Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-05-22
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 mai 1898 22 mai 1898
Description : 1898/05/22 (A2,N165). 1898/05/22 (A2,N165).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67032846
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
DEUXIEME ANNEE. — N* IfII
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LE NUMERO : CINQ oen"-"
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LA FROIDE, Journal quotidien,
politique, littéraire, est dirigé,
administré, rédigé, composé par
des réunîtes.
Carnet de la Semaine
Dimanche 22. - Fête de naissance de la reine
Victoria. — 1" jour de 1 an chez les Mahomé-
tans.
Mardi 24. — Messe anniversaire de l'abbé De-
puerry, fusillé par la Commune. - Fête du
couronnement du tzar.
Mercredi i5. - Représentation des Escholiers.
Jeudi 26. — Ascension chez les Russes. -
Veille de Schabouath, Pentecôte chez les Israé-
lites.
Vendredi f7. — Pentecôte israélite. — A I ,,nU-
dénn. matinée donnée par rAMMiJondJ jour-
nalistes républicains et des journalistes pari-
siens.
Samedi i8. - Deuxième jonr dc la PenlecôtcSociaé
israélite. - Fermeture du salon de la SocieU,
les Artistes français.
Aujourd'hui
Dimanche 22 mal
Fête de naissance de la reine Victoria.
1" jour de l'an chez les Mahométans.
A la Salle Serpente, à 10 n. causerie en Espa-
gnol. — Industrie et commerce en France et en
Angleterre. - Ecoles commerciales. Ollres et
demandes d'emplois. — Sociétés d 'employés. —
Vie de l'employé.
A l'Ecole Vauquclin, de 9 à 10 h. Cour de Sté-
nographie,
A la Bourse du Travail, rue du Château-d'Eau,
Salle des Conférences, sous la présidence de
M. Léopold Lacour, à 2 h. 1)2 grande conférence
organisée par le Syndicat des ouvrières fleu-
risles, ptutnassi<-rcs. feuillagistes et branches
similaires. Mlle Bonncvial, parlera sur la soli-
darité ouvrière.
Au Palais du Trocadéro, 1l 1 h. 112 très préci-
ses. Concert et distribution solennelle des ré-
compenses de l'assistance paternelle aux en-
fants employés dans les industries des fleurs et
des plumes (patronage industriel) reconnue
d'utilité publique.
A saint-Georges et A la Chapelle des Sœurs de
la Croix de Saint-André, adoration perpétuelle
du Très Saint-Sacrement. — A Sceaux;, à 9 h.,
à Prennes, à 10 h. Ii4. à Bourg-la-Reine, à 11 h. 114
il Chel'illy, à 2 h., h L'llaye, à 2 h. 311 et à Ar-
cuvil, à 3 h. 112, conlirmations.
J,sites aux Musées du Loutre, du Luxembourg.
de 9 il 5 h. Cluny, de 11 à 5 h. Guimet et Galliera,
de midi à 5 h. Jlôiel-de-Ville de 2 à 3 h. Palais de
justice de 11 à 4 h. Monnaie de midi à 3 h. Trésor
Sotre-Dame, de 10 à 4 h. Invalides, tombeau de
Napoléon de midi à 3 h. Jardin des l'tantes, la
ménagerie, de 11 h. à 5 h., galerie d histoire na-
lurelle, de 11 à 3 h. Aquarium du Trocadéro, de
D h. à 11 h. et de 1 à 4 heures.
Sèvres : Musée, galerie et ateliers, de midi à
) h. l'alais de Fontainebleau : de 11 à 4 h. Ver-
billes : le Palais et les Trianons, de 11 a 5 h.
ÉPHÉMÉRIDES
22 mai 1382.
Mort de Jeanne de Naples
La dévotion exagérée de la princesse Jeanne,
reine de Naples ne l'empèchait pas d avoir des
mœurs cruelles et même un peu plus; ayant
épousé André, frère du roi de Hongrie, elle le
laissa assassiner par le prince de Tarente qui
l'étrangla dans son antichambre; on jeta le ca-
davre par la croisée et on le laissa trois jours
sans sépulture. Au bout d'une année la reine
épousa l'assassin de son premier mari. Veuve
trois fois, elle se remaria trois fois, mais n eut
pas d'enfants et adopta un prince qui, trouvant
qu elle vivait trop longtemps, la fll étouffer en-
tre deux matelas.
Voltaire plus touché par ses malheurs que par
ses crimes essaie d'excuser l'assassinat du pre-
mier mari parce que la reine n'avait que dix-
huit ans et il ajoute : qu'elle était la plus célé-
bre femme de son temps par sa beauté, son es-
prit, ses talents et son goût pour les arts.
Ce sont là de précieuses qualités mais ce
n'est pas une raison pour faire étrangler son
nuoi nue Voltaire en pense.
M.-L.-N.
Lire a\ la tribune do c LA
FRONDE » :
« A travers l'Education »,
par Pauline Kergomard.
Les deux Temples
Uranie
I
Calliclès s'éveilla, au creux du sable,
sur sa couche d'algues amères. La tem-
pête et la nuit, sœurs ténébreuses, s'éva-
nouissaient à l'occident, et sur la mer
pacifiée le ciel pâlissait peu à peu comme
une perle immense.
ÏJne écumeuse Scylla, tournoyante
entre les récifs, avait dévoré le vaisseau
de Calliclès avec les matelots et le pilote.
Accroché aux débris du mât, le jeune
homme avait senti une main divine diri-
ger l'épave vers la grève inconnue où,
tout meurtri des embrassements de
l'onde, il s'était endormi d'un sommeil
semblable à la mort.
L'aube aux pieds roses toucha la mer.
Ses doigts roses ouvrirent les portes
éthérées au quadrige du Soleil salué par
les coqs stridents et l'alouette. La tunique
de Calliclès étalée sur le sable, était pres-
que sèche. Il la revêtit après avoir lavé
les souillures du naufrage. Bientôt une
délicieuse nuance azurée se maria à la
pourpre du matin; la mer Ionienne s'as-
sombrit jusqu'à l'éclat profond du sa-
phir. Dans l'échevèlement des nuages,
Calliclès vit onduler des tresses d'or et
tremblant, il reconnut la chevelure d'A-
phrodite. N'était-ce pas la déesse elle-
tnême, fille de la mer, qui l'avait conduit
au golfe du salut et qui, pour le rassurer
lui laissait voir, sous un voile de rayons,
sa jeune tête étincelante ? Une haleine de
violette errait dans la brise salée. Calli-
clès, plein de joie, recueillit ce présage
én son cœur.
La courbe de la plage s'achevait en un
double promontoire, pareil au front d'un
taureau. Calliclès distingua sur ces hau-
teurs deux édifices qui semblaient do-
miner une invisible cité. Un sentier attira
ses pas. Quittant la grève où croissaient
seuls les chardons bleuâtres et les im-
mortelles d'or, il découvrit une cam-
pagne cultivée, des troupeaux, un bois
d'oliviers et de chênes. Il entra dans
l'ombre de ces arbres. Des touffes de
narcisses, ça et là, étoilaient les mousses
spongieuses; une source jaillissait a
fleur de terre, entre les aches et les vio-
lettes et une terreur sacrée planait sur ce
lieu. Le naufragé but l'eau pure dans le
creux de sa main, et répandant des gout-
telettes en libation, à haute voix, il re-
mercia la nymphe. Presque aussitôt, il
se fit un mouvement dans le feuillage et
Calliclès aperçut une jeune fille vêtue
d'une robe blanche. Une bandelette pres-
sait ses cheveux blonds et elle portait
une corbeille à demi-pleine de violettes
pâles comme ses yeux. Le jeune homme
se nomma, raconta son aventure et pria
la vierge de le conduire dans la maison
i de ses parents.
— Mon père est le riche Parrhasius,
célèbre dans la ville d'Athènes. Il saura
reconnaître l'hospitalité.
Sans paraltre troublée, la jeune fille
répondit:
— Etranger, je me nomme Méloé.
Ainsi m'appela ma mère quand je naquis
avec ma sœur jumelle qui reçut le nom
de Méléis, presque semblable au mien
comme étaient semblables nos traits.
Mais je ne dois plus connaître ni ma
sœur, ni ma mère vénérable et nul n'est
admis sans de longues initiations dans le
lieu que j'habite, lieu redoutable,interdit
au plus grand nombre des humains.
En parlant ainsi, elle avait posé sa
corbeille sur sa hanche et se dirigeait
vers l'orée du bois. Calliclès la suivit.
— Quel malheur t'accable, dit-il,vierge
pareille à une divinité?
— Aucun malheur, dit Méloé d 'un air
paisible. Je suis la prêtresse d'Aphrodite
Uranie et je reçois de grands honneurs.
L'Athénien s'écria:
- C'est donc ta déesse qui m'envoie en
suppliant, et bien que ta grave beauté, ta
modestie, ta chaste parure rappellent
plutôt les prêtresses d'Artémis...
— Etranger, tu te méprends et je vois
que tu ignores les traditions de notre île.
— Alors, dit-il, instruis-moi.
Ils marchaient sur un chemin solitaire,
qui s'élevant par une gradation insensi-
ble découvrait à leurs yeux l'arène blonde
des sables, la coupe bleue de la mer, de
hautes falaises rougeâtres et, reculés à
l'infini par la vapeur matinale, les édifi-
ces d'une cité.
— Athénien, dit Méloé, ne sais-tu pas
qu'il est deux Aphrodites? L'une, fille du
ciel et de la mer, naquit du sang d'Uranus
mêlé à l'écume. Zeus engendra l'autre au
flancde Dionée. Eternellement irréconci-
liables, toutes deux ont des temples et
des autels, mais l'Aphrodite Céleste
exige de chastes hommages et préside à
l'union des cœurs purs. L'amour de la
beauté, l'amour de la sagesse et de la
vertu lui appartiennent, et elle abandonne
à sa rivale l'empire des sens et des gros-
siers plaisirs. Ennemies, elles sont pour-
tant liées comme l'âme est liée au corp3.
Leurs sanctuaires s'élèvent face à face et
beaucoup d'hommes, à mi-chemin, hési-
tent, se ravisent et portent leur offrande
à la déesse qu'ils voulaient ignorer. Mais
il faut choisir, car celui qui entre dans le
temple de Dionée renonce aux initiations
sublimes que je promets. De même, qui-
conque a entrevu l'idéal amour, doit
s'affranchir à jamais des voluptés vul-
gaires.
« Regarde. Ce triangle de marbre blanc
qui s'élève dans l'azur, posé sur douze
colonnes et pareil par ses proportions
harmonieuses au front divin d Athé-
né,c'est le faîte du temple d'Uranie. Ma
voix seule élève vers son autel des hym-
nes plus mystérieux et plus anciens que
les chants orphiques,et j'ouvre aux seuls
héros et aux sages les portes d'ivoire et
d'argent. Regarde maintenant, surl 'autre
corne du promontoire le temple d'Aphro-
dite terrestre, taillé dans un marbre cou-
leur de chair où semble couler le sang
d'Adonis par mille veines vermeilles. Il
rayonne comme une immense rose aux
rayons du soleil couchant qui embrase
ses portes d'or. LiL, nuit et jour, à travers
les murs, on entend le son des lyres et
la plainte des flûtes lascives, triste comme
la volupté. Entie qui veut : ma sœur l'ac-
cueille avec un baiser, ma sœur Méléis,
semblable à moi, mais non plus vierge.
— Jeune fille, dit Calliclès saisi d'un
pieux respect, Aphrodite Uranie m'est
apparue dans la pourpre de l'aube. Elle
m'a conduit vers toi, sur la retentissante
mer. J'entrerai donc dans la ville et m'é-
tant adressé aux magistrats, j'enverrai
un navire au Pirée vers le bon Parrha-
sius, mon père. Ce vieillard ne me refu-
sera pas une grande somme d'argent et
je prierai un sophiste de m 'instruire.
Alors, peut-être me recevras-tu dans le
sanctuaire, après de longues initiations.
— Je ne sais, Calliclès, répondit la
prêtresse en souriant. L'entreprise est
plus ardue que tu ne penses et le temple
d'Aphrodite Pandémie est bien près de
celui aue ie sers.
II
Calliclès, fils de Parrhasius, s'étant
établi dans la ville rechercha les leçons
du sophiste Echécrate qui prit l'engage-
ment de lui enseigner, en moins d une
année, la rhétorique, l'éloquence et la
vertu.
Souvent, à l'heure exquise de _ la rosée,
Calliclès dirigeait ses pas vers le promon-
! toire où les feux du couchant rougis-
saient le temple de la volupté. La lune,
à peine argentée, se levait sur le Pâle
sanctuaire d'Uranie. Rarement s ou-
vraient les portes d'ivoire, pour quelque
sage courbé par les ans, pour quelque
adolescent au front trop vaste, aux yeux
trop graves et qui semblait touche par la
mort. Des théories de jeunes gens et de
courtisanes apportaient sans cesse. dans
l'autre temple, les étoffes précieuses, les
aromates d'Asie, les colombes au cou
gonflé de soupirs. Une odeur de fleurs et
de festins, mêlée à la musique des lyres,
parvenait jusqu'à Calliclès et il demeurait
parfois tout frémissant, débout entre les
deux portiques. Puis, se rappelant Méloé,
sa beauté, sa pudeur, ses yeux de vio-
lette, il redescendait lentement.
Après une année d'épreuves, il fut ad-
mis aux premiers degrés de l'initiation
et bientôt il put entrer dans le temple.
Un soir, la prêtresse vint l'accueillir
sur le seuil. Une religieuse horreur em-
plissait l'âme de Calliclèschaque fois qu il
pénétrait dans le sanctuaire. La beauté
de ce lieu n'empruntait rien aux orne-
ments et aux richesses que les hommes
entassent près des autels célèbres afin
d'honorer les dieux. Cette beauté, indif-
férente au vulgaire, était réalisée par la
proportion des lignes dans une harmo-
nie de blancheur. La statue d'Uranie
elle-même, nue et debout, semblait mou-
lée sur ce type idéal qui décourage le
désir en ne gardant de la femme que le
contour essentiel.
Quand ils sortirent,l'arc de la lune s a-
baissait sur la mer. On entendait au pied
du cap, dans la plus proche maison, un
chœur alterné de jeunes filles et d 'ado-
lescents chantant Hymenée. L'esprit las,
le cœur endolori, Calliclès crut s'éveiller
d'un long rêve. Les leçons du sophiste,
les jeux du verbe et de la pensée, les
mystères mêmes de l'initiation s'éva-
nouissaient en fumée dans le vide so-
nore de son cerveau. Soudain, ses doigts
touchèrent l'épaule de la jeune fille et la
flèche sacrée d'Erôs le frappa au cœur.
— De quel songe suis-je sorti? s 'écria-
t-il. J'embrassais le néant et je m'éton-
nais qu'il fût infécond. Je voulais perce-
voir les Causes et les Essences, contem-
pler le fixe soleil de l'absolu. La simple
nature me semblait méprisable et je
prenais en pitié les amants enlacés. Je
rêvais un amour interdit à l humaine
faiblesse. Je me croyais un sage, presque
un dieu,.. Je n'étais rien qu'un exclu de
la vie, qu'un cadavre ratiocinant.
« 0 Méloé, Méloé, tu es belle, mais tu
es belle comme le fruit rougissant sur la
plus haute branche et que nul ne songe
à cueillir. Tu es belle comme le narcisse
des bois : seuls, les yeux bleus des
sources le contemplent et les Hama-
dryades prisonnières, seules,connaissent
son parfum. Heureuse la douce pomme
où les dents d'une jeune fille ont marqué
leur ciselure. Heureuse l'hyacinthe qui
se fane sur la porte de la fiancée, dans le
myrte des guirlandes d'hymen.
« Vierge, loin des symboles et des chi-
mères, loin de ta pâle déesse au flanc
stérile, au sein glacé, viens! Vivons en-
semble la vie. Le Satyre n'est pas toute
la volupté, Uranie n'est pas tout l 'amour.
Réconcilie en toi les deux Aphrodites. Je
t'aime. Viens 1 »
A genoux, il suppliait, enlaçant les
jambes virginales de la prêtresse. Elle se
raidit, se dégagea, et frappa Calliclès au
visage. ^
— Arrière, bouc 1 arrière ! Que la Terre
~ s'ouvre et dévore celui qui toucha ma
robe d'un geste lascif. Tu t'es trompé de
chemin. Va chercher les courtisanes au
mur Céramique.
Il gémissait :
— Ne me repousse pas.
Mais elle lui échappa, gravit les degrés
du temple, et blanche, indignée, elle dis-
parut entre les portes d'ivoire qui pâlis-
saient sous la lune comme les portes d'un
tombeau.
MARCELLE TINAYRE.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Notre consul à Barcelone
Celui-là, comme on dit vulgairement,
je le retiens 1
Un Français, Octave John, un garçon
d'idées avancées, mais d honorabilité par-
faite, vingt fois condamné pour politique
— depuis quand est-ce un crime? —
jamais suspecté même d'un acte contraire
à la délicatesse ou fi la probité, se trouve
de passage à Barcelone.
Dans le garni où il loge, n'étant pas
riche, une rafle nocturne est faite par la
police, tout étranger étant réputé « espion.
américain ».
John est pris dans le tas, emmené à la
Préfecture, reconnu, arrêté. C'est un
« malfaiteur! »
Mais ce « malfaiteur » n'a rien fait : il
quel titre le retenir? Quel motif allé-
guer? Quel prétexte forger ?
De ceci, on n'est pas longtemps en peine.
Les juges ont de F ingéniosité au pays de
la Très-Sainte Inquisition. John a ouvert
peu vêtu, ou quelque chose d'approchant,
aux alguazils : pour outrage à la
morale, on le condamne à cinq cents
pesetas d'amende.
Cinq cents pesetas ! Il n'en a pas le
premier sou. Il faut qu'on se paie sur la
bête, qu'il s'acquitte en nature : soit
quinze jours de prison.
Il les subit; Dieu sait dans quelles con-
ditions répugnantes et barbares.
La levee d'écrou a lieu enfin. Lui, d'au-
tres malheureux, après formalités pren-
nent le chemin de la porte...
Mais à cette porte des agents sont
apostés qui, sans mandat d'aucune sorte,
remettent le grappin sur les libérés.
On les fait remonter : Carreras, un des
six bourreaux de Montjuich, agent de la
brigade spéciale du fameux Portos, les
photographie de face, de trois quarts, de
profil; s'amuse de leur impatience comme
le chat de la souris; les fait languir...
pour, finalement, leur apprendre que
Son Excellence le Gouverneur civil de la
province. a, de son autorité privée, doublé
leur peine, ajouté un supplément de
quinze jours à la prime libéralité des
^ fyous vous indignez? Moi pas. Je ne
.. m'étonne même plus.Etant donnée latti-
tude de la plupart de nos représentants,
ce qui me surprendrait ce serait qu un
Français fût respecté à l' étranger. Citoyen
anglais, citoyen américain, on y regarde.
Mais Français 1...
A preuve Vaventure de John.
Encore naïf (il est très jeune) contre le
monstrueux abus, / infdme déni de justice
dont il est victime, il en appelle a notre
comul..
Et voici le dialogue édifiant qui s , en-
gage :
— Vous êtes anarchiste?
— Oui, Monsieur.
— En ce cas, je ne ferai rien pour
vous. Je ne m'occupe que des gens respec-
tables et non pas des reptiles.
Or, les libertaires, quoi qu'ils pensent,
payant leurs contributions comme les
autres (donc participant aux appointe-
ments du commis de l& France à Barce-
lone) ont droit, comme les autres, à fin-
tervention d'agents qu'ils rétribuent.
Voilà assez longtemps que ledit consul
laisse pourrir des mois, sans jugement, lie
nos nationaux dans les cachots espagnols.
La complaisance a des bornes... la pa-
tipnrp aussi.
Qu'il remplisse son devoir, qu'il gagne
son salaire - ou qu'on le casse aux gages.
Il n'a pas à faire de la politique, mais du
droit des gens.
*°* Dont avis.
SÉVERINE.
Une Victoire du
Concert européen
Le prince Philippe de Cobourg abuse
vraiment, du droit qu'ont, paraît-il, les
princes d'abuser de toute chose, et par-
ticulièrement, de l'immoralité et de la
violence.
L'Europe est depuis longtemps ins-
truite des tiraillements de son ménage :
les écarts conjugaux de la princesse sont
notoires; et sur le prince ont couru des
histoires qui ne font honneur ni a
l'homme ni il l'époux.
Or, voilà que ces aventures de hautte
graisse, qui n'intéressaient jusqu ici que
la chronique scandaleuse, méritent d 'ar-
rêter l'attention, par la solution dont
s'est avisé le prince de Cabourg. pour y
mettre un terme.
Non que la lâcheté de la vengeance
princière soit en elle-même une chose
bien remarquable; mais l'appui qu'a
trouvé le prince auprès des gouverne-
ments pour lui faciliter l exécution de
ses chevaleresques desseins dénote chez
ces gouvernements une singulière façon
d'entendre le Droit des gens.
Depuis des années, le prince paraissait
s'accommoder, complaisamment,des ten-
dresses extra-conjugales de son épouse,
quand, l'an passé, on .le vit aller sur le
terrain avec le dernier bénéficiaire des
caprices de la princesse.
L'on trouva généralement qu'il fit
mieux que de se venger à la Turque, en-
core qu'on ne comprît pas ce qui valait à
ce plus heureux des trois un honneurque
tant d'autres avaient mérité avant lui
sans l'obtenir.
Mais le prince ne s en tint pas la ; et
poursuivant sans relâche, depuis cette
époque, la princesse et son complice, il
vient de faire enfermer l'une dans une
maison de fous, et jeter l autre au fond
d'un cachot, d'où il ne sortira vraisem-
blablement qu'en mauvais état.
Le prince imagine de ravauder son
honneur conjugal en faisant attribuer à
une maladie mentalele peu de goût de
la princesse pour la fidélité à sa per-
sonne, et pour les coups de cravaches
dont il la gratifiait. Le soin qu'il prend en
même temps de persécuter son rival est
bien fait pour donner le change sur cette
prétendue folie qui n'avait pas déjà,
l'ombre de vraisemblance.
Admirez, du reste, la sollicitude avec
laquelle on s'inquiè.te de la princesse : on
lui offre le choix entre la séquestration'
ou l'expulsion de tous les pays où les Co-
bourg disposent de quelque influence ;
et les commentateurs ajoutent : c'est-à-
dire de toute l'Europe.
Voilà qui fait honneur à l'Europe.
Cette coalition des gouvernementscon-
tre une femme, pour protéger un mari
en peine de ses écus, rachètera bien des
fautes de la diplomatie. Car il ne faut pas
s'y tromper, l'honneur des Cobourg —
Courteline dirait des Brossarbourg -
n'est en péril que du côté de la caisse. Et
la tardive émotion du prince ne s'est
manifestée qu'au jour Oi1 la princesse
menaçait d'ébranler les finances de la
maison..
Nous serions curieuses de savoir si la
France fait partie de ces pays, d'où un
Cobourg peut faire expulser une femme,
qui cherche un abri contre les violences
de son mari.
M. Hanotaux, fonctionnaire honoraire
du sérail serait-il aussi mamelouk des
maisons borgnes de la cour d 'Autriche ?
BRADAMANTE.
POURQUOI?
Sur le lit de M. Gladstone, sur son
cercueil,sur son tombeau, pas une fleur.
Ainsi l'a voulu l'illustre mort. Mais pour-
quoi? On ne nous dit pas la raison de cet
ostracisme. Il nous étonne venant d une
âme aussi grandement poétique que celle
du grand orateur.
Le langage des fleurs n'est pas un vain
mot : il n'est pas de sentiments qu'elles
ne puissent exprimer. Des plus joyeux
et des plus doux, aux plus douloureux et
aux plus austères.
Pour une âme croyante il n " est pas de
plus frappant symbole de 1 éternelle ré-
surrection.
PUG.
LE TSAR ET LE CORSET
A première lecture on pourrait croire
que c'est là le titre d'un couplet oublié
maintenant de celui que les Parisiens ont
acclamé sous le nom de compositeur to-
qué (Hervé). Il n'en est rien. A la seconde
lecture on pourrait croire, qu'il s'agit, de
quelque ancien ukase de Pierre le Grand
découvert tout récemment par cette ad-
mirable Société pour l'étude de l'histoire
russe. Il n'en est rien non plus.
Il s'agit bien d'un ukase, mais il n'a
nullement été besoin de la Société pour
l'étude de l'histoire russe afin de le dé-
couvrir, il n'a aussi rien eu à faire avec
le compositeur toqué, puisqu'il a été si-
gné : Nicolas II, et contre-signé : Bagolo-
pow, ministre de l'instruction publique.
Il prouve, cet ukase, que l'empereur
Nicolas, s'intéresse à tout ce qui a rap-
port à ses sujets etàses sujettes,et dame,
il prouve aussi que les Russes peuvent
se permettre quelques excentricités de
toilette, qui seraient peut-être plus diffi-
ciles à tolérer, dans d'autres pays.
Mais, me direz-vous, que contient-il,
cet ukase?
Tout simplement la défense absolue et
immédiate, faite à toutes les élèves des
écoles des gouvernements de Moscou et
de Saint-Pétersbourg, de porter à l'ave-
nir des corsets. Cette défense est éten-
due à toutes les filles des fonctionnaires
de l'Etat, ainsi qu'aux élèves de l'Acadé-
mie de musique, peinture, et autres
La Russie est toujours restée la vieille
Russie.lasainte Russie de l'ancien temps;
le ministre de l'instruction publique qui
doit l'être aussi des beaux-arts, (espé-
rons-le, Seigneur), se mêle de réglemen-
ter la question des chapeaux.
Il y à là tout un chapitre consacré à
cet article de toilette. On s'occupe des
chapeaux en fourrure et en soie, — de
chapeaux,qui ne sont plus des chapeaux,
mais des coiffures nationales,qu'on tient
à faire adopter avec autant d'énergie,
qu'on tient à abolir le corset.
Et la raison ? Personne ne la connaît.
C'est tout de même un pays bien diffé-
rent du nôtre.
i Voyez-vous M. Rambaud défendant le
I corset aux Parisiennes, ct. M. Félix Faure
contre-signant un décret de ce genre ?
N.
Le Travail des Femmes
Devant le scrutin
Aujourd'hui, a lieu le dernier épisode
de la bataille électorale. Selon que déci-
dera le scrutin de ce soir, la nouvelle
Chambre sera avec ou contre les travail-
leuses, avec ou contre les travailleurs.
Car les travailleuses, comme les tra-
vailleurs, ont un intérêt direct à ce que
soit élu celui-ci plutôt que celui-là, par
conséquent à inciter mari, père, frère, à
voter pour M. X..., plutôt que pour
M. Y... Nous n'en douterons pas si nous
nous reportons aux actes de la dernière
législature où, seuls. sont intervenus, en
faveur des travailleuses, nos élus socia-
listes. Nous en douterons moins encore
si nous consultons, à cet égard, les pro-
grammes électoraux des candidats ou des
déjà nommés à la Chambre prochaine.
Les monarchistes, en effet, gardent sur
la question, un silence prudent, un si-
lence de tradition. Les ralliés, sceptiques,
— leur adhésion à un masque, celui de la
République, en témoigne — ne peuvent
davantage se prononcer. Les opportu-
nistes se disent : « 11 faudrait voir.,. »
mais, de par leur appellation même, ils
sont condamnés à trouver tous les mo-
ments... inopportuns. Seuls, les radi-
caux, les radicaux-socialistes et les so-
cialistes ont introduit, dans leur pro-1
gramme, plus ou moins des revendica-
tions féminines.
C'est le Dr Chassaing qui a inscrit, au
premier plan, l'égalité civile et politique
de la femme et la réduction de la journée
de travail à 8 heures.
C'est Millerand qui réclame une plus
~ grande extension des droits de la femme.
C'est Paschal Grousset, Lavy, Sembat,
Toussaint, Gabriel Deville, Bonnard, Ba-
ron, Faberot. Chauvière Groussier, etc.
etc.. qui adhèrent à l appel féministe
électoral de la Fronde.
C'est enfin le Parti Ouvrier Français
dont pas un candidat n'a reçu 1 "investi-
ture s'il n'a auparavant, donné son adhé-
sion au programme suivant, le plus com-
plet au point de vue qui nous occupe :
Partie politique
1° Abolition de toutes les lois sur la
presse, les réunions et les associations et
surtout de la loi contre l'Association in-
ternationale des travailleurs. Suppres
sion du livret, cette mise en carle de la
classe ouvrière, et de tous les articles dit
Code établissant f infériorité de f ouvrier
vis-à-vis du patron et (infériorité de la
femme vis-à-vis de l'homme \
2° Suppression du budget des cultes
et retour à la nation « des biens dits de
main-morte, meubles et immeubles, ap-
partenant aux corporations religieuses, 1)
y compris toutes les annexes industriel-
les et commerciales de ces corporations ;
3° Suppression de la dette publique;
4° Abolition des armées permanentes
et armement général du peuple ;
5° La commune maîtresse de son ad-
ministration et de sa police.
Partie économique
1. Repos d'un jour par semaine ou in-
terdiction légale pour les employeurs de
faire travaillerpîus de six jours sur sept.
Réduction légale de la journée de travail
à huit heures pour les adultes. Interdic-
tion du travail des enfants dans les ate-
liers privés au-dessous de quatorze ans \
et, de quatorze à dix-huit ans, réduction
de la journée de travail à six heures ;
S. fifarveilttifte protegtrîe»tis par les corporations ouvrières.
3° Minimum légal de salaire déterminé
chaque année, d'après le prix local des
denrées, par une commission de statisti-
que ouvrière.
4° Interdiction légale aux patrons d'em-
ployer des ouvriers étrangers à un sa-
laire inférieur à celui des ouvriers fran-
çais.
5. Egalité de salaire, à travail égal,
pour les travailleurs des deux sexes.
6. Instruction scientifique et profes-
sionnelle de tous les enfants, mis pour
leur entretien à la charge de la société,
représentée par l'Etat et par la com-
mune.
7. Mise à la charge de la société des
vieillards et des invalides du travail des
deux sexes.
8. Suppression de toute immixtion des
employeurs, dans l'administration des
caisses ouvrières de secours mutuels, de
prévoyance, etc., restituées à la gestion
exclusive des ouvriers et ouvrières.
9. Responsabilité des patrons en ma-
tière d accidents, garantie par un caution-
nement versé par Vemployeur dans les
caisses ouvrières et proportionné au nom-
bre des ouvrières et ouvriers employés et
aux dangers que présente l'industrie.
10. Intervention des ouvrières et ou-
vriers dans les règlements spéciaux des
divers ateliers; suppression du droit
usurpé par les patrons de frapper d'une
pénalité quelconque leurs ouvrières et
ouvriers sous forme d'amendes ou de re-
tenues sur les salaires.
il Annulationde tous les contrats ayant
aliéné la propriété publique (banques,
chemins de fer, mines, etc.) et l'exploi-
tation de tous les ateliers de l'Etat confiée
aux ouvrières et ouvriers qui y travail-
lent.
12. Abolition de tous les impôts indi-
rects et transformation de tous les im-
pôts les directs en un impôt progressif sur
es revenus dépassant 3000 francs.—Sup-
pression de l'héritage en ligne collatérale
et de tout héritage en ligne directe dé-
passant 20,000 francs.
Ce programme signé et défendu, avant
le premier scrutin par 106 candidats, réu-
nit le dimanche 8 mai, 371,217 voix dans
105 circonscriptions. Furent élus et, par
suite, reprendront à la Chambre pro-
chaine, la défense des intérêts féminins,
Jourde, (Bordeaux) Palix, (Villefranche)
Théron (Carcassonne) Palix, (Hérautn
Dufour, (Issoudun) Boycr, (Marseille,
auxquels viendront s'adjoindre, après le
scrutin de ce jour, Sauvanet, René Chau-
vin, Carnaud, Bernard-Cadenat, Dr Ma-
rius Devèze, Pastre, Rouquette, A. Zé-
vaès, Dr Ferroul, Benezech, H. Ghcs-
quière, colonel Sc ver, Salles, nassel,
Krauss, Fcrrero, Alavaille, sans parler
de quelques autres dont le succès, au bal-
lottage, n'est pas moins assuré.
Et ces programmes ne sont pas mis
dans la poche. Ils s'exhibent sur les
murs, s'étalent dans la petite comme
dans la grande presse, se retrouvent
dans des brochures répandues à des
milliers d'exemplaires, sont discutés,
commentés dans les réunions. Les tra-
vailleuses n'ont donc qu'à ouvrir les
yeux, a tendre les oreilles pour savoir de
quel côté sont leurs défenseurs.
C'est ce que vous ne manquerez pas
de faire aujourd'hui, vous disant que la
prochaine législature peut mener à
bonne fin nombre des lois qui voua
concernent, mais à la condition seule-
ment que toutes et tous fassent leur de-
voir en face de l'urne électorale.
Si vous n'y pouvez encore déposer vo-
tre bulletin, vous, travailleuses, vous
pouvez et vous devez guider les mains
qui vous sont chères. En réclamant pour
vous, vous réclamez pour ia famille en.
tière. 1
ALINE VALETTE.
On dit...
DANS LES ÉGLISES
Les obsèques de M. Pierre Rodocanachi
ont été célébrées, hier à dix heures du
matin, à l'église grecque de la rue Bizet, en
présence d'une nombreuse al'îîuence de no-
tabilités appartenant au monde de la
linance. ,
Dans l'assistance remarque MM. Delyan-
nis, ministre de Grèce à Paris, Meletie, su-
périeur de l'église roumaine de la rue Jean
de Beauvais, les barons Arthur, Jean, Adol-
phe, Nathaniel et Gustave de Rotscliild, la
baron Oppenheim, de Bisclioirslieim, etc.
L'inhumalion a eu lieu au cimetière de
Passy, où plusieurs discours ont été pro-
noncés.
UN PEU PARTOUT
Le prince et la princesse Anat ole Baria-
tinsky viennent d arriver à Paris, venant
de Saint-Pétersbourg.
-0-
M. Ducoudray, sénateur de la Nièvret
vient de mourir à Nevers.
—o—
Mlle Amédy de Ploémies, élève stagiaire
de la section des sciences historiques et
philosophiques de l'Ecole Pratique des Hau-
tes Etudes a été nommée élève titulaire.
—o—
Les colonels de nos régiments devraient
se méfier des chevaux. L'équitalion est un
art difticile et dangereux et l'indocilité des
bêtes, occasionne déjà trop d'accidents
parmi les simples soldats.
Encore que l'on ne puisse songer à com-
parer les membres d'un officier à ceux d'un
soldat, l'impossibilité de restaurer un oftl-
cier victime de sa monture, par les piocè-
dés qu'on applique aux troupiers, devrait
engager nos chefs militaires à redoubler de
prudence, dans leurs étriers.
Ainsi, dernièrement, à Lyon, le cuirassier
Agnel n'ayant pu venir à bout de maîtrise!
sa moulurera aueloues couds de sabre llU)
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Les annonces sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lagrange et cerf,,
6, place de la Bourse, Paris.
LA FROIDE, Journal quotidien,
politique, littéraire, est dirigé,
administré, rédigé, composé par
des réunîtes.
Carnet de la Semaine
Dimanche 22. - Fête de naissance de la reine
Victoria. — 1" jour de 1 an chez les Mahomé-
tans.
Mardi 24. — Messe anniversaire de l'abbé De-
puerry, fusillé par la Commune. - Fête du
couronnement du tzar.
Mercredi i5. - Représentation des Escholiers.
Jeudi 26. — Ascension chez les Russes. -
Veille de Schabouath, Pentecôte chez les Israé-
lites.
Vendredi f7. — Pentecôte israélite. — A I ,,nU-
dénn. matinée donnée par rAMMiJondJ jour-
nalistes républicains et des journalistes pari-
siens.
Samedi i8. - Deuxième jonr dc la PenlecôtcSociaé
israélite. - Fermeture du salon de la SocieU,
les Artistes français.
Aujourd'hui
Dimanche 22 mal
Fête de naissance de la reine Victoria.
1" jour de l'an chez les Mahométans.
A la Salle Serpente, à 10 n. causerie en Espa-
gnol. — Industrie et commerce en France et en
Angleterre. - Ecoles commerciales. Ollres et
demandes d'emplois. — Sociétés d 'employés. —
Vie de l'employé.
A l'Ecole Vauquclin, de 9 à 10 h. Cour de Sté-
nographie,
A la Bourse du Travail, rue du Château-d'Eau,
Salle des Conférences, sous la présidence de
M. Léopold Lacour, à 2 h. 1)2 grande conférence
organisée par le Syndicat des ouvrières fleu-
risles, ptutnassi<-rcs. feuillagistes et branches
similaires. Mlle Bonncvial, parlera sur la soli-
darité ouvrière.
Au Palais du Trocadéro, 1l 1 h. 112 très préci-
ses. Concert et distribution solennelle des ré-
compenses de l'assistance paternelle aux en-
fants employés dans les industries des fleurs et
des plumes (patronage industriel) reconnue
d'utilité publique.
A saint-Georges et A la Chapelle des Sœurs de
la Croix de Saint-André, adoration perpétuelle
du Très Saint-Sacrement. — A Sceaux;, à 9 h.,
à Prennes, à 10 h. Ii4. à Bourg-la-Reine, à 11 h. 114
il Chel'illy, à 2 h., h L'llaye, à 2 h. 311 et à Ar-
cuvil, à 3 h. 112, conlirmations.
J,sites aux Musées du Loutre, du Luxembourg.
de 9 il 5 h. Cluny, de 11 à 5 h. Guimet et Galliera,
de midi à 5 h. Jlôiel-de-Ville de 2 à 3 h. Palais de
justice de 11 à 4 h. Monnaie de midi à 3 h. Trésor
Sotre-Dame, de 10 à 4 h. Invalides, tombeau de
Napoléon de midi à 3 h. Jardin des l'tantes, la
ménagerie, de 11 h. à 5 h., galerie d histoire na-
lurelle, de 11 à 3 h. Aquarium du Trocadéro, de
D h. à 11 h. et de 1 à 4 heures.
Sèvres : Musée, galerie et ateliers, de midi à
) h. l'alais de Fontainebleau : de 11 à 4 h. Ver-
billes : le Palais et les Trianons, de 11 a 5 h.
ÉPHÉMÉRIDES
22 mai 1382.
Mort de Jeanne de Naples
La dévotion exagérée de la princesse Jeanne,
reine de Naples ne l'empèchait pas d avoir des
mœurs cruelles et même un peu plus; ayant
épousé André, frère du roi de Hongrie, elle le
laissa assassiner par le prince de Tarente qui
l'étrangla dans son antichambre; on jeta le ca-
davre par la croisée et on le laissa trois jours
sans sépulture. Au bout d'une année la reine
épousa l'assassin de son premier mari. Veuve
trois fois, elle se remaria trois fois, mais n eut
pas d'enfants et adopta un prince qui, trouvant
qu elle vivait trop longtemps, la fll étouffer en-
tre deux matelas.
Voltaire plus touché par ses malheurs que par
ses crimes essaie d'excuser l'assassinat du pre-
mier mari parce que la reine n'avait que dix-
huit ans et il ajoute : qu'elle était la plus célé-
bre femme de son temps par sa beauté, son es-
prit, ses talents et son goût pour les arts.
Ce sont là de précieuses qualités mais ce
n'est pas une raison pour faire étrangler son
nuoi nue Voltaire en pense.
M.-L.-N.
Lire a\ la tribune do c LA
FRONDE » :
« A travers l'Education »,
par Pauline Kergomard.
Les deux Temples
Uranie
I
Calliclès s'éveilla, au creux du sable,
sur sa couche d'algues amères. La tem-
pête et la nuit, sœurs ténébreuses, s'éva-
nouissaient à l'occident, et sur la mer
pacifiée le ciel pâlissait peu à peu comme
une perle immense.
ÏJne écumeuse Scylla, tournoyante
entre les récifs, avait dévoré le vaisseau
de Calliclès avec les matelots et le pilote.
Accroché aux débris du mât, le jeune
homme avait senti une main divine diri-
ger l'épave vers la grève inconnue où,
tout meurtri des embrassements de
l'onde, il s'était endormi d'un sommeil
semblable à la mort.
L'aube aux pieds roses toucha la mer.
Ses doigts roses ouvrirent les portes
éthérées au quadrige du Soleil salué par
les coqs stridents et l'alouette. La tunique
de Calliclès étalée sur le sable, était pres-
que sèche. Il la revêtit après avoir lavé
les souillures du naufrage. Bientôt une
délicieuse nuance azurée se maria à la
pourpre du matin; la mer Ionienne s'as-
sombrit jusqu'à l'éclat profond du sa-
phir. Dans l'échevèlement des nuages,
Calliclès vit onduler des tresses d'or et
tremblant, il reconnut la chevelure d'A-
phrodite. N'était-ce pas la déesse elle-
tnême, fille de la mer, qui l'avait conduit
au golfe du salut et qui, pour le rassurer
lui laissait voir, sous un voile de rayons,
sa jeune tête étincelante ? Une haleine de
violette errait dans la brise salée. Calli-
clès, plein de joie, recueillit ce présage
én son cœur.
La courbe de la plage s'achevait en un
double promontoire, pareil au front d'un
taureau. Calliclès distingua sur ces hau-
teurs deux édifices qui semblaient do-
miner une invisible cité. Un sentier attira
ses pas. Quittant la grève où croissaient
seuls les chardons bleuâtres et les im-
mortelles d'or, il découvrit une cam-
pagne cultivée, des troupeaux, un bois
d'oliviers et de chênes. Il entra dans
l'ombre de ces arbres. Des touffes de
narcisses, ça et là, étoilaient les mousses
spongieuses; une source jaillissait a
fleur de terre, entre les aches et les vio-
lettes et une terreur sacrée planait sur ce
lieu. Le naufragé but l'eau pure dans le
creux de sa main, et répandant des gout-
telettes en libation, à haute voix, il re-
mercia la nymphe. Presque aussitôt, il
se fit un mouvement dans le feuillage et
Calliclès aperçut une jeune fille vêtue
d'une robe blanche. Une bandelette pres-
sait ses cheveux blonds et elle portait
une corbeille à demi-pleine de violettes
pâles comme ses yeux. Le jeune homme
se nomma, raconta son aventure et pria
la vierge de le conduire dans la maison
i de ses parents.
— Mon père est le riche Parrhasius,
célèbre dans la ville d'Athènes. Il saura
reconnaître l'hospitalité.
Sans paraltre troublée, la jeune fille
répondit:
— Etranger, je me nomme Méloé.
Ainsi m'appela ma mère quand je naquis
avec ma sœur jumelle qui reçut le nom
de Méléis, presque semblable au mien
comme étaient semblables nos traits.
Mais je ne dois plus connaître ni ma
sœur, ni ma mère vénérable et nul n'est
admis sans de longues initiations dans le
lieu que j'habite, lieu redoutable,interdit
au plus grand nombre des humains.
En parlant ainsi, elle avait posé sa
corbeille sur sa hanche et se dirigeait
vers l'orée du bois. Calliclès la suivit.
— Quel malheur t'accable, dit-il,vierge
pareille à une divinité?
— Aucun malheur, dit Méloé d 'un air
paisible. Je suis la prêtresse d'Aphrodite
Uranie et je reçois de grands honneurs.
L'Athénien s'écria:
- C'est donc ta déesse qui m'envoie en
suppliant, et bien que ta grave beauté, ta
modestie, ta chaste parure rappellent
plutôt les prêtresses d'Artémis...
— Etranger, tu te méprends et je vois
que tu ignores les traditions de notre île.
— Alors, dit-il, instruis-moi.
Ils marchaient sur un chemin solitaire,
qui s'élevant par une gradation insensi-
ble découvrait à leurs yeux l'arène blonde
des sables, la coupe bleue de la mer, de
hautes falaises rougeâtres et, reculés à
l'infini par la vapeur matinale, les édifi-
ces d'une cité.
— Athénien, dit Méloé, ne sais-tu pas
qu'il est deux Aphrodites? L'une, fille du
ciel et de la mer, naquit du sang d'Uranus
mêlé à l'écume. Zeus engendra l'autre au
flancde Dionée. Eternellement irréconci-
liables, toutes deux ont des temples et
des autels, mais l'Aphrodite Céleste
exige de chastes hommages et préside à
l'union des cœurs purs. L'amour de la
beauté, l'amour de la sagesse et de la
vertu lui appartiennent, et elle abandonne
à sa rivale l'empire des sens et des gros-
siers plaisirs. Ennemies, elles sont pour-
tant liées comme l'âme est liée au corp3.
Leurs sanctuaires s'élèvent face à face et
beaucoup d'hommes, à mi-chemin, hési-
tent, se ravisent et portent leur offrande
à la déesse qu'ils voulaient ignorer. Mais
il faut choisir, car celui qui entre dans le
temple de Dionée renonce aux initiations
sublimes que je promets. De même, qui-
conque a entrevu l'idéal amour, doit
s'affranchir à jamais des voluptés vul-
gaires.
« Regarde. Ce triangle de marbre blanc
qui s'élève dans l'azur, posé sur douze
colonnes et pareil par ses proportions
harmonieuses au front divin d Athé-
né,c'est le faîte du temple d'Uranie. Ma
voix seule élève vers son autel des hym-
nes plus mystérieux et plus anciens que
les chants orphiques,et j'ouvre aux seuls
héros et aux sages les portes d'ivoire et
d'argent. Regarde maintenant, surl 'autre
corne du promontoire le temple d'Aphro-
dite terrestre, taillé dans un marbre cou-
leur de chair où semble couler le sang
d'Adonis par mille veines vermeilles. Il
rayonne comme une immense rose aux
rayons du soleil couchant qui embrase
ses portes d'or. LiL, nuit et jour, à travers
les murs, on entend le son des lyres et
la plainte des flûtes lascives, triste comme
la volupté. Entie qui veut : ma sœur l'ac-
cueille avec un baiser, ma sœur Méléis,
semblable à moi, mais non plus vierge.
— Jeune fille, dit Calliclès saisi d'un
pieux respect, Aphrodite Uranie m'est
apparue dans la pourpre de l'aube. Elle
m'a conduit vers toi, sur la retentissante
mer. J'entrerai donc dans la ville et m'é-
tant adressé aux magistrats, j'enverrai
un navire au Pirée vers le bon Parrha-
sius, mon père. Ce vieillard ne me refu-
sera pas une grande somme d'argent et
je prierai un sophiste de m 'instruire.
Alors, peut-être me recevras-tu dans le
sanctuaire, après de longues initiations.
— Je ne sais, Calliclès, répondit la
prêtresse en souriant. L'entreprise est
plus ardue que tu ne penses et le temple
d'Aphrodite Pandémie est bien près de
celui aue ie sers.
II
Calliclès, fils de Parrhasius, s'étant
établi dans la ville rechercha les leçons
du sophiste Echécrate qui prit l'engage-
ment de lui enseigner, en moins d une
année, la rhétorique, l'éloquence et la
vertu.
Souvent, à l'heure exquise de _ la rosée,
Calliclès dirigeait ses pas vers le promon-
! toire où les feux du couchant rougis-
saient le temple de la volupté. La lune,
à peine argentée, se levait sur le Pâle
sanctuaire d'Uranie. Rarement s ou-
vraient les portes d'ivoire, pour quelque
sage courbé par les ans, pour quelque
adolescent au front trop vaste, aux yeux
trop graves et qui semblait touche par la
mort. Des théories de jeunes gens et de
courtisanes apportaient sans cesse. dans
l'autre temple, les étoffes précieuses, les
aromates d'Asie, les colombes au cou
gonflé de soupirs. Une odeur de fleurs et
de festins, mêlée à la musique des lyres,
parvenait jusqu'à Calliclès et il demeurait
parfois tout frémissant, débout entre les
deux portiques. Puis, se rappelant Méloé,
sa beauté, sa pudeur, ses yeux de vio-
lette, il redescendait lentement.
Après une année d'épreuves, il fut ad-
mis aux premiers degrés de l'initiation
et bientôt il put entrer dans le temple.
Un soir, la prêtresse vint l'accueillir
sur le seuil. Une religieuse horreur em-
plissait l'âme de Calliclèschaque fois qu il
pénétrait dans le sanctuaire. La beauté
de ce lieu n'empruntait rien aux orne-
ments et aux richesses que les hommes
entassent près des autels célèbres afin
d'honorer les dieux. Cette beauté, indif-
férente au vulgaire, était réalisée par la
proportion des lignes dans une harmo-
nie de blancheur. La statue d'Uranie
elle-même, nue et debout, semblait mou-
lée sur ce type idéal qui décourage le
désir en ne gardant de la femme que le
contour essentiel.
Quand ils sortirent,l'arc de la lune s a-
baissait sur la mer. On entendait au pied
du cap, dans la plus proche maison, un
chœur alterné de jeunes filles et d 'ado-
lescents chantant Hymenée. L'esprit las,
le cœur endolori, Calliclès crut s'éveiller
d'un long rêve. Les leçons du sophiste,
les jeux du verbe et de la pensée, les
mystères mêmes de l'initiation s'éva-
nouissaient en fumée dans le vide so-
nore de son cerveau. Soudain, ses doigts
touchèrent l'épaule de la jeune fille et la
flèche sacrée d'Erôs le frappa au cœur.
— De quel songe suis-je sorti? s 'écria-
t-il. J'embrassais le néant et je m'éton-
nais qu'il fût infécond. Je voulais perce-
voir les Causes et les Essences, contem-
pler le fixe soleil de l'absolu. La simple
nature me semblait méprisable et je
prenais en pitié les amants enlacés. Je
rêvais un amour interdit à l humaine
faiblesse. Je me croyais un sage, presque
un dieu,.. Je n'étais rien qu'un exclu de
la vie, qu'un cadavre ratiocinant.
« 0 Méloé, Méloé, tu es belle, mais tu
es belle comme le fruit rougissant sur la
plus haute branche et que nul ne songe
à cueillir. Tu es belle comme le narcisse
des bois : seuls, les yeux bleus des
sources le contemplent et les Hama-
dryades prisonnières, seules,connaissent
son parfum. Heureuse la douce pomme
où les dents d'une jeune fille ont marqué
leur ciselure. Heureuse l'hyacinthe qui
se fane sur la porte de la fiancée, dans le
myrte des guirlandes d'hymen.
« Vierge, loin des symboles et des chi-
mères, loin de ta pâle déesse au flanc
stérile, au sein glacé, viens! Vivons en-
semble la vie. Le Satyre n'est pas toute
la volupté, Uranie n'est pas tout l 'amour.
Réconcilie en toi les deux Aphrodites. Je
t'aime. Viens 1 »
A genoux, il suppliait, enlaçant les
jambes virginales de la prêtresse. Elle se
raidit, se dégagea, et frappa Calliclès au
visage. ^
— Arrière, bouc 1 arrière ! Que la Terre
~ s'ouvre et dévore celui qui toucha ma
robe d'un geste lascif. Tu t'es trompé de
chemin. Va chercher les courtisanes au
mur Céramique.
Il gémissait :
— Ne me repousse pas.
Mais elle lui échappa, gravit les degrés
du temple, et blanche, indignée, elle dis-
parut entre les portes d'ivoire qui pâlis-
saient sous la lune comme les portes d'un
tombeau.
MARCELLE TINAYRE.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Notre consul à Barcelone
Celui-là, comme on dit vulgairement,
je le retiens 1
Un Français, Octave John, un garçon
d'idées avancées, mais d honorabilité par-
faite, vingt fois condamné pour politique
— depuis quand est-ce un crime? —
jamais suspecté même d'un acte contraire
à la délicatesse ou fi la probité, se trouve
de passage à Barcelone.
Dans le garni où il loge, n'étant pas
riche, une rafle nocturne est faite par la
police, tout étranger étant réputé « espion.
américain ».
John est pris dans le tas, emmené à la
Préfecture, reconnu, arrêté. C'est un
« malfaiteur! »
Mais ce « malfaiteur » n'a rien fait : il
quel titre le retenir? Quel motif allé-
guer? Quel prétexte forger ?
De ceci, on n'est pas longtemps en peine.
Les juges ont de F ingéniosité au pays de
la Très-Sainte Inquisition. John a ouvert
peu vêtu, ou quelque chose d'approchant,
aux alguazils : pour outrage à la
morale, on le condamne à cinq cents
pesetas d'amende.
Cinq cents pesetas ! Il n'en a pas le
premier sou. Il faut qu'on se paie sur la
bête, qu'il s'acquitte en nature : soit
quinze jours de prison.
Il les subit; Dieu sait dans quelles con-
ditions répugnantes et barbares.
La levee d'écrou a lieu enfin. Lui, d'au-
tres malheureux, après formalités pren-
nent le chemin de la porte...
Mais à cette porte des agents sont
apostés qui, sans mandat d'aucune sorte,
remettent le grappin sur les libérés.
On les fait remonter : Carreras, un des
six bourreaux de Montjuich, agent de la
brigade spéciale du fameux Portos, les
photographie de face, de trois quarts, de
profil; s'amuse de leur impatience comme
le chat de la souris; les fait languir...
pour, finalement, leur apprendre que
Son Excellence le Gouverneur civil de la
province. a, de son autorité privée, doublé
leur peine, ajouté un supplément de
quinze jours à la prime libéralité des
^ fyous vous indignez? Moi pas. Je ne
.. m'étonne même plus.Etant donnée latti-
tude de la plupart de nos représentants,
ce qui me surprendrait ce serait qu un
Français fût respecté à l' étranger. Citoyen
anglais, citoyen américain, on y regarde.
Mais Français 1...
A preuve Vaventure de John.
Encore naïf (il est très jeune) contre le
monstrueux abus, / infdme déni de justice
dont il est victime, il en appelle a notre
comul..
Et voici le dialogue édifiant qui s , en-
gage :
— Vous êtes anarchiste?
— Oui, Monsieur.
— En ce cas, je ne ferai rien pour
vous. Je ne m'occupe que des gens respec-
tables et non pas des reptiles.
Or, les libertaires, quoi qu'ils pensent,
payant leurs contributions comme les
autres (donc participant aux appointe-
ments du commis de l& France à Barce-
lone) ont droit, comme les autres, à fin-
tervention d'agents qu'ils rétribuent.
Voilà assez longtemps que ledit consul
laisse pourrir des mois, sans jugement, lie
nos nationaux dans les cachots espagnols.
La complaisance a des bornes... la pa-
tipnrp aussi.
Qu'il remplisse son devoir, qu'il gagne
son salaire - ou qu'on le casse aux gages.
Il n'a pas à faire de la politique, mais du
droit des gens.
*°* Dont avis.
SÉVERINE.
Une Victoire du
Concert européen
Le prince Philippe de Cobourg abuse
vraiment, du droit qu'ont, paraît-il, les
princes d'abuser de toute chose, et par-
ticulièrement, de l'immoralité et de la
violence.
L'Europe est depuis longtemps ins-
truite des tiraillements de son ménage :
les écarts conjugaux de la princesse sont
notoires; et sur le prince ont couru des
histoires qui ne font honneur ni a
l'homme ni il l'époux.
Or, voilà que ces aventures de hautte
graisse, qui n'intéressaient jusqu ici que
la chronique scandaleuse, méritent d 'ar-
rêter l'attention, par la solution dont
s'est avisé le prince de Cabourg. pour y
mettre un terme.
Non que la lâcheté de la vengeance
princière soit en elle-même une chose
bien remarquable; mais l'appui qu'a
trouvé le prince auprès des gouverne-
ments pour lui faciliter l exécution de
ses chevaleresques desseins dénote chez
ces gouvernements une singulière façon
d'entendre le Droit des gens.
Depuis des années, le prince paraissait
s'accommoder, complaisamment,des ten-
dresses extra-conjugales de son épouse,
quand, l'an passé, on .le vit aller sur le
terrain avec le dernier bénéficiaire des
caprices de la princesse.
L'on trouva généralement qu'il fit
mieux que de se venger à la Turque, en-
core qu'on ne comprît pas ce qui valait à
ce plus heureux des trois un honneurque
tant d'autres avaient mérité avant lui
sans l'obtenir.
Mais le prince ne s en tint pas la ; et
poursuivant sans relâche, depuis cette
époque, la princesse et son complice, il
vient de faire enfermer l'une dans une
maison de fous, et jeter l autre au fond
d'un cachot, d'où il ne sortira vraisem-
blablement qu'en mauvais état.
Le prince imagine de ravauder son
honneur conjugal en faisant attribuer à
une maladie mentalele peu de goût de
la princesse pour la fidélité à sa per-
sonne, et pour les coups de cravaches
dont il la gratifiait. Le soin qu'il prend en
même temps de persécuter son rival est
bien fait pour donner le change sur cette
prétendue folie qui n'avait pas déjà,
l'ombre de vraisemblance.
Admirez, du reste, la sollicitude avec
laquelle on s'inquiè.te de la princesse : on
lui offre le choix entre la séquestration'
ou l'expulsion de tous les pays où les Co-
bourg disposent de quelque influence ;
et les commentateurs ajoutent : c'est-à-
dire de toute l'Europe.
Voilà qui fait honneur à l'Europe.
Cette coalition des gouvernementscon-
tre une femme, pour protéger un mari
en peine de ses écus, rachètera bien des
fautes de la diplomatie. Car il ne faut pas
s'y tromper, l'honneur des Cobourg —
Courteline dirait des Brossarbourg -
n'est en péril que du côté de la caisse. Et
la tardive émotion du prince ne s'est
manifestée qu'au jour Oi1 la princesse
menaçait d'ébranler les finances de la
maison..
Nous serions curieuses de savoir si la
France fait partie de ces pays, d'où un
Cobourg peut faire expulser une femme,
qui cherche un abri contre les violences
de son mari.
M. Hanotaux, fonctionnaire honoraire
du sérail serait-il aussi mamelouk des
maisons borgnes de la cour d 'Autriche ?
BRADAMANTE.
POURQUOI?
Sur le lit de M. Gladstone, sur son
cercueil,sur son tombeau, pas une fleur.
Ainsi l'a voulu l'illustre mort. Mais pour-
quoi? On ne nous dit pas la raison de cet
ostracisme. Il nous étonne venant d une
âme aussi grandement poétique que celle
du grand orateur.
Le langage des fleurs n'est pas un vain
mot : il n'est pas de sentiments qu'elles
ne puissent exprimer. Des plus joyeux
et des plus doux, aux plus douloureux et
aux plus austères.
Pour une âme croyante il n " est pas de
plus frappant symbole de 1 éternelle ré-
surrection.
PUG.
LE TSAR ET LE CORSET
A première lecture on pourrait croire
que c'est là le titre d'un couplet oublié
maintenant de celui que les Parisiens ont
acclamé sous le nom de compositeur to-
qué (Hervé). Il n'en est rien. A la seconde
lecture on pourrait croire, qu'il s'agit, de
quelque ancien ukase de Pierre le Grand
découvert tout récemment par cette ad-
mirable Société pour l'étude de l'histoire
russe. Il n'en est rien non plus.
Il s'agit bien d'un ukase, mais il n'a
nullement été besoin de la Société pour
l'étude de l'histoire russe afin de le dé-
couvrir, il n'a aussi rien eu à faire avec
le compositeur toqué, puisqu'il a été si-
gné : Nicolas II, et contre-signé : Bagolo-
pow, ministre de l'instruction publique.
Il prouve, cet ukase, que l'empereur
Nicolas, s'intéresse à tout ce qui a rap-
port à ses sujets etàses sujettes,et dame,
il prouve aussi que les Russes peuvent
se permettre quelques excentricités de
toilette, qui seraient peut-être plus diffi-
ciles à tolérer, dans d'autres pays.
Mais, me direz-vous, que contient-il,
cet ukase?
Tout simplement la défense absolue et
immédiate, faite à toutes les élèves des
écoles des gouvernements de Moscou et
de Saint-Pétersbourg, de porter à l'ave-
nir des corsets. Cette défense est éten-
due à toutes les filles des fonctionnaires
de l'Etat, ainsi qu'aux élèves de l'Acadé-
mie de musique, peinture, et autres
La Russie est toujours restée la vieille
Russie.lasainte Russie de l'ancien temps;
le ministre de l'instruction publique qui
doit l'être aussi des beaux-arts, (espé-
rons-le, Seigneur), se mêle de réglemen-
ter la question des chapeaux.
Il y à là tout un chapitre consacré à
cet article de toilette. On s'occupe des
chapeaux en fourrure et en soie, — de
chapeaux,qui ne sont plus des chapeaux,
mais des coiffures nationales,qu'on tient
à faire adopter avec autant d'énergie,
qu'on tient à abolir le corset.
Et la raison ? Personne ne la connaît.
C'est tout de même un pays bien diffé-
rent du nôtre.
i Voyez-vous M. Rambaud défendant le
I corset aux Parisiennes, ct. M. Félix Faure
contre-signant un décret de ce genre ?
N.
Le Travail des Femmes
Devant le scrutin
Aujourd'hui, a lieu le dernier épisode
de la bataille électorale. Selon que déci-
dera le scrutin de ce soir, la nouvelle
Chambre sera avec ou contre les travail-
leuses, avec ou contre les travailleurs.
Car les travailleuses, comme les tra-
vailleurs, ont un intérêt direct à ce que
soit élu celui-ci plutôt que celui-là, par
conséquent à inciter mari, père, frère, à
voter pour M. X..., plutôt que pour
M. Y... Nous n'en douterons pas si nous
nous reportons aux actes de la dernière
législature où, seuls. sont intervenus, en
faveur des travailleuses, nos élus socia-
listes. Nous en douterons moins encore
si nous consultons, à cet égard, les pro-
grammes électoraux des candidats ou des
déjà nommés à la Chambre prochaine.
Les monarchistes, en effet, gardent sur
la question, un silence prudent, un si-
lence de tradition. Les ralliés, sceptiques,
— leur adhésion à un masque, celui de la
République, en témoigne — ne peuvent
davantage se prononcer. Les opportu-
nistes se disent : « 11 faudrait voir.,. »
mais, de par leur appellation même, ils
sont condamnés à trouver tous les mo-
ments... inopportuns. Seuls, les radi-
caux, les radicaux-socialistes et les so-
cialistes ont introduit, dans leur pro-1
gramme, plus ou moins des revendica-
tions féminines.
C'est le Dr Chassaing qui a inscrit, au
premier plan, l'égalité civile et politique
de la femme et la réduction de la journée
de travail à 8 heures.
C'est Millerand qui réclame une plus
~ grande extension des droits de la femme.
C'est Paschal Grousset, Lavy, Sembat,
Toussaint, Gabriel Deville, Bonnard, Ba-
ron, Faberot. Chauvière Groussier, etc.
etc.. qui adhèrent à l appel féministe
électoral de la Fronde.
C'est enfin le Parti Ouvrier Français
dont pas un candidat n'a reçu 1 "investi-
ture s'il n'a auparavant, donné son adhé-
sion au programme suivant, le plus com-
plet au point de vue qui nous occupe :
Partie politique
1° Abolition de toutes les lois sur la
presse, les réunions et les associations et
surtout de la loi contre l'Association in-
ternationale des travailleurs. Suppres
sion du livret, cette mise en carle de la
classe ouvrière, et de tous les articles dit
Code établissant f infériorité de f ouvrier
vis-à-vis du patron et (infériorité de la
femme vis-à-vis de l'homme \
2° Suppression du budget des cultes
et retour à la nation « des biens dits de
main-morte, meubles et immeubles, ap-
partenant aux corporations religieuses, 1)
y compris toutes les annexes industriel-
les et commerciales de ces corporations ;
3° Suppression de la dette publique;
4° Abolition des armées permanentes
et armement général du peuple ;
5° La commune maîtresse de son ad-
ministration et de sa police.
Partie économique
1. Repos d'un jour par semaine ou in-
terdiction légale pour les employeurs de
faire travaillerpîus de six jours sur sept.
Réduction légale de la journée de travail
à huit heures pour les adultes. Interdic-
tion du travail des enfants dans les ate-
liers privés au-dessous de quatorze ans \
et, de quatorze à dix-huit ans, réduction
de la journée de travail à six heures ;
S. fifarveilttifte protegtrîe»
3° Minimum légal de salaire déterminé
chaque année, d'après le prix local des
denrées, par une commission de statisti-
que ouvrière.
4° Interdiction légale aux patrons d'em-
ployer des ouvriers étrangers à un sa-
laire inférieur à celui des ouvriers fran-
çais.
5. Egalité de salaire, à travail égal,
pour les travailleurs des deux sexes.
6. Instruction scientifique et profes-
sionnelle de tous les enfants, mis pour
leur entretien à la charge de la société,
représentée par l'Etat et par la com-
mune.
7. Mise à la charge de la société des
vieillards et des invalides du travail des
deux sexes.
8. Suppression de toute immixtion des
employeurs, dans l'administration des
caisses ouvrières de secours mutuels, de
prévoyance, etc., restituées à la gestion
exclusive des ouvriers et ouvrières.
9. Responsabilité des patrons en ma-
tière d accidents, garantie par un caution-
nement versé par Vemployeur dans les
caisses ouvrières et proportionné au nom-
bre des ouvrières et ouvriers employés et
aux dangers que présente l'industrie.
10. Intervention des ouvrières et ou-
vriers dans les règlements spéciaux des
divers ateliers; suppression du droit
usurpé par les patrons de frapper d'une
pénalité quelconque leurs ouvrières et
ouvriers sous forme d'amendes ou de re-
tenues sur les salaires.
il Annulationde tous les contrats ayant
aliéné la propriété publique (banques,
chemins de fer, mines, etc.) et l'exploi-
tation de tous les ateliers de l'Etat confiée
aux ouvrières et ouvriers qui y travail-
lent.
12. Abolition de tous les impôts indi-
rects et transformation de tous les im-
pôts les directs en un impôt progressif sur
es revenus dépassant 3000 francs.—Sup-
pression de l'héritage en ligne collatérale
et de tout héritage en ligne directe dé-
passant 20,000 francs.
Ce programme signé et défendu, avant
le premier scrutin par 106 candidats, réu-
nit le dimanche 8 mai, 371,217 voix dans
105 circonscriptions. Furent élus et, par
suite, reprendront à la Chambre pro-
chaine, la défense des intérêts féminins,
Jourde, (Bordeaux) Palix, (Villefranche)
Théron (Carcassonne) Palix, (Hérautn
Dufour, (Issoudun) Boycr, (Marseille,
auxquels viendront s'adjoindre, après le
scrutin de ce jour, Sauvanet, René Chau-
vin, Carnaud, Bernard-Cadenat, Dr Ma-
rius Devèze, Pastre, Rouquette, A. Zé-
vaès, Dr Ferroul, Benezech, H. Ghcs-
quière, colonel Sc ver, Salles, nassel,
Krauss, Fcrrero, Alavaille, sans parler
de quelques autres dont le succès, au bal-
lottage, n'est pas moins assuré.
Et ces programmes ne sont pas mis
dans la poche. Ils s'exhibent sur les
murs, s'étalent dans la petite comme
dans la grande presse, se retrouvent
dans des brochures répandues à des
milliers d'exemplaires, sont discutés,
commentés dans les réunions. Les tra-
vailleuses n'ont donc qu'à ouvrir les
yeux, a tendre les oreilles pour savoir de
quel côté sont leurs défenseurs.
C'est ce que vous ne manquerez pas
de faire aujourd'hui, vous disant que la
prochaine législature peut mener à
bonne fin nombre des lois qui voua
concernent, mais à la condition seule-
ment que toutes et tous fassent leur de-
voir en face de l'urne électorale.
Si vous n'y pouvez encore déposer vo-
tre bulletin, vous, travailleuses, vous
pouvez et vous devez guider les mains
qui vous sont chères. En réclamant pour
vous, vous réclamez pour ia famille en.
tière. 1
ALINE VALETTE.
On dit...
DANS LES ÉGLISES
Les obsèques de M. Pierre Rodocanachi
ont été célébrées, hier à dix heures du
matin, à l'église grecque de la rue Bizet, en
présence d'une nombreuse al'îîuence de no-
tabilités appartenant au monde de la
linance. ,
Dans l'assistance remarque MM. Delyan-
nis, ministre de Grèce à Paris, Meletie, su-
périeur de l'église roumaine de la rue Jean
de Beauvais, les barons Arthur, Jean, Adol-
phe, Nathaniel et Gustave de Rotscliild, la
baron Oppenheim, de Bisclioirslieim, etc.
L'inhumalion a eu lieu au cimetière de
Passy, où plusieurs discours ont été pro-
noncés.
UN PEU PARTOUT
Le prince et la princesse Anat ole Baria-
tinsky viennent d arriver à Paris, venant
de Saint-Pétersbourg.
-0-
M. Ducoudray, sénateur de la Nièvret
vient de mourir à Nevers.
—o—
Mlle Amédy de Ploémies, élève stagiaire
de la section des sciences historiques et
philosophiques de l'Ecole Pratique des Hau-
tes Etudes a été nommée élève titulaire.
—o—
Les colonels de nos régiments devraient
se méfier des chevaux. L'équitalion est un
art difticile et dangereux et l'indocilité des
bêtes, occasionne déjà trop d'accidents
parmi les simples soldats.
Encore que l'on ne puisse songer à com-
parer les membres d'un officier à ceux d'un
soldat, l'impossibilité de restaurer un oftl-
cier victime de sa monture, par les piocè-
dés qu'on applique aux troupiers, devrait
engager nos chefs militaires à redoubler de
prudence, dans leurs étriers.
Ainsi, dernièrement, à Lyon, le cuirassier
Agnel n'ayant pu venir à bout de maîtrise!
sa moulurera aueloues couds de sabre llU)
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