Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-05-10
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 mai 1905 10 mai 1905
Description : 1905/05/10 (Numéro 7745). 1905/05/10 (Numéro 7745).
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Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
•– N» i?4&
Mercredi 10 Mai
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SEUL JOURNAL PB ANC A g S NOUVELLES DU MO N D E ENTIER
LES INCIDENTS DES MERS DE CHINE
Une mise au point nécessaire, La: question' du séjour de
l'escadre Rojdestvensky dans les eaux territo-
riales françaises Ce que dit le marquis
de Barthélémy Histoire^ d'un
dépôt de charbon à Saïgon.
fn LA BAIE DE CAMRANH
ri Vue "prise des établissements Barthélémy-
IL nous, faut bien revenir encore sur
cette question de la neutralité, puisque
de-divers côtés, on- se -plaît à lenveni-
,mer. '.•̃̃
Nous avons dit hier que le gouverne-
ment de 'la République repoussait for-
n^ellenrent l'accusation portée contre lui
d'avoir violé. ou laisser violer les règles
de la neutralité, en Extrême-Orient. Le
gouvernement affirme en effet qu'on est
hors d'état de citer un seul cas où lui;ou
prété on prêter à.
l'escadre de l'amiral Rojdestvensky une
aide quelconque en armes, en munitions,
en matériel, en approvisionnements .ou
en combustible.
Aussi bien, nul n'a-t-il pu citer un fait
où, en violation des règles de la neutra-
lité, une aide semblable ait-été donnée
ou procurée à la flotte russe. On n'a ja-
mais rn$me pu alléguer que des navires
français aient aidé l'escadre de la Balti-
que ;à:se ravitailler en charbon ou'bien
aient servi d'éclaireu'rs ou de guides à
cette escadre.'
:Le seul grief qu'on ait articulé' d'une
manière un. peu. précise est relatif à la
spi-disant présence de navires de' guerre.
russes, dans les eaux' territoriales tfran-
çaisqs. Or, à la connaissance du gouver-
nement de la République, -il n'y a qu'Une
§eule et unique fois où des navires rus-
ses- aient' pu se trouver dans des eaux
françaises -c'est, vers la' fin'du mois
dernier, ̃ à Camranh. Le gouvernement
ignorait absolument que l'escadre russe
pût, se rendre dans cette baie dès qu'il
apprit quelle s'y trouvait, sans même
attendre une réclamation du gouverne-
ment japonais, il signala le fait à Saint-
péter?bourg. L'amiral Rojdestvensky
reçut immédiatement l'ordre de s'en al-
Depuis lors, il y a quelques jours, M.
Molono.çrut devoir indiquer à M. Del-
cassé que la flotte, russe se trouvait à
Poft-Dayol, au fond de la baie de Hon-
Klïoe. Le ministère des affaires étrangè-
reis prévint le département des colonies,
est l'amiral, de, Jonquières fut chargé d'al-
ler, vérifier le fait. Il constata de visu que
la flotte n'était ni dans la baie ni dans
lès eaux territoriales françaises. Néan-
moins, M.: Beau, par L'intermédiaire du
résident de Nha-trang, fit faire une dé-
marche auprès de l'amiral Rojdéstvens-
Uy pour que, afin d'éviter toute contesta-
tion, il s'éloignât. L'amiral partit avec
son escadre le 3 mai. On ignore actuelle-
ment-où; il se trouve.
Voilà h quoi se réduit le .grief du sé-
jour de vaisseaux rus'ses dans des eaux
Il est d'ailleurs bon de faire remarquer
que, même si contrairement à ce qui
est la flotte russe avait traversé plu-
sieurs fois des eaux territoriales françai-
ses,-le gouvernement de la République
pourrait difficilement en être rendu res-
ponsable de bonne foi, car, la longueur
de la zone qu'il a à surveiller est telle
qu'aucune flotte ne peut efficacement en
inierdirve l'approche. En outre, si, le Ja-
pon estime, comme divers journaux an-
glais et japonais l'ont écrit ces jours der-
niers, que l'escadre de l'amiral Rojdest
vensky- peut tirer un avantage stratégi-
que quelconque du fait -qu'elle est à
proximité d'une côte française at qu'elle
a, pu trouver abri dans certaines baies,
on ne comprend pas pourquoi les flottes
japonaises ne réduisent pas à néant cet
avantage en interdisant elles-mêmes
l'escadre russe le séjour dans ces baies
et en allant lui y livrer combat.
Il ne dépend que des Japonais de faire
cesser une situation qu'ils jugent gè-
pante et de laquelle là France, qui a
cdnscience d'avoir rempli tous ses de-
voirs de neutre, ne .peut être rendue de
bonne foi responsable.
DANS LA BÂIE DE CAMRANH
Une déclaration du concessionnaire de cette
baie M. de Barthélemy déclare qu'il
était hors d'état d'approvisionner
une escadre.
Le Temps. est un journal qui aime bien
morigéner ses confrères, sans toujours se
donner- la peine de les lira -C'est ainsi -qu'Hier
il écrivait ces lignes,: « Le marquis de Bar-
thélemy, dont le i1fatin niait, on ne sait pour-
quoi, l'existence. » Or, jamais le Matin n'a
nié l'existence de M. le marquis de Barthé-
lemy. Il à simplement dit qu'il n'y avait pas
de marquis Barthélemy-Pontalis ce qui est
aussi exact que de dire qu'il n'y a pas à
Paris un journal portant dans sa manchette
le titre de le. Temps gris.
Quant à M. le marquis de Barthélémy
tout court concessionnaire avec M. de
'Pourtalès, près de la baie de Camranh, de
dix mille hectares de terres, nous. ignorons
si peu son existence que, avant-hier, nous
l'avons vu dans nos bureaux, où il nous a
gracieusement communiqué les documents
photographiques reproduits plus haut, et
qu'hier il nous a fourni sur ce coin de l'Indo-
Chine française, dont on parle tant actuelle-
ment, des renseignements intéressants.
Sans doute,- on va dire que c'est là épilo-
guer sur des mots, que, Barthélemy-Ponta.
lis n'est qu'une légère altération de de Bar-
thélémy: de. Pourlalès, et que n'avoir pas
voulu le comprendre c'esf< faire preuve de
mauvaise volonté. Eh bien non. Dans une
question de ce genre, on ne peut pas se con-
tenter d'à-peu-près. Car, en vertu de ce
principe, il faudrait accueillir comme exacts
tous'les faits-que le correspondant de l'a-
gence Laffan a signalés dans sa dépêche et
qui ressemblent à la vérité à peu près
comme Barthélemy-Pontalis ressemble à de
Barthélémy de Pourtalès.
Les Russes sont entrés dans le havre de
Camranh vers le 15 avril, .Bien des navires
faisant route vers Singapour se sont mis à
l'abri dans ce magnifique port naturel, ou-
vert à tout venant.
A QUOI SE GAHEHE LE DEPOT DE GHABBQff DE GAMRANH
Le petit tas noir, près clos planches rèiu'ésentc ce
Uépôt.
lis ont trouvé lu les ]jases ci'une
installation qui deviendra peut-être floris-
sante, mais'qui est actuellement des plus ru-
dimentaires..
Ayant, obtenu leur concession en 1900, M.
de Barthélémy et M. de Pourtalès. ont coin--
mence. en'19u2, il exploiter le terrain dont
ils étaient propriétaires. C'était donc.bien
avant la guerre. L'agence Laffan semble l'i-
gnorer, quand elle dit que le fait d'avoir
donné en, concession, la baie de Camranh
prouve «, l'existence d'un arrangement il la
connaissance des autorités françaises ».
Ce que j'ai voulu créer à Camranh ?
nous dit 1\-1, de Barthélémy. Une petite no-
tice que j'ai envoyée autrefois aux naviga-
teurs vous l'expliquera
Dans le but d'aider au passage difficile du
cap Padaran, du cap Varella où. les courants
de la mousson de nord-est mettent en relâcbe
les navires qui font la ligne de Chine, venant
de Singapour, Saïgon, Colombo, Sabang-Bay,
MM de Barthélémy et de Pourtalès ont fondé
à Camranh un dépôt de charbon et de ravi-
tailteraent.
Les disponibilités du dépôt de Camranh se-
ront, pour }904-l$05, de six à sent cents tonnes:
500 tonnes de 'briquettes de Honeg'ay
200 tonnes de- charbon japonais.
Ce dépôt sera entretenu d'une façon perma-
nente' durant cette période. Quatre allèges de
100 tonnes assurent le service du charbon
avec deux mahones, ainsi que celui des mar-
chandises en transit. Les opérations ont lieu
à l'entrepôt actif sans droits de douanes à
payer. Un petit water-boat permet actuelle-
ment de donner huit tonnes d'eau par voyage,
150 à 200 mètres à parcourir pour aller de la
prise d'eau au navire, une heure et demie pour
charger le wâter-boat à la prise d'eau.
» Ceci n'a pas été écrit pour les besoins de
'la cause. C'est un entrepreneur qui, cher-
chant à se créer nne clientèle,, fait une énu-
mération aussi complète que possible de ce
qu'il peut lui fournir.
Quand on envoie semblable circulaire on
ne cache rien, au contraire. Alors, conclut
M. de Barthélémy, établissez vous-même
une comparaison entre ce pauvre petit ma-
tériel et les cinquante-deux navires de l'es-
cadrç russe. Sept cents tonnes de charbon
pour toute la,flotte. Ah s'ils, n'avaient eu
que cela à mettre dans leurs soutes, ils ne
seraient pas allés bien loin., les vaisseaùx de
Rojdestvensky
On ne vous accuse pas, monsieur, d'a-
voir approvisionné de charbon toute l'es-
cadre, car l'agence Laff an affirme qu'l Saï-
gon môme, avec le consentement du' gou-
vernement français des quantités immen-
ses de charbon avaient été emmagasinées
Ah le fameux dépôt de Saigon, reprit
en riant M. de Barthélémy, on en a beau-
coup parlé, sans le connaître.
Il existe ? r
Parfaitement, iL existe..
Mais alors, l'agence Laffan.
-r Le -Èoçrftspondunt de .l'agence améri-
came n'a point inventé son récit de toutes
pièces, et c'est pourquoi ses. inventions,
tissues sur un fond de vérité, sont beaucoup
plus dangereuses..
Oui, il existé un ,dépOt de charbon sur
le Mékong, non loin (le Saïgon. Au début de
la guerre, les Russes ont acheté là un ter-
rain assez vaste, sur lequel ils ont élevé des
hangars, dans lesquels ils ont accumulé
des approvisionnements, du charbon sur-
tout, que leur ont' vendu les Japonais.
C'est là que la flotte ùe Rojdestvensky
a envoyé ses charbonniers chercher ce dont
elle avait besoin. Mais aucun navire de
guerre n'est venu à proximité dé cet entre-
pôt. Ce cïîarbon russe, déposé sur un ter-
rain russe, a été chargé sur des transports
russes.. ..̃
»té ? La France ne pouvait empêcher les Rus-
ses d'aller chercher sur un territoire dont
ils sont propriétaires, du charbon qui leur
appartient. Quant au fait que des indigènes
ont vendu un terrain à la Russie, si les Ja-
ponais avaient vu flà un acte répréhensible,
ils n'auraient pas attendu quinze, mois pour
faire entendre des protestations.
Ce que je viens de vous dire, conclut
de Barthélémy, vous met à même d'ap-
précier 'la valeur du sensationnel télégram-
me publié par l'agence Laffan.
A SâlNT^PETERSBOURG
Rojdestvensky se plaint de la rigueur des
autorités françaises, qui le pourchassent
le long des côtes d'Indo-Chine Ce
qu'on pense à l'état-major.
La meilleure preuve que le .gouvernement
français a rempli son devoir, on la trouve
dans cetfe dépêche, que nous envoie notre
correspondant à Saint-Pétershourg, et où se
retrouvent les plaintes de Rojdestvensky,
qui estime que la France fait montre, à son
égard, d'une-trop grande sévérité
Saint-Pétersbourg, 9 mai. Dépêche de
notre envoyé spécial. Cette question aigui
de la neutralité, cause de quelques troubles
diplomatiques en France et même au Japon,
dont les échos nous arrivent fort atténués
ici, n'a point été l'occasion de nous mani-
lester un peu de reconnaissance ou même de
politesse, pour certains organes de la presse
pétersbourgeoise et aussi pour, les milieux
administratifs.
Tout le monde se plaint, et le premier à
se faire entendre est Rojdestuensl,y « Je
we suis jamais reste, télégraphie-l-il aujour-
d'hui aux objurgations qui lui vienneiit de
l'état-major, dans les eaux territoriales de la
France. Dès que j'étais ancré quelque part,
les autorités jrarzçâises ni'en chassaient eut
fe devais aller plus loin, où la même mésa-
venture m'attendait.
L'amiral prétend qu'il n'est point le seul à
se ravitailler dans les eaux neutres ou quasi
neutres. Il accuse tes torpilleurs de l'amiral
Dewa de recevoir du charbon soit cyez les
Hollandais, soit chez les Américaims aux
Philippines, soit chez les Anglais. A An2oy,
les Japonais ne se sont point gênés pour éta-
blir un poste de télégraphie sans fil, et, en-
tre cette station et Formose, croiseiirs et tor-
pilleurs ennemis font continuellement la na-
vette.
On pense, l'état-major, que la jonction
est déjà faite et on s'attend et une marche
décisive vers le nord, que Roidestvensky ne
dissimulera point, prêt au combat s'il se pré-
sente,- le cherchant plutôt qu'il ne l'évitera.
La presque totalité de la presse russe a su
rendre, dans ces circonstances difficiles, un
hommage discret ti l'aititutie utile de ,la
France.: A Saint-Pétersbourg, il n'y a que le
Novoie' Wremya pour nous, être hostile et
pour attaquer le Matin, qui cependant ne
s'est point fait, faute, depuis Ic commence-
ment de "la guerre; de soutenir les intérêts
de notre alliée. Le .Novoie Wremya nous
traite en ennemi, et- cependant aucun organe
français n'a exprimé. l'espoir plus continu
dans lé succès de t'escadre qui va tenter- de
gagner Vladivostok et n'a plus, souvent ap-
préciè la valeur et l'énergie de son amiral
eu chef.- La feuille de AI, Souvorine ne ,nous
accuse ni plus ni. moins que d'avoir étéven-
du au Japon. Ce qu'il y a de plus regretta-
ble pour le journal, péiersbourgeois, c'est
qu'il- le croit peut-être.
J'ai entendu dire, moi, depuis dix, jours,'
que te Novoie Wreïnya était vendu l'Alle-
magne, mais je n'ai pas été assez bêle pour
y ajouter foi: Tout de même, l'attitude per-
sistante de ce journal inc ferait penser que
je ne suis pas. assez intelligent.
Gaston Leroux.
CE QUE DIT ffl. HAYASHI
Une déclaration du ministre du Japon à
Londres La situation est grave, mais
il n'y a pas de crrse.
LONDRES, 9 mai. -Le vicomte Hayashi a
fait aujourd'hui ù. un journaliste la déclara-
tion suivante au sujet de la présence de la
flotte russe dans les eaux d'Extrême-Orient
« La situation présente'de grandes diffi-
cultés, mais il ne peut pas y avoir de crise
tant que le gouvernement français entendra
maintenir rigoureusement la neutralité.
C'est, nous assure-t-on, son intention, car la
France a donné l'assurance la plus formelle
que ses fonctionnaires coloniaux ont reçu
pour'instructions de maintenir une neutra-
lité rigoureuse, et elle a déclaré en outre
qu'elle tiendrait la main à ce que ces ins-
tructions fussent exécutées. Ces assuran-
ces ont/ été réitérées plusieurs fois. Je répète
donc qu'il ne saurait être question d'une
crise.
Je n'ai rien appris de mon gouvernement
qui me porte à croire à la probabilité d'un tel
état de choses; Sans doute, le public japo-
nais éprouve une vive irritation du long sé-
jour des escadres russes à Madagascar et
en Indo-Chine. Que les détails donnés au su-
jet de ce séjour soient véridiques ou non, il
n'en est pas moins certain que, déduction
faite du temps occupé traverser l'océan
Indien, les' vaisseaux de nos, ennemis sa
trouvent dans les eaux territoriales fran-
çaises ou a proximité de ces eaux depuis le
mois.de janvier, et la seule explication pos-
sible de ce fait, c'est qu'ils sont au delà de
la limite des trois milles.
» Si un pareil état de choses est bien en
accord, avec l'esprit de. la neutralité, c'est là
un point discutable.
Quoiqu'il n'y ait pas de- crise, il serait
imprudent de laisser le ressentiment popu-
l'aire au Japon s'envenimer au point de de-
venir incoercible. On s'en rend bien compte-
en France, où c'est l.'opinion publique qui
guide le gouvernement. Il y a tout lieu de
supposer que la France saura trouver les
moyens de soulager l'anxiété publique et de
détruire absolument toute possibilité de voir
s'étendre le conflit hors de sa sphère ,ac-
tuelle.
En conclusion le ministre a dit
« Je puis donner un' démenti fornnel, si
cela est nécessaire, aux assertions faites en
Russe, d'pprès lesquelles le Japon violerait
? neutralité de Bornéo. Il n'y a pas d'avan-
tages possibles pour le Japon à violer cette
neutralité.
DE MIDI A MINUIT
Lea faits d'hier En France et à l'étranger.
A la Bourse de Paris, le 3 est ferme,
ainsi que l'ensemble du marché.
M Thomson, ministre de la marine, a dé-
jeuné à bord du Suffren. Grâce à son inter-
vention, le conflit entre la mairie, le tribu-
nal et la chambre de commerce est complè-
tement résolu.
La barque de pêche Saint-Pierre, montée
par deux hommes, a chaviré sur rade du
Havre, l'embarcation s'étant engagée sous la
chaîne d'une drague. La barque a coulé.
Le mousse Galoux, âgé de quatorze ans,
s'est noyé. L'autre matelot a pu être sauvé.
La légation du Danemark à Paris informe
les' autorités maritimes françaises que la
surveillance de la pêche dans la mer du
Nord pour 1905 sera exercée par les canon-
nières Qronsund et Guldborgsund et par le
torpilleur Springeren.
Le gouverneur général de .l'Algérie a
quitté Tlemcen. en automobile avec sa suite
pour Lalla-Marnia, Nedromah et Nemours.
Il retournera aujourd'hui à Tlemcen, où, il
reprendra, dans la soirée, le train pour Al-
ger.' :̃̃̃̃̃
Le romancier Maxime Gorki a reçu des au-
torités russes l'autorisation de séjourner en
Russie, sauf, toutefois, à Saint-Pétersbourg.
A la Chambre des communes, la question
de la neutralité de la France en Extrême-
Orient a été l'objet d'une discussion assez
vive.
La reine des Pays-Bas a chargé le gou-
verneur de la province de Limbourg de pré-
senter ses compliments au roi de Belgique
jeudi, il Liège.
M. Back, maire de Strasbourg, à reçu de
l'empereur d'Allemagne le titre de conseil-
ler privé.
Le roi d'Italie a reçu la délégation fran-
çaise venue à l'occasion de l'inauguration du
monument de Victor Hugo.
En Styrie, deux professeurs de l'Univer-
sité de Gratz ont fait, au cours d'une ascen-
sion de montagne, une chute mortelle.
A la Chambre hongroise, le comte Appo-
nyi a longuement défendu le projet d'adresse
en rénonse au -discours du trône.
Un'cvclone a détruit hier matin une
grande'.partie du quartier des maisons par-
ticulières de Marquette, dans le Kansas. On
dit que vingt personnes ont été .tuées.
PROPQS 1)'UN PARISIEN
L'interrogatoire du conspirateur Tambu-
rini m'a fait passer un bon moment.
Ce conspirateur n'a pas conspiré il s'est
simplement, dit-il, entretenu avec des amis
de l'hypothèse possible d;un mouvement
cela, a-t-il ajouté spontanément, comme on
cause entre camarades.
Le fait est qu'il n'y a pas moyen de trou-
,ver un plus agréable sujet de conversation,
quand on ne sait,comment occuper la soi-
rée. Et Tamburini a expliqué de quelle fa-
çon le mouvements pouvait s'effectuer ar-
restation des ministres, occupation des
Chambres et, en-plus, de l'Elysée « une vé-
ritable forteresse à enlever », a ajouté Tam-
burini..
fàiable1! pour enlever une forteresse, il'
faut tuer du monde. Bagatelle La forteresse
enlevée, Tamburini nommait; toujours dans
son hypothèse, un gouvernement de trois
membres qui procédait à la dissolution des.
Chambres et consultait le pays, « loyale-
ment, cette fois
Ce « loyalement, cette fois est vraiment
d'un haut domique.
Mais, infortuné.et naïf Tamburini, un gou-
vernement issu d'un coup: de force ùe peut
pas consulter loyalement le pays.
Vous imaginez-vous Napoléon III,, duquel
vous semblez vous être inspiré, consultant
loyalement, en 1852, les électeurs, et vous
représentez-vous la situation si ceux-ci lui
avaient répondu, non- moins loyalement
« Vous êtes, un gredin et vous allez immédia-
tement abandonner le pouvoir dont vous
vous êtes servi' pour trahir la nation
Croyez-vous, Tamburini, conspirateur fa-"
cétieux,"que Louis-Napoléon aurait répondu
« Très bien, .puisque nous ne sommes pas,du
même avis, je m'incline. J'ai eu évidem-
ment' tort de faire titrer sur la foule dans la
rue. Mettons qu'il -y a eu maldonne » B
Non, Tamburini, quand un coup d'Etat a
lieu,' celui qui l'a -fait "à son profit ne peut
pas consulter loyalement le pays. Il ne peut
qu'ouvrir les urines e dire :«. On répond
oui celui qui' répondra non verra son bul-
letiiv remplacé par un bulletin contraire, et
.maintenant votez librement. » H. Harduin.
P.-S. roub.lia.is, Tamburini nous a
fait connaître quel aurait été le gouverne-
ment de son choix, .un gouvernement coin-
prenant MM. Doumer, Ribot, Bourgeois,
Poincaré et Deschanel. Si ces messieurs ne
sont pas contents d'avoir mérité cette preuve
de confiance, c'est Qu'ils sont difficiles
LA COUPE DE LA MÉDITERRANÉE
La journée d'hier, à Mahon, a été un triomphe pour leg
concurrents Avant leur départ pour la seconde
et dernière étape, la pittoresque cité leur
a prodigué ses applaudissements
et ses Vivats enthousiastes.
Le à Mme du GAST
Arrivé deuxième à Mahon, ayant accompli la première étape.en seize heures.
Mahon,- 9 mai. Dépêche particulière du
« Matin Pour fêter les vainqueurs de
la Méditerranée, cette déesse perfide qui sou-
rit et rugit, caressant et battant tour il. tour
les falaises de la reine des Baléares, la po-
pulation mahonaise s'est laissée aller, deux
jours durant, il. toutes les manifestations
d'enthousiasme débordant qui sont le pro-
pre de l'aine espagnole. Des fenêtres, sur
leur passage, une pluie de fleurs est tombée.
On, leur, jeté, du haut des balcons, des tis-
sus et des objets précieux. Car c'est ainsi
qu'en ce pays on fête les héros que l'on ad-
mire et que l'on aime. Je ne crois pas que
des -concurrents. illustres aient reçu un sem-
blable accueil sur aucune terre.
Et vraiment, ils méritent bien le triomphe,
ces braves gens qui ont combattu et vamcu
de haute lutte un ennemi implacable, ces
équipages qui se déclarent tout prêts par'-
tir de nouveau, après avoir accompli des
prouesses': le Fiàt-X, couvert par -les lames,
n'ayant plus d'eau, plus de vivres, et cou-
vrant, sans panne, deux cents milles le
Carnée, avec l'héroïque Mme du Gast, navi-
guant la nuit, dans la grosse houle, et don-
nant, a. foute vitesse dans les asses dange-
reuses de Mahon ;lc~Mereéaès-C.-P., avec
NI.,Pitre ranimant, ses hommes par son atti-
tude énergique' le Mercédès-Mercédùs, ré-
sistant aux coups de mer le Quand-Même,
avec M. Chauchard,. faisant route avec un
seul moteur,'et ne devant le succès qu'à son
.seul amour de la mer l'Héraclès, avec le
docteur Lesage, capeyant à la voile et finis-
sant par faire route; après un travail dâffl-
cüe le Malgré-Tout, enfin, faisant 150 mil-
les en' remorque et 17 ntBuds dans les em-
bruns, plutôt que de retourner en arrière.
N'est-ce pas que ces hardis équipages mé-
ritent qu on célèbre leur héroïsme ?
Déjà 'la lame qui écume et déferle dans les
anfractuosités du rocher chante la gloire et
annonce aux rivages de la Provence l'arri-
vée des vainqueurs de la Méditerranée.
Mais, en attendant, les fêtes se poursuivent
ici en leur honneur:
LA FÊTE NAVALE
La magnifique fête navale, commencée
hier soir, s'est terminée seulement ce matin.
Lo long des montagnes qui s'étendent pa-
rallèlement au port, vis:à-vis de la ville, on
avait allumé d'immenses feux de joie qui se
reflétaient dans la mer et offraient un aspect
magique. Un grand nombre de chaloupes
sillonnaient le port, quai. a une longueur de
trois milles. Toutes les embarcations étaient
brillamment illuminées. Les marins du croi-
seur espagnol Lcpanto et ceux de l'arsenal
avaient orné et illuminé leurs chaloupes.
Les croiseurs ''français Kléber et Desaix
avaient des guirlandes de globes illuminés
du grand mât au mât de misaine, et proje-
taient d'énormes feux électriques, éclairant
toute l'étendue, du port..
Le La-flire, la Pertuisane, l'Arc, le Dard,
le Mousqueton, la Hallebarde et la Carabine,
ainsi que le Leloanto, les canonnières Nueva-
Espana et Temerario, et les torpilleurs Osa-.
do et General-Barcelo étaient tous rutilants
de lumières réfléchies par les eaux du
port, et 'faisant surgir de la nuit la partie
de la ville qui regarde la mer. Illuminés
aussi les bateaux a vapeur des compagnies
de transport illuminés les bâtiments des
fabriques de l'usine gas et des manufac-
tures en bordure des quais. Le quartier du
port était orné de guirlandes de lanternes
vénitiennes sur une étendue de trois ou qua-
tre kilomètres.
On a décerné des prix aux chaloupes du
Lepanto pour leur remarquable ornemen-
tation..•
'LES PAVOISEMENTS
Aujourd'hui, la ville présente une anima-
tion qui n'a de comparable que celle de la
veille. La rue du Castillo, du port à Câlali-
guera et a l'entrée de la ville, est ornée de,
lanternes vénitiennes. On' remarque un
grand nombre de drapeaux français et espa-
gnols.
Des centaines d'inscriptions exaltent les
coureurs ou expriment des sentiments sym-
pathiques envers la France et le Matin. Le
Casino mahonais, où se réunit l'arisiocrn-
tie, a été orné avec beaucoup de goûï sous
la direction môme de l'alcade, d'un délégué
du gouvernement et dès généraux de la ar-
nison de Port-Mahon. La calle Arravalefa,îa
calle Nueva et la plaza Principe sont aussi
très bien décorées. A. l'endroit où la calle
Nueva débouche sur .la plaza Principe, on
remarque l'hôtel de ville, dont la façade dis-
parait sous les drapeaux espagnols et fran-
çais.
Dans la foule énorme qui court les rues,
on remarque un grand nombre d'étrangers.
Tous font l'éloge des organisateurs de ces
fêtés.
UN BANQUET
L'alcade de Mahon a offert aujourd'hui
aux coureurs, aux organisateurs et aux per-
sonna,les officiels, un banquet qui a été servi
dans le clos dé l'arsenal.
Parmi les quatre cents convives, citons
Mme' du Gast, MM. Gallinari, 'le comman-
dant du port de Mahon, les commandants et
les officiers du Klëber, du Desaix et des con-
tre-torpilleurs, les conseillers municipaux
de Mahon, tes membres de la presse, les
coureurs, les équipages des canots, etc..
Le banquet été servi sous une tente dé-
corée aux couleurs françaises et espagnoles.
Une musique s'est fait entendre pendant la
repas.
Au dessert, l.'alcàdë a prononcé un'toast
chaleureux en l'honneur des 'coureurs et- a
levé son verre au progrès et il la paix uni-
verselle.' Après lui ont' pris la parole MM.
Pedro Balles l-er, -au nom .de. la Ligue mari-
time espagnole TaltavùlJ, au nom du coppa
.consulaire Charles Roche, qui a bu a la
Méditerranée conquise Clament, Pédant,
Courze, le duc Decazes, qui bu au roi 4.'Es-
pagne Lestonnat, qui a bu aux marioes
française et, espagnole, etc.
ATissue du tanquet,' les prix survjàiits ont
-été décernés pa,r, un. comité' présidé par M.
Lestonnat et composé des .officiers- géné-
raux, des officiers supérieurs français et es-
pagnols, des autorités civiles et des mem-
bres du corps consulaire,:
'Fiax-X prix 'du roi d'Espagne, prix de-la
ville de Mahon, prix du journal L'Auto*
Camille prix. du ministre dû ]a marine
française, prix de la Ligue, maritime, espa-
gnole
Mmo DU GAST
D'après un instantané pris à Alger.
prix du ministre de la
marine espagnole
Mercédès-Mercédès prix du ministre de
la marine italienne
'QUand-Même prix de la Ligue maritime
française
prix Glandaz
Malgré-Tout prix d'Archemont et mé-
daille 'd'or Charley..
PREPARATIFS OE DÉPART
M. Gallinari, constructeur du canot vain-
queur de l'étape Alger-Mahon, se montre
très heureux du succès obtenu. Il croit que,
avec.-le.beau temps qui règne, le Fiàt-X fera
la traversée de Mahon à Toulon en soute-
nant une vitesse constante de 20 milles.
Le Camille se prépare il. lutter avec le
Fiat-X. Sa propriétaire,' Mme du Ga^t, di-
rige elle-même les préparatifs avec entrain.
Elle croit -qu'elle soutiendra une grande vi-
tesse, étant donné que la mer est tranquille.
UHéraclès-Il, le Malgrê-ToUt, qui son.t ar-
rivés avec des avaries, continueront la
course et seront convoyés,' dans le parcours
Mahon-Toulon, par les mêmes vaisseaux de
guerre. <̃̃
Le Mërcédès-Mercèdès, le Mercédés-C.-P.
et le Quand-Mênte font leurs préparatifs et
s'approvisionnent de gazoline, pour sortir
du port à toute vitesse. ̃•'̃*•
A TOULON
Le train spécial du « Matin » repart pour
Paris M. Thomson aplanit un conflit
et rétablit la concorde dans notre
grand port.
Toulon, 9 mai. Par dépêche de notre
envoyé spécial, Toulon a gardé, sa pa-
rure de fête.' Les pavillons tricolores tendus
en arceaux, et sous lesquels, tout le long du
boulevard de Strasbourg, défilèrent hier les
voitures et les autos tleuries devant la foule
enthousiaste, flottent, au vent clans un lieau
ciel. Au fronton du Grand-Hôtel, l'oriflamme
du Malin se balance. Aux arbres de la place
de la Liberté restent accrochés lampions et
guirlandes. Pourtant, le copieux programme
des réjouissances offertes à l'occasion de la
Coupe de la Méditerranée est tout près de
En ville, à l'arsennl et sur le port, le tra-
va,il a repris. Pour nous, la récompense de
nos efforts a tlé-iii commencé, puisque là pre-
mière étape de!'épreuve Alger-Muhon s'est
effectuée suivant tes prévisions les plus op-
timistes. Nous attendons demain les vail-
lants canots, nos champions. Leur arrivée
consacrera définitivement la'réussite de no-
tre entreprise.
Presaue tous nos amis parisiens, person-
Mercredi 10 Mai
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SEUL JOURNAL PB ANC A g S NOUVELLES DU MO N D E ENTIER
LES INCIDENTS DES MERS DE CHINE
Une mise au point nécessaire, La: question' du séjour de
l'escadre Rojdestvensky dans les eaux territo-
riales françaises Ce que dit le marquis
de Barthélémy Histoire^ d'un
dépôt de charbon à Saïgon.
fn LA BAIE DE CAMRANH
ri Vue "prise des établissements Barthélémy-
IL nous, faut bien revenir encore sur
cette question de la neutralité, puisque
de-divers côtés, on- se -plaît à lenveni-
,mer. '.•̃̃
Nous avons dit hier que le gouverne-
ment de 'la République repoussait for-
n^ellenrent l'accusation portée contre lui
d'avoir violé. ou laisser violer les règles
de la neutralité, en Extrême-Orient. Le
gouvernement affirme en effet qu'on est
hors d'état de citer un seul cas où lui;ou
prété on prêter à.
l'escadre de l'amiral Rojdestvensky une
aide quelconque en armes, en munitions,
en matériel, en approvisionnements .ou
en combustible.
Aussi bien, nul n'a-t-il pu citer un fait
où, en violation des règles de la neutra-
lité, une aide semblable ait-été donnée
ou procurée à la flotte russe. On n'a ja-
mais rn$me pu alléguer que des navires
français aient aidé l'escadre de la Balti-
que ;à:se ravitailler en charbon ou'bien
aient servi d'éclaireu'rs ou de guides à
cette escadre.'
:Le seul grief qu'on ait articulé' d'une
manière un. peu. précise est relatif à la
spi-disant présence de navires de' guerre.
russes, dans les eaux' territoriales tfran-
çaisqs. Or, à la connaissance du gouver-
nement de la République, -il n'y a qu'Une
§eule et unique fois où des navires rus-
ses- aient' pu se trouver dans des eaux
françaises -c'est, vers la' fin'du mois
dernier, ̃ à Camranh. Le gouvernement
ignorait absolument que l'escadre russe
pût, se rendre dans cette baie dès qu'il
apprit quelle s'y trouvait, sans même
attendre une réclamation du gouverne-
ment japonais, il signala le fait à Saint-
péter?bourg. L'amiral Rojdestvensky
reçut immédiatement l'ordre de s'en al-
Depuis lors, il y a quelques jours, M.
Molono.çrut devoir indiquer à M. Del-
cassé que la flotte, russe se trouvait à
Poft-Dayol, au fond de la baie de Hon-
Klïoe. Le ministère des affaires étrangè-
reis prévint le département des colonies,
est l'amiral, de, Jonquières fut chargé d'al-
ler, vérifier le fait. Il constata de visu que
la flotte n'était ni dans la baie ni dans
lès eaux territoriales françaises. Néan-
moins, M.: Beau, par L'intermédiaire du
résident de Nha-trang, fit faire une dé-
marche auprès de l'amiral Rojdéstvens-
Uy pour que, afin d'éviter toute contesta-
tion, il s'éloignât. L'amiral partit avec
son escadre le 3 mai. On ignore actuelle-
ment-où; il se trouve.
Voilà h quoi se réduit le .grief du sé-
jour de vaisseaux rus'ses dans des eaux
Il est d'ailleurs bon de faire remarquer
que, même si contrairement à ce qui
est la flotte russe avait traversé plu-
sieurs fois des eaux territoriales françai-
ses,-le gouvernement de la République
pourrait difficilement en être rendu res-
ponsable de bonne foi, car, la longueur
de la zone qu'il a à surveiller est telle
qu'aucune flotte ne peut efficacement en
inierdirve l'approche. En outre, si, le Ja-
pon estime, comme divers journaux an-
glais et japonais l'ont écrit ces jours der-
niers, que l'escadre de l'amiral Rojdest
vensky- peut tirer un avantage stratégi-
que quelconque du fait -qu'elle est à
proximité d'une côte française at qu'elle
a, pu trouver abri dans certaines baies,
on ne comprend pas pourquoi les flottes
japonaises ne réduisent pas à néant cet
avantage en interdisant elles-mêmes
l'escadre russe le séjour dans ces baies
et en allant lui y livrer combat.
Il ne dépend que des Japonais de faire
cesser une situation qu'ils jugent gè-
pante et de laquelle là France, qui a
cdnscience d'avoir rempli tous ses de-
voirs de neutre, ne .peut être rendue de
bonne foi responsable.
DANS LA BÂIE DE CAMRANH
Une déclaration du concessionnaire de cette
baie M. de Barthélemy déclare qu'il
était hors d'état d'approvisionner
une escadre.
Le Temps. est un journal qui aime bien
morigéner ses confrères, sans toujours se
donner- la peine de les lira -C'est ainsi -qu'Hier
il écrivait ces lignes,: « Le marquis de Bar-
thélemy, dont le i1fatin niait, on ne sait pour-
quoi, l'existence. » Or, jamais le Matin n'a
nié l'existence de M. le marquis de Barthé-
lemy. Il à simplement dit qu'il n'y avait pas
de marquis Barthélemy-Pontalis ce qui est
aussi exact que de dire qu'il n'y a pas à
Paris un journal portant dans sa manchette
le titre de le. Temps gris.
Quant à M. le marquis de Barthélémy
tout court concessionnaire avec M. de
'Pourtalès, près de la baie de Camranh, de
dix mille hectares de terres, nous. ignorons
si peu son existence que, avant-hier, nous
l'avons vu dans nos bureaux, où il nous a
gracieusement communiqué les documents
photographiques reproduits plus haut, et
qu'hier il nous a fourni sur ce coin de l'Indo-
Chine française, dont on parle tant actuelle-
ment, des renseignements intéressants.
Sans doute,- on va dire que c'est là épilo-
guer sur des mots, que, Barthélemy-Ponta.
lis n'est qu'une légère altération de de Bar-
thélémy: de. Pourlalès, et que n'avoir pas
voulu le comprendre c'esf< faire preuve de
mauvaise volonté. Eh bien non. Dans une
question de ce genre, on ne peut pas se con-
tenter d'à-peu-près. Car, en vertu de ce
principe, il faudrait accueillir comme exacts
tous'les faits-que le correspondant de l'a-
gence Laffan a signalés dans sa dépêche et
qui ressemblent à la vérité à peu près
comme Barthélemy-Pontalis ressemble à de
Barthélémy de Pourtalès.
Les Russes sont entrés dans le havre de
Camranh vers le 15 avril, .Bien des navires
faisant route vers Singapour se sont mis à
l'abri dans ce magnifique port naturel, ou-
vert à tout venant.
A QUOI SE GAHEHE LE DEPOT DE GHABBQff DE GAMRANH
Le petit tas noir, près clos planches rèiu'ésentc ce
Uépôt.
lis ont trouvé lu les ]jases ci'une
installation qui deviendra peut-être floris-
sante, mais'qui est actuellement des plus ru-
dimentaires..
Ayant, obtenu leur concession en 1900, M.
de Barthélémy et M. de Pourtalès. ont coin--
mence. en'19u2, il exploiter le terrain dont
ils étaient propriétaires. C'était donc.bien
avant la guerre. L'agence Laffan semble l'i-
gnorer, quand elle dit que le fait d'avoir
donné en, concession, la baie de Camranh
prouve «, l'existence d'un arrangement il la
connaissance des autorités françaises ».
Ce que j'ai voulu créer à Camranh ?
nous dit 1\-1, de Barthélémy. Une petite no-
tice que j'ai envoyée autrefois aux naviga-
teurs vous l'expliquera
Dans le but d'aider au passage difficile du
cap Padaran, du cap Varella où. les courants
de la mousson de nord-est mettent en relâcbe
les navires qui font la ligne de Chine, venant
de Singapour, Saïgon, Colombo, Sabang-Bay,
MM de Barthélémy et de Pourtalès ont fondé
à Camranh un dépôt de charbon et de ravi-
tailteraent.
Les disponibilités du dépôt de Camranh se-
ront, pour }904-l$05, de six à sent cents tonnes:
500 tonnes de 'briquettes de Honeg'ay
200 tonnes de- charbon japonais.
Ce dépôt sera entretenu d'une façon perma-
nente' durant cette période. Quatre allèges de
100 tonnes assurent le service du charbon
avec deux mahones, ainsi que celui des mar-
chandises en transit. Les opérations ont lieu
à l'entrepôt actif sans droits de douanes à
payer. Un petit water-boat permet actuelle-
ment de donner huit tonnes d'eau par voyage,
150 à 200 mètres à parcourir pour aller de la
prise d'eau au navire, une heure et demie pour
charger le wâter-boat à la prise d'eau.
» Ceci n'a pas été écrit pour les besoins de
'la cause. C'est un entrepreneur qui, cher-
chant à se créer nne clientèle,, fait une énu-
mération aussi complète que possible de ce
qu'il peut lui fournir.
Quand on envoie semblable circulaire on
ne cache rien, au contraire. Alors, conclut
M. de Barthélémy, établissez vous-même
une comparaison entre ce pauvre petit ma-
tériel et les cinquante-deux navires de l'es-
cadrç russe. Sept cents tonnes de charbon
pour toute la,flotte. Ah s'ils, n'avaient eu
que cela à mettre dans leurs soutes, ils ne
seraient pas allés bien loin., les vaisseaùx de
Rojdestvensky
On ne vous accuse pas, monsieur, d'a-
voir approvisionné de charbon toute l'es-
cadre, car l'agence Laff an affirme qu'l Saï-
gon môme, avec le consentement du' gou-
vernement français des quantités immen-
ses de charbon avaient été emmagasinées
Ah le fameux dépôt de Saigon, reprit
en riant M. de Barthélémy, on en a beau-
coup parlé, sans le connaître.
Il existe ? r
Parfaitement, iL existe..
Mais alors, l'agence Laffan.
-r Le -Èoçrftspondunt de .l'agence améri-
came n'a point inventé son récit de toutes
pièces, et c'est pourquoi ses. inventions,
tissues sur un fond de vérité, sont beaucoup
plus dangereuses..
Oui, il existé un ,dépOt de charbon sur
le Mékong, non loin (le Saïgon. Au début de
la guerre, les Russes ont acheté là un ter-
rain assez vaste, sur lequel ils ont élevé des
hangars, dans lesquels ils ont accumulé
des approvisionnements, du charbon sur-
tout, que leur ont' vendu les Japonais.
C'est là que la flotte ùe Rojdestvensky
a envoyé ses charbonniers chercher ce dont
elle avait besoin. Mais aucun navire de
guerre n'est venu à proximité dé cet entre-
pôt. Ce cïîarbon russe, déposé sur un ter-
rain russe, a été chargé sur des transports
russes.. ..̃
»
ses d'aller chercher sur un territoire dont
ils sont propriétaires, du charbon qui leur
appartient. Quant au fait que des indigènes
ont vendu un terrain à la Russie, si les Ja-
ponais avaient vu flà un acte répréhensible,
ils n'auraient pas attendu quinze, mois pour
faire entendre des protestations.
Ce que je viens de vous dire, conclut
de Barthélémy, vous met à même d'ap-
précier 'la valeur du sensationnel télégram-
me publié par l'agence Laffan.
A SâlNT^PETERSBOURG
Rojdestvensky se plaint de la rigueur des
autorités françaises, qui le pourchassent
le long des côtes d'Indo-Chine Ce
qu'on pense à l'état-major.
La meilleure preuve que le .gouvernement
français a rempli son devoir, on la trouve
dans cetfe dépêche, que nous envoie notre
correspondant à Saint-Pétershourg, et où se
retrouvent les plaintes de Rojdestvensky,
qui estime que la France fait montre, à son
égard, d'une-trop grande sévérité
Saint-Pétersbourg, 9 mai. Dépêche de
notre envoyé spécial. Cette question aigui
de la neutralité, cause de quelques troubles
diplomatiques en France et même au Japon,
dont les échos nous arrivent fort atténués
ici, n'a point été l'occasion de nous mani-
lester un peu de reconnaissance ou même de
politesse, pour certains organes de la presse
pétersbourgeoise et aussi pour, les milieux
administratifs.
Tout le monde se plaint, et le premier à
se faire entendre est Rojdestuensl,y « Je
we suis jamais reste, télégraphie-l-il aujour-
d'hui aux objurgations qui lui vienneiit de
l'état-major, dans les eaux territoriales de la
France. Dès que j'étais ancré quelque part,
les autorités jrarzçâises ni'en chassaient eut
fe devais aller plus loin, où la même mésa-
venture m'attendait.
L'amiral prétend qu'il n'est point le seul à
se ravitailler dans les eaux neutres ou quasi
neutres. Il accuse tes torpilleurs de l'amiral
Dewa de recevoir du charbon soit cyez les
Hollandais, soit chez les Américaims aux
Philippines, soit chez les Anglais. A An2oy,
les Japonais ne se sont point gênés pour éta-
blir un poste de télégraphie sans fil, et, en-
tre cette station et Formose, croiseiirs et tor-
pilleurs ennemis font continuellement la na-
vette.
On pense, l'état-major, que la jonction
est déjà faite et on s'attend et une marche
décisive vers le nord, que Roidestvensky ne
dissimulera point, prêt au combat s'il se pré-
sente,- le cherchant plutôt qu'il ne l'évitera.
La presque totalité de la presse russe a su
rendre, dans ces circonstances difficiles, un
hommage discret ti l'aititutie utile de ,la
France.: A Saint-Pétersbourg, il n'y a que le
Novoie' Wremya pour nous, être hostile et
pour attaquer le Matin, qui cependant ne
s'est point fait, faute, depuis Ic commence-
ment de "la guerre; de soutenir les intérêts
de notre alliée. Le .Novoie Wremya nous
traite en ennemi, et- cependant aucun organe
français n'a exprimé. l'espoir plus continu
dans lé succès de t'escadre qui va tenter- de
gagner Vladivostok et n'a plus, souvent ap-
préciè la valeur et l'énergie de son amiral
eu chef.- La feuille de AI, Souvorine ne ,nous
accuse ni plus ni. moins que d'avoir étéven-
du au Japon. Ce qu'il y a de plus regretta-
ble pour le journal, péiersbourgeois, c'est
qu'il- le croit peut-être.
J'ai entendu dire, moi, depuis dix, jours,'
que te Novoie Wreïnya était vendu l'Alle-
magne, mais je n'ai pas été assez bêle pour
y ajouter foi: Tout de même, l'attitude per-
sistante de ce journal inc ferait penser que
je ne suis pas. assez intelligent.
Gaston Leroux.
CE QUE DIT ffl. HAYASHI
Une déclaration du ministre du Japon à
Londres La situation est grave, mais
il n'y a pas de crrse.
LONDRES, 9 mai. -Le vicomte Hayashi a
fait aujourd'hui ù. un journaliste la déclara-
tion suivante au sujet de la présence de la
flotte russe dans les eaux d'Extrême-Orient
« La situation présente'de grandes diffi-
cultés, mais il ne peut pas y avoir de crise
tant que le gouvernement français entendra
maintenir rigoureusement la neutralité.
C'est, nous assure-t-on, son intention, car la
France a donné l'assurance la plus formelle
que ses fonctionnaires coloniaux ont reçu
pour'instructions de maintenir une neutra-
lité rigoureuse, et elle a déclaré en outre
qu'elle tiendrait la main à ce que ces ins-
tructions fussent exécutées. Ces assuran-
ces ont/ été réitérées plusieurs fois. Je répète
donc qu'il ne saurait être question d'une
crise.
Je n'ai rien appris de mon gouvernement
qui me porte à croire à la probabilité d'un tel
état de choses; Sans doute, le public japo-
nais éprouve une vive irritation du long sé-
jour des escadres russes à Madagascar et
en Indo-Chine. Que les détails donnés au su-
jet de ce séjour soient véridiques ou non, il
n'en est pas moins certain que, déduction
faite du temps occupé traverser l'océan
Indien, les' vaisseaux de nos, ennemis sa
trouvent dans les eaux territoriales fran-
çaises ou a proximité de ces eaux depuis le
mois.de janvier, et la seule explication pos-
sible de ce fait, c'est qu'ils sont au delà de
la limite des trois milles.
» Si un pareil état de choses est bien en
accord, avec l'esprit de. la neutralité, c'est là
un point discutable.
Quoiqu'il n'y ait pas de- crise, il serait
imprudent de laisser le ressentiment popu-
l'aire au Japon s'envenimer au point de de-
venir incoercible. On s'en rend bien compte-
en France, où c'est l.'opinion publique qui
guide le gouvernement. Il y a tout lieu de
supposer que la France saura trouver les
moyens de soulager l'anxiété publique et de
détruire absolument toute possibilité de voir
s'étendre le conflit hors de sa sphère ,ac-
tuelle.
En conclusion le ministre a dit
« Je puis donner un' démenti fornnel, si
cela est nécessaire, aux assertions faites en
Russe, d'pprès lesquelles le Japon violerait
? neutralité de Bornéo. Il n'y a pas d'avan-
tages possibles pour le Japon à violer cette
neutralité.
DE MIDI A MINUIT
Lea faits d'hier En France et à l'étranger.
A la Bourse de Paris, le 3 est ferme,
ainsi que l'ensemble du marché.
M Thomson, ministre de la marine, a dé-
jeuné à bord du Suffren. Grâce à son inter-
vention, le conflit entre la mairie, le tribu-
nal et la chambre de commerce est complè-
tement résolu.
La barque de pêche Saint-Pierre, montée
par deux hommes, a chaviré sur rade du
Havre, l'embarcation s'étant engagée sous la
chaîne d'une drague. La barque a coulé.
Le mousse Galoux, âgé de quatorze ans,
s'est noyé. L'autre matelot a pu être sauvé.
La légation du Danemark à Paris informe
les' autorités maritimes françaises que la
surveillance de la pêche dans la mer du
Nord pour 1905 sera exercée par les canon-
nières Qronsund et Guldborgsund et par le
torpilleur Springeren.
Le gouverneur général de .l'Algérie a
quitté Tlemcen. en automobile avec sa suite
pour Lalla-Marnia, Nedromah et Nemours.
Il retournera aujourd'hui à Tlemcen, où, il
reprendra, dans la soirée, le train pour Al-
ger.' :̃̃̃̃̃
Le romancier Maxime Gorki a reçu des au-
torités russes l'autorisation de séjourner en
Russie, sauf, toutefois, à Saint-Pétersbourg.
A la Chambre des communes, la question
de la neutralité de la France en Extrême-
Orient a été l'objet d'une discussion assez
vive.
La reine des Pays-Bas a chargé le gou-
verneur de la province de Limbourg de pré-
senter ses compliments au roi de Belgique
jeudi, il Liège.
M. Back, maire de Strasbourg, à reçu de
l'empereur d'Allemagne le titre de conseil-
ler privé.
Le roi d'Italie a reçu la délégation fran-
çaise venue à l'occasion de l'inauguration du
monument de Victor Hugo.
En Styrie, deux professeurs de l'Univer-
sité de Gratz ont fait, au cours d'une ascen-
sion de montagne, une chute mortelle.
A la Chambre hongroise, le comte Appo-
nyi a longuement défendu le projet d'adresse
en rénonse au -discours du trône.
Un'cvclone a détruit hier matin une
grande'.partie du quartier des maisons par-
ticulières de Marquette, dans le Kansas. On
dit que vingt personnes ont été .tuées.
PROPQS 1)'UN PARISIEN
L'interrogatoire du conspirateur Tambu-
rini m'a fait passer un bon moment.
Ce conspirateur n'a pas conspiré il s'est
simplement, dit-il, entretenu avec des amis
de l'hypothèse possible d;un mouvement
cela, a-t-il ajouté spontanément, comme on
cause entre camarades.
Le fait est qu'il n'y a pas moyen de trou-
,ver un plus agréable sujet de conversation,
quand on ne sait,comment occuper la soi-
rée. Et Tamburini a expliqué de quelle fa-
çon le mouvements pouvait s'effectuer ar-
restation des ministres, occupation des
Chambres et, en-plus, de l'Elysée « une vé-
ritable forteresse à enlever », a ajouté Tam-
burini..
fàiable1! pour enlever une forteresse, il'
faut tuer du monde. Bagatelle La forteresse
enlevée, Tamburini nommait; toujours dans
son hypothèse, un gouvernement de trois
membres qui procédait à la dissolution des.
Chambres et consultait le pays, « loyale-
ment, cette fois
Ce « loyalement, cette fois est vraiment
d'un haut domique.
Mais, infortuné.et naïf Tamburini, un gou-
vernement issu d'un coup: de force ùe peut
pas consulter loyalement le pays.
Vous imaginez-vous Napoléon III,, duquel
vous semblez vous être inspiré, consultant
loyalement, en 1852, les électeurs, et vous
représentez-vous la situation si ceux-ci lui
avaient répondu, non- moins loyalement
« Vous êtes, un gredin et vous allez immédia-
tement abandonner le pouvoir dont vous
vous êtes servi' pour trahir la nation
Croyez-vous, Tamburini, conspirateur fa-"
cétieux,"que Louis-Napoléon aurait répondu
« Très bien, .puisque nous ne sommes pas,du
même avis, je m'incline. J'ai eu évidem-
ment' tort de faire titrer sur la foule dans la
rue. Mettons qu'il -y a eu maldonne » B
Non, Tamburini, quand un coup d'Etat a
lieu,' celui qui l'a -fait "à son profit ne peut
pas consulter loyalement le pays. Il ne peut
qu'ouvrir les urines e dire :«. On répond
oui celui qui' répondra non verra son bul-
letiiv remplacé par un bulletin contraire, et
.maintenant votez librement. » H. Harduin.
P.-S. roub.lia.is, Tamburini nous a
fait connaître quel aurait été le gouverne-
ment de son choix, .un gouvernement coin-
prenant MM. Doumer, Ribot, Bourgeois,
Poincaré et Deschanel. Si ces messieurs ne
sont pas contents d'avoir mérité cette preuve
de confiance, c'est Qu'ils sont difficiles
LA COUPE DE LA MÉDITERRANÉE
La journée d'hier, à Mahon, a été un triomphe pour leg
concurrents Avant leur départ pour la seconde
et dernière étape, la pittoresque cité leur
a prodigué ses applaudissements
et ses Vivats enthousiastes.
Le à Mme du GAST
Arrivé deuxième à Mahon, ayant accompli la première étape.en seize heures.
Mahon,- 9 mai. Dépêche particulière du
« Matin Pour fêter les vainqueurs de
la Méditerranée, cette déesse perfide qui sou-
rit et rugit, caressant et battant tour il. tour
les falaises de la reine des Baléares, la po-
pulation mahonaise s'est laissée aller, deux
jours durant, il. toutes les manifestations
d'enthousiasme débordant qui sont le pro-
pre de l'aine espagnole. Des fenêtres, sur
leur passage, une pluie de fleurs est tombée.
On, leur, jeté, du haut des balcons, des tis-
sus et des objets précieux. Car c'est ainsi
qu'en ce pays on fête les héros que l'on ad-
mire et que l'on aime. Je ne crois pas que
des -concurrents. illustres aient reçu un sem-
blable accueil sur aucune terre.
Et vraiment, ils méritent bien le triomphe,
ces braves gens qui ont combattu et vamcu
de haute lutte un ennemi implacable, ces
équipages qui se déclarent tout prêts par'-
tir de nouveau, après avoir accompli des
prouesses': le Fiàt-X, couvert par -les lames,
n'ayant plus d'eau, plus de vivres, et cou-
vrant, sans panne, deux cents milles le
Carnée, avec l'héroïque Mme du Gast, navi-
guant la nuit, dans la grosse houle, et don-
nant, a. foute vitesse dans les asses dange-
reuses de Mahon ;lc~Mereéaès-C.-P., avec
NI.,Pitre ranimant, ses hommes par son atti-
tude énergique' le Mercédès-Mercédùs, ré-
sistant aux coups de mer le Quand-Même,
avec M. Chauchard,. faisant route avec un
seul moteur,'et ne devant le succès qu'à son
.seul amour de la mer l'Héraclès, avec le
docteur Lesage, capeyant à la voile et finis-
sant par faire route; après un travail dâffl-
cüe le Malgré-Tout, enfin, faisant 150 mil-
les en' remorque et 17 ntBuds dans les em-
bruns, plutôt que de retourner en arrière.
N'est-ce pas que ces hardis équipages mé-
ritent qu on célèbre leur héroïsme ?
Déjà 'la lame qui écume et déferle dans les
anfractuosités du rocher chante la gloire et
annonce aux rivages de la Provence l'arri-
vée des vainqueurs de la Méditerranée.
Mais, en attendant, les fêtes se poursuivent
ici en leur honneur:
LA FÊTE NAVALE
La magnifique fête navale, commencée
hier soir, s'est terminée seulement ce matin.
Lo long des montagnes qui s'étendent pa-
rallèlement au port, vis:à-vis de la ville, on
avait allumé d'immenses feux de joie qui se
reflétaient dans la mer et offraient un aspect
magique. Un grand nombre de chaloupes
sillonnaient le port, quai. a une longueur de
trois milles. Toutes les embarcations étaient
brillamment illuminées. Les marins du croi-
seur espagnol Lcpanto et ceux de l'arsenal
avaient orné et illuminé leurs chaloupes.
Les croiseurs ''français Kléber et Desaix
avaient des guirlandes de globes illuminés
du grand mât au mât de misaine, et proje-
taient d'énormes feux électriques, éclairant
toute l'étendue, du port..
Le La-flire, la Pertuisane, l'Arc, le Dard,
le Mousqueton, la Hallebarde et la Carabine,
ainsi que le Leloanto, les canonnières Nueva-
Espana et Temerario, et les torpilleurs Osa-.
do et General-Barcelo étaient tous rutilants
de lumières réfléchies par les eaux du
port, et 'faisant surgir de la nuit la partie
de la ville qui regarde la mer. Illuminés
aussi les bateaux a vapeur des compagnies
de transport illuminés les bâtiments des
fabriques de l'usine gas et des manufac-
tures en bordure des quais. Le quartier du
port était orné de guirlandes de lanternes
vénitiennes sur une étendue de trois ou qua-
tre kilomètres.
On a décerné des prix aux chaloupes du
Lepanto pour leur remarquable ornemen-
tation..•
'LES PAVOISEMENTS
Aujourd'hui, la ville présente une anima-
tion qui n'a de comparable que celle de la
veille. La rue du Castillo, du port à Câlali-
guera et a l'entrée de la ville, est ornée de,
lanternes vénitiennes. On' remarque un
grand nombre de drapeaux français et espa-
gnols.
Des centaines d'inscriptions exaltent les
coureurs ou expriment des sentiments sym-
pathiques envers la France et le Matin. Le
Casino mahonais, où se réunit l'arisiocrn-
tie, a été orné avec beaucoup de goûï sous
la direction môme de l'alcade, d'un délégué
du gouvernement et dès généraux de la ar-
nison de Port-Mahon. La calle Arravalefa,îa
calle Nueva et la plaza Principe sont aussi
très bien décorées. A. l'endroit où la calle
Nueva débouche sur .la plaza Principe, on
remarque l'hôtel de ville, dont la façade dis-
parait sous les drapeaux espagnols et fran-
çais.
Dans la foule énorme qui court les rues,
on remarque un grand nombre d'étrangers.
Tous font l'éloge des organisateurs de ces
fêtés.
UN BANQUET
L'alcade de Mahon a offert aujourd'hui
aux coureurs, aux organisateurs et aux per-
sonna,les officiels, un banquet qui a été servi
dans le clos dé l'arsenal.
Parmi les quatre cents convives, citons
Mme' du Gast, MM. Gallinari, 'le comman-
dant du port de Mahon, les commandants et
les officiers du Klëber, du Desaix et des con-
tre-torpilleurs, les conseillers municipaux
de Mahon, tes membres de la presse, les
coureurs, les équipages des canots, etc..
Le banquet été servi sous une tente dé-
corée aux couleurs françaises et espagnoles.
Une musique s'est fait entendre pendant la
repas.
Au dessert, l.'alcàdë a prononcé un'toast
chaleureux en l'honneur des 'coureurs et- a
levé son verre au progrès et il la paix uni-
verselle.' Après lui ont' pris la parole MM.
Pedro Balles l-er, -au nom .de. la Ligue mari-
time espagnole TaltavùlJ, au nom du coppa
.consulaire Charles Roche, qui a bu a la
Méditerranée conquise Clament, Pédant,
Courze, le duc Decazes, qui bu au roi 4.'Es-
pagne Lestonnat, qui a bu aux marioes
française et, espagnole, etc.
ATissue du tanquet,' les prix survjàiits ont
-été décernés pa,r, un. comité' présidé par M.
Lestonnat et composé des .officiers- géné-
raux, des officiers supérieurs français et es-
pagnols, des autorités civiles et des mem-
bres du corps consulaire,:
'Fiax-X prix 'du roi d'Espagne, prix de-la
ville de Mahon, prix du journal L'Auto*
Camille prix. du ministre dû ]a marine
française, prix de la Ligue, maritime, espa-
gnole
Mmo DU GAST
D'après un instantané pris à Alger.
prix du ministre de la
marine espagnole
Mercédès-Mercédès prix du ministre de
la marine italienne
'QUand-Même prix de la Ligue maritime
française
prix Glandaz
Malgré-Tout prix d'Archemont et mé-
daille 'd'or Charley..
PREPARATIFS OE DÉPART
M. Gallinari, constructeur du canot vain-
queur de l'étape Alger-Mahon, se montre
très heureux du succès obtenu. Il croit que,
avec.-le.beau temps qui règne, le Fiàt-X fera
la traversée de Mahon à Toulon en soute-
nant une vitesse constante de 20 milles.
Le Camille se prépare il. lutter avec le
Fiat-X. Sa propriétaire,' Mme du Ga^t, di-
rige elle-même les préparatifs avec entrain.
Elle croit -qu'elle soutiendra une grande vi-
tesse, étant donné que la mer est tranquille.
UHéraclès-Il, le Malgrê-ToUt, qui son.t ar-
rivés avec des avaries, continueront la
course et seront convoyés,' dans le parcours
Mahon-Toulon, par les mêmes vaisseaux de
guerre. <̃̃
Le Mërcédès-Mercèdès, le Mercédés-C.-P.
et le Quand-Mênte font leurs préparatifs et
s'approvisionnent de gazoline, pour sortir
du port à toute vitesse. ̃•'̃*•
A TOULON
Le train spécial du « Matin » repart pour
Paris M. Thomson aplanit un conflit
et rétablit la concorde dans notre
grand port.
Toulon, 9 mai. Par dépêche de notre
envoyé spécial, Toulon a gardé, sa pa-
rure de fête.' Les pavillons tricolores tendus
en arceaux, et sous lesquels, tout le long du
boulevard de Strasbourg, défilèrent hier les
voitures et les autos tleuries devant la foule
enthousiaste, flottent, au vent clans un lieau
ciel. Au fronton du Grand-Hôtel, l'oriflamme
du Malin se balance. Aux arbres de la place
de la Liberté restent accrochés lampions et
guirlandes. Pourtant, le copieux programme
des réjouissances offertes à l'occasion de la
Coupe de la Méditerranée est tout près de
En ville, à l'arsennl et sur le port, le tra-
va,il a repris. Pour nous, la récompense de
nos efforts a tlé-iii commencé, puisque là pre-
mière étape de!'épreuve Alger-Muhon s'est
effectuée suivant tes prévisions les plus op-
timistes. Nous attendons demain les vail-
lants canots, nos champions. Leur arrivée
consacrera définitivement la'réussite de no-
tre entreprise.
Presaue tous nos amis parisiens, person-
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