Titre : La Diplomatie : revue bi-mensuelle internationale / René Bréviaire, directeur ; Pierre Robbe, rédacteur en chef
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-06-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757680q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 984 Nombre total de vues : 984
Description : 05 juin 1897 05 juin 1897
Description : 1897/06/05 (A1,N3). 1897/06/05 (A1,N3).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6463837j
Source : Ministère des Affaires étrangères, 2012-278189
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
LA DIPLOMATIE 21
en « galuchat » marqueté d'un entourage d'acier fin. On
sait que le galuchat, fort employé au siècle dernier pour
les écrins et autres objets de gainerie et qui ressemble
à un bel émail, n'est autre que la peau de serpent natu-
relle travaillée avec un art tout particulier. Le ton vert
éclatant des plaques de ceinture dont nous parlons,
avec le brillant entourage de ses arabesques d'acier sur
la teinte délicate du maroquin blanc est du plus joli
effet.
Comtesse DE TRÉGASTELS.
Chronique Musicale
Voici le mois où, un à un, les théâtres ferment leurs
portes, où les salles de concerts deviennent silencieuses,
c'est donc le moment de parler un peu du mouvement
théâtral et musical à l'étranger et nous commencerons
aujourd'hui par regarder ce qui se passe à Londres en
ce moment-ci.
Tout d'abord, si nous jetons un coup d'œil sur les
programmes de l'opéra de Covent Garden, nous serons
étonnés du nombre et de la diversité des œuvres repré-
sentées, non moins étonnés de la quantité d'artistes
engagés pour interpréter ces œuvres et cela pour une
saison qui ne dure pas deux mois et demi. Voici, en
effet, les spectacles d'une semaine, de la semaine der-
nière. Mercredi 27 mai, Manon, avec Van Dyck;
jeudi 28, Carmen, avec Mlle Zélie de Lussan; Ven-
dredi 29, Lohengrin, avec Jean et Édouard de Reszké,
et Mme Marie Bréma ; samedi, l'Attaque du Moulin
avec Mmes Bréma et Ester Palliser, MM. Noté, Bon-
nard, etc.; lundi 31, les Maîtres Chanteurs avec Jean
et Édouard de Reszké et Mme Eames ; mardi 1er juin,
Aida avec Mme Marie Brema, et, enfin, mercredi 2 juin,
Faust avec Van Dyck, Plançon et Mme Eames. Donc,
sept spectacles différents en sept jours. Comparez, si
vous voulez, les affiches réunies de l'Opéra et de
l'Opéra-Comique et jugez ! De plus, trois chefs d'orches-
tre sont chargés de la direction. Mancinelli qui dirige
le répertoire italien, Flon, le répertoire français ; et
Antoine Seidl, spécialement chargé des œuvres wagné.
riennes.
Voici ce qui se passe dans un théâtre de ce Londres
dont les habitants ne sont, à ce qu'on prétend, pas
musiciens Qu'est-ce que cela serait donc, comme disait
le Marseillais, s'ils l'étaient !
Cette question du plus ou moins de goût musical des
Anglais est de celles que je n'ai pas à résoudre. Mais il
y a un fait certain, c'est que les salles de théâtre et de
concert sont toujours remplies, les places sont fort
chères et les spectateurs ont l'air parfaitement satis
faits. Je n'en demande pas plus au public parisien.
On m'objectera la médiocrité des exécutions. Sans
chercher a réfuter cette opinion, émise généralement
par des gens qui n'ont jamais mis les pieds à Covent
Garden, je conseillerai à ceux qui la répandent, d'en-
trer à l'Opéra ou à l'Opéra-Comique un jour, au hasard,
un de ces jours ordinaires où on joue quelque bonne
pièce du répertoire, et je pense qu'après cela ils n'oseront
plus parler de médiocrité.
Je ne veux pas passer pour un homme qui ne trouve
rien de bon qu'en dehors de son pays, mais il n'est pas
mauvais de constater qu'on fait ailleurs souvent aussi
bien et quelquefois beaucoup mieux que chez nous.
Il y a bien d'autres théâtres à Londres où se jouent
des pièces musicales intéressantes ou simplement amu-
santes. Comme production d'origine française, c'est la
Poupée, d'Ordonneau et Audran, jouée par une jeune
artiste que nous avons vue sur la scène des Bouffes,
Mlle Favier, qui tient le record du succès. En fait de
pièces anglaises, je puis vous citer la Geisha, qui se
joue depuis à peu près dix-huit mois sans interruption,
la Circus Girl, le dernier succès du Gaiety theatre, et
une des meilleures pièces de Gilbert et Sullivan, the
Yeomen of the Guard, dont on vient de faire une bril-
lante reprise au Savoy theatre. Quelle que soit la valeur
de ces différentes pièces, tant au point de vue littéraire
qu'au point de vue musical, l'exécution en est toujours
bonne et l'on est sûr de trouver dans chaque théâtre
un orchestre et des chœurs excellents. C'est déjà beau-
coup.
Les concerts sont innombrables pendant la season et
les artistes du monde entier se font entendre durant
cette période. Je renonce à les énumérer, ils sont trop,
mais je tiens cependant à noter les concerts symphoni-
ques qui sont nombreux et intéressants. C'est d'abord
la Société philarmonique, sous la direction de Sir A. C.
Mackenzie (dont M. Colonne nous a fait entendre une
intéressante fantaisie), puis les concerts symphoniques
dirigés par M. Heuschel, ceux de Queen's Hall sous la
direction de M. Wood et enfin les concerts de Hans
Richter, le célèbre chef d'orchestre de l'opéra de Vienne
et de Bayreuth.
Vous voyez qu'il y a de la pâture pour tous, musi-
ciens ou non, et, en tous cas, il y a là, chaque année,
un mouvement des plus intéressants pour nos compo-
siteurs qui ont si peu d'occasions d'entendre leurs œu-
vres. Quelques-uns l'ont déjà compris et ont pris l'ha-
bitude de traverser chaque année le Pas de Calais pQur
venir cueillir des lauriers et. des bank-notes. C'est
ainsi qu'on annonce pour la semaine prochaine un con-
cert donné par Gabriel Fauré et composé de ses œu-
vres. Ce remarquable artiste, qui compte dans les pre-
miers parmi les modernes, est très fêté dans le monde
artistique anglais et ses compositions, spécialement ses
mélodies, ont été accueillies avec là plus grande faveur
et leur succès va toujours en augmentant.
En résumé, le mouvement musical à Londres est des
plus importants; il faut en tenir compte, tâcher d'en
tirer profit pour notre école musicale française dont les
productions, malgré tout, tiennent encore le premier
rang dans les théâtres et les concerts à l'étranger et, si
cela est possible, essayer d'imiter un peu ce que font
nos voisins dans cet ordre d'idées en créant, ce que
tous les musiciens réclament, le théâtre lyrique et la
salle de concerts qui manquent à Paris.
c A. MESSAGER.
en « galuchat » marqueté d'un entourage d'acier fin. On
sait que le galuchat, fort employé au siècle dernier pour
les écrins et autres objets de gainerie et qui ressemble
à un bel émail, n'est autre que la peau de serpent natu-
relle travaillée avec un art tout particulier. Le ton vert
éclatant des plaques de ceinture dont nous parlons,
avec le brillant entourage de ses arabesques d'acier sur
la teinte délicate du maroquin blanc est du plus joli
effet.
Comtesse DE TRÉGASTELS.
Chronique Musicale
Voici le mois où, un à un, les théâtres ferment leurs
portes, où les salles de concerts deviennent silencieuses,
c'est donc le moment de parler un peu du mouvement
théâtral et musical à l'étranger et nous commencerons
aujourd'hui par regarder ce qui se passe à Londres en
ce moment-ci.
Tout d'abord, si nous jetons un coup d'œil sur les
programmes de l'opéra de Covent Garden, nous serons
étonnés du nombre et de la diversité des œuvres repré-
sentées, non moins étonnés de la quantité d'artistes
engagés pour interpréter ces œuvres et cela pour une
saison qui ne dure pas deux mois et demi. Voici, en
effet, les spectacles d'une semaine, de la semaine der-
nière. Mercredi 27 mai, Manon, avec Van Dyck;
jeudi 28, Carmen, avec Mlle Zélie de Lussan; Ven-
dredi 29, Lohengrin, avec Jean et Édouard de Reszké,
et Mme Marie Bréma ; samedi, l'Attaque du Moulin
avec Mmes Bréma et Ester Palliser, MM. Noté, Bon-
nard, etc.; lundi 31, les Maîtres Chanteurs avec Jean
et Édouard de Reszké et Mme Eames ; mardi 1er juin,
Aida avec Mme Marie Brema, et, enfin, mercredi 2 juin,
Faust avec Van Dyck, Plançon et Mme Eames. Donc,
sept spectacles différents en sept jours. Comparez, si
vous voulez, les affiches réunies de l'Opéra et de
l'Opéra-Comique et jugez ! De plus, trois chefs d'orches-
tre sont chargés de la direction. Mancinelli qui dirige
le répertoire italien, Flon, le répertoire français ; et
Antoine Seidl, spécialement chargé des œuvres wagné.
riennes.
Voici ce qui se passe dans un théâtre de ce Londres
dont les habitants ne sont, à ce qu'on prétend, pas
musiciens Qu'est-ce que cela serait donc, comme disait
le Marseillais, s'ils l'étaient !
Cette question du plus ou moins de goût musical des
Anglais est de celles que je n'ai pas à résoudre. Mais il
y a un fait certain, c'est que les salles de théâtre et de
concert sont toujours remplies, les places sont fort
chères et les spectateurs ont l'air parfaitement satis
faits. Je n'en demande pas plus au public parisien.
On m'objectera la médiocrité des exécutions. Sans
chercher a réfuter cette opinion, émise généralement
par des gens qui n'ont jamais mis les pieds à Covent
Garden, je conseillerai à ceux qui la répandent, d'en-
trer à l'Opéra ou à l'Opéra-Comique un jour, au hasard,
un de ces jours ordinaires où on joue quelque bonne
pièce du répertoire, et je pense qu'après cela ils n'oseront
plus parler de médiocrité.
Je ne veux pas passer pour un homme qui ne trouve
rien de bon qu'en dehors de son pays, mais il n'est pas
mauvais de constater qu'on fait ailleurs souvent aussi
bien et quelquefois beaucoup mieux que chez nous.
Il y a bien d'autres théâtres à Londres où se jouent
des pièces musicales intéressantes ou simplement amu-
santes. Comme production d'origine française, c'est la
Poupée, d'Ordonneau et Audran, jouée par une jeune
artiste que nous avons vue sur la scène des Bouffes,
Mlle Favier, qui tient le record du succès. En fait de
pièces anglaises, je puis vous citer la Geisha, qui se
joue depuis à peu près dix-huit mois sans interruption,
la Circus Girl, le dernier succès du Gaiety theatre, et
une des meilleures pièces de Gilbert et Sullivan, the
Yeomen of the Guard, dont on vient de faire une bril-
lante reprise au Savoy theatre. Quelle que soit la valeur
de ces différentes pièces, tant au point de vue littéraire
qu'au point de vue musical, l'exécution en est toujours
bonne et l'on est sûr de trouver dans chaque théâtre
un orchestre et des chœurs excellents. C'est déjà beau-
coup.
Les concerts sont innombrables pendant la season et
les artistes du monde entier se font entendre durant
cette période. Je renonce à les énumérer, ils sont trop,
mais je tiens cependant à noter les concerts symphoni-
ques qui sont nombreux et intéressants. C'est d'abord
la Société philarmonique, sous la direction de Sir A. C.
Mackenzie (dont M. Colonne nous a fait entendre une
intéressante fantaisie), puis les concerts symphoniques
dirigés par M. Heuschel, ceux de Queen's Hall sous la
direction de M. Wood et enfin les concerts de Hans
Richter, le célèbre chef d'orchestre de l'opéra de Vienne
et de Bayreuth.
Vous voyez qu'il y a de la pâture pour tous, musi-
ciens ou non, et, en tous cas, il y a là, chaque année,
un mouvement des plus intéressants pour nos compo-
siteurs qui ont si peu d'occasions d'entendre leurs œu-
vres. Quelques-uns l'ont déjà compris et ont pris l'ha-
bitude de traverser chaque année le Pas de Calais pQur
venir cueillir des lauriers et. des bank-notes. C'est
ainsi qu'on annonce pour la semaine prochaine un con-
cert donné par Gabriel Fauré et composé de ses œu-
vres. Ce remarquable artiste, qui compte dans les pre-
miers parmi les modernes, est très fêté dans le monde
artistique anglais et ses compositions, spécialement ses
mélodies, ont été accueillies avec là plus grande faveur
et leur succès va toujours en augmentant.
En résumé, le mouvement musical à Londres est des
plus importants; il faut en tenir compte, tâcher d'en
tirer profit pour notre école musicale française dont les
productions, malgré tout, tiennent encore le premier
rang dans les théâtres et les concerts à l'étranger et, si
cela est possible, essayer d'imiter un peu ce que font
nos voisins dans cet ordre d'idées en créant, ce que
tous les musiciens réclament, le théâtre lyrique et la
salle de concerts qui manquent à Paris.
c A. MESSAGER.
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