Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-09-16
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 septembre 1868 16 septembre 1868
Description : 1868/09/16 (A3,N881). 1868/09/16 (A3,N881).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717883z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
£ JOURNAL QUOTIDIEN
Il rcat. le numéro
5 cent. le iftwiéro
ABONNEMENTS.— Trois mors. Six'mois. ' On an.
Paris 5 fr. ©' fr. « ; ii.s fo
. Départements.. 6 11 et , ,~
Administrateur: E. DELSÀUY-, ! ;•
S" trniée. - MERCREDI 46 SEPTEMBRE I8G8. — «• .88.1
1 1
Directeur-Propriétaire : Jan^in.
Rédacteur en chef : .A, DE Balathier-Bû'agelonnjs.
Bureau^ D'abonnement : 9. B»m,O Bj'Sja©*. -
1 Administration : 13, placj Bred'a.
PARIS, 15 SEPTEMBRE 1868.
NICOLAS PELLERIN
L'IMAGERIE D'ÉPINAL
Je tiens à débuter par «n ctief-d'œuvre, et
Remprunte la description d'Epinal au poëme
'descriptif de M* A. Bastide, notaire (1838).
ÉPINAL
Epinal, dont l'image égaye ma rétine, ' '
S'allonge en serpentant au bas d'une colline,
Dont les versants fleuris déroulent un tableau, '
Digne dé l'amateur au délicat pinceau.
Une plaine exiguë, ombragée et fertile,
Forme un cadre riant à cette étroite ville;
Et plus loin, les coteaux, ornés d'un vers taillis,
Font de ses lieux char.r.ants un séduisant pays;
A ce panorama qu'uri doux rayon éclaire,
Joignons les lourds clochers et la tour en calcaire,
. Les monuments publics, beaux et majestueux,
Qui par leur grandiose étonnent tous les yeux.
Arrêtons-nous aussi sur la vaste esplanade,
Que présente lé Cours, joyeuse promenade ;
Semblable à l'Elysée, on croirait vraiment bien
Voir les grands dômes frais du si te Pari sien ;
Ses verdoyants massifs et ses épais ombrages,
Sont l'attrait du beau sexe et flattent tous les âges...
Sur six points réguliers aboutissent les rues
Qui présentent à l'œil de larges avenues;
tous ces gais alentours se montrent commerçants;
Des magasins à luxe arrêtent les passants.
Là, c'est un lithographe étalant ses images,
Où la caricature égayé tous les âges;
Ici, c'est un joaillier ruisselant-de bijoux,
Qui flattent le beau sexe etlÈS"jÔyetix époux-;
Tout près brille la mode aux formes élégantes,
Qui captive les goûts de nos beautés charmantes;
Ailleurs, c'est un marchand de mille nouveautés,
Dont le t'axe, sourit à nos yeux enchantés;
On voit aussi l'endroit où se fait l'étalage j
Des plébéiens tableaux ou la grotesque image :
Qu'ici I'univcrsc'1 et digne Pellerin
soit noblement cité ; gloire à son vieux burin !...
Ce Pellerin, dont les caricatures avaient le
privilège d'égayer maître Rastide, est tout
simplement, un grand homme. Il a eu l'hon-
neur de fonder avec son beau-frère, Pierre-
Germain Vadet, l'imagerie populaire fran-
çaise.
Avant 1789, il n'existait, à Epinal, qu'une
imprimerie, celle de Mmes Vautrin, sœurs.
I n libraire de la ville, M.-Charles Pellerin,
J obtint d'en établir une seconde. M. Pellerin
j éditait les complaintes en vogue. Une fois
'imprimeur, il imagina de placer, en tête de
. ,C,,éb complaintes, une gravure informe en re-
^$sentant le principal motif, et, comme il
- .faisait colorier des cartes à jouer, il se dit :
jL- Pourquoi n'enluminerais-je. pas d'un ou
J deux tons les gravures de mes complaintes?
L'industrie du bonhomme prospéra, mais
sans tambour et dans un petit cercle, jusqu'en
1817. A cette époque, un ancien officier de
l'Empire, le frère d'un des grands partisans
de 1815, Pierre-Germain Vadet, épousa la
fille de Charles Pellerin.
Vadet avait eu une jambe emportée à Ess-
ITng par un boulel de canon. Obligé de quitter i
le service, il avait été nommé entrepreneur de 1
tabacs à Remiremont par l'Empire,et destitué i
parla Restauration. Rentré dans la vie pri- 1
vée, ce brave soldat vint s'établir à Epinal.-
Les hommes sont de leur temps. Celui-là, <
comme Béranger, associait dansson esprit les 1
idées .libérales aux souvenirs glorieux de la i
République et de l'Empire. Aussitôt qu'il' fut
allié à la famille Pellerin, il résolut de'faire, i
de la petite librairie Vosgienne, un cpntre <
d'opposition contre le gouvernement des î
Bourbons. Dans ce but, il s'associa, en 1819,
avec son beau-frère Nicolas Pellerin. Ce der- i
nier prit pour sa part l'imprimerie; M. Vadet f
se' réserva les complaintes. De celte asso- (
dation sortit l'imagerie d Ep'nal. (
Je ne vous énumérerai pas tous ces chefs-
d'œuvre : Geneviève de Brabant, Le Juif- 1
Errant, le Petit Poucet, Napoléon Ier, les vo- f
leurs fameux et les généraux célèbres. Tous, c
dans notre ' enfance, nous avons. passé de r
bonnes heures sur ces légendes patriotiques
et pittoresques. Nous en avons gardé la mé- a
moire, et nous achetons encore, pour nos pe- B
tits garçons et nos petites filles, les images t
enluminées de la maison Pellerin. Allez chez r
les Peaux-Rouges, chez les Esquimaux, chez C
les Nègres; partout vous trouverez l'influence d
française, nos traditions religieuses et nos
souvenirs historiques, représentés et cloués tl
aux parois des maisons de bois, des cabanes f:
et des huttes. L'homme au petit chapeau et à d
la redingote grise ne doit pas sa gloire aux P
imagiers d'Epinal, mais sa dynastie lui doit d
une bor.ne part de sa popularité.
« Les images .d'un sou, dit M. Emdond
About, peuvent devenir un admirable instru-
ment de progrès. Le dessinent une langue
universelle et une langue que les illettrés eux- r
mêmes savent liré. Qui peut dire de quels élé- t
ments 90 compose la volonté d'un peuple?
Quand histoire analysera tel scrutin, telle ex-
plosion-du suffrage universel, il sera constaté
qu'un ïfcfrain populaire et une image d'un
sou ont fait plus,de besogne que tcus les ar-
gumente la politique. L'homme ne crée
pas les forces ; mais, lorsqu'il en a découvert
une, comme l'électricité, la vapeur et la pou-
dre, il au bieiul/imagerie populaire est une force. »
» ■.
'
" DepmsfSfG, la maison Péllerin n'a 'fait
que graifflir. Sous la Restauration, la vente
de ses'produits se faisait par les colporteurs,
qui lui- adressaient leurs demandes de tous
les points de l'Europe.
En 1836, un neveu de M. Vadet, aujour-
d'hui éditeur à Paris, 'se mit à voyager pour
la maison, et fit prendre à son commerce un
nouveau développement.
Gr&eb à lui, les libraires, les papetiers, les
merciers, et même les épiciers, reçurent ides
dépôts, et la vente, d'accidentelle, devint per-
manente.
Joignez à ces efforts les progrès de l'image-
rie elle-même. Les images, coloriées autre-
fois par un ou deux tons, en ont maintenant
de six: à huit et parfois dix, au moyen des
couleurs superposées.
iOn eompte aujourd'hui six fabriques im-
portantes dans l'Est,-qui toutes rivalisent
par la beaitté de leur dessin, la belle exéculion
de-tetv ,£rilurûinùre, la vivacité de leur colo-
ris, a& surtout le choix des sujets.
MM. Pellerin et Vadet ont, il y a douze
ans, cédé leurs établissements à leur fils,
M. Charles Pellerin, et à leur gendre, M. Lc-
tourneur-Dubreuil; mais la raison sociale est
restée la même, et le grand nom Pellerin et
Compagnie continue sa tournée triomphale
dans les familles et dans les écoles.
Imagerie, papiers peints, cartes à jouer,
toutes les spécialités sont abordées par ces
fabricants modestes et hardis, qui occupent
deux cents ouvriers dans leurs ateliers et ré-
pandent par le inonde entier des notions
d'instruction populaire.
Nicolas Pellerin vient de mourir. C'était
un vieillard doux, tranquille, à l'aspect bon-
homme, que ses amis appelaient Coco, et ses 1
—
voisins l'inspecteur des mines. Très-observa-
, teur, en effet, il aimait à causer, at étudier Ièaf
caractères, à voir se révéler les gens dans 1$
commerce familier de sa petite ville. 'Sa pipe
à la bouche, il flânait, glanant des médisancies'.
et semant des bonnes oeuvres sur son passage.
Né à Epinal, il y est mort sans en être jamais
sorti. C'était un de ces bourgeois du tiers-état
qui font croire aux capitales de la Province.
Son "beau-frère et son ami, Germain Va-
det, est encore solide, malgré ses ¡qualre-
vingt-un ans et sa j'ambe de liége. En 1830, on
voulut absolument lui savoir gré.de son libé-
ralisme et de son opposition. On 'lui offrit • une
belle plaçe qu'il refusa en souriant. Le conseil
municipal suffit à son ambition. Quant à la
part de la vanité humaine, elle est faite par
la vieille croix de chevalier, gagnée il ya
57 ans sur le Danube. Une fois par an il écrit
à son neveu, l'éditeur de Paris, et il ne man-
que jamais de signer, avec une gloriole en-
fantine : « Ton oncle, né en 1787. » ' 1
Je ne sais si vous pensez comme moi, chers
lecteurs, mais-je trouve que rien n'est plus
digne et plus touchant que ces existences ac-
tives, utiles et relativement obscures, qui
tiennéht au peuple par la simplicité de leurs
mœurs et la nature de leur industrie.
TONY RÉVILLON.
TONY RÉVILLON. Fête internationale littéraire de Saint-Rémy
Correxpondarice particulière de la Petite Presse :
J'ai clos mon courrier, hier, au moment où le
cortège fait aux poë'.es Catalans ét Provençaux,
après une promenade offlciêtle, se rendait au
banquet.
Partout sur son passage ce cortège a reçu le
bon accueil de la foule, de la foule joyeuse,
émue, satisfaisante.
Le ciel, moins souriant que les belles chattes
de Saint-Rémy, n'a pas gardé sa face joyeuse et
l'éclatant soleil de la veille s'est caché sous d'é-
pais nuages qui ont fondu un instant après.
La salle du banquet était large, spacieuse et
trois longues tables di-posées en fer à cheval
n'ayant pas suffi à recevoir tous les invités,, une
quatrième table a été dressée encore au milieu.
Des guirlandes de buis se déroulent tout
autour et les grands noms des littérateurs espa-
gnols et français, catalans et provençaux sont
écrits sur des tartouches; ça et-là des devises
et des sentences sont également écrites sur les
murs. La plus jolie de ces devises est une para-
phrase du mot de Louis XIV :
Les peuples amis ont changé les chaines de
montagnes en chaînes de fleurs.
Le plus grand entrain règne parmi les convi-
ves qui ont à faire honneur .à un festin digne
de Lucullus.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess="" PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
IV
La trappe résista d'abord..Puis elle oscilla
légèrement ; puis une nouvelle attaque plus vi-
goureuse la souleva d'environ trois pouces et
elle retomba.
Alors M. de la Roche-Maubert eut peur de
son succès.
Qui sait si on n'avait pas entendu tout ce va-
carme,et si au moment où il croyait avoir trouvé
un moyen de fuite, le chevalier d'Esparron
Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
n'allait pas apparaître suivi de deux ou trois la-
quais qui se jetteraient sur lui, le garroteraient
et le changeraient de cachot?
L'amour de la liberté donne à l'homme l'ins-
tinct et les ruses de certaines bêtes fauves pri-
ses au piège.
Le marquis savait maintenant une chose, c'est
que la trappe se soulèverait tout à fait quand il
ferait un grand et suprême effort.
Il reposa la pierre à It place où il l'avait prise,
alla se coucher sur son grabat et attendit.
D > deux choses l'une : ou l'oa avait entendu
les cours frappés contre la trappe, ou le bruit
n'était pas parvenu à ses geôliers.-
Dans le premier cas, on ne pouvait tarder à
descendre.
Dans le second, le marquis aurait toujours le
temps de recommencer sa tentative d'évasion.
Il attendit donc ; et bien que son cœur battit
violemment, il passa près de deux heures cou-
ché sur son lit, prêtant l'oreille au moindre
bruit.
Un silence de mort régnait dans la cage et
dans l'escalier.
Le marquis pensa que peut-être Janine et le
chevalier avaient déserté la maison.
Et c'était assez probable, s'il songeait qu'on
lui avait apporté des provisions pour plusieurs
jours et une lime qui devait lui servir à recon-
quérir lentement sa liberté.
M de la "Roche-Maubert ayant fait ces ré-
flexions, n'hésita plus.
Nous l'avons dit, le ptefond du cachot était
si bas q)M le marquis le touchait de la tête quand
il fe tenait debout.
Il eut arors une autre idée.
Au lieu de reprendre. la pierre à deux mains
et de s'en servir pour battre la trappe ert.
brèche, il la traîna sur le sol, verticalement au-
dessous. J
Puis il s'en servit comme d'un marchepied et
se courbant, il arebouta ses épaules contre la
trappe.
On sait que Je marquis était robuste.
C'était bien un de ces Normands de hau'e
taille, aux épaules carrées, aux bras musculeux,
qui descendent des compagnons de Guillaume
le Conquérant, et qui semblent être nés pour la
bataille éternelle.
Et puis le marquis avait soif de liberté, soif
de vengeance, et haïssait d'autant plus Janine
qu'elle aimait le jeune et brave chevalier d'Es-
parron.
Pareil à Samson qui, sentant repousser sa
chevelure, renversa d'un coup d'épaule les pi-
liers de la salle qu'emplissaient les Phil'stins.
le marquis fit un effort gigantesque, et la trappe
ne retomba point et demeura ouverte.
Le marquis se baissa alors et prit la chandelle
qu'il avait laissée à terre.
Puis il l'éleva au-dessus de sa tête, pour
explorer la cavité qu'il venait de mettre à dé-
couvert.
Il reconnue alors une sorte de corridor su-
périeur, dont l'extrémité se perdait dans les
ténèbres.
Le marquis ne pouvait plus hésiter.
Il laissa la chandelle au-bord de la trappe,
mit la lime dans sa poche, se suspendit par les
mains, comme un gymnaste qui fait son trapèze,
et se hissa jusqu'au plancher supérieur.
Il se trouvait maintenait dans le corridor
dont la chandelle était impuissante à éclairer
l'extrémité.
Mais une fois debout dans le corridor, le mar-
quis était libre relativement.
Où était-il ? peu lui importait 1 il n'était plus
dans cette cage où il avait passé de longues
heures de rage et de désespoir, et c'était l'es-
sentiel.
Comme on le pense bien, il n'avait plus ni
épée, ni pistolets ; et son arme unique, était
cette petite lime que Janine lui avait jetée au
travers des barreaux.
Mais il avait au bout de - ses bras robustes daa
£ JOURNAL QUOTIDIEN
Il rcat. le numéro
5 cent. le iftwiéro
ABONNEMENTS.— Trois mors. Six'mois. ' On an.
Paris 5 fr. ©' fr. « ; ii.s fo
. Départements.. 6 11 et , ,~
Administrateur: E. DELSÀUY-, ! ;•
S" trniée. - MERCREDI 46 SEPTEMBRE I8G8. — «• .88.1
1 1
Directeur-Propriétaire : Jan^in.
Rédacteur en chef : .A, DE Balathier-Bû'agelonnjs.
Bureau^ D'abonnement : 9. B»m,O Bj'Sja©*. -
1 Administration : 13, placj Bred'a.
PARIS, 15 SEPTEMBRE 1868.
NICOLAS PELLERIN
L'IMAGERIE D'ÉPINAL
Je tiens à débuter par «n ctief-d'œuvre, et
Remprunte la description d'Epinal au poëme
'descriptif de M* A. Bastide, notaire (1838).
ÉPINAL
Epinal, dont l'image égaye ma rétine, ' '
S'allonge en serpentant au bas d'une colline,
Dont les versants fleuris déroulent un tableau, '
Digne dé l'amateur au délicat pinceau.
Une plaine exiguë, ombragée et fertile,
Forme un cadre riant à cette étroite ville;
Et plus loin, les coteaux, ornés d'un vers taillis,
Font de ses lieux char.r.ants un séduisant pays;
A ce panorama qu'uri doux rayon éclaire,
Joignons les lourds clochers et la tour en calcaire,
. Les monuments publics, beaux et majestueux,
Qui par leur grandiose étonnent tous les yeux.
Arrêtons-nous aussi sur la vaste esplanade,
Que présente lé Cours, joyeuse promenade ;
Semblable à l'Elysée, on croirait vraiment bien
Voir les grands dômes frais du si te Pari sien ;
Ses verdoyants massifs et ses épais ombrages,
Sont l'attrait du beau sexe et flattent tous les âges...
Sur six points réguliers aboutissent les rues
Qui présentent à l'œil de larges avenues;
tous ces gais alentours se montrent commerçants;
Des magasins à luxe arrêtent les passants.
Là, c'est un lithographe étalant ses images,
Où la caricature égayé tous les âges;
Ici, c'est un joaillier ruisselant-de bijoux,
Qui flattent le beau sexe etlÈS"jÔyetix époux-;
Tout près brille la mode aux formes élégantes,
Qui captive les goûts de nos beautés charmantes;
Ailleurs, c'est un marchand de mille nouveautés,
Dont le t'axe, sourit à nos yeux enchantés;
On voit aussi l'endroit où se fait l'étalage j
Des plébéiens tableaux ou la grotesque image :
Qu'ici I'univcrsc'1 et digne Pellerin
soit noblement cité ; gloire à son vieux burin !...
Ce Pellerin, dont les caricatures avaient le
privilège d'égayer maître Rastide, est tout
simplement, un grand homme. Il a eu l'hon-
neur de fonder avec son beau-frère, Pierre-
Germain Vadet, l'imagerie populaire fran-
çaise.
Avant 1789, il n'existait, à Epinal, qu'une
imprimerie, celle de Mmes Vautrin, sœurs.
I n libraire de la ville, M.-Charles Pellerin,
J obtint d'en établir une seconde. M. Pellerin
j éditait les complaintes en vogue. Une fois
'imprimeur, il imagina de placer, en tête de
. ,C,,éb complaintes, une gravure informe en re-
^$sentant le principal motif, et, comme il
- .faisait colorier des cartes à jouer, il se dit :
jL- Pourquoi n'enluminerais-je. pas d'un ou
J deux tons les gravures de mes complaintes?
L'industrie du bonhomme prospéra, mais
sans tambour et dans un petit cercle, jusqu'en
1817. A cette époque, un ancien officier de
l'Empire, le frère d'un des grands partisans
de 1815, Pierre-Germain Vadet, épousa la
fille de Charles Pellerin.
Vadet avait eu une jambe emportée à Ess-
ITng par un boulel de canon. Obligé de quitter i
le service, il avait été nommé entrepreneur de 1
tabacs à Remiremont par l'Empire,et destitué i
parla Restauration. Rentré dans la vie pri- 1
vée, ce brave soldat vint s'établir à Epinal.-
Les hommes sont de leur temps. Celui-là, <
comme Béranger, associait dansson esprit les 1
idées .libérales aux souvenirs glorieux de la i
République et de l'Empire. Aussitôt qu'il' fut
allié à la famille Pellerin, il résolut de'faire, i
de la petite librairie Vosgienne, un cpntre <
d'opposition contre le gouvernement des î
Bourbons. Dans ce but, il s'associa, en 1819,
avec son beau-frère Nicolas Pellerin. Ce der- i
nier prit pour sa part l'imprimerie; M. Vadet f
se' réserva les complaintes. De celte asso- (
dation sortit l'imagerie d Ep'nal. (
Je ne vous énumérerai pas tous ces chefs-
d'œuvre : Geneviève de Brabant, Le Juif- 1
Errant, le Petit Poucet, Napoléon Ier, les vo- f
leurs fameux et les généraux célèbres. Tous, c
dans notre ' enfance, nous avons. passé de r
bonnes heures sur ces légendes patriotiques
et pittoresques. Nous en avons gardé la mé- a
moire, et nous achetons encore, pour nos pe- B
tits garçons et nos petites filles, les images t
enluminées de la maison Pellerin. Allez chez r
les Peaux-Rouges, chez les Esquimaux, chez C
les Nègres; partout vous trouverez l'influence d
française, nos traditions religieuses et nos
souvenirs historiques, représentés et cloués tl
aux parois des maisons de bois, des cabanes f:
et des huttes. L'homme au petit chapeau et à d
la redingote grise ne doit pas sa gloire aux P
imagiers d'Epinal, mais sa dynastie lui doit d
une bor.ne part de sa popularité.
« Les images .d'un sou, dit M. Emdond
About, peuvent devenir un admirable instru-
ment de progrès. Le dessinent une langue
universelle et une langue que les illettrés eux- r
mêmes savent liré. Qui peut dire de quels élé- t
ments 90 compose la volonté d'un peuple?
Quand histoire analysera tel scrutin, telle ex-
plosion-du suffrage universel, il sera constaté
qu'un ïfcfrain populaire et une image d'un
sou ont fait plus,de besogne que tcus les ar-
gumente la politique. L'homme ne crée
pas les forces ; mais, lorsqu'il en a découvert
une, comme l'électricité, la vapeur et la pou-
dre, il
» ■.
'
" DepmsfSfG, la maison Péllerin n'a 'fait
que graifflir. Sous la Restauration, la vente
de ses'produits se faisait par les colporteurs,
qui lui- adressaient leurs demandes de tous
les points de l'Europe.
En 1836, un neveu de M. Vadet, aujour-
d'hui éditeur à Paris, 'se mit à voyager pour
la maison, et fit prendre à son commerce un
nouveau développement.
Gr&eb à lui, les libraires, les papetiers, les
merciers, et même les épiciers, reçurent ides
dépôts, et la vente, d'accidentelle, devint per-
manente.
Joignez à ces efforts les progrès de l'image-
rie elle-même. Les images, coloriées autre-
fois par un ou deux tons, en ont maintenant
de six: à huit et parfois dix, au moyen des
couleurs superposées.
iOn eompte aujourd'hui six fabriques im-
portantes dans l'Est,-qui toutes rivalisent
par la beaitté de leur dessin, la belle exéculion
de-tetv ,£rilurûinùre, la vivacité de leur colo-
ris, a& surtout le choix des sujets.
MM. Pellerin et Vadet ont, il y a douze
ans, cédé leurs établissements à leur fils,
M. Charles Pellerin, et à leur gendre, M. Lc-
tourneur-Dubreuil; mais la raison sociale est
restée la même, et le grand nom Pellerin et
Compagnie continue sa tournée triomphale
dans les familles et dans les écoles.
Imagerie, papiers peints, cartes à jouer,
toutes les spécialités sont abordées par ces
fabricants modestes et hardis, qui occupent
deux cents ouvriers dans leurs ateliers et ré-
pandent par le inonde entier des notions
d'instruction populaire.
Nicolas Pellerin vient de mourir. C'était
un vieillard doux, tranquille, à l'aspect bon-
homme, que ses amis appelaient Coco, et ses 1
—
voisins l'inspecteur des mines. Très-observa-
, teur, en effet, il aimait à causer, at étudier Ièaf
caractères, à voir se révéler les gens dans 1$
commerce familier de sa petite ville. 'Sa pipe
à la bouche, il flânait, glanant des médisancies'.
et semant des bonnes oeuvres sur son passage.
Né à Epinal, il y est mort sans en être jamais
sorti. C'était un de ces bourgeois du tiers-état
qui font croire aux capitales de la Province.
Son "beau-frère et son ami, Germain Va-
det, est encore solide, malgré ses ¡qualre-
vingt-un ans et sa j'ambe de liége. En 1830, on
voulut absolument lui savoir gré.de son libé-
ralisme et de son opposition. On 'lui offrit • une
belle plaçe qu'il refusa en souriant. Le conseil
municipal suffit à son ambition. Quant à la
part de la vanité humaine, elle est faite par
la vieille croix de chevalier, gagnée il ya
57 ans sur le Danube. Une fois par an il écrit
à son neveu, l'éditeur de Paris, et il ne man-
que jamais de signer, avec une gloriole en-
fantine : « Ton oncle, né en 1787. » ' 1
Je ne sais si vous pensez comme moi, chers
lecteurs, mais-je trouve que rien n'est plus
digne et plus touchant que ces existences ac-
tives, utiles et relativement obscures, qui
tiennéht au peuple par la simplicité de leurs
mœurs et la nature de leur industrie.
TONY RÉVILLON.
TONY RÉVILLON. Fête internationale littéraire de Saint-Rémy
Correxpondarice particulière de la Petite Presse :
J'ai clos mon courrier, hier, au moment où le
cortège fait aux poë'.es Catalans ét Provençaux,
après une promenade offlciêtle, se rendait au
banquet.
Partout sur son passage ce cortège a reçu le
bon accueil de la foule, de la foule joyeuse,
émue, satisfaisante.
Le ciel, moins souriant que les belles chattes
de Saint-Rémy, n'a pas gardé sa face joyeuse et
l'éclatant soleil de la veille s'est caché sous d'é-
pais nuages qui ont fondu un instant après.
La salle du banquet était large, spacieuse et
trois longues tables di-posées en fer à cheval
n'ayant pas suffi à recevoir tous les invités,, une
quatrième table a été dressée encore au milieu.
Des guirlandes de buis se déroulent tout
autour et les grands noms des littérateurs espa-
gnols et français, catalans et provençaux sont
écrits sur des tartouches; ça et-là des devises
et des sentences sont également écrites sur les
murs. La plus jolie de ces devises est une para-
phrase du mot de Louis XIV :
Les peuples amis ont changé les chaines de
montagnes en chaînes de fleurs.
Le plus grand entrain règne parmi les convi-
ves qui ont à faire honneur .à un festin digne
de Lucullus.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess="" PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
IV
La trappe résista d'abord..Puis elle oscilla
légèrement ; puis une nouvelle attaque plus vi-
goureuse la souleva d'environ trois pouces et
elle retomba.
Alors M. de la Roche-Maubert eut peur de
son succès.
Qui sait si on n'avait pas entendu tout ce va-
carme,et si au moment où il croyait avoir trouvé
un moyen de fuite, le chevalier d'Esparron
Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
n'allait pas apparaître suivi de deux ou trois la-
quais qui se jetteraient sur lui, le garroteraient
et le changeraient de cachot?
L'amour de la liberté donne à l'homme l'ins-
tinct et les ruses de certaines bêtes fauves pri-
ses au piège.
Le marquis savait maintenant une chose, c'est
que la trappe se soulèverait tout à fait quand il
ferait un grand et suprême effort.
Il reposa la pierre à It place où il l'avait prise,
alla se coucher sur son grabat et attendit.
D > deux choses l'une : ou l'oa avait entendu
les cours frappés contre la trappe, ou le bruit
n'était pas parvenu à ses geôliers.-
Dans le premier cas, on ne pouvait tarder à
descendre.
Dans le second, le marquis aurait toujours le
temps de recommencer sa tentative d'évasion.
Il attendit donc ; et bien que son cœur battit
violemment, il passa près de deux heures cou-
ché sur son lit, prêtant l'oreille au moindre
bruit.
Un silence de mort régnait dans la cage et
dans l'escalier.
Le marquis pensa que peut-être Janine et le
chevalier avaient déserté la maison.
Et c'était assez probable, s'il songeait qu'on
lui avait apporté des provisions pour plusieurs
jours et une lime qui devait lui servir à recon-
quérir lentement sa liberté.
M de la "Roche-Maubert ayant fait ces ré-
flexions, n'hésita plus.
Nous l'avons dit, le ptefond du cachot était
si bas q)M le marquis le touchait de la tête quand
il fe tenait debout.
Il eut arors une autre idée.
Au lieu de reprendre. la pierre à deux mains
et de s'en servir pour battre la trappe ert.
brèche, il la traîna sur le sol, verticalement au-
dessous. J
Puis il s'en servit comme d'un marchepied et
se courbant, il arebouta ses épaules contre la
trappe.
On sait que Je marquis était robuste.
C'était bien un de ces Normands de hau'e
taille, aux épaules carrées, aux bras musculeux,
qui descendent des compagnons de Guillaume
le Conquérant, et qui semblent être nés pour la
bataille éternelle.
Et puis le marquis avait soif de liberté, soif
de vengeance, et haïssait d'autant plus Janine
qu'elle aimait le jeune et brave chevalier d'Es-
parron.
Pareil à Samson qui, sentant repousser sa
chevelure, renversa d'un coup d'épaule les pi-
liers de la salle qu'emplissaient les Phil'stins.
le marquis fit un effort gigantesque, et la trappe
ne retomba point et demeura ouverte.
Le marquis se baissa alors et prit la chandelle
qu'il avait laissée à terre.
Puis il l'éleva au-dessus de sa tête, pour
explorer la cavité qu'il venait de mettre à dé-
couvert.
Il reconnue alors une sorte de corridor su-
périeur, dont l'extrémité se perdait dans les
ténèbres.
Le marquis ne pouvait plus hésiter.
Il laissa la chandelle au-bord de la trappe,
mit la lime dans sa poche, se suspendit par les
mains, comme un gymnaste qui fait son trapèze,
et se hissa jusqu'au plancher supérieur.
Il se trouvait maintenait dans le corridor
dont la chandelle était impuissante à éclairer
l'extrémité.
Mais une fois debout dans le corridor, le mar-
quis était libre relativement.
Où était-il ? peu lui importait 1 il n'était plus
dans cette cage où il avait passé de longues
heures de rage et de désespoir, et c'était l'es-
sentiel.
Comme on le pense bien, il n'avait plus ni
épée, ni pistolets ; et son arme unique, était
cette petite lime que Janine lui avait jetée au
travers des barreaux.
Mais il avait au bout de - ses bras robustes daa
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