Titre : La Diplomatie : revue bi-mensuelle internationale / René Bréviaire, directeur ; Pierre Robbe, rédacteur en chef
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-05-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757680q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 984 Nombre total de vues : 984
Description : 20 mai 1897 20 mai 1897
Description : 1897/05/20 (A1,N2). 1897/05/20 (A1,N2).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64638364
Source : Ministère des Affaires étrangères, 2012-278189
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
LA DIPLOMATIE 21
deront d'ici peu tout l'Orient de leurs produits. C'est
par millions que se chiffrent chaque semestre, on pour-
rait dire chaque mois, les capitaux versés par les sujets
du mikado dans cette industrie si prospère et destinée
à un avenir indéfini ; et, à la suite de la guerre avec la
Chine et de ce traité de Simonosaki qui a donné le
signal d'un énorme accroissement d'activité économique,
le nombre des métiers, des ouvriers, de la filature; a
presque doublé.
Le tissage de la soie et celui de la laine semblent
devoir très rapidement fournir d'importants résultats.
Mais si l'on veut prendre les vrais types de ces industries-
champignons de Nippon, c'est aux allumettes et aux
parapluies qu'il faut s'adresser. Aucun pays ne pourrait
fabriquer les allumettes à aussi bas prix. On a calculé
que la boîte revient à peine à un centime. Un secrétaire
de la légation britannique à Tokio écrivait fort juste-
ment que le Japon n'avait aucune rivalité à craindre dans
ce domaine spécial. Songez que l'exportation de cet
article a décuplé de 1886 à 1895, et doublé dans les deux
dernières années. Songez que la production elle-même
s'est multipliée 76 fois en neuf ans, que l'Allemagne
et l'Autriche s'approvisionnent et s'approvisionneront
de plus en plus dans l'Empire du soleil levant. N'y a-
t-il pas là des faits significatifs et des statistiques sur-
prenantes qui révèlent toute la puissance d'innovation,
toute l'ardeur juvénile du Japon? Mêmes résultats pour
l'article parapluie. L'Asie ne connait plus que le para-
pluie du Nippon. Les produits anglais, classiques pour-
tant et célèbres dans tout l'Extrême-Orient depuis le
milieu du siècle, se heurtent à cette concurrence écra-
sante, et les rapports de notre consul à Singapore nous
révèlent de bien intéressants détails sur les progrès
littéralement foudroyants de l'engin japonais qui a
chassé tout article similaire d'Europe et d'Amérique.
Il ne serait pas exagéré d'appeler les Japonais, les Alle-
mands d'Asie. Ils sont arrivés, grâce à la modicité de
leurs prix à déposséder leurs rivaux blancs de leur
clientèle traditionnelle. Ils vont tuer le monopole
sucrier de Hong-Kong en créant des usines à Formose
et bannir la métallurgie belge en activant leur produc-
tion de fer et d'acier.
Parmi les grandes puissances d'Europe, l'Angleterre,
l'Allemagne, la France sont également menacées. C'est
un fait bien curieux, mais plusieurs fois constaté, que
le Japon vend de la houille au Siam, à l'Inde, aux
Straits Settlements, et jusqu'au port d'Aden. Il exporte
sa bière jusqu'à Vladivostok; il n'en cède pas encore à
Munich, mais il écoule de la verrerie en Autriche.
Voulez-vous une statistique qui résume le mouve-
ment commercial de ce pays enfiévré de travail? Ses
importations et ses exportations se totalisent en 1895 à
265' millions de yens, soit plus de 1400 millions de
francs, si l'on prend le yen, monnaie d'argent à sa va-
leur nominale; il est vrai qu'il convient d'en réduire le
taux de 50 pour 100. Ce qui est plus grave encore, ce
qui est un indice des dangers futurs, c'est que ce
chiffre de commerce général est exaètement double de
celui de 1890. Or il est bien évident qu'il va encore
s accroitre avec une promptitude égale. La signature
1
de la paix avec la Chine a stimulé les apporls de capi-
taux, les constructions de manufactures, les créations -
d'outillages, et le résultat de toute cette activité n'ap-
paraîtra guère que cette année-ci ou l'an prochain.
(A suivre.)
Chronique de la Vie Mondaine
Nous ne reprendrons pas, après tous nos confrères
de la presse quotidienne, l'historique de la catastrophe
épouvantable qui a plongé Paris dans la stupeur.
Inspirée de la belle idée émise par la Diplomatie,
Mme la comtesse de Castellane offre spontanément, en
mémoirè de sa mère, un million pour clever un Palais
de la Charité.
Bien des fêtes ont dû être décommandées après de si
nombreux deuils. Tout le monde parisien, atteint par la
catastrophe, renoncera pour cette année aux joyeuses
et brillantes réunions du printemps. Les fiançailles du
prince Gérard de Lucinge-Faucigny avec Mlle Hélène
de Montesquiou-Fezensac ont été célébrées dans une
intimité absolue en raison de la mort de la vicomtesse
de Saint-Périer, une des victimes du bazar de la Charité.
Lafète du roi Georges de Grèce a été célébrée à l'église
grecque de là rue Bizet avec une solennité touchante à
laquelle les graves événements de Grèce ajoutaient un
caractère particulièrement impressionnant.
Grand dîner jeudi à l'Elysée en l'honneur de l'ambas-
sadeur extraordinaire de Perse, S. E. Aboul Kassem-
Khan-Nasser-el-Molk.
M. de Brémond d'Ars, lieutenant de dragons à Eper-
nay, a fait dernièrement une chute de cheval et s'est frac-
turé le bras et la jambe droite.
Les obsèques de Mme la baronne Double ont été
célébrées jeudi à Saint-Philippe du Roule. Remarqués
le duc de La Rochefoucauld, M. Émile Ollivier, duc de
Rarecourt, prince de Brancovan, M. Jules Claretie,
M. Lépine, préfet de police, M. Paul Deschanels, vicomte
et vicomtesse de Janzès, comte de Rambuteau, baron
Lipière, M. Henry Houssaye, M. Thors, Mmes Colette
Dumas, Caro Beulé, etc.
L'inhumation a- eu lieu à Ville-d'Avray. -
Le vicomte d'Hautpoul, lieutenant au 9e cuirassiers,
fils du comte et de la comtesse d'Hautpoul, née de Cha-
telus, est fiancé à Mlle des Roys, fille du général de
division vicomte des Roys, et de la vicomtesse, née
Miltenberger.
Clubs. - Le marquis de Nadaillac, présenté par le
marquis de Saint-Genys et le vicomte Fernand de Rougé,
a été reçu comme membre permanent du Cercle agri-
cole.
i 1i ,
Reçus comme sociétaires de l' « Omnium » : vice-
amiral Miot, MM. Pinto de Araujo, Eugène Adam, Gas-
ton Dreyfus, Raoul Guillemard, Albert del Porto, comte
de Vitali, Albert Schayé, Jules Aghion, Robert Franck,
deront d'ici peu tout l'Orient de leurs produits. C'est
par millions que se chiffrent chaque semestre, on pour-
rait dire chaque mois, les capitaux versés par les sujets
du mikado dans cette industrie si prospère et destinée
à un avenir indéfini ; et, à la suite de la guerre avec la
Chine et de ce traité de Simonosaki qui a donné le
signal d'un énorme accroissement d'activité économique,
le nombre des métiers, des ouvriers, de la filature; a
presque doublé.
Le tissage de la soie et celui de la laine semblent
devoir très rapidement fournir d'importants résultats.
Mais si l'on veut prendre les vrais types de ces industries-
champignons de Nippon, c'est aux allumettes et aux
parapluies qu'il faut s'adresser. Aucun pays ne pourrait
fabriquer les allumettes à aussi bas prix. On a calculé
que la boîte revient à peine à un centime. Un secrétaire
de la légation britannique à Tokio écrivait fort juste-
ment que le Japon n'avait aucune rivalité à craindre dans
ce domaine spécial. Songez que l'exportation de cet
article a décuplé de 1886 à 1895, et doublé dans les deux
dernières années. Songez que la production elle-même
s'est multipliée 76 fois en neuf ans, que l'Allemagne
et l'Autriche s'approvisionnent et s'approvisionneront
de plus en plus dans l'Empire du soleil levant. N'y a-
t-il pas là des faits significatifs et des statistiques sur-
prenantes qui révèlent toute la puissance d'innovation,
toute l'ardeur juvénile du Japon? Mêmes résultats pour
l'article parapluie. L'Asie ne connait plus que le para-
pluie du Nippon. Les produits anglais, classiques pour-
tant et célèbres dans tout l'Extrême-Orient depuis le
milieu du siècle, se heurtent à cette concurrence écra-
sante, et les rapports de notre consul à Singapore nous
révèlent de bien intéressants détails sur les progrès
littéralement foudroyants de l'engin japonais qui a
chassé tout article similaire d'Europe et d'Amérique.
Il ne serait pas exagéré d'appeler les Japonais, les Alle-
mands d'Asie. Ils sont arrivés, grâce à la modicité de
leurs prix à déposséder leurs rivaux blancs de leur
clientèle traditionnelle. Ils vont tuer le monopole
sucrier de Hong-Kong en créant des usines à Formose
et bannir la métallurgie belge en activant leur produc-
tion de fer et d'acier.
Parmi les grandes puissances d'Europe, l'Angleterre,
l'Allemagne, la France sont également menacées. C'est
un fait bien curieux, mais plusieurs fois constaté, que
le Japon vend de la houille au Siam, à l'Inde, aux
Straits Settlements, et jusqu'au port d'Aden. Il exporte
sa bière jusqu'à Vladivostok; il n'en cède pas encore à
Munich, mais il écoule de la verrerie en Autriche.
Voulez-vous une statistique qui résume le mouve-
ment commercial de ce pays enfiévré de travail? Ses
importations et ses exportations se totalisent en 1895 à
265' millions de yens, soit plus de 1400 millions de
francs, si l'on prend le yen, monnaie d'argent à sa va-
leur nominale; il est vrai qu'il convient d'en réduire le
taux de 50 pour 100. Ce qui est plus grave encore, ce
qui est un indice des dangers futurs, c'est que ce
chiffre de commerce général est exaètement double de
celui de 1890. Or il est bien évident qu'il va encore
s accroitre avec une promptitude égale. La signature
1
de la paix avec la Chine a stimulé les apporls de capi-
taux, les constructions de manufactures, les créations -
d'outillages, et le résultat de toute cette activité n'ap-
paraîtra guère que cette année-ci ou l'an prochain.
(A suivre.)
Chronique de la Vie Mondaine
Nous ne reprendrons pas, après tous nos confrères
de la presse quotidienne, l'historique de la catastrophe
épouvantable qui a plongé Paris dans la stupeur.
Inspirée de la belle idée émise par la Diplomatie,
Mme la comtesse de Castellane offre spontanément, en
mémoirè de sa mère, un million pour clever un Palais
de la Charité.
Bien des fêtes ont dû être décommandées après de si
nombreux deuils. Tout le monde parisien, atteint par la
catastrophe, renoncera pour cette année aux joyeuses
et brillantes réunions du printemps. Les fiançailles du
prince Gérard de Lucinge-Faucigny avec Mlle Hélène
de Montesquiou-Fezensac ont été célébrées dans une
intimité absolue en raison de la mort de la vicomtesse
de Saint-Périer, une des victimes du bazar de la Charité.
Lafète du roi Georges de Grèce a été célébrée à l'église
grecque de là rue Bizet avec une solennité touchante à
laquelle les graves événements de Grèce ajoutaient un
caractère particulièrement impressionnant.
Grand dîner jeudi à l'Elysée en l'honneur de l'ambas-
sadeur extraordinaire de Perse, S. E. Aboul Kassem-
Khan-Nasser-el-Molk.
M. de Brémond d'Ars, lieutenant de dragons à Eper-
nay, a fait dernièrement une chute de cheval et s'est frac-
turé le bras et la jambe droite.
Les obsèques de Mme la baronne Double ont été
célébrées jeudi à Saint-Philippe du Roule. Remarqués
le duc de La Rochefoucauld, M. Émile Ollivier, duc de
Rarecourt, prince de Brancovan, M. Jules Claretie,
M. Lépine, préfet de police, M. Paul Deschanels, vicomte
et vicomtesse de Janzès, comte de Rambuteau, baron
Lipière, M. Henry Houssaye, M. Thors, Mmes Colette
Dumas, Caro Beulé, etc.
L'inhumation a- eu lieu à Ville-d'Avray. -
Le vicomte d'Hautpoul, lieutenant au 9e cuirassiers,
fils du comte et de la comtesse d'Hautpoul, née de Cha-
telus, est fiancé à Mlle des Roys, fille du général de
division vicomte des Roys, et de la vicomtesse, née
Miltenberger.
Clubs. - Le marquis de Nadaillac, présenté par le
marquis de Saint-Genys et le vicomte Fernand de Rougé,
a été reçu comme membre permanent du Cercle agri-
cole.
i 1i ,
Reçus comme sociétaires de l' « Omnium » : vice-
amiral Miot, MM. Pinto de Araujo, Eugène Adam, Gas-
ton Dreyfus, Raoul Guillemard, Albert del Porto, comte
de Vitali, Albert Schayé, Jules Aghion, Robert Franck,
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