Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-06-26
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 juin 1868 26 juin 1868
Description : 1868/06/26 (A3,N799). 1868/06/26 (A3,N799).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178013
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
*£3" , > .
■"*& CC'Ut. té Huitili 0
S ccnî. le immén?
)xOK:>F->tr..viS. ïrois vr.'.;s ' SÍx moi*- Ce an,
„ l'aria....' & m » tr. 18 Ír.
^C V'a' <.C i 1 v' :, t S . , t 1 *2 ^
Adviiristratcur : E. DELSAUX.
3me année. — VENDREDI 2,6 JUIX 1868. , ~ I\T& 799
; \. Directeur-Proprié (airs : J A K N I N.
Rédacteur en chef: A. DE DA LAT Hum BRAGELOKNB»
1 BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, l'r.,Ie ©ÏNSWOÏU
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 25 JUIN 1868
LES SECRETS DE LA PRESTIDIGITATION
ROBERT-HOUDIN
Il y a quelques jours, à dinçr, chez nn de
mes amis, une attention du maître de la mai-
son me donna pour voisin de table un homme
merveilleux.
Cet homme, de petite taillç, aux mouvü-
mcrrts v!fs, se recommandait à l'at'cntion par
une tête qu'on eÚt cru sortie d'un tableau du
dix-huitième siècle profil mince,joues et lè-
vres soigneusement rasées, grande bouche
éloquente, des cheveux blancs couronnant un
front qui fuyait un peu, l'œil jeune comme à
vingt ans....
Lorsqu'on arriva au dessert et que mon
homme s© mit à pa'der, en agitant -les .mains
pour commenter ses paroles et en souriant
d'un sourire Gant toute sa figure était cclcuree,
je me crus un instant au café Procope. Diderot
devait avoir autour de lui des causeurs et des
auditeurs comme celui-là,..
Quelqu'un apporta un jeu de certes.
Mon voisin dit : — Je ne fais plus de tours;
mais je vous en démontrerai volontiers quel-
ques-uns.
J'avais dîné à côté de Robert-Houdin.
Rohcrt-IIoudina soixante-trois ans aujour-
d'hui.
Fils d'un horloger de TIlois, il s\"talt "pris-#
îout. primant, de passion pour l'état de son
père.
« LS-3 vocations, a dit Pasca1, dépendent
souvent des milieux. Il y a des pays où tout
:e monde se fait maçon et chaudronnier, par-
ce qu'on voit des maçons et des chaudron-
niers autour do soi. »
Robert rêvait donc d'horloges et de taba-
tières Li. musique, dans la boutique pater-
nelle.
Mais U. Houdin, ambitieux pour son fils,
rêva pour lui les destinées plus hautes du no-
tariat. L'enfant dut faire ses études, puis en-
trer en qualité de clerc chez M' Roger, no-
taire à Blcis.
L'amour éa la mécanique finit par l'em-
porter :
— Je trouvais les minutes trop longues,
a dit plus tard le célèbre prestidigitateur.
Ses études avaient eu cela de bon qu'eues
1Vi permirent de rechercher dans la tradition
Mut ce qui se rattachait à ses goûts. Les ap-
plications de l'électricité à la mécanique le
préoccupèrent constamment, et il a fait faire
dans cette voie un véritable pas à la science.
De -1830 a 1845, il inventa des automates
et des machines, s'exerçant en même temps à
toutes les habiletés de l'escamotage.
— Je. suis arrivé, dit-il encore, à me refaire
la main d'une certaine façon.
La fantaisie lui prit do fa:re fortune. Il vint
h Piiris, ouvrit au Pahis-Hoyal la salle des
Soirées fimlastujucs, où, pendant sept ans, il
exécuta les tours et les fantaisies.qu'il avait
introduits dans la prestidigitation.
lliche, il céda son théâtre à son beau-frère,
M. Hamilton, et il se retira dans son pays,
sur la rive gauche delà Loire,à Saint-Gervais.
Ll, t'ml. entier el. la science, il cherche,
comme, je l'ai dit, les applications possibles
de l'électricité à la mécanique.
Pour se délasser de ses travaux, il s'est
amusé à machiner toutes les pièces de son
petit domaine.
Ce domaine s'appeHe le Prieuré. Dantan
jeune, qui fait des bustes et des jeux de mots,
l'a surnommé l'abbaye de l'AltuljJc.
Tout y est surnaturel, les portes, les fe-
nêtres, les sonnettes, les tables et les chaises.
Exemple. Vous vous promenez dans le parc
et vous arrivez au bord d'un petit ravin. L'eau
coule en jasant sur les cailloux. Les grands
arbres vous favorisent de leur ombre. —
Quel bon endroit! dites-vous... Un banc
.frappe.vos yeux. Vous vous y asseyez pour
vous reposer. Le banc aussitôt de se mettre
en mouvement et de vous transporter sur
l'autre rive. La cloche du dîner se fait en-
tendre. Comment regagner la maison? Vous
vous asseyez de nouveau sur le banc, et le
siège merveilleux vous ramène à la place que
vous aviez quittée.
Les secrets de la prestidigitation sont le
titre d'un volume qui paraîtra demain.
Robert Houdin avait deux fils. A l'inverse
de son père,qui voulait faire de lui un notaire,
il voulait faire d'eux ses successeurs. Mais
l'aîné lui dit : — L'horlogerie me suffit !... Et
l'autre : — Je préfère les armes à la méca-
nique.
Voyant sa dynastie brusquement interrom-
pue. le vieil artiste a résolu de communiquera
sa science à tout le monde et d'apprendre au
premier venu comment on devient sorcier.
Tout se trouve dans ce volume à couver-
ture rouge, illustré de diableries noires : les
Grecs, les Romains, les joueurs de gobelets,
lltatien Pinetti, l'Allemand Dobler, le Fran-
çais Philippe, et nos prestidigitateurs contcm-
porains, Glevermann,Robin, Tuffereau, 'ruf!'ercan,Drun-
net et de Caston. L'auteur révèle tous les se-
crets, les siens et ceux des autres. Xe vous
croyez pas beaucoup pin* sava' ts pour ceia.
Loutre soir, à dmf-r, Robert noudiu nous a
démontre quelques uns de ses plus jolis tours ;
puis, quand nous avons été bien instruits, il
les a exécutés, et nous n'y avons vu que du feu.
Je prends au hasard un chapitre du livre :
LA riÈci: D'OR DANS u:-.r PETIT PAIN
.c Je suppose qu'on assiste à un repas d'a-
mis auxquels on veut faire une agréable plai-
saâitcrie :
» Lorsque l'on s'cst mis à table et qu'on a
d'plié sa servie'Lfe, alors que tout le monde
peut vous prêter attention, vous prenez votre
petit pain, et, le soupesant :
» — C'est eton:jant, dites-vous, ce. petit pair:
me semble plus lourd qu'il ne doit être d'or-
dinaire. »
» Vous le retournez en tous sens, ce nui
sert à faire remarquer indirectement (}u'il n'y
a aucune ouverture au pain.
» — Voyons donc ! Contiendrait-il quelque
chose à mon adresse? » On le c^se et en
trouve au milieu une pièce de vingt francs.
« - Permettez-moi, monsieur, dites-vous
au maître de la maison, de vous féliciter sur
votre ingénieux procède pour m'adresser ce
jeton de présence à votre dîner. Je vous en
r8!11crcil\, etc...
» Voici comment ce tour s'exécute :
» Tandis qu'on retourne le pain pour le
faire voir, on tient une pièce d'or dans la
main droite, et, lorsqu'on se prépare à le cas-
ser, on laisse glisser jusqu'au bout de:, doigts
cette pièce qui se trouve alors sous le petit
pain.
» Ce pain étant tenu par les extrémités, on
le plie d'abord en relevant un peu les extré- • i
mités en l'air. Ce pli détermine au milieu du
pain et en dessous une cassure béante dans
laquelle on introduit subtilement la pièce d'or
en la poussant avec les do:gts.
» On comprend aisément qu'en retournant
le relit pain du « côté opposé et en le cassant
.
1,
tout il fait on puisse voir la pièce do sing*
francs qui y est introduite. »
Mon Dieu ! c'est simple comme borjnnr.
Encore f;.ut-I! avoir les doigts '(('Íúi/s,
comme le dit le sorcier, rieur glisser la pièce
J'('r dans le petit p['i'.i. Essayez plutôt
En QJ;6, le gouverneur;"nt se pn'oTups
des miracles des m a ml» m! s et de la dange-
reuse crédulité des Arabes à l'end; (Ji! de huis
magiciens.
llobcrt-Hondin du enuverrornon ! une»
mission en Algérie afin du détruire par coa
tours les illusions des indigènes de m tre
colonie.
Bah ! on le prit lui-même pour un mara-
bout, et il eut pu, au bout d'un mois, prê-
cher la guerre Ladite avec chance û'êlro
f'couté.
Cependant, il se honorait parfois, km,fin
rL'j'i'-ode suivant de un-, \oyage.
Dans une grande t-éauce officielle à laquelle
assistait Mme la maréchale ïlando"», le pres-
tidigitateur, s'adressanl à cette dei nièngla pria
de lui confier uns de ses bagues. Puis, lui
tendant un biscuit : — Veuillez le rompre
en deux, lui clit-.il.- Cù-M fait, monsieur '
•— Bien ; de quel ce té maintenant ;,vlcz.
vous que se trouve votre bague ?
— De cc côté-ci.
.- Regarde" !...
La bague n'y était pa*.
Le prestidigitateur avait manqué son Un un
Un autre aurait été embarrassé. Mais Rohwt-
Houdin savait l'histoire du doet-ur Dupuy
tren, que me racontait ers jours ei mon ami,,
le docteur Pontdevaux.
Le grand c)¡ i ru \ mécontent de voir ses
élèves faire sans eesre des saignées blanc!.c,
leur dit un jour : — Je vais vous montra
comment on fait unc' saigné.-,».
La scène se passait à l'hôpital. Une I t " c
était là, le bras préparé. Dup).)yt''Rn lui al > ;
un coup de lancette. Lien ne sort ; le d. ui
avait fait une saignée b:ancIJ8, comme le ciel"
nier des carabins.
Alors sans se troubler :
— Voilà comme vous saignez, vous au-
tres, messieurs. Muj, voila comme je saigne.
Et, d'un coup de lancette à écharper le Iras,,
il fit jaillir le sang.
— Madame, dit Roberl-IIoudin à la nurre-
| chale Iianclon, un sorcier ordinaire vous enJ
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""6 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
VI
L'apparition dtichevalier d'Esparron était une
surprise bien autrement grande encore que les
fantastiques nuits du marquis de la Roche-Lam-
pert, d'autant mieux que le Jeune gentilhomme
n'entrait point à la façon des revenants et des
fantômes, qui glissent sans.bruit -sur le sol, et
dont le corps est transparent comme du verre.
Le chevalier était bien un homme de chair et
}loir les numéros parus depuis le 21 juin.
d'os, parfaitement vivant, dont le talon rouge
sonnait sur le parquet et qui jeta sur un fauteuil
son manteau couvert de givre, preuve qu'il ve-
nait du dehors.
Le Régent s'était levé, et avec cette bonho-
mie toute spontanée, cette affabilité affectueuse
qui caractérisait C3 prince dont on a tant médit,
il avait fait deux pas à la rencontre du chevalier
et l'avait serré dans ses bras.
— Morbleu ! messieurs, dit-il, je vous jure
bien qu'il n'est pas cliaphane,ct que ce n'est pas
une ombre vaine que je viens d'embrasser.
Puis, regardant le jeune homme:
- Mais d'où viens-tu donc, cher enfant ?
Voici trois mois que nous te pleurons !...
— Je viens d'être amoureux, monseigneur,
ou plutôt non, je le suis encore, car j'aime une
femme divine, répondit le chevalier avec un ac-
cent plein d'enthousiasme.
C'était un beau et charmant garçon de vingt-
huit ans que la chevalier d'Esparron.
Taille moyenne et bien prise, œil noir, che-
veux châtains, dents éblouissantes, lèvres rou-
ges, nez un peu busquée petits pieds et petites
mains, il résumait bien le type de beauté méri-
dionale qui caractérise la. race romaine devenue
français, et dont l'aristocratie provençale était
le .pIus pur échantillon.
Les rairs o'Amgleterre tirent vanité de leur
origine normande; mais les nobles de Provence,
la terre que Louis XI qualifiait de pieuse parfu-
mée, disent avec orgueil : Nous sommes les fils
des soldats de César,et les Francs étaient encore
des barbares se nourrissant de chair crue, que
nous étions depuis longtemps les maîtres, les
viveurs et les philosophes du monde.
D'Esparron Qï,UC- donc vingt-huit ans ; il cuit
beau, il avait cette mélopée harmonieuse et un
peu traînante qui du latin, et de l'italien,a passe
dans le français des Provençaux.
Les femmes en avaient raffole; les hommes
le tenaient en amitié et en c.s:.imc, parce qu'il
était brave.
Sa disparition, on a pu le voir, avait été un
deuil à la cour.
Son retour détermina une explosion de
joie.
Après monseigneur Philippe d'Orléans, ce fut
à qui l'embrasserait et le presserait sur son
cœur, et si le Régent n'eût été le plus indulgent
et le plus philosophe des princes, il eût peut-
être froncé le sourcil en voyant la marquise de
Sabran subir l'élan gênerai.
Puis, ce fut une avalanche do questions.
— As-tu encore un peu de sang? dirent les
uns.
— Le vampire t'a-t-il ménagé? dirent.les au-
11 cs,
Un seul homme ne parlait pas et se tenait à
l'écart.
C'était le vieux marquis de la Roche-Lam-
bert.
Quant au e!tevahc!', il c1(m:'llfcL comme a ban
sous cette avalanche d'interrogations, et paiaos-
sait ne pas en comprendre une 5(;\110.
Et comme le moyen de réor'er ce 'h''u...t, de
mettre un peu d'ordre dans i.ette conv^rsete-o,
était, pour lu;, de s'adresser an Rusent, il iui
dit :
— l'lon:=:ci;ncèlr, je ne comprends absolument
rien à tout ce que l'on me dit, et je su: ; !U
Votre Altesse de me donner une explication.
Phi!Ippe d'Orléans fit un signe et le silence se
rétablit.
— Mon ami, dit-il alor?, nous t'avons cru
mort.
— Vraiment ?
— Dubois a même prononce ton oraison fu-
nèbre...
Le chevalier d'Esparron salua le cardina'.
— Mais monsieur le marquis de Laroche-
Lambert, que voici, a pris soin de nous rase tit-
rer.
Le chevalier d'Esparron regardl le marquis
avec cette indifférence qui indique qu'on vois
u;;e personne pour la première feds.
JOURNAL QUOTIDIEN
*£3" , > .
■"*& CC'Ut. té Huitili 0
S ccnî. le immén?
)xOK:>F->tr..viS. ïrois vr.'.;s ' SÍx moi*- Ce an,
„ l'aria....' & m » tr. 18 Ír.
^C V'a' <.C i 1 v' :, t S . , t 1 *2 ^
Adviiristratcur : E. DELSAUX.
3me année. — VENDREDI 2,6 JUIX 1868. , ~ I\T& 799
; \. Directeur-Proprié (airs : J A K N I N.
Rédacteur en chef: A. DE DA LAT Hum BRAGELOKNB»
1 BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, l'r.,Ie ©ÏNSWOÏU
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 25 JUIN 1868
LES SECRETS DE LA PRESTIDIGITATION
ROBERT-HOUDIN
Il y a quelques jours, à dinçr, chez nn de
mes amis, une attention du maître de la mai-
son me donna pour voisin de table un homme
merveilleux.
Cet homme, de petite taillç, aux mouvü-
mcrrts v!fs, se recommandait à l'at'cntion par
une tête qu'on eÚt cru sortie d'un tableau du
dix-huitième siècle profil mince,joues et lè-
vres soigneusement rasées, grande bouche
éloquente, des cheveux blancs couronnant un
front qui fuyait un peu, l'œil jeune comme à
vingt ans....
Lorsqu'on arriva au dessert et que mon
homme s© mit à pa'der, en agitant -les .mains
pour commenter ses paroles et en souriant
d'un sourire Gant toute sa figure était cclcuree,
je me crus un instant au café Procope. Diderot
devait avoir autour de lui des causeurs et des
auditeurs comme celui-là,..
Quelqu'un apporta un jeu de certes.
Mon voisin dit : — Je ne fais plus de tours;
mais je vous en démontrerai volontiers quel-
ques-uns.
J'avais dîné à côté de Robert-Houdin.
Rohcrt-IIoudina soixante-trois ans aujour-
d'hui.
Fils d'un horloger de TIlois, il s\"talt "pris-#
îout. primant, de passion pour l'état de son
père.
« LS-3 vocations, a dit Pasca1, dépendent
souvent des milieux. Il y a des pays où tout
:e monde se fait maçon et chaudronnier, par-
ce qu'on voit des maçons et des chaudron-
niers autour do soi. »
Robert rêvait donc d'horloges et de taba-
tières Li. musique, dans la boutique pater-
nelle.
Mais U. Houdin, ambitieux pour son fils,
rêva pour lui les destinées plus hautes du no-
tariat. L'enfant dut faire ses études, puis en-
trer en qualité de clerc chez M' Roger, no-
taire à Blcis.
L'amour éa la mécanique finit par l'em-
porter :
— Je trouvais les minutes trop longues,
a dit plus tard le célèbre prestidigitateur.
Ses études avaient eu cela de bon qu'eues
1Vi permirent de rechercher dans la tradition
Mut ce qui se rattachait à ses goûts. Les ap-
plications de l'électricité à la mécanique le
préoccupèrent constamment, et il a fait faire
dans cette voie un véritable pas à la science.
De -1830 a 1845, il inventa des automates
et des machines, s'exerçant en même temps à
toutes les habiletés de l'escamotage.
— Je. suis arrivé, dit-il encore, à me refaire
la main d'une certaine façon.
La fantaisie lui prit do fa:re fortune. Il vint
h Piiris, ouvrit au Pahis-Hoyal la salle des
Soirées fimlastujucs, où, pendant sept ans, il
exécuta les tours et les fantaisies.qu'il avait
introduits dans la prestidigitation.
lliche, il céda son théâtre à son beau-frère,
M. Hamilton, et il se retira dans son pays,
sur la rive gauche delà Loire,à Saint-Gervais.
Ll, t'ml. entier el. la science, il cherche,
comme, je l'ai dit, les applications possibles
de l'électricité à la mécanique.
Pour se délasser de ses travaux, il s'est
amusé à machiner toutes les pièces de son
petit domaine.
Ce domaine s'appeHe le Prieuré. Dantan
jeune, qui fait des bustes et des jeux de mots,
l'a surnommé l'abbaye de l'AltuljJc.
Tout y est surnaturel, les portes, les fe-
nêtres, les sonnettes, les tables et les chaises.
Exemple. Vous vous promenez dans le parc
et vous arrivez au bord d'un petit ravin. L'eau
coule en jasant sur les cailloux. Les grands
arbres vous favorisent de leur ombre. —
Quel bon endroit! dites-vous... Un banc
.frappe.vos yeux. Vous vous y asseyez pour
vous reposer. Le banc aussitôt de se mettre
en mouvement et de vous transporter sur
l'autre rive. La cloche du dîner se fait en-
tendre. Comment regagner la maison? Vous
vous asseyez de nouveau sur le banc, et le
siège merveilleux vous ramène à la place que
vous aviez quittée.
Les secrets de la prestidigitation sont le
titre d'un volume qui paraîtra demain.
Robert Houdin avait deux fils. A l'inverse
de son père,qui voulait faire de lui un notaire,
il voulait faire d'eux ses successeurs. Mais
l'aîné lui dit : — L'horlogerie me suffit !... Et
l'autre : — Je préfère les armes à la méca-
nique.
Voyant sa dynastie brusquement interrom-
pue. le vieil artiste a résolu de communiquera
sa science à tout le monde et d'apprendre au
premier venu comment on devient sorcier.
Tout se trouve dans ce volume à couver-
ture rouge, illustré de diableries noires : les
Grecs, les Romains, les joueurs de gobelets,
lltatien Pinetti, l'Allemand Dobler, le Fran-
çais Philippe, et nos prestidigitateurs contcm-
porains, Glevermann,Robin, Tuffereau, 'ruf!'ercan,Drun-
net et de Caston. L'auteur révèle tous les se-
crets, les siens et ceux des autres. Xe vous
croyez pas beaucoup pin* sava' ts pour ceia.
Loutre soir, à dmf-r, Robert noudiu nous a
démontre quelques uns de ses plus jolis tours ;
puis, quand nous avons été bien instruits, il
les a exécutés, et nous n'y avons vu que du feu.
Je prends au hasard un chapitre du livre :
LA riÈci: D'OR DANS u:-.r PETIT PAIN
.c Je suppose qu'on assiste à un repas d'a-
mis auxquels on veut faire une agréable plai-
saâitcrie :
» Lorsque l'on s'cst mis à table et qu'on a
d'plié sa servie'Lfe, alors que tout le monde
peut vous prêter attention, vous prenez votre
petit pain, et, le soupesant :
» — C'est eton:jant, dites-vous, ce. petit pair:
me semble plus lourd qu'il ne doit être d'or-
dinaire. »
» Vous le retournez en tous sens, ce nui
sert à faire remarquer indirectement (}u'il n'y
a aucune ouverture au pain.
» — Voyons donc ! Contiendrait-il quelque
chose à mon adresse? » On le c^se et en
trouve au milieu une pièce de vingt francs.
« - Permettez-moi, monsieur, dites-vous
au maître de la maison, de vous féliciter sur
votre ingénieux procède pour m'adresser ce
jeton de présence à votre dîner. Je vous en
r8!11crcil\, etc...
» Voici comment ce tour s'exécute :
» Tandis qu'on retourne le pain pour le
faire voir, on tient une pièce d'or dans la
main droite, et, lorsqu'on se prépare à le cas-
ser, on laisse glisser jusqu'au bout de:, doigts
cette pièce qui se trouve alors sous le petit
pain.
» Ce pain étant tenu par les extrémités, on
le plie d'abord en relevant un peu les extré- • i
mités en l'air. Ce pli détermine au milieu du
pain et en dessous une cassure béante dans
laquelle on introduit subtilement la pièce d'or
en la poussant avec les do:gts.
» On comprend aisément qu'en retournant
le relit pain du « côté opposé et en le cassant
.
1,
tout il fait on puisse voir la pièce do sing*
francs qui y est introduite. »
Mon Dieu ! c'est simple comme borjnnr.
Encore f;.ut-I! avoir les doigts '(('Íúi/s,
comme le dit le sorcier, rieur glisser la pièce
J'('r dans le petit p['i'.i. Essayez plutôt
En QJ;6, le gouverneur;"nt se pn'oTups
des miracles des m a ml» m! s et de la dange-
reuse crédulité des Arabes à l'end; (Ji! de huis
magiciens.
llobcrt-Hondin du enuverrornon ! une»
mission en Algérie afin du détruire par coa
tours les illusions des indigènes de m tre
colonie.
Bah ! on le prit lui-même pour un mara-
bout, et il eut pu, au bout d'un mois, prê-
cher la guerre Ladite avec chance û'êlro
f'couté.
Cependant, il se honorait parfois, km,fin
rL'j'i'-ode suivant de un-, \oyage.
Dans une grande t-éauce officielle à laquelle
assistait Mme la maréchale ïlando"», le pres-
tidigitateur, s'adressanl à cette dei nièngla pria
de lui confier uns de ses bagues. Puis, lui
tendant un biscuit : — Veuillez le rompre
en deux, lui clit-.il.- Cù-M fait, monsieur '
•— Bien ; de quel ce té maintenant ;,vlcz.
vous que se trouve votre bague ?
— De cc côté-ci.
.- Regarde" !...
La bague n'y était pa*.
Le prestidigitateur avait manqué son Un un
Un autre aurait été embarrassé. Mais Rohwt-
Houdin savait l'histoire du doet-ur Dupuy
tren, que me racontait ers jours ei mon ami,,
le docteur Pontdevaux.
Le grand c)¡ i ru \ mécontent de voir ses
élèves faire sans eesre des saignées blanc!.c,
leur dit un jour : — Je vais vous montra
comment on fait unc' saigné.-,».
La scène se passait à l'hôpital. Une I t " c
était là, le bras préparé. Dup).)yt''Rn lui al > ;
un coup de lancette. Lien ne sort ; le d. ui
avait fait une saignée b:ancIJ8, comme le ciel"
nier des carabins.
Alors sans se troubler :
— Voilà comme vous saignez, vous au-
tres, messieurs. Muj, voila comme je saigne.
Et, d'un coup de lancette à écharper le Iras,,
il fit jaillir le sang.
— Madame, dit Roberl-IIoudin à la nurre-
| chale Iianclon, un sorcier ordinaire vous enJ
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""6 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
VI
L'apparition dtichevalier d'Esparron était une
surprise bien autrement grande encore que les
fantastiques nuits du marquis de la Roche-Lam-
pert, d'autant mieux que le Jeune gentilhomme
n'entrait point à la façon des revenants et des
fantômes, qui glissent sans.bruit -sur le sol, et
dont le corps est transparent comme du verre.
Le chevalier était bien un homme de chair et
}loir les numéros parus depuis le 21 juin.
d'os, parfaitement vivant, dont le talon rouge
sonnait sur le parquet et qui jeta sur un fauteuil
son manteau couvert de givre, preuve qu'il ve-
nait du dehors.
Le Régent s'était levé, et avec cette bonho-
mie toute spontanée, cette affabilité affectueuse
qui caractérisait C3 prince dont on a tant médit,
il avait fait deux pas à la rencontre du chevalier
et l'avait serré dans ses bras.
— Morbleu ! messieurs, dit-il, je vous jure
bien qu'il n'est pas cliaphane,ct que ce n'est pas
une ombre vaine que je viens d'embrasser.
Puis, regardant le jeune homme:
- Mais d'où viens-tu donc, cher enfant ?
Voici trois mois que nous te pleurons !...
— Je viens d'être amoureux, monseigneur,
ou plutôt non, je le suis encore, car j'aime une
femme divine, répondit le chevalier avec un ac-
cent plein d'enthousiasme.
C'était un beau et charmant garçon de vingt-
huit ans que la chevalier d'Esparron.
Taille moyenne et bien prise, œil noir, che-
veux châtains, dents éblouissantes, lèvres rou-
ges, nez un peu busquée petits pieds et petites
mains, il résumait bien le type de beauté méri-
dionale qui caractérise la. race romaine devenue
français, et dont l'aristocratie provençale était
le .pIus pur échantillon.
Les rairs o'Amgleterre tirent vanité de leur
origine normande; mais les nobles de Provence,
la terre que Louis XI qualifiait de pieuse parfu-
mée, disent avec orgueil : Nous sommes les fils
des soldats de César,et les Francs étaient encore
des barbares se nourrissant de chair crue, que
nous étions depuis longtemps les maîtres, les
viveurs et les philosophes du monde.
D'Esparron Qï,UC- donc vingt-huit ans ; il cuit
beau, il avait cette mélopée harmonieuse et un
peu traînante qui du latin, et de l'italien,a passe
dans le français des Provençaux.
Les femmes en avaient raffole; les hommes
le tenaient en amitié et en c.s:.imc, parce qu'il
était brave.
Sa disparition, on a pu le voir, avait été un
deuil à la cour.
Son retour détermina une explosion de
joie.
Après monseigneur Philippe d'Orléans, ce fut
à qui l'embrasserait et le presserait sur son
cœur, et si le Régent n'eût été le plus indulgent
et le plus philosophe des princes, il eût peut-
être froncé le sourcil en voyant la marquise de
Sabran subir l'élan gênerai.
Puis, ce fut une avalanche do questions.
— As-tu encore un peu de sang? dirent les
uns.
— Le vampire t'a-t-il ménagé? dirent.les au-
11 cs,
Un seul homme ne parlait pas et se tenait à
l'écart.
C'était le vieux marquis de la Roche-Lam-
bert.
Quant au e!tevahc!', il c1(m:'llfcL comme a ban
sous cette avalanche d'interrogations, et paiaos-
sait ne pas en comprendre une 5(;\110.
Et comme le moyen de réor'er ce 'h''u...t, de
mettre un peu d'ordre dans i.ette conv^rsete-o,
était, pour lu;, de s'adresser an Rusent, il iui
dit :
— l'lon:=:ci;ncèlr, je ne comprends absolument
rien à tout ce que l'on me dit, et je su: ; !U
Votre Altesse de me donner une explication.
Phi!Ippe d'Orléans fit un signe et le silence se
rétablit.
— Mon ami, dit-il alor?, nous t'avons cru
mort.
— Vraiment ?
— Dubois a même prononce ton oraison fu-
nèbre...
Le chevalier d'Esparron salua le cardina'.
— Mais monsieur le marquis de Laroche-
Lambert, que voici, a pris soin de nous rase tit-
rer.
Le chevalier d'Esparron regardl le marquis
avec cette indifférence qui indique qu'on vois
u;;e personne pour la première feds.
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