Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-03-18
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 18 mars 1869 18 mars 1869
Description : 1869/03/18 (Numéro 257). 1869/03/18 (Numéro 257).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k519392h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/01/2008
Dixième aimée. Num~o 2S'Î
Jeudi 18 mars ~69.
& ~'tx- -=~ .<
~ttm~io]Ma~9',JLM.co~M<))
~{Mputemantaet ~M<:MeJ :IO~
?- -~wonnwEaoNmw' (BetM«m«mt~
'ANNONCBa
't*L~)~'tt~ C"~ <*0<, ft.t
.J' ''tM'mma~~M
t~
z~NUitano JOeaHtTïttiM)
'{Mptu'tementt)ettM
.l éM~MNËBM*t
~& ~6
ANNONCBB
W~~t, <, t~MBt M MMM
~1~~M<
Mm
'MMON!) TAREE, "~cteur-~éra~ `
B'éàae'Mon, M/ fa<~e'"i!a "%Mmge~Ba
LE RESPECT DES MBMS
j M. le préfet de la. Seine est en ce moment
ie bouc émissaire des péchas du gouver-
ment. Cest lui, le pelé, le~g'aleux, d'où
Yious vient tout le mal et l'on-n'est pas très
bien venu près ds la population parisienne
à défendre aucun- de ses projets. 'Encore
faut-il bien'avouer cependant~qu'il en est
plus d'un, où il a raison contré: ses adver-
saires, et je suis fâché qu'au .lieu de se
borner aux griefs vraiment sérieux, on
tracasse à .tort.et à travers son adminis-
tration par de mauvaises chicanes. On Fa
'vivement attaqué sur son double projet
d'écorner le cimetière Montmartre et d'en
établir à Méry-sur-Oise, un nouveau qui
remplacerait tous les autres; et il ne me
semble pas qu'il ait été. défendu de. façon
bien intelligente. Ses avocats se sont enfer-
més dans la question de légalité me sera-
t-il permis de prendre la .chose d'un point
de vue plus élevé, en philosophe, ainsi que
je le fais toujours, dans ce journal qui est
plus littéraire que politique.
Il est assurément très bonde respecter
les morts. Mais ce respect se compose de
deux éléments très distincts, e.t qu'il, faut
soigneusement séparer, le sentiment qui
l'inspire, et les marques sensibles par où
il se manifeste.
Ce sentiment est de sa nature invisible
et impalpable. Il consiste tout~ntier dans
le souvenir reconnaissant qu'on garde de
l'être aimé. C'est un père à qui l'on doit la
vie, et l'éducation, et tout ce qu'on est dans
le monde; vivant, on l'a aimé pour tous les
bi~n&its dont on a été comblé par lui;
une fois mort., on conserve sa mémoire au
fond de son cœur; il est le lien~par lequel
on se rattache aux générations précéden-
tes c'est en lui. que l'on se sent solidaire
de cette humanité, dont on est membre.
~)n jouit, sur cette terre, du travail accu-
mujé depuis des miDions de siècles, par
.d'inhô~nbrables âges d'hommes; celui par
qui l'on a été mis en communication de
tous cesbi6as;q~, par son travail et ses
verius,y a dû. ajouter une papceHe,si faible
qu'elle soit, de richesse et de bien être, ce-
lui-!à c'est le père, et il mérite que nous
lui aHumions, dans notre âme, un souve-
'nir qui brûLe incessamment, comme une
~.ampe d'auteL ¡
.Et de même pour un nia c'est en lui
que nous ayons compté revivre; c'est par
lui q~e nous avons cru nous rattacher aux
générations qui devaient nous suivre. Nous
lui avons~onné une part de notre sang et
de notre vie; nous avons placé en lui nos
meilleurs et plus chères espérances; et si
la mort nous le ravit, il est naturel et
juste que nous embaumions pieusement
sa mémoire &ns un coin inviolable de uo
.tre âme. Le'temps, ce grand consolateur,
'~era sans aucun doute son office. Il émou:-
sera peu à peu les premières pointes de la
douleur mais le souvenir n'en restera pas
moins ttdèle au fond du cœur, comme une
'~ombe en un caveau funèbre, qui ne s'ou-
'vre qu'a de certains jours, marqués par la
religion.
Le respect des morts est donc un senti-
me.ut qui a, dans l'âme de l'homme, son
inviolable asile; mais c'est une infirmité de
.'notre ,nature que tout sentiment, quel qu'il
j'soit, i~e-puisse subsister, que s'il trouve,
~hors de lui-même un signe matériel, une
t marque visible où se prendre. De même
des mots, qui sont les signes sensibles par
eu s'exprime l'idée, de même aussi nos
WeaiUeton du CAMOÏS du 18 Mars i86$. N" 47
xw -fi~~
LES AFFAMES
a
`
DEUXIÈME PAMIE ` `,
t
LACBL~OM w
L'INTERROGATOIRE CONTINUE
(~Mt~)~'
Mais, monsieur le marquis, R'écria
Ënalemënt don Fulgencia en se frappaut
le front ~es (ieux mains/nous sommes à
miHe lieues de notre anaire!
En effet., monsieur le juge'; mais tout
se tient dansia vie.
Je voudrais, dit le jug'e, vous dem&n-
der quelques renseignements qui nous in-
téressent d'une façon plus directe. Con-
naissez vous un nommé BolicheouQua-
tre-Vents ?
Sans doute..
Et ne savez-vous pas quel est le vrai
nom de ce personnage? q
–Non.
Savez-vous s'il existait, entre Quatre-
'Vents et Don Gabriel quelque chose qui
puisse faire'accuser le premier d'être l'au-
teur de l'atssassinat? 2
sentiments n'ont de réalité, ne prennent
de °~M~ parler ainsi, que s'ils
se nxënTen un objet qui'les présente à
nos yeux et à nos mains, sous une forme
concrète et vivante.
Quel doit être cet objet? A cet égard,
point de règle certaine. C'est la convention
qm est seule maîtresse. Les anciens avaient
imaginé de mettre une poignée de cendres
dans une urne fermée. Quelques tribus
sauvages composent des chapelets d'os
qu'ils portent avec eux dans leurs expédi-
tions. Pour nous, nous désignons dans un
endroit spécialement consacré, une petite
place que nous marquons ensuite d'une
croix ou d'une pierre. C'est ta, pour les
nations chrétiennes, le signe visible où se
matérialise cet immatériel, sentiment du
respect des morts. Ce signe a été choisi
pour elles, parce qu'il rappelait à l'esprit
.le dogme catholique de la résurrection des
corps il n'en est pas moins convenable
tout signe étant bon, gui .traduit nettement
et par une convention acceptée de tous, la
chose signinée.
Quand un fils s'en va, prier et pleurer
sur la tombe de sa mère, il y a, deux choses
dans cet acte de. piété le. sentiment qui
l'inspire, qui est immatériel et partant in-
violable qu'il pourrait traduire et qu~il
traduirait même forcément d'autre façon,
si les circonstances l'exigeaient; si cette
mère; par exemple, eût péri dans un nau-
frage sur l'Océan. Puis l'application parti-
culière qu'il en fait à ce tombeau, où sont
censées reposer les dépouilles de la dé-
funte; mais qui ne contient plus qu'un peu
d& pâte liquide et pourrie.
Je n'ignore pas que notre esprit est ainsi
fait, qu'après un certain temps d'habitude
il nous devient à peu près. impossible de
déparer la chose signinée du signe où elle
s'objective. Ainsi, pour n'en prendre qu'un
exemple qui frappera~tous mes lecteurs, le.
ruban rouge est un signe d'honneur, et
bien qu'il soit fort souvent attaché à la
boutonnière de gens qui ne l'ont point
mérité, il n'en éblouit pas moins les yeux
de la foule, parce qu'elle est accoutumée
de longue datea voir dans ce petit mor-
ceau d'étone ou les belles actions, ou les
grands services,.ouïes œuvres excellentes,
-dont il est le signe sensible. Un homme
de mérite, qui, ne porte point à son habit ce
signe ofnciel, court risque d'être moins
estimé des badauds qu'un imbécile qui en
est crue. C'est par la même raison que les j `
hommes discutent bien plus souvent et e
~avec bien plus d'âpreté sur les mots que `
sur les idées que ces mots expriment. Entre',
le signe et la chose signifiée, c'est .toujours~
le signe qui emporte la balance, parce que
en eSet les hommes se laissent plus facile-
ment séduire à leurs yeux 'et à leur ima-
gination, qu'ils ne suivent la raison pure.,
Maïs c'est aux 'esprits 'indépendants à
lutter contre cette fâcheuse tendance de la
nature humame. Que penser alors des
orateurs et des journalistes de l'opposition
qui viennent soutenir que changer l'em-
placement d'une tombe c'est violer le res-
pect des morts, et qui là-dessus se répan-
dent en récriminations et en plaintes. Je
suis assurément d'avis qu'il ne faut tou-
cher, qu'avec des ménagements infinis,
aux signes par où se manifeste un senti-
ment respectable; car en s'attaquant à
l'un on risque aussi d'ébranler l'autre. Mais
.enfin, ce signe, par lui-même, n'a rien de
sa~sré, rien qui écarte d'une façon défini
tive les mains profanes. Comme tout
signe, il est susceptible de translations,
modifications, d'anéantissement. Il chan-
ge, il disparaît même, et le sentiment qu'il
représente demeure immortel.
Pas le moins du monde.
Alors, dit le juge, ma mission est ter-
minée 1 1
Le juge et le greffier se levèrent et s'en ~9
allèrent comme ils étaient venus, d'un pas `
mal assuré, tremblants et hésitants. ¡
Don Liborio jetait auto ur de lui des re-
gards effarés, pleins de terreur. Les mons-
tres grimaçaient, à demi éclairés de lueurs
blafardes; les cornues et les boeau~ scin-
tillaient d~ns l'ombre, d'une manière fan-
tastique. .ji;
–Ma maison est à votre disposition,
leur dit le marquis d'un ton gracieux, et
j'aurai toujours grand plaisir à vous y ce-
ceveir f
Dans la voiture, ils se disaient l'un à
l'attire ,x <
–-Avez-vous vu, don Liborie?
Ah don Fulgencio je .tremblais
comme la feuille et j'osais à peine regarder
ce vilain nègre, qui avait l'air de rouler
des yeux blancs sur son bocal.
–Vaines terreurs don Liborio
Gomment ? Vous-même vous ne quit-
tiez pas des yeux ce grand diable de
squelette suspendu près de la table I
C'est vrai, je sentais parfois des sueurs
froides. Et que pensez-vous du marquis ?
Que c'est un malin de premier ordre.
–Cela me paraît aussi.
Ils restèrent silencieux quelques mi-
nutes..
Mais, dit tout à coup le greffier, où
allons-nous, maintenant?
–Au fait, répondit le juge, il faudrait
nous rendre chez la vietime pour mettre
les scellés.
Voilà un cimetière qui poupe en deux les
communications d'une ville de 150,000
âmes avec Paris, qui la condamne à l'isole-
lement, qui en déprécie les propriétés, qui
en trouble le commerce, qui en arrête le
développement. Sont'ce là des intérêts
assez graves, pour qu'on demande à un
petit nombre de personnes non pas certes
de renoncer à un sentiment qui est l'hon-
neur de la nature humaine, mais de modi
fier, sur un point, le signe par où ce senti-
ment se traduit au dehors, de transporter
d'un endroit dans un autre la tombe, où
elles ont matérialisé, pour leur commodité
partic~ière, le souvenir de .ceux qu'elles
ont perdus.
Il ne s'agit pas ici de se payer de grandes
phrases ni de belles métaphores. < Ne trou-
blons pointée sommeil des morts cela
est d'un bel enet dans le discours. Mait la
vérité est que les morts ne dorment point.
Ils sont morts, ce qui est bien différent. La
partie d'eux qui gît sous cette pierre n'est'
plus que ce je ne sais quoi de Bossuet, qui
n'a de nom dans aucune langue, et qu'on
peut transporter autre part, sans aucun in-
convénient pour leur prétendu sommeil.
Si vous croyez à l'immortalité de l'â-
me, que vous importe ce qu'on fait du
cadavre, chose éminemment vile.. Si vous
n'y çroyez pas, en quoi la mémoire que
,vous conservez du défunt, .d~ ses qualités
et de"ses vertus, en quoi;cetie petite som-
me de bien qu'il a produite et dont""vcus'
avez recueilli le souvenir en voire cœur,
est-elle intéressée à ce que son être se dé-
compose ici plutôt que là ? R
Non, ce n'est pas le mort que l'on trou-
ble dans son sommeil; c'est le survivant
au contraire que l'on dérange d'une ha-
bitude prise. Mais cette habitude est-elle si
respectable, qu'elle doive primer l'intérêt
d'une cité tout entière. Oui, sans doute;
entre un intérêt, fût-il celui d'un million
d'individus et un devoir de sentiment, ce
devoir fûi-it celui d'une seule personne, il
faudrait encore que le premier cédât au
second; car mieux vaut pour l'humanité,
des populations tout entières sounrantdans
leurs jouissances de chaque jour, .qu'un
seul droit violé qu'un seul caractère
abaissé, un 'seul devoir non rempli. Mais
est-ce qu'il s'agit ici 'le droit et de devoir ) 1
Point du tout. La question se réduit à ces
termes, qui sont les plus simples du
monde
Je me suis accoutumé à ne-pouvoir prier
pour ceux que j'aime qu'à un certain em-
placement déterminé comme j'ai pris l'u-
sage d'accrocher, en entrant, mon chapeau `
à la patère à gauche.Cela me gêne de chan-
ger d'habitude, et je préfère sacriBer à ce
goût de routine l'intérêt, général de mes
cent cinquante mille concitoyens. N'est-ce
pas là ou jamais pour la puissance publi-
'que le cas d'intervenir? Elle dit au récal-
citrant < Nous comprenons, monsieur,
toutes les faiblesses humaines; vous ne
pouvez garder le souvenir de vos morts,
que s'il est rendu sensible à vos yeux par
la pierre du tombeau où vous aurez ense-
veli leur bière. Rien de mieux; cette bière,
ce tombeau et le marbre qui le couvre,
nous allons les transporter à cent pas.
Mais vous outragez les morts I
–Mais pas le moins du monde. Nous
les changeons de place, et nous vous
prions, vous, de changera, sur ce seul
point, vos habitudes.
Le respect des morts me l'interdit.
–Mais le respect des morts n'a rien à voir
à cela; Le respect des morts n'existe point
par spi-même. C'est une façon de parler,
une formule qui revient à dire qu'il y a des
Mais nous ignorons son domicile.
Imbécile que je suis t s'écria Fulgen-
cio en se frappant le front.
Ah) voyons, reprit le grefner j'ai
sur moi les objets recueillis sur le corps.
Il plongea ses mains dans sa poche et en
retira successivement un porte-allumette
et un poignard.
Tout-à-coup, ses mouvements s'accélé-
rèrent, il tâta toutes ses poches avec une
impatience, fébrile
–Bonté du ciel, s'écria~Sl.j'a.i perdu le
portefeuille, la pièce de conviction princi-
pale. Malédiction sur moi! j'ai aussi
perdu le mouchoir dans lequel j'avais en-
veloppé la montre et les boutons de dia-
mant. On m'a volé 1
Don Liborio, je .dresse procès-verbal
contre vous, dit le juge gravement.
Et moi contre vous pour n'avoir pas'
vu le Qlou'qm m'a volé! répondit l'autre,
A ce moment, le juge mettant la main à
son gousset, s'écria « Ma montre Je suis
volé aussi
–Alors, dit don Liborio, je forme op-
position il n'y a rien d'étonnant à ce que
le greffier soit volé, lorsque le juge l'est
aussi.
Laissez-moi donc tranquille, don Li-
borio. Mais comment dire cela à ma
femme? EUe va croire que j'en ai fait ca-
deau à Amélia. >,
Tenez, don Fulgencio, le mieux est de
'consigner tout simplement dans le procès-
verbal que nous avons tEOuvé quelque ar-
gent sur la victime avec le poignard et
boîte que voici, pour qu'on ne s'étonne
pas, car si le reste se sait, nous allons
avoir des désagréments à n'en plus nnir.
~ens qui respectent~ et qui pnt raison de
respecter les morîs.~Eh bien nous' ne
v~us empêchons point de les respecter
respectez les, tout à votre ài&e, mais ail-
leurs. Le respectn'estpas une aSaire d'em-
placement. Il peut s'exercer à droite tout
aussi bi.en qu'à gauche du chemin. Lais-
sez-nous donc la gauche; car nous en
avons besoin pour dégager une ville de
150,000 habitants; pour lui rendre la dir-
culationetlavie.
–Mais les morts, monsiëur,'les'morts
Mais encore une fois il ne s'agit pas
de morts ici, c'est de vous qu'il est
'question, de vous seul-qui, non par piété,
entendez-vous bien, mais parun asservis-
sement étrange à ce qui n'est que le signe
d'un sentiment respectable; de vous qui,
prenantl'ombre pour laréalité, voulez qu'on
mette votre petit intérêt en balance avec
celui d'une grande cité vous êtes vivant,
et vivants aussi sont vos concitoyens. En-
tre eux et vous, il n'y a pas à hésiter. Vous
avez beau vous couvrir de grands mots et
deprétextes spécieux, je lés ëcarte~e vais
~a.u fond des choses,, et n'y trouvant qu'e
du parti pris et de l'aveuglement, je passe
oatre.
.FRANCISQUE'SAR'CËY.
~~A~ST~F~
'DELA
:{; ,s.:
w ~PLACESORBONNE
Hier, à six heures du soir, le bruit s'est
répandu dans Paris d'une catastrophe ter-
rible qui venait de ravager lajplace delà
Sorbonue. Une explosion avait détruit une
maison, tué et blessé beaucoup de monde,
brisé les vitres et troué les façades de tous
lesbâHments avoisinants. Nous nous som-
mes rendu aussitôt sur le lieu du sinistre.
A partir du inusée de Cluny, de nom-
breux groupes stationnent &ur le boule-
vard Saint-Michel. On écoute le conteur
éternel qui a ~M e~Me, on discute les
causes de.la catastrophe, on commente les
faits, on interroge les passants.
–C'est le gaz disent les uns.
–Non, c'est la poudre!
.Devant la boutique d'un chapelier, pro-
che de la place de la Sorbonne, la foule
devient plus compacte. On regarde curieu-
s~ent l'étalage en-désordre, les casquettes
et les chapeaux jetés pêle-mêle dans la vi-
trine. Ce sont les piemiers en'eis de l'ex-
plosion? Non. Informations prises, c'est
un boutiquier qui fait repeindre son ma-
gasin.
Aux abords de la place, il est a peuprès
impossible de circuler. Un double cordon
de sergents de ville arrête les curieux. L'as-
pect de la place est sinistre. Le feu est
éteint. Tout est sombre. Au fond seule-
ment, le long de la Sorbonne, les.torches
des pompiers qui fouillent, les .décombres
éclairent les.murs d'une lueurblafarde. Les
cafés sont fermés, les maisons abandon-
nées, les réverbères éteints. Au milieu de
la chaussée, des meubles, des débris, des
portes arrachées de leurs gonds et lancées
.dans l'espace, des persiennes brisées.
C'est quatre heures que l'explosion
a eu lieu,'et voici les détails que nous
avons pu recueIHir. Tous nous viennent
de bonne source.
M. Yéron-Fontaine, fabricant de pro-
duits chimiques,, demeurant sur la place
de la Scibonne, à l'angle de la rue du
–Don Liborio, il y a un meilleur moyen:
allez trouver le chef des voleurs et rache-
tez lui ces objets.
Et voudriez-vous me 'lire, don Ful-
gencio, répliqua le grenier piqué, quel est
le chef des voleurs?
Gomment? Vous êtes greffier et vous
ne le savez pas ? Allons, allons, don Libo-
rio si ces objets ne repa~issent pas avant
une heure, je verbalise contre vous et je
vous fais arrêter.
Mais je ne sais rien, don Fulgencio.
EnSn, nous irons voir un garçon ~ue nous
avons absous l'autre jour d'une poursuite
pour vol, faute de preuves.
–Où demeure-t-il? c
Rue du Sombrerete~ numéro 12.
Le juge tapa à la vitre, le fiacre s'arrêta
et don Fulgencio dit au cocher
–Sombrerete, 12.
XXI
UNE TRANSFIGURATION.
Le marquis de Castroreal regardait sa
femme d'un œil farouche.
Comme si ce regard étincelant avait été
doué d'uue puissance magnétique, Rosa,
tout à coup, releva brusquement la tête.
Ah s'écria-t-elle, qu'y a-t-il ? î
Le marquis répondit d'une voix grave
Il y a que le malheureux fou a recou-
vré la raison; que Dieu, le Dieu vengeur, a
eu pitié du vieillard et l'a guéri, sans lui
ôter le souvenir de ce qui lui était arrivé
durant'safolie.
Elle joignit les mains et sa bouche s'ou-
même nom, est l'inventeur d'une pa~dre~.
nouvelle pour lés torpilles marines, qui lui
a valu la croix de la Légion d'honneur.
Une tourie contenant du .jMey< ~o-
~MM (produit qui sert à la fabrication de la
poudre en question),avait été déposée ~le
matin dans la maison delà place de la
Sorbonne et devait être expédiée, le soir
même, par les Messageries, à Toulon.
L'un des commis, M. Baie, ayant pris un~ r
échantillon de ce produit, en a laissé tom-
ber une pincée et cette traînée de picrate,
qui communiquait avec la tourie .et sur la-
quelle on aura sans doute "marché, a, dé-
terminé l'explosion: explosion formidable.
horrible, qui a fait Irembler le sol, secpué
les maisons, renversé les' passants,, brisé~
plus de cinq mille carreaux sur la place 'de
la Sorbonne et 'dans toutes lès rues adja-
centes Des parties des'deux premiers, ota-
ges de la maison Fontaine s'effondrent~ pré-
cipitant dans la fournaise des hommes et'
des femmes.
L'escalier est en feu, la. place est'obs-
curcie par la fumée et une odeur infecte
fait reculer les plus bravés. Cependant, du
gymnase de la Sorbonne, on accourt
avec des échelles, et, en attendant les
pompiers~ on commence fort courageuse-
ment le sauvetage. Les femmes et les en-
fants sont descendus par les fenêtres lés
hommes se laissent' glisser le long des
échelles. Les pompiers du Chatelet, clai-
rons en tête, montent, au pas de course,
la pente rapide du boulevard Saint'-Michel.
En une demi-heure lè feu est éteint. Mais
des débris sanglants et informes gisent sûr
la place des fragments de corps humains
sont retrouvés à deux cents pas. Une blan-
chisseuse, qui causait sur le seuil de sa
porte, a été broyée; le concierge de la
maison Fontaine a été aplati contre un
mur. Un marchand devins et sa femme,
voisins du laboratoire, ont été mutilés en-
ire deux cloisons. Lenis de M. Fontaine J
M.Bachimond, caissier principal de la mai-!
son, etM. Baie, l'employé qui avait, pris
l'échantillon de picrate dans la tourie, sont
morts. Les blessés sont fprt nombreux. J
.Des deux cadavres lancés, à travers'la
place, l'un avait été frapper contre le~
mur; l'autre avait été arrêté par un banc'!
qui porte les traces sanglantes du choc du',
cadavre. Ce dernier avait Jatête empor-i
tée; il n'en restait guère qu'une fractions
'de la mâchoire inférieure qui offrait toutes!
les apparences d'une carbonisation. Des]
vêtements,.il ne restait 'que des bouts 'de~
manches de tricot aux bras. Une large blés-!
sure existait au côté gauche; les membres
paraissaient avoir été brisés à certains en-
droits.
Un lambeau de chair, qui doit provenir
du cadavre arrêté par le: banc, a été lajacé
a plus de quatre-vingts mètres du côté du
boulevard Saint-Michel. Tout aup.res.se i
trouvait un morceau de tricot paraissant }
porter des initiales. i 1
Deux jeunes enfants, dont le dernier n'a ¡
que onze mois, après avoir été descendus
par les fenêtres, se sont trouvés séparés
de leur mère qui, presque foHe'de déses- ¡
poir, redemandait à tout le monde sa plus ¡
jeune fille dont le sort la préoccupait sur-
tout.
Les pharmacies de la rue de Sorboone ¡
et de la rue Médicis ont été encombrées
pendant plus de deux heures. Nous ne sa-
vons a.u juste le nombre des morts,et il
faut naturellement faire la.part des exagé-
rations de la première heure; mais.Ja-moft ¡
des sept victioies dont nous avons parlé ¡
plus haut n'est malheureusement que trop
certaine.
vrit comme pour remercier le ciel de cet
heureux événement.
––Silence! dit le vieillard,; en étendan't
le bras: l'infâme, la misérable, la femme
perdue ne doit ouvrir la bouche que pour
demander à Dieu miséricorde.
Le marquis avait eu une crise nerveuse
suivie d'une sorte de léthargie. Quand il se
réveiHa,Jtressentiiuneimpression étrange;
le cerveau s'était dégage la. têtç était libre
et légère. Il se rappelait toutes les choses
de sa vie avec une lucidité extrême. La
raison était revenue!
<. II eut peur, il sonna. Un bruit de pas re-
tentissait dans les corridors.
Qu'est-ce donc? demanda-t-il.
Le domestique répondit qu'un- juge et
son grefuer venaient d'entrer chez ma-
dame la marquise. 't
Levieillardse levaet eutda force de
s'habiller lui-même ,puis, à tâtons, il se
glissa comme un criminel jusqu'à la porte ¡
de la chambre ouïes deux hommes étaient ¡
en pourparlers avec Rosa. i ¡
Il entendit toute !a conversation. 11
C'est un rêve murmurait la créole ¡
attérëe. 1 11
C'est une réalité 1 dit le marquis. Ah (
l'on se jouait de moi Vous entreteniez des 1
relations avec un aventurier que vous avez
osé l'introduire dans ma maison f. Et ma' ¡
fille J'avais une Elle. où est-elle ? Je ïne ¡
rappelle très-bien~Ile est devenue folle,
le jour de l'assassinat de la Fuencisia! I
La créole se leva, ses yeux étaient ef- i t
frayants,
Elle St un pas vers le vieillard, qui tira ¡
un pistolet de sa poche et l'arma tranquil- 1
lement. }
Les pertes mâtéeteïl~s .sont s0~1
Mes. Le 'magasin 'de M. F.en~in~
plus qu'un monceau de ruine~p~
plancher se sont effondrées, i~s~
du sous-spl se sont p.uvcrtesj~s~ °
lions de la maison ont étë c~
toutes les maisons de la place sM~
dommagées les maisonsplea rues Sor-
bonne, Victor-Cousin, .~f.çbns-Sorbonne,
Gërson et"la façade ,ju lycëe Saint:Eoujs,
sont trouées à JQ~~L onze heures, use
foule compacte ~~onne~encpre aux.
abords de la f.Iace; on accourt de toussas
côtés de Paris pour contempler les ravages
causés par l'explosion et,'à tous les'étages
des maisons du boulevard Saint-Michel,
Toismes de la .Sprbonne., on..T0!t .des~ vi.
triers travaillante reEjipla~ï'~s'eay~a~x
.cassés. C'est là le petit côté'de ce grand
drame..
JOE' TRËZE~
~M.(. ,J.t.
Mermte~ew moMveHea
Le 61a Fontaine, dont nous avons an.
noncé la mort, a disparu; ses traces n'ont
pas é;é découvertes. Seulement,; dans un
logement ~itué au troisième., étage d'nne
maison faisant face au magasin ei.d~ont ies
fenêtres étaient puveites. au:, moment,de
l'explosion~. ONba -trouvje desJambeauxide
chair et quelques vertèbres, seuls restes,
présume-t-on, de ce malheureux.
D'eux corps humains informessont dépo-
sés à la Morgue. Des blesses ont été trans-
portés à l'hôpital de laOïnique. Parmi, les
blessés on nous cite ~es sieurs Jules Gau-
mier, atteint par ~n éclat de verre Sëcu,
.~gé de 19 ans;Pa'tepot,,âgé da~7 ans, ëtève
des Beaux-Arts; Davaux, étudiant en me.
decine.
M. Fontaine, qui se trouvait dans une
magasin voisin du laboratoire, a été blessé
Seulement~ la joue.
Un mot; encore. Pourquoi l'administra-
tion, si prévoyante et si sévère en certains
cas, et qui ne laisserait pas circuler un pe-
tit journal attaquant un peu vertement les
actes dji gouvernement; est~elle- plus tbté
rante quand il s'agitde toH-ries eoBtenaot
des matières explosibles et qui 'ne de-
~vratent,;sous aucun prétexte, entrer dana
Paris et dans une maison habitée? Y
J.T\
~CH~~E'E
Le Prince Impérial vaTQontef~ëd~gfaHe.
Il sera nomme sous-lieutenant des grena-~
diers.
Hier, à' l'hÔtel Droubt, dan~' l'après-
midi et dans la soirée, vente délivres com-
posant la bibliothèque de Bërryer.'
Beaucoup de livre-! de droit/i~uel~u~s
auteurs latins, une centaine de livres phi-
losophiques, et c'est tout.
Chaque-volume portera l'extérieuj-.lea
armoiries de l'illustre bibliophile. d'argent
au chevron de gueules cantonné en chef
.de deux qnrniefeuillès d'azur et en.pointe,
d'une'aigle éployêe du même, reçu tim-
bré d'unecouronna de comte devise ~o-
~M~y
Au-dessous:
jSzM~o~~w~ F~yy~
Peu d'enchères élevées~ les riches ama-
teurs étaient accaparés par la venta Deles-
sert.< < 't< <:
~'audience s.olennelle pour l'iQ&taUaUon
Assieds-toi, dit-it :j'avais tout pré-
vu ceci est la force des Mbles et je ine
suis muni. -w
Elle se laissa retomber sur son fauteuit
et le marquis remit son~. pistolet dans sa
poche.
Toute là'~erttê m'est apparue, dit-il;
mon esprit était obscurci;, subitement~
.est redevenu lucide; j'ai pu sonder t'abîme
~ue vous avez creusé soua m~es pas. Vous
êtes .le mauvais gën~e de ma famillë/ï'au-
leur de'nos -infbftuQes~ vous et ce miséra-
ble nègre~'le cenïplice~de.Vous m'avez trompé; vous m'àYez arraché
un acte de reconnaissance d'un enfant qui:
n'estj)aslemien. ,n, t :v~~
Vos manœuvres n'auront ~oint le 'suc-
cès que vous en attendiez je feconnaî-
frai ma petite allé Aurora contmë.hëritière
légitime de ma femme, la marquise de
Castroréal. ~y "W{' :.¡
!j 'H. ~S~~ It:.
Je veux voir ma. Site 'Hërminie.cdn.
tinua-t-elle en s'animant de plus en plus;
je veux voir Aurora. Où sont-elles?.
Il s'était lève, sa voix résonnait; comme
un tonnerre, ses yeux avaient uw éclat
terrible.
? r~
Il répéta: Où sont-elles? p "'0'
Il .a
La créole, épouvantée, répondtt t'une
voix étranglée, tremblante
Herminie est chez votre cousin, !e
marquis deCasasnuevas.
?'
'?.} {" .? .('
FERNÂN&EZ Y GONZALMX.
l (Z
Jeudi 18 mars ~69.
& ~'tx- -=~ .<
~ttm~io]Ma~9',JLM.co~M<))
~{Mputemantaet ~M<:MeJ :IO~
?- -~wonnwEaoNmw' (BetM«m«mt~
'ANNONCBa
't*L~)~'tt~ C"~ <*0<, ft.t
.J' ''tM'mma~~M
t~
z~NUitano JOeaHtTïttiM)
'{Mptu'tementt)ettM
.l éM~MNËBM*t
~& ~6
ANNONCBB
W~~t
~1~~M<
Mm
'MMON!) TAREE, "~cteur-~éra~ `
B'éàae'Mon, M/ fa<~e'"i!a "%Mmge~Ba
LE RESPECT DES MBMS
j M. le préfet de la. Seine est en ce moment
ie bouc émissaire des péchas du gouver-
ment. Cest lui, le pelé, le~g'aleux, d'où
Yious vient tout le mal et l'on-n'est pas très
bien venu près ds la population parisienne
à défendre aucun- de ses projets. 'Encore
faut-il bien'avouer cependant~qu'il en est
plus d'un, où il a raison contré: ses adver-
saires, et je suis fâché qu'au .lieu de se
borner aux griefs vraiment sérieux, on
tracasse à .tort.et à travers son adminis-
tration par de mauvaises chicanes. On Fa
'vivement attaqué sur son double projet
d'écorner le cimetière Montmartre et d'en
établir à Méry-sur-Oise, un nouveau qui
remplacerait tous les autres; et il ne me
semble pas qu'il ait été. défendu de. façon
bien intelligente. Ses avocats se sont enfer-
més dans la question de légalité me sera-
t-il permis de prendre la .chose d'un point
de vue plus élevé, en philosophe, ainsi que
je le fais toujours, dans ce journal qui est
plus littéraire que politique.
Il est assurément très bonde respecter
les morts. Mais ce respect se compose de
deux éléments très distincts, e.t qu'il, faut
soigneusement séparer, le sentiment qui
l'inspire, et les marques sensibles par où
il se manifeste.
Ce sentiment est de sa nature invisible
et impalpable. Il consiste tout~ntier dans
le souvenir reconnaissant qu'on garde de
l'être aimé. C'est un père à qui l'on doit la
vie, et l'éducation, et tout ce qu'on est dans
le monde; vivant, on l'a aimé pour tous les
bi~n&its dont on a été comblé par lui;
une fois mort., on conserve sa mémoire au
fond de son cœur; il est le lien~par lequel
on se rattache aux générations précéden-
tes c'est en lui. que l'on se sent solidaire
de cette humanité, dont on est membre.
~)n jouit, sur cette terre, du travail accu-
mujé depuis des miDions de siècles, par
.d'inhô~nbrables âges d'hommes; celui par
qui l'on a été mis en communication de
tous cesbi6as;q~, par son travail et ses
verius,y a dû. ajouter une papceHe,si faible
qu'elle soit, de richesse et de bien être, ce-
lui-!à c'est le père, et il mérite que nous
lui aHumions, dans notre âme, un souve-
'nir qui brûLe incessamment, comme une
~.ampe d'auteL ¡
.Et de même pour un nia c'est en lui
que nous ayons compté revivre; c'est par
lui q~e nous avons cru nous rattacher aux
générations qui devaient nous suivre. Nous
lui avons~onné une part de notre sang et
de notre vie; nous avons placé en lui nos
meilleurs et plus chères espérances; et si
la mort nous le ravit, il est naturel et
juste que nous embaumions pieusement
sa mémoire &ns un coin inviolable de uo
.tre âme. Le'temps, ce grand consolateur,
'~era sans aucun doute son office. Il émou:-
sera peu à peu les premières pointes de la
douleur mais le souvenir n'en restera pas
moins ttdèle au fond du cœur, comme une
'~ombe en un caveau funèbre, qui ne s'ou-
'vre qu'a de certains jours, marqués par la
religion.
Le respect des morts est donc un senti-
me.ut qui a, dans l'âme de l'homme, son
inviolable asile; mais c'est une infirmité de
.'notre ,nature que tout sentiment, quel qu'il
j'soit, i~e-puisse subsister, que s'il trouve,
~hors de lui-même un signe matériel, une
t marque visible où se prendre. De même
eu s'exprime l'idée, de même aussi nos
WeaiUeton du CAMOÏS du 18 Mars i86$. N" 47
xw -fi~~
LES AFFAMES
a
`
DEUXIÈME PAMIE ` `,
t
LACBL~OM w
L'INTERROGATOIRE CONTINUE
(~Mt~)~'
Mais, monsieur le marquis, R'écria
Ënalemënt don Fulgencia en se frappaut
le front ~es (ieux mains/nous sommes à
miHe lieues de notre anaire!
En effet., monsieur le juge'; mais tout
se tient dansia vie.
Je voudrais, dit le jug'e, vous dem&n-
der quelques renseignements qui nous in-
téressent d'une façon plus directe. Con-
naissez vous un nommé BolicheouQua-
tre-Vents ?
Sans doute..
Et ne savez-vous pas quel est le vrai
nom de ce personnage? q
–Non.
Savez-vous s'il existait, entre Quatre-
'Vents et Don Gabriel quelque chose qui
puisse faire'accuser le premier d'être l'au-
teur de l'atssassinat? 2
sentiments n'ont de réalité, ne prennent
de °~M~ parler ainsi, que s'ils
se nxënTen un objet qui'les présente à
nos yeux et à nos mains, sous une forme
concrète et vivante.
Quel doit être cet objet? A cet égard,
point de règle certaine. C'est la convention
qm est seule maîtresse. Les anciens avaient
imaginé de mettre une poignée de cendres
dans une urne fermée. Quelques tribus
sauvages composent des chapelets d'os
qu'ils portent avec eux dans leurs expédi-
tions. Pour nous, nous désignons dans un
endroit spécialement consacré, une petite
place que nous marquons ensuite d'une
croix ou d'une pierre. C'est ta, pour les
nations chrétiennes, le signe visible où se
matérialise cet immatériel, sentiment du
respect des morts. Ce signe a été choisi
pour elles, parce qu'il rappelait à l'esprit
.le dogme catholique de la résurrection des
corps il n'en est pas moins convenable
tout signe étant bon, gui .traduit nettement
et par une convention acceptée de tous, la
chose signinée.
Quand un fils s'en va, prier et pleurer
sur la tombe de sa mère, il y a, deux choses
dans cet acte de. piété le. sentiment qui
l'inspire, qui est immatériel et partant in-
violable qu'il pourrait traduire et qu~il
traduirait même forcément d'autre façon,
si les circonstances l'exigeaient; si cette
mère; par exemple, eût péri dans un nau-
frage sur l'Océan. Puis l'application parti-
culière qu'il en fait à ce tombeau, où sont
censées reposer les dépouilles de la dé-
funte; mais qui ne contient plus qu'un peu
d& pâte liquide et pourrie.
Je n'ignore pas que notre esprit est ainsi
fait, qu'après un certain temps d'habitude
il nous devient à peu près. impossible de
déparer la chose signinée du signe où elle
s'objective. Ainsi, pour n'en prendre qu'un
exemple qui frappera~tous mes lecteurs, le.
ruban rouge est un signe d'honneur, et
bien qu'il soit fort souvent attaché à la
boutonnière de gens qui ne l'ont point
mérité, il n'en éblouit pas moins les yeux
de la foule, parce qu'elle est accoutumée
de longue datea voir dans ce petit mor-
ceau d'étone ou les belles actions, ou les
grands services,.ouïes œuvres excellentes,
-dont il est le signe sensible. Un homme
de mérite, qui, ne porte point à son habit ce
signe ofnciel, court risque d'être moins
estimé des badauds qu'un imbécile qui en
est crue. C'est par la même raison que les j `
hommes discutent bien plus souvent et e
~avec bien plus d'âpreté sur les mots que `
sur les idées que ces mots expriment. Entre',
le signe et la chose signifiée, c'est .toujours~
le signe qui emporte la balance, parce que
en eSet les hommes se laissent plus facile-
ment séduire à leurs yeux 'et à leur ima-
gination, qu'ils ne suivent la raison pure.,
Maïs c'est aux 'esprits 'indépendants à
lutter contre cette fâcheuse tendance de la
nature humame. Que penser alors des
orateurs et des journalistes de l'opposition
qui viennent soutenir que changer l'em-
placement d'une tombe c'est violer le res-
pect des morts, et qui là-dessus se répan-
dent en récriminations et en plaintes. Je
suis assurément d'avis qu'il ne faut tou-
cher, qu'avec des ménagements infinis,
aux signes par où se manifeste un senti-
ment respectable; car en s'attaquant à
l'un on risque aussi d'ébranler l'autre. Mais
.enfin, ce signe, par lui-même, n'a rien de
sa~sré, rien qui écarte d'une façon défini
tive les mains profanes. Comme tout
signe, il est susceptible de translations,
modifications, d'anéantissement. Il chan-
ge, il disparaît même, et le sentiment qu'il
représente demeure immortel.
Pas le moins du monde.
Alors, dit le juge, ma mission est ter-
minée 1 1
Le juge et le greffier se levèrent et s'en ~9
allèrent comme ils étaient venus, d'un pas `
mal assuré, tremblants et hésitants. ¡
Don Liborio jetait auto ur de lui des re-
gards effarés, pleins de terreur. Les mons-
tres grimaçaient, à demi éclairés de lueurs
blafardes; les cornues et les boeau~ scin-
tillaient d~ns l'ombre, d'une manière fan-
tastique. .ji;
–Ma maison est à votre disposition,
leur dit le marquis d'un ton gracieux, et
j'aurai toujours grand plaisir à vous y ce-
ceveir f
Dans la voiture, ils se disaient l'un à
l'attire ,x <
–-Avez-vous vu, don Liborie?
Ah don Fulgencio je .tremblais
comme la feuille et j'osais à peine regarder
ce vilain nègre, qui avait l'air de rouler
des yeux blancs sur son bocal.
–Vaines terreurs don Liborio
Gomment ? Vous-même vous ne quit-
tiez pas des yeux ce grand diable de
squelette suspendu près de la table I
C'est vrai, je sentais parfois des sueurs
froides. Et que pensez-vous du marquis ?
Que c'est un malin de premier ordre.
–Cela me paraît aussi.
Ils restèrent silencieux quelques mi-
nutes..
Mais, dit tout à coup le greffier, où
allons-nous, maintenant?
–Au fait, répondit le juge, il faudrait
nous rendre chez la vietime pour mettre
les scellés.
Voilà un cimetière qui poupe en deux les
communications d'une ville de 150,000
âmes avec Paris, qui la condamne à l'isole-
lement, qui en déprécie les propriétés, qui
en trouble le commerce, qui en arrête le
développement. Sont'ce là des intérêts
assez graves, pour qu'on demande à un
petit nombre de personnes non pas certes
de renoncer à un sentiment qui est l'hon-
neur de la nature humaine, mais de modi
fier, sur un point, le signe par où ce senti-
ment se traduit au dehors, de transporter
d'un endroit dans un autre la tombe, où
elles ont matérialisé, pour leur commodité
partic~ière, le souvenir de .ceux qu'elles
ont perdus.
Il ne s'agit pas ici de se payer de grandes
phrases ni de belles métaphores. < Ne trou-
blons pointée sommeil des morts cela
est d'un bel enet dans le discours. Mait la
vérité est que les morts ne dorment point.
Ils sont morts, ce qui est bien différent. La
partie d'eux qui gît sous cette pierre n'est'
plus que ce je ne sais quoi de Bossuet, qui
n'a de nom dans aucune langue, et qu'on
peut transporter autre part, sans aucun in-
convénient pour leur prétendu sommeil.
Si vous croyez à l'immortalité de l'â-
me, que vous importe ce qu'on fait du
cadavre, chose éminemment vile.. Si vous
n'y çroyez pas, en quoi la mémoire que
,vous conservez du défunt, .d~ ses qualités
et de"ses vertus, en quoi;cetie petite som-
me de bien qu'il a produite et dont""vcus'
avez recueilli le souvenir en voire cœur,
est-elle intéressée à ce que son être se dé-
compose ici plutôt que là ? R
Non, ce n'est pas le mort que l'on trou-
ble dans son sommeil; c'est le survivant
au contraire que l'on dérange d'une ha-
bitude prise. Mais cette habitude est-elle si
respectable, qu'elle doive primer l'intérêt
d'une cité tout entière. Oui, sans doute;
entre un intérêt, fût-il celui d'un million
d'individus et un devoir de sentiment, ce
devoir fûi-it celui d'une seule personne, il
faudrait encore que le premier cédât au
second; car mieux vaut pour l'humanité,
des populations tout entières sounrantdans
leurs jouissances de chaque jour, .qu'un
seul droit violé qu'un seul caractère
abaissé, un 'seul devoir non rempli. Mais
est-ce qu'il s'agit ici 'le droit et de devoir ) 1
Point du tout. La question se réduit à ces
termes, qui sont les plus simples du
monde
Je me suis accoutumé à ne-pouvoir prier
pour ceux que j'aime qu'à un certain em-
placement déterminé comme j'ai pris l'u-
sage d'accrocher, en entrant, mon chapeau `
à la patère à gauche.Cela me gêne de chan-
ger d'habitude, et je préfère sacriBer à ce
goût de routine l'intérêt, général de mes
cent cinquante mille concitoyens. N'est-ce
pas là ou jamais pour la puissance publi-
'que le cas d'intervenir? Elle dit au récal-
citrant < Nous comprenons, monsieur,
toutes les faiblesses humaines; vous ne
pouvez garder le souvenir de vos morts,
que s'il est rendu sensible à vos yeux par
la pierre du tombeau où vous aurez ense-
veli leur bière. Rien de mieux; cette bière,
ce tombeau et le marbre qui le couvre,
nous allons les transporter à cent pas.
Mais vous outragez les morts I
–Mais pas le moins du monde. Nous
les changeons de place, et nous vous
prions, vous, de changera, sur ce seul
point, vos habitudes.
Le respect des morts me l'interdit.
–Mais le respect des morts n'a rien à voir
à cela; Le respect des morts n'existe point
par spi-même. C'est une façon de parler,
une formule qui revient à dire qu'il y a des
Mais nous ignorons son domicile.
Imbécile que je suis t s'écria Fulgen-
cio en se frappant le front.
Ah) voyons, reprit le grefner j'ai
sur moi les objets recueillis sur le corps.
Il plongea ses mains dans sa poche et en
retira successivement un porte-allumette
et un poignard.
Tout-à-coup, ses mouvements s'accélé-
rèrent, il tâta toutes ses poches avec une
impatience, fébrile
–Bonté du ciel, s'écria~Sl.j'a.i perdu le
portefeuille, la pièce de conviction princi-
pale. Malédiction sur moi! j'ai aussi
perdu le mouchoir dans lequel j'avais en-
veloppé la montre et les boutons de dia-
mant. On m'a volé 1
Don Liborio, je .dresse procès-verbal
contre vous, dit le juge gravement.
Et moi contre vous pour n'avoir pas'
vu le Qlou'qm m'a volé! répondit l'autre,
A ce moment, le juge mettant la main à
son gousset, s'écria « Ma montre Je suis
volé aussi
–Alors, dit don Liborio, je forme op-
position il n'y a rien d'étonnant à ce que
le greffier soit volé, lorsque le juge l'est
aussi.
Laissez-moi donc tranquille, don Li-
borio. Mais comment dire cela à ma
femme? EUe va croire que j'en ai fait ca-
deau à Amélia. >,
Tenez, don Fulgencio, le mieux est de
'consigner tout simplement dans le procès-
verbal que nous avons tEOuvé quelque ar-
gent sur la victime avec le poignard et
boîte que voici, pour qu'on ne s'étonne
pas, car si le reste se sait, nous allons
avoir des désagréments à n'en plus nnir.
~ens qui respectent~ et qui pnt raison de
respecter les morîs.~Eh bien nous' ne
v~us empêchons point de les respecter
respectez les, tout à votre ài&e, mais ail-
leurs. Le respectn'estpas une aSaire d'em-
placement. Il peut s'exercer à droite tout
aussi bi.en qu'à gauche du chemin. Lais-
sez-nous donc la gauche; car nous en
avons besoin pour dégager une ville de
150,000 habitants; pour lui rendre la dir-
culationetlavie.
–Mais les morts, monsiëur,'les'morts
Mais encore une fois il ne s'agit pas
de morts ici, c'est de vous qu'il est
'question, de vous seul-qui, non par piété,
entendez-vous bien, mais parun asservis-
sement étrange à ce qui n'est que le signe
d'un sentiment respectable; de vous qui,
prenantl'ombre pour laréalité, voulez qu'on
mette votre petit intérêt en balance avec
celui d'une grande cité vous êtes vivant,
et vivants aussi sont vos concitoyens. En-
tre eux et vous, il n'y a pas à hésiter. Vous
avez beau vous couvrir de grands mots et
deprétextes spécieux, je lés ëcarte~e vais
~a.u fond des choses,, et n'y trouvant qu'e
du parti pris et de l'aveuglement, je passe
oatre.
.FRANCISQUE'SAR'CËY.
~~A~ST~F~
'DELA
:{; ,s.:
w ~PLACESORBONNE
Hier, à six heures du soir, le bruit s'est
répandu dans Paris d'une catastrophe ter-
rible qui venait de ravager lajplace delà
Sorbonue. Une explosion avait détruit une
maison, tué et blessé beaucoup de monde,
brisé les vitres et troué les façades de tous
lesbâHments avoisinants. Nous nous som-
mes rendu aussitôt sur le lieu du sinistre.
A partir du inusée de Cluny, de nom-
breux groupes stationnent &ur le boule-
vard Saint-Michel. On écoute le conteur
éternel qui a ~M e~Me, on discute les
causes de.la catastrophe, on commente les
faits, on interroge les passants.
–C'est le gaz disent les uns.
–Non, c'est la poudre!
.Devant la boutique d'un chapelier, pro-
che de la place de la Sorbonne, la foule
devient plus compacte. On regarde curieu-
s~ent l'étalage en-désordre, les casquettes
et les chapeaux jetés pêle-mêle dans la vi-
trine. Ce sont les piemiers en'eis de l'ex-
plosion? Non. Informations prises, c'est
un boutiquier qui fait repeindre son ma-
gasin.
Aux abords de la place, il est a peuprès
impossible de circuler. Un double cordon
de sergents de ville arrête les curieux. L'as-
pect de la place est sinistre. Le feu est
éteint. Tout est sombre. Au fond seule-
ment, le long de la Sorbonne, les.torches
des pompiers qui fouillent, les .décombres
éclairent les.murs d'une lueurblafarde. Les
cafés sont fermés, les maisons abandon-
nées, les réverbères éteints. Au milieu de
la chaussée, des meubles, des débris, des
portes arrachées de leurs gonds et lancées
.dans l'espace, des persiennes brisées.
C'est quatre heures que l'explosion
a eu lieu,'et voici les détails que nous
avons pu recueIHir. Tous nous viennent
de bonne source.
M. Yéron-Fontaine, fabricant de pro-
duits chimiques,, demeurant sur la place
de la Scibonne, à l'angle de la rue du
–Don Liborio, il y a un meilleur moyen:
allez trouver le chef des voleurs et rache-
tez lui ces objets.
Et voudriez-vous me 'lire, don Ful-
gencio, répliqua le grenier piqué, quel est
le chef des voleurs?
Gomment? Vous êtes greffier et vous
ne le savez pas ? Allons, allons, don Libo-
rio si ces objets ne repa~issent pas avant
une heure, je verbalise contre vous et je
vous fais arrêter.
Mais je ne sais rien, don Fulgencio.
EnSn, nous irons voir un garçon ~ue nous
avons absous l'autre jour d'une poursuite
pour vol, faute de preuves.
–Où demeure-t-il? c
Rue du Sombrerete~ numéro 12.
Le juge tapa à la vitre, le fiacre s'arrêta
et don Fulgencio dit au cocher
–Sombrerete, 12.
XXI
UNE TRANSFIGURATION.
Le marquis de Castroreal regardait sa
femme d'un œil farouche.
Comme si ce regard étincelant avait été
doué d'uue puissance magnétique, Rosa,
tout à coup, releva brusquement la tête.
Ah s'écria-t-elle, qu'y a-t-il ? î
Le marquis répondit d'une voix grave
Il y a que le malheureux fou a recou-
vré la raison; que Dieu, le Dieu vengeur, a
eu pitié du vieillard et l'a guéri, sans lui
ôter le souvenir de ce qui lui était arrivé
durant'safolie.
Elle joignit les mains et sa bouche s'ou-
même nom, est l'inventeur d'une pa~dre~.
nouvelle pour lés torpilles marines, qui lui
a valu la croix de la Légion d'honneur.
Une tourie contenant du .jMey< ~o-
~MM (produit qui sert à la fabrication de la
poudre en question),avait été déposée ~le
matin dans la maison delà place de la
Sorbonne et devait être expédiée, le soir
même, par les Messageries, à Toulon.
L'un des commis, M. Baie, ayant pris un~ r
échantillon de ce produit, en a laissé tom-
ber une pincée et cette traînée de picrate,
qui communiquait avec la tourie .et sur la-
quelle on aura sans doute "marché, a, dé-
terminé l'explosion: explosion formidable.
horrible, qui a fait Irembler le sol, secpué
les maisons, renversé les' passants,, brisé~
plus de cinq mille carreaux sur la place 'de
la Sorbonne et 'dans toutes lès rues adja-
centes Des parties des'deux premiers, ota-
ges de la maison Fontaine s'effondrent~ pré-
cipitant dans la fournaise des hommes et'
des femmes.
L'escalier est en feu, la. place est'obs-
curcie par la fumée et une odeur infecte
fait reculer les plus bravés. Cependant, du
gymnase de la Sorbonne, on accourt
avec des échelles, et, en attendant les
pompiers~ on commence fort courageuse-
ment le sauvetage. Les femmes et les en-
fants sont descendus par les fenêtres lés
hommes se laissent' glisser le long des
échelles. Les pompiers du Chatelet, clai-
rons en tête, montent, au pas de course,
la pente rapide du boulevard Saint'-Michel.
En une demi-heure lè feu est éteint. Mais
des débris sanglants et informes gisent sûr
la place des fragments de corps humains
sont retrouvés à deux cents pas. Une blan-
chisseuse, qui causait sur le seuil de sa
porte, a été broyée; le concierge de la
maison Fontaine a été aplati contre un
mur. Un marchand devins et sa femme,
voisins du laboratoire, ont été mutilés en-
ire deux cloisons. Lenis de M. Fontaine J
M.Bachimond, caissier principal de la mai-!
son, etM. Baie, l'employé qui avait, pris
l'échantillon de picrate dans la tourie, sont
morts. Les blessés sont fprt nombreux. J
.Des deux cadavres lancés, à travers'la
place, l'un avait été frapper contre le~
mur; l'autre avait été arrêté par un banc'!
qui porte les traces sanglantes du choc du',
cadavre. Ce dernier avait Jatête empor-i
tée; il n'en restait guère qu'une fractions
'de la mâchoire inférieure qui offrait toutes!
les apparences d'une carbonisation. Des]
vêtements,.il ne restait 'que des bouts 'de~
manches de tricot aux bras. Une large blés-!
sure existait au côté gauche; les membres
paraissaient avoir été brisés à certains en-
droits.
Un lambeau de chair, qui doit provenir
du cadavre arrêté par le: banc, a été lajacé
a plus de quatre-vingts mètres du côté du
boulevard Saint-Michel. Tout aup.res.se i
trouvait un morceau de tricot paraissant }
porter des initiales. i 1
Deux jeunes enfants, dont le dernier n'a ¡
que onze mois, après avoir été descendus
par les fenêtres, se sont trouvés séparés
de leur mère qui, presque foHe'de déses- ¡
poir, redemandait à tout le monde sa plus ¡
jeune fille dont le sort la préoccupait sur-
tout.
Les pharmacies de la rue de Sorboone ¡
et de la rue Médicis ont été encombrées
pendant plus de deux heures. Nous ne sa-
vons a.u juste le nombre des morts,et il
faut naturellement faire la.part des exagé-
rations de la première heure; mais.Ja-moft ¡
des sept victioies dont nous avons parlé ¡
plus haut n'est malheureusement que trop
certaine.
vrit comme pour remercier le ciel de cet
heureux événement.
––Silence! dit le vieillard,; en étendan't
le bras: l'infâme, la misérable, la femme
perdue ne doit ouvrir la bouche que pour
demander à Dieu miséricorde.
Le marquis avait eu une crise nerveuse
suivie d'une sorte de léthargie. Quand il se
réveiHa,Jtressentiiuneimpression étrange;
le cerveau s'était dégage la. têtç était libre
et légère. Il se rappelait toutes les choses
de sa vie avec une lucidité extrême. La
raison était revenue!
<. II eut peur, il sonna. Un bruit de pas re-
tentissait dans les corridors.
Qu'est-ce donc? demanda-t-il.
Le domestique répondit qu'un- juge et
son grefuer venaient d'entrer chez ma-
dame la marquise. 't
Levieillardse levaet eutda force de
s'habiller lui-même ,puis, à tâtons, il se
glissa comme un criminel jusqu'à la porte ¡
de la chambre ouïes deux hommes étaient ¡
en pourparlers avec Rosa. i ¡
Il entendit toute !a conversation. 11
C'est un rêve murmurait la créole ¡
attérëe. 1 11
C'est une réalité 1 dit le marquis. Ah (
l'on se jouait de moi Vous entreteniez des 1
relations avec un aventurier que vous avez
osé l'introduire dans ma maison f. Et ma' ¡
fille J'avais une Elle. où est-elle ? Je ïne ¡
rappelle très-bien~Ile est devenue folle,
le jour de l'assassinat de la Fuencisia! I
La créole se leva, ses yeux étaient ef- i t
frayants,
Elle St un pas vers le vieillard, qui tira ¡
un pistolet de sa poche et l'arma tranquil- 1
lement. }
Les pertes mâtéeteïl~s .sont s0~1
Mes. Le 'magasin 'de M. F.en~in~
plus qu'un monceau de ruine~p~
plancher se sont effondrées, i~s~
du sous-spl se sont p.uvcrtesj~s~ °
lions de la maison ont étë c~
toutes les maisons de la place sM~
dommagées les maisonsplea rues Sor-
bonne, Victor-Cousin, .~f.çbns-Sorbonne,
Gërson et"la façade ,ju lycëe Saint:Eoujs,
sont trouées à JQ~~L onze heures, use
foule compacte ~~onne~encpre aux.
abords de la f.Iace; on accourt de toussas
côtés de Paris pour contempler les ravages
causés par l'explosion et,'à tous les'étages
des maisons du boulevard Saint-Michel,
Toismes de la .Sprbonne., on..T0!t .des~ vi.
triers travaillante reEjipla~ï'~s'eay~a~x
.cassés. C'est là le petit côté'de ce grand
drame..
JOE' TRËZE~
~M.(. ,J.t.
Mermte~ew moMveHea
Le 61a Fontaine, dont nous avons an.
noncé la mort, a disparu; ses traces n'ont
pas é;é découvertes. Seulement,; dans un
logement ~itué au troisième., étage d'nne
maison faisant face au magasin ei.d~ont ies
fenêtres étaient puveites. au:, moment,de
l'explosion~. ONba -trouvje desJambeauxide
chair et quelques vertèbres, seuls restes,
présume-t-on, de ce malheureux.
D'eux corps humains informessont dépo-
sés à la Morgue. Des blesses ont été trans-
portés à l'hôpital de laOïnique. Parmi, les
blessés on nous cite ~es sieurs Jules Gau-
mier, atteint par ~n éclat de verre Sëcu,
.~gé de 19 ans;Pa'tepot,,âgé da~7 ans, ëtève
des Beaux-Arts; Davaux, étudiant en me.
decine.
M. Fontaine, qui se trouvait dans une
magasin voisin du laboratoire, a été blessé
Seulement~ la joue.
Un mot; encore. Pourquoi l'administra-
tion, si prévoyante et si sévère en certains
cas, et qui ne laisserait pas circuler un pe-
tit journal attaquant un peu vertement les
actes dji gouvernement; est~elle- plus tbté
rante quand il s'agitde toH-ries eoBtenaot
des matières explosibles et qui 'ne de-
~vratent,;sous aucun prétexte, entrer dana
Paris et dans une maison habitée? Y
J.T\
~CH~~E'E
Le Prince Impérial vaTQontef~ëd~gfaHe.
Il sera nomme sous-lieutenant des grena-~
diers.
Hier, à' l'hÔtel Droubt, dan~' l'après-
midi et dans la soirée, vente délivres com-
posant la bibliothèque de Bërryer.'
Beaucoup de livre-! de droit/i~uel~u~s
auteurs latins, une centaine de livres phi-
losophiques, et c'est tout.
Chaque-volume portera l'extérieuj-.lea
armoiries de l'illustre bibliophile. d'argent
au chevron de gueules cantonné en chef
.de deux qnrniefeuillès d'azur et en.pointe,
d'une'aigle éployêe du même, reçu tim-
bré d'unecouronna de comte devise ~o-
~M~y
Au-dessous:
jSzM~o~~w~ F~yy~
Peu d'enchères élevées~ les riches ama-
teurs étaient accaparés par la venta Deles-
sert.< < 't< <:
~'audience s.olennelle pour l'iQ&taUaUon
Assieds-toi, dit-it :j'avais tout pré-
vu ceci est la force des Mbles et je ine
suis muni. -w
Elle se laissa retomber sur son fauteuit
et le marquis remit son~. pistolet dans sa
poche.
Toute là'~erttê m'est apparue, dit-il;
mon esprit était obscurci;, subitement~
.est redevenu lucide; j'ai pu sonder t'abîme
~ue vous avez creusé soua m~es pas. Vous
êtes .le mauvais gën~e de ma famillë/ï'au-
leur de'nos -infbftuQes~ vous et ce miséra-
ble nègre~'le cenïplice~de.
un acte de reconnaissance d'un enfant qui:
n'estj)aslemien. ,n, t :v~~
Vos manœuvres n'auront ~oint le 'suc-
cès que vous en attendiez je feconnaî-
frai ma petite allé Aurora contmë.hëritière
légitime de ma femme, la marquise de
Castroréal. ~y "W{' :.¡
!j 'H. ~S~~ It:.
Je veux voir ma. Site 'Hërminie.cdn.
tinua-t-elle en s'animant de plus en plus;
je veux voir Aurora. Où sont-elles?.
Il s'était lève, sa voix résonnait; comme
un tonnerre, ses yeux avaient uw éclat
terrible.
? r~
Il répéta: Où sont-elles? p "'0'
Il .a
La créole, épouvantée, répondtt t'une
voix étranglée, tremblante
Herminie est chez votre cousin, !e
marquis deCasasnuevas.
?'
'?.} {" .? .('
FERNÂN&EZ Y GONZALMX.
l (Z
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.69%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.69%.
- Collections numériques similaires Balathier Bragelonne Adolphe de Balathier Bragelonne Adolphe de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Balathier Bragelonne Adolphe de" or dc.contributor adj "Balathier Bragelonne Adolphe de")
- Auteurs similaires Balathier Bragelonne Adolphe de Balathier Bragelonne Adolphe de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Balathier Bragelonne Adolphe de" or dc.contributor adj "Balathier Bragelonne Adolphe de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k519392h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k519392h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k519392h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k519392h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k519392h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k519392h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k519392h/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest