Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-09-15
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 septembre 1868 15 septembre 1868
Description : 1868/09/15 (A3,N880). 1868/09/15 (A3,N880).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717882j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETIT PRESSE
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5 ceal le, muityo ~ .. ..~ :., ~, " 1 ||
:: : ,- JOURNAL QUOTIDIEN 1 ,
. 1 . .^V Sfe.:.çéHVÔÏc\/"ïr^2icro
A?>0NXEM'F.XTS". —: Trois mois.- Six mi-,' Un M.
Par:......'..... " 5 fr. » ir. fi» fr.
Départements .. G ' il *'..." !
Administrateur i E. Delsaux.
amo année. .. MARDI 45 SEPTEMBRE 4868. - «• «80
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] " * ; • Directeur-Proprîctâi^. ? JÀVtt ï'jnJ ' ^"
Rédacteur en chef : A. dé H ifeft l¥îtà,i!^!0i&Ws«<
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BUREAUX d'abonnement :.9, rue
Administratiom : 13, place, B ..
PARIS, 14 SEPTEMBRE 1868
LA MAISON N° 60
DU BOULEVARD RICHARD LENOIR
Cette maison, inconnue aujoùrïï*trnTr^era
célèbre dans trois mois, car, du matin nu soir,
un grand va et vient de voitures la recom-
mandera à l'attention des passants. En outre,
son adresse est de celles que tout le monde
doit savoir.
C'est la nouvelle adresse des Pompes Funè-
bres de Paris.
Les Pompes'ftinèbres, - boulevard Lenoir!
Balzac, qui croyait à la fatalité des noms, eût
'elevé ce rapprochement...
Avant 1789, les officiers publics chargés du
soin de régler les funérailles s'appelaient
Crieurs de corps et de vins. Il y a toujours en
des ironies dans les choses de la mort.
Ces officiers présidaient à l'enlèvement des
Corps, criaient les vins, les légumes et les
viandes sur les marchés, et dans les carrefours
les enfants et les chiens perdus.
. Les cérémonies funèbres étaient d'une
grande simplicité.
Pas de milieu entre le faste des grands
enterrements, la. nudité et l'abandon des
petits.
Les corps, pris fi 'domicile, étaient. trans-
pOILs dans des voitures communes disposée
pour recevoir cinq ou six hières; on pinçait
'.es indigents décédés dans des cercueils ba-
naux, et, uue fuis au cimetière, on vidait, ces
cercueils dans ia fosse commune. La marche
les convois était livrée à la fantaisie des por-
teurs, auxquels il arrivait fréquemment de
déposer les cercueils à la porte des cabarets;
quand ils reprenaient leur fardeau,vjls éiaient.
'Lvres, et la populace les escortait avec des
bu ces...
Dans quelques endroits, les hôpitaux et les
hospices partageaient avec les crieurs de
corps et de vins le droit de tendre aux funé-
railles,
Cet état (le ~ choses dura jusqu'à la Révolu-
tion. • .
* *
Lrt P.'voh!!ir)n, on le sait, voulut tout dé-
truire et tout remplacer. Elle avait compris i
qu'il ne fallait rien laisser subsister du pa=sé j
k.si l'on voulait fonder pour l'avcrdr. Divisions
territoriales, poids et mesures, calendrier
riôme, sa méthode radicale changea tout
Un décret de l'an IX attribua aux fabriques
?*le privilège des fournitures funér;un>«; les
transports à dos d'homme furent interdits ex-
cepté pour les corps desenfants; des chars a'fe-
if'ndR deux chevaux marchant au pa '"Iccom-
pagnés d'lm ordonnateur et. de trois porteurs ('!i
costumes furent substitués aux cercueils oa-
naux et aux ivrognes; un linceul et une bière
durent être fournis gratuitement à tout ci-
toyen décédé dans l'ind:g¡'ncf'... Dès l'an IV,
une taxe avait été établie pour rembourser la
commune des frais el Il convoi des pauvres.
Le premier entrepreneur des pompes fllnÔ,
[ bres de Paris recevait, en échange du ser-
vice commun, le produit dl\ la taxe d'inhu-
mation payée par les riches. Mais cette res-
source fiit. bientôt, reconnue insuffisante. Que
raire? L'Ktat permit à rcntrepfeneur de trai-
ter de gré à gré avec les familles aisées, dési-
reuses, dans leur vanité, d'ajouter certains ac-
cessoires à la pompe ordinaire des funérailles.
L'entrepreneur s'enrichit vite, si vite qu'on
lui imposa la charge de faire sur le produit de
sesmmarchés une remise aux fabriques des
églises et des consistoires. Enfin, on arrêta
un tarif général des frais et des droits de
transport et de fournitures.
Un décret de 1806 confirma ces diverses
prescriptions, hi réglant d'avance les tarifs et
en les graduant par classes: L'Etat prenait la
tutelle des familles et entendait les protéger
contre les fournisseurs.
La sixième adjudication des Pompes funè-
hres de Paris a eu lieu le 24 novembre
J'y trouve l'accroi&Sdmeiit du nombre des 1
classes. 1
Sous le premier Empire, il y en avait six,
et neuf sons la monarchie de Juillet. Au-
jourd'hui, les sept premières se divisent en
deux. sections : une section à tarif variable et
une à tarif fixe. Les intérêts des familles sont
de plus en plus protégés. La taxe a aussi été
diminuée au profit des indigents, et les frais
du convoi du pauvre réduits de 40 francs à
48 francs 75 centimes...
Il était nécessaire d'indiquer ces détails *
pour faire comprendre l'importance d'une ad-
ministration, qui est devenue une desgrandes
administrations de la capitale.
\ ' ■ *
Cette administration a ses hure:l..111, son
conseil de sumfcflàncé, wactTonriaires, ses
compas rsissant quand an*jhfn?nte.fa mort alité -
Un joiir, t!n. directeur corpmença ainsi son
rapport :
Messieurs, —an. début de l'année, le
choicr.) donnait de grandes t'spera.ncf'!..
Un antre directeur 'était allé passer une
quinzaine à ta campagne avec deux de ses
amis. O.) sr; trouvait au I)rii,!(,nips. Il avait
emmené des chevaux appartenant à la com-,
paguie, et il les avait ç|ioi^s, blancs.-- Parce-
que le blaijc est plus gai que je noir. Au bout
de duelqu'es jours, ir reçut une dépêche ainsi
conçue : ; V
« Renvoyez les chevaux blancs ries jeûnes
filles (/ortwmï-beaucoup. »
. ; . - r:".
i < ■ • - •
De tels mots rn,nf. rirè et donnent le frisson.
On s'habitue difficilement à considérer le
directeur des pompes funèbres comme un
banquier et !es formules de ses bureaux
comme celles d'un comptoir.
Jamais on ne consentira à prendre les cro-
que-morts pour des ouvriers ordinaires.
Il en est ainsi pourtant, et c'est ce qui donne
cette bonh jmie cynique à leurs propos.
Un porteur se tourne vers un fils
— J'espère, not' bourgeois, qu'il y aura un
bon pour-boire; votre père est bien lourd!
Doux antres porteurs passent gravement la
barrière de l'octroi, portant une de ces pe- 1
tites bières qu'on nomme comètes recouverte
d'un drap blanc.
Les commis ôtent leur chapeau.
Au tournant de la première rue :
— Enfoncés les gabelous ! crie un > des cro-
que-morts.
Il soulève le drap blanc et retire une oie
qu 'il avait cachée dessous..
V-
Mais la plus belle histoire de croque-mort
est peut-être celle ci :
Il s'agit encore d'un cercueil d'enfant, —
pas même un cercueil, une de ces grandes
boîtes que l'on portait sous le bras, et dont
on se servait au moment du choléra.
Deux porteurs chargés d'une d'e ces boîtes
se dirigeaient vers le cimetière de Montmar-
tre. Ils avaient fait un long trajet. Arrivés
..-.i,..; v. '.yî t'eJujUv^ .
i •. j Y-, .>• '/-/ois .rw'ii.aj «ornA
së:reposer-yn-peu,-.•.>.• ^ ■ ■ < >RI ..HV,'' " j
— Si nous entrions boire -on coup ? dit
l'un. • i : -■
— Je ne demanderaisvpas mieux,dit l'autre; 1
mais l'enfant , !
— Quel enfant ?'
— Celui qui est dans la boîte.
— Eh bien ! as-tu peur qu'il se réveille ?'
Nous le poserons sous la table,et.nous ne nous'
arrêterons pas... Le tçmps-4e boire une bou-
teille.... >. J "
— Comme ça, je veux'bien. ■ nfi!
La bouteille'bile'6P payêé ^p'àr 'lè' Jpfètnier
croque-mort: /u-.: é:
— Je paye la mienne ! dit le ^eCôii'ct'. " ;
— Pas de façon; accepté:;'JTiôriSiè)ir' de l'é-.
cot; mais alors la 'frôi^^rne':"y ^â^|era de
compte à demi. ■ '"'Ci "
- Trois?..
, , ^
— Oui, mais pas plus'. "
A minuit, nos compagnons, se, racontaient
leur vie sur les boulevards,du côté de Belle-
vilJti. ',:,'¡
Tout à coup l'iin d'eux s'interrompit :
— A propos, dit-il, ;qù*ëtioi)S-nous donc
allés fàire à Montrharttè, ëc 'matin?' ,?"
L'autre réfléchit un ifts^ant et répondit :
— L'enfant.
— L'enfant! C'est juste ! Ah 1 malheureux,
nous l'avons oublié!.. J ' "»V„ i-S : .. • i'JI * '..
. ■ . i
Ce sujet, des pompes funèbres est de ceux
qu'on n'épuise pas.
J'y reviendrai certainement à propos de la.
question des cimetières.
Encore une anecdote ce matin :
Un de nos confrères les plus aimé:;;, — le
pauvre Charles Draine. mort pour avoir fait
trois cents lieues par semaine pendant cincj
ans afin d'assister à toutes les inaugurations,
à tous les voyages officiels et ajoutes les fêtes,
— Braine, dis-je, fut une fois le héros d'une
aventure dans laquelle le corbillard remplaça
la chaise de poste des anciens romans.
C'était le jourde l'enterrement de Déran-
ger. La foule était immense. Dès que le cor-
tège fut entré dans le cimetière, l'autorité fit,
fermer les portes et défendit de les rouvrir
avant un nouvel ordre.
Braine, en sa qualité da^reporter, était au
premier rang du cortège, un crayon à la main,
prenant des notes. Ses notes prises, il voulut
s'en aller. Il trouva la porte fermée.
LA FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
III
69
Près de huit jours s'étaient écoulés.
La captivité change en haine féroce tous les
autres sentiments qui se partageaient autrefois
l'âme et le cœur d'un pri onnier.
Le marquis de la Roche-Maubert n'aimait
plus Janine. Le marquis avait conçu pour elle
une haine sauvage et mortelle.
Cependant au lieu de l'abattre, cet isolement
avait surexcité sa fureur.
Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
Pendant huit jours, le marquis avait hurlé et
blasphème sans re.làche, injuriant le chevalier
d'Es! arron qui le visitait tous les soirs et lui
faisait passer des provisions à travers les bar-
reaux de sa cage.
Puis il avait vu, une nuit, venir deux autres
visions, — on s'en souvient, — Janine et le
margrave.
Et Janine lui avait dit d'un ton moqueur :
— L'heure de votre délivrance approche,
marquis, et je veux que vous y puissiez tra-
vailler vous-même.
Et sur ces mots, on se le rappelle encore, elle
lui avait jeté une petite lime en lui disant :
— Voilà pour scier vos barreaux; mais, en
travaillant sans relâche, vous n'arriverez pas à
reconquérir votre liberté avant quinze jours.
Janine disparue, il s'était écoulé environ
trois heures.
Le marquis n'avait même pas ramassé la lime
et il avait continué à vociférer.
Au bout de ce temps, la lumière avait reparu
dans l'escalier.
C'étaft encore le chevalier d'Esparron.
Le chevalier portait un énorme panier, cette
fois, et qui devait renfermer des vivres pour
plusieurs jours.
— Marauis. dit-il. ie vais être très-oceuné
désormais, et je ne sais pas si j'aurai le temps
de vous venir visiter régulièrement.
Aussi vous apporté-je des vivres pour une se-
maine. D'autant plus qu'elle m'a dit vous avoir
donné une lime dont vous pourrez faire bon
usage.
Sur ces mots, le chevalier fit passer du pain
coupé en petits morceaux et des viandes froi-
des à travers les barreaux, puis il jeta dans l'in-
térieur de la cage un paquet de chandelles et
en laissa une allumée auprès des barreaux, ajou-
tant :
— Puisque vous allez travailler, il est à pro-
pos que vous y voyiez !
Et le chevalier s'en alla
Le marquis n'avait même pas ramassé la
lime.
Cet outil était si petit et les barreaux de la
cage si gros, que sa première pensée avait été
que Janine et le chevalier d'Esparron se mo-
quaient de lui.
Cependant, la lumière succédant aux ténè-
bies qui l'enveloppaient depuis sa captivité, ra-
mena un peu de calme dans son esprit.
Il cessa tout à coup de hurler et de blas-
phèmer.
Puis il ramassa la lime et se prit à l'exa-
miner.
Eile était Délite, mais d'acier Lieu treuaoé. et
comme il l'essayait sur un des barreaux, il sen-
tit que ses dents mordaient bien.
Alors il se souvint d'une'foule d'histoires de
prisonniers qui avaient percé des murs avec un
c!ou et' scié leurs chaînes avec hu ressert da
montre.
Et l'espoir de la délivrance lui monta au cer-
veau comme une ivresse et il se mft à la be-
sogne.
Pendant une demi-journée environ, le mar-
quis lima, lima sans rclâche, ne s'arrêtant que
pour remplacer par une autre la chandelle consu-
mée et oubliant même de manger.
Au bout de plusieurs heures, le marquis,
essoufflé, le front baigné de sueur, reconnut la
vérité des paroles de Janine.
A travailler sans relâche, il en avait pour
quinze jours. La lime mordait bien mais les
barreaux étaient si épais 1 Et puis ils étaient
serrés les uns contre les autres, au point qu'il
faudrait en scier au moins quatre de haut en
bas, et tout autant en travers pour pratiquer une
ouverture assez grande pour que le marquis pût
passer au travers.
Il eut un accès de découragement et aban-
donnant un moment sa besogne, il alla Ras-
seoir sur le grabat placé au fond de UtCâga et
(jui lui servait -de lit, ,
1;
5 ceal le, muityo ~ .. ..~ :., ~, " 1 ||
:: : ,- JOURNAL QUOTIDIEN 1 ,
. 1 . .^V Sfe.:.çéHVÔÏc\/"ïr^2icro
A?>0NXEM'F.XTS". —: Trois mois.- Six mi-,' Un M.
Par:......'..... " 5 fr. » ir. fi» fr.
Départements .. G ' il *'..." !
Administrateur i E. Delsaux.
amo année. .. MARDI 45 SEPTEMBRE 4868. - «• «80
~
] " * ; • Directeur-Proprîctâi^. ? JÀVtt ï'jnJ ' ^"
Rédacteur en chef : A. dé H ifeft l¥îtà,i!^!0i&Ws«<
>: ' - >y;i -1J. ; U JÏL-' .t' : '
BUREAUX d'abonnement :.9, rue
Administratiom : 13, place, B ..
PARIS, 14 SEPTEMBRE 1868
LA MAISON N° 60
DU BOULEVARD RICHARD LENOIR
Cette maison, inconnue aujoùrïï*trnTr^era
célèbre dans trois mois, car, du matin nu soir,
un grand va et vient de voitures la recom-
mandera à l'attention des passants. En outre,
son adresse est de celles que tout le monde
doit savoir.
C'est la nouvelle adresse des Pompes Funè-
bres de Paris.
Les Pompes'ftinèbres, - boulevard Lenoir!
Balzac, qui croyait à la fatalité des noms, eût
'elevé ce rapprochement...
Avant 1789, les officiers publics chargés du
soin de régler les funérailles s'appelaient
Crieurs de corps et de vins. Il y a toujours en
des ironies dans les choses de la mort.
Ces officiers présidaient à l'enlèvement des
Corps, criaient les vins, les légumes et les
viandes sur les marchés, et dans les carrefours
les enfants et les chiens perdus.
. Les cérémonies funèbres étaient d'une
grande simplicité.
Pas de milieu entre le faste des grands
enterrements, la. nudité et l'abandon des
petits.
Les corps, pris fi 'domicile, étaient. trans-
pOILs dans des voitures communes disposée
pour recevoir cinq ou six hières; on pinçait
'.es indigents décédés dans des cercueils ba-
naux, et, uue fuis au cimetière, on vidait, ces
cercueils dans ia fosse commune. La marche
les convois était livrée à la fantaisie des por-
teurs, auxquels il arrivait fréquemment de
déposer les cercueils à la porte des cabarets;
quand ils reprenaient leur fardeau,vjls éiaient.
'Lvres, et la populace les escortait avec des
bu ces...
Dans quelques endroits, les hôpitaux et les
hospices partageaient avec les crieurs de
corps et de vins le droit de tendre aux funé-
railles,
Cet état (le ~ choses dura jusqu'à la Révolu-
tion. • .
* *
Lrt P.'voh!!ir)n, on le sait, voulut tout dé-
truire et tout remplacer. Elle avait compris i
qu'il ne fallait rien laisser subsister du pa=sé j
k.si l'on voulait fonder pour l'avcrdr. Divisions
territoriales, poids et mesures, calendrier
riôme, sa méthode radicale changea tout
Un décret de l'an IX attribua aux fabriques
?*le privilège des fournitures funér;un>«; les
transports à dos d'homme furent interdits ex-
cepté pour les corps desenfants; des chars a'fe-
if'ndR deux chevaux marchant au pa '"Iccom-
pagnés d'lm ordonnateur et. de trois porteurs ('!i
costumes furent substitués aux cercueils oa-
naux et aux ivrognes; un linceul et une bière
durent être fournis gratuitement à tout ci-
toyen décédé dans l'ind:g¡'ncf'... Dès l'an IV,
une taxe avait été établie pour rembourser la
commune des frais el Il convoi des pauvres.
Le premier entrepreneur des pompes fllnÔ,
[ bres de Paris recevait, en échange du ser-
vice commun, le produit dl\ la taxe d'inhu-
mation payée par les riches. Mais cette res-
source fiit. bientôt, reconnue insuffisante. Que
raire? L'Ktat permit à rcntrepfeneur de trai-
ter de gré à gré avec les familles aisées, dési-
reuses, dans leur vanité, d'ajouter certains ac-
cessoires à la pompe ordinaire des funérailles.
L'entrepreneur s'enrichit vite, si vite qu'on
lui imposa la charge de faire sur le produit de
sesmmarchés une remise aux fabriques des
églises et des consistoires. Enfin, on arrêta
un tarif général des frais et des droits de
transport et de fournitures.
Un décret de 1806 confirma ces diverses
prescriptions, hi réglant d'avance les tarifs et
en les graduant par classes: L'Etat prenait la
tutelle des familles et entendait les protéger
contre les fournisseurs.
La sixième adjudication des Pompes funè-
hres de Paris a eu lieu le 24 novembre
J'y trouve l'accroi&Sdmeiit du nombre des 1
classes. 1
Sous le premier Empire, il y en avait six,
et neuf sons la monarchie de Juillet. Au-
jourd'hui, les sept premières se divisent en
deux. sections : une section à tarif variable et
une à tarif fixe. Les intérêts des familles sont
de plus en plus protégés. La taxe a aussi été
diminuée au profit des indigents, et les frais
du convoi du pauvre réduits de 40 francs à
48 francs 75 centimes...
Il était nécessaire d'indiquer ces détails *
pour faire comprendre l'importance d'une ad-
ministration, qui est devenue une desgrandes
administrations de la capitale.
\ ' ■ *
Cette administration a ses hure:l..111, son
conseil de sumfcflàncé, wactTonriaires, ses
compas r
Un joiir, t!n. directeur corpmença ainsi son
rapport :
Messieurs, —an. début de l'année, le
choicr.) donnait de grandes t'spera.ncf'!..
Un antre directeur 'était allé passer une
quinzaine à ta campagne avec deux de ses
amis. O.) sr; trouvait au I)rii,!(,nips. Il avait
emmené des chevaux appartenant à la com-,
paguie, et il les avait ç|ioi^s, blancs.-- Parce-
que le blaijc est plus gai que je noir. Au bout
de duelqu'es jours, ir reçut une dépêche ainsi
conçue : ; V
« Renvoyez les chevaux blancs ries jeûnes
filles (/ortwmï-beaucoup. »
. ; . - r:".
i < ■ • - •
De tels mots rn,nf. rirè et donnent le frisson.
On s'habitue difficilement à considérer le
directeur des pompes funèbres comme un
banquier et !es formules de ses bureaux
comme celles d'un comptoir.
Jamais on ne consentira à prendre les cro-
que-morts pour des ouvriers ordinaires.
Il en est ainsi pourtant, et c'est ce qui donne
cette bonh jmie cynique à leurs propos.
Un porteur se tourne vers un fils
— J'espère, not' bourgeois, qu'il y aura un
bon pour-boire; votre père est bien lourd!
Doux antres porteurs passent gravement la
barrière de l'octroi, portant une de ces pe- 1
tites bières qu'on nomme comètes recouverte
d'un drap blanc.
Les commis ôtent leur chapeau.
Au tournant de la première rue :
— Enfoncés les gabelous ! crie un > des cro-
que-morts.
Il soulève le drap blanc et retire une oie
qu 'il avait cachée dessous..
V-
Mais la plus belle histoire de croque-mort
est peut-être celle ci :
Il s'agit encore d'un cercueil d'enfant, —
pas même un cercueil, une de ces grandes
boîtes que l'on portait sous le bras, et dont
on se servait au moment du choléra.
Deux porteurs chargés d'une d'e ces boîtes
se dirigeaient vers le cimetière de Montmar-
tre. Ils avaient fait un long trajet. Arrivés
..-.i,..; v. '.yî t'eJujUv^ .
i •. j Y-, .>• '/-/ois .rw'ii.aj «ornA
së:reposer-yn-peu,-.•.>.• ^ ■ ■ < >RI ..HV,'' " j
— Si nous entrions boire -on coup ? dit
l'un. • i : -■
— Je ne demanderaisvpas mieux,dit l'autre; 1
mais l'enfant , !
— Quel enfant ?'
— Celui qui est dans la boîte.
— Eh bien ! as-tu peur qu'il se réveille ?'
Nous le poserons sous la table,et.nous ne nous'
arrêterons pas... Le tçmps-4e boire une bou-
teille.... >. J "
— Comme ça, je veux'bien. ■ nfi!
La bouteille'bile'6P payêé ^p'àr 'lè' Jpfètnier
croque-mort: /u-.: é:
— Je paye la mienne ! dit le ^eCôii'ct'. " ;
— Pas de façon; accepté:;'JTiôriSiè)ir' de l'é-.
cot; mais alors la 'frôi^^rne':"y ^â^|era de
compte à demi. ■ '"'Ci "
- Trois?..
, , ^
— Oui, mais pas plus'. "
A minuit, nos compagnons, se, racontaient
leur vie sur les boulevards,du côté de Belle-
vilJti. ',:,'¡
Tout à coup l'iin d'eux s'interrompit :
— A propos, dit-il, ;qù*ëtioi)S-nous donc
allés fàire à Montrharttè, ëc 'matin?' ,?"
L'autre réfléchit un ifts^ant et répondit :
— L'enfant.
— L'enfant! C'est juste ! Ah 1 malheureux,
nous l'avons oublié!.. J ' "»V„ i-S : .. • i'JI * '..
. ■ . i
Ce sujet, des pompes funèbres est de ceux
qu'on n'épuise pas.
J'y reviendrai certainement à propos de la.
question des cimetières.
Encore une anecdote ce matin :
Un de nos confrères les plus aimé:;;, — le
pauvre Charles Draine. mort pour avoir fait
trois cents lieues par semaine pendant cincj
ans afin d'assister à toutes les inaugurations,
à tous les voyages officiels et ajoutes les fêtes,
— Braine, dis-je, fut une fois le héros d'une
aventure dans laquelle le corbillard remplaça
la chaise de poste des anciens romans.
C'était le jourde l'enterrement de Déran-
ger. La foule était immense. Dès que le cor-
tège fut entré dans le cimetière, l'autorité fit,
fermer les portes et défendit de les rouvrir
avant un nouvel ordre.
Braine, en sa qualité da^reporter, était au
premier rang du cortège, un crayon à la main,
prenant des notes. Ses notes prises, il voulut
s'en aller. Il trouva la porte fermée.
LA FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
III
69
Près de huit jours s'étaient écoulés.
La captivité change en haine féroce tous les
autres sentiments qui se partageaient autrefois
l'âme et le cœur d'un pri onnier.
Le marquis de la Roche-Maubert n'aimait
plus Janine. Le marquis avait conçu pour elle
une haine sauvage et mortelle.
Cependant au lieu de l'abattre, cet isolement
avait surexcité sa fureur.
Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
Pendant huit jours, le marquis avait hurlé et
blasphème sans re.làche, injuriant le chevalier
d'Es! arron qui le visitait tous les soirs et lui
faisait passer des provisions à travers les bar-
reaux de sa cage.
Puis il avait vu, une nuit, venir deux autres
visions, — on s'en souvient, — Janine et le
margrave.
Et Janine lui avait dit d'un ton moqueur :
— L'heure de votre délivrance approche,
marquis, et je veux que vous y puissiez tra-
vailler vous-même.
Et sur ces mots, on se le rappelle encore, elle
lui avait jeté une petite lime en lui disant :
— Voilà pour scier vos barreaux; mais, en
travaillant sans relâche, vous n'arriverez pas à
reconquérir votre liberté avant quinze jours.
Janine disparue, il s'était écoulé environ
trois heures.
Le marquis n'avait même pas ramassé la lime
et il avait continué à vociférer.
Au bout de ce temps, la lumière avait reparu
dans l'escalier.
C'étaft encore le chevalier d'Esparron.
Le chevalier portait un énorme panier, cette
fois, et qui devait renfermer des vivres pour
plusieurs jours.
— Marauis. dit-il. ie vais être très-oceuné
désormais, et je ne sais pas si j'aurai le temps
de vous venir visiter régulièrement.
Aussi vous apporté-je des vivres pour une se-
maine. D'autant plus qu'elle m'a dit vous avoir
donné une lime dont vous pourrez faire bon
usage.
Sur ces mots, le chevalier fit passer du pain
coupé en petits morceaux et des viandes froi-
des à travers les barreaux, puis il jeta dans l'in-
térieur de la cage un paquet de chandelles et
en laissa une allumée auprès des barreaux, ajou-
tant :
— Puisque vous allez travailler, il est à pro-
pos que vous y voyiez !
Et le chevalier s'en alla
Le marquis n'avait même pas ramassé la
lime.
Cet outil était si petit et les barreaux de la
cage si gros, que sa première pensée avait été
que Janine et le chevalier d'Esparron se mo-
quaient de lui.
Cependant, la lumière succédant aux ténè-
bies qui l'enveloppaient depuis sa captivité, ra-
mena un peu de calme dans son esprit.
Il cessa tout à coup de hurler et de blas-
phèmer.
Puis il ramassa la lime et se prit à l'exa-
miner.
Eile était Délite, mais d'acier Lieu treuaoé. et
comme il l'essayait sur un des barreaux, il sen-
tit que ses dents mordaient bien.
Alors il se souvint d'une'foule d'histoires de
prisonniers qui avaient percé des murs avec un
c!ou et' scié leurs chaînes avec hu ressert da
montre.
Et l'espoir de la délivrance lui monta au cer-
veau comme une ivresse et il se mft à la be-
sogne.
Pendant une demi-journée environ, le mar-
quis lima, lima sans rclâche, ne s'arrêtant que
pour remplacer par une autre la chandelle consu-
mée et oubliant même de manger.
Au bout de plusieurs heures, le marquis,
essoufflé, le front baigné de sueur, reconnut la
vérité des paroles de Janine.
A travailler sans relâche, il en avait pour
quinze jours. La lime mordait bien mais les
barreaux étaient si épais 1 Et puis ils étaient
serrés les uns contre les autres, au point qu'il
faudrait en scier au moins quatre de haut en
bas, et tout autant en travers pour pratiquer une
ouverture assez grande pour que le marquis pût
passer au travers.
Il eut un accès de découragement et aban-
donnant un moment sa besogne, il alla Ras-
seoir sur le grabat placé au fond de UtCâga et
(jui lui servait -de lit, ,
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