Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-06-25
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 juin 1868 25 juin 1868
Description : 1868/06/25 (A3,N798). 1868/06/25 (A3,N798).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717800p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
: i; ; ... - , t
S cent le numéro ; JOURNAL QUOTIDIEN & gent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Dn as,
«ïParis...: à Ir. fi fr. Ils tr. '' ~
:' Départercents.. a f> f 1 1 99
Administrateur ; E. DiLSAUX.
1 1. 3-là année. — JEUDI %5 JUIN 1868. -- îi 798
1- . - :
Directeur-Propriétaire : Jannin.
Rédacteur en chef: A. DE HALAT HIER Bragelonni*
"I Borbaux d'abonnement: 99 rue I)rouot.
~ Administration : 13, place Bred& lb
PARIS, 24 JUIN 1868
HOCHE
II
Ouànd;tout fut prêt pobi; cpteée, en c,,tfn-
pagne, le jeune général rassëtHJjla en^wfi seul
corps les vingt-cinq mille hommes de sa pe-
tite armée et les conduisit dans la direction
de Landau qu'assiégeaient les Autrichiens et
les, Prussiens.
' ; Il rencontra l'ennemi à Kaiserslautern, et
il fut battu.
Quelques historiens ont prétendu que le
gouvernement de la, Convention, lorsqu'un
général était vaincu, lui faisait payer sa dé-
faite de sa tête. - -
Voici ce que te Comité de Salut public écri-
vit à Hoche, écrasé à Kaiserslautern par les
; Prussiens ; <•
« Un revers n'est pas un crime, lorsqu'on
1 tout fait pour mériter la victoire. Ce n'est
point par les événements que nous jugeons j
les hommes; notre confiance te reste; rallie
tes forces, marche et dissipe les hordes roya- j
lisles 1.. 1) j
Hoche, encouragé ainsi, reprit vite con-
fiance. Changeant soudain de plan d'attaque,
il se porte par des chemins impraticables sur
l'armée autrichienne ; il arrive devant les
iignes de Weissembourg.
. Sept batteries étagées sur le flanc d'une
montagne ; au bas, un ravin ; en avant du
ravin, un marais... Hoche parcourut lès rangs
de ses soldAts liamsâés.dfi.,
abattus. Il leur parla avec cette éloquence fa-
milière qui change les lâches en braves. Il
leur représenta les maux de la patrie, les dan-
gers de la République ; il leur montra les
Datteries ennemies...
Les bataillons, en l'écoutant, retrouvèrent
l'enthousiasme de 1792. Une crânerie toute
Peanç.aise releva les têtes. — Mon général, di
' l'en t les jeunes gens d Ll bataillon de la, Mo-
selle. nous vous vendons les canons qui
ionl là-haut. Voulez-vous nous les acheter?...
. Le marché fut conclu, et l'on partit en
shautant la Marseillaise, les officiers en-
tête agitant leurs chapeaux au bout de leurs
épées....
Comment on fit pour franchir le marais
3t le ravin sous le feu ? Comment on s'y
DPit pour escalader les pentes? Nul ne sau-
rait le dire. Ce qu'il y a de certain, c'est
qu'au bout de quelques heures les uniformes
français couvrirent la montagne, et que les ,
canons furejit retpyrnés contre l'ennemi.
L'armée autrichienne était dispersée, Lan-
dal' débloqué, le Rhin ouvert,
Hoche n'avait pas tout à fait vingt-six ans.
1
IJL alla prendre ses quartiers d'hiver à
Thionville, et s'y maria avec la fille d'un
brave citoyen, nommé Dechaux.
« Viens dîner un jour avec moi, écrivait-il
au conventionnel Lacoste ; tu y verras celle
qui doit faire mon bonheur. Point riche,
mais patriote et d'une vertueuse famille....»
Lacoste et Baudot, tous les deux représen-
tants du peuple, étaient en mission à l'armée
de la Moselle. Leurs collègues Saint-Just. et
Lebas présidaient aux opérations de l'armée du
Rhin. Lorsqu'il s'était agi de débloquer Lan-
daw, les deux corps avaient dû opérer de con-
cert. Dr. là, une < rivalité* malheureuse entre
leurs chefs. Pichegru, qui commandait l'ar-
mée du Rhin, était déjà vieux, prudent, aus-
tère. Hoche, au contraire, étourdi comme tous
les jeunes gens, aimait le plaisir avec pas-
sion. Saint-Just, épris des vertus républi-
caines de Pichegru, écrivit en sa faveur au
Comité de Salut, Public. Mais Lacoste et Ban-
dot, amis de Danton, écrivirent cte leur -côté,
et la plainte de Saint-Just' demeura sans
effet.
Seulement, lorsque les dantonistes, vaincus
par le parti jacobin pur, eurent été jugés et
exécutés, les représentants à l'armée du Rhin
Hoche reçut i ordre d'aller prendre le com-
mandement en chef de l'armée des Alpes.
Il arriva à Nice, et, encore tout botté, après
un repas d'un quart d'heure, il se jeta sur
une carte d'Italie, disant : — C'est là qu'on
vaincra l'Autriche.
(Troisième rencontre avec le général Bona-
parte.)
En ce moment Dumerbion parut. Il était
porteur d'un ordre du Comité de Salut
public signé Carnot et Collot-d'Herbois.
Hoche, dépouillé de son commandement,
devait être conduit à Paris sous bonne
garde.
On avait craint de l'enlever à ses soldats
de-la Moselle, et on l'avait envoyé à Nice, où
rien ne s'opposerait à l'exécution des ordres
du Comité.
La confiance de Saint-Just en Pichegru,
le mécontentement de Carnot, dont Hoche
notait pas exécuté mot à mot le plan 'de
campagne, telles étaient les causes de cette
arrestation.
A Paris, Hoche trouva un protecteur dans
Robespierre, mais il dut attendre en prison
l'heure de son jugement. La République,
agacée à la fois par les soulèvements inté-
rieurs et par les armées étrangères, était for-
cée d'être toujours en garde, même envers
le&citoyens qui l'avaient servie.
'Tour à tour enfermé aux Carmes et à la
Conciergerie, Hoche mena la vie des prisons
à,,clltte époque. On se réunissait pour prendre
lel repas en commun ; les femmes mettaient
leur plus belle robe; elles arrangeaient leurs
cheveux... Pendant quelques heures de la
journée, la société polie et galante du dix-
huitième siècle se retrouvait dans une salle
basse, sur le - seuil de laquelle un concierge,
en bonnet de peau, à barbe sale, remplaçait
l'huissier de l'ancien régime. Vers les quatre
heures, chacun rentrait dans sa cellule; les
femmes brodaient, les hommes écrivaient ;
quelques-uns, comme André Chénier et Rou-
cher, faisaient des vers. ■
'Le 9 thermidor, Hoche, assis à sa table de
travail, commençait une lettre :
« Aujourd'hui, à cinq heures, me trouvant
seul et assez tranquille... » -
Tout à coup, un grand bruit montant du de-
hors vint l'interrompre. Sa 'porte s'ouvrit.
Des prisonniers encombraient le corridor,
poursuivant de leurs cris et de leurs saluts
ironiques un jeune homme à la démarche
ferme, au visage pâle, qui s'avançait seul en
rêvant - deG-..g:u>diQtl8...- ...
— Saillt-Just ! cria Hoche.
Ainsi son ennemi était vaincu à son tour.
Tous deux, chacun à sa façon, avaient servi
la République. Hoche fit un pas vers le nou-
veau venu et lui tendit la main. • ;
Le 9 thermidor délivra la plupart des sus-
pects emprisonnés. Hoche cependant ne quitta
la Conciergerie que le 17, sur les instances de
son ami Lacoste. Il écrivit à sa femme :
« Je suis libre ; mais je n'ai point d'argent,
et je vais te rejoindre à pied, comme il con-
vient à un républicain... »
~:
Quelques jours après, l'ancien général en
chef de l'armée de la Moselle était nommé
;ommaiidant des cotes de Brest et de Cher-
)ourg.
Il m'est impossible, dans les bornes de
jette causerie, de raconter cette guerre de
Vendée que Napoléon appelait t une guerre
le géants. » Rien ne grandit en effet les hom- :
nés comme de se battre pour une idée. Des,
Jeux côtés, on luttait avec un acharnement
qu'explique' seule la foi en un principe, et l'on
~tait heureux de mourir pour cette foi.
Deux grandes périodes.
Dans la première, Hoche ne commande
qu'une des trois armées de la Vendée. Il dis-
pose de faibles ressources, et il n'opère que ^
dans la Bretagne. Un coup d'éclat termine la
campagne. Un corps d'émigrés, jeté par les
vaisseaux anglais dans la presqu'île ,de Quibe'
ron, y opère sa jonction avec les paysans
soulevés. Hoche prend Auray, ferme la pres-
qu'île par un camp, et lance ses grenadiers
sur Je fort Penthièvre, la plus forte posi-
tion de l'ennemi. Ceux des royalistes qui nt
sont pas tués sont faits prisonniers et fusillés
le lendemain de la bataHIe.' '
Dans la seconde période. Hoche commande
en chef. 11 applique son système de colonnes
mobiles et de camps retranchés pour battre
les troupes régulières des nobles. A force dE
modération, il essaye de se concilier les prê-
tre*. Il enlève aux paysans leurs bestiaux el
leurs grains, leur disant : — Je vous les ren-
drai, quand vous aurez déposé lés armes...
Grâce à l'ensemble de ces mesures, un succès
complet couronne la campagne. Charette et
Stofflet sont isolés, pris et fusillés. Le 15 juil-
let. 1796, la pacificat'on est complète, et le
Directoire déclare que Hoche et son armée
ont bien mérité de la patrie.
La chouannerie vaincue protesta. A Rennes
'frtfTjnâtiqucy tira un
coup de pisto!et au général vainqueur. Il fut
arrêté et exécuté. Hoche fit une petite pen-
sion à sa veuve et à ses enfants. Un autre
partisan, Suzannet, vint lui offrir l'épée de
connétable et deux cent mille frahes de pen-
sion, s'il voulait aider à la reslaHratio11 des
Bourbons. Le jeune homme leva les épaules •
et répondit :
.— Impossible ! -
Il projetait en ce moment son' expéditiOI;
contre l'Angleterre. Mais deux ou trois régi-
ments seulement purent aborder en Irlande.
Le mauvais temps dispersa les vaisseaux de
la flo té,'.et la plupart 'furent contraints de
revenir eq,France. , . ~ \ "
(t. Pitt, dit uu conventionnel, fTe2'' mis sous
la protection des tenipêtes.., » ' ' ; !
LA FEMME IMMORTELLE
mess=""5 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
V
L'auditoire du marquas !à 'n'dthe:.tàfriteh'
ne composait pas précisément de gens cré-
,Iules. , ....
Autour de cette mênie^bl&orç&Yfli-t sonveiftt
discuté jusqu'à l'existence de Dieu, et ce vierl-
lard de province, qui venait raconter à ces rou4s
de 'étrfô qu'une femme'brûlée vive et réduite qn
;endres n'était cependant pas -niorte, ressem-
Yçir les numéros parus depuis le 21 juin. ' f
.■r V»"e à*'
blait furieusement à un fou ou à un mystifi-
cateur.
Néanmoins personne re se récria ; personne
ne traita ce vieillard d'imposteur.
La curiosité, — une curiosité mélangée de
terreur, — poussa tous ces gens-là à se taire.
Ils attendirent la suite du récit.
— Pardonnez-moi, dit le marquis en essuyant
ses larmes, —r mais à quarante années de dis-
tance, j'éprouve toujours la même émotion.
Puis, il reprit :
, - La rue de l'Hirondelle, vous le savez, est
une des plus étroites c1é Paris elle donne dans la
rue Git-le-Cceur, au couchant, et conduit, au
levant, ju.sques au pont ^aint-Micl\el.
. Citait au Ixmu milieu ,-:de ceUe rue qu'était la
maison^ qù la femme ..ma?tpuôe ,so livrait à son
mystérieux et étrange commerce de sorcellerie.
'' Chose bizarre t :: leF bourgeois, le menu peuple
du quartier avaient à' peine entendu parler
d'elle.' ~ i
:Elle sortait rarement et presque toujours le
soir et en, iitiere. , " , /1,
, QUY eu grande rumeur parmi les
bonnes en--, -do t la. piupart l'led 'avaien t jamais
vue; . f ■ : 'i-î: ; '
V Mais dès le soir de so'R supplice, il se passa
dans la rue de l'Hirondelle,une -chose fort extfa-
ordinaire, comme vous allez voir.
On était alors en été, en plein mois de juin,
et les habitants de la ritfe-pn^saient la soirée sur
le pas de leurs portes, cherchant un peu d'air
frais, jusqu'à l'heure du couvre;feu. ^
Le soir donc de ce jour, où là vampire était
monté sur le bûcher, son nom était dans toutes
les bouches, et Les pl'.i vilGgiés, ,ce.U£, qui avaient,
i.::é assez heureux pour , approcher du bûcïiert
racontaient compltisami-iierit, aux autres tous fies
détails du suppiice. - — ? ..
; Or, la' maison de la sorcière avait été^fermjée
le jour de son ii@restatiDii, et 'depuis no'ites;et
fenêtres étaient, demeurées closes. ''''1. ^
iiis snxfii'oo h
Eh bien! comme la nuit approchait^ on yit
débouchés par ' la rue Git-ie^©cD^-';une''viei|le
femme qui portait, d'une main; unï'pîétvt? sWduàf
paraissait être plein de cendres, ét conàlii'sait de
l'autre, tenu en laisse par un bout'( i, 'corde, un
grand bouc tout noir, dont les jvèux/êtaieijt gi
brillants qu'on eût dit des:ci:^ri)ops, ,"V.' i
Cette vieille avait un mauvais, rire sur ses lb",
vres minces, et quand elle entra dans la rue
de 1 Hirondelle, les uns la regardèrent en fr|s-.
sonnant, les autres ne purent supporter 'l'éclat
des yeux du bouc, enfin tout la monde P^vità*
avec une terreur suoerstitieuse. ' - - ;
pour la première fois?
Elle Sçachemiaa ainsi jusque vers ¡a :.pï:J.ÍSOl1
^de.la*«uppli£ié?> .'
\C(3- redoiibier|iént d'étonn crnent, '
quand on Ta ,;tt tirer une clé'"' d3 sa*" poche et
ouvrir la porte.
La porte ouverte-;--le bouc entra le premier.
puis la vieille le suivit, et tous deux demeuré-"
rent dans la maisôfi) /
On vit alors courir des lumières derrière les
'cro'isées ¡J'Fe - tp-AVser;1' ;.do-3 ombres erflacées ;
Onéntei^cïft> rnéiô'diéuv,' er'cha-
.ÇHP ^ ifj ;fé pan di t'que Sa tan
t ^,BFl'^rei,,da«,-Ja maison et
q'^iâ6nw%un::baloft)jS)-tge;neR-4«- mariée de
l'enfer. ->.•<#:» 8 . -(tuo*
in;iRDpi5tqi-rt,!an hommE'; ,plus bravc"et 'plus cu-
les-' autres, résolut de savoir - au juste
ce qsi se passait dans la maison. : '
'C'était un ancien soldat qu'on appelait Pi-
yoiné et qui eût pris le diable par les cornes,
s'ij.jÇa.vait rencontré.. , !.. K.'
Il frappa, do ne hardiment à la parte, qui s'ou-
vrit devant lui.. i!!.:/ :•
Au îitême instant tarmusiq,,ic et le baFcossè-
reBSi 'êt les'croiséësfiîlltiminées rentrèrent dans
les ',éfièbre's: 4 '•
Mais Pivoine ne reparut pas ce soir-là.
: i; ; ... - , t
S cent le numéro ; JOURNAL QUOTIDIEN & gent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Dn as,
«ïParis...: à Ir. fi fr. Ils tr. '' ~
:' Départercents.. a f> f 1 1 99
Administrateur ; E. DiLSAUX.
1 1. 3-là année. — JEUDI %5 JUIN 1868. -- îi 798
1- . - :
Directeur-Propriétaire : Jannin.
Rédacteur en chef: A. DE HALAT HIER Bragelonni*
"I Borbaux d'abonnement: 99 rue I)rouot.
~ Administration : 13, place Bred& lb
PARIS, 24 JUIN 1868
HOCHE
II
Ouànd;tout fut prêt pobi; cpteée, en c,,tfn-
pagne, le jeune général rassëtHJjla en^wfi seul
corps les vingt-cinq mille hommes de sa pe-
tite armée et les conduisit dans la direction
de Landau qu'assiégeaient les Autrichiens et
les, Prussiens.
' ; Il rencontra l'ennemi à Kaiserslautern, et
il fut battu.
Quelques historiens ont prétendu que le
gouvernement de la, Convention, lorsqu'un
général était vaincu, lui faisait payer sa dé-
faite de sa tête. - -
Voici ce que te Comité de Salut public écri-
vit à Hoche, écrasé à Kaiserslautern par les
; Prussiens ; <•
« Un revers n'est pas un crime, lorsqu'on
1 tout fait pour mériter la victoire. Ce n'est
point par les événements que nous jugeons j
les hommes; notre confiance te reste; rallie
tes forces, marche et dissipe les hordes roya- j
lisles 1.. 1) j
Hoche, encouragé ainsi, reprit vite con-
fiance. Changeant soudain de plan d'attaque,
il se porte par des chemins impraticables sur
l'armée autrichienne ; il arrive devant les
iignes de Weissembourg.
. Sept batteries étagées sur le flanc d'une
montagne ; au bas, un ravin ; en avant du
ravin, un marais... Hoche parcourut lès rangs
de ses soldAts liamsâés.dfi.,
abattus. Il leur parla avec cette éloquence fa-
milière qui change les lâches en braves. Il
leur représenta les maux de la patrie, les dan-
gers de la République ; il leur montra les
Datteries ennemies...
Les bataillons, en l'écoutant, retrouvèrent
l'enthousiasme de 1792. Une crânerie toute
Peanç.aise releva les têtes. — Mon général, di
' l'en t les jeunes gens d Ll bataillon de la, Mo-
selle. nous vous vendons les canons qui
ionl là-haut. Voulez-vous nous les acheter?...
. Le marché fut conclu, et l'on partit en
shautant la Marseillaise, les officiers en-
tête agitant leurs chapeaux au bout de leurs
épées....
Comment on fit pour franchir le marais
3t le ravin sous le feu ? Comment on s'y
DPit pour escalader les pentes? Nul ne sau-
rait le dire. Ce qu'il y a de certain, c'est
qu'au bout de quelques heures les uniformes
français couvrirent la montagne, et que les ,
canons furejit retpyrnés contre l'ennemi.
L'armée autrichienne était dispersée, Lan-
dal' débloqué, le Rhin ouvert,
Hoche n'avait pas tout à fait vingt-six ans.
1
IJL alla prendre ses quartiers d'hiver à
Thionville, et s'y maria avec la fille d'un
brave citoyen, nommé Dechaux.
« Viens dîner un jour avec moi, écrivait-il
au conventionnel Lacoste ; tu y verras celle
qui doit faire mon bonheur. Point riche,
mais patriote et d'une vertueuse famille....»
Lacoste et Baudot, tous les deux représen-
tants du peuple, étaient en mission à l'armée
de la Moselle. Leurs collègues Saint-Just. et
Lebas présidaient aux opérations de l'armée du
Rhin. Lorsqu'il s'était agi de débloquer Lan-
daw, les deux corps avaient dû opérer de con-
cert. Dr. là, une < rivalité* malheureuse entre
leurs chefs. Pichegru, qui commandait l'ar-
mée du Rhin, était déjà vieux, prudent, aus-
tère. Hoche, au contraire, étourdi comme tous
les jeunes gens, aimait le plaisir avec pas-
sion. Saint-Just, épris des vertus républi-
caines de Pichegru, écrivit en sa faveur au
Comité de Salut, Public. Mais Lacoste et Ban-
dot, amis de Danton, écrivirent cte leur -côté,
et la plainte de Saint-Just' demeura sans
effet.
Seulement, lorsque les dantonistes, vaincus
par le parti jacobin pur, eurent été jugés et
exécutés, les représentants à l'armée du Rhin
Hoche reçut i ordre d'aller prendre le com-
mandement en chef de l'armée des Alpes.
Il arriva à Nice, et, encore tout botté, après
un repas d'un quart d'heure, il se jeta sur
une carte d'Italie, disant : — C'est là qu'on
vaincra l'Autriche.
(Troisième rencontre avec le général Bona-
parte.)
En ce moment Dumerbion parut. Il était
porteur d'un ordre du Comité de Salut
public signé Carnot et Collot-d'Herbois.
Hoche, dépouillé de son commandement,
devait être conduit à Paris sous bonne
garde.
On avait craint de l'enlever à ses soldats
de-la Moselle, et on l'avait envoyé à Nice, où
rien ne s'opposerait à l'exécution des ordres
du Comité.
La confiance de Saint-Just en Pichegru,
le mécontentement de Carnot, dont Hoche
notait pas exécuté mot à mot le plan 'de
campagne, telles étaient les causes de cette
arrestation.
A Paris, Hoche trouva un protecteur dans
Robespierre, mais il dut attendre en prison
l'heure de son jugement. La République,
agacée à la fois par les soulèvements inté-
rieurs et par les armées étrangères, était for-
cée d'être toujours en garde, même envers
le&citoyens qui l'avaient servie.
'Tour à tour enfermé aux Carmes et à la
Conciergerie, Hoche mena la vie des prisons
à,,clltte époque. On se réunissait pour prendre
lel repas en commun ; les femmes mettaient
leur plus belle robe; elles arrangeaient leurs
cheveux... Pendant quelques heures de la
journée, la société polie et galante du dix-
huitième siècle se retrouvait dans une salle
basse, sur le - seuil de laquelle un concierge,
en bonnet de peau, à barbe sale, remplaçait
l'huissier de l'ancien régime. Vers les quatre
heures, chacun rentrait dans sa cellule; les
femmes brodaient, les hommes écrivaient ;
quelques-uns, comme André Chénier et Rou-
cher, faisaient des vers. ■
'Le 9 thermidor, Hoche, assis à sa table de
travail, commençait une lettre :
« Aujourd'hui, à cinq heures, me trouvant
seul et assez tranquille... » -
Tout à coup, un grand bruit montant du de-
hors vint l'interrompre. Sa 'porte s'ouvrit.
Des prisonniers encombraient le corridor,
poursuivant de leurs cris et de leurs saluts
ironiques un jeune homme à la démarche
ferme, au visage pâle, qui s'avançait seul en
rêvant - deG-..g:u>diQtl8...- ...
— Saillt-Just ! cria Hoche.
Ainsi son ennemi était vaincu à son tour.
Tous deux, chacun à sa façon, avaient servi
la République. Hoche fit un pas vers le nou-
veau venu et lui tendit la main. • ;
Le 9 thermidor délivra la plupart des sus-
pects emprisonnés. Hoche cependant ne quitta
la Conciergerie que le 17, sur les instances de
son ami Lacoste. Il écrivit à sa femme :
« Je suis libre ; mais je n'ai point d'argent,
et je vais te rejoindre à pied, comme il con-
vient à un républicain... »
~:
Quelques jours après, l'ancien général en
chef de l'armée de la Moselle était nommé
;ommaiidant des cotes de Brest et de Cher-
)ourg.
Il m'est impossible, dans les bornes de
jette causerie, de raconter cette guerre de
Vendée que Napoléon appelait t une guerre
le géants. » Rien ne grandit en effet les hom- :
nés comme de se battre pour une idée. Des,
Jeux côtés, on luttait avec un acharnement
qu'explique' seule la foi en un principe, et l'on
~tait heureux de mourir pour cette foi.
Deux grandes périodes.
Dans la première, Hoche ne commande
qu'une des trois armées de la Vendée. Il dis-
pose de faibles ressources, et il n'opère que ^
dans la Bretagne. Un coup d'éclat termine la
campagne. Un corps d'émigrés, jeté par les
vaisseaux anglais dans la presqu'île ,de Quibe'
ron, y opère sa jonction avec les paysans
soulevés. Hoche prend Auray, ferme la pres-
qu'île par un camp, et lance ses grenadiers
sur Je fort Penthièvre, la plus forte posi-
tion de l'ennemi. Ceux des royalistes qui nt
sont pas tués sont faits prisonniers et fusillés
le lendemain de la bataHIe.' '
Dans la seconde période. Hoche commande
en chef. 11 applique son système de colonnes
mobiles et de camps retranchés pour battre
les troupes régulières des nobles. A force dE
modération, il essaye de se concilier les prê-
tre*. Il enlève aux paysans leurs bestiaux el
leurs grains, leur disant : — Je vous les ren-
drai, quand vous aurez déposé lés armes...
Grâce à l'ensemble de ces mesures, un succès
complet couronne la campagne. Charette et
Stofflet sont isolés, pris et fusillés. Le 15 juil-
let. 1796, la pacificat'on est complète, et le
Directoire déclare que Hoche et son armée
ont bien mérité de la patrie.
La chouannerie vaincue protesta. A Rennes
'frtfTjnâtiqucy tira un
coup de pisto!et au général vainqueur. Il fut
arrêté et exécuté. Hoche fit une petite pen-
sion à sa veuve et à ses enfants. Un autre
partisan, Suzannet, vint lui offrir l'épée de
connétable et deux cent mille frahes de pen-
sion, s'il voulait aider à la reslaHratio11 des
Bourbons. Le jeune homme leva les épaules •
et répondit :
.— Impossible ! -
Il projetait en ce moment son' expéditiOI;
contre l'Angleterre. Mais deux ou trois régi-
ments seulement purent aborder en Irlande.
Le mauvais temps dispersa les vaisseaux de
la flo té,'.et la plupart 'furent contraints de
revenir eq,France. , . ~ \ "
(t. Pitt, dit uu conventionnel, fTe2'' mis sous
la protection des tenipêtes.., » ' ' ; !
LA FEMME IMMORTELLE
mess=""5 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
V
L'auditoire du marquas !à 'n'dthe:.tàfriteh'
ne composait pas précisément de gens cré-
,Iules. , ....
Autour de cette mênie^bl&orç&Yfli-t sonveiftt
discuté jusqu'à l'existence de Dieu, et ce vierl-
lard de province, qui venait raconter à ces rou4s
de 'étrfô qu'une femme'brûlée vive et réduite qn
;endres n'était cependant pas -niorte, ressem-
Yçir les numéros parus depuis le 21 juin. ' f
.■r V»"e à*'
blait furieusement à un fou ou à un mystifi-
cateur.
Néanmoins personne re se récria ; personne
ne traita ce vieillard d'imposteur.
La curiosité, — une curiosité mélangée de
terreur, — poussa tous ces gens-là à se taire.
Ils attendirent la suite du récit.
— Pardonnez-moi, dit le marquis en essuyant
ses larmes, —r mais à quarante années de dis-
tance, j'éprouve toujours la même émotion.
Puis, il reprit :
, - La rue de l'Hirondelle, vous le savez, est
une des plus étroites c1é Paris elle donne dans la
rue Git-le-Cceur, au couchant, et conduit, au
levant, ju.sques au pont ^aint-Micl\el.
. Citait au Ixmu milieu ,-:de ceUe rue qu'était la
maison^ qù la femme ..ma?tpuôe ,so livrait à son
mystérieux et étrange commerce de sorcellerie.
'' Chose bizarre t :: leF bourgeois, le menu peuple
du quartier avaient à' peine entendu parler
d'elle.' ~ i
:Elle sortait rarement et presque toujours le
soir et en, iitiere. , " , /1,
, QU
bonnes en--, -do t la. piupart l'led 'avaien t jamais
vue; . f ■ : 'i-î: ; '
V Mais dès le soir de so'R supplice, il se passa
dans la rue de l'Hirondelle,une -chose fort extfa-
ordinaire, comme vous allez voir.
On était alors en été, en plein mois de juin,
et les habitants de la ritfe-pn^saient la soirée sur
le pas de leurs portes, cherchant un peu d'air
frais, jusqu'à l'heure du couvre;feu. ^
Le soir donc de ce jour, où là vampire était
monté sur le bûcher, son nom était dans toutes
les bouches, et Les pl'.i vilGgiés, ,ce.U£, qui avaient,
i.::é assez heureux pour , approcher du bûcïiert
racontaient compltisami-iierit, aux autres tous fies
détails du suppiice. - — ? ..
; Or, la' maison de la sorcière avait été^fermjée
le jour de son ii@restatiDii, et 'depuis no'ites;et
fenêtres étaient, demeurées closes. ''''1. ^
iiis snxfii'oo h
Eh bien! comme la nuit approchait^ on yit
débouchés par ' la rue Git-ie^©cD^-';une''viei|le
femme qui portait, d'une main; unï'pîétvt? sWduàf
paraissait être plein de cendres, ét conàlii'sait de
l'autre, tenu en laisse par un bout'( i, 'corde, un
grand bouc tout noir, dont les jvèux/êtaieijt gi
brillants qu'on eût dit des:ci:^ri)ops, ,"V.' i
Cette vieille avait un mauvais, rire sur ses lb",
vres minces, et quand elle entra dans la rue
de 1 Hirondelle, les uns la regardèrent en fr|s-.
sonnant, les autres ne purent supporter 'l'éclat
des yeux du bouc, enfin tout la monde P^vità*
avec une terreur suoerstitieuse. ' - - ;
pour la première fois?
Elle Sçachemiaa ainsi jusque vers ¡a :.pï:J.ÍSOl1
^de.la*«uppli£ié?> .'
\C(3- redoiibier|iént d'étonn crnent, '
quand on Ta ,;tt tirer une clé'"' d3 sa*" poche et
ouvrir la porte.
La porte ouverte-;--le bouc entra le premier.
puis la vieille le suivit, et tous deux demeuré-"
rent dans la maisôfi) /
On vit alors courir des lumières derrière les
'cro'isées ¡J'Fe - tp-AVser;1' ;.do-3 ombres erflacées ;
Onéntei^cïft> rnéiô'diéuv,' er'cha-
.ÇHP ^ ifj ;fé pan di t'que Sa tan
t ^,BFl'^rei,,da«,-Ja maison et
q'^iâ6nw%un::baloft)jS)-tge;neR-4«- mariée de
l'enfer. ->.•<#:» 8 . -(tuo*
in;iRDpi5tqi-rt,!an hommE'; ,plus bravc"et 'plus cu-
les-' autres, résolut de savoir - au juste
ce qsi se passait dans la maison. : '
'C'était un ancien soldat qu'on appelait Pi-
yoiné et qui eût pris le diable par les cornes,
s'ij.jÇa.vait rencontré.. , !.. K.'
Il frappa, do ne hardiment à la parte, qui s'ou-
vrit devant lui.. i!!.:/ :•
Au îitême instant tarmusiq,,ic et le baFcossè-
reBSi 'êt les'croiséësfiîlltiminées rentrèrent dans
les ',éfièbre's: 4 '•
Mais Pivoine ne reparut pas ce soir-là.
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