Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-10-06
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 octobre 1893 06 octobre 1893
Description : 1893/10/06 (N5071,A15). 1893/10/06 (N5071,A15).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2012
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QUINZIEME ANNEE - NUMÈITO 507: (Un ^^mero : raris. 15 cent. — DôpœaTCaaa&sa*», 20 cent VENDREDI 6 OCTOBRE iWS
Ao DUMONT, Fondateur
;WauCITt EXCLUSIVE DE l ra ET OE 20 PAR
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- vu 9 HBCBS3 A 6 UEUKE8
- Amionces, Réclames & Faits divers
fftonl DOLLINGEN & O" 16, me de la Ono«»-Bat(31fa»
i Id Joartial If ki Myiixws déclinant toute rsipsMMBi
quant à leur teneur
BUREAUX DU JOURNAL
S, 7Ue Gliick (place de l'Opérs^
Adresze télégraphique : GIL-BLAS pàun I,
Amuser les gens qui passent, leur plaire aujourd'hui et recommencer
le lendemain. — 141 UBm, préface de Gil Blas.1,
A. DUMONT, Fondateur
R^DAOTIOH
S'adresser à M. Jules GUÉRIN. rédacteur en CftCI
DE 5 HEURES DU SOIS A MINCTT
(Les manuscrits ne sont peu rendus)
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GIL BLAS ILLUSTRÉ
TIRÉ EN COULEUR
SOMMAIRE DU NUMÉRO
êffertgratuitement aujourd'hui àno»UcUurs
TEXTE
La Parure G. DE MAUPISSÀNT
Épithalame. A. SILVESTRE
Manger un morceau. H. LAVEDAM
Le chevalier Joli. EDMOND CHAR
En Amour (suite). JEAN AJALBBRT
Cousine Laura (suite). MARCEL PRÉVOST
DESSINS
La Parure STEINLEN
Le chevalier Joli : BALLURIAU
Manger un morceau STEINLEN
Venant des noces belles STEINLEN
CHANSON
Venant des noces belles MAURICE BOUKÀY
SOMMAIRE
LA VIE PUAUISIBNNB. — Alexandre Hepp.
THÉODOUE OU L'IDÉALISTIZ.-Louis de Gramont.
LE FRÔLEUR COMPATISSANT. — Léon Bloy.
CHEZ LA BAUONNB DE BADHEX. — A. Cellarius.
CotTLISBES DB LA FISAIÎCE. — DtJB Càpriff.
LE GÉNÉRAL 6AUSSIER. — SéVgrat.
LES STATUES. — Ubald Lacaze.
F itoros DB CO'l'LlIIBS. — {?awWi«r*ifF«r faille.
FEUILLETON : LA SAISON AU BOIS D. BOULO&HB,
Maurice Beaubourg.
CAUSBUIB LITTÉBAIRB. — Paul Gfnutll.
GIL BLAS DE DEMAIR
Contes et Chroniques par :
JT. Biesrd.
Maurice Sontégot.
Jules Bois.
LA
VIE PHARISIENNE
LE SCANDALE DE L'ÉCUYÈRE
Madame la baronne de Rahnen pré-
pare ses éperons d'or et donne à reluire
son chapeau d'amazone. Dans quelques
jours, du cirque de Clermont, où, pour
elle, entre deux singeries de clowns, le
sang a coulé, elle aura passé aux Folies-
Bergère, et tout Paris a pris note de ce
nouveau trait de la haute Ecole des
Femmes.
On se redit le drame d'où elle est sor-
tie héroïne et dont la justice est saisie;
on épilogue sur ces portraits, éparpillés
partout, qui la montrent avec un regard
qui doit être d'un gris perçant, avec sa
bouche aux dédains froids, son charme
étriqué, sa main nerveuse qui toujours
semble dans le « piill-up » de la crava-
che, et, au fond, c'est un fin régal que
l'on se promet la.
Je réponds que des yeux flamberont
pour elle, des yeux de tout sexe, et d'ici
je vois aussi les petites narines se dila-
ter et marcher. Quelle aubaine pour
notre vieux Monpavon quand il viendra
au bras de Flora toute trémblante de
morphine ! Quelle fête pour la petite se-
cousse et la neurasthénie ! Oui, ce sera,
messieurs et mesdames, j'en ai la con-
viction, un beau soir parisien — un de
ces soirs où les couchers sont joyeux et
où les noces de minuit (oh! nos pauvres
grand'mèrcs qui se mariaient pour de
bon à cette beure-IÜ, 1) sont propices.
Mais à la surface, c'est une autre af-
faire. Vite, un voile sur ces curiosités,
comme le «Pauvre homme » voulait faire
pour le sein de Dorine ; la pudeur de'
nos contemporains s'alarme, s'offense;
leur délicatesse de goût et d'âme, bien
connues, proteste.
En vérité, s'exhiber ainsi, après une
catastrophe si atroce,dont tous les cœurs
véritablement sensibles sont encore ma-
lades, cela passe la mesure ! on n'a pas
idée d'un pareil défi jeté à l'honnêteté du
.parterre et c'est gravement manquer au
public.
Malheureux petit chérubin, va, inno-
cent et tendre agnelet ! En effet, je crois
bien que ce coup est le dernier, et l'on
frémit qu'il n'en meurt.
Aussi bien, j'admire ces accès prémé-
dités de vertu, et l'art roué de ces dis-
simulations. Ceux qui les professent sont
des maîtres, — auxquels, pour être tout
à fait charmants, je ne demanderai que
de-se moquer un peu d'eux-mêmes en se
moquant des autres.
Si c'est là un jeu, je le trouve à la
hauteur des plus phantasieux du Chat-
Noir; mais si c'est une revendication, à
la manière de M. Jules Simon, avec l'es-
poir fallacieux qu'on y coupe, causons.
***
Certes, ne manquons pas au public.
C'est parfois un bon garçon. Mais peut-
on encore lui manquer? N'est-il pas un
peu comme ces pauvresses dont on dit
qu'elles n'ont plus un affront à subir et
qui d'un pied léger iraient même au j
devant. j
: Tout ce qui s'est pu ramasser de stu-
pide ou d'interlope, on le lui a copieuse-
jment servi ; théâtre, roman, journal,
chanson, politique, tout a donné, jus-
qu'au comble. Gogo éternel de l'argent,
il est devenu par surcroît le gogo des
malpropretés et des plumes de paon.
Et lui, ceDendant. lui le bon public.
compris et massé entre les vieux mes-
sieurs et les petits vernis, il s'est benoî-
tement laissé faire ; les mains sur le
ventre et les yeux clignotants il a dode-
liné de la tête. Plus indulgent à chaque
irrespect, se sentant plus caressé à cha-
que inconvenance, il a fini par être un
bon gros avec lequel il n'y a point à se
gêner.
C'est effrayant ce qu'on lui a fait ap-
plaudir et ce qu'il a applaudi; non seu-
lement comme talent, comme jambes et
aisselles, mais comme «cas particulier ».
Si chatouilleux aujourd'hui, j'ai souve-
nance qu'il n'a pas toujours été si beau
de scrupules, il a fait un sort à un tas de
scandales et s'en est aimablement pour-
léché.
N'est-ce pas lui qui a acclamé certaine
spirituelle comédienne, au lendemain du
jour où l'on apprenait qu'elle avait eu le
courage de se glisser hors de Paris as-
siégé, pour aller, dans la neige, faire ri-
sette au prince royal de Prusse qui l'at-
tendait à Bellevue? N'est-ce pas lui qui
jadis ne se trouvait pas insulté dans sa
dignité, dans l'esprit de justice, dans sa
naturelle générosité, qua-nd on le con-
viait a aller couvrir d'ironiques bravos
la Parente Pauvre du grand tribun ? Ré-
cemment n'est-ce pas lui qui se pressait,
lui très élégant et très dirigeant, à la
porte d'un bouge infect où le soir même
de l'exécution d'Anastay paradait Made-
leine Gonzalès sa maîtresse ?
Et, dans ce prodigieux cercle d'enfer
parisien qu'est une salle de première,
n'est-ce pas lui qui va braquer de suite
sa lorgnette et ses sourires sur ce qu'il y
a de plus laid ? Il suffit qu'on se raconte
tout bas une infamie pour qu'il en
veuille connaître les personnages. Si
l'on signale la présence d'un filou d'en-
vergure, il se hâte de le saluer; entre
l'héroïne d'un procès, d'une douleur,
d'un vice, et aussitôt c'est à qui la cou-
doiera.
Oui, c'est ce même public entiché et
fidèle habitué d'exhibitions douteuses
qui fait la petite moue et s'agrimache à
propos de madame de Rahnen. Il jure
qu'il n'en voudra point, que jamais ni sa
conscience ni ses nerfs ne pourront en-
durer ce spectacle — et en même temps,
avec une impatience inquiète il demande
pourquoi l'on tarde tant à guillotiner
dans Versailles Pauline Siller et quand
part le premier train !
A
Je ne lui en veux point, je n'ai nulle
envie de le sauver. Je pense que ce se-
rait là un ridicule que je ne tiens pas à
joindre à tous ceux que mes amis me
trouvent sans doute déjà.
Et d'ailleurs, quelle besogne inutile !
On a beau s'évertuer et se rebiffer, on
ne changera rien, jamais^ jamais; la
vie continue sa farce, en se fichant un
peu du gêneur, et l'eau continue de cou-
ler sous les ponts, en l'emportant.
Mais ayons au moins le courage de
nos compromissions. Rien n'est plus
discordant et plus mesquin que ces hauts
cris, auxquels personne ne se trompe
plus.
En attendant, sinon couronnés de ro-
ses, au moins résignés, que le sort nous
envoie l'avertissement qui lui plaira,
mieux vaudrait avouer franchement,
crânement. Eh bien, oui, c'est comme ça !
A cette franchise, aussi bien, nous ga-
gnerions une vertu qui n'est point ba-
nale, — l'indulgence réciproque dans
l'égalité avérée des faiblesses. Je crois
que c'est encore là le dernier mot de
la philosophie et de l'art de vivre, et s'il
faut se défie: de ceux qui font la Bête, il
est bien plus prudent et plus sérieux
encore de se défier de ceux qui font
l'Ange. Il y a toujours par-dessous ce
beau rigorisme une crevasse bien condi-
tionnée, et des chances pour que cette
céleste binette ait d'horribles grimaces.
Et qui sait? En reconnaissant les cho-
ses comme elles sont, en les fouillant tout
net, il y aurait peut-être quelque chance
aussi de ressentir un beau jour la pous-
sée puissante des dégoûts. Ah! ce serait
une heure salutaire, celle où cessant de
se payer et de se farder d'illusions, on
regarderait bien en face sa carcasse et
pèserait au plus juste poids le singulier
cœur que nous nous sommes mis dedans!
Le spectacle ne serait point gracieux,
mais il serait profitable. Alors seulement
apparaîtrait vive et impitoyable comme
le jour, la nécessité du grand coup de
balai et de la lessive à plein torchon ;
c'est à cette condition seule d'oser nous
proclamer hardiment ce que nous som-
mes, qu'un cri peut partir vers l'espé-
rance.
* *
Veuillez entrer, madame la baronne
de Rahnen,?,en musique et à franc étrier.
Le joyeux public qui se pâme chaque
soir aux Variétés, tandis qu'Asmodine
montre au joli gantier qui l'aguiche
comment on doit. essayer les gants, et
qui se laisse si pittoresque offrir ce pen-
dant mimé à la non moins fameuse série
de la « Vie Parisienne» : Comment elles
mangent les asperges, ce public n'a pas
le droit de vous tenir en rigueur. Vous
ne risquez rien, ni désobligeances ni
murmures.
Au surplus, parmi ceux qui assisteront
i cette retentissante séance ou en dégus-
teront le compte-rendu, il y aura même,
je le parierais, de braves gens qui, ma
parole, ne se sentiront nullement bles-
sés, — parce que ceux-là vont tout droit
leur bonhomme de chemin, et des fem-
mes qui vous plaindront seulement d'a-
voir eu tant de vaillance, — parce que
les femmes sans histoire sont encore les j
moins bégueules! j
ALEXANDRE BEEP -
Nouvelles & Echos
AUJOURD'HUI
A deux heures, courses à Saint-Otlcn.
Pronostics du Gil Blas :
Prix de Zama: Roi des Genêts, Héra-
clius.
Prix de Zamora t Ludo, Dimanche.
Prix Zéphyr : Vie, Buffalo Bill.
Prix Zouave : Optimiste, Houpette.
Prix de Zurich : Saint-Cloud, Nip, Nip.
Le baron Alphonse de Rothschild vient
de donner à la ville de Pontoise, pour son
musée, une magnifique réduction du fameux
groupe des trois coureurs, intitulé : Au But,
dû au sculpteur Boucher, et dont le plâtre
a valu à son auteur une première médaille
au Salon de 1886, et la Légion d'honneur
après le Salon de 1887, où avait été exposé
le bronze.
D'autre part, le baron de Rothschild a
fait don au musée de Péronne du tableau
d'Etienne Martin, représentant : Une Vue
du port de Marseille, et de deux médail-
lons en bronze, ceux de Chevreul et de
Pasteur.
Avis vous est donné, mes frères en vie à
outrance, qu'une crémaillère monstre se
lève à l'horizon de novembre.
La belle Méry Hamilton, qui quitte enfin
Londres pour se fixer déflaitivemeiit à Pa -
ris, vièntd'acheter au baron de G. pour le
prix de huit cent cinquante-cinq mille francs
un petit hôtel de la rue de Balzac. Aussiôt
que les réparations seront terminées, on ac-
cordera les violons, et mademoiselle Cré-
maillère sera pendue en grand tra la la.
Tout Cythère sera de la fête ! Luc y Sey-
mour, Marion de Lorme, Marie Lacroix,
Suzanne Comte, Renée Duronçay, Emi-
lienne d'Alençon, Suzanne Néry, Glady,
Jeanne de Clairvaux, Louise Chauvet,Nelly
de Byre, Totoche, Andhrée Marwild, Blan-
che Latischeff, Louise de Kerrieux, Alice
Mallet, Isabelle de Lineuil, Brimborion,
Marthe Loiseau, Marguerite Thiébaud, An-
dhrée Forestier, Jeanne Venoc, Blanche
Lowe, Hélène Courtois, Margot de Gevère,
Jeanne Richard, etc., etc., ont promis d'être
à cette fête qui dépassera en splendeur tout
ce qui a été fait jusqu'ici.
Mazas, Sainte-Pélagie et la Roquette
vont être transportés à Berny, territoire de
Fresnes, banlieue Sud.
Ce sont les prisonniers qui, paraît-il, se-
raient employés aux nouvelles construc-
tions.
Il nous semble que lorsqu'une même com-
mune hérite le bizarre privilège d'être pour-
vue d'un tel voisinage, il serait logique
qu'on lui laissât au moins le bénéfice com-
mercial qu'apporte toujours la présence de
nombreux ouvriers.
D'autre part, il y a assez de travailleurs
honnêtes pour n'avoir pas besoin d'utili-
ser la bonne volonté forcée des malfai-
teurs.
Une mauvaise journée commencée par
une triste nouvelle. En ouvrant mon cou-
rier, je trouve une lettre encadrée de noir,
qui m'annonce la mort du peintre André
Cheviron.
Voilà donc ce pauvre ami mort de la poi-
trine à trente ans ! Pauvre Cheviron ! Il
avait de l'avenir et ses toiles qui commen-
çaient à se vendre, dénotaient un talent
plein de vigueur. A Dieppe, où il passait
tous ses étés, avant son mariage, il a laissé
un grand tableau représentant la Coupe des
foinsi auquel il manquait fort peu de chose
pour être un véritable ehef-d'oeuvre. C'était
une ravissante page, d'une jolie coloration,
intense et gaie. La mort est venue le pren-
dre au moment où le succès lui venait.
Alos ! Poor André Cheviron !
Médaillon :
CAMPANA
Des yeux à damner les saints du Paradis
et aussi ceux d'ici-bas, eeux-ci surtout ; une
jambe divine, une taille moulée, des épau-
les éclatantes et une bouche, une bouche :
Qui semble faite exprès pour montrer en riant
Un double chapelet de perles d'Orient.
Légère comme un sylphe, gracieuse com-
me une libellule : telle est Campana, la
première danseuse-étoile des Folies-Ber-
gère.
Née sous le ciel bleu de l'Italie, elle vint
à Paris il y a quatre ans — elle en avait
seize alors — et débuta à l'Eden dans Ex-
celsior. Comme sa peau est d'une blancheur
éblouissante, on lui fit jouer le rôle de la
négresse. naturellement.
De l'Eden, elle passa à la Gaîté, où elle
se fit remarquer dans le ballet du Voyage de
Suzette, et entra aux Folies-Bergère, où,
depuis trois ans, elle est l'idole du public.
Son professeur ? Mariquita, l'impeccable
maîtresse de ballet !
Campana, ravissante dans tous ses pas,
est incomparable dans ses pointes. Elle se
joue avec une grâce exquise des plus ex-
trêmes difficultés : C'est une grande artiste.
Retenez son nom ; il est de ceux qui vont à
la célébrité.
Il paraît qu'il existe, dans certain hôtel
fort élégant d'une station balnéaire de la
Manche, ce que l'on pourrait appeler, en
parodiant le titre d'Edgard Poë, le Trou ré-
vélateur.
Il y a dans cet hôtel une chambre, dont la
porte de communication avec la chambre
voisine est percée, dans un endroit dissi-
mulé de la boiserie d'un minuscule œil-de-
bœuf, que le valet de chambre ou la femme
de chambre ne manque jamais de faire re-
marquer à l'occupant. si le pourboire est
largement donné.
Le soir, comme le jour, en lorgnant par
cet œil-de-bœuf en miniature, le regard se
dirige sur une armoire à glace, disposée de
façon à refléter tous les mouvements qui se
passent sur le lit de la chambre voisine. —
Et comme, pendant la saison, la chambre
est toujours occupée par quelque hospita-
lière et jolie demi-mondaine, vous devez
penser si le voyeur s'embête.
C'est ainsi, du reste, que Sonadieu s'est
aperçu que la petite Marthe de B. co.,.m.
battait son seigneur et maître. Et avec qui,
mon Dieu ! avec un nègre! Oh! le Trou ré-
vélateur !
Le Père La Gaieté, qu'un rendez-vous
d'amour avec la olus belle des Siraonnes a
empêché d'assister avant-hier au triomphe
dejudicà l'Eldorado, rencontrant hier le
directeur des Folies-Bergère, l'engagea à
donner samedi, veille du grand prix de cent
mille francs, une soirée de gala comme en
donne Franconi la veille du Grand-Prix de
Paris.
C'est une fameuse idée, répondit Mar-
chand, mais que voulez-vous de plus que
le programme que je donne en ce moment ?
Le Père La Gaieté, qui n'est jamais pris
au dépourvu, ajouta : C'est vrai, mais vous
corseriez beaucoup plus votre programme
en faisant paraître sur la même scène le mê-
me soir Anna Judic et Yvette Guilbert.
L'idée est excellente et samedi Anna Ju-
dic et Yvette Guilbert se feront entendre à
la soirée de gala des Folies-Bergère.
Ali right 1
Deux yachts anglais viennent encore de
passer sous pavillon français ; l'un est un
10 tonneaux de course, acheté par M. Val-
ton et qui, sous le nom d'Yseult, a remporté
de grands succès dans les régates anglaises;
l'autre est le steam-yacht de 70 tonneaux
Kalhlinda,que son nouveau propriétaire, le
baron Maurice de Grainville, va faire fran-
ciser au Havre sous le nom d'Andhrée.
Le côtre de 14 tonneaux Cyclamen, qui
appartenait à M. Lécuyer, devient la pro-
priété de Jules Boudin.
Ce yacht, construit à Trouville en 1888,
avait précédemment appartenu à M. Jarry,
sous le nom de Jeannette.
Si vous êtes un peu mêlé à la vie pari-
sienne, il vous sera facile de reconnaître
l'héroïne de l'histoire que je vais vous con-
ter.
Il y a quelques mois, un couturier, célè-
bre dans les fastes mondains,envoyait à une
grande élégante sa note, — quand je dis sa
note, j'ai tort, car c'est un in-folio qu'il fau-
drait dire.
Comme notre élégante, quoique fort
connue et plus coureuse encore, n'avait pas ;
le premier sou pour solder ce compte et 1
qu'il lui fallait d'autres toilettes, elle tenta
un grand coup.
Ai-je dit qu'elle était fort jolie, qu'elle
avait de l'esprit et que lorsqu'elle s'empa-
rait de quelqu'un, le malheureux fût-il prince
de maison souveraine ou marchand de ma-
caroni, était pris, absolument pris comme
dans une robe de Nessus? Avec toutes ces
qualités, il lui était facile de trouver ce qu'il
lui fallait.
X
Ce fut un grand et gros industriel qui fut
la victime. Mais ce ne fut pas sans difficul-
tés, car on raconte que pour arriver à ses
fins, elle a joué avec une perfection infinie
le rôle que Croizette jouait jadis dans le
dernier acte du Sphinx.
La scène du poison a été si merveilleuse
que le gros industriel partit sur-le-champ
régler la note du couturier récalcitrant.
Et le mari, me direz-vous, qu'est ce qu'il
est devenu dans tout cela ?
Désintéressé dans la question, il conti-
nu ait à apprendre à Eglantine Demay que
le chemin le plus court pour aller de Paris à
Lyon est de passer par la rue du Cirque.
On vient de payer en Angleterre, pour
deux timbre-postes, le plus haut prix qui
ait jamais été atteint en pareille circons- ;
tance.
Il s'agit dans ce «record» de deux timbres
de l'Ile Maurice, de la valeur de 1 penny
(10 centimes), et de 2 pences (20 centimes),
vendus 340 livres (8,500 francs) la pièce.
On croit qu'il n'existe dans le monde en-
tier que quatorze exemplaires de ces tim-
bres qui, bien entendu, appartiennent tous
à des collections de premier ordre.
NOUVELLES A LA MAIN
Au cercle du Péloponèse.
— Vous êtes commissaire de police ?
— Oui, monsieur.
— Mais ces messieurs trichent !
— Tous.
— Et vous n'intervenez pas ?
— Quand il y en aura un qui aura dé-
pouillé tous les autres, je l'arrêterai. C'est
le moyen le plus simple. Sans cela, on n'en
finirait pas !
LE DIABLE BOITEUX
1 L
THÉODORE
OU L'IDÉALISTE
Voici une histoire parisienne, tragi-
que à la fois et burlesque, dont les per-
sonnages sont réels. Il va sans dire que
nous avons changé leurs noms et modi-
fié certains détails; mais l'exactitude du
drame ne pourra être contestée par au-
cun de ceux qui en connaissent les ac-
teurs.
Il y a environ deux ans, cette si fine
et si spirituelle Anna Stasia Emeraldi,
comtesse de Ponte-Riotto, reçut de son
amie Renée Dilmer, de douloureuses
confidences. Madame Dilmer est la
femme de Théodore Dilmer, l'auteur
bien connu de poèmes et de romans d'un
sentimentalisme raffiné et d'un trans-
cendant idéalisme. A cette littérature
élégante et vaporeuse il doit la renom-
mée et la fortune. Il lui a dû aussi son
mariage : car Renée, jeune fille, s'était
éprise de Dilmer, comme Modeste Mi-
gnon devient amoureuse de Canalis, sur
la lecture de ses œuvres. Par des rela-
tions communes, elle put faire sa con-
naissance, lui plut et l'épousa.
Or, madame Dilmer écrivait à Stasia
une lettre navrante et navrée, et, au
nom de leur amitié d'enfance, faisait ap-
jpel à sa clairvoyance et à sa sagacité :
« Je suis désolée, ma chérie, lui écri-
vait-elle; car j'aime toujours mon mari,
et il ne m'aime plus. Il ne m'aime plus
et il me trompe. Je n'en ai pas la certi-
tude absolue, mais je le sens, j'en ai
l'affreuse conviction. A défaut de preu-
ves manifestes, toute sorte de présomp-
tions se réunissent pour me démontrer
mon malheur. »
Et elle énumérait tous les indices qui
lui semblaient révélateurs d'une infidé- 1
lité : la conduite de son mari vis-à-vis
d'elle - il la négligeait singulièrement
depuis quelque temps; ses airs vain-
queurs, ses sourires de contentement
jnexoIiQués, - inexolicables autrement
que par une récente et flatteuse conquête;
les théories qu'il émettait, comme mal-
gré lui, sur la presque impossibilité pour
un homme de n'être pas changeant et
volage, sur le droit à l'inconstance qu'il
revendiquait pour le sexe masculin.
D'amoureuses préoccupations se trahis-
saient aussi dans les vers qu'il compo-
sait actuellement, dans les pages par lui
nouvellement écrites.
« Enfin, disait madame Dilmer, j'ai
trouvé, en furetant, une boucle de
cheveux châtain foncé précieusement
serrée dans un de ses tiroirs. Tu sais
que les miens sont d'un blond extrê-
mement pâle. J'ai demandé à Théo-
dore à qui avaient appartenu ces che-
veux. Il m'a répondu qu'ils venaient
d'une de ses cousines, morte avant notre
mariage. Jamais il ne m'avait parlé de
cette cousine qui n'a probablement ja-
mais existé. Bref, le doute ne m'est pour
ainsi dire plus permis.
» Ce qui me désole et m'exaspère,
poursuivait Renée, c'est que, jusqu'ici,
il m'a été impossible de découvrir ma
rivale. Théodore est très mondain, et il
est, tu ne l'ignores pas, très demandé et
très bien accueilli dans les maisons les
plus aristocratiques. Il est donc évident
que c'est une femme du monde qui a dû
m'enlever son affection et le détourner
de ses devoirs. Mais laquelle ? Je l'ac-
compagne dans toutes les soirées, dans
tous les bals. Et j'ai beau observer,
guetter, épier, je n'ai pu surprendre en-
tre lui et l'une quelconque des femmes
que nous fréquentons, ni un mot, ni un
geste, ni un regard qui décèle autre
chose que la plus innocente courtoisie.
J'ai même fait suivre Théodore quand il
sortait seul. Rien ! La nuance des che-
veux découverts ne peut me mettre sur
la piste que je cherche, car c'est la cou-
leur la plus banale et la plus répandue.
Juge de mon désespoir ! Si je connais-
sais celle pour qui mon mari m'oublie
je pourrais peut-être lutter, : arriver a
triompher d'elle à mon tour. Mais
comment se défendre contre une enne-
mie inconnue?
» Viens à mon secours ! concluait ma-
dame Dilmer. Rends-moi le service de
venir nous voir le plus souvent que tu
pourras. Peut-être un mot échappé à
mon mari dans ses conversations avec
toi te mettra-t-il sur la trace du secret
que je ne puis pénétrer et qui me rend
folle. Puis dans le monde (tes relations
sont à peu près les nôtres) observe les
allures de Théodore, ses manières avec
les autres femmes. Sans doute, quand il
se sent regardé par moi, il se tient sur
ses gardes. De toi il ne se défiera pas.
Tu y verras peut-être plus clair que
moi, et tu m'apprendras le nom de l'a-
ristocratique rivale qui a ruiné mon
bonheur, etc. »
La lettre de Renée, lettre que nous
abrégeons beaucoup et dont nous ne don-
nons que les passages essentiels, témoi-
gnait d'une trop réelle souffrance pour
que madame de Ponte-Riotto, qui est
une amie sincère et dévouée, repoussât
la requête qui lui était adressée et n'em-
ployât pas toute son astuce à éclaircir la
situation. Elle fit ce que lui demandait
Renée, fréquenta chez les Dilmer assi-
dûment et, dans les salons où ils se ren-
contraient, soumit Théodore à un es-
pionnage aussi acharné qu'adroitement
dissimulé.
Au bout d'un certain temps, un jour
que les deux jeunes femmes se trou-
vaient seules, Renée interrogea son amie
sur l'unique sujet qui lui tenait à
coeur :
— Eh bien, Stasia, qui soupçonnes-tu?
Est-ce la duchesse de Narreins ? est-ce
madame de Garl ? ou encore la petite
comtesse?. Parle. As-tu découvert
quelque chose?
Anna Stasia resta quelque temps sans
répondre. Puis :
— Non, rien encore, dit-elle. Je pense,
comme toi, que ton mari n'est, pas
irréprochable. Seulement, ma chérie,
je crains que tu ne fasses fausse
route. Dans ton amour et ton admiration
pour Dilmer, et avec le juste senti-
ment de ta rare distinction et de ton
charme, tu veux absolument que la
femme qui a jeté le trouble dans ton mé-
nage appartienne au plus grand monde
et possède, comme tu dis, une beauté
aristocratique, pour le moins égale à la
tienne. Rien n'est moins certain. S'obs-
tiner à cette idée, c'est mal connaître
les hommes et surtout les gens de let-
tres. Ton mari, ne perds pas ceci de vue,
est un littérateur et qui, par-dessus le
marché, travaille dans l'idéalisme ; ce
qui veut dire qu'il est avant tout un
homme d'imagination, porté à tout idéa-
liser et qui voit les personnes et les
choses, non pas comme elles sont, mais
comme son imagination les lui repré-
sente. Il est donc fort possible qu'un
jour, aiguillonné par un désir, poussé
par ce démon de la perversité qui tou-
jours s'agite au cœur de tous les hommes,
il ait pris la première créature qui lui
est tombée sous la main. L'imagination
aidant, il La parée de toutes séductions
et de toutes les grâces qu'elle n'a pas, et
maintenant il voit une divinité dans ce
qui n'est peut-être qu'une souillon. 1
— Une souillon ! s'exclama Renée en
rougissant, comme si ce mot lui eût été
injurieux. Ah! ça, explique-toi! Que
prétends-tu insinuer?
— Rien du tout, je te le répète. Seu.
lement, à ta place, je ne me contente-
rais pas de chercher dans des sphères
élégantes et mondaines. Je regarderais
autour de moi, au-dessous de moi et
même très au-dessous. Peut-être même
ferais-je maison nette. Je changerais ma
domesticité.
Elle ne put-continuer. De rouge qu'elle
était, Renée était devenue cramoisie.
— Tu plaisantes! s'écria-t-elle. Tu te
moques de moi, Stasia! Je connais trop
mon mari et son élévation de senti-
ments, j'ai de lui et de moi-même une
trop haute idée pour croire qu'il puisse
s'abaisser au point de me tromper avec
une servante. Jamais, poursuivit-elle
avec force, je n'admettrai que Théodore
m'ait donné une rivale indigne de moi !
Mais as-tu vu quoi que ce soit qui ait
pu justifier une supposition pareille ?
— Non, dit madame de Ponte-Riotto.
C'est simpiemeut une Densée qui m'était
venue.
- Elle est absurde, dit sèchement m*
dame Dilmer.
A dater de ce jour, les relations entre
les deux femmes se refroidirent singu-
lièrement. Stasia cessa de s'intéresser
au ménage de son amie, et les recher.
ches ultérieures de celle-ci n'eurent pas
plus de succès qu'auparavant.
Madame de Ponte-fliotto avait-elle dé-
couvert la vérité et, au dernier moment,
la jugeant trop cruelle, avait-elle reculé
devant le coup qu'elle porterait à Renée
en la lui révélant ? C'est fort possible.
Toujours est-il que Renée est morte, un
an plus tard, d'une maladie de cœur, ag-
gravée sans doute par sa jalousie et sea
angoissantes incertitudes et, qu'au bout
de six mois de veuvage, Théodore va se
remarier. Celle qu'il épouse en secondes
noces est une certaine Amélie Crochard,
qui n'est point jolie, sauf qu'elle a
d assez beaux cheveux châtains, et qui
est la propre nièce de sa cuisinière.
Du vivant de la première madame Dit-
mer, cette jeune personne aidait à la cui-
sine et au ménage; et son introduction
dans la maison remonte à l'époque où
Renée crut s'apercevoir que son mari
n'était plus le même.
LOUIS DE GRAMON7
(Rtprjduetion interdite).
• *
PETIT BILLET DU MATIN
A 31. LÉ PIN E
A quel signe particulier, monsieur le Pré-
fet, reconnaît-on ces Grecs « avérés », que. lte
Seigneurs des tripots doivent, sur votre ordre j
expulser de leurs paradis verts? Est-ce à
leur plumage, à leur ramage, à la décora-
tion glissée subrepticement à la bOlltonnièra
dans l'escalier et retirée non moins subrep-
ticement à la sortie ? Ont-ils, comme le com.
missionnaire du coin, une plaque sur la
poitrine, ou, comme les Croisés d'antan, un
as-de-pique à leur haut-de-forme ? Etaient-ils
jusqu'à cejour tolérés dans les clubs, à l'ins-
tar de certaines âmes errantes, qui tous
proposent sur les boulevards des duos en
clef de cent sols ? Il y avait donc les Grecs
en cartes et les Grecs de contrebande, les
professionnels et les amateurs, pour parler
le langage des bicyclographes à la mode ?.
Mesure illusoire, monsieur le Préfet; Us
grands hommes du Péloponèse ne sont pas
si émus qu'on veut bien le dire, et tous les
cercleux savent bien que jeter Ardisson par
la fenêtre, c'est faire rentrer Fischer et à'.J,.
drac par la porte.
M. L.'H.
-- ♦
HISTOIRES DÉSOBLIGEANTES
Lu Frôleur compatissant
Je le connus en 1864, lorsqu'il était à
peine un adolescent. Nous vécûmes en-
semble plus de vingt ans et je l'ai ainié
comme on aime rarement un frère.
Aujourd'hui que le malheureux est
descendu un peu au-dessous des morts,
je peux bien dire que je fus pour lui l'é-
ducateur le plus diligent, le plus atten-
tif, le plus dévotieux.
Tout de qu'il y eut de bon dans sa
pauvre âme,-aussi dépourvue mainte-
nantque les greniers de laFamine,—il le
reçut de ma bouche, comme sont nourris
les enfants des aigles de nuit qu'épou-
vante la lumière.
J'empruntai à la lampe des autels, à
la lampe qui ne s'éteint pas, la flamme
trànquille et droite qu'il fallait pour dés-
obstruer une intelligence naturellement
élaboratrice de ténèbres.
Etant l'aîné, je le pris sur mes épau-
les et durant un tiers de ma triste vie,
je l'ai porté dans la rosace des horizons,
le séparant chaque jour un peu plus des
niveaux fangeux, à mesure que je gran-
dissais moi-même et je suis à jamais
courbaturé de ce portement.
J'aurais eu horreur de me plaindre,
cependant. J'étais si sûr d'avoir arraché
une proie au Démon de la Sottise, une
proie d'autant plus précieuse qu'elle
semblait, à l'avance, dévolue par son
extraction à ce Captateur de la multi-
tude.
Némorin Thierry avait été récolté
d'une basse branche de ce néflier social
dont les fruits pourrissent aussitôt qu'ils
touchent le sol. Il tenait, par consé-
quent, de ses auteurs, un esprit béant
aux idées médiocres et rétractile à toute
impression d'ordre supérieur.
Pédagogie plus que difficile, tour de
force continuel. Il fallait d'une main
boucher l'entonnoir et de l'autre lubri
fier les petits conduits, sarcler le terroil
et greffer le sauvageon, écheniller et
provigner tout à la fois.
Il était indispensable de tirer ce pau-
vre être de lui-même, de le tamiser, de
le filtrer, de l'inaugurer enfin, de lui
conditionner en quelque manière un pe-
tit fantôme plus vivant qui lui soutirât
peu à peu son identité.
Les résultats furent tels en apparence
que je suis excusable d'avoir pu me con-
sidérer moi-même comme un thaumatur-
ge, au point d'oublier la loi formelle de
régression à leur type rudimentaire des
bêtes ou des végétaux, dont on inter-
rompt la culture.
J'eus le malheur de ne pas entendre
les rappels incessants du gratte-cul pri-
mordial et indéfectible.
Je crus; en un mot, que ce pauvre Né-
morin pouvait marcher seul et l'ayant
étayé vingt ans, je commis l'impru-
dence irréparable de le déposer sur le
sol.
Ce qu'il est devenu, je ne sais pas com-
ment j'aurai la force de le dire, mais
pouvais-je supposer que tant d'efforts
seraient si bêtement, si complètement,
si abominablement perdus, dès le pre..
mier jour, et n'auraient pas d'autre sa-
laire que cette amertume infinie d'ea
constater à la fin l'inutilité?
X
On le nommait le doux Thierry et ce
n'était pas une antiphrase. Il était doux
comme les plumules des colombes, doux
comme les saintes huiles, doux comme
la lune.
Qu'on ne me soupçonne pas ici d'exa-
gération. Il était vraiment si doux au'ott
QUINZIEME ANNEE - NUMÈITO 507: (Un ^^mero : raris. 15 cent. — DôpœaTCaaa&sa*», 20 cent VENDREDI 6 OCTOBRE iWS
Ao DUMONT, Fondateur
;WauCITt EXCLUSIVE DE l ra ET OE 20 PAR
Vente & Abonnements
Itfd ruser à M. M ALBERT, administrateur
- vu 9 HBCBS3 A 6 UEUKE8
- Amionces, Réclames & Faits divers
fftonl DOLLINGEN & O" 16, me de la Ono«»-Bat(31fa»
i Id Joartial If ki Myiixws déclinant toute rsipsMMBi
quant à leur teneur
BUREAUX DU JOURNAL
S, 7Ue Gliick (place de l'Opérs^
Adresze télégraphique : GIL-BLAS pàun I,
Amuser les gens qui passent, leur plaire aujourd'hui et recommencer
le lendemain. — 141 UBm, préface de Gil Blas.1,
A. DUMONT, Fondateur
R^DAOTIOH
S'adresser à M. Jules GUÉRIN. rédacteur en CftCI
DE 5 HEURES DU SOIS A MINCTT
(Les manuscrits ne sont peu rendus)
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SOMMAIRE DU NUMÉRO
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TEXTE
La Parure G. DE MAUPISSÀNT
Épithalame. A. SILVESTRE
Manger un morceau. H. LAVEDAM
Le chevalier Joli. EDMOND CHAR
En Amour (suite). JEAN AJALBBRT
Cousine Laura (suite). MARCEL PRÉVOST
DESSINS
La Parure STEINLEN
Le chevalier Joli : BALLURIAU
Manger un morceau STEINLEN
Venant des noces belles STEINLEN
CHANSON
Venant des noces belles MAURICE BOUKÀY
SOMMAIRE
LA VIE PUAUISIBNNB. — Alexandre Hepp.
THÉODOUE OU L'IDÉALISTIZ.-Louis de Gramont.
LE FRÔLEUR COMPATISSANT. — Léon Bloy.
CHEZ LA BAUONNB DE BADHEX. — A. Cellarius.
CotTLISBES DB LA FISAIÎCE. — DtJB Càpriff.
LE GÉNÉRAL 6AUSSIER. — SéVgrat.
LES STATUES. — Ubald Lacaze.
F itoros DB CO'l'LlIIBS. — {?awWi«r*ifF«r faille.
FEUILLETON : LA SAISON AU BOIS D. BOULO&HB,
Maurice Beaubourg.
CAUSBUIB LITTÉBAIRB. — Paul Gfnutll.
GIL BLAS DE DEMAIR
Contes et Chroniques par :
JT. Biesrd.
Maurice Sontégot.
Jules Bois.
LA
VIE PHARISIENNE
LE SCANDALE DE L'ÉCUYÈRE
Madame la baronne de Rahnen pré-
pare ses éperons d'or et donne à reluire
son chapeau d'amazone. Dans quelques
jours, du cirque de Clermont, où, pour
elle, entre deux singeries de clowns, le
sang a coulé, elle aura passé aux Folies-
Bergère, et tout Paris a pris note de ce
nouveau trait de la haute Ecole des
Femmes.
On se redit le drame d'où elle est sor-
tie héroïne et dont la justice est saisie;
on épilogue sur ces portraits, éparpillés
partout, qui la montrent avec un regard
qui doit être d'un gris perçant, avec sa
bouche aux dédains froids, son charme
étriqué, sa main nerveuse qui toujours
semble dans le « piill-up » de la crava-
che, et, au fond, c'est un fin régal que
l'on se promet la.
Je réponds que des yeux flamberont
pour elle, des yeux de tout sexe, et d'ici
je vois aussi les petites narines se dila-
ter et marcher. Quelle aubaine pour
notre vieux Monpavon quand il viendra
au bras de Flora toute trémblante de
morphine ! Quelle fête pour la petite se-
cousse et la neurasthénie ! Oui, ce sera,
messieurs et mesdames, j'en ai la con-
viction, un beau soir parisien — un de
ces soirs où les couchers sont joyeux et
où les noces de minuit (oh! nos pauvres
grand'mèrcs qui se mariaient pour de
bon à cette beure-IÜ, 1) sont propices.
Mais à la surface, c'est une autre af-
faire. Vite, un voile sur ces curiosités,
comme le «Pauvre homme » voulait faire
pour le sein de Dorine ; la pudeur de'
nos contemporains s'alarme, s'offense;
leur délicatesse de goût et d'âme, bien
connues, proteste.
En vérité, s'exhiber ainsi, après une
catastrophe si atroce,dont tous les cœurs
véritablement sensibles sont encore ma-
lades, cela passe la mesure ! on n'a pas
idée d'un pareil défi jeté à l'honnêteté du
.parterre et c'est gravement manquer au
public.
Malheureux petit chérubin, va, inno-
cent et tendre agnelet ! En effet, je crois
bien que ce coup est le dernier, et l'on
frémit qu'il n'en meurt.
Aussi bien, j'admire ces accès prémé-
dités de vertu, et l'art roué de ces dis-
simulations. Ceux qui les professent sont
des maîtres, — auxquels, pour être tout
à fait charmants, je ne demanderai que
de-se moquer un peu d'eux-mêmes en se
moquant des autres.
Si c'est là un jeu, je le trouve à la
hauteur des plus phantasieux du Chat-
Noir; mais si c'est une revendication, à
la manière de M. Jules Simon, avec l'es-
poir fallacieux qu'on y coupe, causons.
***
Certes, ne manquons pas au public.
C'est parfois un bon garçon. Mais peut-
on encore lui manquer? N'est-il pas un
peu comme ces pauvresses dont on dit
qu'elles n'ont plus un affront à subir et
qui d'un pied léger iraient même au j
devant. j
: Tout ce qui s'est pu ramasser de stu-
pide ou d'interlope, on le lui a copieuse-
jment servi ; théâtre, roman, journal,
chanson, politique, tout a donné, jus-
qu'au comble. Gogo éternel de l'argent,
il est devenu par surcroît le gogo des
malpropretés et des plumes de paon.
Et lui, ceDendant. lui le bon public.
compris et massé entre les vieux mes-
sieurs et les petits vernis, il s'est benoî-
tement laissé faire ; les mains sur le
ventre et les yeux clignotants il a dode-
liné de la tête. Plus indulgent à chaque
irrespect, se sentant plus caressé à cha-
que inconvenance, il a fini par être un
bon gros avec lequel il n'y a point à se
gêner.
C'est effrayant ce qu'on lui a fait ap-
plaudir et ce qu'il a applaudi; non seu-
lement comme talent, comme jambes et
aisselles, mais comme «cas particulier ».
Si chatouilleux aujourd'hui, j'ai souve-
nance qu'il n'a pas toujours été si beau
de scrupules, il a fait un sort à un tas de
scandales et s'en est aimablement pour-
léché.
N'est-ce pas lui qui a acclamé certaine
spirituelle comédienne, au lendemain du
jour où l'on apprenait qu'elle avait eu le
courage de se glisser hors de Paris as-
siégé, pour aller, dans la neige, faire ri-
sette au prince royal de Prusse qui l'at-
tendait à Bellevue? N'est-ce pas lui qui
jadis ne se trouvait pas insulté dans sa
dignité, dans l'esprit de justice, dans sa
naturelle générosité, qua-nd on le con-
viait a aller couvrir d'ironiques bravos
la Parente Pauvre du grand tribun ? Ré-
cemment n'est-ce pas lui qui se pressait,
lui très élégant et très dirigeant, à la
porte d'un bouge infect où le soir même
de l'exécution d'Anastay paradait Made-
leine Gonzalès sa maîtresse ?
Et, dans ce prodigieux cercle d'enfer
parisien qu'est une salle de première,
n'est-ce pas lui qui va braquer de suite
sa lorgnette et ses sourires sur ce qu'il y
a de plus laid ? Il suffit qu'on se raconte
tout bas une infamie pour qu'il en
veuille connaître les personnages. Si
l'on signale la présence d'un filou d'en-
vergure, il se hâte de le saluer; entre
l'héroïne d'un procès, d'une douleur,
d'un vice, et aussitôt c'est à qui la cou-
doiera.
Oui, c'est ce même public entiché et
fidèle habitué d'exhibitions douteuses
qui fait la petite moue et s'agrimache à
propos de madame de Rahnen. Il jure
qu'il n'en voudra point, que jamais ni sa
conscience ni ses nerfs ne pourront en-
durer ce spectacle — et en même temps,
avec une impatience inquiète il demande
pourquoi l'on tarde tant à guillotiner
dans Versailles Pauline Siller et quand
part le premier train !
A
Je ne lui en veux point, je n'ai nulle
envie de le sauver. Je pense que ce se-
rait là un ridicule que je ne tiens pas à
joindre à tous ceux que mes amis me
trouvent sans doute déjà.
Et d'ailleurs, quelle besogne inutile !
On a beau s'évertuer et se rebiffer, on
ne changera rien, jamais^ jamais; la
vie continue sa farce, en se fichant un
peu du gêneur, et l'eau continue de cou-
ler sous les ponts, en l'emportant.
Mais ayons au moins le courage de
nos compromissions. Rien n'est plus
discordant et plus mesquin que ces hauts
cris, auxquels personne ne se trompe
plus.
En attendant, sinon couronnés de ro-
ses, au moins résignés, que le sort nous
envoie l'avertissement qui lui plaira,
mieux vaudrait avouer franchement,
crânement. Eh bien, oui, c'est comme ça !
A cette franchise, aussi bien, nous ga-
gnerions une vertu qui n'est point ba-
nale, — l'indulgence réciproque dans
l'égalité avérée des faiblesses. Je crois
que c'est encore là le dernier mot de
la philosophie et de l'art de vivre, et s'il
faut se défie: de ceux qui font la Bête, il
est bien plus prudent et plus sérieux
encore de se défier de ceux qui font
l'Ange. Il y a toujours par-dessous ce
beau rigorisme une crevasse bien condi-
tionnée, et des chances pour que cette
céleste binette ait d'horribles grimaces.
Et qui sait? En reconnaissant les cho-
ses comme elles sont, en les fouillant tout
net, il y aurait peut-être quelque chance
aussi de ressentir un beau jour la pous-
sée puissante des dégoûts. Ah! ce serait
une heure salutaire, celle où cessant de
se payer et de se farder d'illusions, on
regarderait bien en face sa carcasse et
pèserait au plus juste poids le singulier
cœur que nous nous sommes mis dedans!
Le spectacle ne serait point gracieux,
mais il serait profitable. Alors seulement
apparaîtrait vive et impitoyable comme
le jour, la nécessité du grand coup de
balai et de la lessive à plein torchon ;
c'est à cette condition seule d'oser nous
proclamer hardiment ce que nous som-
mes, qu'un cri peut partir vers l'espé-
rance.
* *
Veuillez entrer, madame la baronne
de Rahnen,?,en musique et à franc étrier.
Le joyeux public qui se pâme chaque
soir aux Variétés, tandis qu'Asmodine
montre au joli gantier qui l'aguiche
comment on doit. essayer les gants, et
qui se laisse si pittoresque offrir ce pen-
dant mimé à la non moins fameuse série
de la « Vie Parisienne» : Comment elles
mangent les asperges, ce public n'a pas
le droit de vous tenir en rigueur. Vous
ne risquez rien, ni désobligeances ni
murmures.
Au surplus, parmi ceux qui assisteront
i cette retentissante séance ou en dégus-
teront le compte-rendu, il y aura même,
je le parierais, de braves gens qui, ma
parole, ne se sentiront nullement bles-
sés, — parce que ceux-là vont tout droit
leur bonhomme de chemin, et des fem-
mes qui vous plaindront seulement d'a-
voir eu tant de vaillance, — parce que
les femmes sans histoire sont encore les j
moins bégueules! j
ALEXANDRE BEEP -
Nouvelles & Echos
AUJOURD'HUI
A deux heures, courses à Saint-Otlcn.
Pronostics du Gil Blas :
Prix de Zama: Roi des Genêts, Héra-
clius.
Prix de Zamora t Ludo, Dimanche.
Prix Zéphyr : Vie, Buffalo Bill.
Prix Zouave : Optimiste, Houpette.
Prix de Zurich : Saint-Cloud, Nip, Nip.
Le baron Alphonse de Rothschild vient
de donner à la ville de Pontoise, pour son
musée, une magnifique réduction du fameux
groupe des trois coureurs, intitulé : Au But,
dû au sculpteur Boucher, et dont le plâtre
a valu à son auteur une première médaille
au Salon de 1886, et la Légion d'honneur
après le Salon de 1887, où avait été exposé
le bronze.
D'autre part, le baron de Rothschild a
fait don au musée de Péronne du tableau
d'Etienne Martin, représentant : Une Vue
du port de Marseille, et de deux médail-
lons en bronze, ceux de Chevreul et de
Pasteur.
Avis vous est donné, mes frères en vie à
outrance, qu'une crémaillère monstre se
lève à l'horizon de novembre.
La belle Méry Hamilton, qui quitte enfin
Londres pour se fixer déflaitivemeiit à Pa -
ris, vièntd'acheter au baron de G. pour le
prix de huit cent cinquante-cinq mille francs
un petit hôtel de la rue de Balzac. Aussiôt
que les réparations seront terminées, on ac-
cordera les violons, et mademoiselle Cré-
maillère sera pendue en grand tra la la.
Tout Cythère sera de la fête ! Luc y Sey-
mour, Marion de Lorme, Marie Lacroix,
Suzanne Comte, Renée Duronçay, Emi-
lienne d'Alençon, Suzanne Néry, Glady,
Jeanne de Clairvaux, Louise Chauvet,Nelly
de Byre, Totoche, Andhrée Marwild, Blan-
che Latischeff, Louise de Kerrieux, Alice
Mallet, Isabelle de Lineuil, Brimborion,
Marthe Loiseau, Marguerite Thiébaud, An-
dhrée Forestier, Jeanne Venoc, Blanche
Lowe, Hélène Courtois, Margot de Gevère,
Jeanne Richard, etc., etc., ont promis d'être
à cette fête qui dépassera en splendeur tout
ce qui a été fait jusqu'ici.
Mazas, Sainte-Pélagie et la Roquette
vont être transportés à Berny, territoire de
Fresnes, banlieue Sud.
Ce sont les prisonniers qui, paraît-il, se-
raient employés aux nouvelles construc-
tions.
Il nous semble que lorsqu'une même com-
mune hérite le bizarre privilège d'être pour-
vue d'un tel voisinage, il serait logique
qu'on lui laissât au moins le bénéfice com-
mercial qu'apporte toujours la présence de
nombreux ouvriers.
D'autre part, il y a assez de travailleurs
honnêtes pour n'avoir pas besoin d'utili-
ser la bonne volonté forcée des malfai-
teurs.
Une mauvaise journée commencée par
une triste nouvelle. En ouvrant mon cou-
rier, je trouve une lettre encadrée de noir,
qui m'annonce la mort du peintre André
Cheviron.
Voilà donc ce pauvre ami mort de la poi-
trine à trente ans ! Pauvre Cheviron ! Il
avait de l'avenir et ses toiles qui commen-
çaient à se vendre, dénotaient un talent
plein de vigueur. A Dieppe, où il passait
tous ses étés, avant son mariage, il a laissé
un grand tableau représentant la Coupe des
foinsi auquel il manquait fort peu de chose
pour être un véritable ehef-d'oeuvre. C'était
une ravissante page, d'une jolie coloration,
intense et gaie. La mort est venue le pren-
dre au moment où le succès lui venait.
Alos ! Poor André Cheviron !
Médaillon :
CAMPANA
Des yeux à damner les saints du Paradis
et aussi ceux d'ici-bas, eeux-ci surtout ; une
jambe divine, une taille moulée, des épau-
les éclatantes et une bouche, une bouche :
Qui semble faite exprès pour montrer en riant
Un double chapelet de perles d'Orient.
Légère comme un sylphe, gracieuse com-
me une libellule : telle est Campana, la
première danseuse-étoile des Folies-Ber-
gère.
Née sous le ciel bleu de l'Italie, elle vint
à Paris il y a quatre ans — elle en avait
seize alors — et débuta à l'Eden dans Ex-
celsior. Comme sa peau est d'une blancheur
éblouissante, on lui fit jouer le rôle de la
négresse. naturellement.
De l'Eden, elle passa à la Gaîté, où elle
se fit remarquer dans le ballet du Voyage de
Suzette, et entra aux Folies-Bergère, où,
depuis trois ans, elle est l'idole du public.
Son professeur ? Mariquita, l'impeccable
maîtresse de ballet !
Campana, ravissante dans tous ses pas,
est incomparable dans ses pointes. Elle se
joue avec une grâce exquise des plus ex-
trêmes difficultés : C'est une grande artiste.
Retenez son nom ; il est de ceux qui vont à
la célébrité.
Il paraît qu'il existe, dans certain hôtel
fort élégant d'une station balnéaire de la
Manche, ce que l'on pourrait appeler, en
parodiant le titre d'Edgard Poë, le Trou ré-
vélateur.
Il y a dans cet hôtel une chambre, dont la
porte de communication avec la chambre
voisine est percée, dans un endroit dissi-
mulé de la boiserie d'un minuscule œil-de-
bœuf, que le valet de chambre ou la femme
de chambre ne manque jamais de faire re-
marquer à l'occupant. si le pourboire est
largement donné.
Le soir, comme le jour, en lorgnant par
cet œil-de-bœuf en miniature, le regard se
dirige sur une armoire à glace, disposée de
façon à refléter tous les mouvements qui se
passent sur le lit de la chambre voisine. —
Et comme, pendant la saison, la chambre
est toujours occupée par quelque hospita-
lière et jolie demi-mondaine, vous devez
penser si le voyeur s'embête.
C'est ainsi, du reste, que Sonadieu s'est
aperçu que la petite Marthe de B. co.,.m.
battait son seigneur et maître. Et avec qui,
mon Dieu ! avec un nègre! Oh! le Trou ré-
vélateur !
Le Père La Gaieté, qu'un rendez-vous
d'amour avec la olus belle des Siraonnes a
empêché d'assister avant-hier au triomphe
dejudicà l'Eldorado, rencontrant hier le
directeur des Folies-Bergère, l'engagea à
donner samedi, veille du grand prix de cent
mille francs, une soirée de gala comme en
donne Franconi la veille du Grand-Prix de
Paris.
C'est une fameuse idée, répondit Mar-
chand, mais que voulez-vous de plus que
le programme que je donne en ce moment ?
Le Père La Gaieté, qui n'est jamais pris
au dépourvu, ajouta : C'est vrai, mais vous
corseriez beaucoup plus votre programme
en faisant paraître sur la même scène le mê-
me soir Anna Judic et Yvette Guilbert.
L'idée est excellente et samedi Anna Ju-
dic et Yvette Guilbert se feront entendre à
la soirée de gala des Folies-Bergère.
Ali right 1
Deux yachts anglais viennent encore de
passer sous pavillon français ; l'un est un
10 tonneaux de course, acheté par M. Val-
ton et qui, sous le nom d'Yseult, a remporté
de grands succès dans les régates anglaises;
l'autre est le steam-yacht de 70 tonneaux
Kalhlinda,que son nouveau propriétaire, le
baron Maurice de Grainville, va faire fran-
ciser au Havre sous le nom d'Andhrée.
Le côtre de 14 tonneaux Cyclamen, qui
appartenait à M. Lécuyer, devient la pro-
priété de Jules Boudin.
Ce yacht, construit à Trouville en 1888,
avait précédemment appartenu à M. Jarry,
sous le nom de Jeannette.
Si vous êtes un peu mêlé à la vie pari-
sienne, il vous sera facile de reconnaître
l'héroïne de l'histoire que je vais vous con-
ter.
Il y a quelques mois, un couturier, célè-
bre dans les fastes mondains,envoyait à une
grande élégante sa note, — quand je dis sa
note, j'ai tort, car c'est un in-folio qu'il fau-
drait dire.
Comme notre élégante, quoique fort
connue et plus coureuse encore, n'avait pas ;
le premier sou pour solder ce compte et 1
qu'il lui fallait d'autres toilettes, elle tenta
un grand coup.
Ai-je dit qu'elle était fort jolie, qu'elle
avait de l'esprit et que lorsqu'elle s'empa-
rait de quelqu'un, le malheureux fût-il prince
de maison souveraine ou marchand de ma-
caroni, était pris, absolument pris comme
dans une robe de Nessus? Avec toutes ces
qualités, il lui était facile de trouver ce qu'il
lui fallait.
X
Ce fut un grand et gros industriel qui fut
la victime. Mais ce ne fut pas sans difficul-
tés, car on raconte que pour arriver à ses
fins, elle a joué avec une perfection infinie
le rôle que Croizette jouait jadis dans le
dernier acte du Sphinx.
La scène du poison a été si merveilleuse
que le gros industriel partit sur-le-champ
régler la note du couturier récalcitrant.
Et le mari, me direz-vous, qu'est ce qu'il
est devenu dans tout cela ?
Désintéressé dans la question, il conti-
nu ait à apprendre à Eglantine Demay que
le chemin le plus court pour aller de Paris à
Lyon est de passer par la rue du Cirque.
On vient de payer en Angleterre, pour
deux timbre-postes, le plus haut prix qui
ait jamais été atteint en pareille circons- ;
tance.
Il s'agit dans ce «record» de deux timbres
de l'Ile Maurice, de la valeur de 1 penny
(10 centimes), et de 2 pences (20 centimes),
vendus 340 livres (8,500 francs) la pièce.
On croit qu'il n'existe dans le monde en-
tier que quatorze exemplaires de ces tim-
bres qui, bien entendu, appartiennent tous
à des collections de premier ordre.
NOUVELLES A LA MAIN
Au cercle du Péloponèse.
— Vous êtes commissaire de police ?
— Oui, monsieur.
— Mais ces messieurs trichent !
— Tous.
— Et vous n'intervenez pas ?
— Quand il y en aura un qui aura dé-
pouillé tous les autres, je l'arrêterai. C'est
le moyen le plus simple. Sans cela, on n'en
finirait pas !
LE DIABLE BOITEUX
1 L
THÉODORE
OU L'IDÉALISTE
Voici une histoire parisienne, tragi-
que à la fois et burlesque, dont les per-
sonnages sont réels. Il va sans dire que
nous avons changé leurs noms et modi-
fié certains détails; mais l'exactitude du
drame ne pourra être contestée par au-
cun de ceux qui en connaissent les ac-
teurs.
Il y a environ deux ans, cette si fine
et si spirituelle Anna Stasia Emeraldi,
comtesse de Ponte-Riotto, reçut de son
amie Renée Dilmer, de douloureuses
confidences. Madame Dilmer est la
femme de Théodore Dilmer, l'auteur
bien connu de poèmes et de romans d'un
sentimentalisme raffiné et d'un trans-
cendant idéalisme. A cette littérature
élégante et vaporeuse il doit la renom-
mée et la fortune. Il lui a dû aussi son
mariage : car Renée, jeune fille, s'était
éprise de Dilmer, comme Modeste Mi-
gnon devient amoureuse de Canalis, sur
la lecture de ses œuvres. Par des rela-
tions communes, elle put faire sa con-
naissance, lui plut et l'épousa.
Or, madame Dilmer écrivait à Stasia
une lettre navrante et navrée, et, au
nom de leur amitié d'enfance, faisait ap-
jpel à sa clairvoyance et à sa sagacité :
« Je suis désolée, ma chérie, lui écri-
vait-elle; car j'aime toujours mon mari,
et il ne m'aime plus. Il ne m'aime plus
et il me trompe. Je n'en ai pas la certi-
tude absolue, mais je le sens, j'en ai
l'affreuse conviction. A défaut de preu-
ves manifestes, toute sorte de présomp-
tions se réunissent pour me démontrer
mon malheur. »
Et elle énumérait tous les indices qui
lui semblaient révélateurs d'une infidé- 1
lité : la conduite de son mari vis-à-vis
d'elle - il la négligeait singulièrement
depuis quelque temps; ses airs vain-
queurs, ses sourires de contentement
jnexoIiQués, - inexolicables autrement
que par une récente et flatteuse conquête;
les théories qu'il émettait, comme mal-
gré lui, sur la presque impossibilité pour
un homme de n'être pas changeant et
volage, sur le droit à l'inconstance qu'il
revendiquait pour le sexe masculin.
D'amoureuses préoccupations se trahis-
saient aussi dans les vers qu'il compo-
sait actuellement, dans les pages par lui
nouvellement écrites.
« Enfin, disait madame Dilmer, j'ai
trouvé, en furetant, une boucle de
cheveux châtain foncé précieusement
serrée dans un de ses tiroirs. Tu sais
que les miens sont d'un blond extrê-
mement pâle. J'ai demandé à Théo-
dore à qui avaient appartenu ces che-
veux. Il m'a répondu qu'ils venaient
d'une de ses cousines, morte avant notre
mariage. Jamais il ne m'avait parlé de
cette cousine qui n'a probablement ja-
mais existé. Bref, le doute ne m'est pour
ainsi dire plus permis.
» Ce qui me désole et m'exaspère,
poursuivait Renée, c'est que, jusqu'ici,
il m'a été impossible de découvrir ma
rivale. Théodore est très mondain, et il
est, tu ne l'ignores pas, très demandé et
très bien accueilli dans les maisons les
plus aristocratiques. Il est donc évident
que c'est une femme du monde qui a dû
m'enlever son affection et le détourner
de ses devoirs. Mais laquelle ? Je l'ac-
compagne dans toutes les soirées, dans
tous les bals. Et j'ai beau observer,
guetter, épier, je n'ai pu surprendre en-
tre lui et l'une quelconque des femmes
que nous fréquentons, ni un mot, ni un
geste, ni un regard qui décèle autre
chose que la plus innocente courtoisie.
J'ai même fait suivre Théodore quand il
sortait seul. Rien ! La nuance des che-
veux découverts ne peut me mettre sur
la piste que je cherche, car c'est la cou-
leur la plus banale et la plus répandue.
Juge de mon désespoir ! Si je connais-
sais celle pour qui mon mari m'oublie
je pourrais peut-être lutter, : arriver a
triompher d'elle à mon tour. Mais
comment se défendre contre une enne-
mie inconnue?
» Viens à mon secours ! concluait ma-
dame Dilmer. Rends-moi le service de
venir nous voir le plus souvent que tu
pourras. Peut-être un mot échappé à
mon mari dans ses conversations avec
toi te mettra-t-il sur la trace du secret
que je ne puis pénétrer et qui me rend
folle. Puis dans le monde (tes relations
sont à peu près les nôtres) observe les
allures de Théodore, ses manières avec
les autres femmes. Sans doute, quand il
se sent regardé par moi, il se tient sur
ses gardes. De toi il ne se défiera pas.
Tu y verras peut-être plus clair que
moi, et tu m'apprendras le nom de l'a-
ristocratique rivale qui a ruiné mon
bonheur, etc. »
La lettre de Renée, lettre que nous
abrégeons beaucoup et dont nous ne don-
nons que les passages essentiels, témoi-
gnait d'une trop réelle souffrance pour
que madame de Ponte-Riotto, qui est
une amie sincère et dévouée, repoussât
la requête qui lui était adressée et n'em-
ployât pas toute son astuce à éclaircir la
situation. Elle fit ce que lui demandait
Renée, fréquenta chez les Dilmer assi-
dûment et, dans les salons où ils se ren-
contraient, soumit Théodore à un es-
pionnage aussi acharné qu'adroitement
dissimulé.
Au bout d'un certain temps, un jour
que les deux jeunes femmes se trou-
vaient seules, Renée interrogea son amie
sur l'unique sujet qui lui tenait à
coeur :
— Eh bien, Stasia, qui soupçonnes-tu?
Est-ce la duchesse de Narreins ? est-ce
madame de Garl ? ou encore la petite
comtesse?. Parle. As-tu découvert
quelque chose?
Anna Stasia resta quelque temps sans
répondre. Puis :
— Non, rien encore, dit-elle. Je pense,
comme toi, que ton mari n'est, pas
irréprochable. Seulement, ma chérie,
je crains que tu ne fasses fausse
route. Dans ton amour et ton admiration
pour Dilmer, et avec le juste senti-
ment de ta rare distinction et de ton
charme, tu veux absolument que la
femme qui a jeté le trouble dans ton mé-
nage appartienne au plus grand monde
et possède, comme tu dis, une beauté
aristocratique, pour le moins égale à la
tienne. Rien n'est moins certain. S'obs-
tiner à cette idée, c'est mal connaître
les hommes et surtout les gens de let-
tres. Ton mari, ne perds pas ceci de vue,
est un littérateur et qui, par-dessus le
marché, travaille dans l'idéalisme ; ce
qui veut dire qu'il est avant tout un
homme d'imagination, porté à tout idéa-
liser et qui voit les personnes et les
choses, non pas comme elles sont, mais
comme son imagination les lui repré-
sente. Il est donc fort possible qu'un
jour, aiguillonné par un désir, poussé
par ce démon de la perversité qui tou-
jours s'agite au cœur de tous les hommes,
il ait pris la première créature qui lui
est tombée sous la main. L'imagination
aidant, il La parée de toutes séductions
et de toutes les grâces qu'elle n'a pas, et
maintenant il voit une divinité dans ce
qui n'est peut-être qu'une souillon. 1
— Une souillon ! s'exclama Renée en
rougissant, comme si ce mot lui eût été
injurieux. Ah! ça, explique-toi! Que
prétends-tu insinuer?
— Rien du tout, je te le répète. Seu.
lement, à ta place, je ne me contente-
rais pas de chercher dans des sphères
élégantes et mondaines. Je regarderais
autour de moi, au-dessous de moi et
même très au-dessous. Peut-être même
ferais-je maison nette. Je changerais ma
domesticité.
Elle ne put-continuer. De rouge qu'elle
était, Renée était devenue cramoisie.
— Tu plaisantes! s'écria-t-elle. Tu te
moques de moi, Stasia! Je connais trop
mon mari et son élévation de senti-
ments, j'ai de lui et de moi-même une
trop haute idée pour croire qu'il puisse
s'abaisser au point de me tromper avec
une servante. Jamais, poursuivit-elle
avec force, je n'admettrai que Théodore
m'ait donné une rivale indigne de moi !
Mais as-tu vu quoi que ce soit qui ait
pu justifier une supposition pareille ?
— Non, dit madame de Ponte-Riotto.
C'est simpiemeut une Densée qui m'était
venue.
- Elle est absurde, dit sèchement m*
dame Dilmer.
A dater de ce jour, les relations entre
les deux femmes se refroidirent singu-
lièrement. Stasia cessa de s'intéresser
au ménage de son amie, et les recher.
ches ultérieures de celle-ci n'eurent pas
plus de succès qu'auparavant.
Madame de Ponte-fliotto avait-elle dé-
couvert la vérité et, au dernier moment,
la jugeant trop cruelle, avait-elle reculé
devant le coup qu'elle porterait à Renée
en la lui révélant ? C'est fort possible.
Toujours est-il que Renée est morte, un
an plus tard, d'une maladie de cœur, ag-
gravée sans doute par sa jalousie et sea
angoissantes incertitudes et, qu'au bout
de six mois de veuvage, Théodore va se
remarier. Celle qu'il épouse en secondes
noces est une certaine Amélie Crochard,
qui n'est point jolie, sauf qu'elle a
d assez beaux cheveux châtains, et qui
est la propre nièce de sa cuisinière.
Du vivant de la première madame Dit-
mer, cette jeune personne aidait à la cui-
sine et au ménage; et son introduction
dans la maison remonte à l'époque où
Renée crut s'apercevoir que son mari
n'était plus le même.
LOUIS DE GRAMON7
(Rtprjduetion interdite).
• *
PETIT BILLET DU MATIN
A 31. LÉ PIN E
A quel signe particulier, monsieur le Pré-
fet, reconnaît-on ces Grecs « avérés », que. lte
Seigneurs des tripots doivent, sur votre ordre j
expulser de leurs paradis verts? Est-ce à
leur plumage, à leur ramage, à la décora-
tion glissée subrepticement à la bOlltonnièra
dans l'escalier et retirée non moins subrep-
ticement à la sortie ? Ont-ils, comme le com.
missionnaire du coin, une plaque sur la
poitrine, ou, comme les Croisés d'antan, un
as-de-pique à leur haut-de-forme ? Etaient-ils
jusqu'à cejour tolérés dans les clubs, à l'ins-
tar de certaines âmes errantes, qui tous
proposent sur les boulevards des duos en
clef de cent sols ? Il y avait donc les Grecs
en cartes et les Grecs de contrebande, les
professionnels et les amateurs, pour parler
le langage des bicyclographes à la mode ?.
Mesure illusoire, monsieur le Préfet; Us
grands hommes du Péloponèse ne sont pas
si émus qu'on veut bien le dire, et tous les
cercleux savent bien que jeter Ardisson par
la fenêtre, c'est faire rentrer Fischer et à'.J,.
drac par la porte.
M. L.'H.
-- ♦
HISTOIRES DÉSOBLIGEANTES
Lu Frôleur compatissant
Je le connus en 1864, lorsqu'il était à
peine un adolescent. Nous vécûmes en-
semble plus de vingt ans et je l'ai ainié
comme on aime rarement un frère.
Aujourd'hui que le malheureux est
descendu un peu au-dessous des morts,
je peux bien dire que je fus pour lui l'é-
ducateur le plus diligent, le plus atten-
tif, le plus dévotieux.
Tout de qu'il y eut de bon dans sa
pauvre âme,-aussi dépourvue mainte-
nantque les greniers de laFamine,—il le
reçut de ma bouche, comme sont nourris
les enfants des aigles de nuit qu'épou-
vante la lumière.
J'empruntai à la lampe des autels, à
la lampe qui ne s'éteint pas, la flamme
trànquille et droite qu'il fallait pour dés-
obstruer une intelligence naturellement
élaboratrice de ténèbres.
Etant l'aîné, je le pris sur mes épau-
les et durant un tiers de ma triste vie,
je l'ai porté dans la rosace des horizons,
le séparant chaque jour un peu plus des
niveaux fangeux, à mesure que je gran-
dissais moi-même et je suis à jamais
courbaturé de ce portement.
J'aurais eu horreur de me plaindre,
cependant. J'étais si sûr d'avoir arraché
une proie au Démon de la Sottise, une
proie d'autant plus précieuse qu'elle
semblait, à l'avance, dévolue par son
extraction à ce Captateur de la multi-
tude.
Némorin Thierry avait été récolté
d'une basse branche de ce néflier social
dont les fruits pourrissent aussitôt qu'ils
touchent le sol. Il tenait, par consé-
quent, de ses auteurs, un esprit béant
aux idées médiocres et rétractile à toute
impression d'ordre supérieur.
Pédagogie plus que difficile, tour de
force continuel. Il fallait d'une main
boucher l'entonnoir et de l'autre lubri
fier les petits conduits, sarcler le terroil
et greffer le sauvageon, écheniller et
provigner tout à la fois.
Il était indispensable de tirer ce pau-
vre être de lui-même, de le tamiser, de
le filtrer, de l'inaugurer enfin, de lui
conditionner en quelque manière un pe-
tit fantôme plus vivant qui lui soutirât
peu à peu son identité.
Les résultats furent tels en apparence
que je suis excusable d'avoir pu me con-
sidérer moi-même comme un thaumatur-
ge, au point d'oublier la loi formelle de
régression à leur type rudimentaire des
bêtes ou des végétaux, dont on inter-
rompt la culture.
J'eus le malheur de ne pas entendre
les rappels incessants du gratte-cul pri-
mordial et indéfectible.
Je crus; en un mot, que ce pauvre Né-
morin pouvait marcher seul et l'ayant
étayé vingt ans, je commis l'impru-
dence irréparable de le déposer sur le
sol.
Ce qu'il est devenu, je ne sais pas com-
ment j'aurai la force de le dire, mais
pouvais-je supposer que tant d'efforts
seraient si bêtement, si complètement,
si abominablement perdus, dès le pre..
mier jour, et n'auraient pas d'autre sa-
laire que cette amertume infinie d'ea
constater à la fin l'inutilité?
X
On le nommait le doux Thierry et ce
n'était pas une antiphrase. Il était doux
comme les plumules des colombes, doux
comme les saintes huiles, doux comme
la lune.
Qu'on ne me soupçonne pas ici d'exa-
gération. Il était vraiment si doux au'ott
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