Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 février 1868 09 février 1868
Description : 1868/02/09 (A3,N661). 1868/02/09 (A3,N661).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717663h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
1 Îl, loiLtaN, AL', • - QUOTIDIEN -
.1
e iw -1 ceîil, le, nuaicro - .1 .
5 cent, le numéro
----------
,ABONI'ill.!lIENTS. — Trois mois.. Six mois... Vn an.
Paris........'.. a fr. ! - 9 jji 48"ûv 1
Départements.. 6 '; I •• 1.1 3 S,,.
Administrateur : E. DELSAtfx. ' ; . '
■ , / : ■
v ■ » > t ' • :
z 3»» année. — OIMANCHE9 FEVRIER 1868. - N° 661
.. e • " .
Z/irecteip-Propriétaire : jA?!NiN. .1
Rédacteur en chef : A. DE Balatiiier Bragelonne.
Bureaux d'abonnement : 9, rne Drouot.
. ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 8 FEVRIER 1868.
LE TESTAMENT
DE L'ÉVÊQUE DE CAHORS.
il n'est pas en France d'mstitutîbri plus
.universellement'populaire que le Mont-de-
Piété.
Tout le monde emprunte, les pauvres et
les riches.
Les pauvres vont au grand Mont-de-Piété
de la rue des. Blan teaux, qu'ils appellent
plus simplement : le 61-aiîd-IIIO?lt ; ils vont
encore à sa succursale de la rue Bonaparte,
ou à l'un de ses vi,ngt bureaux auxiliaires.
Les riches préfèrent les bureaux tenus par
des commissionnaires. Dans ces bureaux, il
y a une salle où l'on peut être reçu sans être
vu, et la misère en habit noir n'aime pas à
s'étaler en public. En outre, les commission-
naires, s'ils prennent une commission, con-
naissent leurs clients, et prêtent une somme
un peu plus forte que le simple Mont-de-
Pjrlé.
On a fait la statistique des emprunteurs.
Voici ce petit tableau, calculé sur le chiffre
de f 000 engagements:
Commerçants, fabricants, petits
marchands 112
Rentiers et propriétaires... ^s%. 84
Professions libérales. V 31
Employés.. 39
Militaires........ ^ •K ' ' 4
..„SiLvriers.
Total.. .! iOOO
i
On a fait aussi le tableau des sommes prê-
tres, en prenant pour étalon la somme de
1000 francs :
Aux commerçants, fabricants,
wtits' -trebands. 367 fr.
Aux rentiers et propriétaires. 156
Aux gens exerçant des profes-
sions l'bérales" ; 61
Aux employés 56
AnX militaires ...... 10
Aux ouvriers et journaliers...ooG
Tota!... 1000 fr.
Songez à ce que ce dernier chiffre de 350 ]
x'
iran cs, réparti entre 730 emprunteurs, repré-
sente de misères et de deuils...
V . 1 1 ~ ' i
f ■ |
/ L'histoire du MonVde-Piété est celle de la
civilisation, arrivant peu à peu à substituer le
'.Çi.Ll1 II V UJStPiT v
Les juifs du moyen-âge, inventeurs de la
banque et du change, prêtaient aussi sur
gages, faisant payer d'autant plus cher leur
argent que l'emprunteur en avait plus be-
soin. j
De temps en temps,, le . peuple indigné 1
pillait, battait ou brûkit les juifs; mais ces
derniers, fidèles à l'esprit de leur race, ai-j
maient mieux risquer leur vie que renoncera à
leur commerce d'argent.
Vers 1450, un moine Italien, Barnabé de
Terni, monta en chaire, et dit aux riches
qu'ils devaient venir en aide aux pauvres par
des prêts gratuits.
. Le moine était éloquent. Il parlait au nom
de la religion et de la justice. On l'écouta.
Des quêtes faites dans les églises fournirent
les fonds du premier mont-de-piété, celui de
Péronse.
Moins d'uri. siècle a.près, toutes les grandes
villes d'Italie ' avaient suivi cet exemple. En
1553, le Concile de Trente ordonnait à tous
les évêques de fonder, dans chaque ville de
leur diocèse, un mont-de-piété à prêts gra-
tuits.
L'idée du moine Barnabé'Passa.les A|pes. j
IIMMe-ir'gr eut un" nïon?-ae-piete en 1498.
Amsterdam en eut un en 1578. Mais l'esprit
commercial, propre à la Hollande, imprima
son cachet à l'institution La ville concéda le
privilège du mont à un industriel qui, fit payer
aux emprunteurs 33 p. ICO d'intérèL, C'était
retourner légalement à l'usure qu'on voulait
combattre.
Nancy, Sedan, Arras, furent les premières
villes françaises qui instituèrent; des monts-
de-piété.
Louis XIII rendit un édit pour en créer
dans toute l'étendue du royaume; mais cet
édit ne, fut pas exécuté.
Vingt ans plus tard, nouvel édit de
Louis XIV, ordonnant l'institution dans cin-
quante-trois villes. Apt, Tarascon. Brignoles,
Angers, Montpellier, Marseille, six villes en
tout, usèrent des bénéfices de l'édit. '
I t etÍpant trois quarts de sièc!e, pas un seul
mont-de-piété nouveau ne fut créé en France.
Erifin, Louis XVI, le 9 décembre 1777, déli-
vra des lettres-patentes qui en établissaient un
à Paep.
Lâ rise qui suivit la Révolution française,
et surtout la création du papier-monnaie, pa-
kJprfys^pnt un instant les opérations de tous les
établissements de prêt. Mais cette 'crÍseeul'
son terme, et, dès l'an XIII, quarante-trois
monts-de-piété fonctionnaient sur le territoire
de la République. Leur législation était des
plus simples. Les recettes devaient être exac-
tement calculées de manière à couvrir les
dépenses, sans qu'aucun bénéfice put être
perçue soit au profit des communes, soit à
celui de l'Etat.
A côté de cette histoire officielle des monts-
de-piété, il y a une histoire privée, qui n'est
pas la moins intéressante.
! En lisant hier le Journal du Lot, j'y,ai
j trouvé un extrait des archives du départe-
ment, dû à l'archiviste, M. Combarieu. Cet
' extrait fait connaître l'institution, à Cahors,
i vers la fin du dix-septième siècle, d'un mont-
! de-piété, à prêts sans intérêt ,ni frais.
Ce mont-de-piéte, il est vrai, n'acceptait
pas tous les clients. Il fallait être pauvre pour
pouvoir y recourir. Les administrateurs don-
naient leur temps. La ville fournissait le local.
Quaut au fonds, il avait été fourni par l'évêque
Nicolas de Se vin. ■ •
Il faut lire le testament de cet excellent
0P*r•*HSpcLe.1L?S8rt ce qii* vja.vait de
prévoyance et ae charité dans l'esprit de son
institution.
!
« Ayant omis à mettre dans ce testament
ce que néanmoins Dieu m'a donné, il y a
longtemps, dessein de faire, je l'y adjointe et
veux qu'après ma mort dix mil livrer en ar-
gent soient employées à faire un mont qu'on
appelle de piété, afin que les pauvres y puis-
sent trouver.du secours dans leurs nécessités,
en leur y prestant la somme dont ils auront
besoin conformément aux conditions sui-
vantes :
1) 1° Qu'on ne prestera jamais à une seule
personne, ny à plusieurs qui voudront em-
prunter conjoinctement, au dela de cent cin-
■ quante livres, à moins que la providence di-
J vire n'eust tellement fait augmenter le fonds
dudit mont qu'il allast jusques à quarante
mille livres, auquel'cas on pourra près it.V'
une seule personne jusques au double de ceste
somme, cest à dire jusques à trois cens livres
et ainsi toutes fois et quantes seulement ;le
fonds dudit mont viendroit à q uadruplej,,, on
pourroit prester le double de la somme qu'on
prestoit auparavant ; l'on prendra garde que
la mesme personne ne fasse emprunter plu-
somme, par ce que ceste fraude é!uderoit le
dessein qu'on a de secourir la nécessité dt ;
plusieurs.
» 2° Que ceux qui emprunteront donneront
des. gages d'une plus grande" valeur quels
somme prestée, pour assurance de ladite
somme, en sorte qu'on la puisse retire!
quand on sera constraint de les vendre, les-
quels gages, de quelque qualité qu'ils soient,
seront vendus huict jours après le terrée
eschu si l'argent n'a point encore esté rendu
et au cas qu'ils fussent plus vendeus quel ne
monte la somme prestée, le surplus st"¡a rendu '
au débiteur comme luy appartenant., qui lui
sera signifié au temps du prest et mis dans
l'obligation qui en sera faicte, afin qu'il ne je
puisse ignorer. Lors qu'il rapportera I'arge::t
dans le terme, on luy rendra tous ses gagés
sans aucune diminution et sans qu'on puisse
exiger aucune autre chose de luy que les dits
gages, si ce n'est qu'il y eust eu qne!au' s
frais nécessaires pour quelques actes de jus-
tice qui seront remboursés.
» to Que le terme du prest ne sera jamais
plus long que six mois et l'on prendra biui
garde que le débiteur ne fasse emprunter au
bout du terme une pareille somme ou antre
par quelqu'un de ses amis ; d'autant que P;H'
ce-moyen une mes rne personne pourrait reii -
mr la somme prestée pendant toute sa vie d.
seroit cause qu'on ne pourroit pas secourir
les nécessités des autres.
1) 40 Qu'on ne prestera qu'à des pauvre-, .:1;
qui n'exclut pas ceux qui ont quelque bien
comme sont les paysans, laboureurs et ar-
tisans qui. quoy qu'ils ayent du bien, u<;
pourroint pas, dans leur nécessité, facilement
trouver de l'argenHà l'heure, ou ne le pou; -
raint qu'en ^■nda'ht leur bien ou l'engageani,
ou payant un gros inthéret. Ledit mont'estant
principalement estably pour ceste sorte da
personnes, sil y en avoit mesme de quelque
honneste condition, quon sû estre dans une
nécessité, qui ne peut estre autrement sou-
lagée, on pourroit leur prester avec les mesmes
conditions qu'aux autres, devant, dans cent
estat, estre considérés comme pauvres et ua
subjet digne de charité.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXVI
1\ 0 92 LES
i- nomme gris, que nous .ippc-iiu-ons. monsieur
Simouns, toutes les fois qlÚl portera l'uniforme
j do-policeuian, se mit à questionner la jeune
; • Vous paraissez souilhulto, mon enfant,
- dit-il, -
V<:3ir le û'ùiîiérodu Ï5 novembre.
!
I
Elle leva les yeux au ciel et ne répondit pas.
M. Simouns lui glissa dans la main une demi-
couronne.
Alors ce visage pâle et hâve s'éclaira d'une
• joie suprême.
— Ah! dit la jeune une, nous aurons donc du
pain aujourd'hui, mon père et moi.
M. Simouns se, tourna vers le gouverneur de
la prison :
— Je supplie Votre Honneur, dit-il, de se
montrer patient et de se souvenir de ce pro-
verbe, que les petites causes amènent les grands
eiiets.
— Faites tout ce que vous voudrez, répondit
le gouverneur.
Alors M. Simouns dit à la jeune fille :
— Est-ce que vous habitez cette maison,votre
père et vous ?
— Oui, monsieur; c'e:::t-i!-ùÍrc, ajoata-t-elle,
cette maison est à fin de bai!, et le lord a qui
le terrain appartient, va la l'aire démolir, parce
qu'elle est vieille et çu'on dit qu'elle peut s'é-
crouler au premier jour. Tout le monde s'en est
allé, excepté nous. Mon père est vieux et in-
nrm?, et l'hiver est bien dur. Comme nous ne
savions pas où aller, nous sommes restés.
— A quel étage ?
— Au deuxième.
M, Sirnouns? se pencha vers le gouveraear.
' — C'est d'une fenêtre de cette maison, dit-il,
qu'on a dû lancer la corde dans.le préau.
— Je le crois aussi, répondit le gouverneur.
Le prétendu agent de police continua à inter-
roger la jeune fille.
— Ainsi, dit-il, il n'y a que votre père et
vous dans cette maison ?
'— Oui, monsieur, mais il y est venu du
monde la nuit dernière.
— Ah ! ;îI(
— On a même fait un tapage infernal et j'ai
eu bien peur, je vous jure.
— A quel endroit de fa maison a-t-on fait ce
tapage?
i — Juste au-dessus de nous.
— Il y avait beaucoup de monde ?
— Deux hommes et deux femmes. Une des
deux femmes s'appelait Suzànnah.
. Le gouverneur tressaillit.
— Mon enfant, dit M. Simouns, puisque vous
êtes misérables, votre père et vous, je ne pense
pas que vous refusiez de gagner honnêtement
une petite somme d'argent.
Des larmes brillèrent dans les yeux de la
jeune fille :
— Ah' monsieur, dit-elle, que faut-il faire?
— Nous dire tout ce que vous avez entendu
cette nuit?
En même temps, M. Simouns tira de sa poti;e
une belle guinée toute neuve.
De pâle qu'elle était, la jeune tille devint
toute rouge.
— EnLron¡:: dans la maison, dit M. Simouns.
. Et il se dirigea vers l'escalier, suivi du gou-
verneur et de la jeune (ille.
Au deuxième étage, ils trouvèrent une porte
entr'ouwrte et ils aperçurent u;i vieillard cou-
ché sur un amas de vieille p.-iili.;'.
— C'est moifpère; dit-elie.
M. Simouns continua à muni.er.
A l'étage supérieur, il y avait une autre porte
ouverte.
M. Simouns entra. , .
La corde Ü, nœuds avait été retirée de la fe-
nêtre, mais elle était enroulée sur le sol.
— Ycus voyez, dit M. Simouns en se tour-
na.nt vers le gouvpnieur, que je ne m'étais pas
trompé.
Tuis, s'adressant encore une fois à la jeune
une :
— C'est ici, n'est-ce pas, qu'on a fait du
bruit? j
— Oui, monsieur. Les femmes sont venues d'a-
bord dans la, soirée, puis un homme qui portait
un Uniforme, pa3 comme vous, co&uaelstf
gardiens de Bath square. - • 1
' — A-h" waisîîaaï?
1 X
1 Îl, loiLtaN, AL', • - QUOTIDIEN -
.1
e iw -1 ceîil, le, nuaicro - .1 .
5 cent, le numéro
----------
,ABONI'ill.!lIENTS. — Trois mois.. Six mois... Vn an.
Paris........'.. a fr. ! - 9 jji 48"ûv 1
Départements.. 6 '; I •• 1.1 3 S,,.
Administrateur : E. DELSAtfx. ' ; . '
■ , / : ■
v ■ » > t ' • :
z 3»» année. — OIMANCHE9 FEVRIER 1868. - N° 661
.. e • " .
Z/irecteip-Propriétaire : jA?!NiN. .1
Rédacteur en chef : A. DE Balatiiier Bragelonne.
Bureaux d'abonnement : 9, rne Drouot.
. ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 8 FEVRIER 1868.
LE TESTAMENT
DE L'ÉVÊQUE DE CAHORS.
il n'est pas en France d'mstitutîbri plus
.universellement'populaire que le Mont-de-
Piété.
Tout le monde emprunte, les pauvres et
les riches.
Les pauvres vont au grand Mont-de-Piété
de la rue des. Blan teaux, qu'ils appellent
plus simplement : le 61-aiîd-IIIO?lt ; ils vont
encore à sa succursale de la rue Bonaparte,
ou à l'un de ses vi,ngt bureaux auxiliaires.
Les riches préfèrent les bureaux tenus par
des commissionnaires. Dans ces bureaux, il
y a une salle où l'on peut être reçu sans être
vu, et la misère en habit noir n'aime pas à
s'étaler en public. En outre, les commission-
naires, s'ils prennent une commission, con-
naissent leurs clients, et prêtent une somme
un peu plus forte que le simple Mont-de-
Pjrlé.
On a fait la statistique des emprunteurs.
Voici ce petit tableau, calculé sur le chiffre
de f 000 engagements:
Commerçants, fabricants, petits
marchands 112
Rentiers et propriétaires... ^s%. 84
Professions libérales. V 31
Employés.. 39
Militaires........ ^ •K ' ' 4
..„SiLvriers.
Total.. .! iOOO
i
On a fait aussi le tableau des sommes prê-
tres, en prenant pour étalon la somme de
1000 francs :
Aux commerçants, fabricants,
wtits' -trebands. 367 fr.
Aux rentiers et propriétaires. 156
Aux gens exerçant des profes-
sions l'bérales" ; 61
Aux employés 56
AnX militaires ...... 10
Aux ouvriers et journaliers...ooG
Tota!... 1000 fr.
Songez à ce que ce dernier chiffre de 350 ]
x'
iran cs, réparti entre 730 emprunteurs, repré-
sente de misères et de deuils...
V . 1 1 ~ ' i
f ■ |
/ L'histoire du MonVde-Piété est celle de la
civilisation, arrivant peu à peu à substituer le
'.Çi.Ll1 II V UJStPiT v
Les juifs du moyen-âge, inventeurs de la
banque et du change, prêtaient aussi sur
gages, faisant payer d'autant plus cher leur
argent que l'emprunteur en avait plus be-
soin. j
De temps en temps,, le . peuple indigné 1
pillait, battait ou brûkit les juifs; mais ces
derniers, fidèles à l'esprit de leur race, ai-j
maient mieux risquer leur vie que renoncera à
leur commerce d'argent.
Vers 1450, un moine Italien, Barnabé de
Terni, monta en chaire, et dit aux riches
qu'ils devaient venir en aide aux pauvres par
des prêts gratuits.
. Le moine était éloquent. Il parlait au nom
de la religion et de la justice. On l'écouta.
Des quêtes faites dans les églises fournirent
les fonds du premier mont-de-piété, celui de
Péronse.
Moins d'uri. siècle a.près, toutes les grandes
villes d'Italie ' avaient suivi cet exemple. En
1553, le Concile de Trente ordonnait à tous
les évêques de fonder, dans chaque ville de
leur diocèse, un mont-de-piété à prêts gra-
tuits.
L'idée du moine Barnabé'Passa.les A|pes. j
IIMMe-ir'gr eut un" nïon?-ae-piete en 1498.
Amsterdam en eut un en 1578. Mais l'esprit
commercial, propre à la Hollande, imprima
son cachet à l'institution La ville concéda le
privilège du mont à un industriel qui, fit payer
aux emprunteurs 33 p. ICO d'intérèL, C'était
retourner légalement à l'usure qu'on voulait
combattre.
Nancy, Sedan, Arras, furent les premières
villes françaises qui instituèrent; des monts-
de-piété.
Louis XIII rendit un édit pour en créer
dans toute l'étendue du royaume; mais cet
édit ne, fut pas exécuté.
Vingt ans plus tard, nouvel édit de
Louis XIV, ordonnant l'institution dans cin-
quante-trois villes. Apt, Tarascon. Brignoles,
Angers, Montpellier, Marseille, six villes en
tout, usèrent des bénéfices de l'édit. '
I t etÍpant trois quarts de sièc!e, pas un seul
mont-de-piété nouveau ne fut créé en France.
Erifin, Louis XVI, le 9 décembre 1777, déli-
vra des lettres-patentes qui en établissaient un
à Paep.
Lâ rise qui suivit la Révolution française,
et surtout la création du papier-monnaie, pa-
kJprfys^pnt un instant les opérations de tous les
établissements de prêt. Mais cette 'crÍseeul'
son terme, et, dès l'an XIII, quarante-trois
monts-de-piété fonctionnaient sur le territoire
de la République. Leur législation était des
plus simples. Les recettes devaient être exac-
tement calculées de manière à couvrir les
dépenses, sans qu'aucun bénéfice put être
perçue soit au profit des communes, soit à
celui de l'Etat.
A côté de cette histoire officielle des monts-
de-piété, il y a une histoire privée, qui n'est
pas la moins intéressante.
! En lisant hier le Journal du Lot, j'y,ai
j trouvé un extrait des archives du départe-
ment, dû à l'archiviste, M. Combarieu. Cet
' extrait fait connaître l'institution, à Cahors,
i vers la fin du dix-septième siècle, d'un mont-
! de-piété, à prêts sans intérêt ,ni frais.
Ce mont-de-piéte, il est vrai, n'acceptait
pas tous les clients. Il fallait être pauvre pour
pouvoir y recourir. Les administrateurs don-
naient leur temps. La ville fournissait le local.
Quaut au fonds, il avait été fourni par l'évêque
Nicolas de Se vin. ■ •
Il faut lire le testament de cet excellent
0P*r•*HSpcLe.1L?S8rt ce qii* vja.vait de
prévoyance et ae charité dans l'esprit de son
institution.
!
« Ayant omis à mettre dans ce testament
ce que néanmoins Dieu m'a donné, il y a
longtemps, dessein de faire, je l'y adjointe et
veux qu'après ma mort dix mil livrer en ar-
gent soient employées à faire un mont qu'on
appelle de piété, afin que les pauvres y puis-
sent trouver.du secours dans leurs nécessités,
en leur y prestant la somme dont ils auront
besoin conformément aux conditions sui-
vantes :
1) 1° Qu'on ne prestera jamais à une seule
personne, ny à plusieurs qui voudront em-
prunter conjoinctement, au dela de cent cin-
■ quante livres, à moins que la providence di-
J vire n'eust tellement fait augmenter le fonds
dudit mont qu'il allast jusques à quarante
mille livres, auquel'cas on pourra près it.V'
une seule personne jusques au double de ceste
somme, cest à dire jusques à trois cens livres
et ainsi toutes fois et quantes seulement ;le
fonds dudit mont viendroit à q uadruplej,,, on
pourroit prester le double de la somme qu'on
prestoit auparavant ; l'on prendra garde que
la mesme personne ne fasse emprunter plu-
somme, par ce que ceste fraude é!uderoit le
dessein qu'on a de secourir la nécessité dt ;
plusieurs.
» 2° Que ceux qui emprunteront donneront
des. gages d'une plus grande" valeur quels
somme prestée, pour assurance de ladite
somme, en sorte qu'on la puisse retire!
quand on sera constraint de les vendre, les-
quels gages, de quelque qualité qu'ils soient,
seront vendus huict jours après le terrée
eschu si l'argent n'a point encore esté rendu
et au cas qu'ils fussent plus vendeus quel ne
monte la somme prestée, le surplus st"¡a rendu '
au débiteur comme luy appartenant., qui lui
sera signifié au temps du prest et mis dans
l'obligation qui en sera faicte, afin qu'il ne je
puisse ignorer. Lors qu'il rapportera I'arge::t
dans le terme, on luy rendra tous ses gagés
sans aucune diminution et sans qu'on puisse
exiger aucune autre chose de luy que les dits
gages, si ce n'est qu'il y eust eu qne!au' s
frais nécessaires pour quelques actes de jus-
tice qui seront remboursés.
» to Que le terme du prest ne sera jamais
plus long que six mois et l'on prendra biui
garde que le débiteur ne fasse emprunter au
bout du terme une pareille somme ou antre
par quelqu'un de ses amis ; d'autant que P;H'
ce-moyen une mes rne personne pourrait reii -
mr la somme prestée pendant toute sa vie d.
seroit cause qu'on ne pourroit pas secourir
les nécessités des autres.
1) 40 Qu'on ne prestera qu'à des pauvre-, .:1;
qui n'exclut pas ceux qui ont quelque bien
comme sont les paysans, laboureurs et ar-
tisans qui. quoy qu'ils ayent du bien, u<;
pourroint pas, dans leur nécessité, facilement
trouver de l'argenHà l'heure, ou ne le pou; -
raint qu'en ^■nda'ht leur bien ou l'engageani,
ou payant un gros inthéret. Ledit mont'estant
principalement estably pour ceste sorte da
personnes, sil y en avoit mesme de quelque
honneste condition, quon sû estre dans une
nécessité, qui ne peut estre autrement sou-
lagée, on pourroit leur prester avec les mesmes
conditions qu'aux autres, devant, dans cent
estat, estre considérés comme pauvres et ua
subjet digne de charité.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXVI
1\ 0 92 LES
i- nomme gris, que nous .ippc-iiu-ons. monsieur
Simouns, toutes les fois qlÚl portera l'uniforme
j do-policeuian, se mit à questionner la jeune
; • Vous paraissez souilhulto, mon enfant,
- dit-il, -
V<:3ir le û'ùiîiérodu Ï5 novembre.
!
I
Elle leva les yeux au ciel et ne répondit pas.
M. Simouns lui glissa dans la main une demi-
couronne.
Alors ce visage pâle et hâve s'éclaira d'une
• joie suprême.
— Ah! dit la jeune une, nous aurons donc du
pain aujourd'hui, mon père et moi.
M. Simouns se, tourna vers le gouverneur de
la prison :
— Je supplie Votre Honneur, dit-il, de se
montrer patient et de se souvenir de ce pro-
verbe, que les petites causes amènent les grands
eiiets.
— Faites tout ce que vous voudrez, répondit
le gouverneur.
Alors M. Simouns dit à la jeune fille :
— Est-ce que vous habitez cette maison,votre
père et vous ?
— Oui, monsieur; c'e:::t-i!-ùÍrc, ajoata-t-elle,
cette maison est à fin de bai!, et le lord a qui
le terrain appartient, va la l'aire démolir, parce
qu'elle est vieille et çu'on dit qu'elle peut s'é-
crouler au premier jour. Tout le monde s'en est
allé, excepté nous. Mon père est vieux et in-
nrm?, et l'hiver est bien dur. Comme nous ne
savions pas où aller, nous sommes restés.
— A quel étage ?
— Au deuxième.
M, Sirnouns? se pencha vers le gouveraear.
' — C'est d'une fenêtre de cette maison, dit-il,
qu'on a dû lancer la corde dans.le préau.
— Je le crois aussi, répondit le gouverneur.
Le prétendu agent de police continua à inter-
roger la jeune fille.
— Ainsi, dit-il, il n'y a que votre père et
vous dans cette maison ?
'— Oui, monsieur, mais il y est venu du
monde la nuit dernière.
— Ah ! ;îI(
— On a même fait un tapage infernal et j'ai
eu bien peur, je vous jure.
— A quel endroit de fa maison a-t-on fait ce
tapage?
i — Juste au-dessus de nous.
— Il y avait beaucoup de monde ?
— Deux hommes et deux femmes. Une des
deux femmes s'appelait Suzànnah.
. Le gouverneur tressaillit.
— Mon enfant, dit M. Simouns, puisque vous
êtes misérables, votre père et vous, je ne pense
pas que vous refusiez de gagner honnêtement
une petite somme d'argent.
Des larmes brillèrent dans les yeux de la
jeune fille :
— Ah' monsieur, dit-elle, que faut-il faire?
— Nous dire tout ce que vous avez entendu
cette nuit?
En même temps, M. Simouns tira de sa poti;e
une belle guinée toute neuve.
De pâle qu'elle était, la jeune tille devint
toute rouge.
— EnLron¡:: dans la maison, dit M. Simouns.
. Et il se dirigea vers l'escalier, suivi du gou-
verneur et de la jeune (ille.
Au deuxième étage, ils trouvèrent une porte
entr'ouwrte et ils aperçurent u;i vieillard cou-
ché sur un amas de vieille p.-iili.;'.
— C'est moifpère; dit-elie.
M. Simouns continua à muni.er.
A l'étage supérieur, il y avait une autre porte
ouverte.
M. Simouns entra. , .
La corde Ü, nœuds avait été retirée de la fe-
nêtre, mais elle était enroulée sur le sol.
— Ycus voyez, dit M. Simouns en se tour-
na.nt vers le gouvpnieur, que je ne m'étais pas
trompé.
Tuis, s'adressant encore une fois à la jeune
une :
— C'est ici, n'est-ce pas, qu'on a fait du
bruit? j
— Oui, monsieur. Les femmes sont venues d'a-
bord dans la, soirée, puis un homme qui portait
un Uniforme, pa3 comme vous, co&uaelstf
gardiens de Bath square. - • 1
' — A-h" waisîîaaï?
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