Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-09-12
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 septembre 1868 12 septembre 1868
Description : 1868/09/12 (A3,N877). 1868/09/12 (A3,N877).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178792
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
.T JOURNAL". QUOTIDIEN
I . • -V . î i .
e cenl. le^muérô .~~~
1, Si ca*.■■■'& uumtra
AfcONNE&îKXTS^;Trois mois. Six,mois, • :un- an.
Paris Paris::..'.::... '5 -hi.:--. » fr. ' wAShir. 4;
Départém>nt§Wj.,;.'....0 2-1 : : .39 h'îf-
Adminiiïrqltun : £. DELSA.UX.- i -
• ...... j ,
3100 année. — SAMEDI 19 SEPTEMBRE 1868. — PC 87"
Dirccleur-Pr6prir! taire: : J A i< n (';i -
Rédacteur en chef: A. DE 13 .HA T IITE n Dr.-ôEL°Nr»"J
BUREAUX D'ABONNEMENT : Q, b*m»ï!?!*•->î10*»
Administration : 13, place DL'cJil..: -
PARIS, 11 SEPTEMBRE 1868
LES BANDITS NAPOLITAINS
DESTRUCTION DE LA. BANDE DE GUERRA
Naples est la plus grande et l'une des plus
belles villes de l'Italie. La campagne qui l'en-
toure est admirable ; la terre y est d'une fer-
tilité merveilleuse et l'on y tl:olIve- tout, hors
le nécessaire : des ananas, de la fleur d'oran-
ger, des parfums, tout enfin, mais ni pain ni
ea'\ -
La province de Nappes s'appelait autrefois
la Campanie; -elle s'appelle maintenant la
Terre de Labour.
Campanie et Terre de Labour ont toujours
été un pays favorise pour les brigands. Il est
si doux de se coucher dans les vallées et
de se promener sur les montagnes, avec
le double spectacle d'un ciel de velours
et d'une mer d'azur, que les gens qui ne P03-
sèdent pas de terres sont peu disposés à culti-
ver celles des autres. Aussi, les compagnons,
trop fiers pour mendier, ont-ils, de temps im-
mémorial, battu les grands chemins, arrêté
les voyageurs et pillé les fermes, de façon à
vivre sans travailler.
A considérer toutes les qualités et toute la
peine que demande le métier de voleur, a-t-on
dit, on s'aperçoit que celui d'honnête homme
-est plus facile.
Tel n'est pas l'avis des bandas napolitains.
Leur profession, du reste, n'a rien de désho-
norant ni-de. mal vu là-bas. On les empri-'
sonne, on les fusille et on les pend. Mais on
les considère. Il ippelez-vous, dans nome con-
temporaine, i'entrevue de M. Edmond A bout
'îvec ie forçat Gasperone, un vieux chef de
bandes, h %ure et à barbe de patriarche, qui
avait: 127 homicides sur la conscience, et qui,
du- par cette série de méfaits, régnait sur le
bagne de Civitta-Castellana. Gasperone ra-
conte ses aventures aux voyageurs, et les
"•'■■ndarmes j'écoutent avec une respectueuse
admi¡;¡lllot1. L'un d'eux.lui dit : — De quoi te
p!ain"-II1? Tu as l'ait la guerre, et nous ne
la faisons jamais; tu n'as manqué de rien, et
.nous manquons de tout; tu as été capitaine,
et, moi qui teparlç. j'anraibicndu mal à de,
venir maréchal des logis...
* ' ' '
U -, -, ;■ - , .
f C'et surtout aux époques troublées, que le
banditisme florit dans la Terre de Labour et
. dans loutle royaume des Deux-Siciles. Qu'une
dynastie nouvelle, comme celle de Murât au
commencement du siècle, ou comme celle-de
Victor-Km manuel dans ces dérnièresannées,
— prenne la place des Bourbons ; aussitôt la
chouannerie napolitaine s'organise. Je dis
chouannerie à dessein ; car les guerres de la
Vendée ont eu chez nous deux périodes dis-
tinctes. Pendant la première, on se battait
pour un principe, qui était celui du gonver-
nement dt''chu. Dans la seconde, au contrairl:,
le principe n'était plus qJI'un prétexte; le véri-
table but de l'a guerre était le pillage et le
vol. Ce but est en vérité le seul chez les bri-
gands du royaume de Naples. Mais quelques
honnêtes gens croient à l'autre, et la majo-
rité des'Iaches feint d'y croire aussi.
La lutte se trouve donc circonscrite entre
la force armée et les voleurs. Parfois la force
armée trouve un appui dans les villages, et
parfois les gentilshommes de la montagne y
trouvent des secours....
La partie est difficile à jouer, même pour
les plus habiles. Paul-Louis Courier, un offi-
cier d'artillerie, qui faisait le gendarme du
temps du roi Murât, nous a laissé ses impres-
sions. —
« Nous donnons la chasse aux brigands,
chasse où le chasseur est souvent pris. Nous
les pendons; ils nous brûlent le plus douce-
ment possible ; ils nous feraient même l'hon-
neur de nous mangef. Nous jouons avec eux
à cache cache ; mais ils s'y entendent mieux
que nous. Nous les cherchons bien loin, lors-
qu'ils sont tout près. Nous ne les voyons ja-
mais, ils nous voient toujours. La nature du
pays et l'habitude qu'ils en ont font que,
même étant surpris, ils nous échappent aisé-
ment; non pas nous à eux... »
Nombre d'officiers de l'armée italienne
pourraient aujourd'hui parler comme Cou-
rier.
Le brigandage napolitain est un fait; et
les journaux qui nous arrivent de là-bas sont
pleins de récits étrange?, do crimes, d'ar-
restations. C'est a l'un d'eux,, l'Italia, que
•j'emprunte l'épisode suivant de cette guerre
de sauvages. "" ■': ^ ■
Un des principaux foyers du banditisme,
qui désole depuis huit ans la Terre de La-
bour, est sans contredit le territoire de Mi-
gnano. Aussi c'est vers ce ,point que s'était
principalement fixée l'attention' du général
Pallavicini. 11 commença par employer la
douceur. — Rentrez chez tous, et vous
serez amnistiés pour le passé, à la con-
dition de vous bien conduire à l'avenir !... Ces
promesses,n'ayant obtenu aucun résultat, le
général passa à la menace : — Si vous per-
sistez àjne pas déposer les armes, vous serez
fusillésfeu pendus!... Pas la moindre réponse;
ce qui voulait dire clairement : —Si vous
avez envie de nous pendre, yçpçz^nous pen-
dre I.. Le général partit. Il chercha à s'assurer
le concours des gardes nationaux et des fer-
miers. Il réussit, et bientôt les brigands, tra-
qués et sans asile, se virent réduits à battre
la campagne. Dans la nuit du 30 août au il,
septembre, un orage . violent éclata sur Mi-
gnan-o. Il pleuyait à verse et l'obscurité était
complète,
Ce fut ce moment qu'on choisit pour agir.
Le capitaine de la garde nationale, M. Lariccfc,
venait d'être averti de la présence des bri-
gands au pied du mont Tonone. — Eh bien !
on irait les chercher là...
Le major Lom'bardi se mit à la tête d'une
petite troupe de soldats de la ligne et de cara-
biniers. Le capitaine Laricce se joignit à lui
avec six miliciens. On sortit de la ville par
petits groupes. Le vent et le tonnerre étouf-
faient le bruit des pas, en même temps que la
nuit cachait l'aspect des hommes.
Après deux heures de marche, on n'avait
rien trouvé. Les chefs de l'expédition se re-
joignirent et se concertèrent à voix basse. Le
retour fut résolu. Un seul homme s'y était
opposé, —nn des guides. Il savait qu'à quel-
ques pas de l'endroit où il s'était arrêté se
trouvaient d'énormes chênes creux, dans les-
quels les brigands avaient pu se blottir et se
cacher.
On inclina du côté de ces chênes.
Tout à coup, un éclair raya l'obscurité ; et
sajucur, éclairant les'chênes, ^fctaîra'^^ir
temps ('eux ,silt19u,éHes r'l hurnaines qmîsa con ,
fondaient avec eux. Le gukle.se retourna.
Mais déjà te capitaine.Cassaitiga, qui le sui-
vait, avait jetéié fusil dont il était wmp. et s'é-
tait élancé vers le premier arl)re. Il avait saisi
te brigand par le cou et l'avait. ietq)à terre.
Pendant un instant, toux deux ttitf'*Piit dans
la nuit. Irrtpossrbte-&nx soldats- chr-faire usage
de leurs armes : les halles, destinées au ban-
dit, eussent pu atteindre le capitaine., On at-
tendit un nouvel éc.iair. Heureusenuw.it. il ar-
riva ,vite. Alors un soldat déchargea à bout-
portant son fusil sur le malfaiteur. Des
torches furent allumées. On sc'pencha sur. le?
cadavre., - • 1• -
C'était celui du chef de la bande, Françesco
Guerra.. , '
Son compagnon avait pris la fuite. On. le,
voyait debout, à une faible distance, remuant
la tête et regardant d<*tous les côtés, comme
pour chercher la meilleure issue...
Le docteur Fizzorno lui tira un coup de
revolver qui le blessa.; pas assez cependant .
pour l'empêcher de reprendre sa course. Les
soldats firent feu tous à la fois, et le fuyard
tomba pour ne plus se relever. Les premiers
qui arrivèrent près de lui, jetèrent un eri. Le
bandit, qui râlait à teurs pieds, était une
femme, Michelina de Cesare, la maîtresse
du chef...
Les éclairs se succédaient, illuminant les
profondeurs du taillis.. Dans un chêne, plus
grand que les autres, deux hommes fu?eï>t
-aperçus par les-^arabiniers. ,.
Le premier fut fusillé sur place. On le rc-f-:
connut pour Orsi de Letino.
Le second fit semblant de tomber. 11 se re-
leva et se mit à courir. Le coup de feu d'un i
carabinier l'abattit. Il se releva encore. Loi
sous-lieutenant Hanieri déchargea son revol-
ver et lui envoya deux nouvelles balles. Mais -
on avait affaire cette fois à Giacomo Cicccue.
c'est-à-dire à l'un des plus féroces brigands
de la Terre de Labour. D'une force prodi-
gieuse, ce misérable se jota sur les earabi- ,
nierset les soldats, et son agonie fut une
lutte terrible dans laquelle plusieurs de ses :
adversaires furent terrassés.
La troupe se composait en tout de sixhom- •
mes. Je ne parle pas des complices, qui, là-
bas, sont toujours nombreux, mais qat ha- >
bitent paisiblement leur maison et qui< vivent. t
LA
FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIERE PARTIE
86
XLIV
Le soupçon qui venait de traverser l'esprit du
margrave était cel.tÜ-ci :
— Janine a enfermé le marquis de la Roche-
Maubert; elle se venge de lui. Qui sait si elle
ne se vengera pas de moi aussi ?"
— Eh bien! fit la femme immortelle en lais- 1
sant suspendue son épingle d'or au-dessus du
tn'as. ^
Voir les numéros parus del)uis le 21 juin.
— Tu ne me trompes pas, au moins? fit le
margrave.
— Te tromper! et pourquoi? (
— Si, mon sang répandu jusqu'à la dernière
goutte,tu allais me laisser mourir! .
Janine haussa les épaules.
Mais au lieu de protester, elle sg contenta
d'aller vers la cheminée au long de laquelle
pendait un gland de sonnette, qu'elle prit et
agita.
— Que fais-tu? dit le margrave étonné.
Janine ne répondit pas.
Seulement, au bout de quelques secondes, la
porte s'ouvrit et un personnage entra, sur la
vue duquel le margrave était loin de compter.
Ce personnage était Mme Edwige.
La terrible gouvernante était comme le trait
d'union entre la vie réelle et ce'.te fantastique
existence que le margrave menait depuis qua-
rante-huit heures.
Mme Edwige souriait.
— Madame, lui dit froidement Janine, je ne
puis tenir ce que je vous ai p:o-mis. C«î pauvre
Fritz est fou.
Vous seule savez si je l'aimais, vous qui, de
I puis vingt-ans, m'écrivez cluque jour ce qu'il
1 fait. *
— C'est vrai, dit Mme Edwigs^
— Comment ! balbutia le margrave, tu sa- j
vais?...
,— Je sais tout, dit Mme Edwige, qui" attacha
sur le vieillard son regard dominateur, et j'ai eu
bien de la peine à vous amener ici.
— Eh bien 1 dit Janine, emmenez-le, car il
est indigne de mon amour.
— Janine, s'écria le margrave confus, par-
donne-moi encore. Tiens que mon s'ang
coulsivs.. j'ai foi en toi
Et il lui tendit son bras.
Mais Janine avait remis l'épingle d'ar dans
"
ses cheveux.
— Non, dit-elle, pas à présent.
— Pourquoi ?
— Je te l'ai dit, si tu ne m'aimes pas, je serai
impuissante à te rendra !-a jeunesse.
— Êt si je t'aime !
— Jo veux bien te pardonner encore, dit-elle,
mais à la condition que tu te soumettras à une
dernière épreuve.
— Parle..
Janine fit un signe .à Mme Edwige cotte
fois.
La gouvernante aKa prendre un i-o.belet d'ar-
gent et un flacon qui se trouvaient sur un dres-
soir.
| —Tu as les nerfs agité.;, dit Janine, et tu as
I besoin de calme. Bn.is cula.
Mme Edwige avait versé une partie du con-
tenu du flacon dans le gobelet et elle le-présen-
tait au margrave.
Celui-ci, devenu docile comme un eafant, prit
la gobelet et le vida d'un trait.
Ce fut rapide, presque foudroyante
Le margrave jeta un cri, fit un soubresaut s-or i
le lit, puis retomba encore.
Ses yeux s'étaient brusquement fermés et une
paralysie entière s'était emparée- de tout son!
corps.
Alors Mme Edwige regarda Janine.
— Il est mort ! dit-elle.
— Non, répondit Janine, naais tous sossenft
sont paralyaés à l'exception d'an seul.
— Lequel ?
— L'ouïe.
— Il entend ce que nous disons?
Oui, et son châtiment va commencer.
Et Janine, qui avait tout à lOUp pris la solen-
nelle attitude d'un juge qui condamne, Janine
regarda cet homme qui avait l'air d'u-n cadavre;- j
et dit :
— Fritz, prince margrave de Lansbourg-Nas-j
sau,je ne suis pas Janine, la sorcière, Janine, la.
femme qui faisait de l'or. Sa mère est. inerte
sur le bûcher que tu lui as dressé. Mais Jamne,
en mourant, a légu~ sa vepseance à, sou kéii;
.T JOURNAL". QUOTIDIEN
I . • -V . î i .
e cenl. le^muérô .~~~
1, Si ca*.■■■'& uumtra
AfcONNE&îKXTS^;Trois mois. Six,mois, • :un- an.
Paris Paris::..'.::... '5 -hi.:--. » fr. ' wAShir. 4;
Départém>nt§Wj.,;.'....0 2-1 : : .39 h'îf-
Adminiiïrqltun : £. DELSA.UX.- i -
• ...... j ,
3100 année. — SAMEDI 19 SEPTEMBRE 1868. — PC 87"
Dirccleur-Pr6prir! taire: : J A i< n (';i -
Rédacteur en chef: A. DE 13 .HA T IITE n Dr.-ôEL°Nr»"J
BUREAUX D'ABONNEMENT : Q, b*m»ï!?!*•->î10*»
Administration : 13, place DL'cJil..: -
PARIS, 11 SEPTEMBRE 1868
LES BANDITS NAPOLITAINS
DESTRUCTION DE LA. BANDE DE GUERRA
Naples est la plus grande et l'une des plus
belles villes de l'Italie. La campagne qui l'en-
toure est admirable ; la terre y est d'une fer-
tilité merveilleuse et l'on y tl:olIve- tout, hors
le nécessaire : des ananas, de la fleur d'oran-
ger, des parfums, tout enfin, mais ni pain ni
ea'\ -
La province de Nappes s'appelait autrefois
la Campanie; -elle s'appelle maintenant la
Terre de Labour.
Campanie et Terre de Labour ont toujours
été un pays favorise pour les brigands. Il est
si doux de se coucher dans les vallées et
de se promener sur les montagnes, avec
le double spectacle d'un ciel de velours
et d'une mer d'azur, que les gens qui ne P03-
sèdent pas de terres sont peu disposés à culti-
ver celles des autres. Aussi, les compagnons,
trop fiers pour mendier, ont-ils, de temps im-
mémorial, battu les grands chemins, arrêté
les voyageurs et pillé les fermes, de façon à
vivre sans travailler.
A considérer toutes les qualités et toute la
peine que demande le métier de voleur, a-t-on
dit, on s'aperçoit que celui d'honnête homme
-est plus facile.
Tel n'est pas l'avis des bandas napolitains.
Leur profession, du reste, n'a rien de désho-
norant ni-de. mal vu là-bas. On les empri-'
sonne, on les fusille et on les pend. Mais on
les considère. Il ippelez-vous, dans nome con-
temporaine, i'entrevue de M. Edmond A bout
'îvec ie forçat Gasperone, un vieux chef de
bandes, h %ure et à barbe de patriarche, qui
avait: 127 homicides sur la conscience, et qui,
du- par cette série de méfaits, régnait sur le
bagne de Civitta-Castellana. Gasperone ra-
conte ses aventures aux voyageurs, et les
"•'■■ndarmes j'écoutent avec une respectueuse
admi¡;¡lllot1. L'un d'eux.lui dit : — De quoi te
p!ain"-II1? Tu as l'ait la guerre, et nous ne
la faisons jamais; tu n'as manqué de rien, et
.nous manquons de tout; tu as été capitaine,
et, moi qui teparlç. j'anraibicndu mal à de,
venir maréchal des logis...
* ' ' '
U -, -, ;■ - , .
f C'et surtout aux époques troublées, que le
banditisme florit dans la Terre de Labour et
. dans loutle royaume des Deux-Siciles. Qu'une
dynastie nouvelle, comme celle de Murât au
commencement du siècle, ou comme celle-de
Victor-Km manuel dans ces dérnièresannées,
— prenne la place des Bourbons ; aussitôt la
chouannerie napolitaine s'organise. Je dis
chouannerie à dessein ; car les guerres de la
Vendée ont eu chez nous deux périodes dis-
tinctes. Pendant la première, on se battait
pour un principe, qui était celui du gonver-
nement dt''chu. Dans la seconde, au contrairl:,
le principe n'était plus qJI'un prétexte; le véri-
table but de l'a guerre était le pillage et le
vol. Ce but est en vérité le seul chez les bri-
gands du royaume de Naples. Mais quelques
honnêtes gens croient à l'autre, et la majo-
rité des'Iaches feint d'y croire aussi.
La lutte se trouve donc circonscrite entre
la force armée et les voleurs. Parfois la force
armée trouve un appui dans les villages, et
parfois les gentilshommes de la montagne y
trouvent des secours....
La partie est difficile à jouer, même pour
les plus habiles. Paul-Louis Courier, un offi-
cier d'artillerie, qui faisait le gendarme du
temps du roi Murât, nous a laissé ses impres-
sions. —
« Nous donnons la chasse aux brigands,
chasse où le chasseur est souvent pris. Nous
les pendons; ils nous brûlent le plus douce-
ment possible ; ils nous feraient même l'hon-
neur de nous mangef. Nous jouons avec eux
à cache cache ; mais ils s'y entendent mieux
que nous. Nous les cherchons bien loin, lors-
qu'ils sont tout près. Nous ne les voyons ja-
mais, ils nous voient toujours. La nature du
pays et l'habitude qu'ils en ont font que,
même étant surpris, ils nous échappent aisé-
ment; non pas nous à eux... »
Nombre d'officiers de l'armée italienne
pourraient aujourd'hui parler comme Cou-
rier.
Le brigandage napolitain est un fait; et
les journaux qui nous arrivent de là-bas sont
pleins de récits étrange?, do crimes, d'ar-
restations. C'est a l'un d'eux,, l'Italia, que
•j'emprunte l'épisode suivant de cette guerre
de sauvages. "" ■': ^ ■
Un des principaux foyers du banditisme,
qui désole depuis huit ans la Terre de La-
bour, est sans contredit le territoire de Mi-
gnano. Aussi c'est vers ce ,point que s'était
principalement fixée l'attention' du général
Pallavicini. 11 commença par employer la
douceur. — Rentrez chez tous, et vous
serez amnistiés pour le passé, à la con-
dition de vous bien conduire à l'avenir !... Ces
promesses,n'ayant obtenu aucun résultat, le
général passa à la menace : — Si vous per-
sistez àjne pas déposer les armes, vous serez
fusillésfeu pendus!... Pas la moindre réponse;
ce qui voulait dire clairement : —Si vous
avez envie de nous pendre, yçpçz^nous pen-
dre I.. Le général partit. Il chercha à s'assurer
le concours des gardes nationaux et des fer-
miers. Il réussit, et bientôt les brigands, tra-
qués et sans asile, se virent réduits à battre
la campagne. Dans la nuit du 30 août au il,
septembre, un orage . violent éclata sur Mi-
gnan-o. Il pleuyait à verse et l'obscurité était
complète,
Ce fut ce moment qu'on choisit pour agir.
Le capitaine de la garde nationale, M. Lariccfc,
venait d'être averti de la présence des bri-
gands au pied du mont Tonone. — Eh bien !
on irait les chercher là...
Le major Lom'bardi se mit à la tête d'une
petite troupe de soldats de la ligne et de cara-
biniers. Le capitaine Laricce se joignit à lui
avec six miliciens. On sortit de la ville par
petits groupes. Le vent et le tonnerre étouf-
faient le bruit des pas, en même temps que la
nuit cachait l'aspect des hommes.
Après deux heures de marche, on n'avait
rien trouvé. Les chefs de l'expédition se re-
joignirent et se concertèrent à voix basse. Le
retour fut résolu. Un seul homme s'y était
opposé, —nn des guides. Il savait qu'à quel-
ques pas de l'endroit où il s'était arrêté se
trouvaient d'énormes chênes creux, dans les-
quels les brigands avaient pu se blottir et se
cacher.
On inclina du côté de ces chênes.
Tout à coup, un éclair raya l'obscurité ; et
sajucur, éclairant les'chênes, ^fctaîra'^^ir
temps ('eux ,silt19u,éHes r'l hurnaines qmîsa con ,
fondaient avec eux. Le gukle.se retourna.
Mais déjà te capitaine.Cassaitiga, qui le sui-
vait, avait jetéié fusil dont il était wmp. et s'é-
tait élancé vers le premier arl)re. Il avait saisi
te brigand par le cou et l'avait. ietq)à terre.
Pendant un instant, toux deux ttitf'*Piit dans
la nuit. Irrtpossrbte-&nx soldats- chr-faire usage
de leurs armes : les halles, destinées au ban-
dit, eussent pu atteindre le capitaine., On at-
tendit un nouvel éc.iair. Heureusenuw.it. il ar-
riva ,vite. Alors un soldat déchargea à bout-
portant son fusil sur le malfaiteur. Des
torches furent allumées. On sc'pencha sur. le?
cadavre., - • 1• -
C'était celui du chef de la bande, Françesco
Guerra.. , '
Son compagnon avait pris la fuite. On. le,
voyait debout, à une faible distance, remuant
la tête et regardant d<*tous les côtés, comme
pour chercher la meilleure issue...
Le docteur Fizzorno lui tira un coup de
revolver qui le blessa.; pas assez cependant .
pour l'empêcher de reprendre sa course. Les
soldats firent feu tous à la fois, et le fuyard
tomba pour ne plus se relever. Les premiers
qui arrivèrent près de lui, jetèrent un eri. Le
bandit, qui râlait à teurs pieds, était une
femme, Michelina de Cesare, la maîtresse
du chef...
Les éclairs se succédaient, illuminant les
profondeurs du taillis.. Dans un chêne, plus
grand que les autres, deux hommes fu?eï>t
-aperçus par les-^arabiniers. ,.
Le premier fut fusillé sur place. On le rc-f-:
connut pour Orsi de Letino.
Le second fit semblant de tomber. 11 se re-
leva et se mit à courir. Le coup de feu d'un i
carabinier l'abattit. Il se releva encore. Loi
sous-lieutenant Hanieri déchargea son revol-
ver et lui envoya deux nouvelles balles. Mais -
on avait affaire cette fois à Giacomo Cicccue.
c'est-à-dire à l'un des plus féroces brigands
de la Terre de Labour. D'une force prodi-
gieuse, ce misérable se jota sur les earabi- ,
nierset les soldats, et son agonie fut une
lutte terrible dans laquelle plusieurs de ses :
adversaires furent terrassés.
La troupe se composait en tout de sixhom- •
mes. Je ne parle pas des complices, qui, là-
bas, sont toujours nombreux, mais qat ha- >
bitent paisiblement leur maison et qui< vivent. t
LA
FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIERE PARTIE
86
XLIV
Le soupçon qui venait de traverser l'esprit du
margrave était cel.tÜ-ci :
— Janine a enfermé le marquis de la Roche-
Maubert; elle se venge de lui. Qui sait si elle
ne se vengera pas de moi aussi ?"
— Eh bien! fit la femme immortelle en lais- 1
sant suspendue son épingle d'or au-dessus du
tn'as. ^
Voir les numéros parus del)uis le 21 juin.
— Tu ne me trompes pas, au moins? fit le
margrave.
— Te tromper! et pourquoi? (
— Si, mon sang répandu jusqu'à la dernière
goutte,tu allais me laisser mourir! .
Janine haussa les épaules.
Mais au lieu de protester, elle sg contenta
d'aller vers la cheminée au long de laquelle
pendait un gland de sonnette, qu'elle prit et
agita.
— Que fais-tu? dit le margrave étonné.
Janine ne répondit pas.
Seulement, au bout de quelques secondes, la
porte s'ouvrit et un personnage entra, sur la
vue duquel le margrave était loin de compter.
Ce personnage était Mme Edwige.
La terrible gouvernante était comme le trait
d'union entre la vie réelle et ce'.te fantastique
existence que le margrave menait depuis qua-
rante-huit heures.
Mme Edwige souriait.
— Madame, lui dit froidement Janine, je ne
puis tenir ce que je vous ai p:o-mis. C«î pauvre
Fritz est fou.
Vous seule savez si je l'aimais, vous qui, de
I puis vingt-ans, m'écrivez cluque jour ce qu'il
1 fait. *
— C'est vrai, dit Mme Edwigs^
— Comment ! balbutia le margrave, tu sa- j
vais?...
,— Je sais tout, dit Mme Edwige, qui" attacha
sur le vieillard son regard dominateur, et j'ai eu
bien de la peine à vous amener ici.
— Eh bien 1 dit Janine, emmenez-le, car il
est indigne de mon amour.
— Janine, s'écria le margrave confus, par-
donne-moi encore. Tiens que mon s'ang
coulsivs.. j'ai foi en toi
Et il lui tendit son bras.
Mais Janine avait remis l'épingle d'ar dans
"
ses cheveux.
— Non, dit-elle, pas à présent.
— Pourquoi ?
— Je te l'ai dit, si tu ne m'aimes pas, je serai
impuissante à te rendra !-a jeunesse.
— Êt si je t'aime !
— Jo veux bien te pardonner encore, dit-elle,
mais à la condition que tu te soumettras à une
dernière épreuve.
— Parle..
Janine fit un signe .à Mme Edwige cotte
fois.
La gouvernante aKa prendre un i-o.belet d'ar-
gent et un flacon qui se trouvaient sur un dres-
soir.
| —Tu as les nerfs agité.;, dit Janine, et tu as
I besoin de calme. Bn.is cula.
Mme Edwige avait versé une partie du con-
tenu du flacon dans le gobelet et elle le-présen-
tait au margrave.
Celui-ci, devenu docile comme un eafant, prit
la gobelet et le vida d'un trait.
Ce fut rapide, presque foudroyante
Le margrave jeta un cri, fit un soubresaut s-or i
le lit, puis retomba encore.
Ses yeux s'étaient brusquement fermés et une
paralysie entière s'était emparée- de tout son!
corps.
Alors Mme Edwige regarda Janine.
— Il est mort ! dit-elle.
— Non, répondit Janine, naais tous sossenft
sont paralyaés à l'exception d'an seul.
— Lequel ?
— L'ouïe.
— Il entend ce que nous disons?
Oui, et son châtiment va commencer.
Et Janine, qui avait tout à lOUp pris la solen-
nelle attitude d'un juge qui condamne, Janine
regarda cet homme qui avait l'air d'u-n cadavre;- j
et dit :
— Fritz, prince margrave de Lansbourg-Nas-j
sau,je ne suis pas Janine, la sorcière, Janine, la.
femme qui faisait de l'or. Sa mère est. inerte
sur le bûcher que tu lui as dressé. Mais Jamne,
en mourant, a légu~ sa vepseance à, sou kéii;
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.35%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.35%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque nationale Bibliothèque nationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bibliothèque nationale" or dc.contributor adj "Bibliothèque nationale")Amulettes de Chine : catalogue / [Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques] ; [rédigé par] François Thierry /ark:/12148/bd6t542045148.highres La musique française du Moyen âge à la Révolution : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1934] / catalogue réd. par Amédée Gastoué, l'abbé V. Leroquais, André Pirro, Henry Expert, Henry Prunières ; publ. par Émile Dacier ; [préface de Julien Cain] /ark:/12148/bd6t542006040.highres
- Auteurs similaires Bibliothèque nationale Bibliothèque nationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bibliothèque nationale" or dc.contributor adj "Bibliothèque nationale")Amulettes de Chine : catalogue / [Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques] ; [rédigé par] François Thierry /ark:/12148/bd6t542045148.highres La musique française du Moyen âge à la Révolution : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1934] / catalogue réd. par Amédée Gastoué, l'abbé V. Leroquais, André Pirro, Henry Expert, Henry Prunières ; publ. par Émile Dacier ; [préface de Julien Cain] /ark:/12148/bd6t542006040.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k47178792/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k47178792/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k47178792/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k47178792/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k47178792
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k47178792
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k47178792/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest