Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1954-06-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 29 juin 1954 29 juin 1954
Description : 1954/06/29 (A128,N3049). 1954/06/29 (A128,N3049).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t571412r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/01/2025
Ijdition
5 heures
Page S : LECTEURS El LECTRICES ONT LA PAROLE
JAN
CHAPELIER
DI
GRANDE
CLASSE
UN NOM ÉVOCATEUR
" VOYAGE"
FEUTRE OU PAILLE
3.400 F.
Le Gaulois
LE FIGARO
V\
14,RUE DE ROME . Pl.G.PÉRI .STLAZARf . PARIS
DIRECTEUR : Pierre BRISSON
Les gens qui ne veulent rien faire de rien
n'avancent rien et ne sont bons à rien.
Beaumarchais.
MARDI
N° 3049
29
15 francs
Corse, Algérie
et Tunisie
15 FR A N CS
MAROC
16 F R A N C S
Espagne 2 Pts
JUIN 1954
28* ANNEE
MERCIER
FRÈRES
MAISON FONDÉE EN 132a
ameublement- décoration
t ANCIEN . MODERNE
De la tradition la plus pure
aux conceptions les plus jeunes
Une visite s'impose
loo,r? stantoine. Paris
METRO IEDRU-ROUIW
■1!
EN
DIEU
RUSSIE
par François MAURIAC
L ES propos d’un jeune
étudiant soviétique sur
« la mort de Dieu »
en Russie, et que j’ai
I,apportés ici même le 8 juin,
suscité des protestations
[nombreuses qui ont confirmé
espérance, ma certitude :
Ijà-bas, le feu couve sous la
■cendre. Déjà, un de mes amis
lui se trouvait à Moscou
|avec les Comédiens-Français
l'avait attesté que la foule
lans les églises, lors des fêtes
ascales, n’était pas une foule
le femmes et de vieillards et
jii'il s’y trouvait des hommes
le tous les âges.
Je ne m’étais pas trompé
on plus en assurant que par
tit où la souffrance abonde
la foi et l’amour surabondent.
de mes correspondants a
li récemment l’occasion d’ai
ller, à titre d’interprète, un
enquêteur de la Commission
Iternationale contre le régime
joncentrationnaire ; il a assisté
i l’interrogatoire d’anciens dé
plus allemands libérés et
apatriés de Russie au début
|le cette année. Certains de
témoins lui ont parlé des
létenus russes qui refusent de
pvailler le samedi. D’autres
dérobent à tout travail en
lénéral et bravent les pires
piments, mais ils feraient
Importe quoi pour leurs
narades. Us refusent même
I,donner leurs noms et, lors-
m les interroge, se conten
ue répondre « Je suis fils
i fille) de Dieu. » Ces faits
t été signalés à mon corres-
pdant, à trois reprises, par
témoins ayant été détenus
ans des camps différents.
Plus surprenant est le rap-
k que me fait M. Jean
jounault sur des « instituts
piliers » très semblables à
i petits frères et à nos petites
jturs du Père de Foucauld,
pi. dans les kolkhozes et les
Des, diffusent l’Evangile et
tout par l’exemple de leur
jean Rounault est l’auteur
I® roman paru chez Plon
1952 : Le troisième ciel,
poire d’une grève religieuse
un kolkhoze. Tout le
repose sur un article de
Literatournaia Gazeta du
septembre 1949 et qui rap-
pe ceci : « Au commence
nt des semailles du prin-
% un certain nombre de
phoziens quittèrent les bri-
H es champêtres du kolkhoze
[ce J ravailleur ». Ils emme-
r nï leurs enfants avec eux,
^donnèrent leurs parcelles
®viduelles, se refusèrent à
P espèce de travail et s’en-
torent dans leurs maisons,
début de mai, les disci-
de Belimov liquidèrent
' leurs biens. Ils vendirent
[ distribuèrent à leurs voisins
bétail, leurs volailles, leur
lla ge, leurs vivres de ré-
ÎVe '. leurs vêtements. » Les
0rit és soviétiques prirent ce
fument fort au sérieux
ftoe le prouvent les com
pares du journal : « Tout
foonde sait, mais tout
Inonde garde un silence
En fanatique mutile la
poience des travailleurs. Et
■ Railleurs culturels lais-
lé ^e ; ils semblent
h
ne
, Marquer l’activité
i 1Ve de Belimov. »
sub-
ette affaire Belimov n’est
Un fait isolé, m’affirme
Tout retard
M ]tsa Rounault D„,l. à J rati ( icotion de ]„ r.E.D.
deux ans, il ne se passe
pas de semaine sans que le
gouvernement soviétique soit
obligé de mobiliser les équi
pes de l’Association des athées
scientifiques, soit en présentant
un nouveau scandale religieux
dans la presse quotidienne, soit
en publiant des articles théo
riques dans ses grandes revues.
Et depuis janvier de cette
année, cette mobilisation anti
religieuse s’accentue sensible
ment. » Mon correspondant
me rapporte le cas de l’étu
diant de Moscou Mikhail
Postnikov qui avait non seu
lement passé tous ses exa
mens en marxisme - léninisme,
mais qui avait été chargé par
les jeunesses communistes de
la propagande antireligieuse.
Conférencier athée tout à fait
remarquable, il se maria reli
gieusement. L’organe des jeu
nesses communistes a raconté
ce scandale sous le titre : Une
âme fausse, dans son numéro
du 6 juin 1952. Le même
journal publia le 28 novembre
un autre article sur l’infidélité
scandaleuse des jeunes com
munistes en matière d’athéisme.
Ces témoignages officiels ont
une très grande portée. Il ne
s’agit pas de « faits divers »,
mais de faits symptomatiques
qui doivent alerter et tenir en
haleine les organisations de
lutte antireligieuse. Ils se ma
nifestent à une époque où le
matérialisme officiel de l’Etat
est ébranlé et sapé non par les
théologiens, mais par la science
moderne elle-même.
« Ce n’est pas ma faute,
disait l’illustre physicien Fren-
kel durant les débats de la
société physico - chimique de
Leningrad, ce n’est pas ma
faute si l’électron ne se com
porte pas selon les préceptes
du matérialisme historique. »
Aux profanes de mon espèce,
je signale que Les Amis
de la liberté (13 bis, rue
de Poissy, V e ) viennent de
publier un cahier du plus vif
intérêt : Science et Parti en
U.R.S.S., qui n’est nullement
polémique et qui révélera au
contraire à beaucoup de lec
teurs la place éminente qu’oc
cupe la Russie soviétique dans
les sciences mathématiques,
dans le domaine de l’aéro
dynamique et de la balisti
que, et plus généralement en
physique, en chimie et en astro
nomie. Mais, prisonnière d’une
idéologie officielle périmée, elle
est travaillée en secret puis
samment par le levain de
l’Evangile. Je fais confiance
à Jean Rounault lorsqu’il
écrit : « Comment faire en
tendre cette vérité que la Rus
sie d’aujourd’hui est plus sainte
qu’elle ne le fut jamais... »
François MAURIAC.
de l’Académie française.
Washington et Paris: sécurité européenne et défense du Sud-Est asiatique
Les pourparlers LE CONSEIL DES MINISTRES DÉCIDE
militaires
Sir Winston Churchill
et Eisenhower déclarent :
porterait atteinte
à la solidarité atlantique
L
ONDINE
Des plans de défense collective
seront élaborés pour faire face à
toute éventualité à l'issue de la
conférence de Genève
ES entretiens anglo-américains ont pris fin hier à Washington. Un
communiqué, qu’on lira d’autre part, a été publié à l’issue des en
tretiens.
La majeure partie de ce texte est consacrée à l’Europe et aux problè
mes d’Extrême-Orient, c’est-à-dire à des questions auxquelles la France
est directement intéressée.
Parmi ces questions, celle de la C.E.D. occupe une place de choix.
Le sens de la déclaration anglo-
américaine relative à la ratification
nécessaire et rapide du traité insti
tuant la Communauté de défense est
très clair. Tout retard apporté à la
ratification par la France et par l’Ita
lie menacerait gravement la solidarité
occidentale. Il ne peut pas y avoir
de solution de rechange, les quatre
nations qui ont déjà ratifia n’enten
dant pas revenir sur leur approbation
législative. En d’autres termes, M.
Mendès-France est invité à aller de
l’avant et à ne rien négliger pour que
la ratification intervienne sans délai.
Aucune date limite n’a été précisée
et il ne s’agit pas d’une mise en de
meure. Mais le communiqué
constitue un engagement implicite à
l’égard du chancelier Adenauer : en
tout état de cause, la question de
l’égalité des droits de 1’
sera réglée rapidement.
Roger Massip.
(Suite page 3, col. 3 et 4)
C'est dans le jardin Shakespeare, au
Pré-Catelan, que nous allons revoir
pour quelques soirs, à compter du
1 er juillet. Ondine, de Jean Giraudoux.
Notre photographie a été prise dans
ce théâtre de verdure. On y reconnaît
Odile Versois, l'héroïne. Sylvain Dhom-
me, le metteur en scène, lui a donné
pour partenaire François Perrot, dans
le rôle de Hans que créa Louis Jouvet
Les restes de combattants
de la bataille de Cannes
sont mis au jour
Rome, 28 juin. — Des centaines de
squelettes de guerriers romains et car
thaginois ont été découverts, au cours
de travaux de culture, dans les Pouil
les, à l'endroit où se déroula la fameuse
bataille de Cannes entre les forces
d'Annibal et les légions romaines, deux
siècles avant Jésus-Christ.
En page 5 :
L’HEURE
DE PÉRICLÈS
par Maurice SCHUMANN
EXTRAORDINAIRE HOLD-UP A MARSEILLE
Cinq bandits masqués
s'emparent de 31 millions
Ils avaient attaqué vers midi une voiture
de l'Assistance publique transportant
la paie du personnel
Marseille, 28 juin. — Mme Fournier, économe de l’hôpital de la
Conception, s’était rendue eu fin de matinée, dans une auto de l’As
sistance publique, en compagnie d’un employé de l’hôpital, M. Er
nest Philip, à la direction de l’Assistance, où elle avait touché une
somme de 31 millions destinée à la paie du personnel.
Vers midi, la voiture, qui ve
nait de s’engager dans la rue St-
Pierre, eut soudain sa route cou
pée par une auto débouchant
d’une petite voie perpendiculaire,
la rue Hugueny, et dans laquelle
se trouvaient cinq individus coif
fés de bérets rabattus sur les
yeux. Des foulards dissimulaient
leurs traits. Trois d’entre eux, qui
portaient des faux nez en carton
et étaient armés de mitraillette,
mirent aussitôt pied à terre et
braquèrent leurs armes vers les
occupants de la voiture de l’As
sistance publique.
Mme Fournier, M. Philip et le
du chauffeur, M. Ernest Digiovan-
ni. Le convoyeur, M. Philip, était
assis à l’arrière. Le sac de toile
contenant les 31 millions était à
ses pieds.
(Suite page 14, col 7 et 8)
l’EAU DE RENOIR
17, PL. VENDOME
'Allemagne
EN PAGE 3 :
Les dépêches de nos
envoyés spéciaux
permanents
de Washington
de Londres et Bonn
qui devaient s’engager hier
au nord de Hanoï
ont été ajournés
Le Viet Minh a contesté
< la composition et la
qualification > de la délé
gation française
(NOS INFORMATIONS EN P. 14)
LE RENFORCEMENT DU CORPS
EXPÉDITIONNAIRE EN INDOCHINE
ET DES TROUPES
EN AFRIQUE DU NORD
O
N lira d’autre part les déclarations de M. Mendès-France concer
nant le communiqué publié à Washington, à l’issue des entre
tiens anglo-américains. Les délibérations gouvernementales se
sont trouvées prolongées de ce fait, car c’est en fin de conseil que
M. Mendès-France a donné connaissance à ses collègues de ce document.
Le président du Conseil a d’ailleurs
précisé qu’il n’en possédait en
core que la traduction française et
que, après un premier examen, le
POUR QUE LE LOUVRE SOIT
LE PLUS BEAU MUSEE DU MONDE
A Ventadour, le service des émissions
serait mieux installé qu’au pavillon de Flore
résultat de ces importants entre
tiens nécessitait de sa part une
étude plus détaillée.
Confiance à M. Chauvel
pour conduire les négociations
genevoises
Le président du Conseil a fait
part a ses collègues des instruc
tions qu’il a données à M. Chau
vel, ambassadeur de France, qui
dirige la délégation française à
Geneve. Le conseil a approuvé
ces instructions et a exprimé son
entière confiance à M. Chauvel
pour poursuivre les négociations
au nom du gouvernement fran
çais.
Mais outre la situation interna
tionale exposée par M. Mendès-
France, le Conseil a entendu Je
compte rendu par le général Koe-
nig des délibérations du comité
de Défense nationale qui avaient
précédé celles du gouvernement et
qui avaient été consacrées à l’étu
de de la situation militaire en In
dochine.
(Suite page 14, col. 5 et 6)
130.000
CANDIDATS
au baccalauréat
ont disserté hier
en français
et en philosophie
(Notre article en page 9)
Après Véchec des Argentina
au Dhaulagiri
Le chef de l'expédition
a été amputé des pieds
Son état est grave
Khatmandou, 28 juin. — Francise#
Ibanez, chef de l’expédition argentine
au Dhaulagiri (8.170 m.), vient de
subir l’amputation des pieds à l’hô
pital de Khatmandou. Cette opération
a été motivée par les graves gelure*
subies par l’alpiniste.
L’état de Francisco Ibanez est sé
rieux mais non désespéré.
APRES LA DEMISSION DU PRESIDENT ARBENZ
LES REBELLES BOMBARDENT
la capitale du Guatemala
où la junte militaire met hors la loi
le parti communiste
Tegucigalpa, 29 juin (A.P.). — Douze avions rebelles ont hier
bombardé la capitale guatémaltèque. C’est le raid le plus violent
qu’ait subi le Guatemala depuis le début de l’invasion. Il fait suite
à un « ultimatum » lancé par les forces de « libération » du colonel
Carlos Castillo Armas, menaçant
d’attaquer la capitale si la nou
velle junte militaire qui a pris le
pouvoir après la démission du pré
sident Arbenz n’engage pas immé
diatement des pourparlers d’armis
tice.
Dans une déclaration faite après
son accession au pouvoir, le colonel
Diaz, qui dirige cette junte, a dit
qu’il suivrait la politique révo
lutionnaire de son prédécesseur.
Il a affirmé qu’il ne tiendrait au
cun compte de l’ultimatum du
colonel Armas et qu’il résisterait
aux « envahisseurs » jusqu’à ce
que ceux-ci soient chasser du Gua
temala.
Cependant le premier acte du
nouveau gouvernement a été de
proclamer la mise hors la loi du
pai’ti communiste et de décider
l’arrestation des principaux leaders
de ce parti. L’état de siège a été
ensuite proclamé.
La puissance aérienne des in
surgés, renforcée par les défec
tions des aviateurs gouvernemen
taux, semble avoir été un facteur
décisif dans la démission du pré
sident Arbenz qui est intervenue
sous la pression de l’armée hier
dans la soirée.
(Suite page 14, col. 1 et 2)
LE TEMPS
PROBABLE
Nuageux et frais le matin.
Température maxima prévue
à Paris : 21 degrés.
(Voir en page 7 les pré
visions détaillées.)
La façade de l'immeuble Ven
tadour ne donne nullement l'im
pression d'un bâtiment insalubre
ou délabré, et les bureaux, s'ils
sont convenablement adaptés, se
ront moins vétustes que ceux du
pavillon de Flore.
(En page 12, l'article de Pierre
Mazars et notre reportage pho
tographique)
UNE VANNE
ETANT RESTEE OUVERTE
Leau envahit une chaufferie
du croiseur « De Grasse »
...qui doit être échoué
Brest, 28 juin. — Samedi avait lieu
à Brest la mise à flot du croiseur
antiaérien « De Grasse », dont les
essais de flottabilité devaient être ef
fectués à 6 heures du matin.
Alors que commençait l’opération,
des techniciens constatèrent soudain
que la lourde masse prenait de la gîte
et que l’eau envahissait la chaufferie
avant par une vanne laissée ouverte.
Le croiseur dut être échoué.
Une commission d’enquête a été
nommée.
INSTANTS ET VISAGES
S O UR IR ES
DU SOIR
C
foyers
LE CONSEIL MUNICIPAL
examinera demain un nouveau
projet d’autoroute sud
Le conseil municipal doit discuter
demain le rapport déposé hier
matin par M. Veyssette (indép.) sur
le projet d’autoroute.
Ce rapport tient un grand compte
des vœux d’écrivains comme Pierre
Gaxotte et de la population parisienne.
C’est ainsi qu’il rejette le projet du
ministère des Travaux publics et qu'il
se prononce pour une nouvelle voie
qui couvrirait la ligne de Sceaux de
l’avenue Reille à la place Denfert-Ro-
chereau.
Le rapport retient toutefois le pro
jet de tranchée dans le parc Mont-
souris. Enfin, dés voies d’éclatement
devront être aménagées et notamment
il faudra que les trottoirs du boule
vard Saint-Michel soient sensiblement
réduits.
Quant aux charges financières, M.
Veyssette évalue la dépense totale à
15 milliards, dont les trois quarts in
comberont, dans sa pensée, à l’Etat,
Voici photographiés côte à côte et devant un écran de télévision, mais de
l'autre côté du miroir, pourrait-on dire, les deux speakerines de la Radio
télévision Française, Jacqueline Joubert (debout à droite) et Catherine
Langeais (assise à gauche).
ES huit jeunes femmes — les « speakerines » des télé
visions d’Europe — photographiées les unes à côté des
autres, liées les unes aux autres en une ronde immobile
par les ^ liens de la grâce et du métier, dans combien de
ne pénètrent-elles pas tous les soirs, de combien d’in
connus, d’inconnues ne sont-elles pas devenues les compagnes
quotidiennes ? Profession nouvelle, rôle imprévisible au début
du siecle. Comment nos pères auraient-ils pu concevoir que les
temps approchaient où, chaque soir, une jeune femme choisie
pour les charmes de sa voix et de son maintien nous apparaî
trait dans l’ombre, irréelle et pourtant vivante, nous parlerait,
commenterait nos plaisirs et nous souhaiterait finalement
« bonne nuit » le plus gracieusement du monde ? Présence
pleine de séduction. De cette jeune femme quotidienne nous
ne connaissons que les agréments. Sa voix est toujours douce,
son ton égal, elle n’a pour nous que des sourires ; et le sourire
qu’elle adresse à des milliers de spectateurs (des millions en An
gleterre) , elle semble ne l’offrir qu’à nous-même. Elle est seule,
et nous avec elle, dans le silence et la nuit de la pièce où se
produit son apparition. Les autres bénéficiaires de sa grâce
nous les ignorons. Jamais, à la vérité, une femme ne s’est mon
trée si constamment souriante, si exacte, si fidèle. C’est vrai
ment la paix chez soi.
Apparition fugitive. La lumière éteinte, réduite durant
quelques secondes à cet astre tremblant dans l’espace de l’écran
redevenu sombre, plus rien n’existe de ce qui l’instant d’avant
était la vie. üù donc est disparue cette jeune femme ? Comme
les enfants et les chiens devant le prestidigitateur, nous avons
envie d’aller voir si elle n’est pas cachée derrière l’appareil ; et
pour l’entendre tous les jours s’adresser à nous, le désir nous
vient à notre tour de lui parler. Et pour quoi lui dire ? — « Made
moiselle, vous faites fort bien votre métier... » ou : « Cela
vous amuse-t-il ? Vous écrit-on ? Et que vous écrit-on ?» Et
encore : « Quelle est la réaction de tous ces inconnus qui vous
voient dans le même moment et dont vous, vous ne voyez
jamais le visage ? »
Ces questions, je puis les poser aujourd’hui non point aux
huit jeunes femmes photographiées naguère à Londres, mais
aux deux Françaises qui animent nos écrans. Les voici. Elles
sont déjà apparues si souvent sur cette glace dépolie que je les
ai priées d’en sortir et les ai invitées à s’asseoir. Tous les
amateurs de télévision savent leur nom : Jacqueline Jou
bert et Catherine Langeais. La première appartint aux dé
buts de la télévision ; Ta seconde fut choisie lors de la mise
en service du 819 lignes. Elle avait lu une annonce dans Le
Figaro. On demandait une speakerine. Elle fut élue entre cin
quante candidates, après avoir déchiffré un texte semé de noms
étrangers, hérissé d’aspérités comme un dessin de Carzou, et
non sans avoir produit des témoignages sur ses études et sur
son goût. On peut être fille et sœur de normaliens et devenir
speakerine. Cela n’est pas nécessaire, mais ce n’est pas non plus
un inconvénient.
Si elles reçoivent des lettres ? Bien sûr ! Sérieuses en majo
rité, ayant trait aux émissions et le plus souvent dictées par la
sympathie. L’une s’est mariée, Jacqueline Joubert, fille du direc
teur du Trianon-Lyrique (et qui rêva beaucoup de théâtre).
Elle est devenue une mère de famille. Les journaux en ont parlé.
Le public l’a su. On lui a envoyé des vœux. Ce ne sont pas des stars
hollywoodiennes ces deux jeunes femmes, ce sont des étoiles d’un
autre ciel ; mais il est beaucoup de visages levés vers elles.
L’une d’elles me dit : « On nous reconnaît assez souvent
en public après nous avoir longtemps regardées... On nous inter
pelle ! « Bonjour Catherine !» ou « Bonjour Jacqueline ! » (cette
familiarité est un des traits de la vie moderne). Et celui ou celle
qui nous donne cette marque de sympathie paraît surpris que
nous ne répondions pas : « Bonjour André !» ou « Bonjour
Madeleine 1 » Surpris les uns et les autres de ne pas être
connus de nous qu’ils connaissent si bien. » Mais comment sau
raient-elles où leur regard, où leur voix s’envolent et se posent ?
Ces jeunes femmes parlent joliment de leur métier, qu’elles
apprécient, quoiqu’il soit sans relâche et qu’il faille y faire tou
jours bonne figure. A les entendre, à les regarder, je vis bien
qu’elles n’étaient pas tout à fait celles que je vois chaque soir. Un
reflet n’est pas la vie — ni plus ni moins qu’un songe.
GUERMANTES.
5 heures
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JAN
CHAPELIER
DI
GRANDE
CLASSE
UN NOM ÉVOCATEUR
" VOYAGE"
FEUTRE OU PAILLE
3.400 F.
Le Gaulois
LE FIGARO
V\
14,RUE DE ROME . Pl.G.PÉRI .STLAZARf . PARIS
DIRECTEUR : Pierre BRISSON
Les gens qui ne veulent rien faire de rien
n'avancent rien et ne sont bons à rien.
Beaumarchais.
MARDI
N° 3049
29
15 francs
Corse, Algérie
et Tunisie
15 FR A N CS
MAROC
16 F R A N C S
Espagne 2 Pts
JUIN 1954
28* ANNEE
MERCIER
FRÈRES
MAISON FONDÉE EN 132a
ameublement- décoration
t ANCIEN . MODERNE
De la tradition la plus pure
aux conceptions les plus jeunes
Une visite s'impose
loo,r? stantoine. Paris
METRO IEDRU-ROUIW
■1!
EN
DIEU
RUSSIE
par François MAURIAC
L ES propos d’un jeune
étudiant soviétique sur
« la mort de Dieu »
en Russie, et que j’ai
I,apportés ici même le 8 juin,
suscité des protestations
[nombreuses qui ont confirmé
espérance, ma certitude :
Ijà-bas, le feu couve sous la
■cendre. Déjà, un de mes amis
lui se trouvait à Moscou
|avec les Comédiens-Français
l'avait attesté que la foule
lans les églises, lors des fêtes
ascales, n’était pas une foule
le femmes et de vieillards et
jii'il s’y trouvait des hommes
le tous les âges.
Je ne m’étais pas trompé
on plus en assurant que par
tit où la souffrance abonde
la foi et l’amour surabondent.
de mes correspondants a
li récemment l’occasion d’ai
ller, à titre d’interprète, un
enquêteur de la Commission
Iternationale contre le régime
joncentrationnaire ; il a assisté
i l’interrogatoire d’anciens dé
plus allemands libérés et
apatriés de Russie au début
|le cette année. Certains de
témoins lui ont parlé des
létenus russes qui refusent de
pvailler le samedi. D’autres
dérobent à tout travail en
lénéral et bravent les pires
piments, mais ils feraient
Importe quoi pour leurs
narades. Us refusent même
I,donner leurs noms et, lors-
m les interroge, se conten
ue répondre « Je suis fils
i fille) de Dieu. » Ces faits
t été signalés à mon corres-
pdant, à trois reprises, par
témoins ayant été détenus
ans des camps différents.
Plus surprenant est le rap-
k que me fait M. Jean
jounault sur des « instituts
piliers » très semblables à
i petits frères et à nos petites
jturs du Père de Foucauld,
pi. dans les kolkhozes et les
Des, diffusent l’Evangile et
tout par l’exemple de leur
jean Rounault est l’auteur
I® roman paru chez Plon
1952 : Le troisième ciel,
poire d’une grève religieuse
un kolkhoze. Tout le
repose sur un article de
Literatournaia Gazeta du
septembre 1949 et qui rap-
pe ceci : « Au commence
nt des semailles du prin-
% un certain nombre de
phoziens quittèrent les bri-
H es champêtres du kolkhoze
[ce J ravailleur ». Ils emme-
r nï leurs enfants avec eux,
^donnèrent leurs parcelles
®viduelles, se refusèrent à
P espèce de travail et s’en-
torent dans leurs maisons,
début de mai, les disci-
de Belimov liquidèrent
' leurs biens. Ils vendirent
[ distribuèrent à leurs voisins
bétail, leurs volailles, leur
lla ge, leurs vivres de ré-
ÎVe '. leurs vêtements. » Les
0rit és soviétiques prirent ce
fument fort au sérieux
ftoe le prouvent les com
pares du journal : « Tout
foonde sait, mais tout
Inonde garde un silence
En fanatique mutile la
poience des travailleurs. Et
■ Railleurs culturels lais-
lé ^e ; ils semblent
h
ne
, Marquer l’activité
i 1Ve de Belimov. »
sub-
ette affaire Belimov n’est
Un fait isolé, m’affirme
Tout retard
M ]tsa Rounault D„,l. à J rati ( icotion de ]„ r.E.D.
deux ans, il ne se passe
pas de semaine sans que le
gouvernement soviétique soit
obligé de mobiliser les équi
pes de l’Association des athées
scientifiques, soit en présentant
un nouveau scandale religieux
dans la presse quotidienne, soit
en publiant des articles théo
riques dans ses grandes revues.
Et depuis janvier de cette
année, cette mobilisation anti
religieuse s’accentue sensible
ment. » Mon correspondant
me rapporte le cas de l’étu
diant de Moscou Mikhail
Postnikov qui avait non seu
lement passé tous ses exa
mens en marxisme - léninisme,
mais qui avait été chargé par
les jeunesses communistes de
la propagande antireligieuse.
Conférencier athée tout à fait
remarquable, il se maria reli
gieusement. L’organe des jeu
nesses communistes a raconté
ce scandale sous le titre : Une
âme fausse, dans son numéro
du 6 juin 1952. Le même
journal publia le 28 novembre
un autre article sur l’infidélité
scandaleuse des jeunes com
munistes en matière d’athéisme.
Ces témoignages officiels ont
une très grande portée. Il ne
s’agit pas de « faits divers »,
mais de faits symptomatiques
qui doivent alerter et tenir en
haleine les organisations de
lutte antireligieuse. Ils se ma
nifestent à une époque où le
matérialisme officiel de l’Etat
est ébranlé et sapé non par les
théologiens, mais par la science
moderne elle-même.
« Ce n’est pas ma faute,
disait l’illustre physicien Fren-
kel durant les débats de la
société physico - chimique de
Leningrad, ce n’est pas ma
faute si l’électron ne se com
porte pas selon les préceptes
du matérialisme historique. »
Aux profanes de mon espèce,
je signale que Les Amis
de la liberté (13 bis, rue
de Poissy, V e ) viennent de
publier un cahier du plus vif
intérêt : Science et Parti en
U.R.S.S., qui n’est nullement
polémique et qui révélera au
contraire à beaucoup de lec
teurs la place éminente qu’oc
cupe la Russie soviétique dans
les sciences mathématiques,
dans le domaine de l’aéro
dynamique et de la balisti
que, et plus généralement en
physique, en chimie et en astro
nomie. Mais, prisonnière d’une
idéologie officielle périmée, elle
est travaillée en secret puis
samment par le levain de
l’Evangile. Je fais confiance
à Jean Rounault lorsqu’il
écrit : « Comment faire en
tendre cette vérité que la Rus
sie d’aujourd’hui est plus sainte
qu’elle ne le fut jamais... »
François MAURIAC.
de l’Académie française.
Washington et Paris: sécurité européenne et défense du Sud-Est asiatique
Les pourparlers LE CONSEIL DES MINISTRES DÉCIDE
militaires
Sir Winston Churchill
et Eisenhower déclarent :
porterait atteinte
à la solidarité atlantique
L
ONDINE
Des plans de défense collective
seront élaborés pour faire face à
toute éventualité à l'issue de la
conférence de Genève
ES entretiens anglo-américains ont pris fin hier à Washington. Un
communiqué, qu’on lira d’autre part, a été publié à l’issue des en
tretiens.
La majeure partie de ce texte est consacrée à l’Europe et aux problè
mes d’Extrême-Orient, c’est-à-dire à des questions auxquelles la France
est directement intéressée.
Parmi ces questions, celle de la C.E.D. occupe une place de choix.
Le sens de la déclaration anglo-
américaine relative à la ratification
nécessaire et rapide du traité insti
tuant la Communauté de défense est
très clair. Tout retard apporté à la
ratification par la France et par l’Ita
lie menacerait gravement la solidarité
occidentale. Il ne peut pas y avoir
de solution de rechange, les quatre
nations qui ont déjà ratifia n’enten
dant pas revenir sur leur approbation
législative. En d’autres termes, M.
Mendès-France est invité à aller de
l’avant et à ne rien négliger pour que
la ratification intervienne sans délai.
Aucune date limite n’a été précisée
et il ne s’agit pas d’une mise en de
meure. Mais le communiqué
constitue un engagement implicite à
l’égard du chancelier Adenauer : en
tout état de cause, la question de
l’égalité des droits de 1’
sera réglée rapidement.
Roger Massip.
(Suite page 3, col. 3 et 4)
C'est dans le jardin Shakespeare, au
Pré-Catelan, que nous allons revoir
pour quelques soirs, à compter du
1 er juillet. Ondine, de Jean Giraudoux.
Notre photographie a été prise dans
ce théâtre de verdure. On y reconnaît
Odile Versois, l'héroïne. Sylvain Dhom-
me, le metteur en scène, lui a donné
pour partenaire François Perrot, dans
le rôle de Hans que créa Louis Jouvet
Les restes de combattants
de la bataille de Cannes
sont mis au jour
Rome, 28 juin. — Des centaines de
squelettes de guerriers romains et car
thaginois ont été découverts, au cours
de travaux de culture, dans les Pouil
les, à l'endroit où se déroula la fameuse
bataille de Cannes entre les forces
d'Annibal et les légions romaines, deux
siècles avant Jésus-Christ.
En page 5 :
L’HEURE
DE PÉRICLÈS
par Maurice SCHUMANN
EXTRAORDINAIRE HOLD-UP A MARSEILLE
Cinq bandits masqués
s'emparent de 31 millions
Ils avaient attaqué vers midi une voiture
de l'Assistance publique transportant
la paie du personnel
Marseille, 28 juin. — Mme Fournier, économe de l’hôpital de la
Conception, s’était rendue eu fin de matinée, dans une auto de l’As
sistance publique, en compagnie d’un employé de l’hôpital, M. Er
nest Philip, à la direction de l’Assistance, où elle avait touché une
somme de 31 millions destinée à la paie du personnel.
Vers midi, la voiture, qui ve
nait de s’engager dans la rue St-
Pierre, eut soudain sa route cou
pée par une auto débouchant
d’une petite voie perpendiculaire,
la rue Hugueny, et dans laquelle
se trouvaient cinq individus coif
fés de bérets rabattus sur les
yeux. Des foulards dissimulaient
leurs traits. Trois d’entre eux, qui
portaient des faux nez en carton
et étaient armés de mitraillette,
mirent aussitôt pied à terre et
braquèrent leurs armes vers les
occupants de la voiture de l’As
sistance publique.
Mme Fournier, M. Philip et le
du chauffeur, M. Ernest Digiovan-
ni. Le convoyeur, M. Philip, était
assis à l’arrière. Le sac de toile
contenant les 31 millions était à
ses pieds.
(Suite page 14, col 7 et 8)
l’EAU DE RENOIR
17, PL. VENDOME
'Allemagne
EN PAGE 3 :
Les dépêches de nos
envoyés spéciaux
permanents
de Washington
de Londres et Bonn
qui devaient s’engager hier
au nord de Hanoï
ont été ajournés
Le Viet Minh a contesté
< la composition et la
qualification > de la délé
gation française
(NOS INFORMATIONS EN P. 14)
LE RENFORCEMENT DU CORPS
EXPÉDITIONNAIRE EN INDOCHINE
ET DES TROUPES
EN AFRIQUE DU NORD
O
N lira d’autre part les déclarations de M. Mendès-France concer
nant le communiqué publié à Washington, à l’issue des entre
tiens anglo-américains. Les délibérations gouvernementales se
sont trouvées prolongées de ce fait, car c’est en fin de conseil que
M. Mendès-France a donné connaissance à ses collègues de ce document.
Le président du Conseil a d’ailleurs
précisé qu’il n’en possédait en
core que la traduction française et
que, après un premier examen, le
POUR QUE LE LOUVRE SOIT
LE PLUS BEAU MUSEE DU MONDE
A Ventadour, le service des émissions
serait mieux installé qu’au pavillon de Flore
résultat de ces importants entre
tiens nécessitait de sa part une
étude plus détaillée.
Confiance à M. Chauvel
pour conduire les négociations
genevoises
Le président du Conseil a fait
part a ses collègues des instruc
tions qu’il a données à M. Chau
vel, ambassadeur de France, qui
dirige la délégation française à
Geneve. Le conseil a approuvé
ces instructions et a exprimé son
entière confiance à M. Chauvel
pour poursuivre les négociations
au nom du gouvernement fran
çais.
Mais outre la situation interna
tionale exposée par M. Mendès-
France, le Conseil a entendu Je
compte rendu par le général Koe-
nig des délibérations du comité
de Défense nationale qui avaient
précédé celles du gouvernement et
qui avaient été consacrées à l’étu
de de la situation militaire en In
dochine.
(Suite page 14, col. 5 et 6)
130.000
CANDIDATS
au baccalauréat
ont disserté hier
en français
et en philosophie
(Notre article en page 9)
Après Véchec des Argentina
au Dhaulagiri
Le chef de l'expédition
a été amputé des pieds
Son état est grave
Khatmandou, 28 juin. — Francise#
Ibanez, chef de l’expédition argentine
au Dhaulagiri (8.170 m.), vient de
subir l’amputation des pieds à l’hô
pital de Khatmandou. Cette opération
a été motivée par les graves gelure*
subies par l’alpiniste.
L’état de Francisco Ibanez est sé
rieux mais non désespéré.
APRES LA DEMISSION DU PRESIDENT ARBENZ
LES REBELLES BOMBARDENT
la capitale du Guatemala
où la junte militaire met hors la loi
le parti communiste
Tegucigalpa, 29 juin (A.P.). — Douze avions rebelles ont hier
bombardé la capitale guatémaltèque. C’est le raid le plus violent
qu’ait subi le Guatemala depuis le début de l’invasion. Il fait suite
à un « ultimatum » lancé par les forces de « libération » du colonel
Carlos Castillo Armas, menaçant
d’attaquer la capitale si la nou
velle junte militaire qui a pris le
pouvoir après la démission du pré
sident Arbenz n’engage pas immé
diatement des pourparlers d’armis
tice.
Dans une déclaration faite après
son accession au pouvoir, le colonel
Diaz, qui dirige cette junte, a dit
qu’il suivrait la politique révo
lutionnaire de son prédécesseur.
Il a affirmé qu’il ne tiendrait au
cun compte de l’ultimatum du
colonel Armas et qu’il résisterait
aux « envahisseurs » jusqu’à ce
que ceux-ci soient chasser du Gua
temala.
Cependant le premier acte du
nouveau gouvernement a été de
proclamer la mise hors la loi du
pai’ti communiste et de décider
l’arrestation des principaux leaders
de ce parti. L’état de siège a été
ensuite proclamé.
La puissance aérienne des in
surgés, renforcée par les défec
tions des aviateurs gouvernemen
taux, semble avoir été un facteur
décisif dans la démission du pré
sident Arbenz qui est intervenue
sous la pression de l’armée hier
dans la soirée.
(Suite page 14, col. 1 et 2)
LE TEMPS
PROBABLE
Nuageux et frais le matin.
Température maxima prévue
à Paris : 21 degrés.
(Voir en page 7 les pré
visions détaillées.)
La façade de l'immeuble Ven
tadour ne donne nullement l'im
pression d'un bâtiment insalubre
ou délabré, et les bureaux, s'ils
sont convenablement adaptés, se
ront moins vétustes que ceux du
pavillon de Flore.
(En page 12, l'article de Pierre
Mazars et notre reportage pho
tographique)
UNE VANNE
ETANT RESTEE OUVERTE
Leau envahit une chaufferie
du croiseur « De Grasse »
...qui doit être échoué
Brest, 28 juin. — Samedi avait lieu
à Brest la mise à flot du croiseur
antiaérien « De Grasse », dont les
essais de flottabilité devaient être ef
fectués à 6 heures du matin.
Alors que commençait l’opération,
des techniciens constatèrent soudain
que la lourde masse prenait de la gîte
et que l’eau envahissait la chaufferie
avant par une vanne laissée ouverte.
Le croiseur dut être échoué.
Une commission d’enquête a été
nommée.
INSTANTS ET VISAGES
S O UR IR ES
DU SOIR
C
foyers
LE CONSEIL MUNICIPAL
examinera demain un nouveau
projet d’autoroute sud
Le conseil municipal doit discuter
demain le rapport déposé hier
matin par M. Veyssette (indép.) sur
le projet d’autoroute.
Ce rapport tient un grand compte
des vœux d’écrivains comme Pierre
Gaxotte et de la population parisienne.
C’est ainsi qu’il rejette le projet du
ministère des Travaux publics et qu'il
se prononce pour une nouvelle voie
qui couvrirait la ligne de Sceaux de
l’avenue Reille à la place Denfert-Ro-
chereau.
Le rapport retient toutefois le pro
jet de tranchée dans le parc Mont-
souris. Enfin, dés voies d’éclatement
devront être aménagées et notamment
il faudra que les trottoirs du boule
vard Saint-Michel soient sensiblement
réduits.
Quant aux charges financières, M.
Veyssette évalue la dépense totale à
15 milliards, dont les trois quarts in
comberont, dans sa pensée, à l’Etat,
Voici photographiés côte à côte et devant un écran de télévision, mais de
l'autre côté du miroir, pourrait-on dire, les deux speakerines de la Radio
télévision Française, Jacqueline Joubert (debout à droite) et Catherine
Langeais (assise à gauche).
ES huit jeunes femmes — les « speakerines » des télé
visions d’Europe — photographiées les unes à côté des
autres, liées les unes aux autres en une ronde immobile
par les ^ liens de la grâce et du métier, dans combien de
ne pénètrent-elles pas tous les soirs, de combien d’in
connus, d’inconnues ne sont-elles pas devenues les compagnes
quotidiennes ? Profession nouvelle, rôle imprévisible au début
du siecle. Comment nos pères auraient-ils pu concevoir que les
temps approchaient où, chaque soir, une jeune femme choisie
pour les charmes de sa voix et de son maintien nous apparaî
trait dans l’ombre, irréelle et pourtant vivante, nous parlerait,
commenterait nos plaisirs et nous souhaiterait finalement
« bonne nuit » le plus gracieusement du monde ? Présence
pleine de séduction. De cette jeune femme quotidienne nous
ne connaissons que les agréments. Sa voix est toujours douce,
son ton égal, elle n’a pour nous que des sourires ; et le sourire
qu’elle adresse à des milliers de spectateurs (des millions en An
gleterre) , elle semble ne l’offrir qu’à nous-même. Elle est seule,
et nous avec elle, dans le silence et la nuit de la pièce où se
produit son apparition. Les autres bénéficiaires de sa grâce
nous les ignorons. Jamais, à la vérité, une femme ne s’est mon
trée si constamment souriante, si exacte, si fidèle. C’est vrai
ment la paix chez soi.
Apparition fugitive. La lumière éteinte, réduite durant
quelques secondes à cet astre tremblant dans l’espace de l’écran
redevenu sombre, plus rien n’existe de ce qui l’instant d’avant
était la vie. üù donc est disparue cette jeune femme ? Comme
les enfants et les chiens devant le prestidigitateur, nous avons
envie d’aller voir si elle n’est pas cachée derrière l’appareil ; et
pour l’entendre tous les jours s’adresser à nous, le désir nous
vient à notre tour de lui parler. Et pour quoi lui dire ? — « Made
moiselle, vous faites fort bien votre métier... » ou : « Cela
vous amuse-t-il ? Vous écrit-on ? Et que vous écrit-on ?» Et
encore : « Quelle est la réaction de tous ces inconnus qui vous
voient dans le même moment et dont vous, vous ne voyez
jamais le visage ? »
Ces questions, je puis les poser aujourd’hui non point aux
huit jeunes femmes photographiées naguère à Londres, mais
aux deux Françaises qui animent nos écrans. Les voici. Elles
sont déjà apparues si souvent sur cette glace dépolie que je les
ai priées d’en sortir et les ai invitées à s’asseoir. Tous les
amateurs de télévision savent leur nom : Jacqueline Jou
bert et Catherine Langeais. La première appartint aux dé
buts de la télévision ; Ta seconde fut choisie lors de la mise
en service du 819 lignes. Elle avait lu une annonce dans Le
Figaro. On demandait une speakerine. Elle fut élue entre cin
quante candidates, après avoir déchiffré un texte semé de noms
étrangers, hérissé d’aspérités comme un dessin de Carzou, et
non sans avoir produit des témoignages sur ses études et sur
son goût. On peut être fille et sœur de normaliens et devenir
speakerine. Cela n’est pas nécessaire, mais ce n’est pas non plus
un inconvénient.
Si elles reçoivent des lettres ? Bien sûr ! Sérieuses en majo
rité, ayant trait aux émissions et le plus souvent dictées par la
sympathie. L’une s’est mariée, Jacqueline Joubert, fille du direc
teur du Trianon-Lyrique (et qui rêva beaucoup de théâtre).
Elle est devenue une mère de famille. Les journaux en ont parlé.
Le public l’a su. On lui a envoyé des vœux. Ce ne sont pas des stars
hollywoodiennes ces deux jeunes femmes, ce sont des étoiles d’un
autre ciel ; mais il est beaucoup de visages levés vers elles.
L’une d’elles me dit : « On nous reconnaît assez souvent
en public après nous avoir longtemps regardées... On nous inter
pelle ! « Bonjour Catherine !» ou « Bonjour Jacqueline ! » (cette
familiarité est un des traits de la vie moderne). Et celui ou celle
qui nous donne cette marque de sympathie paraît surpris que
nous ne répondions pas : « Bonjour André !» ou « Bonjour
Madeleine 1 » Surpris les uns et les autres de ne pas être
connus de nous qu’ils connaissent si bien. » Mais comment sau
raient-elles où leur regard, où leur voix s’envolent et se posent ?
Ces jeunes femmes parlent joliment de leur métier, qu’elles
apprécient, quoiqu’il soit sans relâche et qu’il faille y faire tou
jours bonne figure. A les entendre, à les regarder, je vis bien
qu’elles n’étaient pas tout à fait celles que je vois chaque soir. Un
reflet n’est pas la vie — ni plus ni moins qu’un songe.
GUERMANTES.
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