Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-06-17
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juin 1868 17 juin 1868
Description : 1868/06/17 (A3,N790). 1868/06/17 (A3,N790).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717792k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
H œ!¡t. Ir, numéro JOURNAL QVOTEDSEltf . , - 5 cent. le nnm.eftD
t • ,
.......
ABONNEMENTS - Trois mois. six mois. Un an.
4-laris a fr. 9 fr. fr.
^épartemenr.s.. G 2 1
Administrateur'. E. , DELSAUX. 1 lIQ4
â« année. — MERCREDI 4 7 .ÎBÏN I8CS. No 790 1
.^"lHrecteur~ Propriétaire : J.4r
Rêdr.cicûr'en chef: A. DE BAtATïUZK .DnA.GEI.Ol'lr'iE¿ -.
BORE A EX D'ADON NI;M TNT : S. S*TI& nrouot...
A))Mi\iSTi.ATnjs.: 13, _I)taCe Breda.
PARIS, 16 JUIN 1868
LES MISÈRES D'UN PRIX DE ROME
LA VILLA MÉDICIS
11 y a, à Rome, une place «où
se donnent r'ndez-vous. C'est la place d'Es-
pagne. Sur ,ei¡Ue place commence un esca-
lier. Montes cent trente-cinq marches; vous
arriverez à l villa, Médicis qui s'appelle aussi
l'Académie de-France, Là,sont reçus et en-
tretenus aux frais de l'Etat les élèves du Con-
servatoire de Paris qui vont compléter leurs
études au-delà des Alpes. - j
L'idée 'de l'Académie de France appartient i
au peintre Lebrun; l'honneur de sa fondation
revient au ministre Colbert. Louis XIV avait
créé une rente suffisante pour un directeur
et douze pensionnaires.
Je ne vois pas que la Révolution ait touché
à l'école de nome, C'est une de ces institu-
tions qui survivent à toutes les formes de
gouvernement.
En 1863, un décret de l'empereur Napo-
léon III, rendu sur la proposition du maré-
chal Vaillant, a changé les conditions de con-
cours des grands prix de Rome. Je trouve les j
dispositions d.' ce décret dans J' Encyclopédie
de famille publiée, cette année, par les Di-
dot :
"« Tous les artistes français, âgés de quinze
à vingt-cinq ans, sont admis à concourir à l'é-
cole* des Bc:'ux-Ar!s, et leurs feutres sont
jugées par un jury spécial, tiré au sort sur
une liste d restée par le Conseil supérieur de
l'Ecole et arrêtée par le ministre. Il y a chaque
année un prix pour la peinture, un prix pour
la sculpture d un prix pour l'architecture,
tous les deux ans un prix pour la gravure en
taille-donce, tous les trois ans un prix pour
la gravure en médail!es et pierres fines. Il n'y
si qu'un seul prix dans chaque section. Ce
prix exempte de la conscription. Le pro-
gramme est donné par le Conseil supérieur
de l'école de? Benux-Arts. Les grands prix
sont pensionnés pendant quatre ans; ils doi-
vent rester obligatoirement à Rome deux an-
nées au moins, pendant les deux autres an-
néep ils peuvent voyager à leur goût et à leur
convenance. Le directeur de l'académie de
France à II» ne adresse tous les six mois au
ministre un rapport sur les travaux et les pro-
grès (ht:; élèves, Les élèves ont à Rome chacun
un atelier pnrt'culier, et il v a des salles pour
l'.;tndp- en commun du modèle vivant et des
■ plâtres moulés sur l'antique. Le gouverne-
ment français fait seul les frais de ce grand
établissement, où des Romains et des étran- 1
gers sont admis à profiter des modèles... »
; Les directeurs de l'Académie de France ont
presquelonjours compté par leur honorrthi-
lité et !pur talent. Pour np, citer que les der-
niers, Horace Vernet habitait Rome en 1828;
Ingres y vint en 1834; M. Schnetz, M. A1-
laux, M. Hébert complétent la liste. -
M. Edmond About nous a décrit la Villa
Médicis.
Le premier aspect du palais est grand et
majestueux. Le seul luxe de l'entrée consiste
en une avenue de chênes verts et un jet d'eau
tombant dans une large va-que.
Par exemple, le portier est à voir, comme
un des plus beaux types de la race romaine.
« Grand, large, bien fait, la figure pleine,
la barbe en éventail, il porte avec majesté la
canne des tambours-majors et des suisses de
grande maison. C'est un homme important;
il a des domestiques. Son fils lui baise les
mains chaque fois qu'il rentre ou qu'il sort.
Les jours de fête, lorsqu'il se tient en grande
livrée sur le seuil de l'Académie, les badauds
font un cercle autour de lui et l'admirent. Il
les laisse arriver, mais par fournées, pour
éviter la confusion. De cinq en cinq minutes,
il les éloigne doucement avec sa canne e.t leur
dit d'un ton paternel : Assez! Vous avez joui
du coup d'œil; laissez approcher les au-
tres... »
Le premier étage du palais est oècupé par
les appartements de réception, vastes, ma-
gnifiques, .revêtus des 'plus beaux ouvrages
des Gobelins, et dignes en tous points de la
grandeur de la France. Ils ont pour suite et
pour dépendance un vestibule admirable ,
orné de talonnes antiques et de statues mou-
lées sur l'antique. Mais la plus grande coquet-
terie de la maison, c'est la façade postérieure.
Elle tient son rang parmi les chefs-d'œuvre
de la Renaissance. On dirait que l'architecte
a épuisé une mine de bas-reliefs grecs et
romains pour en tapisser son palais. Le jar-
din Nit de la même époque : il date du temps
où \'adsforT;Üie romaine rro'essait le plus
profond dédain pour les fleur,?. On n'y voit-que
des massifs de verdure, alignés avec un soin
scrupuleux. Six pelouses, entourées de haies
à hauteur d'appui, s'étendent devant la villa
et laissent, courir la vue jusqu'au mont SCH
Ï rade, qui ferme l'horizon. A gauche, quatre
fois quatre carrés de gazon s'encadrent
dans de hautes murailles de lauriers, de buis,
gigantesques et de chê es vers. Les murailles
se rejoignent au-dessus des allées et les enve-
lopppnt d'une ombre fraîche-et mystérieuse.
A droite, une terrasse d'un style noble enca-
dre un bois de chênes verts. tordus et éven-
trés par le temps. Les élèves y vont tra-
vailler à l'ombre ; ét le merle rivalise avec le
rossignol au-dessus de leur tête, comme un
beau chantre de village peut rivaliser avec
Mario ou Roger. Un peu plus loin, une vigr:e
toute rustique s'étend jusqu'à la porte Pin-
ciana, où Rélisaire a mendié, dit-on. On y
voit,, du moins, une. pierre ornée de l'inscrip-
tion célèbre : Date obolum Belisario. Les
jardins petits et grande ont semés de statues,
d'Hermès et de marbres ,d& toutes sortes.
L'eatfcoule dans des sarcophages anti'qnes ou
' jaillit dans des vasques de marbre : le mar-
hre et l'eau sont les deux luxes de Rome;
nous ne les connaissons que de réputation à
Paris.
• *
Cette belle propriété de la France est ados-
sée dans»toute sa longueur aux remparts de
la ville Elle conOne d'un côté à la promenade
du Pincio, dp l'antre al] couvent français de
la Trinité. Comme elle domine Rome entière,
elle a le privilège de l'embrasser d'un seul
coup d'oeil...
Rome est peut-être, dit M-. About, — après
le pape Grégoire XVI, — la ville du monde
où 1 on s'amuse Je moins et où l'on se plaît le
plus. On s'y ennuie en arrivant, et on la quitte
avec un regret profond.
Suivant l'auteur de Rome contemporaine,
les sculpteurs, les peintres et les musiciens
français trouvent dans la villa Médicis un asile
favorisé où ils travaillent à l'aise, dans la so-
litude, les yeux tournés alternativement vers
la nature et vers les maîtres.
M, Sibérie Second n'est pas -de son avis.
Cè Parisien des boulevards a traversé Rome
sans s'y arrêter. Mais il y a pris en passant le
décor d'un acte de son drame : les Misères
d'un Pr1X de Roms, qu'il vient de puMel.
chez M. Dentu. ' ?
C« drame d'un prix de Rome est une de,
ces histoires navrantes qui commencent dans
une arrière-bou tique, où un Orphée dr, quinze
ains lève la gloire, pour se terminer sur ;
une place publique, dans une baraque de
saltimbanqnes, où un pauvre diable bat de?
la grosse caisse ou souffle dans un cornet à{.
pistons.
Deux sortes de personnes s'occupent de
musique en France; les artistes et les
amateurs. M. Albéric Second les a crayonnés
tour à tour.
< L'amateur est un être privilégié, qui étu-
die à ses heures, travaille ou se repose au gre'
de son caprice et, se'on le temps qu'il fait. Il »
ne reconnaît d'autre maître que sa fantaisie,
s'inspire du nuage qui passe, de l'oiseau qui'
chante, du rayon de soleil qui se jone dans la '
frange de ses rideaux. Il (VIdie, il s'inter-
rompt : il recommence il s'arrête de nou-
veau ; il va, vient, Sâne, chantonne, lit quel-
ques vers de son poète favori, allume un
cigare, s'accoude sur son balcon, échange un
sourire avec sa voisine, et lui débite des ma-
drigaux; il se pemet au travail, ouvre sa
porte aux visiteurs, s'habille, court au bois,.-
dîne dans le meilleur cabaret, et finit sa soi-
rée au balcon des Italiens ou dans une stalle
de l'Opéra...
» Mais celui qui veut être artiste cesse d'être
un homme et devient une machine organisée.
Vaucansen a fait un canard qui a Vair de di-
gérer, et qui pourtant ne digère pas. L'artiste
a l'air de penser ; -nitlq en récité, il pense à
peu près comme le canard de Vaucanson
digère. Penser, c'est user à sa guise de!a.
plus précieuse des facultés que le Créateor a
données à la créature; c'est vivre, dans tous
les mondes ; c'est entrer én communion avec
tous les nrincipes, tons les systèmes, toutes
les religions, toutes les philosophies ; c'est ne
demeurer étranger à rien de ce qui est beau,
de ce qui est noble et de ce qui est grand. A
ces causes, l'l'.l'ti::te. ne. pen:;e pas ; il songe.
Le matin, le soir, pendant son sommeil, il
songe à son instrument rebelle, au trait diffi-
cile qu'il ne parvient pas à exécuter d'une
façon satisfaisante, au point d'orgue sur
lequel il s'est trop appesanti, au demi -quart.
de pause qu'il n'a pas suffisamment observé,
au trille qu'il n'a pas cadencé d'une main.
assez légère, à la mesure, aux dièses, aux bé-
carres, à la clé d.e sol, à la clé de fa ét à la
clé d'ut, aux rondes, aux blanches, aux , noires,
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
CINQUIÈME PARTIE
L'ENFER DE MISTRESS BURTON
XXIV
N°.225
Qu'ëtaât 'dewone mistress Fanoche pendant
tout ce tern)';sI'li?
L'intéressante nourrisseuse d'enfants avait,
comme on l'a vu, codant à une première épou-
vante, fait sa confession à un magistrat de po-
lice, lequel avait dicté à un secrétaire les aveux
qu'elle faisait, au fur et à mesure qu'ils sortaient
de sa bouche, puis lui avait donné le procès-
verbal à signer.
Alors, miss Ellen et le révérend Peters Town,
en présence de qui tout cela avait eu lieu, l'a.
vaient rassurée sur les conséquences que pour-
raient avoir ses déclarations, et lo magistrat l'a-
vait admise à fournir caution.
Mistress Fanoche avait vu alors miss Ellen
ouvrir un portefeuille, et en tirer une poignée de
banck-notes qu'elle avait remises au magis-
trat.
En Angleterre, un magistrat de police est en
même temps juge d'instruction.
Il décide si le coupable peut demeurer provi-
soirement en possession de sa liberté, et s'il lui
est permis de rester en tel ou tel lieu.
Or donc, celui qui venait d'interroger mistress
Fanoche était pani, laissant cette dernière en
présence du révérend Peters Town.
Alors, celui-ci lui a^ait dit :
— Ma chère, il ne faut pas vous dissimuler
que vous êtes un grand coupable, et que sans la
haute protection qui vous couvre et l'importance
du service que vos aïeux ont rendu au gouver-
nement Je Sa Majesté la reine, vous seriez ailée
coucher àNewgate.pour n'en sortir que le jour de
votre mort. Si même vous étiez traduite devant
la cour d'assises, vous seriez condamnée et nul,
pas même moi, ne pourrait vous sauver.
'Mistress Fanoche avait écouté, en frémissant,
cette petite harangue, et peut-être s'était-elle
repentie de n'avoir pas osé braver la colère de
l'homme gris.
Mais le révérend avait continué :
—Maintenant, si vous m'en croyez, vous reste-
rez ici jusqu'à demain soir. A-cette date, on ne
se sera pas encore occupé de votre affaire et per-
sonne ne songera à vous avant trois ou quatre
jours.
Demain soir, tout sera préparé pour votre
fuite.
Mon secrétaire, ce jeune clergyman que vous
avez vu, vous conduira à Brighton, en vous
faisant passer pour sa sœur aînée. Il vous re-
mettra un portefeuille qui contiendra les quatre
mi'Ie livres convenues et vous prendrez passage
soit sur un navire qui part pour la France, soit
sur un autre qui passe l'Atlantique et va en Amé-
rique.
Lequel préférez-vous ? fi.
— Je préfère aller en Amérique,avait répondu
mistress Fanoche.
Le révérend était sorti.
Ii allait, comme on le pense bién, assister à
l'arrestation du petit Irlandais et à son incarcé-
ration.
Mais avant de quitter sa maison, il avait rit
deu* mots à Tom.
Qu'était-ce que Tom?
Un mélange de bedeau et de domestique, un
homme qui accompagnait le révérend au tem-
ple, et lui servait en même temps de valet da
•chambre.
Tom était un homme etltre deux âges, petit.
trapu, les cheveux gris et crépus, le visaga
rouge, le cou très-court, la lèvre bestiale et la
rire idiot. '
Tom n'ét:u'. cependant pas dépourvu d'une
certaine intelligence, en outre, il avait une qua-
lité rare ; il était esclave des ordres qu'on lUi
donnait.
Or le révérend après avoir installé mistress
Fanoche dans une chambre très propre de la.
maison, du à Tom :
— Sous aucun prétexte, tù né laisserai sortir
cette femme. I - -
Tom inclina la tête, signe qu'il avait çûnxpriar
d'abord, et ensuite que mistress Fanoche pas-
serait plutôt sur son corps que de franchir le
| seuil de la maison.
j Le révérend s'en était donc n!!é.
Tom était fidè',é, mais il était bavard, et la so.
litude lui convenait peu.
| Ordinairement, il faisait la conversation avec
[ le clergyman, secrétaire de Peters Town j Biais
I le ciergyman avait suivi son supérieur.
Yojr le rrumtro du 22 novembre-
H œ!¡t. Ir, numéro JOURNAL QVOTEDSEltf . , - 5 cent. le nnm.eftD
t • ,
.......
ABONNEMENTS - Trois mois. six mois. Un an.
4-laris a fr. 9 fr. fr.
^épartemenr.s.. G 2 1
Administrateur'. E. , DELSAUX. 1 lIQ4
â« année. — MERCREDI 4 7 .ÎBÏN I8CS. No 790 1
.^"lHrecteur~ Propriétaire : J.4r
Rêdr.cicûr'en chef: A. DE BAtATïUZK .DnA.GEI.Ol'lr'iE¿ -.
BORE A EX D'ADON NI;M TNT : S. S*TI& nrouot...
A))Mi\iSTi.ATnjs.: 13, _I)taCe Breda.
PARIS, 16 JUIN 1868
LES MISÈRES D'UN PRIX DE ROME
LA VILLA MÉDICIS
11 y a, à Rome, une place «où
se donnent r'ndez-vous. C'est la place d'Es-
pagne. Sur ,ei¡Ue place commence un esca-
lier. Montes cent trente-cinq marches; vous
arriverez à l villa, Médicis qui s'appelle aussi
l'Académie de-France, Là,sont reçus et en-
tretenus aux frais de l'Etat les élèves du Con-
servatoire de Paris qui vont compléter leurs
études au-delà des Alpes. - j
L'idée 'de l'Académie de France appartient i
au peintre Lebrun; l'honneur de sa fondation
revient au ministre Colbert. Louis XIV avait
créé une rente suffisante pour un directeur
et douze pensionnaires.
Je ne vois pas que la Révolution ait touché
à l'école de nome, C'est une de ces institu-
tions qui survivent à toutes les formes de
gouvernement.
En 1863, un décret de l'empereur Napo-
léon III, rendu sur la proposition du maré-
chal Vaillant, a changé les conditions de con-
cours des grands prix de Rome. Je trouve les j
dispositions d.' ce décret dans J' Encyclopédie
de famille publiée, cette année, par les Di-
dot :
"« Tous les artistes français, âgés de quinze
à vingt-cinq ans, sont admis à concourir à l'é-
cole* des Bc:'ux-Ar!s, et leurs feutres sont
jugées par un jury spécial, tiré au sort sur
une liste d restée par le Conseil supérieur de
l'Ecole et arrêtée par le ministre. Il y a chaque
année un prix pour la peinture, un prix pour
la sculpture d un prix pour l'architecture,
tous les deux ans un prix pour la gravure en
taille-donce, tous les trois ans un prix pour
la gravure en médail!es et pierres fines. Il n'y
si qu'un seul prix dans chaque section. Ce
prix exempte de la conscription. Le pro-
gramme est donné par le Conseil supérieur
de l'école de? Benux-Arts. Les grands prix
sont pensionnés pendant quatre ans; ils doi-
vent rester obligatoirement à Rome deux an-
nées au moins, pendant les deux autres an-
néep ils peuvent voyager à leur goût et à leur
convenance. Le directeur de l'académie de
France à II» ne adresse tous les six mois au
ministre un rapport sur les travaux et les pro-
grès (ht:; élèves, Les élèves ont à Rome chacun
un atelier pnrt'culier, et il v a des salles pour
l'.;tndp- en commun du modèle vivant et des
■ plâtres moulés sur l'antique. Le gouverne-
ment français fait seul les frais de ce grand
établissement, où des Romains et des étran- 1
gers sont admis à profiter des modèles... »
; Les directeurs de l'Académie de France ont
presquelonjours compté par leur honorrthi-
lité et !pur talent. Pour np, citer que les der-
niers, Horace Vernet habitait Rome en 1828;
Ingres y vint en 1834; M. Schnetz, M. A1-
laux, M. Hébert complétent la liste. -
M. Edmond About nous a décrit la Villa
Médicis.
Le premier aspect du palais est grand et
majestueux. Le seul luxe de l'entrée consiste
en une avenue de chênes verts et un jet d'eau
tombant dans une large va-que.
Par exemple, le portier est à voir, comme
un des plus beaux types de la race romaine.
« Grand, large, bien fait, la figure pleine,
la barbe en éventail, il porte avec majesté la
canne des tambours-majors et des suisses de
grande maison. C'est un homme important;
il a des domestiques. Son fils lui baise les
mains chaque fois qu'il rentre ou qu'il sort.
Les jours de fête, lorsqu'il se tient en grande
livrée sur le seuil de l'Académie, les badauds
font un cercle autour de lui et l'admirent. Il
les laisse arriver, mais par fournées, pour
éviter la confusion. De cinq en cinq minutes,
il les éloigne doucement avec sa canne e.t leur
dit d'un ton paternel : Assez! Vous avez joui
du coup d'œil; laissez approcher les au-
tres... »
Le premier étage du palais est oècupé par
les appartements de réception, vastes, ma-
gnifiques, .revêtus des 'plus beaux ouvrages
des Gobelins, et dignes en tous points de la
grandeur de la France. Ils ont pour suite et
pour dépendance un vestibule admirable ,
orné de talonnes antiques et de statues mou-
lées sur l'antique. Mais la plus grande coquet-
terie de la maison, c'est la façade postérieure.
Elle tient son rang parmi les chefs-d'œuvre
de la Renaissance. On dirait que l'architecte
a épuisé une mine de bas-reliefs grecs et
romains pour en tapisser son palais. Le jar-
din Nit de la même époque : il date du temps
où \'adsforT;Üie romaine rro'essait le plus
profond dédain pour les fleur,?. On n'y voit-que
des massifs de verdure, alignés avec un soin
scrupuleux. Six pelouses, entourées de haies
à hauteur d'appui, s'étendent devant la villa
et laissent, courir la vue jusqu'au mont SCH
Ï rade, qui ferme l'horizon. A gauche, quatre
fois quatre carrés de gazon s'encadrent
dans de hautes murailles de lauriers, de buis,
gigantesques et de chê es vers. Les murailles
se rejoignent au-dessus des allées et les enve-
lopppnt d'une ombre fraîche-et mystérieuse.
A droite, une terrasse d'un style noble enca-
dre un bois de chênes verts. tordus et éven-
trés par le temps. Les élèves y vont tra-
vailler à l'ombre ; ét le merle rivalise avec le
rossignol au-dessus de leur tête, comme un
beau chantre de village peut rivaliser avec
Mario ou Roger. Un peu plus loin, une vigr:e
toute rustique s'étend jusqu'à la porte Pin-
ciana, où Rélisaire a mendié, dit-on. On y
voit,, du moins, une. pierre ornée de l'inscrip-
tion célèbre : Date obolum Belisario. Les
jardins petits et grande ont semés de statues,
d'Hermès et de marbres ,d& toutes sortes.
L'eatfcoule dans des sarcophages anti'qnes ou
' jaillit dans des vasques de marbre : le mar-
hre et l'eau sont les deux luxes de Rome;
nous ne les connaissons que de réputation à
Paris.
• *
Cette belle propriété de la France est ados-
sée dans»toute sa longueur aux remparts de
la ville Elle conOne d'un côté à la promenade
du Pincio, dp l'antre al] couvent français de
la Trinité. Comme elle domine Rome entière,
elle a le privilège de l'embrasser d'un seul
coup d'oeil...
Rome est peut-être, dit M-. About, — après
le pape Grégoire XVI, — la ville du monde
où 1 on s'amuse Je moins et où l'on se plaît le
plus. On s'y ennuie en arrivant, et on la quitte
avec un regret profond.
Suivant l'auteur de Rome contemporaine,
les sculpteurs, les peintres et les musiciens
français trouvent dans la villa Médicis un asile
favorisé où ils travaillent à l'aise, dans la so-
litude, les yeux tournés alternativement vers
la nature et vers les maîtres.
M, Sibérie Second n'est pas -de son avis.
Cè Parisien des boulevards a traversé Rome
sans s'y arrêter. Mais il y a pris en passant le
décor d'un acte de son drame : les Misères
d'un Pr1X de Roms, qu'il vient de puMel.
chez M. Dentu. ' ?
C« drame d'un prix de Rome est une de,
ces histoires navrantes qui commencent dans
une arrière-bou tique, où un Orphée dr, quinze
ains lève la gloire, pour se terminer sur ;
une place publique, dans une baraque de
saltimbanqnes, où un pauvre diable bat de?
la grosse caisse ou souffle dans un cornet à{.
pistons.
Deux sortes de personnes s'occupent de
musique en France; les artistes et les
amateurs. M. Albéric Second les a crayonnés
tour à tour.
< L'amateur est un être privilégié, qui étu-
die à ses heures, travaille ou se repose au gre'
de son caprice et, se'on le temps qu'il fait. Il »
ne reconnaît d'autre maître que sa fantaisie,
s'inspire du nuage qui passe, de l'oiseau qui'
chante, du rayon de soleil qui se jone dans la '
frange de ses rideaux. Il (VIdie, il s'inter-
rompt : il recommence il s'arrête de nou-
veau ; il va, vient, Sâne, chantonne, lit quel-
ques vers de son poète favori, allume un
cigare, s'accoude sur son balcon, échange un
sourire avec sa voisine, et lui débite des ma-
drigaux; il se pemet au travail, ouvre sa
porte aux visiteurs, s'habille, court au bois,.-
dîne dans le meilleur cabaret, et finit sa soi-
rée au balcon des Italiens ou dans une stalle
de l'Opéra...
» Mais celui qui veut être artiste cesse d'être
un homme et devient une machine organisée.
Vaucansen a fait un canard qui a Vair de di-
gérer, et qui pourtant ne digère pas. L'artiste
a l'air de penser ; -nitlq en récité, il pense à
peu près comme le canard de Vaucanson
digère. Penser, c'est user à sa guise de!a.
plus précieuse des facultés que le Créateor a
données à la créature; c'est vivre, dans tous
les mondes ; c'est entrer én communion avec
tous les nrincipes, tons les systèmes, toutes
les religions, toutes les philosophies ; c'est ne
demeurer étranger à rien de ce qui est beau,
de ce qui est noble et de ce qui est grand. A
ces causes, l'l'.l'ti::te. ne. pen:;e pas ; il songe.
Le matin, le soir, pendant son sommeil, il
songe à son instrument rebelle, au trait diffi-
cile qu'il ne parvient pas à exécuter d'une
façon satisfaisante, au point d'orgue sur
lequel il s'est trop appesanti, au demi -quart.
de pause qu'il n'a pas suffisamment observé,
au trille qu'il n'a pas cadencé d'une main.
assez légère, à la mesure, aux dièses, aux bé-
carres, à la clé d.e sol, à la clé de fa ét à la
clé d'ut, aux rondes, aux blanches, aux , noires,
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
CINQUIÈME PARTIE
L'ENFER DE MISTRESS BURTON
XXIV
N°.225
Qu'ëtaât 'dewone mistress Fanoche pendant
tout ce tern)';sI'li?
L'intéressante nourrisseuse d'enfants avait,
comme on l'a vu, codant à une première épou-
vante, fait sa confession à un magistrat de po-
lice, lequel avait dicté à un secrétaire les aveux
qu'elle faisait, au fur et à mesure qu'ils sortaient
de sa bouche, puis lui avait donné le procès-
verbal à signer.
Alors, miss Ellen et le révérend Peters Town,
en présence de qui tout cela avait eu lieu, l'a.
vaient rassurée sur les conséquences que pour-
raient avoir ses déclarations, et lo magistrat l'a-
vait admise à fournir caution.
Mistress Fanoche avait vu alors miss Ellen
ouvrir un portefeuille, et en tirer une poignée de
banck-notes qu'elle avait remises au magis-
trat.
En Angleterre, un magistrat de police est en
même temps juge d'instruction.
Il décide si le coupable peut demeurer provi-
soirement en possession de sa liberté, et s'il lui
est permis de rester en tel ou tel lieu.
Or donc, celui qui venait d'interroger mistress
Fanoche était pani, laissant cette dernière en
présence du révérend Peters Town.
Alors, celui-ci lui a^ait dit :
— Ma chère, il ne faut pas vous dissimuler
que vous êtes un grand coupable, et que sans la
haute protection qui vous couvre et l'importance
du service que vos aïeux ont rendu au gouver-
nement Je Sa Majesté la reine, vous seriez ailée
coucher àNewgate.pour n'en sortir que le jour de
votre mort. Si même vous étiez traduite devant
la cour d'assises, vous seriez condamnée et nul,
pas même moi, ne pourrait vous sauver.
'Mistress Fanoche avait écouté, en frémissant,
cette petite harangue, et peut-être s'était-elle
repentie de n'avoir pas osé braver la colère de
l'homme gris.
Mais le révérend avait continué :
—Maintenant, si vous m'en croyez, vous reste-
rez ici jusqu'à demain soir. A-cette date, on ne
se sera pas encore occupé de votre affaire et per-
sonne ne songera à vous avant trois ou quatre
jours.
Demain soir, tout sera préparé pour votre
fuite.
Mon secrétaire, ce jeune clergyman que vous
avez vu, vous conduira à Brighton, en vous
faisant passer pour sa sœur aînée. Il vous re-
mettra un portefeuille qui contiendra les quatre
mi'Ie livres convenues et vous prendrez passage
soit sur un navire qui part pour la France, soit
sur un autre qui passe l'Atlantique et va en Amé-
rique.
Lequel préférez-vous ? fi.
— Je préfère aller en Amérique,avait répondu
mistress Fanoche.
Le révérend était sorti.
Ii allait, comme on le pense bién, assister à
l'arrestation du petit Irlandais et à son incarcé-
ration.
Mais avant de quitter sa maison, il avait rit
deu* mots à Tom.
Qu'était-ce que Tom?
Un mélange de bedeau et de domestique, un
homme qui accompagnait le révérend au tem-
ple, et lui servait en même temps de valet da
•chambre.
Tom était un homme etltre deux âges, petit.
trapu, les cheveux gris et crépus, le visaga
rouge, le cou très-court, la lèvre bestiale et la
rire idiot. '
Tom n'ét:u'. cependant pas dépourvu d'une
certaine intelligence, en outre, il avait une qua-
lité rare ; il était esclave des ordres qu'on lUi
donnait.
Or le révérend après avoir installé mistress
Fanoche dans une chambre très propre de la.
maison, du à Tom :
— Sous aucun prétexte, tù né laisserai sortir
cette femme. I - -
Tom inclina la tête, signe qu'il avait çûnxpriar
d'abord, et ensuite que mistress Fanoche pas-
serait plutôt sur son corps que de franchir le
| seuil de la maison.
j Le révérend s'en était donc n!!é.
Tom était fidè',é, mais il était bavard, et la so.
litude lui convenait peu.
| Ordinairement, il faisait la conversation avec
[ le clergyman, secrétaire de Peters Town j Biais
I le ciergyman avait suivi son supérieur.
Yojr le rrumtro du 22 novembre-
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