Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-08
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 juillet 1870 08 juillet 1870
Description : 1870/07/08 (A5,N1541). 1870/07/08 (A5,N1541).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718362c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro.. ' jouRNAt. QUOTIDIEN* 5 cent, le numéro <
'ABPNNBlLKNTfi.— ShJ^
Paris < fr. JJ^TjK Jf*e
Sépartemants «
Atyiniskaiw: BOJBWWUAX. '7Z*^>x&à
6" année — VENDREDI - 8 JUILLET 1«70 — N° 104t
KUo&ewe* tW-, A.. Du B4.t,A.T[îr*R«BfUGTCi.oSM* Vt
. BURXAUI B'ABONNEMS.VT:.®, rue».rouet 'l'
ADMINTSTRATION : 13, quai Vomira.
PARIS, 7 JUILLET 1870
SOUVENIRS DE VOYAGE
LE BEAU DUCHÉ DE BADE
Avknt4ii#r; ehdrs lecteurs, je vous menais
d'Mocf à Cerne.
L'été cet la saison des voyages.
Je FOUS demande ln. permission de TOUS
mener de Bado à Manheim aujourd'hui :
Uu, WUlt. de juillet, à Bade, je lisais un
journal allemand.
Mas regards tombèrent sur ces mots :
THÉATER IN MANHEIM
P1If4ttlg dtn 5 July
DIE JUN& FBAU VON ORLÉANS
TftAUIRiPISL IN 5 ACTK.
ron
SCHILLER
La pucell(> d'Orléans, par Schiller, au théâ-
tre de Manheim l
C'est-à-dire une admirable tragédie, com-
posée sur un sujet français par un grand
poète allemand 1
Le moyen de rester a de telles séduo-
tiens !
J'associai mon ami a mon projet, et, le di-
manche matin, à sept heures, nous prenions
le train du chemin, de fer de Bade à Man-
bfim.
Noaë avions deux jours à notre disposition
pour nu trajet do moins de trente lieues J
mais nous avions résolu de nous arrêter aux
principales &taLioùt du chemin.
Rastadt.
Un damier de rues droites, bordées de
maisons blanches, avec force églises, tem-
ples, casernes, et un château, qui est une
laide contrefaçon de celui de Versailles, sur-
monté d'un Jupiter doré lançant la foudre.
b-O {S
No. Voulons1 voir la. place Où furent as-
■M'sinés les plénipotentiaires français en
4^97. On ne peut nous l'indiquer d'une ma-
uièrs précise. Le terrain, autour de la ville,
a été bouleversé par les fortifications. Peut-
être,'à cette place, a-t-on construit' un bas-
tioa, peut-être a-t-on creusé un fossé...
| Dans la salle d'attente de. la gare, deux
Anglais s'abordent.
L'un se rend à Paris, l'autre en revient.
Le premier demande des renseignements
au second, et le second, entre autres choses,
dit â'u premier qu'on dî -ne bien dans-les res-
taurants à quarante sous1 du Palais-Royal.
J'ai noté cette opinion 11 cause de son ex-
centricité. *
Carlsruhe.
Si nous avions trouvé dans les rues quelque
gentlemen collectionneur cassant les maisons
avec un marteau pour en emporter de petits
fragments dans son sac de voyage, nous
aurions prir Carlsruhe pour une ville morte.
Jamais je n'ai vu assemblage de maisons
aussi mornes, clochers aussi silencieux, rues
aussi décrie?, places aussi nues !
Carlsruhe est u,i(,, ville qui n'a d'autre
raison d'être que le caprice de son fonda-
teur.
Un jour, un grand-duc, en revenant de la !
chasse, dit en baillant : — Je veux qu'une
yille soit!... Et la ville fut. — J« veux que ;
cette ville soit ma capitale!... Et capitale
elle a été.
Ainsi de Versailles.
Mais là, pour l'une comme pour l'autre;
s'est arrêtée la toute-puissance des en'A-
teurs.
Toutes deux n'ont des cités que l'apparence
lointaine.
De près le prestige s'évanouit.
Carlsruhe, c'esl Versailles, plus régulier,
c'est-à-dire plus triste encore. Des rues en
éventail conduisent à une place en éventail,
sur laquelle s'étend en éventail le palais
grand-ducal. C'est solennel, c'est froid, c'est
hideux.
Nous sommes restés deux heures à. Caris-
ruhe, et nous y avons TU deux habitants,
deux, — pas un de moins.
Nous étions entrés dans un bureau de ta-
bac. Personne. Nous nous disposions li nous
retirer après avoir rempli nos poches de ci-
gares et déposé notre argent sur le comp]
toir, quand un squelette à crâne d'ivoire,
une serviette au cou, est apparu sur le senil
de l'arrière-bdiitique et nous a crié : « Boa
jour! » d'une voix: sépulcrale.
Dans la rue passait une calèche aux armes
du grand-duc; sur les coussins de l'intérieur
se prélassait un grand drôle vêtu d'une li-
,vrée rouge, qui avait jugé à propos de pren-
dre la place de son maître! on plein jour et I
en pleine capitale.
- En attendant le départ du convoi, nous j
se. n m es sortis de la ville. Nous avons ren- I
contré une grande maison, régulière (cela. 1
va sans dire), sur le fronton de laquelle est
sculptée une tête de cheval. Cette maison est
un haras.
Un peu plus loin, nous avons trouvé un
coin de paysage qu'on eût dit emprunté au
Berri de Georges Sand : un carré de gazon
couvert d'insectes, une flaque d'eau d'où sor-
taient trois touffes d'herbe, deux chênes au
milieu d'un buisson, de charmants effets de
lumière et d'ombre.
La cloche du chemin de fer nous tire de
i)otr« enchantement.
1 - . /
C'est à la station de Walch que j'ai vmle
convoi se mettre en mouvement, puis s'ar-
rêter pour attendre c.n voyageur en retard,
I et reprendre ensuite sa course interrompue.
* *
Muggensturn est un village dans ar-
bres, avec des toits rouges comme ceux d'un
village napolitain, mais avec de l'ombre et
de, l'eau.
— Il y a des gens pour qui Muggesturn
est tout au jupnde! — dit mon voisin.
! Tous les voyageurs qui traversent l'Alle-
magne, même les marchands de soieries et
les huissiers, s'arrêtent à Heidelberg.
« Il ne faut pas passer à Heidelberg, écri-
vait Victor Hugo à Louis Boulanger,, il faut
y séjourner, il faudrait y vivre! »
j Pour ma part, j'ai joui de la vue du Nec-
kar, de celle des admirables ruines qu'ont
! faites en 1603 les boulets français et de celles
de la maison d,-l chevalier de SainL-Georges,
sans songer à recueillir mes impressions.
C'est la manière de jouir de l'épicier; c'est
•t p 'ul-ôtre la meilleure : ne pas démeublei
pour autru^^a cervelle et gardé.r sa poési^
pour soirpÊ
Nous arrivions le dimanche, à huit heures
du soir. Les rues étaient pleines de bourgeois
en longues redingotes, les promenades cou-
vertes d'étudiants en casquettes rouges et
blanchcs et de belles filles coiffées seuils*
ment de leurs cheveux. Des bruits d'instra, :1
ments sortaient des mùsiços et des bastringues'. ,
Tout était mouvement, foule, joie.
Le lundi matin nous avons traversé le
Neckar^dàns un de ces petits bateaux plafe?
qui font le trajet d'une rive à l'autre, moye*- :/
nant trois kreutzers, à peu près deux sous.
Nous nous sommes installés sur l'autre
rive, à l'extrémité du pli village de Nohet.
heim, sous une tonnelle au bord de l'cali. '
Le maître' du petit cabaret devant 'lequel
nous étions assis est un ancien étudiant de
l'Université, un savant qui parle le français
et I'tLnglais. Mais la philesophie lui a ensei-
gné qu'il valait mieux vendre le petit vin
blanc du cru aux mariniers que de courir
les places et les honneurs. C'est pourquoi il
a succédé à son père.
Il a placé devant nous un grand pot do
son yin; nous avons allumé nos pipes et
nous sommes restés là deux heures, qui
compteront parmi les me;]!I;lllol'l-\ de ma
vie.
A nos pieds1 passait le Neckur avec un
bruit de vent sur l'eau. Des radeaux cou-
vraient le fleuve d.'u:1' côté côte; de loutre, 'd'é-
normes chevaux pies tiraient teaux plats qui remontaient le coura.ni ; d'au-
tres bateaux allaient, deux voiles blanches
dehors. En face de nous, la ville avec s 3
clochers, ses maisons, ses portes à touilles
et son vieux pont romain. Au-dessus, le
château ; puis des châtaigneraies d'un vert
pâle et des sapinières d'un vert sombre au
Cane et au sommet des haules collines... A
gauche;]a vallée mystérieuse du Necksr,
avec ses bourgs en ruines, ses forêts,^ ses
villages enfouis sous les roches et parmi les
arbres; à droite, sept lieues de plaines ;J!e- *
mandes, jaunes de moissons, traversées par
des rangées d'arbres fruitiers à troncs in-
clinés, penchés, tordus comme ceux-des vor-
gers do Daubigny; au. bout de cette plaine,
; le Rhin elles. lignes bleues des Vosges.;.
>" Nul paysage ai- monde ne fuit nai r-°,
plus que celui-là, des idée3 de caùm', de
repos, de retraite, de vie facile et cachée. Oa
, se sent pris du désir de planter là sa tente,
1 d'habiter une de ces maisons blenehes.qui
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DE PENDU
CII
iû&
A-Iors comment pour le révérend PaÍtèts-ou
et 14, Seoto-we une course vertigineuse, insén-
«ée, fantastique.'- ....
Us eussent voulu retenir leurs chevaux qu'ils
fie l'eussent pu.
ïieà' petijte poneys'galopaient comme des
hypp'i.gtiges sur celte pente qui devenait de
plus eu pltis- verticale, élec irisés sans doute
Voirie îiuraéro Au 12 juin 1869.
par ce coup de sifflet qui s'était fait entendre I
au-dessus de leurs têtes. 1
En même temps le ciel disparaissait et de&
mura de granit semblaient monter aux deux
côtés des cavaliers épouvantés.
- —Nons tommes perdus! s'écria M. Sco-
towe.
Le révérend ne répondit pas.
Affolé de terreur, il s'était accroché à la cri-
Bière dé son cheval puur ne pas tomber.
La pente continuait et l'extrémité était
si grande que, dans un moment où le révérend
Patterson pensait à reconquérir sa raison, il
se dit :
— Evidemment nous descendons au fond
de quelque volcan éteint creusé en ferme d'en-
tonnoir.
M. Scotowe ne criait plus.
Comme le révéré ad,il s'était cramponné à la
crinière de son cheval.
Mais il le serrait si fort que le poney pointa
tout à çoup, donna un ooup de reins terrible,
et M. Scotowe, forcé de lâcher prise, tomba
dans lé vide les mains étendues ea avant.
Le révérend entendit un cri.
Puis le bruit ïoin'.ain de la chute d'un
corps.
1\1. Scotowe avait été lancé très-certainement
au fond de r&bime.
Et, sans nul doute, il s'était tué sur le coup,
car aucune plainte ne remonta des profondeurs
di gouffre.
Son cheval, après s'être arrêté un moment,
avait repris sa course, et il galopait mainte-
nant sans cavalier côte à côte du poney de
M. Patterson.
Cf:..tes; le révérend ne songeait plus mainte-
nant à échapper par la fuite aux griffes de
l'homme gris.
Ce qu'il cherchait, c'était à éviter le sort du
j malheureux M. Scotowe.
1 Il débattrait ensuite le prix do sa vie avec
j l'homme gris; mais, pour le moment, il fal-
! lait sauver «ette même vie et la sauver quand
J même.
Aussi le révérend fit-il appel à toute sa.
i scienee d'écuyer, lui qu'on avait vu, jadis, cara-
coler à Hyde-Park et sur l'hippodrome i Ep<
som.
Il se erninponna du mieux qu'il put et ré.
péta une dernière fois le mot de l'infortuné
M. Scotowe :
— A la grâce de Dieu!
Le cheval galopait toujours et Vob-oirrité
était si profonde, que M. Patterson ne voyait
même pins le poney de M. Scotowe; quoique
le vaiil&nt petit animal eût continué à courir
auprès du sien.
Enfin, cette lumière qu'ils avaient vu briller
au fond de l'abîme et qui s'était certainement
éteinte quand avait retenti le coup .iesiftt'et,
tette lumière brilla de nouveau.
Cette fois elle était tout près du révérend, à
~ une centaine de mètres au-dessous de lui too^ ^
au plus..
Le révérend?, ébloui, ferma 1&3 yeux,
Car cette lumière, brillant tout à coup, avait
répandu.autour d'elle une gerbe de rayons 5
et eomm* l'éclair qui illumine tout à coup les.
1 horreurs ténébreuses d'une te.--apètei 6\le ,avait 1
5 cent. le numéro.. ' jouRNAt. QUOTIDIEN* 5 cent, le numéro <
'ABPNNBlLKNTfi.— ShJ^
Paris < fr. JJ^TjK Jf*e
Sépartemants «
Atyiniskaiw: BOJBWWUAX. '7Z*^>x&à
6" année — VENDREDI - 8 JUILLET 1«70 — N° 104t
KUo&ewe* tW-, A.. Du B4.t,A.T[îr*R«BfUGTCi.oSM* Vt
. BURXAUI B'ABONNEMS.VT:.®, rue».rouet 'l'
ADMINTSTRATION : 13, quai Vomira.
PARIS, 7 JUILLET 1870
SOUVENIRS DE VOYAGE
LE BEAU DUCHÉ DE BADE
Avknt4ii#r; ehdrs lecteurs, je vous menais
d'Mocf à Cerne.
L'été cet la saison des voyages.
Je FOUS demande ln. permission de TOUS
mener de Bado à Manheim aujourd'hui :
Uu, WUlt. de juillet, à Bade, je lisais un
journal allemand.
Mas regards tombèrent sur ces mots :
THÉATER IN MANHEIM
P1If4ttlg dtn 5 July
DIE JUN& FBAU VON ORLÉANS
TftAUIRiPISL IN 5 ACTK.
ron
SCHILLER
La pucell(> d'Orléans, par Schiller, au théâ-
tre de Manheim l
C'est-à-dire une admirable tragédie, com-
posée sur un sujet français par un grand
poète allemand 1
Le moyen de rester a de telles séduo-
tiens !
J'associai mon ami a mon projet, et, le di-
manche matin, à sept heures, nous prenions
le train du chemin, de fer de Bade à Man-
bfim.
Noaë avions deux jours à notre disposition
pour nu trajet do moins de trente lieues J
mais nous avions résolu de nous arrêter aux
principales &taLioùt du chemin.
Rastadt.
Un damier de rues droites, bordées de
maisons blanches, avec force églises, tem-
ples, casernes, et un château, qui est une
laide contrefaçon de celui de Versailles, sur-
monté d'un Jupiter doré lançant la foudre.
b-O {S
No. Voulons1 voir la. place Où furent as-
■M'sinés les plénipotentiaires français en
4^97. On ne peut nous l'indiquer d'une ma-
uièrs précise. Le terrain, autour de la ville,
a été bouleversé par les fortifications. Peut-
être,'à cette place, a-t-on construit' un bas-
tioa, peut-être a-t-on creusé un fossé...
| Dans la salle d'attente de. la gare, deux
Anglais s'abordent.
L'un se rend à Paris, l'autre en revient.
Le premier demande des renseignements
au second, et le second, entre autres choses,
dit â'u premier qu'on dî -ne bien dans-les res-
taurants à quarante sous1 du Palais-Royal.
J'ai noté cette opinion 11 cause de son ex-
centricité. *
Carlsruhe.
Si nous avions trouvé dans les rues quelque
gentlemen collectionneur cassant les maisons
avec un marteau pour en emporter de petits
fragments dans son sac de voyage, nous
aurions prir Carlsruhe pour une ville morte.
Jamais je n'ai vu assemblage de maisons
aussi mornes, clochers aussi silencieux, rues
aussi décrie?, places aussi nues !
Carlsruhe est u,i(,, ville qui n'a d'autre
raison d'être que le caprice de son fonda-
teur.
Un jour, un grand-duc, en revenant de la !
chasse, dit en baillant : — Je veux qu'une
yille soit!... Et la ville fut. — J« veux que ;
cette ville soit ma capitale!... Et capitale
elle a été.
Ainsi de Versailles.
Mais là, pour l'une comme pour l'autre;
s'est arrêtée la toute-puissance des en'A-
teurs.
Toutes deux n'ont des cités que l'apparence
lointaine.
De près le prestige s'évanouit.
Carlsruhe, c'esl Versailles, plus régulier,
c'est-à-dire plus triste encore. Des rues en
éventail conduisent à une place en éventail,
sur laquelle s'étend en éventail le palais
grand-ducal. C'est solennel, c'est froid, c'est
hideux.
Nous sommes restés deux heures à. Caris-
ruhe, et nous y avons TU deux habitants,
deux, — pas un de moins.
Nous étions entrés dans un bureau de ta-
bac. Personne. Nous nous disposions li nous
retirer après avoir rempli nos poches de ci-
gares et déposé notre argent sur le comp]
toir, quand un squelette à crâne d'ivoire,
une serviette au cou, est apparu sur le senil
de l'arrière-bdiitique et nous a crié : « Boa
jour! » d'une voix: sépulcrale.
Dans la rue passait une calèche aux armes
du grand-duc; sur les coussins de l'intérieur
se prélassait un grand drôle vêtu d'une li-
,vrée rouge, qui avait jugé à propos de pren-
dre la place de son maître! on plein jour et I
en pleine capitale.
- En attendant le départ du convoi, nous j
se. n m es sortis de la ville. Nous avons ren- I
contré une grande maison, régulière (cela. 1
va sans dire), sur le fronton de laquelle est
sculptée une tête de cheval. Cette maison est
un haras.
Un peu plus loin, nous avons trouvé un
coin de paysage qu'on eût dit emprunté au
Berri de Georges Sand : un carré de gazon
couvert d'insectes, une flaque d'eau d'où sor-
taient trois touffes d'herbe, deux chênes au
milieu d'un buisson, de charmants effets de
lumière et d'ombre.
La cloche du chemin de fer nous tire de
i)otr« enchantement.
1 - . /
C'est à la station de Walch que j'ai vmle
convoi se mettre en mouvement, puis s'ar-
rêter pour attendre c.n voyageur en retard,
I et reprendre ensuite sa course interrompue.
* *
Muggensturn est un village dans ar-
bres, avec des toits rouges comme ceux d'un
village napolitain, mais avec de l'ombre et
de, l'eau.
— Il y a des gens pour qui Muggesturn
est tout au jupnde! — dit mon voisin.
! Tous les voyageurs qui traversent l'Alle-
magne, même les marchands de soieries et
les huissiers, s'arrêtent à Heidelberg.
« Il ne faut pas passer à Heidelberg, écri-
vait Victor Hugo à Louis Boulanger,, il faut
y séjourner, il faudrait y vivre! »
j Pour ma part, j'ai joui de la vue du Nec-
kar, de celle des admirables ruines qu'ont
! faites en 1603 les boulets français et de celles
de la maison d,-l chevalier de SainL-Georges,
sans songer à recueillir mes impressions.
C'est la manière de jouir de l'épicier; c'est
•t p 'ul-ôtre la meilleure : ne pas démeublei
pour autru^^a cervelle et gardé.r sa poési^
pour soirpÊ
Nous arrivions le dimanche, à huit heures
du soir. Les rues étaient pleines de bourgeois
en longues redingotes, les promenades cou-
vertes d'étudiants en casquettes rouges et
blanchcs et de belles filles coiffées seuils*
ment de leurs cheveux. Des bruits d'instra, :1
ments sortaient des mùsiços et des bastringues'. ,
Tout était mouvement, foule, joie.
Le lundi matin nous avons traversé le
Neckar^dàns un de ces petits bateaux plafe?
qui font le trajet d'une rive à l'autre, moye*- :/
nant trois kreutzers, à peu près deux sous.
Nous nous sommes installés sur l'autre
rive, à l'extrémité du pli village de Nohet.
heim, sous une tonnelle au bord de l'cali. '
Le maître' du petit cabaret devant 'lequel
nous étions assis est un ancien étudiant de
l'Université, un savant qui parle le français
et I'tLnglais. Mais la philesophie lui a ensei-
gné qu'il valait mieux vendre le petit vin
blanc du cru aux mariniers que de courir
les places et les honneurs. C'est pourquoi il
a succédé à son père.
Il a placé devant nous un grand pot do
son yin; nous avons allumé nos pipes et
nous sommes restés là deux heures, qui
compteront parmi les me;]!I;lllol'l-\ de ma
vie.
A nos pieds1 passait le Neckur avec un
bruit de vent sur l'eau. Des radeaux cou-
vraient le fleuve d.'u:1' côté côte; de loutre, 'd'é-
normes chevaux pies tiraient teaux plats qui remontaient le coura.ni ; d'au-
tres bateaux allaient, deux voiles blanches
dehors. En face de nous, la ville avec s 3
clochers, ses maisons, ses portes à touilles
et son vieux pont romain. Au-dessus, le
château ; puis des châtaigneraies d'un vert
pâle et des sapinières d'un vert sombre au
Cane et au sommet des haules collines... A
gauche;]a vallée mystérieuse du Necksr,
avec ses bourgs en ruines, ses forêts,^ ses
villages enfouis sous les roches et parmi les
arbres; à droite, sept lieues de plaines ;J!e- *
mandes, jaunes de moissons, traversées par
des rangées d'arbres fruitiers à troncs in-
clinés, penchés, tordus comme ceux-des vor-
gers do Daubigny; au. bout de cette plaine,
; le Rhin elles. lignes bleues des Vosges.;.
>" Nul paysage ai- monde ne fuit nai r-°,
plus que celui-là, des idée3 de caùm', de
repos, de retraite, de vie facile et cachée. Oa
, se sent pris du désir de planter là sa tente,
1 d'habiter une de ces maisons blenehes.qui
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DE PENDU
CII
iû&
A-Iors comment pour le révérend PaÍtèts-ou
et 14, Seoto-we une course vertigineuse, insén-
«ée, fantastique.'- ....
Us eussent voulu retenir leurs chevaux qu'ils
fie l'eussent pu.
ïieà' petijte poneys'galopaient comme des
hypp'i.gtiges sur celte pente qui devenait de
plus eu pltis- verticale, élec irisés sans doute
Voirie îiuraéro Au 12 juin 1869.
par ce coup de sifflet qui s'était fait entendre I
au-dessus de leurs têtes. 1
En même temps le ciel disparaissait et de&
mura de granit semblaient monter aux deux
côtés des cavaliers épouvantés.
- —Nons tommes perdus! s'écria M. Sco-
towe.
Le révérend ne répondit pas.
Affolé de terreur, il s'était accroché à la cri-
Bière dé son cheval puur ne pas tomber.
La pente continuait et l'extrémité était
si grande que, dans un moment où le révérend
Patterson pensait à reconquérir sa raison, il
se dit :
— Evidemment nous descendons au fond
de quelque volcan éteint creusé en ferme d'en-
tonnoir.
M. Scotowe ne criait plus.
Comme le révéré ad,il s'était cramponné à la
crinière de son cheval.
Mais il le serrait si fort que le poney pointa
tout à çoup, donna un ooup de reins terrible,
et M. Scotowe, forcé de lâcher prise, tomba
dans lé vide les mains étendues ea avant.
Le révérend entendit un cri.
Puis le bruit ïoin'.ain de la chute d'un
corps.
1\1. Scotowe avait été lancé très-certainement
au fond de r&bime.
Et, sans nul doute, il s'était tué sur le coup,
car aucune plainte ne remonta des profondeurs
di gouffre.
Son cheval, après s'être arrêté un moment,
avait repris sa course, et il galopait mainte-
nant sans cavalier côte à côte du poney de
M. Patterson.
Cf:..tes; le révérend ne songeait plus mainte-
nant à échapper par la fuite aux griffes de
l'homme gris.
Ce qu'il cherchait, c'était à éviter le sort du
j malheureux M. Scotowe.
1 Il débattrait ensuite le prix do sa vie avec
j l'homme gris; mais, pour le moment, il fal-
! lait sauver «ette même vie et la sauver quand
J même.
Aussi le révérend fit-il appel à toute sa.
i scienee d'écuyer, lui qu'on avait vu, jadis, cara-
coler à Hyde-Park et sur l'hippodrome i Ep<
som.
Il se erninponna du mieux qu'il put et ré.
péta une dernière fois le mot de l'infortuné
M. Scotowe :
— A la grâce de Dieu!
Le cheval galopait toujours et Vob-oirrité
était si profonde, que M. Patterson ne voyait
même pins le poney de M. Scotowe; quoique
le vaiil&nt petit animal eût continué à courir
auprès du sien.
Enfin, cette lumière qu'ils avaient vu briller
au fond de l'abîme et qui s'était certainement
éteinte quand avait retenti le coup .iesiftt'et,
tette lumière brilla de nouveau.
Cette fois elle était tout près du révérend, à
~ une centaine de mètres au-dessous de lui too^ ^
au plus..
Le révérend?, ébloui, ferma 1&3 yeux,
Car cette lumière, brillant tout à coup, avait
répandu.autour d'elle une gerbe de rayons 5
et eomm* l'éclair qui illumine tout à coup les.
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