Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-09-13
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 septembre 1868 13 septembre 1868
Description : 1868/09/13 (A3,N878). 1868/09/13 (A3,N878).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717880q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le nO:léro •; JOURNAL QUOTIDIEN ' 5 cctî'. b tUméfQ,
AMNNEMEKTS. - Trois mois. Six moi'!. Un aa.
Paris & fr. 9 fr. 18 Cr.",
Départements.. G Il et ^
. Administrateur: E.DELSAUX. 1 ~.r., 1
; V-, ; .
aDle année. — DIMANCHE 43 SEPTEMBRE 1868.— N' --8.7î
Directeur-Propriétaire. : JA R< K IN..
Rédacteur en chef A..DE 13 A L A T Il 1 n I3i$aî x,onn%
,} BUrÀ^IX D'ABON ÏÎEKENT : O, E»tStT Tf »""?©£>•
ADMINISTRATION : 13, place Brclla/ ;
PARIS, 12 SEPTEMBRE 1868
FÊTES DE SAINT-RÉMY
LES FÉLIBRES DE LA
« Dans un mas qui se cache au milieu des
pommiers, un beau matin, au temps des
moissons, je suis né d'un jardinier et d'une
jardinière dans le jardin de Saint-Rémy. »
Ainsi parle Joseph Roumanille, le chef
de la petite pléiade des poëtes provençaux.
Saint-Rémy est une petite ville, située au
fond de cette magnifique vallée, qui montre
vers le nord A vignon et le château des papes,
vers re midi les tours. sarrazines des arènes
d'Arles. Le point central est à Beaucaire.
Arrêtez-vous là. Montez sur les raines d'a
Montmorency; vous apercevrez Avignon à
gauche, Ar!es à droite, en face de vous le
îhâteau de Tarascon, plus loin dans la cam-
pagne les deux tours de Château-Renard, la
rieille chapelle romane de saint Gabriel, et,
DIUS loin encore, du côté du Sud, sur le pen-
:hant des montagnes crénelées que veloute
.e soleil, les monuments romains de Saint-
lémy. Un bastion avancé des Alpes, le mont
venteux, avec les petites chaînes qui se rat-
achent à- ses flancs, fait au tableau un cadre
grandiose....
Rien de plus juste que cette -description
lontje trouve les principaux traits dans une
itude de lU. Réné Taillandier.
C'est surtout en Provence que la poésie est
mmortelle comme le parfum des fleurs et la
plendeur des cieux.
Aussi ses fêtes sont-elles des fêtes na-
tionales et populaires.
Les poètes du cercle d'Avignon invitent-ils
leurs confrères de la Catalogne à venir réciter
des vers avec eux, aussitôt un grand courant
d'enthousiasme s'établit, et cette réunion de
famille prend les proportions d'un événement.
La presse parisienne est conviée à y assister.
On rédige un programme, — programme mer-
veilleux, — qui débute par une distribution
de pain et des feux de joie, qui multiplie
les chœurs, les danses, les farandoles, les tam.
bourins, et qui se {termine par l'arrivée des
taureaux'de la Camargue, un spectacle de la
Provence moderne, et ' par une visite aux
ruines parsemées dans la campagne, un pèle-
rinage latin.
i... La Petite Presse sera représentée à Saint-
'ïlémy, et vous donnera lundi des détailsr£e
■ cette fête du gai savoir et du parler harn^
n Il Miix qui commence aujourd'hui. < ^
V Cet article n'est qu'une préface, mais je
j-îiens à prouver aux écrivains du Midi, que si
la langue d'Oc et la langtie d'Oïl existent en-
core, du nfoins peux qui les parlent sont ij;S
p#r un uQà- '
La langue d'Oc.
C'était au début la langue latine populaire
dans le Midi. On la parlait dans le nord-est de'
l'Espagne et jusqu'à la Loire. La formule af-
firmative oc dérivée du latin hoc, lui a donné'
son nom.
Un peu plus tard, elle s'appela langue pro-
vençale, de la Provence où elle avait été em-
ployée dans la littérature pour la première
fois. On la retrouve encore dans le dialecte
Catalan et Valençais.
Ses plus anciens monuments remontent
au dixième siècle. Le onzième et le douzième
siècles sont les époques de son développement
le plus complet et le plus glorieux. Au trei-
zième siècle, il y avait des grammaires pro-
vençales. La poésie des troubadours florissait
[ dans tout le midi. La prépondérance du fran-
çais du Nord date de la Renaissance. Le pro-
vençal fut réduit à l'état de dialecte. Les
poètes de cour, à l'affût de la mode, laissèrent
ce dialecte aux ménestrels qui chantaient
pour le peuple et parlaient son patois,'
Plénitude des sons, richesse des formes,
merveilleuse harmonie de l'expression et de la
pensée, le dialecte provençal a toujours été j
GOOiiwd. maintenu-«i-glegifié par
tion d'artistes et d'écrivains, gens de condi-
tion modeste, et fiers du pîiys qu'ils ont tenu
à ne pas quitter. Ecoutez Mistral. Lui, ne croit
pas que le provençal soit une langue morte :
« Les parents de Mathieu, dit-il dans une de
ses préfaces, comme ceux de Roumanille,
comme ceux de Tavan, comme les miens
aussi, sont des gens de la- terre, ne connais-
sant d'autre langue que le parler provençal;
que cela serve de réponse une bonne fois pour
toutes à ceux qui vous disent : — Que ne
parlez-vous français? »
Un million d'hommes lisent en effet à livre
ouvert Mireille, l'Almanach provençal et les
œuvres de la pléïade d'Avignon.
L'année dernière, les insurgés - catalans
chantaient une chanson de Mistral en mar-
chant au combat. C'était leur Marseillaise.
A Saint-Tropez, lorsqu'on inaugura la sta-"
tue du bailli de Suffren, un vieil officier de
marine se mit à réciter à haute voix les stroi
phes de Mireille consacrées aux héros de la
guerre des Indes. Il y avait là tout un peuple
de matelots, de pêcheurs, d'hommes de la
M«, qui se mirent à pleurer « i'éctratant.
Trois fois il fallut recommencer la chanson
du bailli de Suffren.
J'ai nommé Mistral. Mais à côté de èe grand
poëte, que l'admiration de Lamartine a rendu
populaire à Paris, que d'autres poëtes —
moins célèbres — ont écrit de merveilleuses
choses là-bas! Aubanel, Saboly, Anselme
Mathieu, Morel, de Crousillat, Bénédit, Ma-
rius Bourrelly, et dernièrement Fauteur des
Papillons bleus (Li Parpaïoun blu), William
Bonaparte-Wyse, — un gentilhomme irlan-
dais qui s'est souvenu qu'il appartenait par la
princesse Lœtitia Bonaparte, sa mère, à la
France du midi, et qui est venu s'y établir,
en étudier la langue et en apprendre les
formes pour les donner à ses inspirations!...
Chez tous ces poëtes on retrouve l'amour
de la nature locale et la foi vive du Midi. La
Provence pastorale, le Comtat, aux paysages
harmonieux, la grande Provence, celle des
oliviers, de la mer et des montagnes, servent
tour à tour de cadre à des poëmes et à des
chansons empreints d'une conviction reli-
gieuse digne du temps des Albigeois.
Je voudrais, chers lecteurs, vous donner
uie idée de cette poésie et je prends à des-
ïerftniafns I'oeu-vre de iloumanille une légende
dont le sujet est aussi touchant que gracieux.
Cette légende est dédiée à Sainte-Beuve.
J'en emprunte la traduction au livre de
Fernand Lagarrigue : Les Méridionaux.
LES CRÈCHES
I
Dans lôs chœurs de séraphins que Dieu a faits
pour chanter éternellement, ivres d'amour : tc Gloire,
gloire au Père! » dans les joies du paradis, il y en
avait un qui, souvent, loin des joyeux chanteurs
s'en allait tout pensif.
Et son front, blanc comme neige, penchait vers
la terre, pareil à celui d'une fleur qui n'a point
d'eau l'été. De plus en plus il devenait rêveur. Si
l'ennui, lorsqu'on est dans la gloire de Dieu, pou-
vait tourmenter le cœur, je dirais que ce bel ange
s'ennuyait.
1
A quoi rêvait-il ainsi, et en cachette ? pourquoi
Il'était-il pae¡de la fêla.? .I?ourqpoi, set I parmi les
-aqgeft «tourna, &*il avait pé6h.é, inclinait il le ,fi'ODtt .-
II
Levo!!à! II' vient de s'agenouiller devant Dieû.
Que va-t-il J!re? Pour le voir et l'entendr#, ses @~
. frères interrompent leur alléluia.
III
« Quand Jésus enfant pleurait, qui! 'était tout, 1
tremblant de froid dans l'étable ,de Betlr£em, c'est '
mon sourire qui le consolait, mon aile qui le cou--
vrait; je le réchauffais de mon haleine.
» Et depuis, ô mon Dieu! quand un enfwntelti
pleure, dans mon cœur pieux sa voix -■ ent retpn*
tir. Voilà pourquoi mon cœur souffre à toute heure,
Seigneur! voilà pourquoi je suis pensif
» Sur la terre, mon Dieu, j'ai quelque chose à '
faire : permettez l'fue j'y redescende. Il v a tant de
petits enfants, hélàs 1. pauvres agneaux, de lait, qui
tout transis de froid, ne-font que se désoler loin du
sein et des baisers de leur mère. Dans des chambres
bien chaudes je veux les abriter, je Vf" x les cou-
cher dans des berceaux et !es bien couvrir. Je veux
les dorloter, je veux en être le bercetir. Je veux qu'au
lieu d'une seule, ils aient tous vingt mères qui les
endormiront quand ils auront bien têté. »
IV
.Les anges applaudirent, et vite il étendit les
ailes; du haut du ciel, rapide comme I'- clair, des-
cendit l'ange, et les mères ici-bas tres.- iUu'ent de
bonheur, et les crèches s'ouvrirent partout où passa
l'ange des petits enfants...
L'auteur des Crèches, Joseph Roumanille,est
le grand homme'de cette petite ville de Saint-
Rémy, où vont avoir lieu de si belles fêtes.
D'abord prote dans une imprimerie d'Avi-
gnon, il est devenu libraire et il édite ses
poésies, celles de sa jeune femme et celles de
ses frères. C'est autour de lui que se groupent
les Félibres, - faiseurs de livres, — disent
les gens amis des étymologies faciles, et les
autres étymologies sont si bizarres qu'elles
semblent donner raison à celle-là...
0'1 se réunit souvent, on dîne ensemble,
et chacun au dessert parle en vers à ses com-
pagnons. Quelquefois l'on part, comme cette
année, pour aller visiter les poëtes Catalans,
don Victor Balaguer de Barcelone, don Anto-
nio de Torres, don Albert de Quintana, don
José Zorilla, d'autres encore. Il y a, dans ce
petit milieu, où l'on ne s'occupe que d'art et
de poésie, plus de foi peut-être et plus de
souffle que dans bien des grands cénacles,
dont la camaraderie a fait la réputation.
TONY RÉVILLON.
LA FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
I
87 Revenons maintenant, â notre ami le prési-
dent Boisfleury qui prenait tant de peines,
de mal et de souci pour le pl,: s éclatant triom-
phe de la justice dont il se croyait le plus pur
représentant sur la terre.
Le président .Boisfleury s'était donné beau-
coup de mal depuis quelques jours.
On sait comment le Régent et le cardinal Du-
bois l'avaient reçu.
t Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
Mais un tel accueil ne pouvait rebuter l'infa- ;
tigable magistrat. I
Toute sa vie le président Boisfleury avait
trouvé des coupables, et ce n'était pas à la fin
de sa carrière qu'il allait déroger à ses principes
en ne voyant plus autour de lui que des inno-
cents.
Éconduit de chez le Régent, il était allé
chez la duchesse du Maine.
La grande maîtresse de l'ordre de la Mouche à
miel, lui avait dit :
— Le Régent est un misérable qui protége
les vauriens, les assassins et les filous. Mais il
est tout-puissant. Telle que vous me voyez, je
suis exilée dans ma terre de Sceaux et ne pour-
rais. irt)tJs être d'aucun secorrrs.-
De chez la duchesse, le président était allé
chez le duc de Bourbon, puis chez Mme 'de Prie,
sa maitresse. - ! ! r '
On lui avait fait la même réponse.
Mais les obstacles, au lieu de rebuter l'a-
charné président, l'exaltaient, tout au con-
traire. , •
Un autre eût renoncé à retrouver le marquis
de la Roche Maubert et à se mêler des affaires
du margrave.
Le président s'écria :
— Quand je devrais être moi-même agent de
police, j'irai jusqu'au bout.
Le Gascon Castirac avait pris la fuite; mais
le président ne renonçait pas a le retrou-
ver.
D'ailleurs, il avait appris qu'un capitaine-
aux gardes s'était présenté, pour arrêter • le-
Gascon, cinq minutes après le départ de ce-
lui-ci.
On redoutait donc Caltirac"
— Si je remets la main sur lui, s'était dit
Boisfleury, il sera le plus bel atout de mon jeu.
Et le président, loin de renoncer à la tâche
qu'il s'était imposée, avait mandé auprès de lui
l'agent de police Porion.
Ce Porion, qui devait plus tard jouer un rôle
important, sous le nom de Père Cannelle, dans
l'arrestation du régicide Dam ens, était non-
seulement un homme habile, mais encore un
ambitieux.
Il voulait être lieutenant de police, lui,
homme de rien; et il n'attendait qu'une occa-
sion pour se signaler à l'attention des gens qui
tenaient le pouvoir en mains.
Le lieutenant de police avait-il-pénétré ses
vues ambitieuses?
La chose était probable, car depuis quelque
temps il ne l'employait plus.
Alors, les gens de police n'avaient pas un
traitement fixe; mais chaque affaire leur. était
payée selon son importance. . - / -
/ , '
Boisfleury fit donc venir Porion.
Il ne lui parla point du Régent, mais il lui
dit que le lieutenant de police avait refusé de se
mêler de cette affaire.
Porion vit là une excellente occasion, non-
seulement de se signaler, mais de se mettre
en révolte ouverte avec son cbef, en s'apurant
l'appui du parlement.
Trois jours après s'être mis en campagne, il
revint un matin chez Boisfleury.
— Monseigneur, lui dit-il, je tiens tous les
fils d'une vaste intrigue. ~
— Ah ! fit Boisfleury, voyons?
Cela se passait dans la chambre des instruc-
tions criminelles; le président avait mis sa robe
rouge, et donné l'ordre à son huissier de ne
laisser entrer personne,
— Monseigneur, reprit Porion, le margrave
et le marquis de la Roche-Maubert, étaient -
amoureux de la n:cme femme.
— Ah !
— Je ne crois pas que le marquis soit mort;
mais je n'ai pas encore de données positives
sur son sort. Quant au margrave, il a quitté
son hôtel hier soir. -
— Où est-il allé?
— Dans un carrosse jusqu'au bord de la ri-
vière, auprès du pont au Change.
-- Et puis ?
%
5 cent. le nO:léro •; JOURNAL QUOTIDIEN ' 5 cctî'. b tUméfQ,
AMNNEMEKTS. - Trois mois. Six moi'!. Un aa.
Paris & fr. 9 fr. 18 Cr.",
Départements.. G Il et ^
. Administrateur: E.DELSAUX. 1 ~.r., 1
; V-, ; .
aDle année. — DIMANCHE 43 SEPTEMBRE 1868.— N' --8.7î
Directeur-Propriétaire. : JA R< K IN..
Rédacteur en chef A..DE 13 A L A T Il 1 n I3i$aî x,onn%
,} BUrÀ^IX D'ABON ÏÎEKENT : O, E»tStT Tf »""?©£>•
ADMINISTRATION : 13, place Brclla/ ;
PARIS, 12 SEPTEMBRE 1868
FÊTES DE SAINT-RÉMY
LES FÉLIBRES DE LA
« Dans un mas qui se cache au milieu des
pommiers, un beau matin, au temps des
moissons, je suis né d'un jardinier et d'une
jardinière dans le jardin de Saint-Rémy. »
Ainsi parle Joseph Roumanille, le chef
de la petite pléiade des poëtes provençaux.
Saint-Rémy est une petite ville, située au
fond de cette magnifique vallée, qui montre
vers le nord A vignon et le château des papes,
vers re midi les tours. sarrazines des arènes
d'Arles. Le point central est à Beaucaire.
Arrêtez-vous là. Montez sur les raines d'a
Montmorency; vous apercevrez Avignon à
gauche, Ar!es à droite, en face de vous le
îhâteau de Tarascon, plus loin dans la cam-
pagne les deux tours de Château-Renard, la
rieille chapelle romane de saint Gabriel, et,
DIUS loin encore, du côté du Sud, sur le pen-
:hant des montagnes crénelées que veloute
.e soleil, les monuments romains de Saint-
lémy. Un bastion avancé des Alpes, le mont
venteux, avec les petites chaînes qui se rat-
achent à- ses flancs, fait au tableau un cadre
grandiose....
Rien de plus juste que cette -description
lontje trouve les principaux traits dans une
itude de lU. Réné Taillandier.
C'est surtout en Provence que la poésie est
mmortelle comme le parfum des fleurs et la
plendeur des cieux.
Aussi ses fêtes sont-elles des fêtes na-
tionales et populaires.
Les poètes du cercle d'Avignon invitent-ils
leurs confrères de la Catalogne à venir réciter
des vers avec eux, aussitôt un grand courant
d'enthousiasme s'établit, et cette réunion de
famille prend les proportions d'un événement.
La presse parisienne est conviée à y assister.
On rédige un programme, — programme mer-
veilleux, — qui débute par une distribution
de pain et des feux de joie, qui multiplie
les chœurs, les danses, les farandoles, les tam.
bourins, et qui se {termine par l'arrivée des
taureaux'de la Camargue, un spectacle de la
Provence moderne, et ' par une visite aux
ruines parsemées dans la campagne, un pèle-
rinage latin.
i... La Petite Presse sera représentée à Saint-
'ïlémy, et vous donnera lundi des détailsr£e
■ cette fête du gai savoir et du parler harn^
n Il Miix qui commence aujourd'hui. < ^
V Cet article n'est qu'une préface, mais je
j-îiens à prouver aux écrivains du Midi, que si
la langue d'Oc et la langtie d'Oïl existent en-
core, du nfoins peux qui les parlent sont ij;S
p#r un uQà- '
La langue d'Oc.
C'était au début la langue latine populaire
dans le Midi. On la parlait dans le nord-est de'
l'Espagne et jusqu'à la Loire. La formule af-
firmative oc dérivée du latin hoc, lui a donné'
son nom.
Un peu plus tard, elle s'appela langue pro-
vençale, de la Provence où elle avait été em-
ployée dans la littérature pour la première
fois. On la retrouve encore dans le dialecte
Catalan et Valençais.
Ses plus anciens monuments remontent
au dixième siècle. Le onzième et le douzième
siècles sont les époques de son développement
le plus complet et le plus glorieux. Au trei-
zième siècle, il y avait des grammaires pro-
vençales. La poésie des troubadours florissait
[ dans tout le midi. La prépondérance du fran-
çais du Nord date de la Renaissance. Le pro-
vençal fut réduit à l'état de dialecte. Les
poètes de cour, à l'affût de la mode, laissèrent
ce dialecte aux ménestrels qui chantaient
pour le peuple et parlaient son patois,'
Plénitude des sons, richesse des formes,
merveilleuse harmonie de l'expression et de la
pensée, le dialecte provençal a toujours été j
GOOiiwd. maintenu-«i-glegifié par
tion d'artistes et d'écrivains, gens de condi-
tion modeste, et fiers du pîiys qu'ils ont tenu
à ne pas quitter. Ecoutez Mistral. Lui, ne croit
pas que le provençal soit une langue morte :
« Les parents de Mathieu, dit-il dans une de
ses préfaces, comme ceux de Roumanille,
comme ceux de Tavan, comme les miens
aussi, sont des gens de la- terre, ne connais-
sant d'autre langue que le parler provençal;
que cela serve de réponse une bonne fois pour
toutes à ceux qui vous disent : — Que ne
parlez-vous français? »
Un million d'hommes lisent en effet à livre
ouvert Mireille, l'Almanach provençal et les
œuvres de la pléïade d'Avignon.
L'année dernière, les insurgés - catalans
chantaient une chanson de Mistral en mar-
chant au combat. C'était leur Marseillaise.
A Saint-Tropez, lorsqu'on inaugura la sta-"
tue du bailli de Suffren, un vieil officier de
marine se mit à réciter à haute voix les stroi
phes de Mireille consacrées aux héros de la
guerre des Indes. Il y avait là tout un peuple
de matelots, de pêcheurs, d'hommes de la
M«, qui se mirent à pleurer « i'éctratant.
Trois fois il fallut recommencer la chanson
du bailli de Suffren.
J'ai nommé Mistral. Mais à côté de èe grand
poëte, que l'admiration de Lamartine a rendu
populaire à Paris, que d'autres poëtes —
moins célèbres — ont écrit de merveilleuses
choses là-bas! Aubanel, Saboly, Anselme
Mathieu, Morel, de Crousillat, Bénédit, Ma-
rius Bourrelly, et dernièrement Fauteur des
Papillons bleus (Li Parpaïoun blu), William
Bonaparte-Wyse, — un gentilhomme irlan-
dais qui s'est souvenu qu'il appartenait par la
princesse Lœtitia Bonaparte, sa mère, à la
France du midi, et qui est venu s'y établir,
en étudier la langue et en apprendre les
formes pour les donner à ses inspirations!...
Chez tous ces poëtes on retrouve l'amour
de la nature locale et la foi vive du Midi. La
Provence pastorale, le Comtat, aux paysages
harmonieux, la grande Provence, celle des
oliviers, de la mer et des montagnes, servent
tour à tour de cadre à des poëmes et à des
chansons empreints d'une conviction reli-
gieuse digne du temps des Albigeois.
Je voudrais, chers lecteurs, vous donner
uie idée de cette poésie et je prends à des-
ïerftniafns I'oeu-vre de iloumanille une légende
dont le sujet est aussi touchant que gracieux.
Cette légende est dédiée à Sainte-Beuve.
J'en emprunte la traduction au livre de
Fernand Lagarrigue : Les Méridionaux.
LES CRÈCHES
I
Dans lôs chœurs de séraphins que Dieu a faits
pour chanter éternellement, ivres d'amour : tc Gloire,
gloire au Père! » dans les joies du paradis, il y en
avait un qui, souvent, loin des joyeux chanteurs
s'en allait tout pensif.
Et son front, blanc comme neige, penchait vers
la terre, pareil à celui d'une fleur qui n'a point
d'eau l'été. De plus en plus il devenait rêveur. Si
l'ennui, lorsqu'on est dans la gloire de Dieu, pou-
vait tourmenter le cœur, je dirais que ce bel ange
s'ennuyait.
1
A quoi rêvait-il ainsi, et en cachette ? pourquoi
Il'était-il pae¡de la fêla.? .I?ourqpoi, set I parmi les
-aqgeft «tourna, &*il avait pé6h.é, inclinait il le ,fi'ODtt .-
II
Levo!!à! II' vient de s'agenouiller devant Dieû.
Que va-t-il J!re? Pour le voir et l'entendr#, ses @~
. frères interrompent leur alléluia.
III
« Quand Jésus enfant pleurait, qui! 'était tout, 1
tremblant de froid dans l'étable ,de Betlr£em, c'est '
mon sourire qui le consolait, mon aile qui le cou--
vrait; je le réchauffais de mon haleine.
» Et depuis, ô mon Dieu! quand un enfwntelti
pleure, dans mon cœur pieux sa voix -■ ent retpn*
tir. Voilà pourquoi mon cœur souffre à toute heure,
Seigneur! voilà pourquoi je suis pensif
» Sur la terre, mon Dieu, j'ai quelque chose à '
faire : permettez l'fue j'y redescende. Il v a tant de
petits enfants, hélàs 1. pauvres agneaux, de lait, qui
tout transis de froid, ne-font que se désoler loin du
sein et des baisers de leur mère. Dans des chambres
bien chaudes je veux les abriter, je Vf" x les cou-
cher dans des berceaux et !es bien couvrir. Je veux
les dorloter, je veux en être le bercetir. Je veux qu'au
lieu d'une seule, ils aient tous vingt mères qui les
endormiront quand ils auront bien têté. »
IV
.Les anges applaudirent, et vite il étendit les
ailes; du haut du ciel, rapide comme I'- clair, des-
cendit l'ange, et les mères ici-bas tres.- iUu'ent de
bonheur, et les crèches s'ouvrirent partout où passa
l'ange des petits enfants...
L'auteur des Crèches, Joseph Roumanille,est
le grand homme'de cette petite ville de Saint-
Rémy, où vont avoir lieu de si belles fêtes.
D'abord prote dans une imprimerie d'Avi-
gnon, il est devenu libraire et il édite ses
poésies, celles de sa jeune femme et celles de
ses frères. C'est autour de lui que se groupent
les Félibres, - faiseurs de livres, — disent
les gens amis des étymologies faciles, et les
autres étymologies sont si bizarres qu'elles
semblent donner raison à celle-là...
0'1 se réunit souvent, on dîne ensemble,
et chacun au dessert parle en vers à ses com-
pagnons. Quelquefois l'on part, comme cette
année, pour aller visiter les poëtes Catalans,
don Victor Balaguer de Barcelone, don Anto-
nio de Torres, don Albert de Quintana, don
José Zorilla, d'autres encore. Il y a, dans ce
petit milieu, où l'on ne s'occupe que d'art et
de poésie, plus de foi peut-être et plus de
souffle que dans bien des grands cénacles,
dont la camaraderie a fait la réputation.
TONY RÉVILLON.
LA FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
I
87 Revenons maintenant, â notre ami le prési-
dent Boisfleury qui prenait tant de peines,
de mal et de souci pour le pl,: s éclatant triom-
phe de la justice dont il se croyait le plus pur
représentant sur la terre.
Le président .Boisfleury s'était donné beau-
coup de mal depuis quelques jours.
On sait comment le Régent et le cardinal Du-
bois l'avaient reçu.
t Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
Mais un tel accueil ne pouvait rebuter l'infa- ;
tigable magistrat. I
Toute sa vie le président Boisfleury avait
trouvé des coupables, et ce n'était pas à la fin
de sa carrière qu'il allait déroger à ses principes
en ne voyant plus autour de lui que des inno-
cents.
Éconduit de chez le Régent, il était allé
chez la duchesse du Maine.
La grande maîtresse de l'ordre de la Mouche à
miel, lui avait dit :
— Le Régent est un misérable qui protége
les vauriens, les assassins et les filous. Mais il
est tout-puissant. Telle que vous me voyez, je
suis exilée dans ma terre de Sceaux et ne pour-
rais. irt)tJs être d'aucun secorrrs.-
De chez la duchesse, le président était allé
chez le duc de Bourbon, puis chez Mme 'de Prie,
sa maitresse. - ! ! r '
On lui avait fait la même réponse.
Mais les obstacles, au lieu de rebuter l'a-
charné président, l'exaltaient, tout au con-
traire. , •
Un autre eût renoncé à retrouver le marquis
de la Roche Maubert et à se mêler des affaires
du margrave.
Le président s'écria :
— Quand je devrais être moi-même agent de
police, j'irai jusqu'au bout.
Le Gascon Castirac avait pris la fuite; mais
le président ne renonçait pas a le retrou-
ver.
D'ailleurs, il avait appris qu'un capitaine-
aux gardes s'était présenté, pour arrêter • le-
Gascon, cinq minutes après le départ de ce-
lui-ci.
On redoutait donc Caltirac"
— Si je remets la main sur lui, s'était dit
Boisfleury, il sera le plus bel atout de mon jeu.
Et le président, loin de renoncer à la tâche
qu'il s'était imposée, avait mandé auprès de lui
l'agent de police Porion.
Ce Porion, qui devait plus tard jouer un rôle
important, sous le nom de Père Cannelle, dans
l'arrestation du régicide Dam ens, était non-
seulement un homme habile, mais encore un
ambitieux.
Il voulait être lieutenant de police, lui,
homme de rien; et il n'attendait qu'une occa-
sion pour se signaler à l'attention des gens qui
tenaient le pouvoir en mains.
Le lieutenant de police avait-il-pénétré ses
vues ambitieuses?
La chose était probable, car depuis quelque
temps il ne l'employait plus.
Alors, les gens de police n'avaient pas un
traitement fixe; mais chaque affaire leur. était
payée selon son importance. . - / -
/ , '
Boisfleury fit donc venir Porion.
Il ne lui parla point du Régent, mais il lui
dit que le lieutenant de police avait refusé de se
mêler de cette affaire.
Porion vit là une excellente occasion, non-
seulement de se signaler, mais de se mettre
en révolte ouverte avec son cbef, en s'apurant
l'appui du parlement.
Trois jours après s'être mis en campagne, il
revint un matin chez Boisfleury.
— Monseigneur, lui dit-il, je tiens tous les
fils d'une vaste intrigue. ~
— Ah ! fit Boisfleury, voyons?
Cela se passait dans la chambre des instruc-
tions criminelles; le président avait mis sa robe
rouge, et donné l'ordre à son huissier de ne
laisser entrer personne,
— Monseigneur, reprit Porion, le margrave
et le marquis de la Roche-Maubert, étaient -
amoureux de la n:cme femme.
— Ah !
— Je ne crois pas que le marquis soit mort;
mais je n'ai pas encore de données positives
sur son sort. Quant au margrave, il a quitté
son hôtel hier soir. -
— Où est-il allé?
— Dans un carrosse jusqu'au bord de la ri-
vière, auprès du pont au Change.
-- Et puis ?
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