Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-03
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juillet 1868 03 juillet 1868
Description : 1868/07/03 (A3,N806). 1868/07/03 (A3,N806).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178080
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
S cent, le numéro T JOURNAL @ QUOTIDIEN 5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. - Trois mois. six mois. Ça an, ,
Paris 6 Cr. 9 fr, 18 Cr.
Départements.. 8 il 80
Administrateur : E. DELSÀUX.
31~4@ imuto. - VENDREDI 3 JUILLET 4868. — N° 806
Directeur-Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATIIIER. BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, VUe Drouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 2 JUILLET 1868
LES MISÈRES DE LA DOMESTICITÉ
' Sou? CëtîtréninBourguignon, M. A. Granveau, vient de pu-
blier une lettre adressée à Monseigneur l'ar-
chevêque de Paris.
Il n'est guère question, dans celte lettre,
que des bureaux de placement.
Mais le sujet, même restreint ainsi, est en-
core assez important pour attirer et retenir
l'attention.
Domesticité, — dit le dictionnaire, — état
je celui qui loue à autrui son temps et ses
facultés à prix d'argent.
Qui loue, — il y a donc contrat.
Or, qui -dit contrat suppose l'égalité des
contractants.
Cela seul suffirait à établir la supériorité de
la domesticité sur l'esclavage antique.
Il n'y a plus d'esclaves aujourd'hui, que
les malheureux dont le manque de pain et le
manque d'éducation pervertissent, dès l'en-
fance,les bons instinct^.
Servir un maître pendant un temps dé-
terminé, moyennant un prix convenu, peut
&tre le fait d'un homme libre.
Que s'il y a accord entre les parties, le con-
trat se renouvelle ; sinon, il se rompt. Rien
d'offenâSïïrîà'potmte w
D'autre part,le citoyen auquel pèseraient trop
la discipline et l'obéissance a devant lui vingt
carrières affranchies des obstacles qui les bar-
raient autrefois. Il n'est pas forcé de se faire
domestique.
Les misères de la domesticité sont donc
moindres que celles du prolétariat. El!es
existent néanmoins, et c'est à les mettre en
relief que M. Granveau s'est appliqué.
J'ai déjà parlé ici des gens de maison et
les bureaux de placement, et j'ai dit nette-
ment ma façon de penser.
Suivant moi, toutes les personnes exerçant
un même corps d'état devraient faire partie
d'une société, et le siège de cette société de-
vrait être celui d'une agence spéciale de pla- ]
| cement. Que si une seule agence était insuf-
' ,fisante, dans une ville comme Paris, il sepajt
, Ifacile d'établir des succursales.
f I Ainsi, je prends pour exemple les coiffeur.
$ Qui empêcherait un patron par quartier
- voir un registre à souche, et de remplir grà-
' tultomatit, eti ' tout1 itr moins pour tajje.
somme èxtrêmement minime, les fonctions
des quatre ou cinq, agents épars dansja
ville?........ • • î
Une société est un intermédiaire excellent;
car elle offre des garanties. Pour en faire
partie il faut être présenté par deux .parraias.
Ces parrains répondent de la moralité de legur
filleul. Ils ne sauraient en répondre à la lé-
gère. Une fois admis, le nouveau mem Il e
fait, pour ainsi dire, partie d'une famille. Is
actions sont connues, pesées par un tribu . l
paternel. Les maîtres ou les patrons qui vi&-
dront, au siége de la société, chercher unlp-
mestique ou un employé, pourront être trq^p-
pés sur sa capacité, mais ils ne le seront bàs
sur son.honnêt'ité "■ jj
rar malheur, un petit nombre seulement
d'associations pratique ce que je viens d'indi-
quer, et les bureaux de placement demeurant
provisoirement indispensables.
Loin de moi la pensée de nier leur uti-
lité:...
Pour les tenir, il faut une autorisation de
la Préfecture de police.
Le titulaire doit avoir un registre paraphé
par
ou par le maire.
Il lui est interdit d'afficher des places qu'il
n'a pas mandat de procurer.
Toutes ces précautions sont prises dans
l'intérêt du public.
La retenue prélevés sur le gain des gens
placés est, il faut le reconnaître aussi, assez
minime. Pour les gens de maison, cette rete-
nue va de deux et demi à cinq pour cent sur
le montant des gages d'une année.
Les ouvriers appartenant à un corps d'état
ne payent le plus souvent qu'un droit fixe qui
va de deux à six francs.
Tout cela serait très-bien, sans les abus.
1
Premier abus, accidentel, il est vrai.— Un i
mauvais citoyen se présente chez un placeur
et lui dit :
'
Monsieur, je désire tel emploi; si vous
! pouvez me le procurer, je vous offre dix
francs en dehors de vos honoraires. :
te placeur sourit et donne une poignée de
main à ce client.
Survient un autre candidat, qui offre cin-
quante francs au lieu de dix.
Cinquante francs ! Le placeur se croirait in-
digne de la confiance que lui témoigne ce
millionnaire s'il lui demandait ses papiers.
Et il le donne comme le plus parfait honnête
homme qui existe sur la terre. Après quoi, il
se dit tout bas: — Au fait, c'est peut-être
vrai!...
Ainsi, une place est vacante. Il y a dix pos-
tulants. C'est toujours celui qui payera le
plus cher qui l'obtiendra, et celui qui payera
le plus cher ne sera pas toujours le plus
digne.
Deuxième abus, plus fréquent que le pre-
mier. — Un domestique a payé au placeur le
cinq pour cent sur ses gages d'une année.
Au bout de trois mois, pour une raison ou
pour une autre, il quitte la maison où il est
entré. Le voilà de nouveau sans emploi. Du
moins a-t-il le droit d'être replacé gratuite-
ment par le bureau pendant un an. Bien.
Sur ces entrefaites, une place se présente. Le
placeur a quatre candidats sur ses registres.
Il n'hésite pas à sacrifier celui duquel il n'a
plus rien à attendre pour un des autres qui
le p,,tyera.
Troisième abus. — Certains placeurs font
deg,
patron, et ils conservent cinquante centimes
par personne pour frais de bureau. Supposez
qu'ils envoient vingt clients au même en-
droit. Cela fait dix francs. Un seul domesti-
que est placé. Quant aux autres, ils ont perdu
leur temps, mais on ne leur rend pas leur
argent. Lorsqu'il s'agit de pauvres filles, for-
cées de se livrer il des calculs infinis pour ne
pas mourir de faim, cette pièce de dix sous
représente quelquefois un capital de première
nécessité. jEn ce cas, le t'afic est odieux...
Je m'arrête ici, ne voulant pas avoir l'air
de dresser un acte d'accusation.
Du reste, je mets les personnes de côté,
comme toujours, pour ne m'occuper que du
mal et du remède.
M. Granveau propose divers moyens d'a.
méliorer les conditions de placement :
Pour les places dans l'enseignement, le
Journal des Instituteurs serait distribué gra-
tuitement dans toutes les pensions, et dans
toutes les écoles. Les insertions, payées un
centime la ligne, compenseraient à peu prêt
les frais. — Initiative gdûVêftiementale.
Les jeunes filles qui arriveraient de la pro.
vince trouveraient à coup sur des maisons
spéciales, où elles seraient nourries et logée:
pour une somme minime, et qui- offriraient
une double garantie à leur famille qu'elles
viennent de quitter et aux maîtres chez lesquels
elles entreront. — Initiative individuelle.
Les ouvriers , en général , auràient un
journal qui servirait d'intermédiaire entre
l'offre et la demande. Ce journal n'inscrirait
que les réclamations ayant trait au placement
des ouvriers de tous les corps d'état. Le prix
du numéro serait de 10 centimes, et celui des
insertions, suivant une proportion alité bien
entendue, varierait de 25 centimes la ligne
pour les maîtres, à 15 centimes pour les ou-
vriers et à 10 centimes pour les ouvrières.
Sur le produit de ces annonce^ , l'Etat perce-
vrait une part équivalant au produit actuel'
des patentes des bureaux de placement.
Certes, voilà des réformes qui n'ont rien d'(
radical, ni de subversif.
Telles quelles cependant, elles constitue-
raient un véritable progrès.
C'est pourquoi je m'.em presse de leur don-
ner la publiciié-de la Petite Presse,
Mais j'insiste encore en terminant :
| Le seul, ie vrai moyen de parer aux vices du
placement, c'est l'association, c'est agence
dans la société.
De bons exemples ont été donnés ; il faut
qu'ils soient suivis, et que tous les corps
d'état aient leur caisse , leur cercle, leut
bibliothèque et leut- bureaii de placement,
TONY RKVILLON.
P. S. — Vous rappelez-vous soeur Pauline,
chers lecteurs? — Oui, n'est-ce pas, car
l'œuvre à laquelle est attaché son nom mérite
un souvenir. Des femmes ont été riches-- elles
sont devenues pauvres. Il ne leur reî-te plus
qu'un petit capital dont la rente ne suffit pas
à leurs besoins. Grâce à l'association, il y
pourra suffire'. On ne vit pas seule avec cinq
cents francs par an, par exemp'e.; mais on
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""13 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XIII
Que se passa-t-il alors entre le Régent et
:ette femme qui était si merveilleusement belle?
C'est ce que personne n'aurait pu dire, car ils
demeurèrent seuls pendant plus d'une heure, et
causèrent à voix basse. Mais certainement, il
n'avait pas été question d'amour entre eux, et la
galanterie bien connue de monseigneur Philippe
. d'Orléans n'eut rien à voir dans cet entretien. j
Voir les numéros partis depuis le 21 juin.
Le chevalier d'Esparron s'était éclipsé, nous
l'avons dit, mais sans doute qu'il n'était pas
loin, car le Régent l'ayant appelé, il revint aus-
sitôt.
Le prince était pâle et tout son visage trahis-
sait une violente émotion.
Il tenait dans sa main la main de la femme
immortelle, et il attachait sur elle un affectueux
regard.
Qu'aurait donc pensé le marquis la Roche -
Lambert!
— Approche, dit-il au chevalier.
Et il lui prit pareillement la main et il la nlit
dans celle de la jeune femme.
Puis, d'une voix triste et grave :
— Maintenant que je sais tout, dit-il, écoutpz-
moi, mes enfants.
Ils se groupèrent auprès de lui comme s'il eus
été réellement leur père.
— Je ne suis pns vindicatif, dit le Régent, je
pardonne même trop facilement; cependant
'j'avoue que si j'étais en votre lieu et place, je
penserais comme VOU3 et je poursuivrais le but
que vous vous êtes donné, comme le plus saint
dés devoirs..
' Malheureusement, mes enfants, au-dessus du
cœur " h.umain, il y r- la raison de l'homme: et
l'homme, en raisonnant, a forgé des lois pour
réfréner ses passions.
♦
Que demain, la vérité se fasse jour, que votre
vengeance accomplis vous soyez arrêtés, tra-
duits devant le pari-emetrt, assemblé en chambre
criminelle; lC3 ju-jos vous absoudront peut-être,
au fond de leur conscience, mais ils vous con-
damneront sûrement.
Vous serez brûlée comme sorcière, ma
pauvre petite ; et toi aussi, mon bon ami.
ils ne répondirent pas, mais leur silence té-
moignait d'une résolution inébranlable.
Le Régent les regardait toujours.
— Pourtant, dit-il, sans cet héritage de haine
qui vous est transmis, vous pourriez être si
heureux, mes enfants 1 vous êtes jeunes, vous
êtes beaux, vous vous aimez .... ; . -
— Oh ! oui, dit la créature mystérieuse en
passant ses deux bras au cou du chevalier.
— Vivre et mourir ensemble, c'est le bon-
heur, ajouta le chevalier.
— Ecoutez-moi encore, poursuivit Philippe
d'Orléans.
Je suis Régent, j'ai pour quelques années en-
core le pouvoir ^suprême, mais le roi deviendra
majeur et je ne serai plus rien, et si votre
œuvre n'est pas accomplie' alors, je ne pourrai
plus vous sauver.
Hâtez-vous donc et priez Dieu qu'il m3 con-
serve, car si je venais à mourir demain, mon
héritage pourrait bien advenir à ce prê.re aus-
tère qu'on appelle M. de "Fréjus et qui se mon
trerait d'autant plus sans pitié pour les sor.
ciers, qu'il ne croit pas à la sorcellerie.
Hâtez-vous onc; puis, votre œuvre accom-
plie, quittez Paris, fuyez le royaume et allez-
vous-en en quelque coin du monde où vout
puissiez vivre heureux.
En prononçant ces derniers mot", le Ré.^enl
baisa la main de Cette femme étrange, puis il
s'appuya-sur l'épaule du chevalier d'E-par ron
pour se lever, et quand il fut debout, il leur dit
encore:
— Adieu, mes enfants, et Dieu vous garde!
— Monsligueur, dit alors le chevalier, je vais
vous reconduire,
— Par le même chemin?
— Oh! non. Venez. Maintenant que Votre
Altes,sc sait tout, à quoi bon le merveilleux;1
—• .Adieu, monseigneur, dit la jeune femme
qui, à son tour, prii Ii,!., main du Régent et la
baisa.
" Alors le chevalier écarta un rideau.de fenil-
Irge et le prince se trouva au seuii d'une autre
feaile d'une décoration toute différente, et qui
n'avait plus rien d'oriental.
Le chevalier fit traverser cette salle au Ré-
gent, puis.apris elle un corridor, puis gravir un
escalier, et entin, ils se trouvèrent dans un
vestibule sombre, garni de vieilles boi-eries
S cent, le numéro T JOURNAL @ QUOTIDIEN 5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. - Trois mois. six mois. Ça an, ,
Paris 6 Cr. 9 fr, 18 Cr.
Départements.. 8 il 80
Administrateur : E. DELSÀUX.
31~4@ imuto. - VENDREDI 3 JUILLET 4868. — N° 806
Directeur-Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATIIIER. BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, VUe Drouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 2 JUILLET 1868
LES MISÈRES DE LA DOMESTICITÉ
' Sou? Cëtîtrénin
blier une lettre adressée à Monseigneur l'ar-
chevêque de Paris.
Il n'est guère question, dans celte lettre,
que des bureaux de placement.
Mais le sujet, même restreint ainsi, est en-
core assez important pour attirer et retenir
l'attention.
Domesticité, — dit le dictionnaire, — état
je celui qui loue à autrui son temps et ses
facultés à prix d'argent.
Qui loue, — il y a donc contrat.
Or, qui -dit contrat suppose l'égalité des
contractants.
Cela seul suffirait à établir la supériorité de
la domesticité sur l'esclavage antique.
Il n'y a plus d'esclaves aujourd'hui, que
les malheureux dont le manque de pain et le
manque d'éducation pervertissent, dès l'en-
fance,les bons instinct^.
Servir un maître pendant un temps dé-
terminé, moyennant un prix convenu, peut
&tre le fait d'un homme libre.
Que s'il y a accord entre les parties, le con-
trat se renouvelle ; sinon, il se rompt. Rien
d'offenâSïïrîà'potmte w
D'autre part,le citoyen auquel pèseraient trop
la discipline et l'obéissance a devant lui vingt
carrières affranchies des obstacles qui les bar-
raient autrefois. Il n'est pas forcé de se faire
domestique.
Les misères de la domesticité sont donc
moindres que celles du prolétariat. El!es
existent néanmoins, et c'est à les mettre en
relief que M. Granveau s'est appliqué.
J'ai déjà parlé ici des gens de maison et
les bureaux de placement, et j'ai dit nette-
ment ma façon de penser.
Suivant moi, toutes les personnes exerçant
un même corps d'état devraient faire partie
d'une société, et le siège de cette société de-
vrait être celui d'une agence spéciale de pla- ]
| cement. Que si une seule agence était insuf-
' ,fisante, dans une ville comme Paris, il sepajt
, Ifacile d'établir des succursales.
f I Ainsi, je prends pour exemple les coiffeur.
$ Qui empêcherait un patron par quartier
- voir un registre à souche, et de remplir grà-
' tultomatit, eti ' tout1 itr moins pour tajje.
somme èxtrêmement minime, les fonctions
des quatre ou cinq, agents épars dansja
ville?........ • • î
Une société est un intermédiaire excellent;
car elle offre des garanties. Pour en faire
partie il faut être présenté par deux .parraias.
Ces parrains répondent de la moralité de legur
filleul. Ils ne sauraient en répondre à la lé-
gère. Une fois admis, le nouveau mem Il e
fait, pour ainsi dire, partie d'une famille. Is
actions sont connues, pesées par un tribu . l
paternel. Les maîtres ou les patrons qui vi&-
dront, au siége de la société, chercher unlp-
mestique ou un employé, pourront être trq^p-
pés sur sa capacité, mais ils ne le seront bàs
sur son.honnêt'ité "■ jj
rar malheur, un petit nombre seulement
d'associations pratique ce que je viens d'indi-
quer, et les bureaux de placement demeurant
provisoirement indispensables.
Loin de moi la pensée de nier leur uti-
lité:...
Pour les tenir, il faut une autorisation de
la Préfecture de police.
Le titulaire doit avoir un registre paraphé
par
ou par le maire.
Il lui est interdit d'afficher des places qu'il
n'a pas mandat de procurer.
Toutes ces précautions sont prises dans
l'intérêt du public.
La retenue prélevés sur le gain des gens
placés est, il faut le reconnaître aussi, assez
minime. Pour les gens de maison, cette rete-
nue va de deux et demi à cinq pour cent sur
le montant des gages d'une année.
Les ouvriers appartenant à un corps d'état
ne payent le plus souvent qu'un droit fixe qui
va de deux à six francs.
Tout cela serait très-bien, sans les abus.
1
Premier abus, accidentel, il est vrai.— Un i
mauvais citoyen se présente chez un placeur
et lui dit :
'
Monsieur, je désire tel emploi; si vous
! pouvez me le procurer, je vous offre dix
francs en dehors de vos honoraires. :
te placeur sourit et donne une poignée de
main à ce client.
Survient un autre candidat, qui offre cin-
quante francs au lieu de dix.
Cinquante francs ! Le placeur se croirait in-
digne de la confiance que lui témoigne ce
millionnaire s'il lui demandait ses papiers.
Et il le donne comme le plus parfait honnête
homme qui existe sur la terre. Après quoi, il
se dit tout bas: — Au fait, c'est peut-être
vrai!...
Ainsi, une place est vacante. Il y a dix pos-
tulants. C'est toujours celui qui payera le
plus cher qui l'obtiendra, et celui qui payera
le plus cher ne sera pas toujours le plus
digne.
Deuxième abus, plus fréquent que le pre-
mier. — Un domestique a payé au placeur le
cinq pour cent sur ses gages d'une année.
Au bout de trois mois, pour une raison ou
pour une autre, il quitte la maison où il est
entré. Le voilà de nouveau sans emploi. Du
moins a-t-il le droit d'être replacé gratuite-
ment par le bureau pendant un an. Bien.
Sur ces entrefaites, une place se présente. Le
placeur a quatre candidats sur ses registres.
Il n'hésite pas à sacrifier celui duquel il n'a
plus rien à attendre pour un des autres qui
le p,,tyera.
Troisième abus. — Certains placeurs font
deg,
patron, et ils conservent cinquante centimes
par personne pour frais de bureau. Supposez
qu'ils envoient vingt clients au même en-
droit. Cela fait dix francs. Un seul domesti-
que est placé. Quant aux autres, ils ont perdu
leur temps, mais on ne leur rend pas leur
argent. Lorsqu'il s'agit de pauvres filles, for-
cées de se livrer il des calculs infinis pour ne
pas mourir de faim, cette pièce de dix sous
représente quelquefois un capital de première
nécessité. jEn ce cas, le t'afic est odieux...
Je m'arrête ici, ne voulant pas avoir l'air
de dresser un acte d'accusation.
Du reste, je mets les personnes de côté,
comme toujours, pour ne m'occuper que du
mal et du remède.
M. Granveau propose divers moyens d'a.
méliorer les conditions de placement :
Pour les places dans l'enseignement, le
Journal des Instituteurs serait distribué gra-
tuitement dans toutes les pensions, et dans
toutes les écoles. Les insertions, payées un
centime la ligne, compenseraient à peu prêt
les frais. — Initiative gdûVêftiementale.
Les jeunes filles qui arriveraient de la pro.
vince trouveraient à coup sur des maisons
spéciales, où elles seraient nourries et logée:
pour une somme minime, et qui- offriraient
une double garantie à leur famille qu'elles
viennent de quitter et aux maîtres chez lesquels
elles entreront. — Initiative individuelle.
Les ouvriers , en général , auràient un
journal qui servirait d'intermédiaire entre
l'offre et la demande. Ce journal n'inscrirait
que les réclamations ayant trait au placement
des ouvriers de tous les corps d'état. Le prix
du numéro serait de 10 centimes, et celui des
insertions, suivant une proportion alité bien
entendue, varierait de 25 centimes la ligne
pour les maîtres, à 15 centimes pour les ou-
vriers et à 10 centimes pour les ouvrières.
Sur le produit de ces annonce^ , l'Etat perce-
vrait une part équivalant au produit actuel'
des patentes des bureaux de placement.
Certes, voilà des réformes qui n'ont rien d'(
radical, ni de subversif.
Telles quelles cependant, elles constitue-
raient un véritable progrès.
C'est pourquoi je m'.em presse de leur don-
ner la publiciié-de la Petite Presse,
Mais j'insiste encore en terminant :
| Le seul, ie vrai moyen de parer aux vices du
placement, c'est l'association, c'est agence
dans la société.
De bons exemples ont été donnés ; il faut
qu'ils soient suivis, et que tous les corps
d'état aient leur caisse , leur cercle, leut
bibliothèque et leut- bureaii de placement,
TONY RKVILLON.
P. S. — Vous rappelez-vous soeur Pauline,
chers lecteurs? — Oui, n'est-ce pas, car
l'œuvre à laquelle est attaché son nom mérite
un souvenir. Des femmes ont été riches-- elles
sont devenues pauvres. Il ne leur reî-te plus
qu'un petit capital dont la rente ne suffit pas
à leurs besoins. Grâce à l'association, il y
pourra suffire'. On ne vit pas seule avec cinq
cents francs par an, par exemp'e.; mais on
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""13 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XIII
Que se passa-t-il alors entre le Régent et
:ette femme qui était si merveilleusement belle?
C'est ce que personne n'aurait pu dire, car ils
demeurèrent seuls pendant plus d'une heure, et
causèrent à voix basse. Mais certainement, il
n'avait pas été question d'amour entre eux, et la
galanterie bien connue de monseigneur Philippe
. d'Orléans n'eut rien à voir dans cet entretien. j
Voir les numéros partis depuis le 21 juin.
Le chevalier d'Esparron s'était éclipsé, nous
l'avons dit, mais sans doute qu'il n'était pas
loin, car le Régent l'ayant appelé, il revint aus-
sitôt.
Le prince était pâle et tout son visage trahis-
sait une violente émotion.
Il tenait dans sa main la main de la femme
immortelle, et il attachait sur elle un affectueux
regard.
Qu'aurait donc pensé le marquis la Roche -
Lambert!
— Approche, dit-il au chevalier.
Et il lui prit pareillement la main et il la nlit
dans celle de la jeune femme.
Puis, d'une voix triste et grave :
— Maintenant que je sais tout, dit-il, écoutpz-
moi, mes enfants.
Ils se groupèrent auprès de lui comme s'il eus
été réellement leur père.
— Je ne suis pns vindicatif, dit le Régent, je
pardonne même trop facilement; cependant
'j'avoue que si j'étais en votre lieu et place, je
penserais comme VOU3 et je poursuivrais le but
que vous vous êtes donné, comme le plus saint
dés devoirs..
' Malheureusement, mes enfants, au-dessus du
cœur " h.umain, il y r- la raison de l'homme: et
l'homme, en raisonnant, a forgé des lois pour
réfréner ses passions.
♦
Que demain, la vérité se fasse jour, que votre
vengeance accomplis vous soyez arrêtés, tra-
duits devant le pari-emetrt, assemblé en chambre
criminelle; lC3 ju-jos vous absoudront peut-être,
au fond de leur conscience, mais ils vous con-
damneront sûrement.
Vous serez brûlée comme sorcière, ma
pauvre petite ; et toi aussi, mon bon ami.
ils ne répondirent pas, mais leur silence té-
moignait d'une résolution inébranlable.
Le Régent les regardait toujours.
— Pourtant, dit-il, sans cet héritage de haine
qui vous est transmis, vous pourriez être si
heureux, mes enfants 1 vous êtes jeunes, vous
êtes beaux, vous vous aimez .... ; . -
— Oh ! oui, dit la créature mystérieuse en
passant ses deux bras au cou du chevalier.
— Vivre et mourir ensemble, c'est le bon-
heur, ajouta le chevalier.
— Ecoutez-moi encore, poursuivit Philippe
d'Orléans.
Je suis Régent, j'ai pour quelques années en-
core le pouvoir ^suprême, mais le roi deviendra
majeur et je ne serai plus rien, et si votre
œuvre n'est pas accomplie' alors, je ne pourrai
plus vous sauver.
Hâtez-vous donc et priez Dieu qu'il m3 con-
serve, car si je venais à mourir demain, mon
héritage pourrait bien advenir à ce prê.re aus-
tère qu'on appelle M. de "Fréjus et qui se mon
trerait d'autant plus sans pitié pour les sor.
ciers, qu'il ne croit pas à la sorcellerie.
Hâtez-vous onc; puis, votre œuvre accom-
plie, quittez Paris, fuyez le royaume et allez-
vous-en en quelque coin du monde où vout
puissiez vivre heureux.
En prononçant ces derniers mot", le Ré.^enl
baisa la main de Cette femme étrange, puis il
s'appuya-sur l'épaule du chevalier d'E-par ron
pour se lever, et quand il fut debout, il leur dit
encore:
— Adieu, mes enfants, et Dieu vous garde!
— Monsligueur, dit alors le chevalier, je vais
vous reconduire,
— Par le même chemin?
— Oh! non. Venez. Maintenant que Votre
Altes,sc sait tout, à quoi bon le merveilleux;1
—• .Adieu, monseigneur, dit la jeune femme
qui, à son tour, prii Ii,!., main du Régent et la
baisa.
" Alors le chevalier écarta un rideau.de fenil-
Irge et le prince se trouva au seuii d'une autre
feaile d'une décoration toute différente, et qui
n'avait plus rien d'oriental.
Le chevalier fit traverser cette salle au Ré-
gent, puis.apris elle un corridor, puis gravir un
escalier, et entin, ils se trouvèrent dans un
vestibule sombre, garni de vieilles boi-eries
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