Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-08-16
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 août 1868 16 août 1868
Description : 1868/08/16 (A3,N850). 1868/08/16 (A3,N850).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717852d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent le SBBév* ' JOURNAL ' Ç^îOTIMEN 1 3 c{)nt. le unmèro
ABONNEMENTS. - Trois mois. Six mois. Un an.
Paris & fr. 9 fr. 48 fr.
■ Départements., 6 11 ne
Administrateur : E. DELSADX.
3œe année. — DIMANCHE 4 6 AOUT .Í8C8. —N° 850
DirecteU1'. r-"u'(Iriit.nirr' .: ,¡ A::'i N 1 N.
Rédacteur en chef : A. DE B A LA TU I KK- U H A C ni. ON NU,
BUREAUX D'ABONKEMEINT : ,'ue IIROUOT
ADMINISTRATION '. 13, place Breda.
PARIS, 15 AOUT 1868
LA FÊTE DU 16 AOUT.
GRENOBLE
Un jour, un voyageur visitait un établisse-
ment thermal du Dauphin. Il se permit quel-
ques critiques. " .
—1 Monsieur, lui diit un médecin grenoblois
qui se trouvait là, vous ne pouvez nous juger
ainsi à première vue. Pour connaître notre
vallée, il faut passer au moins huit jours. Ce
pays-ci est bien plus beau que la Suisse.
— Connaissez-vous la Suisse? demanda le
voyageur. ^
— Non, monsieur,
Ce « mais,», suivant quelques esprits cha- -
grins, suffit à rendre le caractère dauphinois.
Gens de montagne, comme les Savoyards, les
habitante de la vallée_ de Grenoble agiraient
:e même amourexclusif de leurpays, le même
dédain profond pour tout c'e qui lui- est
îtranger.°
\
■— A quoi,bon aller à Alhè-nes ou à Rome?
DI l'''! l;1c est Rome et Athènes à la fois !...
Nos autres villes françaises, placées sur le
bord des fleuves ou le long des grandes lignes
de chemin de fer, se modèlent plus ou moins
sur Paris. Les Grenoblois ont tenu . à garder
leur originalité et à n'être Parisiens que par
la douceur des mœurs, par la politesse et par
les instincts civilisés. Pour tout le reste, le
petit peuple Allobroge est demeuré provin-
cial, et, il faut bien te dire; fe~gr$ndcwde,
son histoire justifie ces prétentions de clo-
c ,-re r.
Lorsque les Romains conquirent le midi de
la Gaule, ils se préoccupèrent surtout d'éta-
blir Leur domination sur le Rhône, et, pen-
dant trois siècles, on ne trouve trace q-ue dans
de rares letties latines d'un petit bourg, situé"
sur la rive gauch'e dë l'Isère, au pied d'une
montagne et nommé Cularo. C'est seulement
l'Il 379 que, l'empereur Gratien, visitant la
province viennoise, s'arrêta dans ce bourg,
t'ut frappé de sa position, T'agrandit et le
baptisa. Cularo devint Gratianopolis, ville de
Gratien, d'où Grenoble.
Un siècle plus 'M.rd, une tribu barbare
¡venue"du Nord, les Bourguignons. enlevèrent
ta ville ,naissante aux Romains. Survint iroe
lu're tribu, lestFrancs. qui s'installa sur la
lêine et la...Loire, pour de là s'étendre sur-
't'Jules les Gaules. Les Francs battirent les '
Bourguignons. etrGrenoble, comme Anton et ;
Mâcon, devint leur propriété. A la mort de
Charlem,igne, le Dauphiné et là Bresse firent
partie du second royaume de Bourgogne,
taillé dans l'héritage du grand empereur. Ce
royaume détruit, la Bresse alla an duc de
Savoie; Grenoble, vi Ue communale par excel-
lence, vécut,sous le ^gouvernement de ses
évoques, qui reconnaissaient le roi de France
pour suzerain. Un maître éloigné n 'en est
pas un. Mais un autre maître se leva dans le
voisinage, le dauphin de Vienne, et la petite
république ecclésiastique dut reconnaître son
pouvoir. Humbert il, dauphin 'Viennois,
transmit Grenoble, ainsi que le Dauphiné
tout entier, aux fils aînés des rois de France.,
,L'un de ces/derniers, exilé par son père dans;,
sofi draine. lorsqu'il monta plus tard sur le
trône,..s'ocnrpa de ses va-,satix. Grenoble avait
un conseil delphina! dont la juridiction était
souveraine. Louis XI érigea ce conseil en
parlement. ' ■
Les guerres de religion éclatèrent. Elles
lurent ardentes dans"" ct!s-montagnes.. Il n'y
eut plus ni Allobroges ni Français, ni rois ni
dauphins, mais seulement des catholiques et
des prote-s.tants.,Les protestants, avec le baron
des Adrets, prirent Grenoble. Lœssevage, avec
les catholiques, la reprit. L* barpn des Adrets
s'en rendit maître une seconde fois. Lorsque
Chari cs,lX mourut,' elle était redevenue la
propriété des catholiques. Un jour, un lieute-,
tenant d'Henri IV, un grand seigneur dauphjl
nois, le duc de Lesdiguières, envoya demanda
à son maître le gouvernement de Grenob'e.
C'était c)1 1591. Henri n'était pas encore
maître, de P-aris. Il luttait contre la Ligue. La
demande" de Lesdigufères lui parut exorbi-
tante. Il hésita.
— Eh 1 sire, dit Bkon, donnez-lui le gou-
vernement de Lyon et celui de"Paris, s'il peut
les prendre.
Lesdiguijères battit le duc de Savoie, prit
Grenoble et s'établit dans le Dauphiné, di-
sant :
— Je iie souffrirai pas que jamais personne
vienne me troubler chez moi !...
* «
Est-ce à cette indépendance de son gouver-
'\
neur que l'esprit communal dut de reprendre,
plus vivace £y.Je jamais, dans le Graisivaudan ?
Mais cet esprit ne cessa jamais depuis lors de
se manifester par des actes de résistance et
d'opposition.
L'édit de Nantes fut mal accueilli à Gre-
noble ; le parlement dauphinois fut le "pré*
mier à s'engager dans la lutte contre le pou-
voir royal, en' 1787
Le berceau de la. liberté'française est une
petite ville dauphinoise , nommée Vizille.
C'est à Vizille que furent posées les bases de
ces fameux cahiers qui contenaient à la fois
et les réclamations de la province considérée
comme un tout indépendant, et ses réclama-
tions en faveur de la nation, dont elle était
une des parties. Meunier, un homme d"Etat
de l'ecole de Montesquieu, Barnave, un jeune
homme éloquent,épris des grandes idées phi-
losophiques de justice et de vérité, dirigèrent
ces délibérations avant d'aller, à Paris, les
présenter et les défendre aux Etats-Généraux.
Barnave mourut sur l'é-chafaud en 1793,
Meunier dut quitter la France dès 1792. Mais
tous deux avaient été les ouvrièrs cte la pre-
mière h,eure et s'étaient noblement acquittés
de leur travail. '
Du reste, la Révolution n'eut pas besoin
de sang pour rétablir à Grenoble. Elfe se
trouvait r là chez elle. ELle y était faite d'a-
vance.
Grenoble est la première station de Napo- |
léon lorsqu'il révint de l'île d'Elbe. Je vous.ai
raconté déjà la scène de Lafftey, pareille à
une légende.et l'entrée par la porte de Bonne,
la nuit tombée, à la clarté des flambeaux, au
milieu des acclamations des soldats et des
paysans.
, En i832, la guerre civi.le qui désolait Lyon
eut un écho dans le Graisivaudan, et Greno-
ble se leva un jour au nom des droits de la
commune qu'elle crut un instant menacés...
Ici se termine son histoire.
Mais cette histoire ne serait pas complète
sans la liste de ses grands hommes.
J'ai parlé de Mounier et (le Barnave. Il faut
câter encore un philosophe, Condiilac ; un
économiste, Mablv ; fin mécanicien, Vaucan-
son ; nn poëte, Gentil-Bernard ; un académi-
cien, Campenon. Casimir Pérîer, le plus
grand ministre qu'ait eu la monarchie de
Juillet, était de Grenoble, comme cet Henri
Beyle, dont le pseudonyme de Stendhal res-
tera à jamais illustre dans les lettres fran-
çaises.-
Longtemps après ces illustration? consa-
crées,«un jeune hopime à l'œil bleu rêveur,
aux Idngs cbev,enx,. aux allures op peu bizar-
res, quitta la ville 'de Grenoble pour venir lire
et publier des vers à Paris.
Qui de vous n'a connu ou du moins rencon-
tré le pauvre Philbxène Boyer, mort il y a un
an, tué par un labeur littéraire surhumain?...
Il aimait à- se souvenir de son pays natal
dans ses poëmes. Un jour, ayante parler de
Molière, il prit pour point de départ le roman-
comique de ce grand homme et les représen-
tations de Vienne et de Romans',...
*
,* Il a trente ans, et la charrette ,
Où vagit son'art nouveau-ne,
Par un matin d'avril, s'arrête
Sur un coteau du Dauphiné.
Un de mes amis de la Petite Presse, ur.
Dauphinois, François Maisonneufve, vous
rendra compte des fêtes de sa capitale.
Je vous ai raconté l'Histoire de Grenoble.
Fermez les yeux maintenant, et essayez de
vous représenter le tabl'eau suivant, copié
d'après nature, par M. Jules Taulier, un des
historiens du Daup'hiné :
« On ne saurait rien voir de plus frais et cle
plus gracieux que le bassin dan's lequel est
situé Grenoble. L'Isère'divise la ville en deux
parties inégales. D'un côté s'élèvent de riants
coteaux, couverts de vignes, du sein desquel-
les surgit une forêt d'aibres fruitiers qui pré-
sentent au printemps l'aspect d'un immense
tapis" de fleurs; une multitude de maisons
de' campagne,'' disséminées en amphithéâ-
tre, ajoutent encore au' chal'me de la vue.
» Au sommet de ces èoteaux, l'œil aperçoit
quelques bois et des rochers de la forme la
plus pittoresque. La ville est adossée à une
colline, au pied de laquelle coule l'Isère. Au-
delà de'l'enceinie de ses fortifications, s'étend
la plaine de Graisivaudan qui se prelonge à
gauche, en remontant l'Isère,' jusqu-'en Savoie;
a droite, en suivant la rivière, jusqu'à Vo-
reppe. Il n'y,a pas d'aspect comparable à celui
de cette immense étendue de prairies et de
champs cultivés, arrosée par des courants
d'eau vive, ombragée par une multitude
d'arbres"'Cle toute espèce. De l'autre côté do la
plains, en face de la ville, s'élève une nou- -
| velie ligne de coteaux couverts aussi de vignes,
LA
FEMME IMMORTELLE
59 PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIERE PARTIE
XVI
, Le premier des deux porteurs l'avait fort bien
dit, le président Baislleury était couché endor-
mait probablement, car les deux drôles frappè-
rent plusieurs fois à tour de bras sur la vieille
porte de la Vieille maison sans obtenir de ré-
ponse.
Le président Boisfleury s'était mis au lit en,
rentrant et il dormait sans doute de ce lourd
Voir les numéros pains depuis le 21 juin
sommeil qui est comme la récompense des
consciences tranquilles.
Erffin une' fenêtre s'ouvrit au-dessus de la
grande porte et la président, eoilTé d'un bonnet
de coton, demanda ce qu'on lui voulait.
, - C'est nous, monsieur le président, répondit
l'un des porteurs. #
Le président reconnut la chaise dont il s'était
servi tau 1 e la soirée.
Hé ! que voulez-vous, drôles ? fit-il, qu'a-
vez-vous à réclamer ?fVous, aurais-je par hasard
payé avec un écu rogné ? '
La voix du magistrat é-tait aigre comme celle
d'un homme 'mécontent d'avoir été éveillé
en sursaut'.
— Non, monsieur le président, répondh rautre
drôle..sans se déconcerter le moins du monde.
Seulement nous croyqns avoir découvert -la
trace d'un crime, et nous venons vous en préve-
nir.
A ce mot de crime, le zêlé président avait
bondi comme un cheval dé bataille, rendu à la
charrue, dresse l'oreille quand il entend le èlai-
ron.
Le premier porteur acheva de le subjuguer
en ajoutant :
— Et, comme nous savons votre grand a.rour
Iiour la justice et votre exécration poar les. mal-
faiteurs, nous n'avons pas hésité à vous venir
réveiller.
— Mais de quel crime est-il question?'1 de-
manda encore le président.
— Nous avons trouvé un homme dans la
rue.
— Bon !
— Un homme qui n'est pari mort, et-qui, ce-
pendant, ne peut pas parvenir à s'éveil.er,
Nous pensons qu'il y a dans cette singulière
ivresse d'outil parait atteint, quelque chose qui
n'est pas naturel-.
— Et où est-il, cet homme ?
— Nous l'avons Taiisé dans la chaise, et nous
vous l'apportons.
Le président disparut de la fenêtre en di-
sant : , *
— Attendez... je descends...
— Eb-bien 1 dit le second porteur, que te di-
sais-je ? Le bonhomme est capable de passer
une nuit tout fait blanche par amour de la
justice et en, haine des voleurs.
— C'est pourtant vrai. *
— N'est-ce pas un bon tour?
— Oh! excellent.
La vieille gouvernante du président Bois-
fleury était sourde ; elle n'avait donc pas ea-
, tendu frapper, et son maître, enfin éveillé,
% .
n'ayant pas hésité à se lever, jugea inutile de
troubler son repos. _
Il descendit donc'lui-même ouvrir la porte,
en caleçon,Jen bonneL de coton, tenant,en guise
de lampe,une chandelle à la main.
A peine la porte s'é ait-aile ouverte, que les'
deux porteurs ne donnèrent point au président
le temps' cft mettre le pied dans la rue.
Tout au contraire, ils prirent la chaise et la
portèrent dans le vestibule.
M. Boisfleury rapprocha alors, sa chandelle à
la main, écarta fes rideaux de cuir de la chaise
et ,-iL le chevalier de Caslirac toujours plongé
dans; un sommeil profond.
— Hum ! hum ! fit-il, voilà un visage qui ne
me revient qu'à moitié.
— C'est l'effet qu'il nous a produit, dit le pre-
mier .porteur.
- Aussi n'avons nous pas hésité, reprit le
second...
C'est bien, c'est bien, fit le président.
Puis il examina les vê:ements dépenaillés du
r '
chevalier.
— Hum 1 hum ! répétait-il, c'est un aven-
turier... un c<:cdard, cela se voit.
Puis il ajouta :
— Pincez-^noi ce gaillard.lâ, qu'il s'éveille et
que je l'interroge.
Les deux porteurs seconàrant la tâta.
5 cent le SBBév* ' JOURNAL ' Ç^îOTIMEN 1 3 c{)nt. le unmèro
ABONNEMENTS. - Trois mois. Six mois. Un an.
Paris & fr. 9 fr. 48 fr.
■ Départements., 6 11 ne
Administrateur : E. DELSADX.
3œe année. — DIMANCHE 4 6 AOUT .Í8C8. —N° 850
DirecteU1'. r-"u'(Iriit.nirr' .: ,¡ A::'i N 1 N.
Rédacteur en chef : A. DE B A LA TU I KK- U H A C ni. ON NU,
BUREAUX D'ABONKEMEINT : ,'ue IIROUOT
ADMINISTRATION '. 13, place Breda.
PARIS, 15 AOUT 1868
LA FÊTE DU 16 AOUT.
GRENOBLE
Un jour, un voyageur visitait un établisse-
ment thermal du Dauphin. Il se permit quel-
ques critiques. " .
—1 Monsieur, lui diit un médecin grenoblois
qui se trouvait là, vous ne pouvez nous juger
ainsi à première vue. Pour connaître notre
vallée, il faut passer au moins huit jours. Ce
pays-ci est bien plus beau que la Suisse.
— Connaissez-vous la Suisse? demanda le
voyageur. ^
— Non, monsieur,
Ce « mais,», suivant quelques esprits cha- -
grins, suffit à rendre le caractère dauphinois.
Gens de montagne, comme les Savoyards, les
habitante de la vallée_ de Grenoble agiraient
:e même amourexclusif de leurpays, le même
dédain profond pour tout c'e qui lui- est
îtranger.°
\
■— A quoi,bon aller à Alhè-nes ou à Rome?
DI l'''! l;1c est Rome et Athènes à la fois !...
Nos autres villes françaises, placées sur le
bord des fleuves ou le long des grandes lignes
de chemin de fer, se modèlent plus ou moins
sur Paris. Les Grenoblois ont tenu . à garder
leur originalité et à n'être Parisiens que par
la douceur des mœurs, par la politesse et par
les instincts civilisés. Pour tout le reste, le
petit peuple Allobroge est demeuré provin-
cial, et, il faut bien te dire; fe~gr$ndcwde,
son histoire justifie ces prétentions de clo-
c ,-re r.
Lorsque les Romains conquirent le midi de
la Gaule, ils se préoccupèrent surtout d'éta-
blir Leur domination sur le Rhône, et, pen-
dant trois siècles, on ne trouve trace q-ue dans
de rares letties latines d'un petit bourg, situé"
sur la rive gauch'e dë l'Isère, au pied d'une
montagne et nommé Cularo. C'est seulement
l'Il 379 que, l'empereur Gratien, visitant la
province viennoise, s'arrêta dans ce bourg,
t'ut frappé de sa position, T'agrandit et le
baptisa. Cularo devint Gratianopolis, ville de
Gratien, d'où Grenoble.
Un siècle plus 'M.rd, une tribu barbare
¡venue"du Nord, les Bourguignons. enlevèrent
ta ville ,naissante aux Romains. Survint iroe
lu're tribu, lestFrancs. qui s'installa sur la
lêine et la...Loire, pour de là s'étendre sur-
't'Jules les Gaules. Les Francs battirent les '
Bourguignons. etrGrenoble, comme Anton et ;
Mâcon, devint leur propriété. A la mort de
Charlem,igne, le Dauphiné et là Bresse firent
partie du second royaume de Bourgogne,
taillé dans l'héritage du grand empereur. Ce
royaume détruit, la Bresse alla an duc de
Savoie; Grenoble, vi Ue communale par excel-
lence, vécut,sous le ^gouvernement de ses
évoques, qui reconnaissaient le roi de France
pour suzerain. Un maître éloigné n 'en est
pas un. Mais un autre maître se leva dans le
voisinage, le dauphin de Vienne, et la petite
république ecclésiastique dut reconnaître son
pouvoir. Humbert il, dauphin 'Viennois,
transmit Grenoble, ainsi que le Dauphiné
tout entier, aux fils aînés des rois de France.,
,L'un de ces/derniers, exilé par son père dans;,
sofi draine. lorsqu'il monta plus tard sur le
trône,..s'ocnrpa de ses va-,satix. Grenoble avait
un conseil delphina! dont la juridiction était
souveraine. Louis XI érigea ce conseil en
parlement. ' ■
Les guerres de religion éclatèrent. Elles
lurent ardentes dans"" ct!s-montagnes.. Il n'y
eut plus ni Allobroges ni Français, ni rois ni
dauphins, mais seulement des catholiques et
des prote-s.tants.,Les protestants, avec le baron
des Adrets, prirent Grenoble. Lœssevage, avec
les catholiques, la reprit. L* barpn des Adrets
s'en rendit maître une seconde fois. Lorsque
Chari cs,lX mourut,' elle était redevenue la
propriété des catholiques. Un jour, un lieute-,
tenant d'Henri IV, un grand seigneur dauphjl
nois, le duc de Lesdiguières, envoya demanda
à son maître le gouvernement de Grenob'e.
C'était c)1 1591. Henri n'était pas encore
maître, de P-aris. Il luttait contre la Ligue. La
demande" de Lesdigufères lui parut exorbi-
tante. Il hésita.
— Eh 1 sire, dit Bkon, donnez-lui le gou-
vernement de Lyon et celui de"Paris, s'il peut
les prendre.
Lesdiguijères battit le duc de Savoie, prit
Grenoble et s'établit dans le Dauphiné, di-
sant :
— Je iie souffrirai pas que jamais personne
vienne me troubler chez moi !...
* «
Est-ce à cette indépendance de son gouver-
'\
neur que l'esprit communal dut de reprendre,
plus vivace £y.Je jamais, dans le Graisivaudan ?
Mais cet esprit ne cessa jamais depuis lors de
se manifester par des actes de résistance et
d'opposition.
L'édit de Nantes fut mal accueilli à Gre-
noble ; le parlement dauphinois fut le "pré*
mier à s'engager dans la lutte contre le pou-
voir royal, en' 1787
Le berceau de la. liberté'française est une
petite ville dauphinoise , nommée Vizille.
C'est à Vizille que furent posées les bases de
ces fameux cahiers qui contenaient à la fois
et les réclamations de la province considérée
comme un tout indépendant, et ses réclama-
tions en faveur de la nation, dont elle était
une des parties. Meunier, un homme d"Etat
de l'ecole de Montesquieu, Barnave, un jeune
homme éloquent,épris des grandes idées phi-
losophiques de justice et de vérité, dirigèrent
ces délibérations avant d'aller, à Paris, les
présenter et les défendre aux Etats-Généraux.
Barnave mourut sur l'é-chafaud en 1793,
Meunier dut quitter la France dès 1792. Mais
tous deux avaient été les ouvrièrs cte la pre-
mière h,eure et s'étaient noblement acquittés
de leur travail. '
Du reste, la Révolution n'eut pas besoin
de sang pour rétablir à Grenoble. Elfe se
trouvait r là chez elle. ELle y était faite d'a-
vance.
Grenoble est la première station de Napo- |
léon lorsqu'il révint de l'île d'Elbe. Je vous.ai
raconté déjà la scène de Lafftey, pareille à
une légende.et l'entrée par la porte de Bonne,
la nuit tombée, à la clarté des flambeaux, au
milieu des acclamations des soldats et des
paysans.
, En i832, la guerre civi.le qui désolait Lyon
eut un écho dans le Graisivaudan, et Greno-
ble se leva un jour au nom des droits de la
commune qu'elle crut un instant menacés...
Ici se termine son histoire.
Mais cette histoire ne serait pas complète
sans la liste de ses grands hommes.
J'ai parlé de Mounier et (le Barnave. Il faut
câter encore un philosophe, Condiilac ; un
économiste, Mablv ; fin mécanicien, Vaucan-
son ; nn poëte, Gentil-Bernard ; un académi-
cien, Campenon. Casimir Pérîer, le plus
grand ministre qu'ait eu la monarchie de
Juillet, était de Grenoble, comme cet Henri
Beyle, dont le pseudonyme de Stendhal res-
tera à jamais illustre dans les lettres fran-
çaises.-
Longtemps après ces illustration? consa-
crées,«un jeune hopime à l'œil bleu rêveur,
aux Idngs cbev,enx,. aux allures op peu bizar-
res, quitta la ville 'de Grenoble pour venir lire
et publier des vers à Paris.
Qui de vous n'a connu ou du moins rencon-
tré le pauvre Philbxène Boyer, mort il y a un
an, tué par un labeur littéraire surhumain?...
Il aimait à- se souvenir de son pays natal
dans ses poëmes. Un jour, ayante parler de
Molière, il prit pour point de départ le roman-
comique de ce grand homme et les représen-
tations de Vienne et de Romans',...
*
,* Il a trente ans, et la charrette ,
Où vagit son'art nouveau-ne,
Par un matin d'avril, s'arrête
Sur un coteau du Dauphiné.
Un de mes amis de la Petite Presse, ur.
Dauphinois, François Maisonneufve, vous
rendra compte des fêtes de sa capitale.
Je vous ai raconté l'Histoire de Grenoble.
Fermez les yeux maintenant, et essayez de
vous représenter le tabl'eau suivant, copié
d'après nature, par M. Jules Taulier, un des
historiens du Daup'hiné :
« On ne saurait rien voir de plus frais et cle
plus gracieux que le bassin dan's lequel est
situé Grenoble. L'Isère'divise la ville en deux
parties inégales. D'un côté s'élèvent de riants
coteaux, couverts de vignes, du sein desquel-
les surgit une forêt d'aibres fruitiers qui pré-
sentent au printemps l'aspect d'un immense
tapis" de fleurs; une multitude de maisons
de' campagne,'' disséminées en amphithéâ-
tre, ajoutent encore au' chal'me de la vue.
» Au sommet de ces èoteaux, l'œil aperçoit
quelques bois et des rochers de la forme la
plus pittoresque. La ville est adossée à une
colline, au pied de laquelle coule l'Isère. Au-
delà de'l'enceinie de ses fortifications, s'étend
la plaine de Graisivaudan qui se prelonge à
gauche, en remontant l'Isère,' jusqu-'en Savoie;
a droite, en suivant la rivière, jusqu'à Vo-
reppe. Il n'y,a pas d'aspect comparable à celui
de cette immense étendue de prairies et de
champs cultivés, arrosée par des courants
d'eau vive, ombragée par une multitude
d'arbres"'Cle toute espèce. De l'autre côté do la
plains, en face de la ville, s'élève une nou- -
| velie ligne de coteaux couverts aussi de vignes,
LA
FEMME IMMORTELLE
59 PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIERE PARTIE
XVI
, Le premier des deux porteurs l'avait fort bien
dit, le président Baislleury était couché endor-
mait probablement, car les deux drôles frappè-
rent plusieurs fois à tour de bras sur la vieille
porte de la Vieille maison sans obtenir de ré-
ponse.
Le président Boisfleury s'était mis au lit en,
rentrant et il dormait sans doute de ce lourd
Voir les numéros pains depuis le 21 juin
sommeil qui est comme la récompense des
consciences tranquilles.
Erffin une' fenêtre s'ouvrit au-dessus de la
grande porte et la président, eoilTé d'un bonnet
de coton, demanda ce qu'on lui voulait.
, - C'est nous, monsieur le président, répondit
l'un des porteurs. #
Le président reconnut la chaise dont il s'était
servi tau 1 e la soirée.
Hé ! que voulez-vous, drôles ? fit-il, qu'a-
vez-vous à réclamer ?fVous, aurais-je par hasard
payé avec un écu rogné ? '
La voix du magistrat é-tait aigre comme celle
d'un homme 'mécontent d'avoir été éveillé
en sursaut'.
— Non, monsieur le président, répondh rautre
drôle..sans se déconcerter le moins du monde.
Seulement nous croyqns avoir découvert -la
trace d'un crime, et nous venons vous en préve-
nir.
A ce mot de crime, le zêlé président avait
bondi comme un cheval dé bataille, rendu à la
charrue, dresse l'oreille quand il entend le èlai-
ron.
Le premier porteur acheva de le subjuguer
en ajoutant :
— Et, comme nous savons votre grand a.rour
Iiour la justice et votre exécration poar les. mal-
faiteurs, nous n'avons pas hésité à vous venir
réveiller.
— Mais de quel crime est-il question?'1 de-
manda encore le président.
— Nous avons trouvé un homme dans la
rue.
— Bon !
— Un homme qui n'est pari mort, et-qui, ce-
pendant, ne peut pas parvenir à s'éveil.er,
Nous pensons qu'il y a dans cette singulière
ivresse d'outil parait atteint, quelque chose qui
n'est pas naturel-.
— Et où est-il, cet homme ?
— Nous l'avons Taiisé dans la chaise, et nous
vous l'apportons.
Le président disparut de la fenêtre en di-
sant : , *
— Attendez... je descends...
— Eb-bien 1 dit le second porteur, que te di-
sais-je ? Le bonhomme est capable de passer
une nuit tout fait blanche par amour de la
justice et en, haine des voleurs.
— C'est pourtant vrai. *
— N'est-ce pas un bon tour?
— Oh! excellent.
La vieille gouvernante du président Bois-
fleury était sourde ; elle n'avait donc pas ea-
, tendu frapper, et son maître, enfin éveillé,
% .
n'ayant pas hésité à se lever, jugea inutile de
troubler son repos. _
Il descendit donc'lui-même ouvrir la porte,
en caleçon,Jen bonneL de coton, tenant,en guise
de lampe,une chandelle à la main.
A peine la porte s'é ait-aile ouverte, que les'
deux porteurs ne donnèrent point au président
le temps' cft mettre le pied dans la rue.
Tout au contraire, ils prirent la chaise et la
portèrent dans le vestibule.
M. Boisfleury rapprocha alors, sa chandelle à
la main, écarta fes rideaux de cuir de la chaise
et ,-iL le chevalier de Caslirac toujours plongé
dans; un sommeil profond.
— Hum ! hum ! fit-il, voilà un visage qui ne
me revient qu'à moitié.
— C'est l'effet qu'il nous a produit, dit le pre-
mier .porteur.
- Aussi n'avons nous pas hésité, reprit le
second...
C'est bien, c'est bien, fit le président.
Puis il examina les vê:ements dépenaillés du
r '
chevalier.
— Hum 1 hum ! répétait-il, c'est un aven-
turier... un c<:cdard, cela se voit.
Puis il ajouta :
— Pincez-^noi ce gaillard.lâ, qu'il s'éveille et
que je l'interroge.
Les deux porteurs seconàrant la tâta.
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