Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-09-28
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 septembre 1923 28 septembre 1923
Description : 1923/09/28 (N19283). 1923/09/28 (N19283).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
1 VENDEMIAIRE. AN 132. — N° 19283
Le numéro : QUINZE CENTIMES
VENDREDI 28 SEPTEMBRE 1923. — N° 19283
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Paj tb Mb Irak Mil
SEtNz & S.-ET-OlSE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
Etranger 49 » 25 » 13 »
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TRIBUNE LIBRE
0 0 qt
Témoins à charge
OOtOO
A monsieur le président de la
Ligue des Patriotes, au pen-
seur et au soldat.
Cette veuve m'a dit ceci :
- (c J'étais mariée depuis quinze jours
quand la guerre arriva. Roman. A vingt
ans j'avais épousé un officier de cavale-
rie sans fortune. Il partit le 1er août dans
un état-major : « J'ai honte, m'écrivit-il,
d'être où je suis, jeune et soldat de car-
rière, quand je vois les vieux officiers de
réserve qui montent en ligne. » Sur sa
demande, il passa sans avancement dans
l'infanterie. Quelques semaines après, à
la tête de sa compagnie, il fut tué devant
Verdun.
<( Je restai seule avec une petite fille
de quelques semaines. Mon père, indus-
triel, était riche. Ruiné par la guerre, il
venait de mourir. Je tombai très malade.
Lorsque je repris le sens de la vie, il me
restait quelques, milliers de francs. L'Etat
m'alloua 2.500 francs de pension.
« Je donnai quelques leçons de musi-
que et d'anglais. Solution précaire. J'ob-
tins une place dans une administration
publique. Je ne la nommerai pas. Sans
douté j'étais mal préparée aux besognes
que l'on exigea de moi. La stupidité du
travail n'était rien. Mais les employées,
si quelques-unes étaient des veuves —
veuves comme moi — dans quels bas-
fonds avait-on été d'autre part recruter
ce personnel de guerre !
« Les hommes ? De braves gens en
général. Mais un jour, je connus l'humi-
liation d'être rabrouée par un goujat,
baut fonctionnaire, devenu préfet, qui.
ieune et vigoureux, avait fait sa carrière
pendant que mon mari se faisait tuer. je
partis. Du reste, ma santé, celle de mon
enfanti nejpe permettaient pas de garder
cette place.
« Et j'ai donné quelques leçons. J'ai
fabriqué des fleurs; des parents me sont
venus en aide. Mais mon propriétaire,
bien que j'aie toujours payé mon loyer,
et que j'eusse accepté les augmentations,
m'a donné congé du logement que j'ha-
bitais depuis 1914. C'est là que sont tous
mes souvenirs. Et je ne sais pas où je vais
aller.
« L'autre jour, dans le « monde », j ai
entendu un monsieur « bien ». Il disait
que tout le mond e avait souffert — il n'y
paraissait pas en le regardant -- que
l'on serait forcé de reviser les pensions,
que l'on avait trop fait pour les veuves,
et que, après tout, chacun avait été à sa
place et avait fait son devoir.
« Et c'est pour de telles gens que mon
mari s'est fait tuer. J'ai le remords d'a-
voir encouragé son héroïsme. Mais, main-
tenant que je connais ces lâches, comme
je lui dirais : « Reste auprès de moi, ne
sois pas dupe; déserte légalement. »
Ce combattant m'a dit ceci
« Vous l'avouerai-je, je suis parti sans
enthousiasme. Et le soldat n'a pas tué en
moi le citoyen. Je ne croyais à rien des
mensonges répandus, — peut-être de
bonne foi, — sur un peuple imbécile.
J'avais prévu la guerre. Elle était la con-
séquence nécessaire d'un ensemble de
circonstances et d'une politique inintelli-
gente.
« Je savais qu'elle serait très longue.
Je savais que derrière les soldats s'élève-
rait une sarabande de corbeaux, de har-
pies et de grues.
« Quant à la préparation, il suffisait
d'être un peu au courant des affaires pu-
bliques et d'avoir effectué une période
de 28 jours pour ne conserver aucune il-
lusion.
« Je n'étais plus un jeune homme. Vai-
nement, selon mon devoir, j'avais parlé
aux sourds.
« Je suis parti, cependant que eau-
coup de patriotes prenaient le train pour
Bordeaux et criaient : « En avant! »
et les faits ont dépassé tout ce que ma
raison avait conçu.
cc Mais la grande déception a été le re-
tour des mobilisés. Ils disaient : « Tu
verras quand on reviendra. » Et ceux
revenus., je les ai vus s'incliner
devant ceux qu'ils appelaient — à tort,
quelquefois — les « embusqués », saluer
les parvenus et les profiteurs, et, par veu-
lerie, se laisser « rouler » une fois de
b JUS.
« L'Union dès combattants n'a jus-
qu'ici rien fait. Elle a écouté les bavarda-
ges d'hommes qui cherchaient à étouffer
sous des phrases vides et pompeuses la
rité des scandales de guerre qu'ils
çonnaissent et qu'ils ne veulent pas dé-
noncer. Ce silence est une trahison. Celui
des pouvoirs publics en est une autre.
« L'Union des combattants obtiendra
quelques sous, à la veille des élections.
Mais c'était un but de moralisation qu'elle
devait poursuivre.
« De tout cela, nous nous souvien-
drons. Vienne ce qui voudra. J'ignore s'il
y a beaucoup de communistes en France,
mais je sais que beaucoup de citoyens,
dont je suis, ont voté pour Marty. Pour
qui voteront-ils ? Ils voteront contre ce
qui est. » ■
Ce mutilé m'a dit ceci : « »
Mais à quoi bon ? Les témoins à char-
ge se succèdent à la barre du tribunal de
la conscience. Ils sont tous accablants.
Les faux patriotes n'ont même pas eu
la pudeur ou l'habileté d' élever une sta-
tue, de décerner des honneurs posthumes
à Henri Collignon, conseiller d'Etat, coiii-
mandeur de la Légion d'honneur, soldat
de lro classe, tué à l'ennemi, à l'âge de
soixante ans. Si quelques-uns de ses amis
ont dressé sa tombe au lieu où il périt,
fantassin volontaire, sous les éclats d'o-
bus, l'Union des combattants n'a encore
rien su exiger qui ressemble à un hom-
mage légitime, à un témoignage de piété !
Nul représentant du gouvernement, nul
« haut fonctionnaire » n'est venu se cour-
ber devant l'image qui dépassa La Tour;
d'Auvergne. Car sa mémoire est un re-
proche tragique pour ceux qui, pensant
comme lui, ne l'ont pas imité!
Pierre d'HUGUES.
) .+
EDITORIAL
r :
La retraite de Russie ,,
Si Labiche était encore de
ce, monde, il ferait voyager'
M. Perrichon en Russie.
Sans doute « l'homme est-
il bien petit quand ofi le
contern/Jlr: du haut di -la
Mer de Glace », mais il est
bien myope lorsqu'il s'avise
de discerner les mirages de la steppe.
Jusqu'ici, tous les hauts personnages
civils et militaires qui sont partis de
France pour découvrir la Russie, ont été
victimes d'un daltonisme étrange.
Ni Jf. Delcassé, ni M. Viviani, ni M.
Albert Thomas, ni le général de Castel-
nau (j'aurai l'indulgence de ne pas nom-
mer M. J offre) ne nous ont rapporté
une claire vision des hommes et des cho-
ses de Russie.
Herriot lui-mme ne nous a donné que
des images réflétées dans le miroir de
Tchitchérine. Quant à Daladier, il n'a
jamais eu le loisir de nous communiquer
toutes ses impressions : son grand cor-
nac Herriot lui ayant fort malicieuse-
ment coupé Mus ses effets, l'an dernier
- au congrès de Marseille.
M. de Monzie vient, à son tour, d àîllèr
faire le « Week-End » à Moscou. Ça
vaut bien les Chequers.
Le récit qu'il nous donne dans le Jour-
nal est pittoresque, coloré, vivant, et toui
éclairé par les mille facéties d'un esprit
original, ouvert à toutes les manifesta-
tions de l'activité humaine.
J'ai été fort surpris de constater que
M. de Monzie n'avait pas découvert, se-
lon l'usage, l'âme russe en une soirée, ni
parcouru tout le territoire russe en une
semaine.
Très simplement, et très courageuse-
ment, sans « courriers » officiels ou of.
ficieux, il est allé à Moscou. Il a vu sans
idée préconçue, et il raconte sans partia-
lité. Car M. de Monzie, qui se pique de
n'être pas homme de parti, a en sus la
coquetterie de n'être pas homme de parti
pris.
La relation de son voyage est infini
ment curieuse. C'est assurément la plus
intéressante de celles que j'ai lues sur
« la Moscovie » des tzars et dit camarade
Lénine.
La conclusion de M. de Monzie tient
en cette form,ule concise : « Entre notre
République et celle des Soviets, on peut
s'approcher, voire se rapprocher. S'unir,
non. Pas tant que l'esprit de guerre ci-
vile sera dans l'air et dans le code. »
Je suppose que M. de Monzie n'a écrit
cette dernière phrase que pour ménager
la pudeur des conservateurs, qui ont le
bon esprit de confier leurs intérêts à son
radicalisme.
Quant à moi, qui n'ai, jamais vu la
Russie qu'au théâtre du Châtelet, j'ajou-
terai sans vergogne : « Entre la Répu-
blique française et celle des Soviets, fai-
sons l'union que commandera seul l'in-
térêt français, sans préjugés de classes
ou de doctrines. Foin des mijaurées 1
Nous ne sommes pas obligés, après tout,
de respirer l'air russe et d'adopter son
:codè.
» Et: puisy « l'air de guerre civile »,
quâud, on l'a respiré quelque temps, ne
finit-il pas par vous donner les meilleurs
poumons conservateurs qui soient au
monde ? »
- '-, Edmond DU MESNIL.
REPOPULATION .--
te les prttnoil ta
aux menées cléricales
-La question de la repopulation préoccupe
beaucoup MM. les prêtres.
Non pas que le clergé séculier d'à présent
revendique ouvertement les vertus prolifi-
ques qui rendirent fameux les réguliers
d'autrefois. Encore que le confessionnal
actuel offre des occasions précieuses, nos
curés ne sauraient entrer en comparaison
avec les carmes de jadis.
Mais, tout d'abord, il est nécessaire,
quand on prétend monopoliser le patriotis-
me, de paraître très attentif au problème
de la natalité, lié à la défense nationale de
demain.
Ensuite, les congrès du genre de celui
qui s'est ouvert hier à Marseille, sont pré-
texte excellent pour combattre, par la pa-
role et par la plume, les lois républicaines.:
Nous avons entendu au récent congrès de
la natalité de Grenoble, les cléricaux sou-
tenir ces thèses : la dénatalité est le fruit
de l'irréligion, l'irréligion provient de l'éco-
le sans Dieu et de la loi du divorce ; sup-
primons donc les lois scolaires et la loi du
'divorce. t *
C'est l'éternelle lutte pour la matnmise
du spirituel sur le temporel, pour la supré-
matie de l'Eglise sur la société civile.
Aussi n'est-il pas surprenant que, dans
l' « Echo de Notre-Dame de la Garde », se-
maine religieuse du diocèse, M. Champavier,
évêque de Marseille, invite ses prêtres à
recommander aux fidèles d'assister aux
séances du Congrès de la natalité.
Tous les prêtres du diocèse sont en outre
convoqués à une réunion spéciale au petit
séminaire, aujourd'hui, 28 septembre.
Attendons-nous donc, sous couleur de re-
population, à une nouvelle croisade contre
les lois de la République. C'est ce que les
cléricaux nomment pratiquer l'union sa-
crée. - R. Y.-P.
Les remerciements du Japon
Le président du Syndicat de la Presse pa-
risienne a reçu de S. E. M. Ijuin, ministre
.Jes affaires étrangères au Japon, la lettre
suivante :
« Par télégramme du chargé d'affaires du
Japon, à Paris, j'ai appris que votre très im-
portant syndicat, écho de l'opinion publique
de la République française, désireux de té-
moigner sa vive sympathie à l'égard de mon
pays douloureusement atteint et animé des
p!u&' nobles sentiments humanitaires, a tenu
à prendre la généreuse initiative, eou$ les
auspices des pluss hautes notabilités gouver-
nementales et avec l'appui de la presse fran-
çaise tout entière, d'organiser spontanément
une. souscription publique pour secourir les
sinistrés. Profondément touché de ce nou-
veau gage de la franche et loyale amitié de
la France, je vous prie, au nom du gouverne-
ment et du peuple japonais, d'agréer, mon-
sieur le président, l'expression de ma cor-
diale gratitude. »
: +- (
Une importante déclaration
de M. Stanley Baldwin ,
Northampton, 27 septembre. — Dans un
discours qu'il a prononcé aujourd'hui au col-
lège 4'Ovcrstonc-Park, près de NorthAJ.¡n,pffJn"
M. Baldwin, premier ministre, a dit notam-
ment :
La question tout entière de la situation e.Ur
rapéenne actuelle doit être exposée et débat-
tue au cours d'une des premières réunions de
,la Conférence impériale. C'est dans les rela-
tions intimes entre la France et la Grande-
Bretagne lu,,, réside le meilleur espoir de rè-
glement de la situation et s'il se produisait
qùôi (rue ce fût pouvant séparer les deux pays,
alors je craindrais que tous les problèmes
auvqu&s nous avons à faire face en fussent
rendus incomparablement plus difficiles qu'ils
ne le sont aujourd'hui.
L'atmosphère de contrainte et de méfiance
qui existait entre la Grande-Bretagne et la
France quand le gouvernement actuel est
monté au pouvoir, a été remplacée par une
atmosphère de confiance mutuelle, et l'on ré-
connaît maintenant, et à Paris et à Londres,
l'importance. de l'Entente. Mes conversations
avec M. Poinoaré ont eu l'effet d'aider à ré-
tablir les anciennes bonnes relations entre la
France et la Grande-Bretagne.
JK. MARSBIT .T iFTC
LE CONGRÈS DE LA NATALITÉ
-- oo^oo
Marseille, 27 septembre. (De notre envoyé
spécial). — Le Congrès de la natalité qui s'est
ouvert aujourd'hui à Marseille, au milieu
d'une nombreuse assistance, a été particuliè-
rement marqué par un discours de M. Isaac,
discours d'une grande élévation de pensée,
boutfré -de chiffres et de documents.
M. Isaac a commencé par énumérer lea
lois qui depuis le commencement de la légis-
lature ont été votées en sa faveur : réduc-
tion d'impôt et majoration frappant les céli-
bataires ainsi que les ménages sans enfants
au titre de l'impôt sur le revenu ; réduc-
tion du service militaire ; prtmes à la nata-
lité ; aide à la -famille de plus de trois en.
fants, exemptions d'impôts pour les loge-
ments destinés aux familles nombreuses,
avantages accordés aux fonctionnaires : ré-
duction de tarifs de chemins de fer, etc.
Mais il faut faire plus. Il faut créer une
solidarité nationale plus étroite entre les
sans enfants et les parents surchargés.
.11 ne s'agit pas d'édioter une pénalité pour
les premiers, mais simplement de les faire
contribuer plus largement aux charges qu'ils
évitent, volontairement ou non.
ILe monde industriel a donné l'exemple de
la solidarité familiale en adoptant après le
Congrès de Nancy, le système des caisses de
compensation. L'ensemble de la nation ne
peut-il s'inspirer de cet exemple en consen-
tant des réformes fiscales que l'on résumerait
en ces mots : Les sans enfants payant pour
ceux qui en. ont beaucoup.
M. Isaac a examiné également les mesures
à prendre pour réglementer l'immigration
èt améliorer la législation sur la naturalisa.
tion, de manière à pouvoir attendre pendant
une ou deux générations les effets des réfor- |
mes tentées, en vue du relèvement de la, po-
pulation.
En terminant, M. Isaac a rappelé comme
dans les précédents congrès, l'importance ca-
pitale du côté moral de la question. Quelqu'un
a écrit récemment que ce n'était après tout
qu'une question de ■« beefsteak aux pom-
mes », autrement dit de ressources matériel-
les. S'il en était ainsi, pourquoi aurions-nons
vu tant de ménages fortunés se refuser à avoir
plus de deux enfants ? Pourquoi notre pays
qui était en 1900 incontestablement plus ri-
che qu'en 1800, avait-il un accroissement de
population plus faible ? Il s'agit toujours,
malgré tout ce que l'on peut dire du feste.
d'une question de volonté et de conscience.
Toutes les richesses du monde ne font pas
une âme, ni une conscience, ni des meenrs
pures. Notre devoir à nous, pères de famille,
est donc de réclamer pour nos enfants un
état social où les caractères se trempent, où
les vertus familiales soient moins difficiles
à pratiquer et où le vice, sous toutes ses
formes, même les plus artistiques, soit te-
nue en respect par une police mieux faite
Tout cela, nous ne l'obtiendrons aisément
que si nous arrivons enfin à faire adopter par
le Parlement la réforme primordiale, le vote
familial.
Cela peut laisser indifférents tous ceux Qui
ont perdu le sens national et patriotique,
mais doit donner à réfléchir aux hommes de
bon sens qui savent par une expérience ré.
cente combien sont fragiles les garanties in-
ternationales uniquement basées sur la bonne
foi.
Les paroles de M. Isaac sont chaleureuse-
ment applaudies. L'orateur a posé comme il
ne l'avait jamais été fait jusqu'à présent les
problèmes de la natalité.
APRES LA CAPITULATION
hE GflAflCEIilEH îtEfîET LE POUVOIR
aux mains des chefs militaires
*' Z>"IklIO>--
Précaution nécessaire, légitimée par les manœuvres menaçantes de Munich
Branle-bas de combat dans toute l'Allema-
gne ! A Mititich, dictature : von Kahr et.
Hitler. A Berlin, dictature : Stresemann et
Gessler. Ne perdons pas notre sang-froid :
toute cette agitation est le fait d'un certain
nombre d'exaltés /et ce n'est pas la première
fois que, mal résignés à des défaites qu'ils ont
eux-mêmes provoquées, ils se livrent à des
exercices du même genre. La masse de la po-
pulation, elle, en a assez. Parfaitement ! Sa-
vez-vous quel est le problème ,qUoi, pour elle,
dmnine les autres ? En bref, le voici :
« Scïmehi und Kartoffeln » ; en termes clairs
et corrects : « Vivre d'abord ! » Mais ce
n'est pas cette rumeur de guerre, civile ou
étrangère, qui fournira la solution : « l'hom-
me dans la rue » ne l'ignore pas !.
Pour nous, soyons assurés de la vigilante
prudence de notre gouvernement qui ne sem-
ble pas, jusqu'ici, avoir rien laissé aux con-
tradictions dit hasard, et tournons un instant
notre esprit vers des considérations qui, pouf
paraître d'ordre historique, n'en sont pas
moins d'une vivante actualité.
C'est une chose digne de remarque que,
dans la crise actuelle de l'Allemagne, il est
beaucoup question de séparatisme. A s'en te.
nir aux dépêche de Berlin et de Munich, Vœu-
vre de Bismarck, cette sacro-sainte unité du
Reich, serait singulièrement en péril. D'un
côté ceux qui, asservis malgré eux et en dé-
pit de leurs traditions et de leurs tendances.
— feuilletez là-dèssus un excellent ouvrage
de Funck-Brentano, — à l'unité bismarckien-
ne, aspirent à se délivrer : Tss Rhénans. De
Vautre, ceux qui., tout en affectant un certain
air de supériorité envers les béotiens de
Prusse. n'en ont pas moins proclamé à maintes
reprises leur attachement au Reich : les Ba
varois. Ils parlent maintenant de séparation.
Entre les deux, ceux que des souvenirs à pei-
ne lointains font encore regarder au côté de
la vieille et riche Angleterre : les Hanovriens,
qui, de 1714 é. 1858, furent sùjets du roi de
Grande-Bretagne. En Saxe, les communistes,
maîtres du gouvernement et dictant leurs vo-
lontés au premier ministre Zeigner. Deoont
l'effondrement, — momentané-, n'exagérons
rien, — de la richesse du Reich, les uns et
les autres parlent de faire bande à part.
Ainsi Cf. les Allemagnes » prennent soin
elles-mêmes de notes démontrer quv rE-mopire
iriagtnu.d par Bismarck, en 1867 t,i- à la Confédération germanique de lSl3 est,
en somme, quelque chose d'assez fragile.
« Œre verennius ». disait Horace de son li-
me. Nous a-t-on assez affirmé que le Reich
participait à la pérennité de cet airain-là : et
a-t-on pris assez de soin pour nous convain-
cre, it Versailles, après l'armistice de ne point
y porter atteinte f.
Hé bien ! Il suffit d'une affaire comme
celle- de la Ruhr, provoquant des répercussions
économiques- et psychologiques dans les divers
Etats confédéraux, pour qu'apparaisse aussi-
tôt la fragilité de ce prétendu colosse.
Nous n'oublierons pas la leçon. car il n'est
jamais trop tard pour s'instruire.
G. PEYTAVI de FAUGERES.
C"
L'ordonnance de transmission
des pouvoirs
Berlin. 27 septembre. — Le président du
Reich publie une ordonnance pour le réta-
blissement de l'ordre et de la. sécurité publics
sur lé territoire de l'Empire. Cette ordonnan-
ce* contient. les dispositions suivantes :
Les restrictions à la liberté. mentionnées
dans l'ordonnance bavaroise sont reproduites
dans l'ordonnance présidentielle. Le pouvoir
exécutif passe aux mains du ministre de la
Reicbswehr -qui peut le déléguer à un chef
militaire. D'accord avec le ministre de l'inté-
rieur, le ministre de la Reichswehr peut
nommer -des commissaires du gouvernement
qui collaborent avec lui à l'exercice du pou
voir exécutif dans le domaine de l'adminis-
tration civile. Les instructions du chef mili-
taire à l'administration civile et aux autori-
tés communales, ainsi que ses ordres géné-
raux à -la population, devront avant d'être
donnés être portés à la connaissance du cofn.
missaire du gouvernement. Les prescriptions
générales du chef militaire qui contiennent
des restrictions de la nature indiquée plus
haut, exigeront pour être valables l'assenti-
ment du gouvernement. Les infractions se-
ront passibles de peines dont la moindre est
la prison et une amende allant jusqu'à 15.000
marks-or. L'infraction ayant causé la mort
d'un homme sera punie de mort, et en cas de
circonstances, atténuantes, de travaux forcés
d'au moins deux ans.
La confiscation de la fortune pourra en
outre être prononcée. La haute trahison, l'in-
cendie, l'attentat au moyen de substances ex-
plosives, la. détérioration du matériel de che-
mins de fer seront punis de mort. La même
peine doit être appliquée aux voies de fait
commises dans des bagarres si leurs auteurs
étaient armés ou s'ils se 'aont rencontrés
sciemment ou volontairement avec -des per-
sonnes armées. Des tribunaux extraordinai-
res seront créés & la demandé du -défenteur
du pouvoir exécutif par le ministre de la
justice.
L'OPINION EN BAVIERE
Munich, 27 septembre. — La nouvelle de
la cessation de la résistance passive a été
accueillie avec réeignation par la masse du
public, plus préoccupée, semble-t-il, par la
hausse vertigineuse des prtl: et les difficul-
tés de la vie matérielle que par le côté po-
litique des affaires de la Ruhr.
Par contre, les journaux s'efforcent de
rejeter sur les socialistes la responsabilité
de ce « second Versailles ».
LA SITUATION EST TROUBLE
DANS LA RUHR
Dusseldorf. 27 septembre. — La situation
est actuellement assez confuse dans les ter-
ritoires occupés. D'une part, une détente très
marquée se manifeste dans les rapports en-
tre fonctionnaires allemands et autorités
d'occupation. Le directeur de la Reichsbank
de Dusseldorf est venu proposer spontané-
ment au délégué du commandement à l'àd-
ministration civile de verser chaque semaine
une somme équivalente en marks à la con-
tre-valeur de 105.000 francs français pour
les besoins des troupes d'occupation à Dtte-
seldorf. Les autorités françaises ont accep-
té cette proposition et aucune saisie de
marks ne sera plus opérée à Dusseldorf.
Les employée des P. T. T. de Mayence ont
repris le travail ce matin.
D'autre part, l'agitation des communistes
dans la Ruhr, a pris subitement une tour-
nure inquiétante. La grève générale vient
d'être proclamée dans les mines par les com-
munistes. Les syndicats ouvriers sont dé-
bordée et paraissent ne plus avoir aucune
influence sur les ouvriers. Le travail a déjà
cessé dans cinq à six minés de la région de
Recklinghausen, Gelsenkirchen et Wanne.
On s'attend à une extension du mouvement
gréviste qui ne serait pas seulement diri-
gée contre les propriétaires des mines, mais
également contre l'occupation..
Les agitateurs communistes déclarent que
la résistance passive étant abandonnée, il
est nécessaire de passer maintenant à l'ac-
tion directe et de chasser les Français par la
force de la Ruhr.
L'OPINION ALLEMANDE
Berlin, 27 septembre. La presse ber-
linoisè suit avec une attention soutenue les
événements de Munich. Elle ne se dissimu-
le pas que la situation n'a jamais été aussi
grave. Maie les journaux déclarent toute-
fois qu'il n'y a pas lieu de perdre la tête.
On considère la nomination de M. von Kàhr
en qualité de commissaire général de l'Etat
bavarois comme une manœuvre tactique du
gouvernement Knilling. Von Kahr, est, en
effet, le chef des associations patriotiques
que d'importantes divergences de vues
séparent des associations nationalistes de
Hitler, Ludendorff et consorts. , Le gou-
vernement bavarois spécule sur ces di-
vergences pour contreoarrer Hitler et pré-
venir ainsi une proclamation éventuelle de
celui-ci comme dictateur bavarois.
Au point de vue tactique, dit le c Vor-
waerts i,, la situation va dépendre de l'at-
titude qu'adopteront réciproquement les di-
verses associations réactionnaires bavaroi-
ses. La nomination de von Kahr peut les
désunir davantage, ce qui ferait échouer
le complot Hitler ; mais il peut aussi les
réunir. Dans ce cas, il n'y aurait plus en
Bavière d'autorité publique suffisante pour
s'opposer à un coup d'Etat.
—————————— <———
L'EVACUATION DE CORFOU
Les soldats s'en vont
mais une flotte arrive
Londres, 27 septembre. — On mande de
Corfou : A midi, quatre cuirassés et sept
contre-torpilleurs italiens sont apparus der-
rière l'île de Vido et sont maintenant en train
de jeter l'ancre au large de la ville. On ignore
la raison pour laquelle ces navires sont reve-
nus. Il n'a été proféré aucune menace contre
les citoyens italiens et un ordre parfait règne
dans la ville où l'administration civilc fonc-
tionne à nouveau.
Une fois de plus, l'incertitude plane sur la
ville à la suite de la présence de navires de
guerre italiens. Il paraîtrait que toute la flot-
te italienne revient.
Les lecteurs trouveront en dernière page,
une annonce pour une série d'articles à des
prix hors cours, bien que de qualité irrépro-
chable, comme il est de tradition aux Grands
Magasins du Louvre. Ce choix sera mie en
vente à l'occasion de l'Exposition Générale
des Nouveautés d'Hiver les 2Q septembre,
1" et 2 octobre.
Certains du caractère extrêmement avanta-
geux des articles offerts, tant dans cette an-
nonce que dans leur Catalogue spécialement
édité pour cette manifestation, les Magasins
du Louvre insistent tout spécialement pour
que leurs prix soient étudiés et comparés.
PRUDENCE
Ecoutons les conseils
des conseillers
à
Ce n'est pas sans un certain scepticisme que la
hommes du métier et les lecteurs avertis par-
courent d'un œil distrait les vœux que forment
périodiquement, à la fin de leur cession, les. con",
seils généraux'et les conseils d'arrondissement.
N. ne se fait d'illusion sur la portée de ces
vœux, le sort qui leur est réservé dans les sphères
gouvernementales, et c'est même avec une cx-f
trême prudence que les experts en psychologie
politique tablent sur ces brefs documents pour
se faire une opinion sur les tendances du pays e.
prendre le vent.
Cependant il en est, parmi ces vœux, qui nd
sont point purement platoniques et qui touchent
à des intérêts profonds. C'est ainsi qu'on ne sam
rait passer sous silence celui que viennent d'é-4
mettre les conseils d'arrondissement de la Haute.
Garonne, lesquels demandent au ministre de l',
griculture de ne pas faire de déclarations pré-
maturées sur le rendement de la récolte du biq
et d'attendre pour établir des statistiques, la pro""
duction des carnets de battage. -
II est certain que c'est là le seul moyen d'a..
voir des chiffres à peu près exacts et, par con..
séqjient, de donner au marché dés blés la phy..
siouomie qu'il doit avoir. Il est désastreux quel
les transactions se fassent sur des chiffres gros-
sis ou bien au-dessous de la réalité, et que 1^
réalité vienne jeter sur les prévisions et les en4
gagements la douche de ses précisions.
On me permettra bien de dire ici que ce qd
est vrai du blé ne l'est pas moins du vin. H n'eaf
pas nécessaire de s'être spécialisé dans ces quçs4
tions pour savoir quelle perturbation apporta l'an
dernier, dans les transactions, une déclaration
prématurée et inexacte, d'ailleurs, sur la récolte.
Le marché est hésitant ; les opé rations sont
complètement faussées, et il s'établit une défiance
préjudiciable à beaucoup. Evidemment, tout le
monde n'est pas victime dans l'affaire, et certains
y trouvent leur bénéfice. Mais il est quelqu'un
qui ne profite jamais de ces incertitudes : c'est le
consommateur qui, finalement, paye les pots,
nême quand ils sont cassés.
Ecoutons; monsieur le ministre, les consei l g
des conseillers d'arrondissement. ,
Charles TARDIEU.
) mim< ( >
Les chômeurs londoniens
provoquent une émeute
Londres* 2T.-septembre. - Une violenté
émeute de chômeurs s'est produite cette nuit
dans lè quartier londonien de Poplar, un des
plus pauvres de la capitale.
A la suite d'une conférence entre une délé-
gation de chômeurs et le conseil des gar-
diens de Poplar (fonctionnaires de l'Assis*
tance publique), présidé par M. Lansbury,
une foule de « sans-travail », comprenant en-
viron 500 personnes, se rassembla, autour dai
la maison des gardiens; une partie envahi-
rent même la salle des délibérations, en ree
fermant la porte à clef derrière eux. D'au-
tres barricadèrent les portes de service et
déclarèrent qu'ils ne laisseraient pas les gar-
diens s'en aller tant que ces derniers n'au-
raient pas accordé satisfaction à leurs deman-
des.
La police dut intervenir et un conflit éclatai
entre elle et les chômeurs. Au cours de la
mêlée, qui s'ensuivit, cinquante chômeurs ont
été blessés, dont un très grièvement; 14 ont
été transportés à l'hôpital. Deux arrestations
seulement ont été maintenues.
—————————— » —■< —r—
L'Italie expulse
un agent eommuniste
Rome. 27 septembre. — Une dépêche d4
Bari a.u Corriere d'ltlirr. annonce que M.
Alexeief, ancien consul de l'Empire de Russie,
a été expulsé d'Italie. Des perquisitions opé-
rées &. son domicile auraient permis d'établir
la certitude que, loin d'être victime de la ré-
volution bolchevik, comme sa situation pou-
vait le faire supposer, M. Alexeief entrete-
nait avec les 'Soviets des rapports suivis. L'at-
tention de la police italienne avait été atti-
rée par des réunions mystérieuses qui
avaient lieu chez M. Alexeief et auxquellea
auraient participé à un certain moment le
consul de Yougoslavie et un notoire commu-
niste de Cattaro, suspect d'espionnage.
On croit que des questions d'espionnage
étaient le principal objet de cet réunion.
1
La curieuse opposition
de Smeets à Dorten
Bonn, 27 septembre. — De notre envoyé spé-
cial.— Nous avons enfin pu joindre M. Smeets
Cet homme qu'un lâche attentat a failli
jeter dans la mort a certes droit à de grands
égards. C'est pour son idéal qu'il a souffert
et notre sympathie avait toujours 'ôté à lui.
Nous ne l'avons pas cachée dans ces colon-
nes où nous avons dit combien une entente
entre Dorten et lui semblait désirable et mé-
,me nécessaire.
L'impression que nous avons éprouvée au
cours de cette visite, les paroles que nous
avons échangées avec lui, nous font, hélas !
juger autrement.
La façon étrange dont les sentiments de
Smeets ont évolué à l'égard de Dorten est
certes chose regrettable. Rien n'affaiblit iart
parti comme le désaccord et le morcellement
L'acharnement qu'il met en outre à déni-
grer son ancien chef, tandis que ce dernier
tant à Paris qu'au congrès de Coblence l'a re-
présenté comme un martyr, ne parle guère
en faveur de son caractère. On sent une pro-
fonde jalousie sourde du oœur de cet hommo
contre celui dont il fut souvent le comment
sa/1. - ,
Chacun pour soi
Bien des errreurs de sa part sont aussi à
relever; nous saurions toutes les reproduire,
mais nous les avons toutes soigneusement en-
registrées. Il nous a affirmé entre autre que
c'était Dorten qui s'était détourné de lui, or,
nous le savons de source sûre, c'est lui, au
contraire, qui pendant le voyage à Paris do
Le numéro : QUINZE CENTIMES
VENDREDI 28 SEPTEMBRE 1923. — N° 19283
Fondateurs (1869) :
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Paj tb Mb Irak Mil
SEtNz & S.-ET-OlSE. 38 » 20 » 10 »
FRANCE & COLONIES.. 41 » 22 » 11 »
Etranger 49 » 25 » 13 »
Adresser toutes les communications
au Directeur
Rédacteur en C^ef :
CHARLES BRIAND
POUR LA PUBLICITÉ, S'ADRESSER
AUX BUREAUX DU JOURNAL
ON S'ABONNE SANS FRAIS DANS
TOUS LES BUREAUX DE POSTE
RÉDACTION tIj ADMINISTRATION :
38, feoialeveircL de Straslboiarg-, 3?-A_IE&IS-IS5IE
Directeur : EDMOND DU MESNIL
TÉLÉPHONES:
Rédaction et administration : M 24-90, 24-91. — Après 10 heures du soir : Roquette 8498
TRIBUNE LIBRE
0 0 qt
Témoins à charge
OOtOO
A monsieur le président de la
Ligue des Patriotes, au pen-
seur et au soldat.
Cette veuve m'a dit ceci :
- (c J'étais mariée depuis quinze jours
quand la guerre arriva. Roman. A vingt
ans j'avais épousé un officier de cavale-
rie sans fortune. Il partit le 1er août dans
un état-major : « J'ai honte, m'écrivit-il,
d'être où je suis, jeune et soldat de car-
rière, quand je vois les vieux officiers de
réserve qui montent en ligne. » Sur sa
demande, il passa sans avancement dans
l'infanterie. Quelques semaines après, à
la tête de sa compagnie, il fut tué devant
Verdun.
<( Je restai seule avec une petite fille
de quelques semaines. Mon père, indus-
triel, était riche. Ruiné par la guerre, il
venait de mourir. Je tombai très malade.
Lorsque je repris le sens de la vie, il me
restait quelques, milliers de francs. L'Etat
m'alloua 2.500 francs de pension.
« Je donnai quelques leçons de musi-
que et d'anglais. Solution précaire. J'ob-
tins une place dans une administration
publique. Je ne la nommerai pas. Sans
douté j'étais mal préparée aux besognes
que l'on exigea de moi. La stupidité du
travail n'était rien. Mais les employées,
si quelques-unes étaient des veuves —
veuves comme moi — dans quels bas-
fonds avait-on été d'autre part recruter
ce personnel de guerre !
« Les hommes ? De braves gens en
général. Mais un jour, je connus l'humi-
liation d'être rabrouée par un goujat,
baut fonctionnaire, devenu préfet, qui.
ieune et vigoureux, avait fait sa carrière
pendant que mon mari se faisait tuer. je
partis. Du reste, ma santé, celle de mon
enfanti nejpe permettaient pas de garder
cette place.
« Et j'ai donné quelques leçons. J'ai
fabriqué des fleurs; des parents me sont
venus en aide. Mais mon propriétaire,
bien que j'aie toujours payé mon loyer,
et que j'eusse accepté les augmentations,
m'a donné congé du logement que j'ha-
bitais depuis 1914. C'est là que sont tous
mes souvenirs. Et je ne sais pas où je vais
aller.
« L'autre jour, dans le « monde », j ai
entendu un monsieur « bien ». Il disait
que tout le mond e avait souffert — il n'y
paraissait pas en le regardant -- que
l'on serait forcé de reviser les pensions,
que l'on avait trop fait pour les veuves,
et que, après tout, chacun avait été à sa
place et avait fait son devoir.
« Et c'est pour de telles gens que mon
mari s'est fait tuer. J'ai le remords d'a-
voir encouragé son héroïsme. Mais, main-
tenant que je connais ces lâches, comme
je lui dirais : « Reste auprès de moi, ne
sois pas dupe; déserte légalement. »
Ce combattant m'a dit ceci
« Vous l'avouerai-je, je suis parti sans
enthousiasme. Et le soldat n'a pas tué en
moi le citoyen. Je ne croyais à rien des
mensonges répandus, — peut-être de
bonne foi, — sur un peuple imbécile.
J'avais prévu la guerre. Elle était la con-
séquence nécessaire d'un ensemble de
circonstances et d'une politique inintelli-
gente.
« Je savais qu'elle serait très longue.
Je savais que derrière les soldats s'élève-
rait une sarabande de corbeaux, de har-
pies et de grues.
« Quant à la préparation, il suffisait
d'être un peu au courant des affaires pu-
bliques et d'avoir effectué une période
de 28 jours pour ne conserver aucune il-
lusion.
« Je n'étais plus un jeune homme. Vai-
nement, selon mon devoir, j'avais parlé
aux sourds.
« Je suis parti, cependant que eau-
coup de patriotes prenaient le train pour
Bordeaux et criaient : « En avant! »
et les faits ont dépassé tout ce que ma
raison avait conçu.
cc Mais la grande déception a été le re-
tour des mobilisés. Ils disaient : « Tu
verras quand on reviendra. » Et ceux
revenus., je les ai vus s'incliner
devant ceux qu'ils appelaient — à tort,
quelquefois — les « embusqués », saluer
les parvenus et les profiteurs, et, par veu-
lerie, se laisser « rouler » une fois de
b JUS.
« L'Union dès combattants n'a jus-
qu'ici rien fait. Elle a écouté les bavarda-
ges d'hommes qui cherchaient à étouffer
sous des phrases vides et pompeuses la
rité des scandales de guerre qu'ils
çonnaissent et qu'ils ne veulent pas dé-
noncer. Ce silence est une trahison. Celui
des pouvoirs publics en est une autre.
« L'Union des combattants obtiendra
quelques sous, à la veille des élections.
Mais c'était un but de moralisation qu'elle
devait poursuivre.
« De tout cela, nous nous souvien-
drons. Vienne ce qui voudra. J'ignore s'il
y a beaucoup de communistes en France,
mais je sais que beaucoup de citoyens,
dont je suis, ont voté pour Marty. Pour
qui voteront-ils ? Ils voteront contre ce
qui est. » ■
Ce mutilé m'a dit ceci : « »
Mais à quoi bon ? Les témoins à char-
ge se succèdent à la barre du tribunal de
la conscience. Ils sont tous accablants.
Les faux patriotes n'ont même pas eu
la pudeur ou l'habileté d' élever une sta-
tue, de décerner des honneurs posthumes
à Henri Collignon, conseiller d'Etat, coiii-
mandeur de la Légion d'honneur, soldat
de lro classe, tué à l'ennemi, à l'âge de
soixante ans. Si quelques-uns de ses amis
ont dressé sa tombe au lieu où il périt,
fantassin volontaire, sous les éclats d'o-
bus, l'Union des combattants n'a encore
rien su exiger qui ressemble à un hom-
mage légitime, à un témoignage de piété !
Nul représentant du gouvernement, nul
« haut fonctionnaire » n'est venu se cour-
ber devant l'image qui dépassa La Tour;
d'Auvergne. Car sa mémoire est un re-
proche tragique pour ceux qui, pensant
comme lui, ne l'ont pas imité!
Pierre d'HUGUES.
) .+
EDITORIAL
r :
La retraite de Russie ,,
Si Labiche était encore de
ce, monde, il ferait voyager'
M. Perrichon en Russie.
Sans doute « l'homme est-
il bien petit quand ofi le
contern/Jlr: du haut di -la
Mer de Glace », mais il est
bien myope lorsqu'il s'avise
de discerner les mirages de la steppe.
Jusqu'ici, tous les hauts personnages
civils et militaires qui sont partis de
France pour découvrir la Russie, ont été
victimes d'un daltonisme étrange.
Ni Jf. Delcassé, ni M. Viviani, ni M.
Albert Thomas, ni le général de Castel-
nau (j'aurai l'indulgence de ne pas nom-
mer M. J offre) ne nous ont rapporté
une claire vision des hommes et des cho-
ses de Russie.
Herriot lui-mme ne nous a donné que
des images réflétées dans le miroir de
Tchitchérine. Quant à Daladier, il n'a
jamais eu le loisir de nous communiquer
toutes ses impressions : son grand cor-
nac Herriot lui ayant fort malicieuse-
ment coupé Mus ses effets, l'an dernier
- au congrès de Marseille.
M. de Monzie vient, à son tour, d àîllèr
faire le « Week-End » à Moscou. Ça
vaut bien les Chequers.
Le récit qu'il nous donne dans le Jour-
nal est pittoresque, coloré, vivant, et toui
éclairé par les mille facéties d'un esprit
original, ouvert à toutes les manifesta-
tions de l'activité humaine.
J'ai été fort surpris de constater que
M. de Monzie n'avait pas découvert, se-
lon l'usage, l'âme russe en une soirée, ni
parcouru tout le territoire russe en une
semaine.
Très simplement, et très courageuse-
ment, sans « courriers » officiels ou of.
ficieux, il est allé à Moscou. Il a vu sans
idée préconçue, et il raconte sans partia-
lité. Car M. de Monzie, qui se pique de
n'être pas homme de parti, a en sus la
coquetterie de n'être pas homme de parti
pris.
La relation de son voyage est infini
ment curieuse. C'est assurément la plus
intéressante de celles que j'ai lues sur
« la Moscovie » des tzars et dit camarade
Lénine.
La conclusion de M. de Monzie tient
en cette form,ule concise : « Entre notre
République et celle des Soviets, on peut
s'approcher, voire se rapprocher. S'unir,
non. Pas tant que l'esprit de guerre ci-
vile sera dans l'air et dans le code. »
Je suppose que M. de Monzie n'a écrit
cette dernière phrase que pour ménager
la pudeur des conservateurs, qui ont le
bon esprit de confier leurs intérêts à son
radicalisme.
Quant à moi, qui n'ai, jamais vu la
Russie qu'au théâtre du Châtelet, j'ajou-
terai sans vergogne : « Entre la Répu-
blique française et celle des Soviets, fai-
sons l'union que commandera seul l'in-
térêt français, sans préjugés de classes
ou de doctrines. Foin des mijaurées 1
Nous ne sommes pas obligés, après tout,
de respirer l'air russe et d'adopter son
:codè.
» Et: puisy « l'air de guerre civile »,
quâud, on l'a respiré quelque temps, ne
finit-il pas par vous donner les meilleurs
poumons conservateurs qui soient au
monde ? »
- '-, Edmond DU MESNIL.
REPOPULATION .--
te les prttnoil ta
aux menées cléricales
-La question de la repopulation préoccupe
beaucoup MM. les prêtres.
Non pas que le clergé séculier d'à présent
revendique ouvertement les vertus prolifi-
ques qui rendirent fameux les réguliers
d'autrefois. Encore que le confessionnal
actuel offre des occasions précieuses, nos
curés ne sauraient entrer en comparaison
avec les carmes de jadis.
Mais, tout d'abord, il est nécessaire,
quand on prétend monopoliser le patriotis-
me, de paraître très attentif au problème
de la natalité, lié à la défense nationale de
demain.
Ensuite, les congrès du genre de celui
qui s'est ouvert hier à Marseille, sont pré-
texte excellent pour combattre, par la pa-
role et par la plume, les lois républicaines.:
Nous avons entendu au récent congrès de
la natalité de Grenoble, les cléricaux sou-
tenir ces thèses : la dénatalité est le fruit
de l'irréligion, l'irréligion provient de l'éco-
le sans Dieu et de la loi du divorce ; sup-
primons donc les lois scolaires et la loi du
'divorce. t *
C'est l'éternelle lutte pour la matnmise
du spirituel sur le temporel, pour la supré-
matie de l'Eglise sur la société civile.
Aussi n'est-il pas surprenant que, dans
l' « Echo de Notre-Dame de la Garde », se-
maine religieuse du diocèse, M. Champavier,
évêque de Marseille, invite ses prêtres à
recommander aux fidèles d'assister aux
séances du Congrès de la natalité.
Tous les prêtres du diocèse sont en outre
convoqués à une réunion spéciale au petit
séminaire, aujourd'hui, 28 septembre.
Attendons-nous donc, sous couleur de re-
population, à une nouvelle croisade contre
les lois de la République. C'est ce que les
cléricaux nomment pratiquer l'union sa-
crée. - R. Y.-P.
Les remerciements du Japon
Le président du Syndicat de la Presse pa-
risienne a reçu de S. E. M. Ijuin, ministre
.Jes affaires étrangères au Japon, la lettre
suivante :
« Par télégramme du chargé d'affaires du
Japon, à Paris, j'ai appris que votre très im-
portant syndicat, écho de l'opinion publique
de la République française, désireux de té-
moigner sa vive sympathie à l'égard de mon
pays douloureusement atteint et animé des
p!u&' nobles sentiments humanitaires, a tenu
à prendre la généreuse initiative, eou$ les
auspices des pluss hautes notabilités gouver-
nementales et avec l'appui de la presse fran-
çaise tout entière, d'organiser spontanément
une. souscription publique pour secourir les
sinistrés. Profondément touché de ce nou-
veau gage de la franche et loyale amitié de
la France, je vous prie, au nom du gouverne-
ment et du peuple japonais, d'agréer, mon-
sieur le président, l'expression de ma cor-
diale gratitude. »
: +- (
Une importante déclaration
de M. Stanley Baldwin ,
Northampton, 27 septembre. — Dans un
discours qu'il a prononcé aujourd'hui au col-
lège 4'Ovcrstonc-Park, près de NorthAJ.¡n,pffJn"
M. Baldwin, premier ministre, a dit notam-
ment :
La question tout entière de la situation e.Ur
rapéenne actuelle doit être exposée et débat-
tue au cours d'une des premières réunions de
,la Conférence impériale. C'est dans les rela-
tions intimes entre la France et la Grande-
Bretagne lu,,, réside le meilleur espoir de rè-
glement de la situation et s'il se produisait
qùôi (rue ce fût pouvant séparer les deux pays,
alors je craindrais que tous les problèmes
auvqu&s nous avons à faire face en fussent
rendus incomparablement plus difficiles qu'ils
ne le sont aujourd'hui.
L'atmosphère de contrainte et de méfiance
qui existait entre la Grande-Bretagne et la
France quand le gouvernement actuel est
monté au pouvoir, a été remplacée par une
atmosphère de confiance mutuelle, et l'on ré-
connaît maintenant, et à Paris et à Londres,
l'importance. de l'Entente. Mes conversations
avec M. Poinoaré ont eu l'effet d'aider à ré-
tablir les anciennes bonnes relations entre la
France et la Grande-Bretagne.
JK. MARSBIT .T iFTC
LE CONGRÈS DE LA NATALITÉ
-- oo^oo
Marseille, 27 septembre. (De notre envoyé
spécial). — Le Congrès de la natalité qui s'est
ouvert aujourd'hui à Marseille, au milieu
d'une nombreuse assistance, a été particuliè-
rement marqué par un discours de M. Isaac,
discours d'une grande élévation de pensée,
boutfré -de chiffres et de documents.
M. Isaac a commencé par énumérer lea
lois qui depuis le commencement de la légis-
lature ont été votées en sa faveur : réduc-
tion d'impôt et majoration frappant les céli-
bataires ainsi que les ménages sans enfants
au titre de l'impôt sur le revenu ; réduc-
tion du service militaire ; prtmes à la nata-
lité ; aide à la -famille de plus de trois en.
fants, exemptions d'impôts pour les loge-
ments destinés aux familles nombreuses,
avantages accordés aux fonctionnaires : ré-
duction de tarifs de chemins de fer, etc.
Mais il faut faire plus. Il faut créer une
solidarité nationale plus étroite entre les
sans enfants et les parents surchargés.
.11 ne s'agit pas d'édioter une pénalité pour
les premiers, mais simplement de les faire
contribuer plus largement aux charges qu'ils
évitent, volontairement ou non.
ILe monde industriel a donné l'exemple de
la solidarité familiale en adoptant après le
Congrès de Nancy, le système des caisses de
compensation. L'ensemble de la nation ne
peut-il s'inspirer de cet exemple en consen-
tant des réformes fiscales que l'on résumerait
en ces mots : Les sans enfants payant pour
ceux qui en. ont beaucoup.
M. Isaac a examiné également les mesures
à prendre pour réglementer l'immigration
èt améliorer la législation sur la naturalisa.
tion, de manière à pouvoir attendre pendant
une ou deux générations les effets des réfor- |
mes tentées, en vue du relèvement de la, po-
pulation.
En terminant, M. Isaac a rappelé comme
dans les précédents congrès, l'importance ca-
pitale du côté moral de la question. Quelqu'un
a écrit récemment que ce n'était après tout
qu'une question de ■« beefsteak aux pom-
mes », autrement dit de ressources matériel-
les. S'il en était ainsi, pourquoi aurions-nons
vu tant de ménages fortunés se refuser à avoir
plus de deux enfants ? Pourquoi notre pays
qui était en 1900 incontestablement plus ri-
che qu'en 1800, avait-il un accroissement de
population plus faible ? Il s'agit toujours,
malgré tout ce que l'on peut dire du feste.
d'une question de volonté et de conscience.
Toutes les richesses du monde ne font pas
une âme, ni une conscience, ni des meenrs
pures. Notre devoir à nous, pères de famille,
est donc de réclamer pour nos enfants un
état social où les caractères se trempent, où
les vertus familiales soient moins difficiles
à pratiquer et où le vice, sous toutes ses
formes, même les plus artistiques, soit te-
nue en respect par une police mieux faite
Tout cela, nous ne l'obtiendrons aisément
que si nous arrivons enfin à faire adopter par
le Parlement la réforme primordiale, le vote
familial.
Cela peut laisser indifférents tous ceux Qui
ont perdu le sens national et patriotique,
mais doit donner à réfléchir aux hommes de
bon sens qui savent par une expérience ré.
cente combien sont fragiles les garanties in-
ternationales uniquement basées sur la bonne
foi.
Les paroles de M. Isaac sont chaleureuse-
ment applaudies. L'orateur a posé comme il
ne l'avait jamais été fait jusqu'à présent les
problèmes de la natalité.
APRES LA CAPITULATION
hE GflAflCEIilEH îtEfîET LE POUVOIR
aux mains des chefs militaires
*' Z>"Ikl
Précaution nécessaire, légitimée par les manœuvres menaçantes de Munich
Branle-bas de combat dans toute l'Allema-
gne ! A Mititich, dictature : von Kahr et.
Hitler. A Berlin, dictature : Stresemann et
Gessler. Ne perdons pas notre sang-froid :
toute cette agitation est le fait d'un certain
nombre d'exaltés /et ce n'est pas la première
fois que, mal résignés à des défaites qu'ils ont
eux-mêmes provoquées, ils se livrent à des
exercices du même genre. La masse de la po-
pulation, elle, en a assez. Parfaitement ! Sa-
vez-vous quel est le problème ,qUoi, pour elle,
dmnine les autres ? En bref, le voici :
« Scïmehi und Kartoffeln » ; en termes clairs
et corrects : « Vivre d'abord ! » Mais ce
n'est pas cette rumeur de guerre, civile ou
étrangère, qui fournira la solution : « l'hom-
me dans la rue » ne l'ignore pas !.
Pour nous, soyons assurés de la vigilante
prudence de notre gouvernement qui ne sem-
ble pas, jusqu'ici, avoir rien laissé aux con-
tradictions dit hasard, et tournons un instant
notre esprit vers des considérations qui, pouf
paraître d'ordre historique, n'en sont pas
moins d'une vivante actualité.
C'est une chose digne de remarque que,
dans la crise actuelle de l'Allemagne, il est
beaucoup question de séparatisme. A s'en te.
nir aux dépêche de Berlin et de Munich, Vœu-
vre de Bismarck, cette sacro-sainte unité du
Reich, serait singulièrement en péril. D'un
côté ceux qui, asservis malgré eux et en dé-
pit de leurs traditions et de leurs tendances.
— feuilletez là-dèssus un excellent ouvrage
de Funck-Brentano, — à l'unité bismarckien-
ne, aspirent à se délivrer : Tss Rhénans. De
Vautre, ceux qui., tout en affectant un certain
air de supériorité envers les béotiens de
Prusse. n'en ont pas moins proclamé à maintes
reprises leur attachement au Reich : les Ba
varois. Ils parlent maintenant de séparation.
Entre les deux, ceux que des souvenirs à pei-
ne lointains font encore regarder au côté de
la vieille et riche Angleterre : les Hanovriens,
qui, de 1714 é. 1858, furent sùjets du roi de
Grande-Bretagne. En Saxe, les communistes,
maîtres du gouvernement et dictant leurs vo-
lontés au premier ministre Zeigner. Deoont
l'effondrement, — momentané-, n'exagérons
rien, — de la richesse du Reich, les uns et
les autres parlent de faire bande à part.
Ainsi Cf. les Allemagnes » prennent soin
elles-mêmes de notes démontrer quv rE-mopire
iriagtnu.d par Bismarck, en 1867 t,i-
en somme, quelque chose d'assez fragile.
« Œre verennius ». disait Horace de son li-
me. Nous a-t-on assez affirmé que le Reich
participait à la pérennité de cet airain-là : et
a-t-on pris assez de soin pour nous convain-
cre, it Versailles, après l'armistice de ne point
y porter atteinte f.
Hé bien ! Il suffit d'une affaire comme
celle- de la Ruhr, provoquant des répercussions
économiques- et psychologiques dans les divers
Etats confédéraux, pour qu'apparaisse aussi-
tôt la fragilité de ce prétendu colosse.
Nous n'oublierons pas la leçon. car il n'est
jamais trop tard pour s'instruire.
G. PEYTAVI de FAUGERES.
C"
L'ordonnance de transmission
des pouvoirs
Berlin. 27 septembre. — Le président du
Reich publie une ordonnance pour le réta-
blissement de l'ordre et de la. sécurité publics
sur lé territoire de l'Empire. Cette ordonnan-
ce* contient. les dispositions suivantes :
Les restrictions à la liberté. mentionnées
dans l'ordonnance bavaroise sont reproduites
dans l'ordonnance présidentielle. Le pouvoir
exécutif passe aux mains du ministre de la
Reicbswehr -qui peut le déléguer à un chef
militaire. D'accord avec le ministre de l'inté-
rieur, le ministre de la Reichswehr peut
nommer -des commissaires du gouvernement
qui collaborent avec lui à l'exercice du pou
voir exécutif dans le domaine de l'adminis-
tration civile. Les instructions du chef mili-
taire à l'administration civile et aux autori-
tés communales, ainsi que ses ordres géné-
raux à -la population, devront avant d'être
donnés être portés à la connaissance du cofn.
missaire du gouvernement. Les prescriptions
générales du chef militaire qui contiennent
des restrictions de la nature indiquée plus
haut, exigeront pour être valables l'assenti-
ment du gouvernement. Les infractions se-
ront passibles de peines dont la moindre est
la prison et une amende allant jusqu'à 15.000
marks-or. L'infraction ayant causé la mort
d'un homme sera punie de mort, et en cas de
circonstances, atténuantes, de travaux forcés
d'au moins deux ans.
La confiscation de la fortune pourra en
outre être prononcée. La haute trahison, l'in-
cendie, l'attentat au moyen de substances ex-
plosives, la. détérioration du matériel de che-
mins de fer seront punis de mort. La même
peine doit être appliquée aux voies de fait
commises dans des bagarres si leurs auteurs
étaient armés ou s'ils se 'aont rencontrés
sciemment ou volontairement avec -des per-
sonnes armées. Des tribunaux extraordinai-
res seront créés & la demandé du -défenteur
du pouvoir exécutif par le ministre de la
justice.
L'OPINION EN BAVIERE
Munich, 27 septembre. — La nouvelle de
la cessation de la résistance passive a été
accueillie avec réeignation par la masse du
public, plus préoccupée, semble-t-il, par la
hausse vertigineuse des prtl: et les difficul-
tés de la vie matérielle que par le côté po-
litique des affaires de la Ruhr.
Par contre, les journaux s'efforcent de
rejeter sur les socialistes la responsabilité
de ce « second Versailles ».
LA SITUATION EST TROUBLE
DANS LA RUHR
Dusseldorf. 27 septembre. — La situation
est actuellement assez confuse dans les ter-
ritoires occupés. D'une part, une détente très
marquée se manifeste dans les rapports en-
tre fonctionnaires allemands et autorités
d'occupation. Le directeur de la Reichsbank
de Dusseldorf est venu proposer spontané-
ment au délégué du commandement à l'àd-
ministration civile de verser chaque semaine
une somme équivalente en marks à la con-
tre-valeur de 105.000 francs français pour
les besoins des troupes d'occupation à Dtte-
seldorf. Les autorités françaises ont accep-
té cette proposition et aucune saisie de
marks ne sera plus opérée à Dusseldorf.
Les employée des P. T. T. de Mayence ont
repris le travail ce matin.
D'autre part, l'agitation des communistes
dans la Ruhr, a pris subitement une tour-
nure inquiétante. La grève générale vient
d'être proclamée dans les mines par les com-
munistes. Les syndicats ouvriers sont dé-
bordée et paraissent ne plus avoir aucune
influence sur les ouvriers. Le travail a déjà
cessé dans cinq à six minés de la région de
Recklinghausen, Gelsenkirchen et Wanne.
On s'attend à une extension du mouvement
gréviste qui ne serait pas seulement diri-
gée contre les propriétaires des mines, mais
également contre l'occupation..
Les agitateurs communistes déclarent que
la résistance passive étant abandonnée, il
est nécessaire de passer maintenant à l'ac-
tion directe et de chasser les Français par la
force de la Ruhr.
L'OPINION ALLEMANDE
Berlin, 27 septembre. La presse ber-
linoisè suit avec une attention soutenue les
événements de Munich. Elle ne se dissimu-
le pas que la situation n'a jamais été aussi
grave. Maie les journaux déclarent toute-
fois qu'il n'y a pas lieu de perdre la tête.
On considère la nomination de M. von Kàhr
en qualité de commissaire général de l'Etat
bavarois comme une manœuvre tactique du
gouvernement Knilling. Von Kahr, est, en
effet, le chef des associations patriotiques
que d'importantes divergences de vues
séparent des associations nationalistes de
Hitler, Ludendorff et consorts. , Le gou-
vernement bavarois spécule sur ces di-
vergences pour contreoarrer Hitler et pré-
venir ainsi une proclamation éventuelle de
celui-ci comme dictateur bavarois.
Au point de vue tactique, dit le c Vor-
waerts i,, la situation va dépendre de l'at-
titude qu'adopteront réciproquement les di-
verses associations réactionnaires bavaroi-
ses. La nomination de von Kahr peut les
désunir davantage, ce qui ferait échouer
le complot Hitler ; mais il peut aussi les
réunir. Dans ce cas, il n'y aurait plus en
Bavière d'autorité publique suffisante pour
s'opposer à un coup d'Etat.
—————————— <———
L'EVACUATION DE CORFOU
Les soldats s'en vont
mais une flotte arrive
Londres, 27 septembre. — On mande de
Corfou : A midi, quatre cuirassés et sept
contre-torpilleurs italiens sont apparus der-
rière l'île de Vido et sont maintenant en train
de jeter l'ancre au large de la ville. On ignore
la raison pour laquelle ces navires sont reve-
nus. Il n'a été proféré aucune menace contre
les citoyens italiens et un ordre parfait règne
dans la ville où l'administration civilc fonc-
tionne à nouveau.
Une fois de plus, l'incertitude plane sur la
ville à la suite de la présence de navires de
guerre italiens. Il paraîtrait que toute la flot-
te italienne revient.
Les lecteurs trouveront en dernière page,
une annonce pour une série d'articles à des
prix hors cours, bien que de qualité irrépro-
chable, comme il est de tradition aux Grands
Magasins du Louvre. Ce choix sera mie en
vente à l'occasion de l'Exposition Générale
des Nouveautés d'Hiver les 2Q septembre,
1" et 2 octobre.
Certains du caractère extrêmement avanta-
geux des articles offerts, tant dans cette an-
nonce que dans leur Catalogue spécialement
édité pour cette manifestation, les Magasins
du Louvre insistent tout spécialement pour
que leurs prix soient étudiés et comparés.
PRUDENCE
Ecoutons les conseils
des conseillers
à
Ce n'est pas sans un certain scepticisme que la
hommes du métier et les lecteurs avertis par-
courent d'un œil distrait les vœux que forment
périodiquement, à la fin de leur cession, les. con",
seils généraux'et les conseils d'arrondissement.
N. ne se fait d'illusion sur la portée de ces
vœux, le sort qui leur est réservé dans les sphères
gouvernementales, et c'est même avec une cx-f
trême prudence que les experts en psychologie
politique tablent sur ces brefs documents pour
se faire une opinion sur les tendances du pays e.
prendre le vent.
Cependant il en est, parmi ces vœux, qui nd
sont point purement platoniques et qui touchent
à des intérêts profonds. C'est ainsi qu'on ne sam
rait passer sous silence celui que viennent d'é-4
mettre les conseils d'arrondissement de la Haute.
Garonne, lesquels demandent au ministre de l',
griculture de ne pas faire de déclarations pré-
maturées sur le rendement de la récolte du biq
et d'attendre pour établir des statistiques, la pro""
duction des carnets de battage. -
II est certain que c'est là le seul moyen d'a..
voir des chiffres à peu près exacts et, par con..
séqjient, de donner au marché dés blés la phy..
siouomie qu'il doit avoir. Il est désastreux quel
les transactions se fassent sur des chiffres gros-
sis ou bien au-dessous de la réalité, et que 1^
réalité vienne jeter sur les prévisions et les en4
gagements la douche de ses précisions.
On me permettra bien de dire ici que ce qd
est vrai du blé ne l'est pas moins du vin. H n'eaf
pas nécessaire de s'être spécialisé dans ces quçs4
tions pour savoir quelle perturbation apporta l'an
dernier, dans les transactions, une déclaration
prématurée et inexacte, d'ailleurs, sur la récolte.
Le marché est hésitant ; les opé rations sont
complètement faussées, et il s'établit une défiance
préjudiciable à beaucoup. Evidemment, tout le
monde n'est pas victime dans l'affaire, et certains
y trouvent leur bénéfice. Mais il est quelqu'un
qui ne profite jamais de ces incertitudes : c'est le
consommateur qui, finalement, paye les pots,
nême quand ils sont cassés.
Ecoutons; monsieur le ministre, les consei l g
des conseillers d'arrondissement. ,
Charles TARDIEU.
) mim< ( >
Les chômeurs londoniens
provoquent une émeute
Londres* 2T.-septembre. - Une violenté
émeute de chômeurs s'est produite cette nuit
dans lè quartier londonien de Poplar, un des
plus pauvres de la capitale.
A la suite d'une conférence entre une délé-
gation de chômeurs et le conseil des gar-
diens de Poplar (fonctionnaires de l'Assis*
tance publique), présidé par M. Lansbury,
une foule de « sans-travail », comprenant en-
viron 500 personnes, se rassembla, autour dai
la maison des gardiens; une partie envahi-
rent même la salle des délibérations, en ree
fermant la porte à clef derrière eux. D'au-
tres barricadèrent les portes de service et
déclarèrent qu'ils ne laisseraient pas les gar-
diens s'en aller tant que ces derniers n'au-
raient pas accordé satisfaction à leurs deman-
des.
La police dut intervenir et un conflit éclatai
entre elle et les chômeurs. Au cours de la
mêlée, qui s'ensuivit, cinquante chômeurs ont
été blessés, dont un très grièvement; 14 ont
été transportés à l'hôpital. Deux arrestations
seulement ont été maintenues.
—————————— » —■< —r—
L'Italie expulse
un agent eommuniste
Rome. 27 septembre. — Une dépêche d4
Bari a.u Corriere d'ltlirr. annonce que M.
Alexeief, ancien consul de l'Empire de Russie,
a été expulsé d'Italie. Des perquisitions opé-
rées &. son domicile auraient permis d'établir
la certitude que, loin d'être victime de la ré-
volution bolchevik, comme sa situation pou-
vait le faire supposer, M. Alexeief entrete-
nait avec les 'Soviets des rapports suivis. L'at-
tention de la police italienne avait été atti-
rée par des réunions mystérieuses qui
avaient lieu chez M. Alexeief et auxquellea
auraient participé à un certain moment le
consul de Yougoslavie et un notoire commu-
niste de Cattaro, suspect d'espionnage.
On croit que des questions d'espionnage
étaient le principal objet de cet réunion.
1
La curieuse opposition
de Smeets à Dorten
Bonn, 27 septembre. — De notre envoyé spé-
cial.— Nous avons enfin pu joindre M. Smeets
Cet homme qu'un lâche attentat a failli
jeter dans la mort a certes droit à de grands
égards. C'est pour son idéal qu'il a souffert
et notre sympathie avait toujours 'ôté à lui.
Nous ne l'avons pas cachée dans ces colon-
nes où nous avons dit combien une entente
entre Dorten et lui semblait désirable et mé-
,me nécessaire.
L'impression que nous avons éprouvée au
cours de cette visite, les paroles que nous
avons échangées avec lui, nous font, hélas !
juger autrement.
La façon étrange dont les sentiments de
Smeets ont évolué à l'égard de Dorten est
certes chose regrettable. Rien n'affaiblit iart
parti comme le désaccord et le morcellement
L'acharnement qu'il met en outre à déni-
grer son ancien chef, tandis que ce dernier
tant à Paris qu'au congrès de Coblence l'a re-
présenté comme un martyr, ne parle guère
en faveur de son caractère. On sent une pro-
fonde jalousie sourde du oœur de cet hommo
contre celui dont il fut souvent le comment
sa/1. - ,
Chacun pour soi
Bien des errreurs de sa part sont aussi à
relever; nous saurions toutes les reproduire,
mais nous les avons toutes soigneusement en-
registrées. Il nous a affirmé entre autre que
c'était Dorten qui s'était détourné de lui, or,
nous le savons de source sûre, c'est lui, au
contraire, qui pendant le voyage à Paris do
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