Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 juillet 1870 09 juillet 1870
Description : 1870/07/09 (A5,N1542). 1870/07/09 (A5,N1542).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718363s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent, le numéro.
5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS.— * TROIGMOW
Paris à fr.
I)éparLenicuts 6 /^z Sk^\
ministl'atar'. fKmmDiLLiAT* ^ \
Bine année — S.'MSM 9 JUILLET 1870 — N° ID42
liêdactnwe* chef: A; DB BA.LATHIBR-BRAGEI.ON»S .
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, raofflronot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 8 JUILLET 1870
LA CHINE ET LES CHINOIS
I
Depuis quelques jours, l'intérêt est au-
delà des frontières': à Madrid, où les députés
espagnols se disposent à élire un roi, à Ber-
lin, où l'on patronne un des candidats à celle
royauté ; à Venise, où la foudre tombe sur
une poudrière; à Pékin, où les Chinois 1n-
surgés massacrent notre charge d air>L:t , j
notre consul, les membres de la légilLiuu"
les missionnaires, les sœurs de charité, tous
les Français résidant dans la capitale. Les
sinistres se multiplient, la guerre menace,
et, quand on entendra un roulement dans
le ciel de cet implacable été, on se deman-
dera ; — Est-ce la foudre ou le canon?
Les Cortès espagnols se réuniront le 22
et délibéreront, pendant qu'on interrogera,
a Blois, les accusés renvoyés devant la haute
Cour.
Joignez à cela la discussion du budget, la
question du pain, celle de la viande, celle de
l'élève des bestiaux, et vous demeurerez
comme interdit en présence (ie tous ces évé-
nements et de tous ces problèmes ainsi ac-
cumulés.
Le rôle de la petite presse en ces cir-
constances, se définit nettement : Nous ne
pouvons ni engager de discutions ni propo-
ser de nf.luLions; irris il nous appartient
d'exposer, de raconter, de raire connaître.
L'histoire, la géographie, la biographie se ni
de notre domaine, et le cercle de ce domai-e
est assez large pour que nous puissions y
faire entrer tous les hommes et tous les faits
contemporains.
*
I
Aujourd'hui, je vous parlerai de la Chine,
et demain, des Chinois.
La Chine n'est guère connue en Europe:
que depuis trois siècles. Sa popularité chez
nous date surtout des encyclopédistes et de
Voltaire. La mode, en ce temps-ià, était
d'opposer à nos préjugés et il notre folie la
science et la sagesse de nations lointaines,
auxquelles on prêtait commodément toutes j
les qualités qu'on tenait à vanter et toutes
les vertus dont le besoin se faisait sentir.
« Nous allons chercher à la Chine de la
terre comme si nous n'en avions pas, des
étoffes comme si nous manquions d'étoffes,
une petite herb ' pour infuser dans l'eau
comme si llijUS n avions pas de simples dans
nos climats. »
Après avoir parlé de la sorte, Voltaire
faisait l'éloge de Confuciu's, qu'il appelait
Coufutzée, ou plutôt Koung-tsée, précédant
ainsi M. Augustin Thierry et M. Leconte
de l'Isle dans la recherche des orthographes
primitives et efailgf\r!'S. Ce qui plaisait sur-
tout il VulLa:r.-, c'est que l'empereur Yocg-
Tohing avait expulsé les Jésuites de ses
lîlats. Je ne suis pas un grand parti-
511il des J(,silIL(,s, et je reconnais volontiers
qu'ils ont tort de s'occuper des affaires tem-
porelles de l'Europe; il est juste cependant
do' reconnaître que, s'ils ont jeté la discorde
et le trouble chez nous par esprit de secte,
ils ont porté en Amérique et en Asie les
principes d'une civilisation plus éclairée et
d'une m T ile plus pure que celles qui y
existaient avant eux.
C'est au récit des missionnaires que nous
devons la connaissance de l'extrême Orient..
Il faudrait un volume pour faire connaître,
môme imparfaitement, la Chine; nuis quel-
! ques traits principaux et saillants sutliro.'ii.
I pour en donner une idée.
Cet empire, le plus vaste et, le plus peuple
du monde, a 2 333 kilomètres de long et
2,168 de large. Sa superficie est de3,375,000
kilomètres carrer 17S millions d''hal)itant> j
s'agitant sur celle surfa."I'. Mais si 1 on ajoute j
\ la Chine pruprcmeni dite ips pays limi-
trophes et tributaires, on arrive à la formi-
dable étendue de 137,500 myriamètres carres
et à une population de 400 mi liions d âmes.
Devant de tels chiffres, 801 présence de
PSlWCl'S, à la penser d'nn pareil 'our-
tnii'emc'n! d'êtres humains, on est abasourdi,
on rêve des anciennes, invasions et l'on se
demanda ce que ferait celte masse d'hommes
jaunes, dont chacun en particulier nous fait
souri re, si elle s'avisait un jour cie qui!ter
ses plak-a:ix, de franchir l'immeDse muraille
qui la sépare du reste du monde, et de se
laisser rouler en avant. Qui résisterait a la
force de cette impulsion? Quelques régiments
anglais et français ont traversé la Chine, en
promenade militaire, sans trouver d'obsta-
cles sérieux sur leur passage. Les Chinois,
s'ils touchaient à l'Europe, ne la traverseraient
pas ; ils la couvriraient. Leur invasion res-
semblerait à celle des sauterelles : ils cache-
raient la terre, comme elles cachent le ciel.
Mais les Chinois ne cherchent pas à en-
vahir. Beaucoup d'entre eux émigrent, s'en
vont êrv Amérique, et c'est tout. Les autres
restent dans un pays privilégié, où la terre
est admirablement cultivée, où pas un pouce
de terrain n'est perdu, où l'on trouve en
abondance toutes les richesses.
Ce pays est divisé en i4 gouvernements
généraux, comprenant 138 préfectures de
Ve classe, 65 préfectures de 2e classe et 1450
sous-préfectures. 400 canaux facilitent les
communications entre les différentes villes
de l'empire. 21 routes, d'un- développement
de 10,000 kilomètres, se croisent sur le ter-
ritoire. On hésite encore à les remplacer par
fies chemins de fer. Mais les Russes et les
Anglais finiront par faire accepter les voies
ferrées aux Chinois, comme ils leur ont fait
accepter le télégraphe.
L'agriculture et l'industrie chinoises ont
atteint la perfection. La soierie est origi-
naire de la Chine. Les vernis, les laques, la
céruse, les toiles de coton, s'exportent de
Shang-liaï pour le monde entier. En 1863,
le commerce officiel extérieur de la Chine
s'est élevé à deux milliards, et la contre-
bande, donblait presque ce chiffre — as-
sure-l-on.
i *
Pékin, théâtre de l'insurrection et du j
massacre du 2i juin dernier, donne la no- i
tion la pins complète des villes chinoises.
Deux millions d'habitants vivent dans son
enceinte, qui, de loin, apparaît comme celle j
d'une forêt plutôt que d'une cité. Les Chi- j
nois sont les premiers jardiniers du monde j
et s'entourent d'arbres et de plantes, même j
lorsque leurs habitations sont entassées dans j
un espace restreint. i
Pékin a 45 kilomètres de circuit, et con-
tient trois \' ilks distinctes, renfermées rune
dans l'autre.
La ville exiérteure, celle qui se présente
la pL-cmiei'e: est habitée par les négociants,
les industriels, les artisans.
« Les maisons —dit M. Richard CorLam-
bert — y sont laides, délabrées, remplies
de marchandises; généralement, elles n'ont
qu'un étage. Les rues qu'elles bordent sont
irrégulières et non pavées ; mais l'affluence
des passants y est extrême; on se coudoie
de la manière la plus gênante; les palan-
quins, les hommes à cheval, les piétons cir-
culent avec difficulté entre les étalages qui
s'avancent devant les maisons et rétrécissent
encore des rues déjà si peu larges. Des
puits placés au milieu des voies gênent aussi
la circulation; l'air est infecté par l'odeur
qui s'exhale des égouts et des amas d'im-
mondices. Cependant, les boutiques présen-
tent un pittoresque effet, même par le grand
nombre de marchandises qui les encombrent.
Ne pouvant tout faire tenir chez eux, les
commerçants étalent leurs marchandises au
dehors de leurs boutiques, jusqu'à une es-
pèce de mât planté assez avant dans la rue,
et dont la hauteur surpasse celle des toits.
Ces mâts, enjolivés de dorures et de pein-
tures, vernis, pavoisés de banderoles el, de
rubans de toutes couleurs, portent des in-
scriptions en caractères dorés indiquant la
nature des marchandises. On voit, devant
les portes, un grand nombre de lanternes en
corne, en mousseline, en soie et en papier;
de formes très-variées... »
Une seule grande rue, — celle du Repos
perpétuel, — a 60 mètres de large. Les pla-
ces sont petites, étroites. Des arcs de triom-
phe s'élèvent à l'extrémité des voies. De dis-
tance en distance, s'ouvrent.des temples ma.-
gnifiques.
La ville intérieure forme un quadrilatère
au milieu de l'autre. Elle encadre la ville
impériale, qui renferme à son tour lu ville
rouge on ville interdite. C est là que résidé
l'empereur dans un palais au milieu d'un
lac.
Ce palais a été décrit par un jésuite fran-
çais, — le père Astifir.
On y trouve l'art oriental à son apogée,
sans idéal, bans simplicité, sans grandeur,
mais ornementé, bariolé, bizarre, d'une ri-
chesse fantastique. L'or, les pierreries y
frapper t les yeux à chaque pas. Des étangs,
couverts de barques, rafraîchissent d'imrncn- .
ses jardins plantés d'arbres nains, de Heurs
aromatiques et de leg'tmes. L'utile, en Chine,
lait toujours partie du luxe. Parmi les jar-
ùins. impériaux, celui des Mûriers n'est
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
CIII
103
L'entrée du puisard proprement dit, c'est-à-
dire du souterrain, s'ouvrait à deux pas du
poteau.
Au coup de sifflet, le révérend Patterson vit
une autre lueur surgir au fond de ce gouffre,
ou plutôt une succession de lueurs qui étaient
mobiles et s'agitaient en tous sens.
Il eut bien vite deviné ce que c'était.
C'étaient les mineurs, qui tous avaient une
Voir le numéro ûa J2 juin 1869.
lampe au front, et qui accouraient sans doute
à ce coup de sifflet comme à un signal.
Le galop infernal qui retentissait en haut,
au-dessus de lui, se rapprochait de plus en
plus de M. Patterson. , !
Et de même que plusieurs mineurs mon- i
taient des profondeurs du souterrain, le révé- j
rend comprit que plusieurs hommes à cheval j
étaient à sa poursuite. j
Son poney à lui s'était arrêté. j
L'autre flairait avec une sorte d'effroi le ca- j
davre de M. Scotowe. j
Les mineurs arrivèrent avant les hommes à |
cheval. ;
M. Patterson se vit entouré d'une douzaine 1
d'hommes nus jusqu'à la ceinture, ayant une .
lampe fixée au-dessus de leur tête par un j
anneau de fer. j
Ces hommes étaient noirs comme des dé-
mons et ils entourèrent M. Patterson qui était
descendu de cheval.
L'un d'eux, un géant, lui adressa la parole
en anglais : j
— Qui es-tu et queTais-tu ici? 1
— Je suis un voyageur égaré, dit le révé- !
rend. I
Ils se mirent tous à rire.
— N'es-tu pas plutôt un prisonnier fugitif? '
reprit le géant. i
M. Patterson lit un geste négatif; mais il j
n'eut même pas la force de parler.
11 avait levé la tête et il voyait maintenant .
les cavaliers qui le poursuivaient courir dans j
le cercle de lumière décrit par le fanal. j
Ils étaient au nombre de six, galopant deux i
par deux. j
M. Patterson reconnut à leur tête cet homme ,
qui était le chef de !a troupe à laquelle il avait ,
essayé d'échapper. ■
Les cavaliers arrivèrent el sautèrent leste- ,
ment à terre. j
Les mineurs saluèrent avec un respect qui ,
acheva de bouleverser M. Patterson. j
Alors le chef mit une main sur l'épaule du 1
révérend et lui dit :
— Vous êtes bon cavalier, mon révérend;
j mais vous avez peut-être eu tort de ne point
1 finir comme M, Scotowe.
M. Patterson frissonna.
— Ce pauvre Scotowe, poursuivît le chef, je
lui àvais pourtant non-seulement fait grâce de
la vie, mais je lui avais dit encore que je le
conduirais eu France aussitôt mes petites af-
faires terminées ici.
Tandis que le chef parlait, M. Patterson le
regardait avidement.
Il le regardait d'un air qui voulait dire :
— Il n'y a pourtant que l'homme gris qui
puisse parler ainsi, et je ne le reconnais pas
cependant.
Le chef comprit le sens de ce regard, et il se
mit à rire.
— Mon révérend, dit-il, je vois que vous ne
me remettez pas...
M. Patterson fit un pas en arrière.
— Oh ! cette voix ! dit-il.
— La voix de M. Burdett, ricana le chef.
! i Comment ne m'avez-vous pas reconnu déjà,
1 mon cher monsieur?
i Le révérend se redressa:
¡ ! — Eh bien ! dit-il, puisque c'est vous, car
vous changez de visage à volonté, hâtez-voua
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent, le numéro.
5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS.— * TROIGMOW
Paris à fr.
I)éparLenicuts 6 /^z Sk^\
ministl'atar'. fKmmDiLLiAT* ^ \
Bine année — S.'MSM 9 JUILLET 1870 — N° ID42
liêdactnwe* chef: A; DB BA.LATHIBR-BRAGEI.ON»S .
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, raofflronot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 8 JUILLET 1870
LA CHINE ET LES CHINOIS
I
Depuis quelques jours, l'intérêt est au-
delà des frontières': à Madrid, où les députés
espagnols se disposent à élire un roi, à Ber-
lin, où l'on patronne un des candidats à celle
royauté ; à Venise, où la foudre tombe sur
une poudrière; à Pékin, où les Chinois 1n-
surgés massacrent notre charge d air>L:t , j
notre consul, les membres de la légilLiuu"
les missionnaires, les sœurs de charité, tous
les Français résidant dans la capitale. Les
sinistres se multiplient, la guerre menace,
et, quand on entendra un roulement dans
le ciel de cet implacable été, on se deman-
dera ; — Est-ce la foudre ou le canon?
Les Cortès espagnols se réuniront le 22
et délibéreront, pendant qu'on interrogera,
a Blois, les accusés renvoyés devant la haute
Cour.
Joignez à cela la discussion du budget, la
question du pain, celle de la viande, celle de
l'élève des bestiaux, et vous demeurerez
comme interdit en présence (ie tous ces évé-
nements et de tous ces problèmes ainsi ac-
cumulés.
Le rôle de la petite presse en ces cir-
constances, se définit nettement : Nous ne
pouvons ni engager de discutions ni propo-
ser de nf.luLions; irris il nous appartient
d'exposer, de raconter, de raire connaître.
L'histoire, la géographie, la biographie se ni
de notre domaine, et le cercle de ce domai-e
est assez large pour que nous puissions y
faire entrer tous les hommes et tous les faits
contemporains.
*
I
Aujourd'hui, je vous parlerai de la Chine,
et demain, des Chinois.
La Chine n'est guère connue en Europe:
que depuis trois siècles. Sa popularité chez
nous date surtout des encyclopédistes et de
Voltaire. La mode, en ce temps-ià, était
d'opposer à nos préjugés et il notre folie la
science et la sagesse de nations lointaines,
auxquelles on prêtait commodément toutes j
les qualités qu'on tenait à vanter et toutes
les vertus dont le besoin se faisait sentir.
« Nous allons chercher à la Chine de la
terre comme si nous n'en avions pas, des
étoffes comme si nous manquions d'étoffes,
une petite herb ' pour infuser dans l'eau
comme si llijUS n avions pas de simples dans
nos climats. »
Après avoir parlé de la sorte, Voltaire
faisait l'éloge de Confuciu's, qu'il appelait
Coufutzée, ou plutôt Koung-tsée, précédant
ainsi M. Augustin Thierry et M. Leconte
de l'Isle dans la recherche des orthographes
primitives et efailgf\r!'S. Ce qui plaisait sur-
tout il VulLa:r.-, c'est que l'empereur Yocg-
Tohing avait expulsé les Jésuites de ses
lîlats. Je ne suis pas un grand parti-
511il des J(,silIL(,s, et je reconnais volontiers
qu'ils ont tort de s'occuper des affaires tem-
porelles de l'Europe; il est juste cependant
do' reconnaître que, s'ils ont jeté la discorde
et le trouble chez nous par esprit de secte,
ils ont porté en Amérique et en Asie les
principes d'une civilisation plus éclairée et
d'une m T ile plus pure que celles qui y
existaient avant eux.
C'est au récit des missionnaires que nous
devons la connaissance de l'extrême Orient..
Il faudrait un volume pour faire connaître,
môme imparfaitement, la Chine; nuis quel-
! ques traits principaux et saillants sutliro.'ii.
I pour en donner une idée.
Cet empire, le plus vaste et, le plus peuple
du monde, a 2 333 kilomètres de long et
2,168 de large. Sa superficie est de3,375,000
kilomètres carrer 17S millions d''hal)itant> j
s'agitant sur celle surfa."I'. Mais si 1 on ajoute j
\ la Chine pruprcmeni dite ips pays limi-
trophes et tributaires, on arrive à la formi-
dable étendue de 137,500 myriamètres carres
et à une population de 400 mi liions d âmes.
Devant de tels chiffres, 801 présence de
PSlWCl'S, à la penser d'nn pareil 'our-
tnii'emc'n! d'êtres humains, on est abasourdi,
on rêve des anciennes, invasions et l'on se
demanda ce que ferait celte masse d'hommes
jaunes, dont chacun en particulier nous fait
souri re, si elle s'avisait un jour cie qui!ter
ses plak-a:ix, de franchir l'immeDse muraille
qui la sépare du reste du monde, et de se
laisser rouler en avant. Qui résisterait a la
force de cette impulsion? Quelques régiments
anglais et français ont traversé la Chine, en
promenade militaire, sans trouver d'obsta-
cles sérieux sur leur passage. Les Chinois,
s'ils touchaient à l'Europe, ne la traverseraient
pas ; ils la couvriraient. Leur invasion res-
semblerait à celle des sauterelles : ils cache-
raient la terre, comme elles cachent le ciel.
Mais les Chinois ne cherchent pas à en-
vahir. Beaucoup d'entre eux émigrent, s'en
vont êrv Amérique, et c'est tout. Les autres
restent dans un pays privilégié, où la terre
est admirablement cultivée, où pas un pouce
de terrain n'est perdu, où l'on trouve en
abondance toutes les richesses.
Ce pays est divisé en i4 gouvernements
généraux, comprenant 138 préfectures de
Ve classe, 65 préfectures de 2e classe et 1450
sous-préfectures. 400 canaux facilitent les
communications entre les différentes villes
de l'empire. 21 routes, d'un- développement
de 10,000 kilomètres, se croisent sur le ter-
ritoire. On hésite encore à les remplacer par
fies chemins de fer. Mais les Russes et les
Anglais finiront par faire accepter les voies
ferrées aux Chinois, comme ils leur ont fait
accepter le télégraphe.
L'agriculture et l'industrie chinoises ont
atteint la perfection. La soierie est origi-
naire de la Chine. Les vernis, les laques, la
céruse, les toiles de coton, s'exportent de
Shang-liaï pour le monde entier. En 1863,
le commerce officiel extérieur de la Chine
s'est élevé à deux milliards, et la contre-
bande, donblait presque ce chiffre — as-
sure-l-on.
i *
Pékin, théâtre de l'insurrection et du j
massacre du 2i juin dernier, donne la no- i
tion la pins complète des villes chinoises.
Deux millions d'habitants vivent dans son
enceinte, qui, de loin, apparaît comme celle j
d'une forêt plutôt que d'une cité. Les Chi- j
nois sont les premiers jardiniers du monde j
et s'entourent d'arbres et de plantes, même j
lorsque leurs habitations sont entassées dans j
un espace restreint. i
Pékin a 45 kilomètres de circuit, et con-
tient trois \' ilks distinctes, renfermées rune
dans l'autre.
La ville exiérteure, celle qui se présente
la pL-cmiei'e: est habitée par les négociants,
les industriels, les artisans.
« Les maisons —dit M. Richard CorLam-
bert — y sont laides, délabrées, remplies
de marchandises; généralement, elles n'ont
qu'un étage. Les rues qu'elles bordent sont
irrégulières et non pavées ; mais l'affluence
des passants y est extrême; on se coudoie
de la manière la plus gênante; les palan-
quins, les hommes à cheval, les piétons cir-
culent avec difficulté entre les étalages qui
s'avancent devant les maisons et rétrécissent
encore des rues déjà si peu larges. Des
puits placés au milieu des voies gênent aussi
la circulation; l'air est infecté par l'odeur
qui s'exhale des égouts et des amas d'im-
mondices. Cependant, les boutiques présen-
tent un pittoresque effet, même par le grand
nombre de marchandises qui les encombrent.
Ne pouvant tout faire tenir chez eux, les
commerçants étalent leurs marchandises au
dehors de leurs boutiques, jusqu'à une es-
pèce de mât planté assez avant dans la rue,
et dont la hauteur surpasse celle des toits.
Ces mâts, enjolivés de dorures et de pein-
tures, vernis, pavoisés de banderoles el, de
rubans de toutes couleurs, portent des in-
scriptions en caractères dorés indiquant la
nature des marchandises. On voit, devant
les portes, un grand nombre de lanternes en
corne, en mousseline, en soie et en papier;
de formes très-variées... »
Une seule grande rue, — celle du Repos
perpétuel, — a 60 mètres de large. Les pla-
ces sont petites, étroites. Des arcs de triom-
phe s'élèvent à l'extrémité des voies. De dis-
tance en distance, s'ouvrent.des temples ma.-
gnifiques.
La ville intérieure forme un quadrilatère
au milieu de l'autre. Elle encadre la ville
impériale, qui renferme à son tour lu ville
rouge on ville interdite. C est là que résidé
l'empereur dans un palais au milieu d'un
lac.
Ce palais a été décrit par un jésuite fran-
çais, — le père Astifir.
On y trouve l'art oriental à son apogée,
sans idéal, bans simplicité, sans grandeur,
mais ornementé, bariolé, bizarre, d'une ri-
chesse fantastique. L'or, les pierreries y
frapper t les yeux à chaque pas. Des étangs,
couverts de barques, rafraîchissent d'imrncn- .
ses jardins plantés d'arbres nains, de Heurs
aromatiques et de leg'tmes. L'utile, en Chine,
lait toujours partie du luxe. Parmi les jar-
ùins. impériaux, celui des Mûriers n'est
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
CIII
103
L'entrée du puisard proprement dit, c'est-à-
dire du souterrain, s'ouvrait à deux pas du
poteau.
Au coup de sifflet, le révérend Patterson vit
une autre lueur surgir au fond de ce gouffre,
ou plutôt une succession de lueurs qui étaient
mobiles et s'agitaient en tous sens.
Il eut bien vite deviné ce que c'était.
C'étaient les mineurs, qui tous avaient une
Voir le numéro ûa J2 juin 1869.
lampe au front, et qui accouraient sans doute
à ce coup de sifflet comme à un signal.
Le galop infernal qui retentissait en haut,
au-dessus de lui, se rapprochait de plus en
plus de M. Patterson. , !
Et de même que plusieurs mineurs mon- i
taient des profondeurs du souterrain, le révé- j
rend comprit que plusieurs hommes à cheval j
étaient à sa poursuite. j
Son poney à lui s'était arrêté. j
L'autre flairait avec une sorte d'effroi le ca- j
davre de M. Scotowe. j
Les mineurs arrivèrent avant les hommes à |
cheval. ;
M. Patterson se vit entouré d'une douzaine 1
d'hommes nus jusqu'à la ceinture, ayant une .
lampe fixée au-dessus de leur tête par un j
anneau de fer. j
Ces hommes étaient noirs comme des dé-
mons et ils entourèrent M. Patterson qui était
descendu de cheval.
L'un d'eux, un géant, lui adressa la parole
en anglais : j
— Qui es-tu et queTais-tu ici? 1
— Je suis un voyageur égaré, dit le révé- !
rend. I
Ils se mirent tous à rire.
— N'es-tu pas plutôt un prisonnier fugitif? '
reprit le géant. i
M. Patterson lit un geste négatif; mais il j
n'eut même pas la force de parler.
11 avait levé la tête et il voyait maintenant .
les cavaliers qui le poursuivaient courir dans j
le cercle de lumière décrit par le fanal. j
Ils étaient au nombre de six, galopant deux i
par deux. j
M. Patterson reconnut à leur tête cet homme ,
qui était le chef de !a troupe à laquelle il avait ,
essayé d'échapper. ■
Les cavaliers arrivèrent el sautèrent leste- ,
ment à terre. j
Les mineurs saluèrent avec un respect qui ,
acheva de bouleverser M. Patterson. j
Alors le chef mit une main sur l'épaule du 1
révérend et lui dit :
— Vous êtes bon cavalier, mon révérend;
j mais vous avez peut-être eu tort de ne point
1 finir comme M, Scotowe.
M. Patterson frissonna.
— Ce pauvre Scotowe, poursuivît le chef, je
lui àvais pourtant non-seulement fait grâce de
la vie, mais je lui avais dit encore que je le
conduirais eu France aussitôt mes petites af-
faires terminées ici.
Tandis que le chef parlait, M. Patterson le
regardait avidement.
Il le regardait d'un air qui voulait dire :
— Il n'y a pourtant que l'homme gris qui
puisse parler ainsi, et je ne le reconnais pas
cependant.
Le chef comprit le sens de ce regard, et il se
mit à rire.
— Mon révérend, dit-il, je vois que vous ne
me remettez pas...
M. Patterson fit un pas en arrière.
— Oh ! cette voix ! dit-il.
— La voix de M. Burdett, ricana le chef.
! i Comment ne m'avez-vous pas reconnu déjà,
1 mon cher monsieur?
i Le révérend se redressa:
¡ ! — Eh bien ! dit-il, puisque c'est vous, car
vous changez de visage à volonté, hâtez-voua
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