Titre : Le Journal du dimanche : gazette hebdomadaire de la famille
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1902-07-20
Contributeur : Gondry Du Jardinet, Jules (1832-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32800874s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8563 Nombre total de vues : 8563
Description : 20 juillet 1902 20 juillet 1902
Description : 1902/07/20 (A56,N3189). 1902/07/20 (A56,N3189).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5678126f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/12/2010
— 4 —
«Mes matins sont blafards comme des crépuscules ej,
« Car l'ombre des dieux morts passe encor sur mon -,-.
[front, i c
« Mais j'attends, las du faix qui courba les Hercules,
<> L'aurore rédemptrice où. les dieux renaîtront. » ,
as
ri
Il clame ainsi l'effroi dont, son angoisse est pleine o-r
Aux arbres, aux rochers, aux fleuves, aux troupeaux. ^
Vains appels ! L'océan, la montagne, la plaine ' Q<
Dorment, sans s'émouvoir leur immortel repos. lg
La Femme en qui la boue a laissé trop d'empreinte
A son roi désolé sourit à. chaque pas. _^
Sa chair entend l'Esprit sans répondre à. sa plainte,
Indifférente aux deuils qu'elle n'engendre pas.
Et l'assassin des dieux, orphelin par son crime, 1
Sans qu'une aube apparaisse au plafond de sa nuit, 1
Tramera le remords de son meurtre sublime
Dans la morne prison de l'éternel ennui.
FERNAND DE FLEURY.
-«O» :
ENSEIGNEMENT CIVIQUE l
La solidarité internationale j,
Bien comprise, la solidarité ne se h- ^
mite pas à un groupe ou même à une 1
nation : dans le premier cas, elle risque- c
rait de ranimer l'esprit de caste et, dans Ç
le second, de produire un égoïsme col- à
lectif très dangereux.
Elle s'étend à l'humanité tout entière '
puisqu'elle est la conséquence morale de A
la symbiose universelle. Dès maintenant, i
les nations commencent à prendre cons- 3
cience de la solidarité qui les -unit entre ) i
elles. (
Les conventions internationales se ]
multiplient,, favorisées par les congrès
et les expositions : une opinion euro-
péenne commence à se dégager : l'em-
pereur Guillaume a mis à la mode le
mot' de politique mondiale. Le tsar a
proposé de réduire les charges militai-
res : un de ses conseillers a écrit trois
volumes admirablement documentés
pour démontrer qu'une guerre euro-
péenne ruinerait les belligérants et af-
faiblirait'tous les autres. Enfin, les con-
grès pacifiques ne font plus rire per-
sonne : on ne se moquerait plus de Vic-
tor Hugo invoquant la paix universelle.
Dans les grands journaux, les publicis-
tes qui sont chargés d'avoir de l'esprit
n'ont pas tourné en ridicule la cérémo-
nie au cours de laquelle on vient d'inau-
gurer, à Genève, un musée de la pai>c
Sans doute, la peur des responsabili-
, tés, la crainte d'un échec, le souci de l'in-
térêt dynastique, mille autres raisons
d'incertitude et d'égoïsme expliquent
aussi la paix relative dont l'Europe béné-
ficie pour la première fois depuis trente i
ans. Sans doute encore un peuple sou-
cieux de maintenir sa civilisation et son
indépendance ne peut songer, dans l'état
actuel de l'Europe, au désarmement im-
médiat : les nations sont, moins que les
individus, a l'abri de certains accès de
folie impulsive qui mettent le voisinage
en danger. Enfin, il res^e des injustices 1
à réparer. i
Pourtant, l'esprit le moins, chimérique
ne saurait nier les progrès de la science I
de l'instruction et de la moralité. Ils ten- |
dent à nous rapprocher sans cesse de |
l'ère pacifique où les nations se traite-
ront, entre elles comme les honnêtes,
gens entre eux, où les conflits entre col-
laborateurs solidaires de la même oeu-
vre humaine se régleront par l'arbitrage f
et où sera définitivement instituée la I p£
Paix par le Droit. ic
C'est l'oeuvre de longue haleine et d'in- al
lassable persévérance que doit réaliser
dans l'avenir cette éducation sociale dont £
l'initiateur le plus actif est M. Léon Bour- ^
geois, l'auteur de la Solidarité et le chef .^
de la mission française au congrès de C('
la Haye. ■ ' 0j
Louis DIJRIEU. ri
UN NOVATEUR s
* ^
JUL-ES FRÈRE \
Le 13 juillet a été marqué à Maubeuge c
(Nord) par une fête originale. s
L'Association des anciens élèves de
l'école, dont le président est M." H. Seul- 1
fort, président du conseil général du l
Nord, a érigé un buste à un enfant trou-
vé, à Jules Frère, qui fut directeur de '
l'école laïque et qui a élé le fondateur, ï
comme inspecteur des Enfants assistés, .
du premier sanatorium maritime établi ',
à Berck en 1861. ,
L'inauguration du monument a. donné
lieu à une belle manifestation des élè-
ves et anciens élèves. Mille jeunes filles et
écolières ont défilé devant le buste en
jetant des fleurs. Quatre cents jeunes
gens et enfants ont exécuté sur la rousi-
1 que de Méhul Y Hymne à la liberté écrit,
par Maurice Bouchor.
La cérémonie, qui a été des plus bel-
les, des plus émouvantes, a été présidée
par M. Edouard Petit, inspecteur général
de l'instruction publique, représentant
M. Chaumié, ministre de l'instruction
publique. Il était assisté de M. Sculfort,
président du comité ; de M. Margolet,
recteur de l'Académie de Lille ; de M.
Bansaric, directeur de l'enseignement
primaire du Nord ; de M. Walrand, '
in aire de Maubeuge ; du général Guinot,
gouverneur de Maubeuge, etc.
Nous donnons le discours prononcé
par M. Edouard Petit et où se trouve re-
tracé, en vif relief, la vie de ce modeste,
de cet effacé que fut Jules Frère. L'ora-
teur donne à celte fête organisée à Mau-
beuge sa signification et sa portée.
Messieurs,
Ce m'est un précieux honneur que d'être.
associé comme délégué du ministre de l'ins-
1 : truclion. publique à celte cérémonie qui vaut
'• par son caractère de moralité civique, à cette
fête de la reconnaissance réparatrice et de la
', i solidarité.
L'école publique et laïque — élèves et an-
t ciens élèves unis — prouve aujourd'hui,
^ ,, d'exemple, comment elle sait honorer, com-
ment elle réussit à tirer d'un injuste oubli la
^ mémoire d'un instituteur qui fut un éduca-
3 ; leur, d'un novateur en philanthropie, qui
3 i s'est penché vers l'enfance infirme et dôshéVi
î. i ritée et qui l'a élevée vers un peu de bien-'-
3 II être, de santé, de joie consolante, d'un ci-
I toyen qui à la passion du bien public allia la
j S passion de l'obscurité.
3 I Et la Cité s'est unie à l'Ecole pour rendre
~i j hommage au maître, au précurseur, au ré-
. j publicain dont le buste s'élève dans la ville lé-
L ' moin de ses débuts.-'Maubeuge a adopté com-
me son fils celui'qui éleva tant de ses 1 fils.
p | Maubeuge est devenue, par un pieux et ton-
t- chant témoignage de gratitude, la «■ petite pa-
t- ■ trie » de Jules Frère, car c'est à Maubeuge
e | qu'il à enseigné, qu'il s'est Idrméj par l'étùdêj
par la méditation, au rôle qu'il a joué ; c'est
ici que, par la pensée, il s'est élancé vers son
apostolat de dévouement et. d'abnégation.
On ne saurait trop louer M. René Bertrand
d'avoir fixé avec une si pénétrante exactitude,
la. ressemblance du modèle. C'est bien son
large front où s'enfonçaient une pensée te- \
nace, une volonté hardie et prudente à la fois ;
ce sont bien,abrités sous l'épaisseur dessour- ; j
cils, ses yeux francs, pleins de flàïnnies inté-
rieurs, regardant droit- et loin devant eux, et
se portant vers l'avenir. Les lèvres ont un
pli sérieux, de réserve concentrée, mais coin- ,;
me on sent qu'elles sont prêtes à s'ouvrir ;;■
pour la parole de douceur et de réconfort ! Et
comme l'ensemble de la physionomie, revi-
vant sous le ciseau de l'artiste, dit avec la
fermeté la douceur, avec la maîtrise de soi et
une certaine fier lé grave qui commandent ' a
déférence et le respect, l'entrain confiant, la
souriante amabilité !
Tel il apparaît dans l'oeuvre rayonnante de
l'artiste, tel il fut dans la belle et forte uniiô
' de sa vie.
Il fut Energie. Il fut Bonté.Et les dons ù'nu-
lialive, d'agissante et précise bienveillance,
d'invincible persuasion qu'il devait à la na-
ture, il les employa tout entiers., de dessein
arrêté, continûment, et par souvenir de son
origine, à aimer, a. aider, à. guérir dans îeur
clair et dans leur coeur les pupilles de l'As-
sis lance qui, au vrai, sont les pupilles de ia
Nation. Frère avait souffert. Dans la souf-
france, il eût pu apprendre la haine. Il y ap-
prit l'amour.
Instituteur, il tend' sa pensée vers la fin
exacte qu'il assigne à son activité, l'ouï en
instruisant, et avec quelle sûreté de méthode,
quelle ardeur entraînante, les élèves qui lui
sont confiés, il a le souci d'améliorer le s art
des enfants trouvés. Il rédige, ce directeur rie
vingt-trois ans, un mémoire utile et. pratique,
de facile application, sur le placement des en-
fants de l'hospice a. la campagne. Il réclame
pour eux soins spéciaux, protection effective
dans un milieu familial et revigorant-.
Inspecteur des enfants assistés à Irenle-
trois ans, il s'empresse de passer de la théo-
rie à l'action. Il ne se contente pas d'adminis-
trer avec une correction passive. Il trans-
forme sa fonction en » poste d'humanité ». 11
ne perd pas un jour, pas une heure, pour
faire plus de bien.
Chercheur, observateur, il se rend compte,
dans son service, que les enfants lymphati-
ques, rachiliques, scrofuleux, supportent-
mieux leur triste hérédité de déformations
physiologiques dans le voisinage de la mer
que dans les fermes de l'intérieur. Il tire
promplement parti de la constatation. Il est
nommé en octobre 1S5G. Dès avril 1857, il
s'entend avec la bonne Mme Duhamel, que le
dévouement improvise infirmière et qui
brouettera de pauvres petits êtres de douleur
de Groffliers à Berclt, et bientôt après avec
cette autre admirable laïque Mme Brillard,
, (i Marianne toute seule », qui dans sa ca-
bane de planches les abritera, les bercera,
maternellement. Mme Duhamel ! Mme Bril-
lard ! On me pardonnera d'avoir rappelé le
souvenir de ces deux humbles femmes, de
ces obscures héroïnes qui méritent de voir
leur nom inscrit dans le livre d'or de la bien-
faisance et que Jules Frère, ni dans ses pa-
\ rôles, ni dans ses écrits, n'oublia jamais.
Dès le début, les résultats du traitement
marin sont tels qu'avec son collaborateur
scientifique, le docteur .Perrochaud, il les dé-
sire, les attend, les escompte. Alors empor-
té par sa foi sociale, il élargit son action. Il
veut que les petits débiles, que les petits ma-
lingres achevant leur agonie de fièvre dans
1 atmosphère surchauffée des villes viennent,
par centaines, reprendre force, sève, couleur
auprès de celle que Michel et appelle la «gran-
de régénératrice », auprès de celle dont « la
i conception est permanente. »
'Visites répétées avui malades; démarches
«Mes matins sont blafards comme des crépuscules ej,
« Car l'ombre des dieux morts passe encor sur mon -,-.
[front, i c
« Mais j'attends, las du faix qui courba les Hercules,
<> L'aurore rédemptrice où. les dieux renaîtront. » ,
as
ri
Il clame ainsi l'effroi dont, son angoisse est pleine o-r
Aux arbres, aux rochers, aux fleuves, aux troupeaux. ^
Vains appels ! L'océan, la montagne, la plaine ' Q<
Dorment, sans s'émouvoir leur immortel repos. lg
La Femme en qui la boue a laissé trop d'empreinte
A son roi désolé sourit à. chaque pas. _^
Sa chair entend l'Esprit sans répondre à. sa plainte,
Indifférente aux deuils qu'elle n'engendre pas.
Et l'assassin des dieux, orphelin par son crime, 1
Sans qu'une aube apparaisse au plafond de sa nuit, 1
Tramera le remords de son meurtre sublime
Dans la morne prison de l'éternel ennui.
FERNAND DE FLEURY.
-«O» :
ENSEIGNEMENT CIVIQUE l
La solidarité internationale j,
Bien comprise, la solidarité ne se h- ^
mite pas à un groupe ou même à une 1
nation : dans le premier cas, elle risque- c
rait de ranimer l'esprit de caste et, dans Ç
le second, de produire un égoïsme col- à
lectif très dangereux.
Elle s'étend à l'humanité tout entière '
puisqu'elle est la conséquence morale de A
la symbiose universelle. Dès maintenant, i
les nations commencent à prendre cons- 3
cience de la solidarité qui les -unit entre ) i
elles. (
Les conventions internationales se ]
multiplient,, favorisées par les congrès
et les expositions : une opinion euro-
péenne commence à se dégager : l'em-
pereur Guillaume a mis à la mode le
mot' de politique mondiale. Le tsar a
proposé de réduire les charges militai-
res : un de ses conseillers a écrit trois
volumes admirablement documentés
pour démontrer qu'une guerre euro-
péenne ruinerait les belligérants et af-
faiblirait'tous les autres. Enfin, les con-
grès pacifiques ne font plus rire per-
sonne : on ne se moquerait plus de Vic-
tor Hugo invoquant la paix universelle.
Dans les grands journaux, les publicis-
tes qui sont chargés d'avoir de l'esprit
n'ont pas tourné en ridicule la cérémo-
nie au cours de laquelle on vient d'inau-
gurer, à Genève, un musée de la pai>c
Sans doute, la peur des responsabili-
, tés, la crainte d'un échec, le souci de l'in-
térêt dynastique, mille autres raisons
d'incertitude et d'égoïsme expliquent
aussi la paix relative dont l'Europe béné-
ficie pour la première fois depuis trente i
ans. Sans doute encore un peuple sou-
cieux de maintenir sa civilisation et son
indépendance ne peut songer, dans l'état
actuel de l'Europe, au désarmement im-
médiat : les nations sont, moins que les
individus, a l'abri de certains accès de
folie impulsive qui mettent le voisinage
en danger. Enfin, il res^e des injustices 1
à réparer. i
Pourtant, l'esprit le moins, chimérique
ne saurait nier les progrès de la science I
de l'instruction et de la moralité. Ils ten- |
dent à nous rapprocher sans cesse de |
l'ère pacifique où les nations se traite-
ront, entre elles comme les honnêtes,
gens entre eux, où les conflits entre col-
laborateurs solidaires de la même oeu-
vre humaine se régleront par l'arbitrage f
et où sera définitivement instituée la I p£
Paix par le Droit. ic
C'est l'oeuvre de longue haleine et d'in- al
lassable persévérance que doit réaliser
dans l'avenir cette éducation sociale dont £
l'initiateur le plus actif est M. Léon Bour- ^
geois, l'auteur de la Solidarité et le chef .^
de la mission française au congrès de C('
la Haye. ■ ' 0j
Louis DIJRIEU. ri
UN NOVATEUR s
* ^
JUL-ES FRÈRE \
Le 13 juillet a été marqué à Maubeuge c
(Nord) par une fête originale. s
L'Association des anciens élèves de
l'école, dont le président est M." H. Seul- 1
fort, président du conseil général du l
Nord, a érigé un buste à un enfant trou-
vé, à Jules Frère, qui fut directeur de '
l'école laïque et qui a élé le fondateur, ï
comme inspecteur des Enfants assistés, .
du premier sanatorium maritime établi ',
à Berck en 1861. ,
L'inauguration du monument a. donné
lieu à une belle manifestation des élè-
ves et anciens élèves. Mille jeunes filles et
écolières ont défilé devant le buste en
jetant des fleurs. Quatre cents jeunes
gens et enfants ont exécuté sur la rousi-
1 que de Méhul Y Hymne à la liberté écrit,
par Maurice Bouchor.
La cérémonie, qui a été des plus bel-
les, des plus émouvantes, a été présidée
par M. Edouard Petit, inspecteur général
de l'instruction publique, représentant
M. Chaumié, ministre de l'instruction
publique. Il était assisté de M. Sculfort,
président du comité ; de M. Margolet,
recteur de l'Académie de Lille ; de M.
Bansaric, directeur de l'enseignement
primaire du Nord ; de M. Walrand, '
in aire de Maubeuge ; du général Guinot,
gouverneur de Maubeuge, etc.
Nous donnons le discours prononcé
par M. Edouard Petit et où se trouve re-
tracé, en vif relief, la vie de ce modeste,
de cet effacé que fut Jules Frère. L'ora-
teur donne à celte fête organisée à Mau-
beuge sa signification et sa portée.
Messieurs,
Ce m'est un précieux honneur que d'être.
associé comme délégué du ministre de l'ins-
1 : truclion. publique à celte cérémonie qui vaut
'• par son caractère de moralité civique, à cette
fête de la reconnaissance réparatrice et de la
', i solidarité.
L'école publique et laïque — élèves et an-
t ciens élèves unis — prouve aujourd'hui,
^ ,, d'exemple, comment elle sait honorer, com-
ment elle réussit à tirer d'un injuste oubli la
^ mémoire d'un instituteur qui fut un éduca-
3 ; leur, d'un novateur en philanthropie, qui
3 i s'est penché vers l'enfance infirme et dôshéVi
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3 II être, de santé, de joie consolante, d'un ci-
I toyen qui à la passion du bien public allia la
j S passion de l'obscurité.
3 I Et la Cité s'est unie à l'Ecole pour rendre
~i j hommage au maître, au précurseur, au ré-
. j publicain dont le buste s'élève dans la ville lé-
L ' moin de ses débuts.-'Maubeuge a adopté com-
me son fils celui'qui éleva tant de ses 1 fils.
p | Maubeuge est devenue, par un pieux et ton-
t- chant témoignage de gratitude, la «■ petite pa-
t- ■ trie » de Jules Frère, car c'est à Maubeuge
e | qu'il à enseigné, qu'il s'est Idrméj par l'étùdêj
par la méditation, au rôle qu'il a joué ; c'est
ici que, par la pensée, il s'est élancé vers son
apostolat de dévouement et. d'abnégation.
On ne saurait trop louer M. René Bertrand
d'avoir fixé avec une si pénétrante exactitude,
la. ressemblance du modèle. C'est bien son
large front où s'enfonçaient une pensée te- \
nace, une volonté hardie et prudente à la fois ;
ce sont bien,abrités sous l'épaisseur dessour- ; j
cils, ses yeux francs, pleins de flàïnnies inté-
rieurs, regardant droit- et loin devant eux, et
se portant vers l'avenir. Les lèvres ont un
pli sérieux, de réserve concentrée, mais coin- ,;
me on sent qu'elles sont prêtes à s'ouvrir ;;■
pour la parole de douceur et de réconfort ! Et
comme l'ensemble de la physionomie, revi-
vant sous le ciseau de l'artiste, dit avec la
fermeté la douceur, avec la maîtrise de soi et
une certaine fier lé grave qui commandent ' a
déférence et le respect, l'entrain confiant, la
souriante amabilité !
Tel il apparaît dans l'oeuvre rayonnante de
l'artiste, tel il fut dans la belle et forte uniiô
' de sa vie.
Il fut Energie. Il fut Bonté.Et les dons ù'nu-
lialive, d'agissante et précise bienveillance,
d'invincible persuasion qu'il devait à la na-
ture, il les employa tout entiers., de dessein
arrêté, continûment, et par souvenir de son
origine, à aimer, a. aider, à. guérir dans îeur
clair et dans leur coeur les pupilles de l'As-
sis lance qui, au vrai, sont les pupilles de ia
Nation. Frère avait souffert. Dans la souf-
france, il eût pu apprendre la haine. Il y ap-
prit l'amour.
Instituteur, il tend' sa pensée vers la fin
exacte qu'il assigne à son activité, l'ouï en
instruisant, et avec quelle sûreté de méthode,
quelle ardeur entraînante, les élèves qui lui
sont confiés, il a le souci d'améliorer le s art
des enfants trouvés. Il rédige, ce directeur rie
vingt-trois ans, un mémoire utile et. pratique,
de facile application, sur le placement des en-
fants de l'hospice a. la campagne. Il réclame
pour eux soins spéciaux, protection effective
dans un milieu familial et revigorant-.
Inspecteur des enfants assistés à Irenle-
trois ans, il s'empresse de passer de la théo-
rie à l'action. Il ne se contente pas d'adminis-
trer avec une correction passive. Il trans-
forme sa fonction en » poste d'humanité ». 11
ne perd pas un jour, pas une heure, pour
faire plus de bien.
Chercheur, observateur, il se rend compte,
dans son service, que les enfants lymphati-
ques, rachiliques, scrofuleux, supportent-
mieux leur triste hérédité de déformations
physiologiques dans le voisinage de la mer
que dans les fermes de l'intérieur. Il tire
promplement parti de la constatation. Il est
nommé en octobre 1S5G. Dès avril 1857, il
s'entend avec la bonne Mme Duhamel, que le
dévouement improvise infirmière et qui
brouettera de pauvres petits êtres de douleur
de Groffliers à Berclt, et bientôt après avec
cette autre admirable laïque Mme Brillard,
, (i Marianne toute seule », qui dans sa ca-
bane de planches les abritera, les bercera,
maternellement. Mme Duhamel ! Mme Bril-
lard ! On me pardonnera d'avoir rappelé le
souvenir de ces deux humbles femmes, de
ces obscures héroïnes qui méritent de voir
leur nom inscrit dans le livre d'or de la bien-
faisance et que Jules Frère, ni dans ses pa-
\ rôles, ni dans ses écrits, n'oublia jamais.
Dès le début, les résultats du traitement
marin sont tels qu'avec son collaborateur
scientifique, le docteur .Perrochaud, il les dé-
sire, les attend, les escompte. Alors empor-
té par sa foi sociale, il élargit son action. Il
veut que les petits débiles, que les petits ma-
lingres achevant leur agonie de fièvre dans
1 atmosphère surchauffée des villes viennent,
par centaines, reprendre force, sève, couleur
auprès de celle que Michel et appelle la «gran-
de régénératrice », auprès de celle dont « la
i conception est permanente. »
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