Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-05-22
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 mai 1898 22 mai 1898
Description : 1898/05/22 (A2,N165). 1898/05/22 (A2,N165).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67032846
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
le mirent à I'Iiôpital, additionnés de 60 jours
de prison, on corrigea aisément les écarts
d'une b«Ue r<*tive.
M.lÎs la culbute des colonels Jolly et Ro-
zit'rcs désarçonnés tous deux à Avignon en
regardant d.'-fiîef leur règlement, va néces-
aiter «les soin:; beaucoup plus délicats.
Nous faisons des vœux sincères pour le
prompt rétablissement de ces vaillants
cayaliiTs, an déplorant, une fois de plus
combien !''s honnêtes gens sont mal parta-
gé3 en regard de la canaille.
—o—
On annonce, pour le 24 mai, la vente à
l'hôtel Drouot, sous les auspices de M. Geor-
ges Bernheim des œuvres d'un de nos meil-
leurs pointres paysagistes et animaliers AI-
bert charpin, élève de Daubigny, hors
concours.
Avis aux amateurs de sincère et solide
peinture.
L'Exposition commencera le 23 mai.
Notre confrère M. Armand Charpentier,
le romancier bien connu, vient d'être
..chargé du feuilleton hebdomadaire de la
critique littéraire au journal l'Estafette. M.
Armand Charpentier qui, depuis dix ans,
lait la critique littéraire Ii la Revue des
Journaux rt des Livres, apportera dans ses
nouvelles fonctions les qualités d'impartia-
lité et de sincérité qui lui ont déjà valu l'es-
time de tous les écrivains, amis ou adver-
saires.
—o—
l'ne très jeune et jolie femme, Mme Roy
Devereux,s'est embarquée aujourd'hui pour
le Cap de Honne-Kspérance, comme corres-
pondante du Mornintj Post ; elle va étudier
dans l'Afrique du Sud, les questions diver-
ses se rattachant à la vie sociale de la
femme ; elle ira d'abord à Cape Town, puis
h f:!of'n!f<'n!pin (.', t a t libre d'Orange) ; Johan-
nesbotirii et Tretoria (Transvaal) ; Kimber-
Iey iRechuanalandj ; Du!u\ayo et Salisbury
Iltllotl"l'Îa : l'mtali et De ira (Mozambique) ;
Lomengo Manjues (Delavra bay) et enfin à
Durban f.Natal) ; elle va doue faire un voyage
de quatre mois, dont une partie entre Du-
luvayo, Salisbury et Umlali, dans la Ilhodc-
ria, c'est-à-dire le Mashonaland et le Mala-
beleland sera particulièrement pcnihtc, car
il s'agit la d'aller en chars à bœufs ou iL
ohevat.
- o—
On croit savoir que le nouvel Opém-Co-
mique ne pourra être mis en exploitation
qu'au mois ol.- décembre.
Non* reverrons donc les belles soirées
d'autan de la salle Ventadour.
-0-
On a annoncé que M. Rodin avait fait de-
in;tiiiier .-t la Société Nationale dt's Hf'.inx-
Arts. de vouloir bien lui donner le bronze
nécessaire au coulage cie sa statue de Balzac
et que M. Puvis de Chavannes, président
de cette Société ne lui avait pas donné sa- i
lis laclion. j
Mais, rerisAiçrnfments pris, ce hrui( est
erroné et .\L Hodin reste complet,emenl
étranger à la trop longue polémique rail.,
autour die son «i>uvre.
Ajoutons cepemlant qu'une souscription
vient d'pi "0 ouverte dans le lIut de réunir f
la somme nécessaire (30,000 frall!'sl pour
reprendre à M. liodin et ériger, à Paris sur
uue place publique, la statue de Balzac, que l
le comité de la S>ci»'-lé des Gens «te Lettres a *-
refusée. Cette souscription va être close, les 1
Tonds étant à peu près totalement réunis. «-l
—o— 1
Parmi t«us J- s produits présentés .journellc-
ment au (.ntilir dan:; le but de conserver la 1
ûaîeht ur du teint et d'enacer les rides, ceux a
•J. Mme llericr, professeur d'esthéli'Jue fémi-
nin sent s.ms ccnlmlit les plus env'ogue et leur n
tf!il'arit.: 4 st 1',','')nnlJl..J depuis Ion.,-Ii,rnps.
LI' lait hygiénique pour la beauté du viMa.ce Il
et des maiiis. ainsi que l'eau du Ceylan. régéjjé-
râleur ('ultlr:lIll d': la chevelure, produisent oi,. e«
suite les nieill tais hors de pnir. C'est grâce à des recettes im- V
portées «le l'fclxtiviUiî-Orienl, et dont .Mme Hé- di
rier a seule le sct-r';t., qu'elle Il pu offrir au pu- di
Mir, lotis hs immenses avantages di':crits plus î);
liant : il faut ajouter qu'à l'art de I:t savant } !
préparation vient se joindre le eôté lIy;rJ'IIÍI(lII'.
que Mme Hérier a « oinpri.s mieux quI.' Il,'I'SoHn.!, le
qu'il lit, faut né.ulijîer en aueum: « irrV»ns!auc",
quand il s'agit d' s soins délicats à d"n!)(-r an
rorps. Ou peut se procurer l'eau de Ovian an ,,
è i\ ,h' 7 fr. le tlaeon et le lait hygiénique a lt
'. rfrancs en envoyant pareille somme à Mme m
hiiier. :M, rue des Petits-Champs à Paris. il'
LA DAME D. VOILI.E
;u
LA GUERRE
Lo Thn"s nous assure que la flotte de
l'amiral Sampson^st all«>e se ravitailler de
charbon a Koy-West, et que le commodore
ïVilley esl en ce moment à Cuba. Or, une
dép«*ciie de la Havane dément justement
cette occupation des navires américains
dans les eaux cubaines, prétendant au con-
traire, que les bâtiments qui faisaient le
blocus l'ont abandonné. Il s'ensuit par con-
séquent que la rencontre à laquelle on s'at-
tendait entre les parties belligérantes [10,
saurait avoir lieu de sitôt, puisque l'amiral
Cervera est toujours dans la, rade de San-
tiago. prétendent quelques uns qu'il ilU-
rait déjà repris la haute mer; mais ceci
demande confirmation.
Des dépêches particulières nous donnent
le récit très documenté des manoeuvres
américaines, au sujet des reconnaissances
poussées sur les côtes de Santiago de Cuba.
Les navires, forcés de se retirer devant
1 escadre espagnole, se sont portés à dix-
sept lieues plus loin, à l'ouest de Santiago,
où ils ont essuyé les niâmes défaites. Il
paraîtrait que la rade de Guantuamo s'en-
fonce très avant dans nie et que l'abri en
est absolument propice pour les Espagnols,
et pour la colonie française qui s'v trouve
établie. En prévision, de nouvelles atta-
ques des batteries ont été installées et d'im-
portants ouvrages en terre édifiés dans le
port de Santiago.
Un télégramme de Madrid déclare que le
paquebot espagnol le Montserrat, a pu for-
cer trois fois le blocus de Cuba et y débar-
quer 15 millions, 100 canons, 15,000 fusils,
et un-nombre assez "considérable de muni-
tions. En outre, l'amiral Camara va prendre
immédiatement le commandement de l'es-
cadre de réserve, qui partira — selôn le
terme textuel — avec des ordres cachetés.
On le voit, le mystère, toujours l'incalcu-
lable mystère, accompagne les opérations
des flottes espagnoles. Quant à l'amiral Ce lè-
vera, il explore l'inconnu des Océans après
s'être rencontré avec l'amiral Sampson, et
avoir dépisté ses poursuites.
On croit positivement lire une page de
Jules Verne, en assistant aux évolutions de
ces introuvables escadres dirigées par un
amiral espagnol qui aurait le don de s'abi-
mer comme jin scaphandrier sous les mers,
pour reparaître à leur surface ; comman-
dant mystérieux d'une force navale invisi-
ble, dont le but est de dérouter et de fati-
guer par ses évolutions ceux qui la préten-
dent rencontrer. On la pressent, on ne la
voit jamais, et cependant par la tactique
I dont elle fait preuve, elle prouve son exis-
J,ence ; si le ministre de la marine à Madrid,
a montré son incapacité ou son impré-
voyance, si le mauvais état des navires est
entré, pour une grande part, dans les vic-
toires américaines, il n'en est pas moins
vrai que maintenant on sait l'am iral Cer-
vera, susceptible d'arriver en temps utile
sur un point menacé. Il n'y a pas là une
cause de victoire assurée pour l'Espagne,
mais simplement une constatation qu'il
faut compter avec ses marins. La prise de
Cuba parait donc indéfiniment reculée.
Mais quant il l'alliance tant de fois dis-
cutée de l'Angleterre et de l'Amérique, nous
n'admettons pas avec la presse russe qu'i!
suffirait que les puissances en apprissent
la conclusion, pour que la guerre passât
aussitôt du domaine des suppositions dans
celui des préparations pratiques; ce serait
aller un peu vile en besogne, de plus, lu
Chouannerie espagnole, composée des sol-
dats soi-disanis disciplinés du général W cy-
!or ne peut perpétrer l'épouvantable tuerie
'fui, _ aujourd'hui, fait de t'uh)'''pcndaucc
cubaine une loi d'inéluctable humanité,
sous peine d'un retour à l'animalité primi-
live où rEurope moderne ne pourrait ap-
porter sa sanction, sans ériger le bandi-
tisme politique en principe.
IBO.
Les Sentiments de Gladstone
EN 1870
Enfermé dans un cercle de fer et de
feu, Paris se défendait héroïquement. En
province, nos armées luttaient pied il
pied contre un impitoyable envahisseur.
Cependant, il l'hostilité generatc, rencon-
trée d'abord par une déclaration de;
guerre inj ustiflée, avait fini par succéder j
un sentiment d'estime et d'admiration
pour un peuple si brave, si énergique
que la plus mauvaise fortune n'avait pas
abattu.
Ce fut alors que Jules Favre jugea le
moment favorable pour intéresser, tout
au moins moralement, les puissances
européennes au sort de la France. Mais
comment sortir de Paris? Une seule
voie était ouverte, la voie des airs. C'est
donc celle-là que M. Iieitlinger, chargé
de la. confiance de Jules Favre, n'hésita
pas à prendre, dans la nacelle du « Vau-
l»an », ballon parti de la Villette le 28 oc-
tobre 1870.
Par une coïncidence singulière, c'est
au moment où va paraître le livre de M.
Reitlinger, consacré au récit de cette
mission, que meurt l'un de ses plus illus-
tres interlocuteurs, M. Gladstone.
Nous avons eu la bonne fortune d'être
admis à parcourir les bonnes feuilles de
cet ouvrage et nous offrons à nos lec-
teurs quelques traits caractéristiques de
l'illustre homme d'Etat que l'Angleterre
vient de perdre.
M. Gladstone ne se lassait pas d'admi-
rer les efforts prodigieux que nous avions
faits et que nous faisions Journellement.
pour résister à un ennemi qui avait tous
les avantages sur nous.
Mais lorsque, tout en le remerciant de
ses bonnes paroles, je lui demandai un
concours plus efficace et moins platoni-
que que l'admiration pure et. simple, il :
me répondit, comme son collègue lord i
(Jranvillc, par un non posait mus absolu. <
L'Angleterre désirait le succès de la 1
France, mais elle ne pouvait pas sortir
de la stricte neutralité qu'elle avait gar- ]
dée depuis le commencement de la (
guerre. Le gouvernement ne pouvait pas 1
jeter le pays dans une aventure pareille
et l'exposer il une guerre formidable sans t
nécessité. j f
lix- Et l'homme d'Etat anglais exposa son
go, système avec une grande chaleur et une
éloquence remarquable.
. Le Parlement anglais avait clos sa der-
,1S> nière session sur une déclaration for-
lvê nielle du ministère, laquelle peut se ré-
ta- sumer dans un seul mot « peace » paix.
m- Le gouvernement avait pris ainsi solen-
le nellement, devant le pays qui l'avait ap-
prouvé, rengagement de lui maintenir
le ce bien précieux, the peace;et il n'avait
n:- pas le droit de lui enlever tous les bien-
faits, toutes les bénédictions que la paix
JP dévers&sur une nation ,.riçhe, forte et la-
re borieuse. Le gouvernement était lié par
IS_ sa promesse, il eût été criminel s'il eût
le voulu y manquer.
5S
u- Passant ensuite à un autre ordre d'i-
ns dées, je lui demandai si l'Angleterre ne
f" devait pas à la France une autre attitude
es et que celle d'une spectatrice inerte et im-
passible, alors surtout que son interven-
j • tion pourrait lui assurer une paix juste,
je honnête et morale?
in M. Gladstone reconnut avec empresse-
)i- ment que la France avait des droits à
s, l'amitié de l'Angleterre. « Mais, conti-
i- nua-t-il, 1 don 7 think, jé ne pense pas,
i- que ces droits puissentaller jusqu'à nous
faire intervenir dans une guerre qu'elle
a commencée elle-même et sans nous.
le i don't think, je ne pense pas, que notre '
s- amitié puisse aller jusqu'à une déclara-
I, tion de guerre à la Prusse de notre côté
ii- et jusqu'à nous faire battre avec vous. » ■
st M. Gladstone ayant reconnu que l'en- I
trevue de Ferrières avait imprimé à la
lS r- continuation de la guerre un autre carac- j '
0 tère; que c'était maintenant la Prusse \
0 qui poursuivait un but de conquête et la I
France qui défendait son territoire et le I
il sol sacré de la patrie, je lui demandai I
e l'application de sa thèse à la guerre ac- (
tuelle en lui montrant qu'il se trouvait I
en présence d'un cas où une grande na- 1
^ lion a le droit et le devoir d'intervenir i
^ dans une guerre impie — impiolls ivar, 1
1 comme il l'avait lui-même qualifiée — I 1
s pour la faire cesser dans l'intérêt de la 5
l cause morale, il secoua la tête : That /sa !,
x tremendous rl'spoJtsaúilillJ, me répondit-il c
- avec conviction, c'est une responsabilité \
- à faire trembler que de lancer une nation s
[ dans la guerre. s
- Quant à la cession de l'Alsace et de la r
; Lorraine que la Prusse demandait comme I
. condition sine quel non de la paix, voici j
. ce qu'en pensait M. Gladstone : « L'An- I
gleterre ne donnera jamais son consente- I
ment: — never will ayree — à une cession I
territoriale quelconque. 1) Le peuple an- J
glais, disait-il, a en horreur les guerres I
) de conquête et ne donnera jamais son 1
assentiment — aqreement — à un dé- j
membrement de la France. I 0
Je ne comprenais pas bien ce que cela !
pouvait signifier, alors que, d'un côté, la I
' Prusse annonçait hautement ses préten- I
tions, et que, de l'autre, l'Angleterre j .3l
était bien décidée à ne pas s'y opposer. PlLi
J'ai fini par comprendre que c'était en- ci
core... une théorie que M. Gladstone en- et
tendait exposer. Il voulait dire par cela pi
simplement que l'Angleterre n'approu- à
verait pas l'annexion des deux provinces I
à la Prusse... mais qu'elle ne pourrait I ^
rien faire pour l'empêcher. I
M. Gladstone, dès le commencement I se
de notre conversation, avait exprimé une I er
grande confiance dans notre succès final. I
Il revint sur ce thème à la fin. « Vos et- na
forts, disait-il, sont prodigieux; ils seront e,n
couronnés de succès. Vous finirez par J
remporter la victoire. 1) Et reprenant la •;
question de l'intervention de l'Angleterre ,t\:
ii ajouta : « Plus tard, notre intervention I re
« pourra être utile. » — « Plus tard, lui le;
dis-je, mais alors quand ? Fr
— Quand les armées françaises seront I l'. t'
victorieuses. " I et
— Comme'nt-, répondis-je, c'est alors ¡J¡:
que vous avez l'intention d'intervenir? pu
C'est en cela que consiste votre amitié ? .¡U,
Vous voudriez donc inlervenir contre en
nous? ;i'
— Non, dit-il, non, pour vous; mais J"
l'occasion sera plus favorable que main-
tenant, et la Prusse nous cédera plus fa- j
cilcrnen t.... » I ;lJ
Revenant sur la guerre et examinant I
| Icscauses qui l'avaient atnen'.'e. M. G)ads- s'"j
tone dit : « Nous avons tout fait, tout ce I (,,,
qui dépendait de nous, pour empêcher le ,'(Vj
gouvernement tombé de se jeter dans s'y
celte guerre avec l'Allemagne. A
« Nous l'avons averti, mais il n'a pas en
voulu nous écouter.
« Il a voulu la guerre absolument, et il to1'
s'y est engagé, mais non pas salIS avoir (J'uon
été suffisamment ayerti - INlrJled — et ^0|!
complètement instruit de la situai ion dj ~ (j
l'adversaire qu'il allait provoqnf.'r... » mit
Le lecteur se souvient que les mêmes A
paroles m'avaient été déjà dites à Vienne, diej
et je les reproduis encore sans commen-
taire. j
J'en ferai autant d'un trait bien carac-
téristique, et qui m'a singulièrement not
frappé de la part de M. Gladstone. nu
En se levant et en sortant avec moi de
son cabinet, il m& dit : « Avez-vous re-
cueilli gtllAered —■ dans notre entre-
tien — any différence — une différence I
quelconque entre mes vues et celles de
Lord Gran ville ? »
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Seizième arrondissement. — M. Paul Le--
roy-Beautieu a reçu la lettre suivante, qui
vient s ajouter aux nombreuses adhésions
t'JoUI-entre les deux tours de scrutin sont
venues à la candidature de l'honorable pro- '
fesseur au Collège de France.
A Monsieur Lcroy-Deaulieu
PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE
« Les amis qui me sont restés fidèles
dans le quartier que j'ai représenté au Con-
seil municipal pendant six années, m'ont
presse d'intervenir au second tour de scru-
ti.n.
» J'estime que la candidature Millevoye
dite nationaliste, est en réalité un danger
national, et que chacun, dans la mesure de
ses forces, doit contribuer à la combattre.
» Le maintien regrettable de la candida-
ture Fortin, la résurrection tardive de la
candidature Daly ne peuvent aboutir qu'à
jeter le trouble et le désarroi dans !a ma-
jQrité des électeurs opposée à la candida-
ture Millevoye et à faire son jeu.
1) On ne veut pas reconnaître que, pour
faire échec à l'homme des papiers Norton
qui a exposé son pays au ridicule devant le
inonde entier, il faut faire abnégation de
toute préférence personnelle et politique,
et voter pour le seul candidat ayant des
chances sérieuses, c'est-à-dire pour le can-
didat républicain libéral Leroy-Beaulieu.
Il Le devoir souvent est difficile.
» Chacun le comprend à sa manière.
» La plus sûre méthode est de faire ce
qui nous paraît le moins commode.
« Mes amis et moi nous ne partageons
pas vos idées économiques et sociales, mais
nous savons que vous êtes honnête, indé-
pendant, patriote, et que le seul moyen
d'empêcher de rentrer au Parlement fran-
çais, la tète hault; comme député de Paris,
l'ex-député d'Amiens, qui en est sorti courbé
sous l'ordre du jour proposé par l'ancien
ofiieier Maujan (l'a:lical socialiste) c'est de
voter pour Leroy-Beaulieu. sans diversions,
sans abstentions, sans laisser perdre un
seul bulletin de vote. Je le conseille à tous
mes amis.
» Vive la France 1 Vive la République 1
» H. DAVniLLÉ DES ESSARDS,
» Ancien Conseiller municipal, an-
cien Officier de ?-(!SC?-VC et de ter-
ritoriale, Médaillé militaire. »
Troisième Congrès
DES PRÉPOSÉS DES MANUFACTURES DE TABACS
Troisième journée
La discussion sur les moyens à prendre
pour venir en aide aux malades s'est con-
tinuée et a abouti à faire adopter en prin-
cipe la nécessité de prendre une mesure
etlicace pour (arriver à ce but. Diverses
propositions ont été faites. La question est
à l'étude.
Le délégué de Riom déclare avoir voté
sur la question des congés dans le même
esprit que ses collègues de Nice et de Lyon
attendu qu'il appartient comme eux à une
section dontle directeur est très bienveillant
envers tous les employés.
M. Gineste, secrétaire général, donne con-
naissance d'une lettre de Mme Sallé qui
envoie sa démission de vice-présidente delà
Fédération.
Le délégué du Havre rend compte de la
vistte faite par la Commission au directeur
général et du refus que celui-ci lit de la
recevoir, ne voulant laisser pénétrer que
tes deux députés qui raccompagnaient, MM.
Freoaut et (Jallssol. Ceux-ci n'ont pas ac-
cepté cette condition qui leur était imposée
et se sont retirés.
L'assemblée décide que les préposés s'a-
dresseront désormais aux sénateurs et dé-
putés pour réclamer les réformes qu'ils
jugeront nécessaires. Le congres demande
ennuie que les préposés des magasins
';il'n! un traitement é^al il celui des mauu-
j'dci lJt'f':; en se basant sur cette raison que
le. travail est le même.
Mais alors pourquoi ne pas réclamer pour
les femmes préposées dont le service est
ai'soiuincnt identique il celui des hommes
el qui arrivées au traitement maxima ne
rei.'Oi vent que moitié de la solde allouée au
sexe rUl'l'!
' eue jeune préposée très intelligente avec
qui nous avons cause, a le vif désIr d'èire
«léiéiniée, mais elle ne le peut car son mari
s'y oppose !!...
".\knliûlJIIons pour terminer, une décision
en taveurd'une re\'('lldiL':LI iOIl des femmes :
Considérant que la veuve d'un préposé
touche la solde intégrale de son mari, elles
ont demandé que la moitié du traitement
d'une préposée dé -édée, mère de famdie,
soit reportée sur ses enfants.
Cette proposition a été adoptée à l'unani-
mité et sans discussion.
Aujourd'hui, à deux heures, séance d'a-
dieux.
Lire à la quatrième patjc la suite de
notre intéressant feuilleton Les Vierges
Russes.
INFORMATIONS
Guerre Hispano-Américaine
Madrid, 21 mai.
Le paquebot espagnol Monserrat ayant
force trois fois le blocus de Cuba, les jour-
naux soutiennent et démontrent que le blo-
cas n est pas effectif.
Le Monserrat a débarqué à Cuba une
somme de quinze millions, cent canons,
quinze mille fusils, un . grand nombre de
tonnes de munitions etmille soldats.
•Unegrande fête est or£aniséeà l'tt Corogne
en 1 honneur de l équipage du Monserral.
«
w <
.. ,, . New-York, 21 mai.
Une dépêche de Washington au Herald
annonce que le Président Mac-Kinley prend
un vif intérêt à la loi pendante relative à
a participation des Etats-Unis à l'Exposi- i
! tion de Parts en 1900.
En dehors de la considération du profil
matériel qui résulterait pour les Américains
de la participation des Etats-Unis à cette
Exposition,le Président tend à contrecarrer
les ecrorts faits dans une certaine presse
pour amener le gouvernement français à
s intéresser à la situation de l'Espagne.
G est pourquoi il engage vivement ses
amis dans le Congrès à se montrer géné-
reux dans la fixation de la somme qui de-
vra être affectée à la représentation des
Etats-Unis à l'Exposition de 1900. Il deman-
dera la désignation de neuf commissaires
et le vote d'une somme d'au moins un mil-
lion de dollars pour les dépenses.
Le sénateur Allison serait disposé à ap-
puyer la proposition du président, et en
présentant le projet pour la nomination de
la commission, il déclarera probablement
que les bruits qui ont couru relativement
à la non-observation par le gouvernement
français des règles de stricte et loyale neu-
tralité sont sans fondement.
Angleterre
. , , Londres, 21 mai.
Le Central News croit savoir que la fa-
mille de M. Gladstone aurait enfin consenti
a ce que des funérailles nationales fussent
laites aux restes de l'illustre homme d'E-
Lat.
Des préparatifs sont faits dans ce sens
par le gouvernement d'accord avec la fa-
mille.
Le cercueil qui renferme les restes de M.
Gladslone porte sur le couverte simple-
ment cette mention : « William Ewart
Gladstone, né le 29 décembre 1809, mort le
1,P niai 1898.
Rien n'est encore définitif au point de
vue du jour et du lieu des funérailles.
On dit qu'aussitôt que la reine apprit la
mort de M. Gladstone elle écrivit une longue
lettre de condoléances à Mine Gladstone.
Celte lettre a été portée à Hawarden par
un écuyer spécialement désigné et qui a re-
mis le pli personnellement à Mme Glads-
tone.
Autriche
Vienne, 21 mai.
D'après la Correspondance politique, l'Em-
pereur d'Autriche a conféré au prince im-
pÚriaI d'Allemagne la grand'cl'oix de l'ordre
de Saint-Etienne, et M. de Szo^prveny, am-
bassadeur d'Aut riche-Hongrie à Berlin, a été
chargé de remettre personnellement les in-
signes au prince et en même temps une
let're autographe de t'Huipcreuf François-
Joseph à l'Empereur d'Allemagne.
Allemagne
Berlin, 21 mai.
De terribles orages ont dévasté une partie
du grand duché de Bade.
La grêle a haché les moissons et les ar-
bres de telle sorte que les récoltes sont
perdues.
Les dommages sont surtout considérables
du coté cie Ileidelberg.
Lugano, 21 mai.
Les socialistes suisses organisent pour
demain un train spécial de Lugano à Lu-
cerne, qui transportera à l'intérieur de la
Suisse les ouvriers italiens sans travail, ré-
fugies dans le Tessin.
Les chefs socialistes italiens publient un
manifeste exhortant les adhérents sans tra-
vail à profiter du train pour s'éloigner du
Te-sin, où leur présence pourrait éventuel-
lement mettre dans rembarras l'autorité
CdnL'naIc.
» »
Alger, 21 mai.
La Société de Géographie, dans son as-
semblée générale el. sur la proposition de
M. le commandant Mevor, a émis un vœu
le protestation contre le vole de la Charn-
;>re qui a substitué l'heure du Méridien de
Lire e-iiwich à celle du Méridien de Paris.
La Serbie et la Russie
On mande de Belgrade, 19 courant à la
lîazi'lti' d) Francfort : I
LI) rni Alexandre a reeu aujourd'hui une !
d,"I,"l.:al ion de la Sociéu- russe de la Mer
Pvoire et du D.muhe qui est venue prendre
les présents offerts par le roi au navire
russe Alexandre Jer ('1.C'onsislrml en un pa-
villon, une icône et un portrait du Roi. On
voit dans cet acte un signe précurseur de
meilleures relations entre la Russie et la
Serbie.
La Skouptschina sera convoquée pour le
22 juin à Nisch.
Indes anglaises
Calcutta, 21 mai.
U?e a éclaté aujourd'hui dani
un faubourg. Un médecin, qui recherchai'
le meilleur emplacement pour un hôpita:
d 'isolement, a été poursuivi par la fouie
qui lui a lancé des pierres.
Le docteur a riposté par un coup de feu.
tuant une personne et en blessant deux.
La foule s'est assemblée devant les bu-
reaux sanitaires pOlIr exiger qu'on remit le
docteur entre ses mains.
FAITS DIVERS
SINGULIÈRE HISTOIRE. Un pharmnc:e(
de la rue de l'Abbé-Grégoire s'dait rew..h
d hier soir au theàlre avec quelques amis e;
à élève M. RS garde de son magasin à sot
heurps, celui-ci ferma l'établis-
Jant semant Vers et pour dormir à son aise, en attend
't , dant i!ni le retour de son patron, s'installa coin.
2 bÓut.ique.m09ément un fauteuil, dans rurr^"-
rDe demi- somnolence
e l quand était il en fut sorti soudain par un va.
1 SlïïS éP°u.van"»Me de verres bt de bou.
teilles cassées provenant ,le la cave.
S Ja. pràs-.iice de cambrioleurs,
- M. R, prit son revolver et descendit uréci-
- pitamment dans la cave, où ses recherS
? pour lèrent vaines. °°"SL
s Il remonta à I'arrière-boutique, cherchant
- une explication à ce qui s'était passé d ï
la cave, quand à côté de lui il v t plusieurs
"reTuï le projetés sol. hors des
e - Ce sont certainement des esprits, appro-pensa
l M. II... sans chercher dav«ul4e à «*ppi0
l fondir le mystère.
1 nKt pour faire constater ce fait anormal il
- a1^ chercher un gardien de la paIX.
Celui-ci se livra à de minutieuses recher-
ches et il finit par découvrir, blotti sur un
Je rayon, mal. sup erbe, hérisson, auteur de toutun
Cette pauvre bêle, dont on n'a pu expli-
. quer la présence dans la pharmacie, à été
j envoyée en fourrière. '
d(îCurie nommé
juies J.iîeT£Vih/v?ïr°? Larme, âge de cinquante ans a ét«
trouve hier à trois heures, pendu dans l'é-('-Lî
; curie de son patron à Maisoiis-Alforl.
poir. motifs de cet acte de déses-
MHSE.RE* Une jeune ouvrière coutu-
i -iî rc, usée de vingt ans, Mllo Marie Sin-
ronet, désespérée de se trouver saliS tra-
vail s est asphyxiée dans la chambre qu'elle
occupait à l'hôtel de Londres, tenu par M.
Julliard, 74, passage Bradv.
La mort de cette jeune tille dont la con-
irréprochalJ/e a fortement ému
f»U,hoi-î les habitants du quai-tier.
PAUVrtE VIEILLE. — Tous les ,
Palais de Justice connaissaient de vue une
bonne et brave femme qui, chaque soir
vers six heure.,;, pénétrait dans lis court-soir,
du Palais de Justice et donnait aux nom-
I)reux chats qui en sont les hôtes une auon.
dante nourriture.
Aussitôt son arrivt'e, tous les chats une
cinquantaine au moins, accouraient ci
s à
empressaient autour d'elle, ronronnant ""j oniiaui a
qui mieux mieux.
Cette pauvre femme a été hier soir vie.
lime de son amitié pour eux. Elle voulut
caresser un des f..tins, celui-ci se jeta Jur
elle et la mordit cruellement. Le chat a été
reconnu enragé: Mm) D..., a dUlie dù se
rendre immédiatement à l'Institut l'asteui
ou on va la soielic r.
Comme conséquence, il a été décidé de
faire abatlre immédiatement tous les chats
du Palais de Justice car il est à craindre
que plusieurs d'entre eux n'aient éir-t' ;'le-
mont mordus et ne se trouvent atteints de
Comme on le voit, on est qurlqurf"j:; mal
recompense du bien que i on l'ail dil' "lC,uoi"- , m
aux animaux.
,M'rUilAftA' — L'assassin du garçon de re-
cette Lamarre, Carrara, qui va'co n ariî
tre lundi prochain deva.il*1» cour dï«55
.•M'i u-ri'ie'0 depuis U«'S jours à la hou-
Depuis ce transfert, Carrara «omble en
proie a des attaques de fi)lie furé-me Il
crie, empote, injurie ses fardions Vi X'
v,.v IUPP sa tcmmc .jui ivi livrX Ï;,'
coupable. Puis il se .Îf'lte /« |nm, t. -, i,.
mpr.et a toutes les peines du monde il le cal-
On s'attend, le jour de l'audience J n'il
se trouvera en présence de sa f'mn eï'des
scènes émouvantes.
M. Josse, le juge d nislrnclion ehar™é de
suivre celte al a.reaélV., ,, IM.MI. R/"™, '»?,?
a quebmes p aidante1 ir-^ ,!.> l..,l0lU0l,x'*i .
ovsL'.-Liiisi Viu'iiiï;- ii •/ trè
remplie de greuouii'les s„',. la.n-'.'.'n'.r"',"?
s
laquelle on avait écril : cela v,!-i i ",'le 13
«carrière JI. Et entrant chez vous CL,c
n en sort pas. '
Départements
1 B¡lEST. a — Lee urridr,i!s d" chemin d» fer
- On ad assez lionnes nouvelle-, ,!e-- i,iosl
se.^, en trailemf'lll aux hôpitaux ei\"tls l't .ïe
Yt-r lotis. °* ,ned'Vins ('spr"'rl'nl les ^au-
1-r,*-ft,l
t e-1, î
Maheu, chef do l'exploitation.
LA TRIBUNE
(3)
A TRAVERS L'ÉDUCATION
Cette rubriaue forme un feuilleton volant
dont le sujet change tous les trois jours.
III
Les Ecoles proresslonnelles.
de filles
On ne saurait parler des écoles pro-
fessionnelles de filles sans saluer avec un
respect attendri un nom de femme : ce-
lui de Mme Elisa Lemonnier. Je l'ai
connue; elle a choyé mes premières an-
nées, et c'est avec une réelle émotion que
je lui consacre ici quelques mots de bio-
graphie.
Marie-Juliette-Elisa Grimailh était née
à Sorèze, le 24 mars 1805 ; elle est morte
à Paris, le 5 juin 18^5.
Sa ville natale, grande comme une de
nos places parisiennes, est deux fois pri-
vilégiée, d'abord par son admirable si-
tuation au pied de la Montagne-Noire, un
vrai bijou de pittoresque, et par sa re-
nommée non usurpée de « foyer intel-
lectuel ». Les Bénédictins y fondèrent en
1682, pour lutter contre la célèbre aca-
démie protestante de Puy-Laurens, un
collège qui, pendant de longues années,
réunit une élite d'élèves et de profos-
seurs.
En 1791, ce collège de prêtres passa
tM mains de la famille Ferlus, intime-
ment liée avec la famille Grimailh, et
dès ses premières années, Elisa très
bien douée, vivant dans ce milieu intel-
leduel, prit naturellement le goût de
l'étude. Ce goût ne fit que s'accroître il
mesure que son esprit se développa et,
jeune fille, elle s'intéressa surtout aux
questions sociales. En 1828, M. Lemon-
mer étant venu à Sorèze comme profes-
seur de philosophie, Elisa Grimailh se
sentit attiree vers lui, elle l'épousa, et ils
turent bientôt, chacun avec les nuances
propres à son trenre d 'esprit, des apôtres
fervents et actifs de l'école Saint-Simo-
nienne.
M. Lemonnier abandonna la philoso-
phie pour le Barreau; fut pendant dix
années un des avocats les plus distin-
gués de Bordeaux ; enfin il prit en 1845
Ù. Paris, la direction du Contentieux du
chemin de fer du Nord.
La révolution de 1848 trouva donc lo
vaillant couple en pleine activité, et Mme
Lemonnier sympathisa tout naturelle-
ment avec les souffrances du peuple pa-
risien. Le travail avait complètement j
cessé; la misère régnait dans les fau-
bourgs ; il fallait aider tous ces meurt-
de-faim !
« Mme Lemonnier, aidée de quelques
amies, créa un atelier de couture, se fit
prêter un local, rue du faubourg Saint-
Martin. soumissionna au nom de cet ate-
lier une entreprise pour les hôpitaux et
les prisons, fit les avances, tint les
comptes, distribua, surveilla, lit rentrer
et livrer l'ouvrage, déploya une incroya-
ble activité, et elle eut le bonheur de
fournir, pendant deux mois, du travail
à plus de deux cents femmes. »
Cette expérience, en révélant à Mme
Lemonnier ce que peut l'initiative privée
lui fit connaître aussi l'ignorance des
femmes du peuple, et leur maladresse,
presque leur incapacité en ce qui con-
cerne les ouvrages manuels, la couture
surtout.—Cette ignorance,cette quasi in-
capacité nous la déplorons encore au-
jourd'hui—, et elle résolut de se consa-
crer à l'instruction et à l'éducation des
fllles. Elle créa, en 1850, une Société de
[ protection maternelle se proposant de
fournir yratuitemeni au plus grand izoiii-
bre possible de filles paii?,i,es' 1 éducation
et l'instruction pro{esswnnelles,ct six ans
plus tard, cette Société se constituait sur
de nouvelles bases. Elle avait pour objet :
1° la fondation et f entretien à Paris
d une école professionnelle pour les jeu-
nes filles; 2° la création d'un cours des-
tiné à préparer aux divers emplois de
commerce les jeunes filles adultes qui
veulent suivre cette carrière, et pour les-
quelles aucune institution spéciale n'a
encore été fondée jusquà ce jour.
Le 1er octobre 1802, la Société pour
l' Hn.'.;eignement professionnel des femmes.
ouvrait sa première école dans un local
loué, rue de la Perle, au nom de Mme
Lemonnier; ce jour-là, il y eut quinze
élèves ; deux mois plus tard, il y en
avait cent cinquante.
En 1804 une deuxième école était ins-
tallée rue Rochechouart; puis il y en eut
une troisième, puis une quatrième...
Mme Lemonnier n'était plus; mais son
âme vivait dans son amie et la nôtre,
Mlle Julie Toussaint qui, depuis trente
ans est la main, la tête et le cœur de la
Société pour f enseignement profession-
nel des femmes.
« Trente ans! quarante ans d'efforts
pour mettre sur pieds à peine une demi-
douzaine d'écoles n'est-ce pas fait pour
décourager les meilleures volontés 1 di-
sent les paresseux. Mais cette demi-dou-
zaine d'écoles s'est multipliée par deux,
par cinq, par dix ; l'impulsion donnée
est loin de s'arrêter. La Ville de Paris a
pris modèle sur les écoles Lemonnier;
elle s'est même substituée à la Société,
pour l'entretien de quelques écoles exis-
tantes; l'Etat a fait comme la Ville de
Paris, et la plupart des centres impor-
tants possèdent aujourd'hui leurs écoles
professionnelles.
Quelle récompense, pour les initia-
trices! Quel réconfort pour celles qui
voudraient les imiter! Mais qu'est-ce à
proprement parler qu'une école profes-
sionnelle? Qu'est-ce qui la différencie
d'une école primaire supérieure? l'une et
l'autre ne font-elles pas double emploi?
Quelle sorte d'école devons-nous multi-
plier?
Une école professionnelle est un éta-
blissement dans lequel les jeunes filles,
munies de leur certificat d'études pri-
maires, continuent leur instruction géné-
rale, et suivent des cours spéciaux en vue
d'un gagne-pain nettement déterminé ;
les cours spéciaux remplacent l'appren-
tissage en atelier ; l'élève sort ouvrière
(presque toujours ouvrière d'art) de l'é-
cole professionnelle ; même — et ceci
est inappréciable — quelques écoles four-
nissent elles-mêmes du travail h leurs
élèves parvenues il la fin de leurs études.
Je précise : indépendamment du pro-
gramme général qui permet de se pré-
senter aux examons primaires, l'élève se
spécialise soit pour le commerce, soit
pour la confection, soit pour la gravure
sur bois ; soit pour la broderie d'ameu-
blement, etc., etc. Cette double combinai-
son intellectuelle et professionnelte
réhabilite le travail manuel ; on n'est
lus nécessairement illettrée parce que
F ton est ouvrière ; le fossé qui séparait la
profession libérale du métier est aujour-
d'hui comblé. ?
Voulez-vous connaître quelques résul-
tats de cette double combinaison ? (je
cite un rapport de 1893 ; il s'agit des
écoles Lemonnier).
« Une ancienne élève dirige aujour-
d'hui l'atelier de couture de la rue des
Boulets ;
« Deux habiles brodeuses travaillent
chez elles ; sept en atelier ; deux ancien-
nes élèves du cours de commerce ont
fondé à Clermont-Ferrand et à la Bour-
boule, des maisons prospères.
« Mlle C. est professeur de dessin au
collège de jeunes filles de Béziers.
« Mite L. à l'école normale oL au Ivcée
de jeunes HUes de Guéret.
« Mme H. de M. au lycée Racine à
Paris.
I Une vingtaine d'anciennes élèves sont
professeurs de dessin dans les écoles de
la Ville de Paris.
D'autres sont peintres sur vitraux,
émaux, etc., etc.
L'école primaire supérieure ne vise
aucun métier spécial; elle donne une
éducation générale intellectuelle et une
éducation générale des doigts qui ren-
dent aptes à choisir une profession ou un
métier; elles élèvent plutôt les jeunes
filles pour le home, les familiarisant avec
toutes les occupations propres à dévelop-
per l'aisance du ménage et à la conser-
ver.
Ces deux sortes d'écoles ne peuvent
donc se remplacer l'une par l'autre; quant
à leur valeur propre elle ne saurait da-
vantage se comparer, car elle défend de
la situation des familles; elle dépend
aussi du lieu qu'habitent les parents de
l'élève.
L'école primaire supérieure nous pa-
raît plutôt indiquée pour les enfants de
position modeste, mais stable, habitant
la campagne ou bien pour ceux des cen-
tres sans industrie et par conséquent
sans débouchés.
L'école professionnelle a saulacu dans,
les grands centres.
En réalité, clic devrait recevoir la
grande majorité do la jeunesse féminine
et sa population s'areroîtra à n
que se ùÓveluppera la «•«nwienev morale
de la bourgeoisie françaisl" Naguère cn-
pa&l!!1C tllle, la fem,,ie devaient
pas tenailler ; gagner sa vie, consu-r-iit
son amoindrissement ; être indépendante
à, on lui a
concédé était 0,s dans l'enseigne-
,"n ment f H • î presque honorable d'être
institutrice i et même institutrice médio-
lui cre; ont peu peu les Passions libérales
lui ont été entrouver tes, l'art lui a été
permis ; mais le métier la déclasse
| Et e est parce que l'on craint pour elle
le c'est fiOUl' parce.
élevée de ,co,Uro dans des
sentiments est de Craint0
quel™ reste esclave.mépris
Et C'est ainui nd risse men et qui est le
PAULINE KERGOMARD.
l'lit
Lire demain à la Tribune de la
« Fronde » :
LE FÉMINISME AUX ÉTATS-UNIS
DE L'AMÉRIQUE DU NORD
1 ' Mme Kætlae Schirmacher
de prison, on corrigea aisément les écarts
d'une b«Ue r<*tive.
M.lÎs la culbute des colonels Jolly et Ro-
zit'rcs désarçonnés tous deux à Avignon en
regardant d.'-fiîef leur règlement, va néces-
aiter «les soin:; beaucoup plus délicats.
Nous faisons des vœux sincères pour le
prompt rétablissement de ces vaillants
cayaliiTs, an déplorant, une fois de plus
combien !''s honnêtes gens sont mal parta-
gé3 en regard de la canaille.
—o—
On annonce, pour le 24 mai, la vente à
l'hôtel Drouot, sous les auspices de M. Geor-
ges Bernheim des œuvres d'un de nos meil-
leurs pointres paysagistes et animaliers AI-
bert charpin, élève de Daubigny, hors
concours.
Avis aux amateurs de sincère et solide
peinture.
L'Exposition commencera le 23 mai.
Notre confrère M. Armand Charpentier,
le romancier bien connu, vient d'être
..chargé du feuilleton hebdomadaire de la
critique littéraire au journal l'Estafette. M.
Armand Charpentier qui, depuis dix ans,
lait la critique littéraire Ii la Revue des
Journaux rt des Livres, apportera dans ses
nouvelles fonctions les qualités d'impartia-
lité et de sincérité qui lui ont déjà valu l'es-
time de tous les écrivains, amis ou adver-
saires.
—o—
l'ne très jeune et jolie femme, Mme Roy
Devereux,s'est embarquée aujourd'hui pour
le Cap de Honne-Kspérance, comme corres-
pondante du Mornintj Post ; elle va étudier
dans l'Afrique du Sud, les questions diver-
ses se rattachant à la vie sociale de la
femme ; elle ira d'abord à Cape Town, puis
h f:!of'n!f<'n!pin (.', t a t libre d'Orange) ; Johan-
nesbotirii et Tretoria (Transvaal) ; Kimber-
Iey iRechuanalandj ; Du!u\ayo et Salisbury
Iltllotl"l'Îa : l'mtali et De ira (Mozambique) ;
Lomengo Manjues (Delavra bay) et enfin à
Durban f.Natal) ; elle va doue faire un voyage
de quatre mois, dont une partie entre Du-
luvayo, Salisbury et Umlali, dans la Ilhodc-
ria, c'est-à-dire le Mashonaland et le Mala-
beleland sera particulièrement pcnihtc, car
il s'agit la d'aller en chars à bœufs ou iL
ohevat.
- o—
On croit savoir que le nouvel Opém-Co-
mique ne pourra être mis en exploitation
qu'au mois ol.- décembre.
Non* reverrons donc les belles soirées
d'autan de la salle Ventadour.
-0-
On a annoncé que M. Rodin avait fait de-
in;tiiiier .-t la Société Nationale dt's Hf'.inx-
Arts. de vouloir bien lui donner le bronze
nécessaire au coulage cie sa statue de Balzac
et que M. Puvis de Chavannes, président
de cette Société ne lui avait pas donné sa- i
lis laclion. j
Mais, rerisAiçrnfments pris, ce hrui( est
erroné et .\L Hodin reste complet,emenl
étranger à la trop longue polémique rail.,
autour die son «i>uvre.
Ajoutons cepemlant qu'une souscription
vient d'pi "0 ouverte dans le lIut de réunir f
la somme nécessaire (30,000 frall!'sl pour
reprendre à M. liodin et ériger, à Paris sur
uue place publique, la statue de Balzac, que l
le comité de la S>ci»'-lé des Gens «te Lettres a *-
refusée. Cette souscription va être close, les 1
Tonds étant à peu près totalement réunis. «-l
—o— 1
Parmi t«us J- s produits présentés .journellc-
ment au (.ntilir dan:; le but de conserver la 1
ûaîeht ur du teint et d'enacer les rides, ceux a
•J. Mme llericr, professeur d'esthéli'Jue fémi-
nin sent s.ms ccnlmlit les plus env'ogue et leur n
tf!il'arit.: 4 st 1',','')nnlJl..J depuis Ion.,-Ii,rnps.
LI' lait hygiénique pour la beauté du viMa.ce Il
et des maiiis. ainsi que l'eau du Ceylan. régéjjé-
râleur ('ultlr:lIll d': la chevelure, produisent oi,. e«
suite les nieill
portées «le l'fclxtiviUiî-Orienl, et dont .Mme Hé- di
rier a seule le sct-r';t., qu'elle Il pu offrir au pu- di
Mir, lotis hs immenses avantages di':crits plus î);
liant : il faut ajouter qu'à l'art de I:t savant } !
préparation vient se joindre le eôté lIy;rJ'IIÍI(lII'.
que Mme Hérier a « oinpri.s mieux quI.' Il,'I'SoHn.!, le
qu'il lit, faut né.ulijîer en aueum: « irrV»ns!auc",
quand il s'agit d' s soins délicats à d"n!)(-r an
rorps. Ou peut se procurer l'eau de Ovian an ,,
è i\ ,h' 7 fr. le tlaeon et le lait hygiénique a lt
'. rfrancs en envoyant pareille somme à Mme m
hiiier. :M, rue des Petits-Champs à Paris. il'
LA DAME D. VOILI.E
;u
LA GUERRE
Lo Thn"s nous assure que la flotte de
l'amiral Sampson^st all«>e se ravitailler de
charbon a Koy-West, et que le commodore
ïVilley esl en ce moment à Cuba. Or, une
dép«*ciie de la Havane dément justement
cette occupation des navires américains
dans les eaux cubaines, prétendant au con-
traire, que les bâtiments qui faisaient le
blocus l'ont abandonné. Il s'ensuit par con-
séquent que la rencontre à laquelle on s'at-
tendait entre les parties belligérantes [10,
saurait avoir lieu de sitôt, puisque l'amiral
Cervera est toujours dans la, rade de San-
tiago. prétendent quelques uns qu'il ilU-
rait déjà repris la haute mer; mais ceci
demande confirmation.
Des dépêches particulières nous donnent
le récit très documenté des manoeuvres
américaines, au sujet des reconnaissances
poussées sur les côtes de Santiago de Cuba.
Les navires, forcés de se retirer devant
1 escadre espagnole, se sont portés à dix-
sept lieues plus loin, à l'ouest de Santiago,
où ils ont essuyé les niâmes défaites. Il
paraîtrait que la rade de Guantuamo s'en-
fonce très avant dans nie et que l'abri en
est absolument propice pour les Espagnols,
et pour la colonie française qui s'v trouve
établie. En prévision, de nouvelles atta-
ques des batteries ont été installées et d'im-
portants ouvrages en terre édifiés dans le
port de Santiago.
Un télégramme de Madrid déclare que le
paquebot espagnol le Montserrat, a pu for-
cer trois fois le blocus de Cuba et y débar-
quer 15 millions, 100 canons, 15,000 fusils,
et un-nombre assez "considérable de muni-
tions. En outre, l'amiral Camara va prendre
immédiatement le commandement de l'es-
cadre de réserve, qui partira — selôn le
terme textuel — avec des ordres cachetés.
On le voit, le mystère, toujours l'incalcu-
lable mystère, accompagne les opérations
des flottes espagnoles. Quant à l'amiral Ce lè-
vera, il explore l'inconnu des Océans après
s'être rencontré avec l'amiral Sampson, et
avoir dépisté ses poursuites.
On croit positivement lire une page de
Jules Verne, en assistant aux évolutions de
ces introuvables escadres dirigées par un
amiral espagnol qui aurait le don de s'abi-
mer comme jin scaphandrier sous les mers,
pour reparaître à leur surface ; comman-
dant mystérieux d'une force navale invisi-
ble, dont le but est de dérouter et de fati-
guer par ses évolutions ceux qui la préten-
dent rencontrer. On la pressent, on ne la
voit jamais, et cependant par la tactique
I dont elle fait preuve, elle prouve son exis-
J,ence ; si le ministre de la marine à Madrid,
a montré son incapacité ou son impré-
voyance, si le mauvais état des navires est
entré, pour une grande part, dans les vic-
toires américaines, il n'en est pas moins
vrai que maintenant on sait l'am iral Cer-
vera, susceptible d'arriver en temps utile
sur un point menacé. Il n'y a pas là une
cause de victoire assurée pour l'Espagne,
mais simplement une constatation qu'il
faut compter avec ses marins. La prise de
Cuba parait donc indéfiniment reculée.
Mais quant il l'alliance tant de fois dis-
cutée de l'Angleterre et de l'Amérique, nous
n'admettons pas avec la presse russe qu'i!
suffirait que les puissances en apprissent
la conclusion, pour que la guerre passât
aussitôt du domaine des suppositions dans
celui des préparations pratiques; ce serait
aller un peu vile en besogne, de plus, lu
Chouannerie espagnole, composée des sol-
dats soi-disanis disciplinés du général W cy-
!or ne peut perpétrer l'épouvantable tuerie
'fui, _ aujourd'hui, fait de t'uh)'''pcndaucc
cubaine une loi d'inéluctable humanité,
sous peine d'un retour à l'animalité primi-
live où rEurope moderne ne pourrait ap-
porter sa sanction, sans ériger le bandi-
tisme politique en principe.
IBO.
Les Sentiments de Gladstone
EN 1870
Enfermé dans un cercle de fer et de
feu, Paris se défendait héroïquement. En
province, nos armées luttaient pied il
pied contre un impitoyable envahisseur.
Cependant, il l'hostilité generatc, rencon-
trée d'abord par une déclaration de;
guerre inj ustiflée, avait fini par succéder j
un sentiment d'estime et d'admiration
pour un peuple si brave, si énergique
que la plus mauvaise fortune n'avait pas
abattu.
Ce fut alors que Jules Favre jugea le
moment favorable pour intéresser, tout
au moins moralement, les puissances
européennes au sort de la France. Mais
comment sortir de Paris? Une seule
voie était ouverte, la voie des airs. C'est
donc celle-là que M. Iieitlinger, chargé
de la. confiance de Jules Favre, n'hésita
pas à prendre, dans la nacelle du « Vau-
l»an », ballon parti de la Villette le 28 oc-
tobre 1870.
Par une coïncidence singulière, c'est
au moment où va paraître le livre de M.
Reitlinger, consacré au récit de cette
mission, que meurt l'un de ses plus illus-
tres interlocuteurs, M. Gladstone.
Nous avons eu la bonne fortune d'être
admis à parcourir les bonnes feuilles de
cet ouvrage et nous offrons à nos lec-
teurs quelques traits caractéristiques de
l'illustre homme d'Etat que l'Angleterre
vient de perdre.
M. Gladstone ne se lassait pas d'admi-
rer les efforts prodigieux que nous avions
faits et que nous faisions Journellement.
pour résister à un ennemi qui avait tous
les avantages sur nous.
Mais lorsque, tout en le remerciant de
ses bonnes paroles, je lui demandai un
concours plus efficace et moins platoni-
que que l'admiration pure et. simple, il :
me répondit, comme son collègue lord i
(Jranvillc, par un non posait mus absolu. <
L'Angleterre désirait le succès de la 1
France, mais elle ne pouvait pas sortir
de la stricte neutralité qu'elle avait gar- ]
dée depuis le commencement de la (
guerre. Le gouvernement ne pouvait pas 1
jeter le pays dans une aventure pareille
et l'exposer il une guerre formidable sans t
nécessité. j f
lix- Et l'homme d'Etat anglais exposa son
go, système avec une grande chaleur et une
éloquence remarquable.
. Le Parlement anglais avait clos sa der-
,1S> nière session sur une déclaration for-
lvê nielle du ministère, laquelle peut se ré-
ta- sumer dans un seul mot « peace » paix.
m- Le gouvernement avait pris ainsi solen-
le nellement, devant le pays qui l'avait ap-
prouvé, rengagement de lui maintenir
le ce bien précieux, the peace;et il n'avait
n:- pas le droit de lui enlever tous les bien-
faits, toutes les bénédictions que la paix
JP dévers&sur une nation ,.riçhe, forte et la-
re borieuse. Le gouvernement était lié par
IS_ sa promesse, il eût été criminel s'il eût
le voulu y manquer.
5S
u- Passant ensuite à un autre ordre d'i-
ns dées, je lui demandai si l'Angleterre ne
f" devait pas à la France une autre attitude
es et que celle d'une spectatrice inerte et im-
passible, alors surtout que son interven-
j • tion pourrait lui assurer une paix juste,
je honnête et morale?
in M. Gladstone reconnut avec empresse-
)i- ment que la France avait des droits à
s, l'amitié de l'Angleterre. « Mais, conti-
i- nua-t-il, 1 don 7 think, jé ne pense pas,
i- que ces droits puissentaller jusqu'à nous
faire intervenir dans une guerre qu'elle
a commencée elle-même et sans nous.
le i don't think, je ne pense pas, que notre '
s- amitié puisse aller jusqu'à une déclara-
I, tion de guerre à la Prusse de notre côté
ii- et jusqu'à nous faire battre avec vous. » ■
st M. Gladstone ayant reconnu que l'en- I
trevue de Ferrières avait imprimé à la
lS r- continuation de la guerre un autre carac- j '
0 tère; que c'était maintenant la Prusse \
0 qui poursuivait un but de conquête et la I
France qui défendait son territoire et le I
il sol sacré de la patrie, je lui demandai I
e l'application de sa thèse à la guerre ac- (
tuelle en lui montrant qu'il se trouvait I
en présence d'un cas où une grande na- 1
^ lion a le droit et le devoir d'intervenir i
^ dans une guerre impie — impiolls ivar, 1
1 comme il l'avait lui-même qualifiée — I 1
s pour la faire cesser dans l'intérêt de la 5
l cause morale, il secoua la tête : That /sa !,
x tremendous rl'spoJtsaúilillJ, me répondit-il c
- avec conviction, c'est une responsabilité \
- à faire trembler que de lancer une nation s
[ dans la guerre. s
- Quant à la cession de l'Alsace et de la r
; Lorraine que la Prusse demandait comme I
. condition sine quel non de la paix, voici j
. ce qu'en pensait M. Gladstone : « L'An- I
gleterre ne donnera jamais son consente- I
ment: — never will ayree — à une cession I
territoriale quelconque. 1) Le peuple an- J
glais, disait-il, a en horreur les guerres I
) de conquête et ne donnera jamais son 1
assentiment — aqreement — à un dé- j
membrement de la France. I 0
Je ne comprenais pas bien ce que cela !
pouvait signifier, alors que, d'un côté, la I
' Prusse annonçait hautement ses préten- I
tions, et que, de l'autre, l'Angleterre j .3l
était bien décidée à ne pas s'y opposer. PlLi
J'ai fini par comprendre que c'était en- ci
core... une théorie que M. Gladstone en- et
tendait exposer. Il voulait dire par cela pi
simplement que l'Angleterre n'approu- à
verait pas l'annexion des deux provinces I
à la Prusse... mais qu'elle ne pourrait I ^
rien faire pour l'empêcher. I
M. Gladstone, dès le commencement I se
de notre conversation, avait exprimé une I er
grande confiance dans notre succès final. I
Il revint sur ce thème à la fin. « Vos et- na
forts, disait-il, sont prodigieux; ils seront e,n
couronnés de succès. Vous finirez par J
remporter la victoire. 1) Et reprenant la •;
question de l'intervention de l'Angleterre ,t\:
ii ajouta : « Plus tard, notre intervention I re
« pourra être utile. » — « Plus tard, lui le;
dis-je, mais alors quand ? Fr
— Quand les armées françaises seront I l'. t'
victorieuses. " I et
— Comme'nt-, répondis-je, c'est alors ¡J¡:
que vous avez l'intention d'intervenir? pu
C'est en cela que consiste votre amitié ? .¡U,
Vous voudriez donc inlervenir contre en
nous? ;i'
— Non, dit-il, non, pour vous; mais J"
l'occasion sera plus favorable que main-
tenant, et la Prusse nous cédera plus fa- j
cilcrnen t.... » I ;lJ
Revenant sur la guerre et examinant I
| Icscauses qui l'avaient atnen'.'e. M. G)ads- s'"j
tone dit : « Nous avons tout fait, tout ce I (,,,
qui dépendait de nous, pour empêcher le ,'(Vj
gouvernement tombé de se jeter dans s'y
celte guerre avec l'Allemagne. A
« Nous l'avons averti, mais il n'a pas en
voulu nous écouter.
« Il a voulu la guerre absolument, et il to1'
s'y est engagé, mais non pas salIS avoir (J'uon
été suffisamment ayerti - INlrJled — et ^0|!
complètement instruit de la situai ion dj ~ (j
l'adversaire qu'il allait provoqnf.'r... » mit
Le lecteur se souvient que les mêmes A
paroles m'avaient été déjà dites à Vienne, diej
et je les reproduis encore sans commen-
taire. j
J'en ferai autant d'un trait bien carac-
téristique, et qui m'a singulièrement not
frappé de la part de M. Gladstone. nu
En se levant et en sortant avec moi de
son cabinet, il m& dit : « Avez-vous re-
cueilli gtllAered —■ dans notre entre-
tien — any différence — une différence I
quelconque entre mes vues et celles de
Lord Gran ville ? »
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Seizième arrondissement. — M. Paul Le--
roy-Beautieu a reçu la lettre suivante, qui
vient s ajouter aux nombreuses adhésions
t'JoUI-entre les deux tours de scrutin sont
venues à la candidature de l'honorable pro- '
fesseur au Collège de France.
A Monsieur Lcroy-Deaulieu
PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE
« Les amis qui me sont restés fidèles
dans le quartier que j'ai représenté au Con-
seil municipal pendant six années, m'ont
presse d'intervenir au second tour de scru-
ti.n.
» J'estime que la candidature Millevoye
dite nationaliste, est en réalité un danger
national, et que chacun, dans la mesure de
ses forces, doit contribuer à la combattre.
» Le maintien regrettable de la candida-
ture Fortin, la résurrection tardive de la
candidature Daly ne peuvent aboutir qu'à
jeter le trouble et le désarroi dans !a ma-
jQrité des électeurs opposée à la candida-
ture Millevoye et à faire son jeu.
1) On ne veut pas reconnaître que, pour
faire échec à l'homme des papiers Norton
qui a exposé son pays au ridicule devant le
inonde entier, il faut faire abnégation de
toute préférence personnelle et politique,
et voter pour le seul candidat ayant des
chances sérieuses, c'est-à-dire pour le can-
didat républicain libéral Leroy-Beaulieu.
Il Le devoir souvent est difficile.
» Chacun le comprend à sa manière.
» La plus sûre méthode est de faire ce
qui nous paraît le moins commode.
« Mes amis et moi nous ne partageons
pas vos idées économiques et sociales, mais
nous savons que vous êtes honnête, indé-
pendant, patriote, et que le seul moyen
d'empêcher de rentrer au Parlement fran-
çais, la tète hault; comme député de Paris,
l'ex-député d'Amiens, qui en est sorti courbé
sous l'ordre du jour proposé par l'ancien
ofiieier Maujan (l'a:lical socialiste) c'est de
voter pour Leroy-Beaulieu. sans diversions,
sans abstentions, sans laisser perdre un
seul bulletin de vote. Je le conseille à tous
mes amis.
» Vive la France 1 Vive la République 1
» H. DAVniLLÉ DES ESSARDS,
» Ancien Conseiller municipal, an-
cien Officier de ?-(!SC?-VC et de ter-
ritoriale, Médaillé militaire. »
Troisième Congrès
DES PRÉPOSÉS DES MANUFACTURES DE TABACS
Troisième journée
La discussion sur les moyens à prendre
pour venir en aide aux malades s'est con-
tinuée et a abouti à faire adopter en prin-
cipe la nécessité de prendre une mesure
etlicace pour (arriver à ce but. Diverses
propositions ont été faites. La question est
à l'étude.
Le délégué de Riom déclare avoir voté
sur la question des congés dans le même
esprit que ses collègues de Nice et de Lyon
attendu qu'il appartient comme eux à une
section dontle directeur est très bienveillant
envers tous les employés.
M. Gineste, secrétaire général, donne con-
naissance d'une lettre de Mme Sallé qui
envoie sa démission de vice-présidente delà
Fédération.
Le délégué du Havre rend compte de la
vistte faite par la Commission au directeur
général et du refus que celui-ci lit de la
recevoir, ne voulant laisser pénétrer que
tes deux députés qui raccompagnaient, MM.
Freoaut et (Jallssol. Ceux-ci n'ont pas ac-
cepté cette condition qui leur était imposée
et se sont retirés.
L'assemblée décide que les préposés s'a-
dresseront désormais aux sénateurs et dé-
putés pour réclamer les réformes qu'ils
jugeront nécessaires. Le congres demande
ennuie que les préposés des magasins
';il'n! un traitement é^al il celui des mauu-
j'dci lJt'f':; en se basant sur cette raison que
le. travail est le même.
Mais alors pourquoi ne pas réclamer pour
les femmes préposées dont le service est
ai'soiuincnt identique il celui des hommes
el qui arrivées au traitement maxima ne
rei.'Oi vent que moitié de la solde allouée au
sexe rUl'l'!
' eue jeune préposée très intelligente avec
qui nous avons cause, a le vif désIr d'èire
«léiéiniée, mais elle ne le peut car son mari
s'y oppose !!...
".\knliûlJIIons pour terminer, une décision
en taveurd'une re\'('lldiL':LI iOIl des femmes :
Considérant que la veuve d'un préposé
touche la solde intégrale de son mari, elles
ont demandé que la moitié du traitement
d'une préposée dé -édée, mère de famdie,
soit reportée sur ses enfants.
Cette proposition a été adoptée à l'unani-
mité et sans discussion.
Aujourd'hui, à deux heures, séance d'a-
dieux.
Lire à la quatrième patjc la suite de
notre intéressant feuilleton Les Vierges
Russes.
INFORMATIONS
Guerre Hispano-Américaine
Madrid, 21 mai.
Le paquebot espagnol Monserrat ayant
force trois fois le blocus de Cuba, les jour-
naux soutiennent et démontrent que le blo-
cas n est pas effectif.
Le Monserrat a débarqué à Cuba une
somme de quinze millions, cent canons,
quinze mille fusils, un . grand nombre de
tonnes de munitions etmille soldats.
•Unegrande fête est or£aniséeà l'tt Corogne
en 1 honneur de l équipage du Monserral.
«
w <
.. ,, . New-York, 21 mai.
Une dépêche de Washington au Herald
annonce que le Président Mac-Kinley prend
un vif intérêt à la loi pendante relative à
a participation des Etats-Unis à l'Exposi- i
! tion de Parts en 1900.
En dehors de la considération du profil
matériel qui résulterait pour les Américains
de la participation des Etats-Unis à cette
Exposition,le Président tend à contrecarrer
les ecrorts faits dans une certaine presse
pour amener le gouvernement français à
s intéresser à la situation de l'Espagne.
G est pourquoi il engage vivement ses
amis dans le Congrès à se montrer géné-
reux dans la fixation de la somme qui de-
vra être affectée à la représentation des
Etats-Unis à l'Exposition de 1900. Il deman-
dera la désignation de neuf commissaires
et le vote d'une somme d'au moins un mil-
lion de dollars pour les dépenses.
Le sénateur Allison serait disposé à ap-
puyer la proposition du président, et en
présentant le projet pour la nomination de
la commission, il déclarera probablement
que les bruits qui ont couru relativement
à la non-observation par le gouvernement
français des règles de stricte et loyale neu-
tralité sont sans fondement.
Angleterre
. , , Londres, 21 mai.
Le Central News croit savoir que la fa-
mille de M. Gladstone aurait enfin consenti
a ce que des funérailles nationales fussent
laites aux restes de l'illustre homme d'E-
Lat.
Des préparatifs sont faits dans ce sens
par le gouvernement d'accord avec la fa-
mille.
Le cercueil qui renferme les restes de M.
Gladslone porte sur le couverte simple-
ment cette mention : « William Ewart
Gladstone, né le 29 décembre 1809, mort le
1,P niai 1898.
Rien n'est encore définitif au point de
vue du jour et du lieu des funérailles.
On dit qu'aussitôt que la reine apprit la
mort de M. Gladstone elle écrivit une longue
lettre de condoléances à Mine Gladstone.
Celte lettre a été portée à Hawarden par
un écuyer spécialement désigné et qui a re-
mis le pli personnellement à Mme Glads-
tone.
Autriche
Vienne, 21 mai.
D'après la Correspondance politique, l'Em-
pereur d'Autriche a conféré au prince im-
pÚriaI d'Allemagne la grand'cl'oix de l'ordre
de Saint-Etienne, et M. de Szo^prveny, am-
bassadeur d'Aut riche-Hongrie à Berlin, a été
chargé de remettre personnellement les in-
signes au prince et en même temps une
let're autographe de t'Huipcreuf François-
Joseph à l'Empereur d'Allemagne.
Allemagne
Berlin, 21 mai.
De terribles orages ont dévasté une partie
du grand duché de Bade.
La grêle a haché les moissons et les ar-
bres de telle sorte que les récoltes sont
perdues.
Les dommages sont surtout considérables
du coté cie Ileidelberg.
Lugano, 21 mai.
Les socialistes suisses organisent pour
demain un train spécial de Lugano à Lu-
cerne, qui transportera à l'intérieur de la
Suisse les ouvriers italiens sans travail, ré-
fugies dans le Tessin.
Les chefs socialistes italiens publient un
manifeste exhortant les adhérents sans tra-
vail à profiter du train pour s'éloigner du
Te-sin, où leur présence pourrait éventuel-
lement mettre dans rembarras l'autorité
CdnL'naIc.
» »
Alger, 21 mai.
La Société de Géographie, dans son as-
semblée générale el. sur la proposition de
M. le commandant Mevor, a émis un vœu
le protestation contre le vole de la Charn-
;>re qui a substitué l'heure du Méridien de
Lire e-iiwich à celle du Méridien de Paris.
La Serbie et la Russie
On mande de Belgrade, 19 courant à la
lîazi'lti' d) Francfort : I
LI) rni Alexandre a reeu aujourd'hui une !
d,"I,"l.:al ion de la Sociéu- russe de la Mer
Pvoire et du D.muhe qui est venue prendre
les présents offerts par le roi au navire
russe Alexandre Jer ('1.C'onsislrml en un pa-
villon, une icône et un portrait du Roi. On
voit dans cet acte un signe précurseur de
meilleures relations entre la Russie et la
Serbie.
La Skouptschina sera convoquée pour le
22 juin à Nisch.
Indes anglaises
Calcutta, 21 mai.
U?e a éclaté aujourd'hui dani
un faubourg. Un médecin, qui recherchai'
le meilleur emplacement pour un hôpita:
d 'isolement, a été poursuivi par la fouie
qui lui a lancé des pierres.
Le docteur a riposté par un coup de feu.
tuant une personne et en blessant deux.
La foule s'est assemblée devant les bu-
reaux sanitaires pOlIr exiger qu'on remit le
docteur entre ses mains.
FAITS DIVERS
SINGULIÈRE HISTOIRE. Un pharmnc:e(
de la rue de l'Abbé-Grégoire s'dait rew..h
d hier soir au theàlre avec quelques amis e;
à élève M. RS garde de son magasin à sot
heurps, celui-ci ferma l'établis-
Jant semant Vers et pour dormir à son aise, en attend
't , dant i!ni le retour de son patron, s'installa coin.
2 bÓut.ique.m09ément un fauteuil, dans rurr^"-
rDe demi- somnolence
e l quand était il en fut sorti soudain par un va.
1 SlïïS éP°u.van"»Me de verres bt de bou.
teilles cassées provenant ,le la cave.
S Ja. pràs-.iice de cambrioleurs,
- M. R, prit son revolver et descendit uréci-
- pitamment dans la cave, où ses recherS
? pour lèrent vaines. °°"SL
s Il remonta à I'arrière-boutique, cherchant
- une explication à ce qui s'était passé d ï
la cave, quand à côté de lui il v t plusieurs
"reTuï le projetés sol. hors des
e - Ce sont certainement des esprits, appro-pensa
l M. II... sans chercher dav«ul4e à «*ppi0
l fondir le mystère.
1 nKt pour faire constater ce fait anormal il
- a1^ chercher un gardien de la paIX.
Celui-ci se livra à de minutieuses recher-
ches et il finit par découvrir, blotti sur un
Je rayon, mal. sup erbe, hérisson, auteur de toutun
Cette pauvre bêle, dont on n'a pu expli-
. quer la présence dans la pharmacie, à été
j envoyée en fourrière. '
d(îCurie nommé
juies J.iîeT£Vih/v?ïr°? Larme, âge de cinquante ans a ét«
trouve hier à trois heures, pendu dans l'é-('-Lî
; curie de son patron à Maisoiis-Alforl.
poir. motifs de cet acte de déses-
MHSE.RE* Une jeune ouvrière coutu-
i -iî rc, usée de vingt ans, Mllo Marie Sin-
ronet, désespérée de se trouver saliS tra-
vail s est asphyxiée dans la chambre qu'elle
occupait à l'hôtel de Londres, tenu par M.
Julliard, 74, passage Bradv.
La mort de cette jeune tille dont la con-
irréprochalJ/e a fortement ému
f»U,hoi-î les habitants du quai-tier.
PAUVrtE VIEILLE. — Tous les ,
Palais de Justice connaissaient de vue une
bonne et brave femme qui, chaque soir
vers six heure.,;, pénétrait dans lis court-soir,
du Palais de Justice et donnait aux nom-
I)reux chats qui en sont les hôtes une auon.
dante nourriture.
Aussitôt son arrivt'e, tous les chats une
cinquantaine au moins, accouraient ci
s à
empressaient autour d'elle, ronronnant ""j oniiaui a
qui mieux mieux.
Cette pauvre femme a été hier soir vie.
lime de son amitié pour eux. Elle voulut
caresser un des f..tins, celui-ci se jeta Jur
elle et la mordit cruellement. Le chat a été
reconnu enragé: Mm) D..., a dUlie dù se
rendre immédiatement à l'Institut l'asteui
ou on va la soielic r.
Comme conséquence, il a été décidé de
faire abatlre immédiatement tous les chats
du Palais de Justice car il est à craindre
que plusieurs d'entre eux n'aient éir-t' ;'le-
mont mordus et ne se trouvent atteints de
Comme on le voit, on est qurlqurf"j:; mal
recompense du bien que i on l'ail dil' "lC,uoi"- , m
aux animaux.
,M'rUilAftA' — L'assassin du garçon de re-
cette Lamarre, Carrara, qui va'co n ariî
tre lundi prochain deva.il*1» cour dï«55
.•M'i u-ri'ie'0 depuis U«'S jours à la hou-
Depuis ce transfert, Carrara «omble en
proie a des attaques de fi)lie furé-me Il
crie, empote, injurie ses fardions Vi X'
v,.v IUPP sa tcmmc .jui ivi livrX Ï;,'
coupable. Puis il se .Îf'lte /« |nm, t. -, i,.
mpr.et a toutes les peines du monde il le cal-
On s'attend, le jour de l'audience J n'il
se trouvera en présence de sa f'mn eï'des
scènes émouvantes.
M. Josse, le juge d nislrnclion ehar™é de
suivre celte al a.reaélV., ,, IM.MI. R/"™, '»?,?
a quebmes p aidante1 ir-^ ,!.> l..,l0lU0l,x'*i .
ovsL'.-Liiisi Viu'iiiï;- ii •/ trè
remplie de greuouii'les s„',. la.n-'.'.'n'.r"',"?
s
«carrière JI. Et entrant chez vous CL,c
n en sort pas. '
Départements
1 B¡lEST. a — Lee urridr,i!s d" chemin d» fer
- On ad assez lionnes nouvelle-, ,!e-- i,iosl
se.^, en trailemf'lll aux hôpitaux ei\"tls l't .ïe
Yt-r lotis. °* ,ned'Vins ('spr"'rl'nl les ^au-
1-r,*-ft,l
t e-1, î
Maheu, chef do l'exploitation.
LA TRIBUNE
(3)
A TRAVERS L'ÉDUCATION
Cette rubriaue forme un feuilleton volant
dont le sujet change tous les trois jours.
III
Les Ecoles proresslonnelles.
de filles
On ne saurait parler des écoles pro-
fessionnelles de filles sans saluer avec un
respect attendri un nom de femme : ce-
lui de Mme Elisa Lemonnier. Je l'ai
connue; elle a choyé mes premières an-
nées, et c'est avec une réelle émotion que
je lui consacre ici quelques mots de bio-
graphie.
Marie-Juliette-Elisa Grimailh était née
à Sorèze, le 24 mars 1805 ; elle est morte
à Paris, le 5 juin 18^5.
Sa ville natale, grande comme une de
nos places parisiennes, est deux fois pri-
vilégiée, d'abord par son admirable si-
tuation au pied de la Montagne-Noire, un
vrai bijou de pittoresque, et par sa re-
nommée non usurpée de « foyer intel-
lectuel ». Les Bénédictins y fondèrent en
1682, pour lutter contre la célèbre aca-
démie protestante de Puy-Laurens, un
collège qui, pendant de longues années,
réunit une élite d'élèves et de profos-
seurs.
En 1791, ce collège de prêtres passa
tM mains de la famille Ferlus, intime-
ment liée avec la famille Grimailh, et
dès ses premières années, Elisa très
bien douée, vivant dans ce milieu intel-
leduel, prit naturellement le goût de
l'étude. Ce goût ne fit que s'accroître il
mesure que son esprit se développa et,
jeune fille, elle s'intéressa surtout aux
questions sociales. En 1828, M. Lemon-
mer étant venu à Sorèze comme profes-
seur de philosophie, Elisa Grimailh se
sentit attiree vers lui, elle l'épousa, et ils
turent bientôt, chacun avec les nuances
propres à son trenre d 'esprit, des apôtres
fervents et actifs de l'école Saint-Simo-
nienne.
M. Lemonnier abandonna la philoso-
phie pour le Barreau; fut pendant dix
années un des avocats les plus distin-
gués de Bordeaux ; enfin il prit en 1845
Ù. Paris, la direction du Contentieux du
chemin de fer du Nord.
La révolution de 1848 trouva donc lo
vaillant couple en pleine activité, et Mme
Lemonnier sympathisa tout naturelle-
ment avec les souffrances du peuple pa-
risien. Le travail avait complètement j
cessé; la misère régnait dans les fau-
bourgs ; il fallait aider tous ces meurt-
de-faim !
« Mme Lemonnier, aidée de quelques
amies, créa un atelier de couture, se fit
prêter un local, rue du faubourg Saint-
Martin. soumissionna au nom de cet ate-
lier une entreprise pour les hôpitaux et
les prisons, fit les avances, tint les
comptes, distribua, surveilla, lit rentrer
et livrer l'ouvrage, déploya une incroya-
ble activité, et elle eut le bonheur de
fournir, pendant deux mois, du travail
à plus de deux cents femmes. »
Cette expérience, en révélant à Mme
Lemonnier ce que peut l'initiative privée
lui fit connaître aussi l'ignorance des
femmes du peuple, et leur maladresse,
presque leur incapacité en ce qui con-
cerne les ouvrages manuels, la couture
surtout.—Cette ignorance,cette quasi in-
capacité nous la déplorons encore au-
jourd'hui—, et elle résolut de se consa-
crer à l'instruction et à l'éducation des
fllles. Elle créa, en 1850, une Société de
[ protection maternelle se proposant de
fournir yratuitemeni au plus grand izoiii-
bre possible de filles paii?,i,es' 1 éducation
et l'instruction pro{esswnnelles,ct six ans
plus tard, cette Société se constituait sur
de nouvelles bases. Elle avait pour objet :
1° la fondation et f entretien à Paris
d une école professionnelle pour les jeu-
nes filles; 2° la création d'un cours des-
tiné à préparer aux divers emplois de
commerce les jeunes filles adultes qui
veulent suivre cette carrière, et pour les-
quelles aucune institution spéciale n'a
encore été fondée jusquà ce jour.
Le 1er octobre 1802, la Société pour
l' Hn.'.;eignement professionnel des femmes.
ouvrait sa première école dans un local
loué, rue de la Perle, au nom de Mme
Lemonnier; ce jour-là, il y eut quinze
élèves ; deux mois plus tard, il y en
avait cent cinquante.
En 1804 une deuxième école était ins-
tallée rue Rochechouart; puis il y en eut
une troisième, puis une quatrième...
Mme Lemonnier n'était plus; mais son
âme vivait dans son amie et la nôtre,
Mlle Julie Toussaint qui, depuis trente
ans est la main, la tête et le cœur de la
Société pour f enseignement profession-
nel des femmes.
« Trente ans! quarante ans d'efforts
pour mettre sur pieds à peine une demi-
douzaine d'écoles n'est-ce pas fait pour
décourager les meilleures volontés 1 di-
sent les paresseux. Mais cette demi-dou-
zaine d'écoles s'est multipliée par deux,
par cinq, par dix ; l'impulsion donnée
est loin de s'arrêter. La Ville de Paris a
pris modèle sur les écoles Lemonnier;
elle s'est même substituée à la Société,
pour l'entretien de quelques écoles exis-
tantes; l'Etat a fait comme la Ville de
Paris, et la plupart des centres impor-
tants possèdent aujourd'hui leurs écoles
professionnelles.
Quelle récompense, pour les initia-
trices! Quel réconfort pour celles qui
voudraient les imiter! Mais qu'est-ce à
proprement parler qu'une école profes-
sionnelle? Qu'est-ce qui la différencie
d'une école primaire supérieure? l'une et
l'autre ne font-elles pas double emploi?
Quelle sorte d'école devons-nous multi-
plier?
Une école professionnelle est un éta-
blissement dans lequel les jeunes filles,
munies de leur certificat d'études pri-
maires, continuent leur instruction géné-
rale, et suivent des cours spéciaux en vue
d'un gagne-pain nettement déterminé ;
les cours spéciaux remplacent l'appren-
tissage en atelier ; l'élève sort ouvrière
(presque toujours ouvrière d'art) de l'é-
cole professionnelle ; même — et ceci
est inappréciable — quelques écoles four-
nissent elles-mêmes du travail h leurs
élèves parvenues il la fin de leurs études.
Je précise : indépendamment du pro-
gramme général qui permet de se pré-
senter aux examons primaires, l'élève se
spécialise soit pour le commerce, soit
pour la confection, soit pour la gravure
sur bois ; soit pour la broderie d'ameu-
blement, etc., etc. Cette double combinai-
son intellectuelle et professionnelte
réhabilite le travail manuel ; on n'est
lus nécessairement illettrée parce que
F ton est ouvrière ; le fossé qui séparait la
profession libérale du métier est aujour-
d'hui comblé. ?
Voulez-vous connaître quelques résul-
tats de cette double combinaison ? (je
cite un rapport de 1893 ; il s'agit des
écoles Lemonnier).
« Une ancienne élève dirige aujour-
d'hui l'atelier de couture de la rue des
Boulets ;
« Deux habiles brodeuses travaillent
chez elles ; sept en atelier ; deux ancien-
nes élèves du cours de commerce ont
fondé à Clermont-Ferrand et à la Bour-
boule, des maisons prospères.
« Mlle C. est professeur de dessin au
collège de jeunes filles de Béziers.
« Mite L. à l'école normale oL au Ivcée
de jeunes HUes de Guéret.
« Mme H. de M. au lycée Racine à
Paris.
I Une vingtaine d'anciennes élèves sont
professeurs de dessin dans les écoles de
la Ville de Paris.
D'autres sont peintres sur vitraux,
émaux, etc., etc.
L'école primaire supérieure ne vise
aucun métier spécial; elle donne une
éducation générale intellectuelle et une
éducation générale des doigts qui ren-
dent aptes à choisir une profession ou un
métier; elles élèvent plutôt les jeunes
filles pour le home, les familiarisant avec
toutes les occupations propres à dévelop-
per l'aisance du ménage et à la conser-
ver.
Ces deux sortes d'écoles ne peuvent
donc se remplacer l'une par l'autre; quant
à leur valeur propre elle ne saurait da-
vantage se comparer, car elle défend de
la situation des familles; elle dépend
aussi du lieu qu'habitent les parents de
l'élève.
L'école primaire supérieure nous pa-
raît plutôt indiquée pour les enfants de
position modeste, mais stable, habitant
la campagne ou bien pour ceux des cen-
tres sans industrie et par conséquent
sans débouchés.
L'école professionnelle a saulacu dans,
les grands centres.
En réalité, clic devrait recevoir la
grande majorité do la jeunesse féminine
et sa population s'areroîtra à n
que se ùÓveluppera la «•«nwienev morale
de la bourgeoisie françaisl" Naguère cn-
pa&l!!1C tllle, la fem,,ie devaient
pas tenailler ; gagner sa vie, consu-r-iit
son amoindrissement ; être indépendante
à, on lui a
concédé était 0,s dans l'enseigne-
,"n ment f H • î presque honorable d'être
institutrice i et même institutrice médio-
lui cre; ont peu peu les Passions libérales
lui ont été entrouver tes, l'art lui a été
permis ; mais le métier la déclasse
| Et e est parce que l'on craint pour elle
le c'est fiOUl' parce.
élevée de ,co,Uro dans des
sentiments est de Craint0
quel™ reste esclave.mépris
Et C'est ainui nd risse men et qui est le
PAULINE KERGOMARD.
l'lit
Lire demain à la Tribune de la
« Fronde » :
LE FÉMINISME AUX ÉTATS-UNIS
DE L'AMÉRIQUE DU NORD
1 ' Mme Kætlae Schirmacher
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.94%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.94%.
- Auteurs similaires Bibliographie de la presse Bibliographie de la presse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPNOUV"Fonds régional : Alsace Fonds régional : Alsace /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Alsace1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k67032846/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k67032846/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k67032846/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k67032846/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k67032846
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k67032846
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k67032846/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest