Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-29
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 juillet 1868 29 juillet 1868
Description : 1868/07/29 (A3,N832). 1868/07/29 (A3,N832).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717834g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
& cent. le numéro
JOURNAL * QUOTIDIEN -
U - m\l. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. six mois. en an.
Paris 5 fr. 9 fr„ 19 fr.
Dépar'sment^,. a 11 9 9
Administrateur: E. D ELfJA UX.
s®* année. — MERCREDI 29 JUILLET n>t>3. —IV g3$
I/ARM€WR-/^ROJ)RN&FA!R« : < AN a t K.
Rédacteur en chef: A. DE BAF,AT«IER BRAGELONNE
BURBAUX D'ABONNEMENT . , rlle
An)lI'ISTlUTtU1li : 13, place Bredtu s
PARIS, 26 JUILLET 1868
CE QU'ON BOIT
DE LA BOISSON CHEZ LES ROMAINS
Si jamais sujet a eu le mérite
c'est celui-là.
Quel été !... Le jour, le soleil dessèche
le gosier et fait plier les reins. La nuit, le
tonnerre gronde. Mais pas une goutte de
pluie ne vient rafraîchir la terre bru!ée... A
deux heures du matin, les Parisiens se met-
tenttaux fenêtres. Le bruit d'une émeute a-t-
il frappé leurs oreiUes?... Le reflet d'un in-
cendie sur leurs vitres a-t-il étonné leurs
yeux ?... Non. C'est le manque d'air qui les
a chassés de leurs lits. — De l'air ! De l'air !
comme Musset disait : — Des ailes! Des
ailes !... Et nos bourgeois, rejetant leurscou-
vertures, demandent aux brises de la rue un
quart d'heure d'apaisement....
— Il faut boire!... : : $§£
Et l'on boit. '
Si la saison est bonne pour les laboureurs,
les vignerons et les fabricants d'ombrelles,
elle est excellente pour les marchanda de
vins.
Au début, on buvait de l'eau dans des cor-
des de bœuf.
Plus tard, on mélangea cette eau de vin At
de vinaigre, mais le vin pur fut longtemps
une boisson exceptionnelle.
Il l'est encore pour la plupart des peu-
ples.
Ainsi, les voyageurs vous diront qu'aux
Indes, soixante millions d'hommes se désaltè-
rent avec du chica. Recette : Vous mettez
dans un grand pot des oranges amères avec
quelques petits pains de cassave et de patate;
.vous trempez d'eau, vous laissez fermenter,
et vous passez au tamis.
Les Chinois boivent du siou-hen-tsou, breu-
vage acidulé qu'ils obtiennent à l'aide d'une
dissolution de maïs, et du thé. Ils fabriquent
aussi quelques liqueurs avec des ananas et
des oranges.
Les nègres de l'Afrique centrale ne con-
naissent, en ~ fait 'de boisson ordinaire, que
feair, mais ils s'enivrent volontiers avee no-
tre eau-de-vie, ou avec une sorte de liqw»»r
composée de fruits aigre-doux qu'ils jettent
dans un baquet, qu'ils foulent comme nos
I vignerons foulent les raisins dans la cuva, et
L qu'ils laissent fermenter après las avoir imbi-
bés d'eau. , , •-
Etj. général, chaque peuple a sa Boisson
/parUculière. qui varie suivant ses conditions
climatériques et surtout suivant ses produits
indigènes. Dans le midi de la France, riches
et pauvres, nous buvons du vin. Dans le Nord,
le vin est un luxe; le cidre et la bière, au
contraire, figurent sur toutes les tables...
« Le vin, chez les anciens, dit Walckenaer,
était trop liquoreux, trop capiteux, pour qu'on
pût le boire pur. Il fallait le mélanger avec de
l'eau, au, moyen d'une tasse ou d'un verre
nommé fathus, qui contenait la douzième
partie d'un sextarius, vase dont la capacité
était à peu près celle du litre, et dont on se
servait pour la table. Les esclaves qui ver-
saient à boire étaient chargés de faire ce mé-
lange selon les ordres des convives; ils n'a-
vaient point d'autre occupation, et pour cette
fonction on choisissait toujours les plus
beaux. »
Le même savant ajoute :
« Les bons vins des anciens ressemblaient
beaucoup à nos vins de liqueur que nous, ne
mettons pas en cave, mais qu'on renferme en
bouteilles dans des armoires, si on veut qu'ils
s'améliorent, a
Rien de plus vrai. En Italie, où les tradi-
tions des vignerons latins sont restés, je n'ai
jamais bu, en fait de vi n passable, que des
vins liquoreux et mauvais pour la santé.
Aussi je m'explique parfaitement que les
pères de l'Eglise aient conseillé aux premiers
fidèles de s'en abstenir et de ne boire que de
l'eau. Avec l'abus de tels vins, l'ivresse, en
effet, n'est pas seule à craindre, mais en-
core la maladie.
Pline nous a laissé quelques détails sur la
boisson chez les Romains.
« L'argent, dit-il, a mis des distinctions,
même entre les éléments. Les uns boivent
de la neige, les autres de la glace. On fait
provision de froid pour le temps des chaleurs.
On a trouvé le secret de faire geler la neige
au fort de l'été. D'autres font bouillir l'eau et
la transforment en glace, un instant après.
C'ett Néron qui a imaginé de faire bouillir
l'eau et d4 la mettre ensuite dans du verre
pour la rafraîchir dans la neige : par là on a
l'agrément de boire frais, sans redouter les
I inconvénients de l'eau- de neige... 9
1
L'auteur érudit et charmant de l'Histoire
de la Table, M. Lou's Nicolardot, a recueilli
les notes les plus curieuses sur l'usage du vin
à Rome, pendant la période impériale :
Auguste faisait un usage très-modéré du
vin ; il ne buvait pas plus de trois fois à sou-
per. Dans ses plus grands excès, il ne dépas-
salt pas six coupes. Il était rare qu'il bût du
vin dans la journée. Au lieu de boisson, il
prenait alors du pain trempé dans de l'eau
fraîche, où un morceau de concombre, ou
bien un pied de laitue, ou encore un fruit
acide et vineux.
Adrien ne buvait point de vin à dîner.
Maxime buvait fort peu ; de même que
Maximin le Jeune.
Maximin s'abstenait presque toujours de
boissons froides.
L'empereur Tacite buvait à peine un setier
de vin par jour; souvent il n'en prenait que
i la moitié.
Alexandre-Sévère ne buvait ni trop, ni trop
peu, mais suffisamment de vin à ses repas,
1 malgré son goût poui1 l'eau pure.
Inconstant dans la débauche, tantôt Albin
se gorgeait -de vin, tantôt il s'en abstenait.
- Septime-Sévère avait quelque' goût pour
le vin.Batbin l'aimait à la folie- ^
Niger mangeait peu, mais buvait beaucoup.
Caracalla était aussi adonné au vin*"*"^
On versait des flots de vin à la taijjg de
Carin.
D'ordinaire, Commode Antonin buvait jus-
qu'au soir. 4
Claude passait pour un ivrogne. On l'em-
portait souvent de table les jours où il avait
trop bu.
Macrin aimait le vin jusqu'à s'enivrer quel-
quefois, mais seulement le soir, car, à son
dîner, fût-*il seul, il était assez sobre.
Aurelius Victor reproche à Trajan d'avoir
trop aimé le vin et la table. Selon son témoi-
gnage, tourmenté, comme Nerva, de la pas-
sion du vin, Trajan en-avait atténué les effets
par sa prudence et par la défense expresse
d'exécuter les ordres qu'il aurait pu donner
tp'ês un trop long repas. Xiphilin avoue que
Trajan aimait le vin, mais qu'il 'était de tem-
pérament à le porter de telle sorte que, lois
même qu'il en buvait avec excès, il semblait
ne point passer les bornes que la sobr'r '^
prescrit. '
Alexandre Sévère conserva l'hahitnde qu'a-
'vait Trajan de vider jusqu'à cinq enope*; après
le dessert. Il le faisait en l'honneur (}'À'ex(ln-
dre le Grand, lorsqu'il avait des soldats -.1
table.
Tibère était si connu dans les camps PÜ\'
sa passion pour le vin, que les soldai l'ap-
pelaient Biberius au lieu de Tiberins. Etant
empereur, il passa'dem jours et une nuit à
boire avec Pomponius Flacous et L. Pison A
l'issue de cette débauche, il donna au pre-
mier le gouvernement de la Syrie , au second
la préfecture de Rome, en les appelant dans
ses lettres patentes a ses pUis aimables com-
pagnons et ses amis de toutes les heures ». I\
plusieurs candidats illustres qui demandaient
la questure, il préféra le plus obscur, pai co
que celui-ci avait vidé à table une amphol"l
de vin qu'il avait versée lui-même. Ol',
c'était une affaire de 26 pintes environ,
Suivant Sénèque, Lucius Pison ne cessa
pas d'être ivre à partir de son entrée en fonc-
dons; il passait à table la plus grande p.irtiu
de la nuit et dormait, à peu près jnu-
qu'à midi, heure où il commençait sa ma-
tinée. Cependant, il remplissait avec une
parfaite exactitude les devoirs de sa place,
qui avait pour objet la sûreté de la ville. Ti-
bère lui donna pour successeur Cossue
homme de poids et de :sens, mais tellement
plongé dans le vin, qu'étant un jour venu -U, ;-&
Sénat, en sortant de table, il se mit à dOI'IÜ;i'
si profondément qu'il fallut le rapporter cW
lui, sans pouvoir le réveiller...
J'arrête cette série de citations. Ces goiu-
fres.impfriaux finissent par devenir odieux.
Heureusement la vigne latine a eu soa
poète, et les vers d'Horace compensent les;
soulographies des familiers d'Auguste et tt
Tibère.
Le soleil non s ramène, avec les jours brûlants,
La soif que rien n'apaise.
Couchons-nous sous ces pins et ces peupliers filai'»--»
Pour y boire à notre aise.
Esclave, rafraîchis ce falerne échauffé
Là bas, dans l'eau courante;
Puis, apporte des fleurs : j'aime il boire, v)ttfei
De la rose odorante.
LA FEMME IMMORTELLE 39 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XL
Le maoquig avait l'épée à la main.
Quand il se trouva en présence de l'homme
m. masque, il poussa comme un rugisse-
ment.
— A nous deux, fit-il.
Ï/homme au masque laissa sa rapière au
, bourreau.
Vfiir U® oamérojj parus depuis le 21 juïg
— Vous voulez donc votre revanche? deman-
da-t-il avec calme.
— Sans doute, dit le marquis, et je m'étonne
que vous n'ayez point dégainé encore.
— C'est que je ne vous savais pas aussi
pressé.
— Vraiment'!
— Et que je ne le suis pas mol-môme.
— Vous deviez pourtant vous attendre à me
retrouver sur votre chemin, dit le marquis fu-
rieux.
— Très-certainement, et la preuve en est que
je suis venu vous ouvrir.
— Ah ! c'est juste, fit le marquis frappé de
la logique de cette réponse.
— pr, pom'hutvit le chevalier, si vous voulez
m'écouter une seconde, vous verrez...
— Parlez !
— Vous êtes entré dans la maison, là-haut...
«— Naturellement.
. — Vous youlez absolument voir la femme
immortelle, comme vous l'appelez; et, poursui-
vit l'homme au masque, toutes les bonnes rai-
sons qu'aura pu vous donner maître Guillaume
vous auront paru mauvaises, puisque vous voilà
ici.
— Vous savez cela ?
— Je l'imagine, puisque Guillaume a frappé
à la claque de .'a cheminée, derrière laquelle M
trouve un timbre qui correspond à l'endroit où
je me trouvais, ce qui fait que je suis venu à
votre rencontre.
— Eh bien ! monsieur, dit le marquis, main-
tenant que vous voilà fixé, en garde, s'il vous
plaît.
— Un mot encore, et je suis à vos ordres.
— boit, mais-hâtez-vous.
— Il est bien convenu, poursuivi' l'homme au
masque, que vous n'êtes pas venu jusqu'ici uni-
quement pour vous rencontrer avec moi de nou-
1 veau et prendre voire revanche.
— Non, je suis venu, parce que je veux la
voir.
— Eh bien 1 si nous nous battons tout de suite
et que je vous tue, vous ne la verrez pas.
Ceci était encore parfaitement loginue.
Cependant le marquis eut un geste de de-
fiance :
Je crois, dit-il, que vous avez peur et que
vous cherchez à m'échapper.
— Dieu m'en garde 1 et j'irai plus loin encore,
dit l'homme au masque avec colère. Du moment
que vous ê.es venu jusqu'ici, nous n'avons p us
I de raisons pour vous barrer le chemin, et w
vous voulez voir la femme immortelle, je suis
prêt à vous conduire auprès d'elle. Après quoi,
si le cœur voas en dit encore, je me mettrai à
. votre disposition.
En bonne conscience, le marquis de la Roche
Maubert n'avait plus aucune objection à faire.
— Eh bienl soit, dit-il, marchai'.
— Suivez-moi, répondit l'homme au masque.
Puis, élevant son flambeau au-dessus de .
tête de façon à éclairer la route, il passa lo pre-
mier.
Le marquis avait remis son épée au four-
reau.
Le corridor était long, tournait sur lui-même
comme un large escalier, affectait une pente
assez rapide, et rappelait à M. de la Roche-
Maubert, cette voie originale oonstruite par
Louis 'VIII dans une des tours du château
d'Amboise, laquelle permettait au monaJ.\iue
d'arriver en litière, à cheval ou en char jusqja
sur la plate-forme du palais qui est à plus
cert pieds au-dessus du niveau de la Loire.
Mais ce corridor ne finira donc jamais !
cria le marquis perdant patience.
L'homme au masque se retourna :
— li finira toujours trop vite pour vous, dit-il
d'une voix empreinte d'une raillerie triste.
— Ah I oui, ricana le marquis, vous altt.*
sans doute me tedr te même langage que FQ
R'gfut.
— Le Régent vous aimait beaucoup,
qu s.
Il m'aimera encore...
& cent. le numéro
JOURNAL * QUOTIDIEN -
U - m\l. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. six mois. en an.
Paris 5 fr. 9 fr„ 19 fr.
Dépar'sment^,. a 11 9 9
Administrateur: E. D ELfJA UX.
s®* année. — MERCREDI 29 JUILLET n>t>3. —IV g3$
I/ARM€WR-/^ROJ)RN&FA!R« : < AN a t K.
Rédacteur en chef: A. DE BAF,AT«IER BRAGELONNE
BURBAUX D'ABONNEMENT . , rlle
An)lI'ISTlUTtU1li : 13, place Bredtu s
PARIS, 26 JUILLET 1868
CE QU'ON BOIT
DE LA BOISSON CHEZ LES ROMAINS
Si jamais sujet a eu le mérite
c'est celui-là.
Quel été !... Le jour, le soleil dessèche
le gosier et fait plier les reins. La nuit, le
tonnerre gronde. Mais pas une goutte de
pluie ne vient rafraîchir la terre bru!ée... A
deux heures du matin, les Parisiens se met-
tenttaux fenêtres. Le bruit d'une émeute a-t-
il frappé leurs oreiUes?... Le reflet d'un in-
cendie sur leurs vitres a-t-il étonné leurs
yeux ?... Non. C'est le manque d'air qui les
a chassés de leurs lits. — De l'air ! De l'air !
comme Musset disait : — Des ailes! Des
ailes !... Et nos bourgeois, rejetant leurscou-
vertures, demandent aux brises de la rue un
quart d'heure d'apaisement....
— Il faut boire!... : : $§£
Et l'on boit. '
Si la saison est bonne pour les laboureurs,
les vignerons et les fabricants d'ombrelles,
elle est excellente pour les marchanda de
vins.
Au début, on buvait de l'eau dans des cor-
des de bœuf.
Plus tard, on mélangea cette eau de vin At
de vinaigre, mais le vin pur fut longtemps
une boisson exceptionnelle.
Il l'est encore pour la plupart des peu-
ples.
Ainsi, les voyageurs vous diront qu'aux
Indes, soixante millions d'hommes se désaltè-
rent avec du chica. Recette : Vous mettez
dans un grand pot des oranges amères avec
quelques petits pains de cassave et de patate;
.vous trempez d'eau, vous laissez fermenter,
et vous passez au tamis.
Les Chinois boivent du siou-hen-tsou, breu-
vage acidulé qu'ils obtiennent à l'aide d'une
dissolution de maïs, et du thé. Ils fabriquent
aussi quelques liqueurs avec des ananas et
des oranges.
Les nègres de l'Afrique centrale ne con-
naissent, en ~ fait 'de boisson ordinaire, que
feair, mais ils s'enivrent volontiers avee no-
tre eau-de-vie, ou avec une sorte de liqw»»r
composée de fruits aigre-doux qu'ils jettent
dans un baquet, qu'ils foulent comme nos
I vignerons foulent les raisins dans la cuva, et
L qu'ils laissent fermenter après las avoir imbi-
bés d'eau. , , •-
Etj. général, chaque peuple a sa Boisson
/parUculière. qui varie suivant ses conditions
climatériques et surtout suivant ses produits
indigènes. Dans le midi de la France, riches
et pauvres, nous buvons du vin. Dans le Nord,
le vin est un luxe; le cidre et la bière, au
contraire, figurent sur toutes les tables...
« Le vin, chez les anciens, dit Walckenaer,
était trop liquoreux, trop capiteux, pour qu'on
pût le boire pur. Il fallait le mélanger avec de
l'eau, au, moyen d'une tasse ou d'un verre
nommé fathus, qui contenait la douzième
partie d'un sextarius, vase dont la capacité
était à peu près celle du litre, et dont on se
servait pour la table. Les esclaves qui ver-
saient à boire étaient chargés de faire ce mé-
lange selon les ordres des convives; ils n'a-
vaient point d'autre occupation, et pour cette
fonction on choisissait toujours les plus
beaux. »
Le même savant ajoute :
« Les bons vins des anciens ressemblaient
beaucoup à nos vins de liqueur que nous, ne
mettons pas en cave, mais qu'on renferme en
bouteilles dans des armoires, si on veut qu'ils
s'améliorent, a
Rien de plus vrai. En Italie, où les tradi-
tions des vignerons latins sont restés, je n'ai
jamais bu, en fait de vi n passable, que des
vins liquoreux et mauvais pour la santé.
Aussi je m'explique parfaitement que les
pères de l'Eglise aient conseillé aux premiers
fidèles de s'en abstenir et de ne boire que de
l'eau. Avec l'abus de tels vins, l'ivresse, en
effet, n'est pas seule à craindre, mais en-
core la maladie.
Pline nous a laissé quelques détails sur la
boisson chez les Romains.
« L'argent, dit-il, a mis des distinctions,
même entre les éléments. Les uns boivent
de la neige, les autres de la glace. On fait
provision de froid pour le temps des chaleurs.
On a trouvé le secret de faire geler la neige
au fort de l'été. D'autres font bouillir l'eau et
la transforment en glace, un instant après.
C'ett Néron qui a imaginé de faire bouillir
l'eau et d4 la mettre ensuite dans du verre
pour la rafraîchir dans la neige : par là on a
l'agrément de boire frais, sans redouter les
I inconvénients de l'eau- de neige... 9
1
L'auteur érudit et charmant de l'Histoire
de la Table, M. Lou's Nicolardot, a recueilli
les notes les plus curieuses sur l'usage du vin
à Rome, pendant la période impériale :
Auguste faisait un usage très-modéré du
vin ; il ne buvait pas plus de trois fois à sou-
per. Dans ses plus grands excès, il ne dépas-
salt pas six coupes. Il était rare qu'il bût du
vin dans la journée. Au lieu de boisson, il
prenait alors du pain trempé dans de l'eau
fraîche, où un morceau de concombre, ou
bien un pied de laitue, ou encore un fruit
acide et vineux.
Adrien ne buvait point de vin à dîner.
Maxime buvait fort peu ; de même que
Maximin le Jeune.
Maximin s'abstenait presque toujours de
boissons froides.
L'empereur Tacite buvait à peine un setier
de vin par jour; souvent il n'en prenait que
i la moitié.
Alexandre-Sévère ne buvait ni trop, ni trop
peu, mais suffisamment de vin à ses repas,
1 malgré son goût poui1 l'eau pure.
Inconstant dans la débauche, tantôt Albin
se gorgeait -de vin, tantôt il s'en abstenait.
- Septime-Sévère avait quelque' goût pour
le vin.Batbin l'aimait à la folie- ^
Niger mangeait peu, mais buvait beaucoup.
Caracalla était aussi adonné au vin*"*"^
On versait des flots de vin à la taijjg de
Carin.
D'ordinaire, Commode Antonin buvait jus-
qu'au soir. 4
Claude passait pour un ivrogne. On l'em-
portait souvent de table les jours où il avait
trop bu.
Macrin aimait le vin jusqu'à s'enivrer quel-
quefois, mais seulement le soir, car, à son
dîner, fût-*il seul, il était assez sobre.
Aurelius Victor reproche à Trajan d'avoir
trop aimé le vin et la table. Selon son témoi-
gnage, tourmenté, comme Nerva, de la pas-
sion du vin, Trajan en-avait atténué les effets
par sa prudence et par la défense expresse
d'exécuter les ordres qu'il aurait pu donner
tp'ês un trop long repas. Xiphilin avoue que
Trajan aimait le vin, mais qu'il 'était de tem-
pérament à le porter de telle sorte que, lois
même qu'il en buvait avec excès, il semblait
ne point passer les bornes que la sobr'r '^
prescrit. '
Alexandre Sévère conserva l'hahitnde qu'a-
'vait Trajan de vider jusqu'à cinq enope*; après
le dessert. Il le faisait en l'honneur (}'À'ex(ln-
dre le Grand, lorsqu'il avait des soldats -.1
table.
Tibère était si connu dans les camps PÜ\'
sa passion pour le vin, que les soldai l'ap-
pelaient Biberius au lieu de Tiberins. Etant
empereur, il passa'dem jours et une nuit à
boire avec Pomponius Flacous et L. Pison A
l'issue de cette débauche, il donna au pre-
mier le gouvernement de la Syrie , au second
la préfecture de Rome, en les appelant dans
ses lettres patentes a ses pUis aimables com-
pagnons et ses amis de toutes les heures ». I\
plusieurs candidats illustres qui demandaient
la questure, il préféra le plus obscur, pai co
que celui-ci avait vidé à table une amphol"l
de vin qu'il avait versée lui-même. Ol',
c'était une affaire de 26 pintes environ,
Suivant Sénèque, Lucius Pison ne cessa
pas d'être ivre à partir de son entrée en fonc-
dons; il passait à table la plus grande p.irtiu
de la nuit et dormait, à peu près jnu-
qu'à midi, heure où il commençait sa ma-
tinée. Cependant, il remplissait avec une
parfaite exactitude les devoirs de sa place,
qui avait pour objet la sûreté de la ville. Ti-
bère lui donna pour successeur Cossue
homme de poids et de :sens, mais tellement
plongé dans le vin, qu'étant un jour venu -U, ;-&
Sénat, en sortant de table, il se mit à dOI'IÜ;i'
si profondément qu'il fallut le rapporter cW
lui, sans pouvoir le réveiller...
J'arrête cette série de citations. Ces goiu-
fres.impfriaux finissent par devenir odieux.
Heureusement la vigne latine a eu soa
poète, et les vers d'Horace compensent les;
soulographies des familiers d'Auguste et tt
Tibère.
Le soleil non s ramène, avec les jours brûlants,
La soif que rien n'apaise.
Couchons-nous sous ces pins et ces peupliers filai'»--»
Pour y boire à notre aise.
Esclave, rafraîchis ce falerne échauffé
Là bas, dans l'eau courante;
Puis, apporte des fleurs : j'aime il boire, v)ttfei
De la rose odorante.
LA FEMME IMMORTELLE 39 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XL
Le maoquig avait l'épée à la main.
Quand il se trouva en présence de l'homme
m. masque, il poussa comme un rugisse-
ment.
— A nous deux, fit-il.
Ï/homme au masque laissa sa rapière au
, bourreau.
Vfiir U® oamérojj parus depuis le 21 juïg
— Vous voulez donc votre revanche? deman-
da-t-il avec calme.
— Sans doute, dit le marquis, et je m'étonne
que vous n'ayez point dégainé encore.
— C'est que je ne vous savais pas aussi
pressé.
— Vraiment'!
— Et que je ne le suis pas mol-môme.
— Vous deviez pourtant vous attendre à me
retrouver sur votre chemin, dit le marquis fu-
rieux.
— Très-certainement, et la preuve en est que
je suis venu vous ouvrir.
— Ah ! c'est juste, fit le marquis frappé de
la logique de cette réponse.
— pr, pom'hutvit le chevalier, si vous voulez
m'écouter une seconde, vous verrez...
— Parlez !
— Vous êtes entré dans la maison, là-haut...
«— Naturellement.
. — Vous youlez absolument voir la femme
immortelle, comme vous l'appelez; et, poursui-
vit l'homme au masque, toutes les bonnes rai-
sons qu'aura pu vous donner maître Guillaume
vous auront paru mauvaises, puisque vous voilà
ici.
— Vous savez cela ?
— Je l'imagine, puisque Guillaume a frappé
à la claque de .'a cheminée, derrière laquelle M
trouve un timbre qui correspond à l'endroit où
je me trouvais, ce qui fait que je suis venu à
votre rencontre.
— Eh bien ! monsieur, dit le marquis, main-
tenant que vous voilà fixé, en garde, s'il vous
plaît.
— Un mot encore, et je suis à vos ordres.
— boit, mais-hâtez-vous.
— Il est bien convenu, poursuivi' l'homme au
masque, que vous n'êtes pas venu jusqu'ici uni-
quement pour vous rencontrer avec moi de nou-
1 veau et prendre voire revanche.
— Non, je suis venu, parce que je veux la
voir.
— Eh bien 1 si nous nous battons tout de suite
et que je vous tue, vous ne la verrez pas.
Ceci était encore parfaitement loginue.
Cependant le marquis eut un geste de de-
fiance :
Je crois, dit-il, que vous avez peur et que
vous cherchez à m'échapper.
— Dieu m'en garde 1 et j'irai plus loin encore,
dit l'homme au masque avec colère. Du moment
que vous ê.es venu jusqu'ici, nous n'avons p us
I de raisons pour vous barrer le chemin, et w
vous voulez voir la femme immortelle, je suis
prêt à vous conduire auprès d'elle. Après quoi,
si le cœur voas en dit encore, je me mettrai à
. votre disposition.
En bonne conscience, le marquis de la Roche
Maubert n'avait plus aucune objection à faire.
— Eh bienl soit, dit-il, marchai'.
— Suivez-moi, répondit l'homme au masque.
Puis, élevant son flambeau au-dessus de .
tête de façon à éclairer la route, il passa lo pre-
mier.
Le marquis avait remis son épée au four-
reau.
Le corridor était long, tournait sur lui-même
comme un large escalier, affectait une pente
assez rapide, et rappelait à M. de la Roche-
Maubert, cette voie originale oonstruite par
Louis 'VIII dans une des tours du château
d'Amboise, laquelle permettait au monaJ.\iue
d'arriver en litière, à cheval ou en char jusqja
sur la plate-forme du palais qui est à plus
cert pieds au-dessus du niveau de la Loire.
Mais ce corridor ne finira donc jamais !
cria le marquis perdant patience.
L'homme au masque se retourna :
— li finira toujours trop vite pour vous, dit-il
d'une voix empreinte d'une raillerie triste.
— Ah I oui, ricana le marquis, vous altt.*
sans doute me tedr te même langage que FQ
R'gfut.
— Le Régent vous aimait beaucoup,
qu s.
Il m'aimera encore...
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