Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-03-19
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mars 1869 19 mars 1869
Description : 1869/03/19 (Numéro 258). 1869/03/19 (Numéro 258).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k519393w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/01/2008
Deuxième anné~. Numéro ÊS8
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Vendredi 19 mars i 8$9.
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~-MMt~M.
Admtmistratiom, M, fne de tm SM~t-B~eUèM
EDMOND TÀRB~, Directeur-gérant
Ré~eMeM, M, f~ t
H~E~MO!RE
Nous annonçons à nos lecteurs une
nouvelle qui leur sera sans aucun doute
agréable et qui leur prouvera tout le
désir qu'a te 6s~oM de plaire à ses
abonnés.
Sous le titre de:
LA MESSE NOIRE
AVENTURES DE CAPE ETD'~PËE
M. Ponson du Terrail achève d'écrire,
spécialement pour nous, un roman
destiné à compter parmi les meilleurs
de ce romancier si populaire.
Dans LA MESSE NOIRE, M. J~~on du
Terrail nous reporte à une époque à
laquelle il doit une grande partie de
sa réputation il nous initie à tous les
mystères de la grande bohème pendant
la période qui s'écoule entte Fran-
çois t~et Henri IIL i
Nous avons lu 7ït6c[M~~K~orce7~,
ta première partie de ce roman d'aven-
tures, et nous pouvons afËrmer qu'elle
est appelée à~pbtenir un grand succès.
Nous en commencerons très prochai-
nement la puMcation, l'ouvrage de M.
Conzalès ne deyant plus avoir que quel
ques feuilletoBs~~f
C~TJSEF~im
H y a. quinze jours, envoyant M. de-la
Guéronnière tant passer et repasser la
frontière be!g~, j'avais donne a. entendre
que c'était sans doute lui qui devait intro-
duire en France la Zam~KC de Rochefort,
ce journal qui continue à être servi aux
-abonnés avec une exactitude que ne peut
imiter ~iMM~M'J'o/~e:
Aujourd'hui, on m'a fait des révéla.iions
sur le motif pour lequel M. de la Guéron-
nière, depuis six semaines, passe sa vie en
un wagon lancé à toute vitesse.
On m'afnrme positivement que cet hom-
me d'Etat mêle les vins à la diplomatie et.
qu'il voyage pour une importante raison
d,e Bordeaux.
En termes du métier, il fait; ce qu'on
appelle le ~OM~~Z'7~.
Chacun sait combien le vin de Bordeaux
se bonnifie par les voyages.
Le mouvement, les espaces parcourus,
le changement de climats donneKT* ce
vin une saveur qui en double le prix.
Les propriétaires d~un grand vignoble du
midi, quittant l'habitude ancienne d'expé-
dier par mer, dans l'Inde, et d'en faire re-
venir leurs produits, pour les. améliorer,
,$nt cru pouvoir remplacer ce voyage long
et périlleux en faisant parcourir en wagon
à leur marchandise un nombre égal en ki-
lomètres.
C'est, dit-on, M. de la Guéronnière qui
s'est chargé de la surveillance et'de la con-
duite de ces convois. L'activité, déployée
par lui depuissix semaines sur le chemin
de. fer du nord, a été telle qu'on pense, par
le nombre de kilomètres parcourus, qu'il
a dû faire déjà deux livraisons de convois
dits ~OM?* de ~'7~.
Cette explication est la seule qu'on puisse
donner à ce, zèle de notre homme d'Etat..
Quelques opiniâtres persistent à l'attribuer
au différend franco-belge;.mais le simple
bon sens prouve assez que ce diplomate
ce peut avoir tant couru après une ques-
tion qui marche si peu.
FeniHetM du CMM)t8 da M Mars iSM. N"4$
T A î~ À M'~0
LM A~rA
DEUXIÈME PARTIE
"Xit~ .r. ~
ï.A eRto~w.
"P-~
-U')~t.
UNE TRANSFISURATIONt
(,s~).
Quant à Aurora, je ne sais, mais elle doit
être à Madrid depuis peu, et on ne tardera
pas à la découvrir après quelques recher-
-ches.
–Je veux aller chez mon neveu, s'écria
le marquise qu'on attelle! Holà!
II se promenait à grands pas dans la
pièce, la tête haute, le corps droit; ses
mouvements étaient rapides et saccadés.
Il eut été difûcile de reconnaître en cet
homme le vieillard que nous avons vu,
affaibli, courbé vers la terre, se traînant à
peine, et ayant perdu jusqu'au souvenir.
Un domestique entra. Il faIHit tomber à
la renverse au spectacle de son maître
ainsi trans6gur<4.
Qu'on attelle à l'instaat! répéta le mar-
quis d'une voix tremblante.
Le valet sorUt en chancelant.
Si les voyages de M. de la Guéronnière
sont du domaine des faits faciles à expli-
quer, il est aussi des événements ..dont la
cause échappe à l'intelligence qui se tend
.vainement pour -trouver use- explica.
lion.
De loin en loin, dans l'histoire des gran-
des nations, surgit un événement, précur-
seur de convulsions, qui se soustrait d'a-
bord à l'observation, mai~ auquel le temps
donne plus tard toute l'importance d'une
révélation qu'on désespère alors d'avoir
négligée ou de n'avoir pas approfondie.
Il se produit à cette heure ce qu'on est
convenu d'appeler M~Me des ~?.
C'est l'entassement au Mont-de-Piété,
depuis un mois, d'une innombrable quan-
tité de pianos ) I
Les journaux se sont contentés d'annon-
cer légèrement le fait sans lui chercher une
explication.
Quel peut être le motif qui, tout à coup,
lait afiluervers un même point tous ces dé-
sagréables instruments? L'argent qui
s'entasse dans les caves de la Banque s'ex-
plique par une anxiété générale du com-
merce, mais l'amoncellement des pianos
dans les magasins du Mont-de-Piété doit
avoir une autre signification.
Quelle est-elle? p
Cherchons.
Les aveux de M.Rouher ont-ils fait dire: `
C'est fini de chanter; devenons sérieux ?
A l'approche des élections, désire-t-on
se débarrasser de son piano a6a d'avoir
plus de place pour les réunions électorales
à domicile ? 9
L'argent reçu pour taat de pianos est-il
destiné à offrir une médjdUe à M. Witter-
sheim pour sa façon de servir le ,/OM~M~
0//fc~avec une teUe inexactitude qu'on
prétend qu'il se relève la nuit pour être
plus tôt inexapt? 2
Est-ce pour acheter le livre da M. Olli-
vier ? `?
Est-ce pour fournir la cotiaa~n natio-
nale à l'aide de laquelle le ~o%~M~
est parvenu à arracher au -Pe~Jo~MM~ la
plume de Timothée Trimm ? '1
On se perd à chercher vainement la cause
secrète de tant de pianos engagés) M. de
Girardin lui-même se tait, ce qui plus tard,
quand les événements auront apporté l'ex-
plication, ne l'empêchera pas de nous
crier « Je vous l'ai assez dit, à l'époque
où les pianos couraient d'eux-mêmes au
Mont-de-Piétè ) Oui, je vous avais bienpré-
venu, mais vous n'avez pas voulu me
croicejli s °
Et tout le monde se dira C'est pourtant
vrai que M. de Girardin nous t'annonçait
Comme cet homme-là voit juste ) il devine
tout! 1
-.
Laissons l'événement des pianos s'expli-
quer tout seul. Les-gens superstitieux au-
raient fort à faire s'il leur fallait creuser
toutes les questions et ils trembleraient
pour l'avenir s'ils voyaient un présage
dans L'épouvantable catastrophe de la place
de la Sorbonne, arrivée le jourmême où se
célébrait l'anniversaire d'une haute nais-
.sance.
Feule général Lespinasse restera celé- f
bre par son court passage au ministère où,
entre deux portes, celle d'entrée et de spr-
tie,. il signa ce qu'on appelle la loi de
re~~KdM~ ?< i
Tout y avait été prévu, disait-on, pour
assurer la tranquillité des bons citoyens.
Parmi tant d'articles de cette loi, on
aurait bien pu en glisser un petit concer- (
nantle~e~e<~jM~M.M. <
'xm~
-j-
a~VË~TIONS.
Le marqua de Casasnuevas était couché
depuis une demi-I~eure à peine, quand on
vint lui ennoncer'iavisite de son oncle.
Il'se mit sur son séant et se frotta les
yeux, croyant rêver.
–C'est la vérité, dit la. domestique.
Monsieur le marqui~de Castroréal est Ià~
qui vous demande. Il paraît même dans un
état de surexcitation extraordinaire, ja'
mais je ne l'ai vu ainsi.
Que me contes-tu là Fabricio? répé-
tait don Ramon vite ajouta-t-il qu'il
entre.
;Leyieillard n~rut, `
Qu'est ce donc, mon oncle ? dit Ra-
mon,qa:el courant, électrique, mervei~
leux, inespéré, a passé sur vous'?
Je ne sais, dit le marquis j'ai ressenti
quelque chose d'étrange, comme la vie qui
revenait tout à coup dans mon corp& ma-
lade et l'intelligence dans mon cerveau af-
faibli. C;el.t m'est venu subitement, ce soir
même. J'étais au pouvoir de Satan; je suis
délivré je me suis arraché à cette infer-
nale domination. Maintenant .que la luci-
dité m'est revenue, que je vois clair dans
ma. situation, que je me suis délivré de
toute influence opprima'nte, je vous de-
mande ma fille, Ramon, ma pauvre Hermi-
nie, que j'avais oubliée, tant mon aveugle-
ment était extrême 1
–Mon oncle, rassurez-vous, voire fille
Hermiaie va vous être rendue vous la; re-
verrezdaïM toutt'éclat de la beauté et- de
Puisqu'on s'occupait tant de la e sûreté
générale, x on aurait dû penser qu'elle
pouvait se trouver compromise par la lé-
gèreté avec laquelle on autorise le dépôt
de pareilles matières explosives dans .-un
centre populeux.
Pendant qu'une tonne de picrate peut
séjourner impunément dans Paris dire
qu'il y a des gens aux barrières dont'l'em-
ploi est de ne pas laisser entrer en ville,
sans la noter, la plus petite tonne de vin.
On nous ré'pondra sans doute que cette
matière a été préparée dans la ville même.
Soitf –Dire alors qu'il y a aussi des gens
dont la mission est de se promener le nez
en l'air pour guetter un malheureux pot
de réséda, sur l'appui d'une fenêtre, qui,
s'il venait à tomber, pourrait crever le
chapeau d'un monsieur qui passe.
Dire aussi qu'il y a des gens qui sont
payés pour déployer les ruses d'un Peau-
Rouge, la Bnesse d'un Normand et l'entê-
tement d'u~ Picard, pour arriver à pincer
un garde national récalcitrant ou à décou-
vrir un chien qu'on a soustrait à l'impôt.
On visiteFqfËce d'un charcutier pour sa-
voir si sa viande de porc n'a pas trop long-
temps hésité avant de s.e laisser mettre en
saucisse.
On fouille la cave d'un marchand de vins
pour connaître dans que'les proportions il
se livre au tripotage des vins qu'il ven-
dra. r
On appelle cela, je crois, surveiUer acti-
vement l'hygiène publique I!
Et on n'a pas encore pensé à faire des
descentes dans les caves des artificiers
pour s'assurer s'ils n'ont pas, même en
simple dépôt'çes terribles produits dont la
'manipulation'ne devrait êtrti autorisée
qu'en des endroits écartés. 1
1
Quand on trouve~'un peu trop raide la sé-
vérité des enquêtes faites pour surprendre,
en temps prohibé, un malheureux per-
dreau chez un fournisseur, on vous répond
qu'on veille à la eo~csi~o% du ~?*.
Est-ce trop d'exigence que demander
d'apporter à la conservation des hommes
un-peu de ce zèle si activement déployé
dans l'intérêt des bécasses.
Est-ce faire preuve d'une opposition trop
systématique, en priant ceux qui veillent
à ce qu'il ne pleuve pas des pots de réséda,
d'avoir aussi à. prévenir ces épouvantables
catastrophes, qui font pleuvoir les san.
glants lambeaux des victimes ? 9
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'uti-
liser le ~'ocËçiers exercer leur état. Us auraient là de
l'espace en cas'd'explosion, loin de tout
voisinage, et on trouverait aiusi un mince
prétexte à donner pour justitier les dé
penses faites.
Voilà Je petit article additionnel que je
voudrais voir figurer dans la loi de ~<
NOTA Au moment de mettre sous presse,
on me fait remarquer que je n'ai pas pris
dans leur vrai sens les mots « sûreté gé-
nérale.A.ht
EUGENE CHAVETTE.
'Ë€RO'S'
j0~ PARLEMENT
Quoique la séance se soit prolongée plus
qu'onne s'y attendait, elle n'a. présenté
qu'un intérêt très médiocre il s'agissait
de modifier un article de la loi du 18 août
1831, sur les pensions de l'armée de mer.
la saute; je Fai soignée le mieux que j'ai
pu et je suis parvenu & un résultat qu'au-
cun médecin n'eût rêvé; vôtre fille, quia a
été à deux doigts de la mort, est au jour-
d'hui parfaitement guérie.
Je veux la. voirait le marquis! I
On annonça, à Herminie la visite de son
père.
Ils la trouvèrent debout,.pâle, haletantt;
elle se jeta au cou du vieiltard
Mon père s'écria t-ëlle et elle se mit
& fonAre en larmes. Lui la serrait dans ses
9'bras et la couvrait de baisers;
Don Ramon~ bien ~que cuirassé contre les
émotions de toute sorte, sentait les lar-
mes lui venir aux yeux.
Le vieillard tendit la main à son neveu
–.Merci, lui dit-il. Dieu té récompense
de ce que tu as fait pour nous et de la con-
solation que iu donnes,à mavieiDIesse tu
m'as conservé ma. fille, mon enfant bien
aimée que j'ai cru perdue, le rejeton de ma
famille
11 en reste d'autres, mon oncle ne
l'oubliez pas)
Ma petite 611e Aurora 1
–Et Juan.
Juan Juan est vivant mon nls ).
Il se précipita vers Ramon et lui prit les
mains d'un geste convu!sif
Répète cela criait-il d'une voix étouf-
fée, répète ces mois j'avais donc encore
un nls. Où est-il? Allons 1 je veux le voir ) 1
Ramon était étourdi. 3-
Calmez-vous, mon oncle. Oai, votre
nls vit nous savons qu'il est à Madrid
de plus, Aurora est. avec lui. Vous les re-
Je vous ai déjà dit en quoi consistait. le
changement demandé.
M~Bethmont aparté seul tout le poids
dé-laa'~atié:-11~à°v~itsignéplusieura aman-
dë'Ta lutte :H-a'v&it signe plusieurs amen-
dements et les a successivement soutenus
avec plus de courage que de bonheur il
n'a pas rencontré un mot marquant et sa
discussion n'a pas dépassé le niveau d'une
honnête médiocrité.
Le ministre de la marine a répondu et
je ne m'arrêterais pas à son discours s'il
n'avait laissé échapper une de ces phrases
malheureuses que les orateurs du gouver-
nement devraient éviter avec soin.
A propos d'un amendement de M. Beth-
mont, M. Rigault de Genouilly a voulu
établir une dinerence essentielle entre la
décoration des marins. ~M~e de ~M?* sang,
et celle des officiers d'administration, qui
n'est teinte ~K6 ~M~ ~x~M~.
Un murmure signiticatijt' courant sur les
bancs a dû rappeler au ministre qu'il fai-
sait fausse route.
<
La. loi a. été votée sans autre.incident.
Le nouvel art. 2, relatif au Luxembourg.
a été apporté par M. Clary les deux îlots r
de terrain, réclamés par'la commission,
sont réservés, et une loi spéciale en déter-
minera l'emploi.
La discussion a lieu aujourd'hui.
v~
N. le baron Jérôme David a déposé l'in-
terpellation dont on parlait depuis quel-
ques jours: les termes nesontpastoulà à
fait ce qu'on avait dit.
Il paraît certain que l'mterpeUation sera
admise elle a été accueillie avec faveur
sur la plupart des bancs, et de plus on
ajoute que l'auteur s'est muni, avant le
dépôt, d'une haute approbation.
On afSt'mait hier que le baron David
avait eu le matin même une longue confé-
rence avec l'Empereur.
~e~~M'~ <& &! ~~e~h LÉON E9TOR.
CUR)ÛS)TÉSPAR)SfEXNES
~cCeMtCmrdeGétatd
Le Cent-Garde Gérard n'est guère plus
Cent- Garde que moi, ce qui n'est pas peu
dire. IL l'a été mais il y a sept ans qu'on le
renvoya, sous prétexte qu'il s'occupait
trop de soulager l'humanité, et trop peu de
garder l'Empereur. Franchement, c'était
justice; il y avait là une contradiction fla-
grante, car la profession militaire qui, en
somme, consiste surtout à* tuer les gens,
s'accorde mal avec celle de médecin, qui
semble plutôt destinée à leur conserver la
vie.
C'est à l'époque oj~ il faisait partie du
corps d'élite que sa réputation de magné-
tiseur commença à se répandre dans Pa-
ris. Le nom lui est resté.
Il ne faut donc point chercher. M. Gé-
rard dans une caserne. Il habite, rue de.
Penthièvre, un appartement au premier
étage, le plus bourgeois du monde, sans
l'ombre de mise en scène, ni d'appareil de
fantasmagorie, ni rien enûn qui puisse
impressionner d'aucune façon,
On sonne. C'est la bonne classique du
logis parisien qui vient ouvrir, avec la for-
mule traditionnelle.
–Monsieur n'y est pas. Mais il va ren-
trer. Si vous voulez, attendre.
'Soit! "r
Comme il est neuf heures du soir et que
verrez bientôt l'un ou l'autre mais, pa-
tience, je vous en supplie Songez .que
vous venez de traverser une crise redou-
table, et que les émettons violentes peu-
vent vous être très funestes. Donc Juan
~et Aurora sont ensemble je le sais de
source certaine. Je crois jnême qu'ils sont
maries.
–Mariés tût le marquis! 1
Oui,) cela résulte du procès en reven-
~dica.tion de titre l'homme d'aSaires qui
en est chargé agit au nom d'Aurora et du
baron Ernest de Krakon'. Or, ce baron Er-
nest de KrakoS' et Juan de Fonseca ne;
font qu'un.
Ces révélations successives avaient pro-
duit chez le marquis de Castroreal une
impression profonde. Il s'assit ou plutôt se
laissa tomber sur un siège.
–Demain, dit Ramon–je yeux dire ce
matio, car il est près de quatre heures,
.nousjious occuperons de faire les recher-
ches les plus actives et nous ne tarderons
guère à retrouver ceux que nous avons
perdus.
XXIII
Le marquis de Castroreal retrouva sa
femme comme il l'avait laissée, à la même
place; elle semblait altérée.
Eile leva la tête. Son visage était calme
le feu de ses yeux semblait éteint; ils
avaient une expression de douceur extrê-
me. Elle dit simplement
Je suis coupable, mais pas autant que
vous le croyez j'ai.été victime moi-même,
séduite, fascinée par une puissance magné-
tique. L'homme qui me dominait ainsi est j
le temps des consultations est passé, ce
n'est point dans le salon d'attente qu'on
m'introduit. Une jeune femme me reçoit
fort gracieusement; une petite nlle d'une
dizaine d'années est près d'e)le fort oc-
cupée d'écrire.. t
C'est ainsi toute la journée: quand
elle s'est mise au travail, on ne peut l'en
tirer, commeson père. `
Le père rentre. C'est un homme de haute
taille, d'une carrure à l'avenant; il paraît,
d'une force herculéenne. Il est-très cor-,
rectement vêtu de noir, et porte un ruban
à la boutonnière c'est un souvenir de
Crimée; à Soiférino, il reçut ,un coup de
sabre et eut son cheval tué sous lui.
L'énergie et la force, unies à une dou-
ceur extrême, sont marquées sur cette
physionomie. Le teint est coloré les che-
veux se tiennent droite taillés en pointe
~ur le front et s'arroadissant vers les tem-
pes. Une nne moustache brune ombrage
la lèvre; les yeux, brillants d'intelligence,
ont une expression de bonté toute particu-
lière.
J'étais allé le voir au sujet du dormeur
de Bicêtre, dont j'ai parlé ici il y a deux
jours. A Bicêtre, on m'avait dit que M. Gé-
rard viendrait, le lendemain, tenter une
'expérience 'de magnétisme. L'expérience
'avait eu lieu, et il m'en dit les résultats
< On m'a donné six jours, a-t-il ajouta,
pour traiter cet homme par le magnétisme.
Aujourd'hui, j'ai ~déja obtenu quelque
chose, et il s'est produit dans l'état du ma-
lade des phénomènes qu'on n'avait pas ob-
servés une seule fois depuis qu'il s'est en-
dormi. J'espère réussir. C'est dimanche
que se fera l'expérience décisive.
Je lui demandai son histoire, qu'il me
conta de la meilleure grâce et le plus na-
turellement du monde. j
M. Gérard, qui est aujourd'hm une célé-
brité parisienne, qm gagne, par an,
soixante-dix mille francs ~t pourrait en
gagner le triple s'il ne* donnait des soins
gratuits à une infinité de gens, M. Gérard
partit de sa ville natale, tout enfant, avec
cinq sous dans sa poche, pour conquérir.
sa place au soleil.
Il est né dans le département de la
Meurthe, à Pont-à-Mousson, en 1834. Son
père était gendarme. Ce gendarme-là n'é-
tait pas tendre, même pour sa famille
quand le petit eut sept ans accomplis, il
lui remit les fameux cinq sous et l'envoya
chez un sienfrère qui devait exercer la
profession de charpentier quelque part, en
Champagne; où? R ne savait pas au
juste.
.1.'
Cherche 1 dit cet aimable père.
L'enfant chercha, errant par monts et
par vaux, mangeant ce qu'on lui donnait,
couchant où il pouvait, vivant au hasard..
Comme il était'ingénieux, il Huit par trou-
ver au'bout de quinze jours l'oncle problé-
matique. Celui-ci l'employa à porter la
nourriture a.u~. ouvriers.
Le charpentier valait. le gendarme: le
petit grandissait, l'oncle lui avait donné de
forteschaussures destinées à duMr-ëter-
nellement quand elles furent trop cour-
tes, le gros orteil nnitpar passer au. tra-
vers et l'enfant de se plaindre.
Bah dit l'on clé, les autres ne tarde-
ront pas à en faire autant, et tu sëïas à
l'aise I
Quand il sut le métier de charpentier, le
jeune Gérard S'empressa de quitter son
aimable parent, cela se conçoit il de-
manda un livret d'ouvrier et entreprit
bravement 'so.n; tour de France. Il availi I
onze ans. Il fut tour à tour menuisier, mé- 1,
t mort. Je me sens délivrée la malédiction
qui pesait sur moi s'est évanouie; l'oppres-
seur n'est plus le démon est rentré dans
l'abîme d'où il n'aurait jamais dû sortir.
Maintenant, condamnez-moi, accablez-moi i
de votre ressentiment, de voire courroux
les représailles sont légitimes et je les,ac-
cepte mais celui qui est là-haut nous
voit et nous juge il mettra dans la balance
tout ce qui devra y être, et il me pardon-
nera beaucoup! Chasse-moi, tu es ~bre ¡
dis à tout le monde :« Cette femme n'a été
mon épouse que de nom elle m'a trompée
elle a proutede l'état de démence où je me
trouvais maintenant que j'ai recouvré la
raison, je réprouve le mariage, je répudia
la femme. x Le monde te donnera raison, e~
nul ne pourra rien dire, sinon que je sui~
une misérable!'
Elle baissa la tête et pleura silencieuse~-
m&nt. Le marquis était ému, il n& put ré~-
sister la passion se réveilla toute sa co'-
lère s'évanouit comme un rêve, H s'a-ppro~-
cha, et fui prit la main:
Pourquoi méconnaître ma tendresse ? Y
dit-il. Je le crois, tu as été victime d'un
mauvais génie.. Pardonne-moi, ja t'aime j!
Elle secoua la tête..
Non, dit-el~e, la dëuancene te quitte-
ra point; elle s'est emparée de tti.. Y
Non, je te jure.
Ne jure pas les choses devaient être
ainsi; je ne t'en veux point; tu ne peux
faire qu'il en soit autrement. Mais j'ai un
devoir à remplir; c'est.de le racpnter les
choses de ma vie passée que je t'avais ca-
chées jusqu'ici. Je t'ai irpmp~; je m'accuse,
maintenant je te dirai la vérité; tu croiras
ou tu ne croiras pas; tu m'absoudras ou tu
me condamneras ma conscience du-moins
sera en repos.
.canicien, scieur de long. A seize an~
venu au pays, il dotait son départe~a~
des premières machiaes à battre le~e~
L'année suivante, il entraità l'école de~~
Valérie et en sortait bientôt, après d~ M~
m6e;puis, de retour en France, 11 entra
en 18SS dans le corps des Gent-Gardej:.
C'est ici que sa vocation M deeide tOHtA
~t. :li~'6
Au milieu des accidents 'de cette'~e
vagabond" et de ces occupations nnrî-
tiples, toujours il avait pesseati, domi-
nant tout son être, un désir a~ient, im-
mense, de soulager les inËf-mités- h.u.m~-
nes c'était chez lui une sorte d'iasUnct
auquel il obéit d'abord fatalement; une
manière guérison, ce que Baudelaire
pelle allait par les campagnes cherchant des ea-
fants malades ou blessés, et il lessoignaK:
'Dieu me pardonne 1 m'a-t-il dit.ilm~Mt t
arrivé de leur donner des coups, aËn de ~s.
uérir à rès I n Il, -1 -IP °
guérir après) s e
II a.un frère puis jeune qa&Jmde qad-
aues années et qui est aujpuj-d'huile.plus
vigoureux garçon du mom~e~ A~~se.de
deux ans, ce frère ~o~M<' du Gmn~ j.
Le matin, il jouait sur le seuil de la 10~-
sou. Lesoir/quaad le frère aîné rentra.~e
petit était étende, raide et livide, sur-ain
matelas au rniHeu de larchambre. Il y avait
à la tête du lit une table cotverte d'ttRe
nappe blaQche/"ët*ùn grand GrucHH.œv~o
deux flambeaux de cire jaune qui brûlaiéàt
de chaque côté. II y avait aussi, dressé dans
un coin, un cercueil tout neuf.
Gérard se jeta sur le corps de son frère
en sanglotant; il criait ça n'est pas-vrat;
il ne peut être mort; je l'ai vu-qui jouait
ce matin! C'était un désespoir. Soudain
il saisit le corps, l'emporta dans la pièce
voisine et poussa le verrou. Puis, convul-
sivement, il colla ses lèvres sur les lèvres
du petit et se mit à souffler, à souffler. Bu
dehors, on cherchait à enfoncer la~ perte'
il n'entendait pas, et soufflait toujours, avec
une énergie croissante.. >
Au bout de vingt minuter, la p.Q~
céda.
Arrêtez dit Gérard, il vit.! j
En effet, l'enfant avait respiré. Tc jours après, .it jouait de Nouveau sur le
seuil mais~e médecin du village, qui.avait
con&taté la mort,, faisait une bien d~e&de
mine.
Il avait remarqué en lui-même une puis-
sance magnétique extraordinaire ses-Ldées
se tournèrent vers cette chosesi longtemps
méconnue, et que la médecine nouvelle
s'est vue forcée d'admettre. Déjà il avait ac-
quis un grand renom dans les diverses gar-
nisons où il séjourna avant de venir à Pa-
ris. A Thionville, IF reçut jusqu'à huit
cents personnes en un jour. Ne pouvant
suffire à la clientèle, il imagina un. pro-
cédé fort curieux. il fi~; l'escadron
auquel il appartenait, un escadron de ma-
gnétiseurs il plaçaiHes soldats d'un côté
les malades de l'autre, dans les dp.rto.ir~ de
la caserne; lui seienaitaumilieu La ca-
serne fut assiégée; on venait hon-se~Ie-
mentde tous les coins du département
mais encore des départements voisias, du
Luxembourg et m~me de la Hollande.
Les médecins de. l'endroit s'émurent; Us
lui intentaient procès sur procès pour ex~-
cice illégal de. la médeone; chaque fois
Gérard était condamné au maximum, c'e~t-
à- dirs à quinze francs ds'amende~ qu~l Teï'-
sait très régulièrement.pour recommencer
le lendemain. Les médecins, voyant que ce
jeu pourrait durer, longtemps, finirent par
mettre le colonel de leur parti, et l'on çh-
Ma.chère~Roaa, .dit le .vieiUaKd. d'un
ion.an'ectueu.s, scissure. que. je donne et que je n'exige rien. Je ne;pms pas
te refuser la.~saiisfactiotn-qHe ~u cherches~et
j'écouterai tout ce que tu me diras; et je~'te
croirai, et je t'aimerai tou]ours.Mais à
cetteheure, tu dois avoir besoin de'sôm-
meil~ Va, mon enfant, et laisse-moi veiller
seul les deux heures qui nous' restent avant
l'aube; moi, le sommeil m'a fui ;~L~t ru-
tile que je cherche le rattrapper.
Et crois-tu que je sois plus disposée à
dormir que toi? Non! pûtsque' tu peux
m'écouter, écoute-moi à l'instant même,
ces choses~ se.jemettenipp)nH
Elle commença.
Quel vent!' qu'elle aa'reuse' temple
Le vaisseau craquait horriblement comme
sitoùfeses.parties'allaientse détacheFyJl
faisait noir~ le tonnerre grondait'nous
fa,is¡¡,it nçir" le. gron ait,ü(jus
rp,ulions.,sur.l'airSme. L'égurpa~e.dvâ~t g;er-
ro.ulions sur.l'abîme. L'équipage avait per-
du tout espoir et l'on renonçait a. ~ma-
du tout .espo~ ,et 04M 4 ]ai
nœuvre Toutà coupon entendit la voix du
capitaine qui criait «aux canots t x Mon
nègre Saûl m'arracha de ma cabine et ïne
porta sur le pont. Le désordre~ était ef-
frayant, chacun voulait arriver le~p~mier.
Les lames balayaientle pont et les hommes
disparaissaient dans la mer.
Si je ne fus pas emportée moi-même,
c'est grâce à la prodigieuse force de Saül
qui, cramponné au grand mât.jne retenait
fortement par la cem~re.
FERNANDEZ Y GONZALE-Z.
j #"
,m 4>. ;°i
~,1;
(Ze.M~fd~~x.) -)~ i
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&ZKUMa&0 jLBcmK~ïMMt
-'(DtpMtemantaettMM:MeJ
'~NMBmHMW (XMtMtMf~)
M, 6t &. Mi MM, S2&. iMt Mb, 4$
'-ANNONCHW
W*. < e*~ « <, ~~m tA towun
HtttMm
Vendredi 19 mars i 8$9.
't.t.}.y
KUtta~O 'J.' S-' '6~NTïHiM
ce (D~pMtementt et
~MMa)t
4' -tM )M~ ~t~J~
ANNONCBS ~.("
~e~ c.
~-MMt~M.
Admtmistratiom, M, fne de tm SM~t-B~eUèM
EDMOND TÀRB~, Directeur-gérant
Ré~eMeM, M, f~ t
H~E~MO!RE
Nous annonçons à nos lecteurs une
nouvelle qui leur sera sans aucun doute
agréable et qui leur prouvera tout le
désir qu'a te 6s~oM de plaire à ses
abonnés.
Sous le titre de:
LA MESSE NOIRE
AVENTURES DE CAPE ETD'~PËE
M. Ponson du Terrail achève d'écrire,
spécialement pour nous, un roman
destiné à compter parmi les meilleurs
de ce romancier si populaire.
Dans LA MESSE NOIRE, M. J~~on du
Terrail nous reporte à une époque à
laquelle il doit une grande partie de
sa réputation il nous initie à tous les
mystères de la grande bohème pendant
la période qui s'écoule entte Fran-
çois t~et Henri IIL i
Nous avons lu 7ït6c[M~~K~orce7~,
ta première partie de ce roman d'aven-
tures, et nous pouvons afËrmer qu'elle
est appelée à~pbtenir un grand succès.
Nous en commencerons très prochai-
nement la puMcation, l'ouvrage de M.
Conzalès ne deyant plus avoir que quel
ques feuilletoBs~~f
C~TJSEF~im
H y a. quinze jours, envoyant M. de-la
Guéronnière tant passer et repasser la
frontière be!g~, j'avais donne a. entendre
que c'était sans doute lui qui devait intro-
duire en France la Zam~KC de Rochefort,
ce journal qui continue à être servi aux
-abonnés avec une exactitude que ne peut
imiter ~iMM~M'J'o/~e:
Aujourd'hui, on m'a fait des révéla.iions
sur le motif pour lequel M. de la Guéron-
nière, depuis six semaines, passe sa vie en
un wagon lancé à toute vitesse.
On m'afnrme positivement que cet hom-
me d'Etat mêle les vins à la diplomatie et.
qu'il voyage pour une importante raison
d,e Bordeaux.
En termes du métier, il fait; ce qu'on
appelle le ~OM~~Z'7~.
Chacun sait combien le vin de Bordeaux
se bonnifie par les voyages.
Le mouvement, les espaces parcourus,
le changement de climats donneKT* ce
vin une saveur qui en double le prix.
Les propriétaires d~un grand vignoble du
midi, quittant l'habitude ancienne d'expé-
dier par mer, dans l'Inde, et d'en faire re-
venir leurs produits, pour les. améliorer,
,$nt cru pouvoir remplacer ce voyage long
et périlleux en faisant parcourir en wagon
à leur marchandise un nombre égal en ki-
lomètres.
C'est, dit-on, M. de la Guéronnière qui
s'est chargé de la surveillance et'de la con-
duite de ces convois. L'activité, déployée
par lui depuissix semaines sur le chemin
de. fer du nord, a été telle qu'on pense, par
le nombre de kilomètres parcourus, qu'il
a dû faire déjà deux livraisons de convois
dits ~OM?* de ~'7~.
Cette explication est la seule qu'on puisse
donner à ce, zèle de notre homme d'Etat..
Quelques opiniâtres persistent à l'attribuer
au différend franco-belge;.mais le simple
bon sens prouve assez que ce diplomate
ce peut avoir tant couru après une ques-
tion qui marche si peu.
FeniHetM du CMM)t8 da M Mars iSM. N"4$
T A î~ À M'~0
LM A~rA
DEUXIÈME PARTIE
"Xit~ .r. ~
ï.A eRto~w.
"P-~
-U')~t.
UNE TRANSFISURATIONt
(,s~).
Quant à Aurora, je ne sais, mais elle doit
être à Madrid depuis peu, et on ne tardera
pas à la découvrir après quelques recher-
-ches.
–Je veux aller chez mon neveu, s'écria
le marquise qu'on attelle! Holà!
II se promenait à grands pas dans la
pièce, la tête haute, le corps droit; ses
mouvements étaient rapides et saccadés.
Il eut été difûcile de reconnaître en cet
homme le vieillard que nous avons vu,
affaibli, courbé vers la terre, se traînant à
peine, et ayant perdu jusqu'au souvenir.
Un domestique entra. Il faIHit tomber à
la renverse au spectacle de son maître
ainsi trans6gur<4.
Qu'on attelle à l'instaat! répéta le mar-
quis d'une voix tremblante.
Le valet sorUt en chancelant.
Si les voyages de M. de la Guéronnière
sont du domaine des faits faciles à expli-
quer, il est aussi des événements ..dont la
cause échappe à l'intelligence qui se tend
.vainement pour -trouver use- explica.
lion.
De loin en loin, dans l'histoire des gran-
des nations, surgit un événement, précur-
seur de convulsions, qui se soustrait d'a-
bord à l'observation, mai~ auquel le temps
donne plus tard toute l'importance d'une
révélation qu'on désespère alors d'avoir
négligée ou de n'avoir pas approfondie.
Il se produit à cette heure ce qu'on est
convenu d'appeler M~Me des ~?.
C'est l'entassement au Mont-de-Piété,
depuis un mois, d'une innombrable quan-
tité de pianos ) I
Les journaux se sont contentés d'annon-
cer légèrement le fait sans lui chercher une
explication.
Quel peut être le motif qui, tout à coup,
lait afiluervers un même point tous ces dé-
sagréables instruments? L'argent qui
s'entasse dans les caves de la Banque s'ex-
plique par une anxiété générale du com-
merce, mais l'amoncellement des pianos
dans les magasins du Mont-de-Piété doit
avoir une autre signification.
Quelle est-elle? p
Cherchons.
Les aveux de M.Rouher ont-ils fait dire: `
C'est fini de chanter; devenons sérieux ?
A l'approche des élections, désire-t-on
se débarrasser de son piano a6a d'avoir
plus de place pour les réunions électorales
à domicile ? 9
L'argent reçu pour taat de pianos est-il
destiné à offrir une médjdUe à M. Witter-
sheim pour sa façon de servir le ,/OM~M~
0//fc~avec une teUe inexactitude qu'on
prétend qu'il se relève la nuit pour être
plus tôt inexapt? 2
Est-ce pour acheter le livre da M. Olli-
vier ? `?
Est-ce pour fournir la cotiaa~n natio-
nale à l'aide de laquelle le ~o%~M~
est parvenu à arracher au -Pe~Jo~MM~ la
plume de Timothée Trimm ? '1
On se perd à chercher vainement la cause
secrète de tant de pianos engagés) M. de
Girardin lui-même se tait, ce qui plus tard,
quand les événements auront apporté l'ex-
plication, ne l'empêchera pas de nous
crier « Je vous l'ai assez dit, à l'époque
où les pianos couraient d'eux-mêmes au
Mont-de-Piétè ) Oui, je vous avais bienpré-
venu, mais vous n'avez pas voulu me
croicejli s °
Et tout le monde se dira C'est pourtant
vrai que M. de Girardin nous t'annonçait
Comme cet homme-là voit juste ) il devine
tout! 1
-.
Laissons l'événement des pianos s'expli-
quer tout seul. Les-gens superstitieux au-
raient fort à faire s'il leur fallait creuser
toutes les questions et ils trembleraient
pour l'avenir s'ils voyaient un présage
dans L'épouvantable catastrophe de la place
de la Sorbonne, arrivée le jourmême où se
célébrait l'anniversaire d'une haute nais-
.sance.
Feule général Lespinasse restera celé- f
bre par son court passage au ministère où,
entre deux portes, celle d'entrée et de spr-
tie,. il signa ce qu'on appelle la loi de
re~~KdM~ ?< i
Tout y avait été prévu, disait-on, pour
assurer la tranquillité des bons citoyens.
Parmi tant d'articles de cette loi, on
aurait bien pu en glisser un petit concer- (
nantle~e~e<~jM~M.M. <
'xm~
-j-
a~VË~TIONS.
Le marqua de Casasnuevas était couché
depuis une demi-I~eure à peine, quand on
vint lui ennoncer'iavisite de son oncle.
Il'se mit sur son séant et se frotta les
yeux, croyant rêver.
–C'est la vérité, dit la. domestique.
Monsieur le marqui~de Castroréal est Ià~
qui vous demande. Il paraît même dans un
état de surexcitation extraordinaire, ja'
mais je ne l'ai vu ainsi.
Que me contes-tu là Fabricio? répé-
tait don Ramon vite ajouta-t-il qu'il
entre.
;Leyieillard n~rut, `
Qu'est ce donc, mon oncle ? dit Ra-
mon,qa:el courant, électrique, mervei~
leux, inespéré, a passé sur vous'?
Je ne sais, dit le marquis j'ai ressenti
quelque chose d'étrange, comme la vie qui
revenait tout à coup dans mon corp& ma-
lade et l'intelligence dans mon cerveau af-
faibli. C;el.t m'est venu subitement, ce soir
même. J'étais au pouvoir de Satan; je suis
délivré je me suis arraché à cette infer-
nale domination. Maintenant .que la luci-
dité m'est revenue, que je vois clair dans
ma. situation, que je me suis délivré de
toute influence opprima'nte, je vous de-
mande ma fille, Ramon, ma pauvre Hermi-
nie, que j'avais oubliée, tant mon aveugle-
ment était extrême 1
–Mon oncle, rassurez-vous, voire fille
Hermiaie va vous être rendue vous la; re-
verrezdaïM toutt'éclat de la beauté et- de
Puisqu'on s'occupait tant de la e sûreté
générale, x on aurait dû penser qu'elle
pouvait se trouver compromise par la lé-
gèreté avec laquelle on autorise le dépôt
de pareilles matières explosives dans .-un
centre populeux.
Pendant qu'une tonne de picrate peut
séjourner impunément dans Paris dire
qu'il y a des gens aux barrières dont'l'em-
ploi est de ne pas laisser entrer en ville,
sans la noter, la plus petite tonne de vin.
On nous ré'pondra sans doute que cette
matière a été préparée dans la ville même.
Soitf –Dire alors qu'il y a aussi des gens
dont la mission est de se promener le nez
en l'air pour guetter un malheureux pot
de réséda, sur l'appui d'une fenêtre, qui,
s'il venait à tomber, pourrait crever le
chapeau d'un monsieur qui passe.
Dire aussi qu'il y a des gens qui sont
payés pour déployer les ruses d'un Peau-
Rouge, la Bnesse d'un Normand et l'entê-
tement d'u~ Picard, pour arriver à pincer
un garde national récalcitrant ou à décou-
vrir un chien qu'on a soustrait à l'impôt.
On visiteFqfËce d'un charcutier pour sa-
voir si sa viande de porc n'a pas trop long-
temps hésité avant de s.e laisser mettre en
saucisse.
On fouille la cave d'un marchand de vins
pour connaître dans que'les proportions il
se livre au tripotage des vins qu'il ven-
dra. r
On appelle cela, je crois, surveiUer acti-
vement l'hygiène publique I!
Et on n'a pas encore pensé à faire des
descentes dans les caves des artificiers
pour s'assurer s'ils n'ont pas, même en
simple dépôt'çes terribles produits dont la
'manipulation'ne devrait êtrti autorisée
qu'en des endroits écartés. 1
1
Quand on trouve~'un peu trop raide la sé-
vérité des enquêtes faites pour surprendre,
en temps prohibé, un malheureux per-
dreau chez un fournisseur, on vous répond
qu'on veille à la eo~csi~o% du ~?*.
Est-ce trop d'exigence que demander
d'apporter à la conservation des hommes
un-peu de ce zèle si activement déployé
dans l'intérêt des bécasses.
Est-ce faire preuve d'une opposition trop
systématique, en priant ceux qui veillent
à ce qu'il ne pleuve pas des pots de réséda,
d'avoir aussi à. prévenir ces épouvantables
catastrophes, qui font pleuvoir les san.
glants lambeaux des victimes ? 9
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'uti-
liser le ~'oc
l'espace en cas'd'explosion, loin de tout
voisinage, et on trouverait aiusi un mince
prétexte à donner pour justitier les dé
penses faites.
Voilà Je petit article additionnel que je
voudrais voir figurer dans la loi de ~<
NOTA Au moment de mettre sous presse,
on me fait remarquer que je n'ai pas pris
dans leur vrai sens les mots « sûreté gé-
nérale.A.ht
EUGENE CHAVETTE.
'Ë€RO'S'
j0~ PARLEMENT
Quoique la séance se soit prolongée plus
qu'onne s'y attendait, elle n'a. présenté
qu'un intérêt très médiocre il s'agissait
de modifier un article de la loi du 18 août
1831, sur les pensions de l'armée de mer.
la saute; je Fai soignée le mieux que j'ai
pu et je suis parvenu & un résultat qu'au-
cun médecin n'eût rêvé; vôtre fille, quia a
été à deux doigts de la mort, est au jour-
d'hui parfaitement guérie.
Je veux la. voirait le marquis! I
On annonça, à Herminie la visite de son
père.
Ils la trouvèrent debout,.pâle, haletantt;
elle se jeta au cou du vieiltard
Mon père s'écria t-ëlle et elle se mit
& fonAre en larmes. Lui la serrait dans ses
9'bras et la couvrait de baisers;
Don Ramon~ bien ~que cuirassé contre les
émotions de toute sorte, sentait les lar-
mes lui venir aux yeux.
Le vieillard tendit la main à son neveu
–.Merci, lui dit-il. Dieu té récompense
de ce que tu as fait pour nous et de la con-
solation que iu donnes,à mavieiDIesse tu
m'as conservé ma. fille, mon enfant bien
aimée que j'ai cru perdue, le rejeton de ma
famille
11 en reste d'autres, mon oncle ne
l'oubliez pas)
Ma petite 611e Aurora 1
–Et Juan.
Juan Juan est vivant mon nls ).
Il se précipita vers Ramon et lui prit les
mains d'un geste convu!sif
Répète cela criait-il d'une voix étouf-
fée, répète ces mois j'avais donc encore
un nls. Où est-il? Allons 1 je veux le voir ) 1
Ramon était étourdi. 3-
Calmez-vous, mon oncle. Oai, votre
nls vit nous savons qu'il est à Madrid
de plus, Aurora est. avec lui. Vous les re-
Je vous ai déjà dit en quoi consistait. le
changement demandé.
M~Bethmont aparté seul tout le poids
dé-laa'~atié:-11~à°v~itsignéplusieura aman-
dë'Ta lutte :H-a'v&it signe plusieurs amen-
dements et les a successivement soutenus
avec plus de courage que de bonheur il
n'a pas rencontré un mot marquant et sa
discussion n'a pas dépassé le niveau d'une
honnête médiocrité.
Le ministre de la marine a répondu et
je ne m'arrêterais pas à son discours s'il
n'avait laissé échapper une de ces phrases
malheureuses que les orateurs du gouver-
nement devraient éviter avec soin.
A propos d'un amendement de M. Beth-
mont, M. Rigault de Genouilly a voulu
établir une dinerence essentielle entre la
décoration des marins. ~M~e de ~M?* sang,
et celle des officiers d'administration, qui
n'est teinte ~K6 ~M~ ~x~M~.
Un murmure signiticatijt' courant sur les
bancs a dû rappeler au ministre qu'il fai-
sait fausse route.
<
La. loi a. été votée sans autre.incident.
Le nouvel art. 2, relatif au Luxembourg.
a été apporté par M. Clary les deux îlots r
de terrain, réclamés par'la commission,
sont réservés, et une loi spéciale en déter-
minera l'emploi.
La discussion a lieu aujourd'hui.
v~
N. le baron Jérôme David a déposé l'in-
terpellation dont on parlait depuis quel-
ques jours: les termes nesontpastoulà à
fait ce qu'on avait dit.
Il paraît certain que l'mterpeUation sera
admise elle a été accueillie avec faveur
sur la plupart des bancs, et de plus on
ajoute que l'auteur s'est muni, avant le
dépôt, d'une haute approbation.
On afSt'mait hier que le baron David
avait eu le matin même une longue confé-
rence avec l'Empereur.
~e~~M'~ <& &! ~~e
CUR)ÛS)TÉSPAR)SfEXNES
~cCeMtCmrdeGétatd
Le Cent-Garde Gérard n'est guère plus
Cent- Garde que moi, ce qui n'est pas peu
dire. IL l'a été mais il y a sept ans qu'on le
renvoya, sous prétexte qu'il s'occupait
trop de soulager l'humanité, et trop peu de
garder l'Empereur. Franchement, c'était
justice; il y avait là une contradiction fla-
grante, car la profession militaire qui, en
somme, consiste surtout à* tuer les gens,
s'accorde mal avec celle de médecin, qui
semble plutôt destinée à leur conserver la
vie.
C'est à l'époque oj~ il faisait partie du
corps d'élite que sa réputation de magné-
tiseur commença à se répandre dans Pa-
ris. Le nom lui est resté.
Il ne faut donc point chercher. M. Gé-
rard dans une caserne. Il habite, rue de.
Penthièvre, un appartement au premier
étage, le plus bourgeois du monde, sans
l'ombre de mise en scène, ni d'appareil de
fantasmagorie, ni rien enûn qui puisse
impressionner d'aucune façon,
On sonne. C'est la bonne classique du
logis parisien qui vient ouvrir, avec la for-
mule traditionnelle.
–Monsieur n'y est pas. Mais il va ren-
trer. Si vous voulez, attendre.
'Soit! "r
Comme il est neuf heures du soir et que
verrez bientôt l'un ou l'autre mais, pa-
tience, je vous en supplie Songez .que
vous venez de traverser une crise redou-
table, et que les émettons violentes peu-
vent vous être très funestes. Donc Juan
~et Aurora sont ensemble je le sais de
source certaine. Je crois jnême qu'ils sont
maries.
–Mariés tût le marquis! 1
Oui,) cela résulte du procès en reven-
~dica.tion de titre l'homme d'aSaires qui
en est chargé agit au nom d'Aurora et du
baron Ernest de Krakon'. Or, ce baron Er-
nest de KrakoS' et Juan de Fonseca ne;
font qu'un.
Ces révélations successives avaient pro-
duit chez le marquis de Castroreal une
impression profonde. Il s'assit ou plutôt se
laissa tomber sur un siège.
–Demain, dit Ramon–je yeux dire ce
matio, car il est près de quatre heures,
.nousjious occuperons de faire les recher-
ches les plus actives et nous ne tarderons
guère à retrouver ceux que nous avons
perdus.
XXIII
Le marquis de Castroreal retrouva sa
femme comme il l'avait laissée, à la même
place; elle semblait altérée.
Eile leva la tête. Son visage était calme
le feu de ses yeux semblait éteint; ils
avaient une expression de douceur extrê-
me. Elle dit simplement
Je suis coupable, mais pas autant que
vous le croyez j'ai.été victime moi-même,
séduite, fascinée par une puissance magné-
tique. L'homme qui me dominait ainsi est j
le temps des consultations est passé, ce
n'est point dans le salon d'attente qu'on
m'introduit. Une jeune femme me reçoit
fort gracieusement; une petite nlle d'une
dizaine d'années est près d'e)le fort oc-
cupée d'écrire.. t
C'est ainsi toute la journée: quand
elle s'est mise au travail, on ne peut l'en
tirer, commeson père. `
Le père rentre. C'est un homme de haute
taille, d'une carrure à l'avenant; il paraît,
d'une force herculéenne. Il est-très cor-,
rectement vêtu de noir, et porte un ruban
à la boutonnière c'est un souvenir de
Crimée; à Soiférino, il reçut ,un coup de
sabre et eut son cheval tué sous lui.
L'énergie et la force, unies à une dou-
ceur extrême, sont marquées sur cette
physionomie. Le teint est coloré les che-
veux se tiennent droite taillés en pointe
~ur le front et s'arroadissant vers les tem-
pes. Une nne moustache brune ombrage
la lèvre; les yeux, brillants d'intelligence,
ont une expression de bonté toute particu-
lière.
J'étais allé le voir au sujet du dormeur
de Bicêtre, dont j'ai parlé ici il y a deux
jours. A Bicêtre, on m'avait dit que M. Gé-
rard viendrait, le lendemain, tenter une
'expérience 'de magnétisme. L'expérience
'avait eu lieu, et il m'en dit les résultats
< On m'a donné six jours, a-t-il ajouta,
pour traiter cet homme par le magnétisme.
Aujourd'hui, j'ai ~déja obtenu quelque
chose, et il s'est produit dans l'état du ma-
lade des phénomènes qu'on n'avait pas ob-
servés une seule fois depuis qu'il s'est en-
dormi. J'espère réussir. C'est dimanche
que se fera l'expérience décisive.
Je lui demandai son histoire, qu'il me
conta de la meilleure grâce et le plus na-
turellement du monde. j
M. Gérard, qui est aujourd'hm une célé-
brité parisienne, qm gagne, par an,
soixante-dix mille francs ~t pourrait en
gagner le triple s'il ne* donnait des soins
gratuits à une infinité de gens, M. Gérard
partit de sa ville natale, tout enfant, avec
cinq sous dans sa poche, pour conquérir.
sa place au soleil.
Il est né dans le département de la
Meurthe, à Pont-à-Mousson, en 1834. Son
père était gendarme. Ce gendarme-là n'é-
tait pas tendre, même pour sa famille
quand le petit eut sept ans accomplis, il
lui remit les fameux cinq sous et l'envoya
chez un sienfrère qui devait exercer la
profession de charpentier quelque part, en
Champagne; où? R ne savait pas au
juste.
.1.'
Cherche 1 dit cet aimable père.
L'enfant chercha, errant par monts et
par vaux, mangeant ce qu'on lui donnait,
couchant où il pouvait, vivant au hasard..
Comme il était'ingénieux, il Huit par trou-
ver au'bout de quinze jours l'oncle problé-
matique. Celui-ci l'employa à porter la
nourriture a.u~. ouvriers.
Le charpentier valait. le gendarme: le
petit grandissait, l'oncle lui avait donné de
forteschaussures destinées à duMr-ëter-
nellement quand elles furent trop cour-
tes, le gros orteil nnitpar passer au. tra-
vers et l'enfant de se plaindre.
Bah dit l'on clé, les autres ne tarde-
ront pas à en faire autant, et tu sëïas à
l'aise I
Quand il sut le métier de charpentier, le
jeune Gérard S'empressa de quitter son
aimable parent, cela se conçoit il de-
manda un livret d'ouvrier et entreprit
bravement 'so.n; tour de France. Il availi I
onze ans. Il fut tour à tour menuisier, mé- 1,
t mort. Je me sens délivrée la malédiction
qui pesait sur moi s'est évanouie; l'oppres-
seur n'est plus le démon est rentré dans
l'abîme d'où il n'aurait jamais dû sortir.
Maintenant, condamnez-moi, accablez-moi i
de votre ressentiment, de voire courroux
les représailles sont légitimes et je les,ac-
cepte mais celui qui est là-haut nous
voit et nous juge il mettra dans la balance
tout ce qui devra y être, et il me pardon-
nera beaucoup! Chasse-moi, tu es ~bre ¡
dis à tout le monde :« Cette femme n'a été
mon épouse que de nom elle m'a trompée
elle a proutede l'état de démence où je me
trouvais maintenant que j'ai recouvré la
raison, je réprouve le mariage, je répudia
la femme. x Le monde te donnera raison, e~
nul ne pourra rien dire, sinon que je sui~
une misérable!'
Elle baissa la tête et pleura silencieuse~-
m&nt. Le marquis était ému, il n& put ré~-
sister la passion se réveilla toute sa co'-
lère s'évanouit comme un rêve, H s'a-ppro~-
cha, et fui prit la main:
Pourquoi méconnaître ma tendresse ? Y
dit-il. Je le crois, tu as été victime d'un
mauvais génie.. Pardonne-moi, ja t'aime j!
Elle secoua la tête..
Non, dit-el~e, la dëuancene te quitte-
ra point; elle s'est emparée de tti.. Y
Non, je te jure.
Ne jure pas les choses devaient être
ainsi; je ne t'en veux point; tu ne peux
faire qu'il en soit autrement. Mais j'ai un
devoir à remplir; c'est.de le racpnter les
choses de ma vie passée que je t'avais ca-
chées jusqu'ici. Je t'ai irpmp~; je m'accuse,
maintenant je te dirai la vérité; tu croiras
ou tu ne croiras pas; tu m'absoudras ou tu
me condamneras ma conscience du-moins
sera en repos.
.canicien, scieur de long. A seize an~
venu au pays, il dotait son départe~a~
des premières machiaes à battre le~e~
L'année suivante, il entraità l'école de~~
Valérie et en sortait bientôt, après d~ M~
en 18SS dans le corps des Gent-Gardej:.
C'est ici que sa vocation M deeide tOHtA
~t. :li~'6
Au milieu des accidents 'de cette'~e
vagabond" et de ces occupations nnrî-
tiples, toujours il avait pesseati, domi-
nant tout son être, un désir a~ient, im-
mense, de soulager les inËf-mités- h.u.m~-
nes c'était chez lui une sorte d'iasUnct
auquel il obéit d'abord fatalement; une
manière guérison, ce que Baudelaire
pelle
fants malades ou blessés, et il lessoignaK:
'Dieu me pardonne 1 m'a-t-il dit.ilm~Mt t
arrivé de leur donner des coups, aËn de ~s.
uérir à rès I n Il, -1 -IP °
guérir après) s e
II a.un frère puis jeune qa&Jmde qad-
aues années et qui est aujpuj-d'huile.plus
vigoureux garçon du mom~e~ A~~se.de
deux ans, ce frère ~o~M<' du Gmn~ j.
Le matin, il jouait sur le seuil de la 10~-
sou. Lesoir/quaad le frère aîné rentra.~e
petit était étende, raide et livide, sur-ain
matelas au rniHeu de larchambre. Il y avait
à la tête du lit une table cotverte d'ttRe
nappe blaQche/"ët*ùn grand GrucHH.œv~o
deux flambeaux de cire jaune qui brûlaiéàt
de chaque côté. II y avait aussi, dressé dans
un coin, un cercueil tout neuf.
Gérard se jeta sur le corps de son frère
en sanglotant; il criait ça n'est pas-vrat;
il ne peut être mort; je l'ai vu-qui jouait
ce matin! C'était un désespoir. Soudain
il saisit le corps, l'emporta dans la pièce
voisine et poussa le verrou. Puis, convul-
sivement, il colla ses lèvres sur les lèvres
du petit et se mit à souffler, à souffler. Bu
dehors, on cherchait à enfoncer la~ perte'
il n'entendait pas, et soufflait toujours, avec
une énergie croissante.. >
Au bout de vingt minuter, la p.Q~
céda.
Arrêtez dit Gérard, il vit.! j
En effet, l'enfant avait respiré. Tc
seuil mais~e médecin du village, qui.avait
con&taté la mort,, faisait une bien d~e&de
mine.
Il avait remarqué en lui-même une puis-
sance magnétique extraordinaire ses-Ldées
se tournèrent vers cette chosesi longtemps
méconnue, et que la médecine nouvelle
s'est vue forcée d'admettre. Déjà il avait ac-
quis un grand renom dans les diverses gar-
nisons où il séjourna avant de venir à Pa-
ris. A Thionville, IF reçut jusqu'à huit
cents personnes en un jour. Ne pouvant
suffire à la clientèle, il imagina un. pro-
cédé fort curieux. il fi~; l'escadron
auquel il appartenait, un escadron de ma-
gnétiseurs il plaçaiHes soldats d'un côté
les malades de l'autre, dans les dp.rto.ir~ de
la caserne; lui seienaitaumilieu La ca-
serne fut assiégée; on venait hon-se~Ie-
mentde tous les coins du département
mais encore des départements voisias, du
Luxembourg et m~me de la Hollande.
Les médecins de. l'endroit s'émurent; Us
lui intentaient procès sur procès pour ex~-
cice illégal de. la médeone; chaque fois
Gérard était condamné au maximum, c'e~t-
à- dirs à quinze francs ds'amende~ qu~l Teï'-
sait très régulièrement.pour recommencer
le lendemain. Les médecins, voyant que ce
jeu pourrait durer, longtemps, finirent par
mettre le colonel de leur parti, et l'on çh-
Ma.chère~Roaa, .dit le .vieiUaKd. d'un
ion.an'ectueu.s, scissure. que. je
te refuser la.~saiisfactiotn-qHe ~u cherches~et
j'écouterai tout ce que tu me diras; et je~'te
croirai, et je t'aimerai tou]ours.Mais à
cetteheure, tu dois avoir besoin de'sôm-
meil~ Va, mon enfant, et laisse-moi veiller
seul les deux heures qui nous' restent avant
l'aube; moi, le sommeil m'a fui ;~L~t ru-
tile que je cherche le rattrapper.
Et crois-tu que je sois plus disposée à
dormir que toi? Non! pûtsque' tu peux
m'écouter, écoute-moi à l'instant même,
ces choses~ se.jemettenipp)nH
Elle commença.
Quel vent!' qu'elle aa'reuse' temple
Le vaisseau craquait horriblement comme
sitoùfeses.parties'allaientse détacheFyJl
faisait noir~ le tonnerre grondait'nous
fa,is¡¡,it nçir" le. gron ait,ü(jus
rp,ulions.,sur.l'airSme. L'égurpa~e.dvâ~t g;er-
ro.ulions sur.l'abîme. L'équipage avait per-
du tout espoir et l'on renonçait a. ~ma-
du tout .espo~ ,et 04M 4 ]ai
nœuvre Toutà coupon entendit la voix du
capitaine qui criait «aux canots t x Mon
nègre Saûl m'arracha de ma cabine et ïne
porta sur le pont. Le désordre~ était ef-
frayant, chacun voulait arriver le~p~mier.
Les lames balayaientle pont et les hommes
disparaissaient dans la mer.
Si je ne fus pas emportée moi-même,
c'est grâce à la prodigieuse force de Saül
qui, cramponné au grand mât.jne retenait
fortement par la cem~re.
FERNANDEZ Y GONZALE-Z.
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