Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-05-14
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 123753 Nombre total de vues : 123753
Description : 14 mai 1905 14 mai 1905
Description : 1905/05/14 (Numéro 7749). 1905/05/14 (Numéro 7749).
Description : Note : 3ème édition. Note : 3ème édition.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k567604r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
NOUVELLES DU MONDE "ENTIER
LE MÂÏJM" EN LORRAim/
U empereur passe en revue hommes
l^$mpep«ur Guillaume en uniforme de colonel de euirassi«l»s^
'{PAR «TIRE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
Metz, 12 mai.
Lorsque à la fin de la cérémonie du'ci-
metière de Gravelotte un général s'ap-
procha de l'empereur et demanda, con-
formémént a l'usage, le mot d'ordre pour
la manœuvre et la grande revue du len-
demain, le souverain répondit à très
haute voix Gravelotte. » C'est donc au
souvenir dé la lutte meurtrière de
que se sont déroulées manœuvres et pa-
rade auxquelles je viens d'assister. 'De
la: manœuvre je ne peux rien dire, n'ayant
aucune compétence pour critiquer des
opérations de. guerre je renonce à avoir'
.une opinion sur l'opportunité d'une dé-
monstration qui amenait une masse pro-
fonde d'infanterie à gravir paisiblement
une côte pendant que des batteries d'ar-
tillerie établies au sommet lui en-
voyaient des'rafales de coups de canon,
et c'est à.'peine si j'ai osé, à la vue d'un
si grand spectacle, me rappeler cette
boutade du sceptique général de Hœse-
'ler, qui, un jour, en considérant le, dan-
gereux déploiement d'une opération de
ce genre, dit à l'empereur « Tout cela
est parfait, mais maintenant qui donc
,ya ramassec les morts ?
Lorsque l'infanterie fut parvenue au
bout de sa, course, l'artillerie est allée, au
grand galop, prendre refuge dans un
bois, où elle s'est de nouveau mise en bat-,
lerie, avec une célérité que nos canons
niers n'ont pas à lui envier, puisque,' de
l'avis des officiers allemands éux-mê-
mes, l'artillerie française détient encore
le record de la vitesse dans la manoeuvre
spéciale dite de la mise en batterie. Ces
canons, tonnant maintenant dans le
vide d'une plaine déblayée, j'ai jugé inu-
file de m'intéresse)- plus longtemps
leur tapage, et j'ai été prendre place en
face de l'etat-major pour assister à la pa-
rade, seule partie de la cérémonie qui of-
*s*t i un civil quelque chance d'intérêt.
Il faudrait être vraiment stupide ou
taire preuve d'une mauvaise foi puérile
pour ne pas confesser qu'il n'est pas de
spectacle qui, mieux qu'une parade alle-
mande, donne l'impression profonde de
la force humaine disciplinée, réglemen-
4ée. restreinte aussi dans l'exécution par-
faite d'un acte unique. Sous les vingt
mille casques ¡\ 'pointe qui viennent de
défiler, une seule pensée, pendant trois
'heures, immobilisait les vingt mille cher-
veaux lever la jambe juste au niveau de
celle du voisin, et obtenir du buste et de
la tête une complète rigidité. L'exécution
fut admirable au son des musiques, des
!tambours et des fifres martelant dure-
ment les cadences, devant un homme,
symbole d'une force, une foule a passé,
dans un élan si bien réglé que la perfec-
_ion'du résultat laissait apparaître la con-
.yiction sincère de !'effort. Des milliers
d'hemmes ne peuvent marcher si bien
au pas que lorsque la môme pensée est
alignée -dans tous les cerveaux, et c'est
toujours une belle et grande chose que
de voir un instant à découvert l'âme d'un
peuple, si vain que soit le sentiment qui,
passagèrement, l'anime/ d'autant que
c'est peut-être une bonne école pour sa-
voir faire ensemble de grandes actions
que d'apprendre d'abord à en faire, en
commun, de petites. Les régiments alle-
mands défilent a merveille, c'est un fait.
Je ne crois pas que ce soit vaniteux ri-
dicule, que de vouloir ici distribuer
quelques prix; cette parade est œuvre de
théâtre, et, devant tout spectacle, chà-J
cun est libre d'applaudir à sa, guise. Le
premier prix de défilé me parsît donc de-
voir revenir à la brigade bavaroise, qui
s'est présentée en masses serrées, si par-
faitement unies et soudées les unes aux
autres, que le regard le plus soupçon-
neux'et malveillant était impuissant à
découvrir la plus légère défaillance dans
le dessin de ce bloc humain habillé de
bleu de ciel et arrêté sous trois lignes
ligne de pointes de casques, ligne des
baïonnettes, ligne des bottes.
Le prix pour officiers a été certaine-
ment mérité par l'empereur lui-même.
Après avoir assisté au défilé de toute l'in-
fanterie, ,si nombreuse, hélas de la
garnison de Metz, il s'est porté au galop
devant le régiment dont il est colonel,
qu'il a lui-même présenté au général
Stœtzer, pour un instant chef suprême
de la parade. Ce régiment est le i45°, dit
régiment de Lorraine les hommes, par
privilège spécial, portent, en grande te-
nue, au lieu d'une pointe sur le casque,
un vaste panache de crin noir retombant
sur la coiffure. C'est une coiffure d'élite.
Comme tous les régiments allemands,' le
145e a quatre drapeaux, un par batail-
Ion un seul, d'ailleurs, de ces éten-
dards, sur les quatre, ferait campagne, le;
trois autres sont des pavillons de luxe.
Or, les quatre drapeaux du ont des
cravates comme les hommes ont des pa-'
naches, et ces cravates ont eu une his-
toire. Elles ont été apportées en grande
pompe, par ambassadeur spécial, au co-
lonel Guillaume II, de la part du tsar, no-
tre ami et allié. Aux.personnes qui pour-
raient s'étonner, que le tsar, postérieure-
ment à la conclusion de l'alliance franco-
russe, ait jugé nécessaire d'enrubanner
le drapeau d'un régiment, allemand, et
particulièrement opportun d'envoyer une
cravate d'honneur à celui de ces régi-
ments dont l'empereur d'Allemagne est
colonel, et qu'il a nomme lui-même ré-
giment de Lorraine,' il conviendrait sans
doute de répondre que ce sont là mani-
festations diplomatiques que la simpli-
cité brutale des raisonnements populai-
res est inhabile à comprendre. C'est là
patriotisme de monarque et délicatesse
d'empereurs: ce pauvre roi Alphonse XII,
cependant, combien nous avons été in-
justes envers lui, et combien Paris, plus
avisé cette fois, aura raison de faire à
l'hôte qu'il attend bel et sincère accueil.
Quoi qu'il en soit, Guillaume II a pré-.
senté ses panaches et ses cravates avec
une incomparable alluré et lorsque,
d'un grand geste, en passant devant le
général Stœtzer, il abaissa l'éclair du sa-
bre nu étincelant au soleil, ce fut une vi-
sion de beauté et de grandeur. L'empe-
reur est vraiment un beau colonel, et,
dans le contraste, d'ailleurs prémédité et
réglé, dans l'antithèse soigneusement
mise en scène, qui montrait le souverain
renonçant momentanément à son titre
pour redevenir un soldat confondu dans
la foule de ceux qui apprennent à la na-
tion la guerre, il y avaittoute une image,
tout le symbole des deux vertus dont est
faite la grandeur de l'Allemagne le dé-
vouement à. la patrie et la discipline.
L'aspect .de ce présente une parti-
cularité deux de ses bataillons sont ha-
billés du nouvel uniforme, dont on prête
à l'empereur 'l'Intention de doter l'ar-
mée allemande un complet gris clair,
moins somptueux que la tunique à pa-
rements écarlatees, mais d'un usage plus
pratique, car sa couleur terne arrête
moins le regard le régiment, en effet.
était déjà loin que les lignes sombres des*
vêtements bleus s'apercevaient encore,
-tandis dué les bataillons incolores
avaient.disparu, perdues dans la poiiésiè-
re, confondus dans la brume chaude de
cette matinée de printemps radieux.
L'impérial régiment traînait à- sa suite
une autre innovation une batterie mon-
tée de récents engins dénommés des fu-
sils-machines. Ce sont, paraît-il, de nou-
velles pièces, tenant de la mitrailleuse
et du canon-revolver, dont chaque régi-
ment de ligne est destiné à être, en temps
de guerre, escorté. Les hommes sont ha-
billés de drap vert d'eau très clair, d'un
aspect désagréable à l'œil, coiffés de sha-
kos en cuir fauve, d'une coupe à peu près
semblable à ceux de nos chasseurs à clie-
val, et les affûts et caissons sont peints
en bleu, comme. tout le matériel de l'ar-
tillerie allemande mais; quant aux piè-
ces elles-mêmes, aux fameux canons-
mâch'ines, je serais bien embarrassé-4'en
tenter la moindre description, car elles
étaient si bien dissimulées qu'il était im-
possible de les apercevoir.
Après l'infanterie, ce fùt l'artillerie qui
dénia, d'abord au pas et ensuite au ga-
lop, sursaulante etirinqueballante à tou-
tes les aspérilés du sol. Comme on n'a
pas encore pu apprendre aux chevaux le
pas de parade, l'effet fut peut-être moins
imposant que celui produit par la terri-
ble régularité des régiments de ligne, né-
vèrement balancés au rythme dès fifres
et des tambours. Qu'ils soient allemands
ou français, les chevaux marchent du
même pas, et les caissons roulent sur le
sol avec un bruit semblable.
x
La cavalerie, cependant, nous ména-
geait une surprise les deux régiments
de dragons armés de la lance se sont
avancés au petit pas, pendant que les
fanfares jouaient une marche funèbre, si
lente et si majestueuse que, hommes et
chevaux semblaient n'aller qu'à regret
vers quelque catastrophe imminente
puis, subitement, sans transition, les
trompettes ont embouché un petit air de
polka, comme on en entend dans les cir-
ques, fringant et gai, et voici que bêtes
et cavaliers se sont mis à danser et à sau-
ter comme en une reprise de carrousel.
C'est là évidemment, spectacle de temps
de paix, et je ne pouvais m'empêcher de
penser, en contemplant ces joyeuses ca-
racolades succédant à la gravité des pre-
miers pas, que c'était là une image fausse,
..$04^ .guerre, où il doit arriver le plus'
couvent que les chants de gaieté et de
bravoure dégénèrent vite en notes de
tristesse et de -douleur, q«e les courses
élégantes et folles se terminent en chute
d'agonie.
Cette partie du spectacle était mal ré-
glée c'est à la fin qu'il fallait faire en-
tendre la fanfare de la mort, air national
commun des peuples en querelle, hymne
final de tous les champs de bataille.
Sous le bénéfice de cette observation ma-
cabre, il faut répéter que Guillaume II
s'est donné une fois de plus la gloire de
passer une revue d'admirables soldats,
ce dont il. a témoigné toute sa satisfac-
tion en prodiguant au général Sketzer
de flatteurs compliments pour la remar-
quable tenue du 16° corps, qu'il com-
L'empereur a continué son inspection
militaire en allant visiter les nouveaux
forts de Metz. Le dernier dont on ait en-
trepris la construction, le fort Kaiserin,
sera grand comme une ville et réunira
dans son enceinte tous les redoutables
perfectionnements de l'art de tuer bat-
teries hautes, batteries basses, batteries
masquées, batteries enterrées, dont les
projectiles porteront jusqu'à notre fron-
tière mais notre état-major, je suppose,
connaît ces détails, et le temps n'est
plus où nos officiers partaient en campa-
gne, munis de cartes semblables à celle
qu'on m'a montrée au musée de Mars-
la-Tour, qui fut, en 1870, trouvée sur le
cadavre d'un capitaine.
Remis par l'intendance à Saint-
Avold », dit une mention portée au dos
de cette carte. A l'endroit, c'est un piètre
et chétif tracé de quelques lignes reliant
de chaque côté d'un fleuve figuré en
bleu une douzaine de villes. Dans le haut,
celte: inscription « Routes conduisant
à la -frontière. » Et c'est ,tout.:
Si, un jour, on voulait passer la fron-
fière, il serait bon de faire figurer sur
les cartes le fort Kaiserin. Il en vaut vrai-
ment la peine.
G. de Maizière;
DE MIDI A MINUIT
Les faits d'hier– En Franoe et à l'étranger.
A la Bourse de Paris, le 3 est plus mou,
ainsi que l'ensemble du marché.
Le tribunal civil de Cherbourg a rendu un
jugement déclarant le décès des officiers et
marins composant l'équipage du transport
de l'Etat la Vienne, perdu corps et biens dans
les parages de 111e d'Aix, entre le 10 et le
20 décembre
La situation s'améliore à Limoges, où tout
semble rentré dans l'ordre. On ne signale
aucun incident.
Le conflit entre les ouvriers charretiers et
les réceptionnaires du port de Cette, est loin
d'être aplani. Les tentatives de conciliation
ont échoué. On craint un « lock out » de tous
les commerçants du port.
Un navire marchand, arrivant à Che-Fou,
annonce qu'un transport japonais, le Sheyut-
su-Muru, de 1,800 tonnes, chargé de provi-
sions pour Niou-Chouang, a touché une mine
le 4 mai, près des lies Miao-Cao.
On mande de Saint-Pétersbourg que le
Sénat a rejeté l'appel en cassation de Kolia-
iens, assassin du grand-duc Serge. Il a con-
firmé la condamnation à la peine de mort.
On a découvert à Odessa, dans le quar-
tier des marins, un atelier pour la confec-
tion des bombes on y a trouvé six de ces
engins.
L'empereur d'Allemagne, est arrivé S Ur-
ville «hier, à midi quarante-cinq.
La* Chambre italienne a achevé la dis-
cussion dés chapitres du budget des affaires
étrangères. Le vote au scrutin secretestren-
voyé mardi..
Pour réaliser la nromesse faite dans leur,
récent- manifeste; les républicains espagnols
annoncent que dimanche de grands mee-
tings auront lieu à Madrid, Barcelone, Va-
le!i.ce,(Saragosse et dans d'autres villes im-
portantes..
Les consuls étrangers ont lancé au peuple
crétois un appel l'invitant à mettre bas les
armes, et lui rappelant que les puissances,
tout en n'admettant pas l'annexion de la
Crète à la Grèce, sont favorablement dispo-
sées envers lui, et sont prêtes à lui faire
obtenir le bénéfice des réformes administra
tives et.financières.
Le comte Cassini était parmi les invités
au repas offert il Maison-Blanche en l'hon-
neur des délégués du congrès international
des chemins de fer. M. Roosevelt lui a ex-
primé ses vifs regrets personnels pour son
départ de Washington. Le comte Cassini a
reçu de M. secrétaire du dépârteinent
d'Etat, un télégramme conçu dans un sens
identique.
PROPOS D'UN PARISIEN
Ce qui .fait que l'empereur Guillaume est
un empereur pus banal, c'est qu'il dit tout
ce qui lui passe par la tête sans se soucier
un moment des conséquences.
Aucun souci de l'opinion du vulgaire, au-
cune crainte du ridicule, une idée lui -tra-
verse l'esprit, il faut que tout le monde la
commisse.
Ainsi, ayant dégagé la synthèse'. 4fjs..é.vè-
nements de Mundehourie, il nous a appris
qu'on ne saurait conclure des victoire japo-
naises que Bouddha est plus fort que Jésus-
Christ. Si les Russes furent battus, c'est que
leur .christianisme est en fort triste situa-
tion et si les Japonais ont été vainqueurs
c'est parce qu'ils possèdent certaines vertus
chrétiennes.
Il a ajouté n Un bon chrétien est un bon
soldat. » On peut, d'ailleurs, en dire autant
des bons musulmans,- des bons païens (té-
moins les Romains) et même des bons libres
penseurs, des bons athées..Les soldats de
la. République, du Consulat et même de l'Em-
pire ne brillaient pas; en effet, par leurs ver-
tus chrétiennes, ce qui ne les a pas empê-
chés de battre beaucoup de bons chrétiens,
y compris les Prussiens.
Au surplus, l'empereur allemand attribue
encore à d'autres causes la défaite des Rus-
ses CI Ils sont immoraux et ivrognes.
Un autre le pensant, se garderait de le
dire, étant donné surtout que les paroles
sortant de la bouche d'un empereur ne tom-
bent pas dans l'oreille des sourds, prennent
tout de suite une irpportance considérable et
risquant de déranger des, combinaisons di-
vploniatiques les plus ingénieuses.
Lui s'en moque. Va comme je te ousse
La parole a été donnée à l'homme pour' ex-
primer sa pensée. Il l'exprime et «'est ainsi
qu'il iQccupe une p!a.c.e â.p.art d|i,ns le monde
d'empaillés ou'sa naissance l'a introduit.
Il. Harduin.
Les experts font connaître les premiers ré-
sultats de leur enquête Les blessés
sont en voie de guérison.
Les causes de l'explosion du boulevard de
Sébastopol sont maintenant nettement dé-
MM. Bordas, Debrie et le professeur G.
Maneuvrier, experts commis par le parquet
et le juge>d'instruction chargé de faire l'en-
quête judiciaire, se sont rendus, hier, matin,
accompagnés de M. Flory, juge d'instruc-
tion, sur le lieu de la catastrophe.
Ils ont longuement examiné les traces de
l'explosion et le morceau de tuyau qui a
éclaté. Ce tuyau, qui est percé d'un trou de
trois centimètres de diamètre, a été mis
sous scellés par M. Duponnois.
Après avoir procédé à quelques prélève-
ments de gaz, les experts se sont retirés.
Il appert des investigations de MM. Bor-
das, G/ Maneuvrier et Debrie que la canalisa-
tion de gaz passant rue Sainte-Apolline a été
crevée accidentellement par les ouvriers
chargés de refaire le pavage sur la voie.
La fuite de gaz a été assez importante,
car elle existe depuis un mois, répandant
dans le soi une quantité de gaz estimée à
plusieurs milliers de mètres cubes.
D'autre part, comme la grosse canalisa-
lion de 700, qui n'était plus en service et par
conséquent vide de gaz, a éclaté par suite
de l'affaissement du sol, le gaz qui se trou-
vait dans la terre a pénétré dans cette cana-
lisation.
Les experts vont chereher maintenant le
point d'inflammation du mélange détonant.
Pour cela, il va falloir dégarnir toutes les
canalisations électriques, afin de découvrir
l'endroit où s'est produit le court-circuit qui
a créé l'inflammation.
MM. le professeur G. Manèùvrier, Bordas
et Debrie ont fait toute diligence afin que
leur expertise, aussi rapide que possible,
évite aux commerçants du boulevard de Sé-
bastopol, le moindre temps d'arrêt dans
leurs affaires.
Les blessés.
La plupart des blessés do l'explosion sont
en bonne voie de guérison.
M. Louis Sajous a quitté l'hôpital Saint-*
Louis pour regagner son domicile.
Quant à Mme Guibert, son état exigé
qu'elle reste encore deux ou trois jours en
traitement à l'Hotel-Dieu.
Une note.du Temps d'hier a alarmé'avec
juste raison les marchands de volaille du
pavillon des Halles.
Un ancien expert, encore attaché à la pré-
fecture de police,' été'la cause de .cette
émotion, »par suite d'une interview n'ayant,
du reste, aucune valeur scientifique.
Les affirmations de cet ancien experts ne
tendaient il rien moins qu'à faire croire que
les'canards dits à la rouennaise pouvaient
empoisonner les personnes qui en auraient
Il est heureusement rigoureusement dé·v
montré que la cuisson des canards rend ab-
solument inoffensives les ptomaînes, hypo-
thétiques, mais qui, si même elles existaient,
seraient détruites par une température de
40 degrés or, aussi saignants que soient les
canards à la rouennaise, toutes les parties
de ces volatiles sont toujours' exposées au
moins il 50 degrés, c'est-à-dire qu'il n'y a
aucun danger à manger du canard sous toù-
tes ses formes.
Il est regrettable de voir que le -chef du
Laboratoire municipal, M. Girard, s'amuse
ainsi continuer il jeter le trouble dans le
enmmerr.fi de Talimantatinrt..
Ld COUPf DE LA MÉDITERRANÉE
Les sept canots sont partis pour Toulon
L' escadrille a qvilié MaliQ'n ce matin,
à quatre heures. Telle est la dépêche qui
nous a annoncé le départ effectif des
concurrents pour la seconde étape.
Cette nouvelle était attendue. Une dé-
pêche de Mahoivque nous avons insé-
rée hier à notre « Dernière Heure », nous
avait appris, en effet; que l'Arc,. à la suite
d'une exploration au large, avait donné
l'assurance d'une amélioration dans l'é-:
tat de la mer. 11 avait été décidé alors
que les canots partiraient à l'aube.
Déjà, dans l'après-midi, les concur-
rents ct> les organisateurs avaient fait
leur visite d'adieux aux autorités de la
ville de Mahon, et les coureurs s'étaient
déclarés prêts à livrer le dernier combat.
Ce combat devait être particulièrement
rude, à en juger par les nouvelles, qui
nous .sont parvenues sur les diverses
phases de la course. Partis par un temps
incertain, les canois n'ont pas trouvé'
une mer clémente. Le vaillant petit
Fiai-X, qui avait, à l'étonnement de tous,
remporté une si belle victoire à la pre-.
mière étape, n'a pu résister aux assauts
des vagues. Le Mercédcs-C.-P. et le Mal-
yrc-Toul n'ont pas tardé à demander lav
remorque.
Par contro, le Camille et le Quand-
Même, qui ont pris la tête, se tiennent
admirablement, et tout permet d'espé-
rer qu'ils sauront lutter jusqu'au bout.
Quoi qu'il en soit, les hardis marins
qui n'ont pas hésité à entreprendre, au
péril de leur vie, les admirables proues-
ses que nWs devinons à travers le laco-
nisme des dépêches, ont droit à une ad-
miration sans bornes, et, quel que soit
le résultat de cette deuxième étape, l'ar-
rivée à Toulon de ces hommes énergi-
ques ne saurait être, aux yeux de tous,
qu'un triomphe.
LE DÉPART
Le départ nous fut annoncé hier ma-
tin par le télégramme suivant, que nous
adressait M. Dcloffre, consul de France
à Manon
Mahûn ce matin, à" quatre heures.
DELOFFRE.
Voici maintenant les renseignements
qui nous sont parvenus heure par '.heure,.
•sur les péripéties de la co-urse
TOULON, 13 niai. Dépêche Havas. ̃
La préfecture maritime a reçu les télé''
grammes sêmaphoriqites suivants
8 heures .1/2. Le départ de Mahon'
s'est e[{eclùé en bon ordre. Le dernier.
canot est à A5: milles de Mahon. Le Klé-
bair tient la queue de la flottille. Chaque!,
canot'est amatelotté un torpilleur.
10 heures. La mer est très.ayitée. L
mistral fera probable-]
ment la côte parle golfe du Lion.
Toulon, 13 niai: Par dépêche de no^
tre envoyé spécial. Le poste de télégra-
phie sans fil du Suffren a reçu les dépê-
ches suivantes, que le commandant rna-
rin d'Arbel, chef d' étal-major de Vesca-
dre de la Méditerranée, avec son obli-*
̃geance habituelle, a bien voulu me coin,
muniqiier
A BORD DU Kléber », 13 mai, 11 h. 42
du matin (par télégraphe sans fi»).
Voici V ordre' des coureurs
Le Mercédès-C.-P. el le Malgré-Toutson«
remorqués. Le Eiat-X est embarqué sur
le La-Hire. Le Camille et le Quand-Même
font route à la même hauteur. L'Héra-
clès-il et le Mercédès-Mercédès marchent
en queue.
3 heures 20 soir. Le, Kléber est à 1&.
latitude 41°37, longitude 2°51 est. :La
brise fraîchit..
3 heures 40 soir. Le Kléber se trouve
à 120 milles de Toulon.
A 100 MILLES DE TOULON
De son côté, notre envoyé spécial, à'
bord du Kléber, nous envoyait directe-
ment par la télégraphie sans fil là dépê-
A BORD DU « Kléber », a 100 milles DO
Toulon. De notre envoyé spécial (par'
télégraphie sans-fil). La mer est forte
pour les coureurs. La brise de noroil
fraîchit.
Le Mercédès-C.-P., qui est en avant, à
clé signalé remorqué, mais nous n'a-
voits pas reçue confirmation de eetté nou-
velle.
Le Camille, à 11 h. 05, navigue bien,
admirablement conduit,, souvent cou-
vert par les embruns.
Le Quand-Même* est à 9 milles '«n ar-
rière et fait route dans de bonares candi*
lions.
Le Malgré-Tout est en remorque^ mais
tout va bien à son bord.
Le Mercédès-Mercédès, qui est à 20
milles en arrière, a pris la remorque à
midi, pour réparer une avarie.
L'Héraclès-llesf à 50 milles en arrière.
H (ait bonne route à la voile et à la ma-
chine. • ̃ •
Le Fiat-X, gêné par la grosse mer, à 45
milles de Mahon, a été embarque sur le
torpilleur La-Hire.
Le service d'escorte est parfaitement
organisé, et toutes les dispositions sont
prises pour un sauvetage éventuel.
LE «F/AT» ABANDONNE
Ces nouvelles, qui ;nous parviennent
directement, sont confirmées par les dé-
pêches successives reçues dans l'après-
midi à Toulon :-̃•̃̃
Toulon, 13 mari. Dépêche Havas.
Dépêches repues par téLégraphe sans fil
3 heures. Le Fiat%X a abandonne la
course. H demande la remorque au con-
tre-torpilleur La-Hire. ̃
3 h. 15. Le Quand-Même et le Ca-
mille tiennent la tête. Le Fiat-X est em-t
barqué sur le La-Hire.
3 h. 30. L'ordre actuel est le sui-^
NOUVELLES DU MONDE "ENTIER
LE MÂÏJM" EN LORRAim/
U empereur passe en revue hommes
l^$mpep«ur Guillaume en uniforme de colonel de euirassi«l»s^
'{PAR «TIRE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
Metz, 12 mai.
Lorsque à la fin de la cérémonie du'ci-
metière de Gravelotte un général s'ap-
procha de l'empereur et demanda, con-
formémént a l'usage, le mot d'ordre pour
la manœuvre et la grande revue du len-
demain, le souverain répondit à très
haute voix Gravelotte. » C'est donc au
souvenir dé la lutte meurtrière de
que se sont déroulées manœuvres et pa-
rade auxquelles je viens d'assister. 'De
la: manœuvre je ne peux rien dire, n'ayant
aucune compétence pour critiquer des
opérations de. guerre je renonce à avoir'
.une opinion sur l'opportunité d'une dé-
monstration qui amenait une masse pro-
fonde d'infanterie à gravir paisiblement
une côte pendant que des batteries d'ar-
tillerie établies au sommet lui en-
voyaient des'rafales de coups de canon,
et c'est à.'peine si j'ai osé, à la vue d'un
si grand spectacle, me rappeler cette
boutade du sceptique général de Hœse-
'ler, qui, un jour, en considérant le, dan-
gereux déploiement d'une opération de
ce genre, dit à l'empereur « Tout cela
est parfait, mais maintenant qui donc
,ya ramassec les morts ?
Lorsque l'infanterie fut parvenue au
bout de sa, course, l'artillerie est allée, au
grand galop, prendre refuge dans un
bois, où elle s'est de nouveau mise en bat-,
lerie, avec une célérité que nos canons
niers n'ont pas à lui envier, puisque,' de
l'avis des officiers allemands éux-mê-
mes, l'artillerie française détient encore
le record de la vitesse dans la manoeuvre
spéciale dite de la mise en batterie. Ces
canons, tonnant maintenant dans le
vide d'une plaine déblayée, j'ai jugé inu-
file de m'intéresse)- plus longtemps
leur tapage, et j'ai été prendre place en
face de l'etat-major pour assister à la pa-
rade, seule partie de la cérémonie qui of-
*s*t i un civil quelque chance d'intérêt.
Il faudrait être vraiment stupide ou
taire preuve d'une mauvaise foi puérile
pour ne pas confesser qu'il n'est pas de
spectacle qui, mieux qu'une parade alle-
mande, donne l'impression profonde de
la force humaine disciplinée, réglemen-
4ée. restreinte aussi dans l'exécution par-
faite d'un acte unique. Sous les vingt
mille casques ¡\ 'pointe qui viennent de
défiler, une seule pensée, pendant trois
'heures, immobilisait les vingt mille cher-
veaux lever la jambe juste au niveau de
celle du voisin, et obtenir du buste et de
la tête une complète rigidité. L'exécution
fut admirable au son des musiques, des
!tambours et des fifres martelant dure-
ment les cadences, devant un homme,
symbole d'une force, une foule a passé,
dans un élan si bien réglé que la perfec-
_ion'du résultat laissait apparaître la con-
.yiction sincère de !'effort. Des milliers
d'hemmes ne peuvent marcher si bien
au pas que lorsque la môme pensée est
alignée -dans tous les cerveaux, et c'est
toujours une belle et grande chose que
de voir un instant à découvert l'âme d'un
peuple, si vain que soit le sentiment qui,
passagèrement, l'anime/ d'autant que
c'est peut-être une bonne école pour sa-
voir faire ensemble de grandes actions
que d'apprendre d'abord à en faire, en
commun, de petites. Les régiments alle-
mands défilent a merveille, c'est un fait.
Je ne crois pas que ce soit vaniteux ri-
dicule, que de vouloir ici distribuer
quelques prix; cette parade est œuvre de
théâtre, et, devant tout spectacle, chà-J
cun est libre d'applaudir à sa, guise. Le
premier prix de défilé me parsît donc de-
voir revenir à la brigade bavaroise, qui
s'est présentée en masses serrées, si par-
faitement unies et soudées les unes aux
autres, que le regard le plus soupçon-
neux'et malveillant était impuissant à
découvrir la plus légère défaillance dans
le dessin de ce bloc humain habillé de
bleu de ciel et arrêté sous trois lignes
ligne de pointes de casques, ligne des
baïonnettes, ligne des bottes.
Le prix pour officiers a été certaine-
ment mérité par l'empereur lui-même.
Après avoir assisté au défilé de toute l'in-
fanterie, ,si nombreuse, hélas de la
garnison de Metz, il s'est porté au galop
devant le régiment dont il est colonel,
qu'il a lui-même présenté au général
Stœtzer, pour un instant chef suprême
de la parade. Ce régiment est le i45°, dit
régiment de Lorraine les hommes, par
privilège spécial, portent, en grande te-
nue, au lieu d'une pointe sur le casque,
un vaste panache de crin noir retombant
sur la coiffure. C'est une coiffure d'élite.
Comme tous les régiments allemands,' le
145e a quatre drapeaux, un par batail-
Ion un seul, d'ailleurs, de ces éten-
dards, sur les quatre, ferait campagne, le;
trois autres sont des pavillons de luxe.
Or, les quatre drapeaux du ont des
cravates comme les hommes ont des pa-'
naches, et ces cravates ont eu une his-
toire. Elles ont été apportées en grande
pompe, par ambassadeur spécial, au co-
lonel Guillaume II, de la part du tsar, no-
tre ami et allié. Aux.personnes qui pour-
raient s'étonner, que le tsar, postérieure-
ment à la conclusion de l'alliance franco-
russe, ait jugé nécessaire d'enrubanner
le drapeau d'un régiment, allemand, et
particulièrement opportun d'envoyer une
cravate d'honneur à celui de ces régi-
ments dont l'empereur d'Allemagne est
colonel, et qu'il a nomme lui-même ré-
giment de Lorraine,' il conviendrait sans
doute de répondre que ce sont là mani-
festations diplomatiques que la simpli-
cité brutale des raisonnements populai-
res est inhabile à comprendre. C'est là
patriotisme de monarque et délicatesse
d'empereurs: ce pauvre roi Alphonse XII,
cependant, combien nous avons été in-
justes envers lui, et combien Paris, plus
avisé cette fois, aura raison de faire à
l'hôte qu'il attend bel et sincère accueil.
Quoi qu'il en soit, Guillaume II a pré-.
senté ses panaches et ses cravates avec
une incomparable alluré et lorsque,
d'un grand geste, en passant devant le
général Stœtzer, il abaissa l'éclair du sa-
bre nu étincelant au soleil, ce fut une vi-
sion de beauté et de grandeur. L'empe-
reur est vraiment un beau colonel, et,
dans le contraste, d'ailleurs prémédité et
réglé, dans l'antithèse soigneusement
mise en scène, qui montrait le souverain
renonçant momentanément à son titre
pour redevenir un soldat confondu dans
la foule de ceux qui apprennent à la na-
tion la guerre, il y avaittoute une image,
tout le symbole des deux vertus dont est
faite la grandeur de l'Allemagne le dé-
vouement à. la patrie et la discipline.
L'aspect .de ce présente une parti-
cularité deux de ses bataillons sont ha-
billés du nouvel uniforme, dont on prête
à l'empereur 'l'Intention de doter l'ar-
mée allemande un complet gris clair,
moins somptueux que la tunique à pa-
rements écarlatees, mais d'un usage plus
pratique, car sa couleur terne arrête
moins le regard le régiment, en effet.
était déjà loin que les lignes sombres des*
vêtements bleus s'apercevaient encore,
-tandis dué les bataillons incolores
avaient.disparu, perdues dans la poiiésiè-
re, confondus dans la brume chaude de
cette matinée de printemps radieux.
L'impérial régiment traînait à- sa suite
une autre innovation une batterie mon-
tée de récents engins dénommés des fu-
sils-machines. Ce sont, paraît-il, de nou-
velles pièces, tenant de la mitrailleuse
et du canon-revolver, dont chaque régi-
ment de ligne est destiné à être, en temps
de guerre, escorté. Les hommes sont ha-
billés de drap vert d'eau très clair, d'un
aspect désagréable à l'œil, coiffés de sha-
kos en cuir fauve, d'une coupe à peu près
semblable à ceux de nos chasseurs à clie-
val, et les affûts et caissons sont peints
en bleu, comme. tout le matériel de l'ar-
tillerie allemande mais; quant aux piè-
ces elles-mêmes, aux fameux canons-
mâch'ines, je serais bien embarrassé-4'en
tenter la moindre description, car elles
étaient si bien dissimulées qu'il était im-
possible de les apercevoir.
Après l'infanterie, ce fùt l'artillerie qui
dénia, d'abord au pas et ensuite au ga-
lop, sursaulante etirinqueballante à tou-
tes les aspérilés du sol. Comme on n'a
pas encore pu apprendre aux chevaux le
pas de parade, l'effet fut peut-être moins
imposant que celui produit par la terri-
ble régularité des régiments de ligne, né-
vèrement balancés au rythme dès fifres
et des tambours. Qu'ils soient allemands
ou français, les chevaux marchent du
même pas, et les caissons roulent sur le
sol avec un bruit semblable.
x
La cavalerie, cependant, nous ména-
geait une surprise les deux régiments
de dragons armés de la lance se sont
avancés au petit pas, pendant que les
fanfares jouaient une marche funèbre, si
lente et si majestueuse que, hommes et
chevaux semblaient n'aller qu'à regret
vers quelque catastrophe imminente
puis, subitement, sans transition, les
trompettes ont embouché un petit air de
polka, comme on en entend dans les cir-
ques, fringant et gai, et voici que bêtes
et cavaliers se sont mis à danser et à sau-
ter comme en une reprise de carrousel.
C'est là évidemment, spectacle de temps
de paix, et je ne pouvais m'empêcher de
penser, en contemplant ces joyeuses ca-
racolades succédant à la gravité des pre-
miers pas, que c'était là une image fausse,
..$04^ .guerre, où il doit arriver le plus'
couvent que les chants de gaieté et de
bravoure dégénèrent vite en notes de
tristesse et de -douleur, q«e les courses
élégantes et folles se terminent en chute
d'agonie.
Cette partie du spectacle était mal ré-
glée c'est à la fin qu'il fallait faire en-
tendre la fanfare de la mort, air national
commun des peuples en querelle, hymne
final de tous les champs de bataille.
Sous le bénéfice de cette observation ma-
cabre, il faut répéter que Guillaume II
s'est donné une fois de plus la gloire de
passer une revue d'admirables soldats,
ce dont il. a témoigné toute sa satisfac-
tion en prodiguant au général Sketzer
de flatteurs compliments pour la remar-
quable tenue du 16° corps, qu'il com-
L'empereur a continué son inspection
militaire en allant visiter les nouveaux
forts de Metz. Le dernier dont on ait en-
trepris la construction, le fort Kaiserin,
sera grand comme une ville et réunira
dans son enceinte tous les redoutables
perfectionnements de l'art de tuer bat-
teries hautes, batteries basses, batteries
masquées, batteries enterrées, dont les
projectiles porteront jusqu'à notre fron-
tière mais notre état-major, je suppose,
connaît ces détails, et le temps n'est
plus où nos officiers partaient en campa-
gne, munis de cartes semblables à celle
qu'on m'a montrée au musée de Mars-
la-Tour, qui fut, en 1870, trouvée sur le
cadavre d'un capitaine.
Remis par l'intendance à Saint-
Avold », dit une mention portée au dos
de cette carte. A l'endroit, c'est un piètre
et chétif tracé de quelques lignes reliant
de chaque côté d'un fleuve figuré en
bleu une douzaine de villes. Dans le haut,
celte: inscription « Routes conduisant
à la -frontière. » Et c'est ,tout.:
Si, un jour, on voulait passer la fron-
fière, il serait bon de faire figurer sur
les cartes le fort Kaiserin. Il en vaut vrai-
ment la peine.
G. de Maizière;
DE MIDI A MINUIT
Les faits d'hier– En Franoe et à l'étranger.
A la Bourse de Paris, le 3 est plus mou,
ainsi que l'ensemble du marché.
Le tribunal civil de Cherbourg a rendu un
jugement déclarant le décès des officiers et
marins composant l'équipage du transport
de l'Etat la Vienne, perdu corps et biens dans
les parages de 111e d'Aix, entre le 10 et le
20 décembre
La situation s'améliore à Limoges, où tout
semble rentré dans l'ordre. On ne signale
aucun incident.
Le conflit entre les ouvriers charretiers et
les réceptionnaires du port de Cette, est loin
d'être aplani. Les tentatives de conciliation
ont échoué. On craint un « lock out » de tous
les commerçants du port.
Un navire marchand, arrivant à Che-Fou,
annonce qu'un transport japonais, le Sheyut-
su-Muru, de 1,800 tonnes, chargé de provi-
sions pour Niou-Chouang, a touché une mine
le 4 mai, près des lies Miao-Cao.
On mande de Saint-Pétersbourg que le
Sénat a rejeté l'appel en cassation de Kolia-
iens, assassin du grand-duc Serge. Il a con-
firmé la condamnation à la peine de mort.
On a découvert à Odessa, dans le quar-
tier des marins, un atelier pour la confec-
tion des bombes on y a trouvé six de ces
engins.
L'empereur d'Allemagne, est arrivé S Ur-
ville «hier, à midi quarante-cinq.
La* Chambre italienne a achevé la dis-
cussion dés chapitres du budget des affaires
étrangères. Le vote au scrutin secretestren-
voyé mardi..
Pour réaliser la nromesse faite dans leur,
récent- manifeste; les républicains espagnols
annoncent que dimanche de grands mee-
tings auront lieu à Madrid, Barcelone, Va-
le!i.ce,(Saragosse et dans d'autres villes im-
portantes..
Les consuls étrangers ont lancé au peuple
crétois un appel l'invitant à mettre bas les
armes, et lui rappelant que les puissances,
tout en n'admettant pas l'annexion de la
Crète à la Grèce, sont favorablement dispo-
sées envers lui, et sont prêtes à lui faire
obtenir le bénéfice des réformes administra
tives et.financières.
Le comte Cassini était parmi les invités
au repas offert il Maison-Blanche en l'hon-
neur des délégués du congrès international
des chemins de fer. M. Roosevelt lui a ex-
primé ses vifs regrets personnels pour son
départ de Washington. Le comte Cassini a
reçu de M. secrétaire du dépârteinent
d'Etat, un télégramme conçu dans un sens
identique.
PROPOS D'UN PARISIEN
Ce qui .fait que l'empereur Guillaume est
un empereur pus banal, c'est qu'il dit tout
ce qui lui passe par la tête sans se soucier
un moment des conséquences.
Aucun souci de l'opinion du vulgaire, au-
cune crainte du ridicule, une idée lui -tra-
verse l'esprit, il faut que tout le monde la
commisse.
Ainsi, ayant dégagé la synthèse'. 4fjs..é.vè-
nements de Mundehourie, il nous a appris
qu'on ne saurait conclure des victoire japo-
naises que Bouddha est plus fort que Jésus-
Christ. Si les Russes furent battus, c'est que
leur .christianisme est en fort triste situa-
tion et si les Japonais ont été vainqueurs
c'est parce qu'ils possèdent certaines vertus
chrétiennes.
Il a ajouté n Un bon chrétien est un bon
soldat. » On peut, d'ailleurs, en dire autant
des bons musulmans,- des bons païens (té-
moins les Romains) et même des bons libres
penseurs, des bons athées..Les soldats de
la. République, du Consulat et même de l'Em-
pire ne brillaient pas; en effet, par leurs ver-
tus chrétiennes, ce qui ne les a pas empê-
chés de battre beaucoup de bons chrétiens,
y compris les Prussiens.
Au surplus, l'empereur allemand attribue
encore à d'autres causes la défaite des Rus-
ses CI Ils sont immoraux et ivrognes.
Un autre le pensant, se garderait de le
dire, étant donné surtout que les paroles
sortant de la bouche d'un empereur ne tom-
bent pas dans l'oreille des sourds, prennent
tout de suite une irpportance considérable et
risquant de déranger des, combinaisons di-
vploniatiques les plus ingénieuses.
Lui s'en moque. Va comme je te ousse
La parole a été donnée à l'homme pour' ex-
primer sa pensée. Il l'exprime et «'est ainsi
qu'il iQccupe une p!a.c.e â.p.art d|i,ns le monde
d'empaillés ou'sa naissance l'a introduit.
Il. Harduin.
Les experts font connaître les premiers ré-
sultats de leur enquête Les blessés
sont en voie de guérison.
Les causes de l'explosion du boulevard de
Sébastopol sont maintenant nettement dé-
MM. Bordas, Debrie et le professeur G.
Maneuvrier, experts commis par le parquet
et le juge>d'instruction chargé de faire l'en-
quête judiciaire, se sont rendus, hier, matin,
accompagnés de M. Flory, juge d'instruc-
tion, sur le lieu de la catastrophe.
Ils ont longuement examiné les traces de
l'explosion et le morceau de tuyau qui a
éclaté. Ce tuyau, qui est percé d'un trou de
trois centimètres de diamètre, a été mis
sous scellés par M. Duponnois.
Après avoir procédé à quelques prélève-
ments de gaz, les experts se sont retirés.
Il appert des investigations de MM. Bor-
das, G/ Maneuvrier et Debrie que la canalisa-
tion de gaz passant rue Sainte-Apolline a été
crevée accidentellement par les ouvriers
chargés de refaire le pavage sur la voie.
La fuite de gaz a été assez importante,
car elle existe depuis un mois, répandant
dans le soi une quantité de gaz estimée à
plusieurs milliers de mètres cubes.
D'autre part, comme la grosse canalisa-
lion de 700, qui n'était plus en service et par
conséquent vide de gaz, a éclaté par suite
de l'affaissement du sol, le gaz qui se trou-
vait dans la terre a pénétré dans cette cana-
lisation.
Les experts vont chereher maintenant le
point d'inflammation du mélange détonant.
Pour cela, il va falloir dégarnir toutes les
canalisations électriques, afin de découvrir
l'endroit où s'est produit le court-circuit qui
a créé l'inflammation.
MM. le professeur G. Manèùvrier, Bordas
et Debrie ont fait toute diligence afin que
leur expertise, aussi rapide que possible,
évite aux commerçants du boulevard de Sé-
bastopol, le moindre temps d'arrêt dans
leurs affaires.
Les blessés.
La plupart des blessés do l'explosion sont
en bonne voie de guérison.
M. Louis Sajous a quitté l'hôpital Saint-*
Louis pour regagner son domicile.
Quant à Mme Guibert, son état exigé
qu'elle reste encore deux ou trois jours en
traitement à l'Hotel-Dieu.
Une note.du Temps d'hier a alarmé'avec
juste raison les marchands de volaille du
pavillon des Halles.
Un ancien expert, encore attaché à la pré-
fecture de police,' été'la cause de .cette
émotion, »par suite d'une interview n'ayant,
du reste, aucune valeur scientifique.
Les affirmations de cet ancien experts ne
tendaient il rien moins qu'à faire croire que
les'canards dits à la rouennaise pouvaient
empoisonner les personnes qui en auraient
Il est heureusement rigoureusement dé·v
montré que la cuisson des canards rend ab-
solument inoffensives les ptomaînes, hypo-
thétiques, mais qui, si même elles existaient,
seraient détruites par une température de
40 degrés or, aussi saignants que soient les
canards à la rouennaise, toutes les parties
de ces volatiles sont toujours' exposées au
moins il 50 degrés, c'est-à-dire qu'il n'y a
aucun danger à manger du canard sous toù-
tes ses formes.
Il est regrettable de voir que le -chef du
Laboratoire municipal, M. Girard, s'amuse
ainsi continuer il jeter le trouble dans le
enmmerr.fi de Talimantatinrt..
Ld COUPf DE LA MÉDITERRANÉE
Les sept canots sont partis pour Toulon
L' escadrille a qvilié MaliQ'n ce matin,
à quatre heures. Telle est la dépêche qui
nous a annoncé le départ effectif des
concurrents pour la seconde étape.
Cette nouvelle était attendue. Une dé-
pêche de Mahoivque nous avons insé-
rée hier à notre « Dernière Heure », nous
avait appris, en effet; que l'Arc,. à la suite
d'une exploration au large, avait donné
l'assurance d'une amélioration dans l'é-:
tat de la mer. 11 avait été décidé alors
que les canots partiraient à l'aube.
Déjà, dans l'après-midi, les concur-
rents ct> les organisateurs avaient fait
leur visite d'adieux aux autorités de la
ville de Mahon, et les coureurs s'étaient
déclarés prêts à livrer le dernier combat.
Ce combat devait être particulièrement
rude, à en juger par les nouvelles, qui
nous .sont parvenues sur les diverses
phases de la course. Partis par un temps
incertain, les canois n'ont pas trouvé'
une mer clémente. Le vaillant petit
Fiai-X, qui avait, à l'étonnement de tous,
remporté une si belle victoire à la pre-.
mière étape, n'a pu résister aux assauts
des vagues. Le Mercédcs-C.-P. et le Mal-
yrc-Toul n'ont pas tardé à demander lav
remorque.
Par contro, le Camille et le Quand-
Même, qui ont pris la tête, se tiennent
admirablement, et tout permet d'espé-
rer qu'ils sauront lutter jusqu'au bout.
Quoi qu'il en soit, les hardis marins
qui n'ont pas hésité à entreprendre, au
péril de leur vie, les admirables proues-
ses que nWs devinons à travers le laco-
nisme des dépêches, ont droit à une ad-
miration sans bornes, et, quel que soit
le résultat de cette deuxième étape, l'ar-
rivée à Toulon de ces hommes énergi-
ques ne saurait être, aux yeux de tous,
qu'un triomphe.
LE DÉPART
Le départ nous fut annoncé hier ma-
tin par le télégramme suivant, que nous
adressait M. Dcloffre, consul de France
à Manon
Mahûn ce matin, à" quatre heures.
DELOFFRE.
Voici maintenant les renseignements
qui nous sont parvenus heure par '.heure,.
•sur les péripéties de la co-urse
TOULON, 13 niai. Dépêche Havas. ̃
La préfecture maritime a reçu les télé''
grammes sêmaphoriqites suivants
8 heures .1/2. Le départ de Mahon'
s'est e[{eclùé en bon ordre. Le dernier.
canot est à A5: milles de Mahon. Le Klé-
bair tient la queue de la flottille. Chaque!,
canot'est amatelotté un torpilleur.
10 heures. La mer est très.ayitée. L
mistral fera probable-]
ment la côte parle golfe du Lion.
Toulon, 13 niai: Par dépêche de no^
tre envoyé spécial. Le poste de télégra-
phie sans fil du Suffren a reçu les dépê-
ches suivantes, que le commandant rna-
rin d'Arbel, chef d' étal-major de Vesca-
dre de la Méditerranée, avec son obli-*
̃geance habituelle, a bien voulu me coin,
muniqiier
A BORD DU Kléber », 13 mai, 11 h. 42
du matin (par télégraphe sans fi»).
Voici V ordre' des coureurs
Le Mercédès-C.-P. el le Malgré-Toutson«
remorqués. Le Eiat-X est embarqué sur
le La-Hire. Le Camille et le Quand-Même
font route à la même hauteur. L'Héra-
clès-il et le Mercédès-Mercédès marchent
en queue.
3 heures 20 soir. Le, Kléber est à 1&.
latitude 41°37, longitude 2°51 est. :La
brise fraîchit..
3 heures 40 soir. Le Kléber se trouve
à 120 milles de Toulon.
A 100 MILLES DE TOULON
De son côté, notre envoyé spécial, à'
bord du Kléber, nous envoyait directe-
ment par la télégraphie sans fil là dépê-
A BORD DU « Kléber », a 100 milles DO
Toulon. De notre envoyé spécial (par'
télégraphie sans-fil). La mer est forte
pour les coureurs. La brise de noroil
fraîchit.
Le Mercédès-C.-P., qui est en avant, à
clé signalé remorqué, mais nous n'a-
voits pas reçue confirmation de eetté nou-
velle.
Le Camille, à 11 h. 05, navigue bien,
admirablement conduit,, souvent cou-
vert par les embruns.
Le Quand-Même* est à 9 milles '«n ar-
rière et fait route dans de bonares candi*
lions.
Le Malgré-Tout est en remorque^ mais
tout va bien à son bord.
Le Mercédès-Mercédès, qui est à 20
milles en arrière, a pris la remorque à
midi, pour réparer une avarie.
L'Héraclès-llesf à 50 milles en arrière.
H (ait bonne route à la voile et à la ma-
chine. • ̃ •
Le Fiat-X, gêné par la grosse mer, à 45
milles de Mahon, a été embarque sur le
torpilleur La-Hire.
Le service d'escorte est parfaitement
organisé, et toutes les dispositions sont
prises pour un sauvetage éventuel.
LE «F/AT» ABANDONNE
Ces nouvelles, qui ;nous parviennent
directement, sont confirmées par les dé-
pêches successives reçues dans l'après-
midi à Toulon :-̃•̃̃
Toulon, 13 mari. Dépêche Havas.
Dépêches repues par téLégraphe sans fil
3 heures. Le Fiat%X a abandonne la
course. H demande la remorque au con-
tre-torpilleur La-Hire. ̃
3 h. 15. Le Quand-Même et le Ca-
mille tiennent la tête. Le Fiat-X est em-t
barqué sur le La-Hire.
3 h. 30. L'ordre actuel est le sui-^
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.55%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.55%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Edwards Alfred Edwards Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Edwards Alfred" or dc.contributor adj "Edwards Alfred")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k567604r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k567604r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k567604r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k567604r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k567604r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k567604r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k567604r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest