arrivait à Bru-
noy, tous les habitants sortaient aux portes, en
disant duo cœur navré de plaisir: « Voilà le
Il boulanger de Brunoy qui arrive ! »
• L'hiver, il invente des travaux pour occtipcr
les villageois sacs ouvrage. S'il acheté quel-
ques arpents nouveaux, il prête aux plus mal-
heureux des portions de terre à eu hiver.
C'est ce qu'il appelle son « cha.àp d'ssiie J;.
Mais le sort de la récolte le préoccupe, disposé
plutôt à leur donner un salaire, s'il était sûr
qu'ils aient travaillé pour rien, ce qui n'arriva
pas. Louette, qui a vu les comptes de son maî-
tre en 1820, affirme qu'il donna, cette année,
tant à sa famille qu'aux pauvres, une somme de
douze mille cinquante francs.
Ces deux fils, nés de son union l'bre a.ec
Mite Bazile, nés en 1814 -et 1816, étaient encore
fort jeunes lorsqu'ils perdirent leur père. Ils
passaient toute la belle saison ànrunoy,
A sa campagne de Brunoy, fal na, dépouil-
lant toute majesté scéniqu'e, est un véritable
enfant. Il soulève le couvercle de la marmite
de son jardiner, dent il savoure les plats rus-
tiqces du meilleur appétit ; il joue aux dominos
avec lui ; se lève dès l'aurore pour aller, toise
en. main, mesurer tous les coins de son parc ;
; rumi.ne 'mille projets, s'informe sans cesôe de
la dépense, se trompe dans ses calculs, fe laisse
rectifie,: per Louette ; son bonheur est de tracer
; toujours ouelque chose de nouveau dans son jar-
d'in, si bien que ses amis l'ont surnommé
AL. du Piquet.
Restait à nous faire une idée ce ce sctv.'eur
Etui. su( - tel le valet de chambre d'un, grand
homme — nous laisser le portrait de son maî-
tre en pantoufles. C'était, nous dit M. A.
Loève-Veimars, le divulgateur de ce manus-
crit, et qui le connut, « une physionomie de
saMat de Gérard, comme Ses pinceaux en tra-
I œat dans de bons jours, de ces belles figures
, républicaines, brunes et régulières qui s'en
allèrent en culotte de coutil, conquérir des flot-
ées sur les glaces de la Hollande, et dont l'es
.pi.eds nus s'imprimèrent sur les sables de
i l'Egypte. Il est rude e.t brusque a.u premier
-abord; il semble qu'il ait à se.plaindre de tous
celtX qu'il voit pour la première fois ». C'est
que, comme il le dit dans ses mémoires, il
,s'étà'it. bIssé d'entendre mille contes absurdes
sur la prodigalité de'son maître, et si l'indigna-
tion lui av::t fait quitter un instant le râteau
P°1:I;' la plume, c'était pour nous restituer sur
son véritable jour Talma campagnard.
ÎIENRY LYONl'ŒT,
— Monsieur m'a dit d'i rappeler d'aller z'au (ue18,
— Maris, VOIM êtes une perle, mais pas une u perte cultivés.
La Course Cycliste
1 des Artistes à Longchamp
-
1 Le départ sera donné aujourd'hui à 14 heures
Aujourd'hui, à 14 heures, à Longchamp, sera
donné le départ de la icourse cycliste des artis-
tes que nous avons rétablie avec la collabora-
tion de notre confrère l'Echo des Sports. Elle
sera suivie de la grande épreuve du Critérium
des As,
Cette intéressante journée, présidée par M.
Jean de Caste!lane, dont on connaît le dévoue-
ment au groupe sportif de l'Hôtel de Ville, a
suscité un très vif enthousiasme dans le monde
théâtral.
De nombreux comédiens ou chanteurs sont
venus s'inscrire dans nos bureaux, et vingt-deux
coureurs seront en lûgne cet après-midi.
Grâce à l'extrême obligeance des directeurs
de 1 Opéra, de l'Opéra-Comique, de i'Odéon,
des Var" iétés, du Théâtre 'Ma,ri¡gny, des théâtres
Mdlchel, dies Nouveautés, des Capucines, du
Théâtre Mcgador, du Théâtre du Boulevard, des
Galeries de Bruxelles, presque toutes nos gran-
des scènes seront représeinitées dans cette
épreuve.
Voici la liste définitive des concurrents:
1ER M. PALAU (Palais-Royal).
2e M. CAZALIS (Théâtre Marigny).
3° Le nain DELPHIN (Théâtre Marigny).
4° M. PIZELLA (Théâtre Marigny).
5e M. LAFFONT (Théâtre Marigny).
6e M. DUPRAY (Variétés).,
7e M. LARQUEY (Variétés).
8° M. LOCHE (Théâtre Daunou).
9e M. BAIŒOlS (Nouveautés).
10e M. A. BAUGÉ (Opéra-Comique).
11e M. Robert ANCELIN (Capucines).
12e M. Henri- J ean JOURDIN (Odéon).
13e M. DE CREUS (bpéra-Cemique).
14e M. RÉGIANE (Théâtre Michel).
15e M. DE VALERNI (Théâtre des Galènes,
de Bruxelles)
16e M. KOK (Théâtre du Boulevard).
17e M. RHEIMS (Théâtre Michel).
18E M. DENIZART (Opéra).
19° M. MARIONNEAU (Opéra).
20" M. JACQUARD (ThéâHIe Mogador).
21° M. RICAUX (Opéra).
22" M. FONTAINE (Royal-Variétés).
LE DEPART
A 13 heure:, au restaurant de ^la Cascade,
aura lieu la réuniten de tous les coureurs enga-
gés. 11 leur ier,.i distribué d'es brassards portant
leurs numéros d'inscription. Le peloton, mrécâde
de l'auitomotile officielle; se rendra à l'espla-
nade de Longchamp cù, à 14 heures, M. Tris-
tan Bernard donnera le signal du départ.
Le brillant auteur dramatiQue a tenu à prési-
d;er lui:-,même cette course de comédons, et à
(Drssin de Pavil)
DELPHIN
donner une nouvelle marque de sympathie au
monde sportif dans lequel il ne compte que des
amis.
LA COURSE
Les concurrents prendront le départ en ligne.
Ils s'élanceront sur la piste routière de Lônig-
champ, dont ils devront faire trois tours avant
d'arriver au but.
Les entraîneurs sont formellement in-terai-s,
et les soins seront autorisés au poste fixé pout"
la course des as?
Les changements de machines sont imterc"'*
entre concurrents, qu'ils appartiennent ça) f <-n
à Lr. même scène. Naturellement, les coureurs
devront observer le règlement des cesses de
ru. v. F.
Ajoutons que la roue libre a été autorisée.
Nous rappelons que, par décision du com:té,
M. TIRISTAN BERNARD
Starter de la Course
d'organisation, seront exclus de la course les
artistes qui ont une licence de l'U.V.F. et
la guerre. D'autre ipart, on sait que le prem tr
article du règlement impose à chaque artiste
de faire partie de l'Union des Artistes et de
l'Association des Artistes Dramatiques.
Les fonctions de juge à l'arrivée ent été con-
fiées à M. Ulysse Fer.rioi, qui, d,u; reste, occu-
pera le même poste pour le Critérium, des A-. •
La course aura lieu quelle que soit la tem-
perature.
Nous remercions vivement les maisons Peu-
geot, J.-B. Louvet, Alcyon, Mamola, qui ont b-^en
voulu prêter des machines à quelques conev,1"-
reints.
LES PRIX DE « COMŒDIA »
Rappelons que Comœdia a doté la. course cy-
cliste de nombreuses récompenses.
Ier prix: Une bicycfettè La Française ;
2e prix : Une carabine;
3e prix: Une bague en or;
4e prix: Une paire de boutons de manchettes;
5e et 6e pirix : Deux épingles de cravate,
et de nombreux coffrets de parfumerie.
Nous avons annoncé .qu, ',u:ne tribune a 4-1é
édifiée (prix: 10 fr.) dont la recette sera afkù
tée à l'œuvre des colonies scolaires de la \'ÍI'e
de Paris. D autre pairt, face à Far rivée, une en-
ceinte spéciale a été installée dont le prix d' en-
trée a été fixé à 5 francs. -
LE CRITERIUM DES AS
La Course des Artistes sera suivie du troisiè-
me Critrium des As, dont le départ sera domeé
à 15 heures, et qui a été organisé par notre
confrère l'Echo des Sports.
Les plus grands champions de la route et eu
vélodrome participent à cette course sensation-
nelle. Les 21 concurrents qui y prendront part
sont :
1er Philippe THYS (Belge).
2e Emile AERTS (Belge).
3e Charles DERUYTER (Belge).
4° Henri SUTER (Suisse).
5° Jean HILLARION (Français).
6" Marcel GODIVIER (Français).
7e Henri PELISSIER (Français).
8" Francis PEUSSIER (Fram-çais).
9e Oscar EGG (Suisse).
10e Charles LACQUEHAY (Français).
11e Jean BRUNIEiR (Français).
12e Georges DETREILLE i(Fran çais).
13e Jules VAN HEVEL (Belge).
14e Romain BELLENGER (Ftf:a;::Jça,is),
15e Robert JACQUINOT (Français).
16e Jean ALAVOINE (Français).
17e René VERMANDEL (Belge).
18e Maurice BROCCO (Français).
19" Robert GRASSIN (Français).
20e Robert REROUL (Français).
21e Marcel HUOT (Français).
A 14 heures 30 attira Heu JUin important défllé
de tous les « as » précédés de leurs 210 entraî-
neurs.
Le Critérium des As est la consécration de
cette magnifique réunion sportive dont la Courte
des Artistes sera l'heureux prélude.
COMŒDJA.
On ne fera plus queue
pour entrer dans nos Musées.
Ainsi que nous l'avons annoncé, l'adminis-
tration des Beaux-Arts met en vente des i
carnets de tickets valables à tous les guichets
payants qui relèvent de ses services pour évi-
t-er l'attente aux visiteutrs qud se pressent nom-
breux à certaines heures à l'entrée de nos col-
lections nationales.
Ce qui, hier,. Était 'un projet, est une réaldr
station aujourd'hui. En effet, dès à présent, on
peut retirer, à l'administration, des Beaux-Arts,
des carnets de vingt tickets à un franc, les bil-
lets sont valables pouf les musées du Louvre,
d'u Luxembourg, de Cluny et Guimet, la Sainte-
Chapeille du Palais, le Panthéon et les tours de
Notre-Dame.
Près de Paris, pour les musées de Versail-
les,de Saint-GeJ'ma,jn-en-Laye,d'e Maisons-Laffit-
te, lie Grand-Triano.il, les palais de Compiègne
et de Fontainebleau et le château de Pierre-
fonds.
Dans les départements, pour les remparts de
la cité de Carcassonne (Aude), le château
d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), 1 "ancienne
abbaye du Mont-Saint-Michel (Manche), la Flè-
che ,(;:tla Tour de Saiat.-Ronmm de la cathédrale
de Rouen.
On peut également prendre des abonnements
aux tarifs suivants : pour un musée, une colllec-
tion distincte d'un musée ou d'un monument :
un mois, 10 fr. ; trois mois, 20 fr. ; six mois,
30 fr. ; un an, 50 fr. Pour tous les musées, col-
lections distinctes des musées oui monuments il
est payé, pour un abonnement d'un mois, 20
fr. ; de trois mois, 40 fr. ; de six mois, 60 fr. ;
et d'un an, 100 ffancs.
Une réduction de 50 0/0 sera accordée aux
établissements scolaires, aux membres des fa-
milles nombreuses et aux mutilés sur présenta-
tion. d'une carte d'identité.
En même temps, le ministre des Beaux-Arts
a établi des droits pour les reproductions pho-
tographiques. Un droit de 2 francs sera perçu
par photographie exécutée dans l'intérieur des
musées, collections et monuments. Enfin, des
droits seront perçus aussi sur toute personne
qui dessinera. Il en coûtera. 1 franc pour pou-
voir peindre ou dessiner sur appui, un jour du-
rant..
Il pourra, en outre, être délivré par 1 admi-
nistration des Beaux-Arts des cartes d'abon-
nement sur demande accompagnée d'une pho-
tographie dans les conditions déterminées ci-
après. Pour un musée, collection distincte d'un
musée ou monument : 1 mois, 10 fir. ; 3 mois,
20 fr. ; 6 mois, 30 fr.et un an, 50 fr. Pour tous
les musées, collections distinctes des musées
et monuments : 1 mois, 20 fr. ; 3 mois, 40 fr. ;
6 mois, 60 fr. ; 1 an, 100 fr.
Tarif par jour: 5 francs.
Les photographies exécutées à laide d'appa-
reils à, main ou d'appareils à pied ne dépas-
sant pas le format 13x18 dans les cours, jar-
dins et dépendances extérieures des musées,col,
lections et monuments, sont dispensés de taxe.
Il pourra, en outre, être délivré, par l'admi-
nistration des Beaux-Arts, des cartes d'abonne-
ment sur demande accompagnée d'une photo..
gra'phie, dans les conditions déterminées au ta-
rif ci-après: Pour un musée, une collection
distincte d'un musée ou d'un monument: 1'
mois, 20 fr. ; 3 mois, 40 fr. ; 6 mois, 60 fr. ~4
1 an, 100 fr. Pouf tous les musées, collectioiBÇ
distinctes des musées et monuments : 1 molal
30 fr. ; 3 mois, 60 fr. ; 6 mois, 90 fr. ; 1 an
150 fr..
(Photo Henri ManuelO*
M. "Paul LM. t
Cette série d'innovations sera bien accueiîiiè
pair tous et montre que nos -admini.strations se
modernisent enfin.
Avant d'en' finir, et pour être commet, il faut
néanmoins faire remarquer à radministiratiorr
des Beaux-Arts qu'elle a oublié de considé; ■ f,
un cas, qui est celui des journalistes et
critiques d'art. En effet, -ils ne sont exonéras
d'aucun! droit et il serait souhaitable qu'on éta-
blît pour eux une carte rouge comme on lrè
fait pour les critiques dramatiques.
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