Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-03
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 février 1868 03 février 1868
Description : 1868/02/03 (A3,N655). 1868/02/03 (A3,N655).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717657s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN l " ~
& cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un M.
Paris......... • ô fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. O 11
Administrateur : E. DELSAUX. et
• 'i
3Uie année. — I.UNDI " 3 FEVRIKlt i — ?:• #55
# '
N
|| ^ ... m
Dtfect€Mr-PropWe
Rédacteur en chef: A. DE BALAT HIER BRAGELONNE.
' BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, l'iae .'011104.
A.DMiNis'siiATtcui : 13, place Breda.
PARIS, 2 FEVRIER 1868
LES BUREAUX DE PLACEMENT
Un pauvre diable d'acteiiK^de province,/
dont le directeur avait fait faillit&,--après^Hle
année de jeûne, arriva à Paiis' OOPMM.fle
tout, mais bien décidé à trouver une..profes-
sion plus lucrative que celle de comédien.
Il avait une 'belle éeriture. Il pensa tout d'a-
bord qu'une place de secrétaire serait son fait.
Il alla frapper à la porte d'un bureau,de pla-
cement, où, moyennant cent sous payés d'a-
vance, on promit de lui trouver ce qu'il dési-
rait.
Quand, au bout de huit jours. notre acteur
revint pour ia quinzième fois demander des
.'ion voiles de son secrétariat, l'homme du bu-
reau de placement Imi offrit une place de pion
dans l'institution Troubat, à Bordeaux. Le
voyage était aux frais du titulaire.
Je tiens à rester à Paris, dit ce der-
cicr.
— A Paris, nous n'avons qu'une plaoe de
teneur de livres.
— Je ne sait'; pas la tenue des livres.
— Nous avons bien encore une place de
c:':i?>ier. Mais il faut un, cautionnement.
— En ce cas, monsieur, veuillez me ren-
dre rms cent sous.
— Plaît-il?
-' Je vous demande les cent sous, que je
vous ai remis, il y a huit jours, à la condition
:]u«'. vous me trouviez une place. -
— Je vous en ai trouvé trois.
— Ouiauetme «e-me convient.
— Ce n'est pas ma faute ; je chercherai de
nouveau.
' — C'est inutile. Je ne reviendrai plus.
— Alors, Monsieur, permettez-moi «i mon
tour (je vous réclamer un franc, différence
la petite somme déposée et les ports
-le i:.'t:!'cs que j'ai payés à votue intention.
— Je n'ai pas d-e monnaie.
Quand l':1cVm fut dans la rue :
/ — Ces cent sous m'auraient été for.t utiles,
se dit-il. vuevfaire? Ce matin, quand je suis
alh' chez un avoué demander des rôles à co-
pier. le premier clerc m'a demandé mes pa-
pit.l':". Pour être commissionnaire, il faut une
' 4*.
-médaille ; pour remuer de la terre avec une
pelle, un livret l
>» Le comédien vendit son gilet, le mangea,.
ÓJ; comprit qu'on pouvait à la: longue mourir
de faim,à Paris. a
j Quand il rentra à l'hôtel, le garçon lui dit
Au'en vertu d'un nouveau règlement les loca-
taires devraient à'l'avenir payer chaque jour
le loyer de leur chambre.
— Voilà! dit l'artiste en domMftït J® -Tester
de son gilet, demain j'irai loger dans un
.hôtel du faubourg Saint-Germa-m./
Le lendemain, il entra dans le théâtre qu'il
trouva sur sa route, força la porte du direc-
teur, et sollicita une place dt figurant.
— Faites-vous inscrire à la régie, dit le
directeur.
Le comédien se fit inscrire. Il était le tren-
tième 1
/ Pris d'une rage froide, il fit successi-
vement tous les théâtres. Rien.
Ses "cheveux lui entraient dans la tête,
comme autant d'épingles.
— Est-ce que je vais devenir fou?
Une voix intérieure lui cria :
— Les soldats mangent.
Il courut place Vendôme, à l'Etat-Maj&r,
pour s'engager.
— Votre extrait de naissance?
Il sortit en chancelant.
— J'ai le temps de mourir avant qu'il so.it
arrivé.
/ 5
L'acteur se dit que la province était déci-
dément plus hospitalière que Paris.
— Allons, je-vois qu'il faut faire encore un
an de province.
En"'COns??frf0W?fe'fîriS^ frapper à la porte
des agents dramatiques.
Encore des bureaux de placement.
Partout il reçut la même réponse : — les
troupes d'été étaient au complet; il fallait
attendre septembre pour entrer dans une
troupe d'hiver.
— Eh ! je ne puis attendre septembre ! cria
le malheureux au dernier agent.
L'industriel se connaissait en désespoirs
— Si c'est comme Ç1, répondit-i), il y a un
moyen de s'arrangea. J'ai reçu une lettre de
la Guadeloupe. On me demande un cornet à
pistons...
— Mais je ne sais pas je-uer du cornet 1
— Tous apprendrez pendant la traversée. ;
Il n'y a que l'embouchure de difficile. Le
reste n'est rien. On souffle. Pf! Pf! Pf! —
* .V»
L'acteuftaccepta. f
Trois Joftrs après il s'embarquait au Havre. j
;^"'£ou.t4*lm mois, l'agent apprit que le vais- j
seau avait fait naufrage et que ceux qu'il por- 1
tait avaient péri; - I
i
GeUèjfeljiâ histoire peut servir de début, à
tBàrgaj isurîes bureau^ de|h
Je ne>âuis pas partisan de ces bureaux.
,Sui'\laJtt naoiy fous les gens, exerçant un
corps a'état,. devraient faire partie d'une so-
ciété, et je siège de cette société serait celui
de J'ageftce de placement. Que si une seute
agencerait ms-ulfisante, dansune ville comme
Paris, il serait facile d'établir des succur-
sales. &
Àinsi^je prends pour exemple les coiffeurs..
Qui eip|êch§rait un patron par q-uartier d'a-
voir un registre à souche, et de remplir gra-
tuitement, ou tout au moins pour une
somme!'extfèuwment minime, les fonctions
des quatre ou cip^ajgents épars dans la
ville? L : ,t. '
I; Une Ipciété est un intermédiaire exceUent,
^car elirfjoffVe des garanties. Po.ur en faire à
partie,if faut être présenté par deux parrains.
. Ces parrains répondent de là moralité de leur
filleul. Ils ne sauraient en répondre à la lé-
gère. Fine fois admis, le nouveau- membre
fait, potir ainsi dire, pal'tic-d'une-'famille, Ses
actions sont connues, pesées par un.tribunal
paternel. Les-"maîtres ou les patrons qui
viendront, au siège de la société, chercher un
domesëque ou un employé, pourront être
t?om,péfe pur sa capacité, mais ils ne le seront
pas sup son honnêteté.
Je sais bien que les bureaux de placement
exigent les états de service de leurs clients,
et un certificat attestant leurs bonnes mœurs.
Mais, à entendre les conversations échan-
gées dans la salle d'attente de ces bureaux,
il est difficile de croire aux bonnes moeurs
des certificats. Le vol et la mauvaise conduite
y sont souvent préconisés en riant. De vieilles
cuisinières y apprennent aux jeunes les cent
façü:ls' de faire danser l'anse du panier, et
des garçons de café racontènt comment ils
exploitent les clrents à des valets de-chambre,
qui fument les cigares de leurs ma.1tres, et à
des cochers, qui boivent le foin de leurs che-
vaux.
Parfois, un guichet s'ouvre, et des Jhialo-
: goes cyniques s'engagent entre le commis du, .
bureau et un de ses clients ou une de 4
clientes.
Le commis. - Vous est-il égal d'aller à la
cafmpagne?
La cuisinière. — Tout à fait. Combien de
personnes à servir?
^ Le commis,.. —.Une dame seule.
1 La cuisinière, - Pas de manT
Le commis. — Non.. *
La cuisinière. — Alors, n'en partons plus.
Je ne voudrais pas qu'on allât plus ioira
que ma pensée.
Les sociétés seraient de meilleurs interne-
diaires que les bureaux de placement. Mais,.
en attendant leur action à venir, les bu-
reaux de placement sont utiles.
Pour tenir ces bureaux, il faut une autori-
sation de la préfecture de police.
Le titulaire''doit avoir un registre paraphé
à chaque page par le commissaire de police
Nou par le maire.
Il lui est interdit d'afficher des places qu'il
n'a pas mandat de procurer.
Toutes ces .précautions sont prises dans
l'intérêt du public.
La retenue prélevée sur le gain des gens
placés est, il faut le reconnaître aussi, asv-a
minime. Pour les gens de maison, cette rete-
nue va de deux et demi à cinq pour cent sur
le montant des gages d'une année. -
i Les ouvriers appartenant à un corps d'état
| ne payent le plus souvent qu'un droit iiXe,
i qui va de deux à six francs.
i
On lit dans l'almanach Bottin :
* Mademoiselle *** (fille d'un anéicn vm-
ghdmt,) dirige un bureau pour employés*,
institutrices et professeurs. » " . ' ; ■
•f
On y lit encore :
- c Monsieur * * fournit des dames de comp-
toir et des demoiselles de magasin. II
Un certain nombre de bureaux de place-
mont sont en même temps des bureaux de
renseignements et des agences autorisées
pour la vente des fonds de commerce
ROCAMBOLE
mess=""N° 86 LES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XX
L'homme gris se disait, pendant que ie sa-
'cristai;) portait sa lanterne au ras de terre et en
projetait la lueur sur les tombes :
— Si c'est la femme que je crois, il faudra
bien que lord Palmure devienne, entre n:es
, .Voirie jauttiéro du 22 novembre.
mains, un instrument docile, et je combattrai
miss Ellen à armes égales.
Après quelques minutes de recherche, le sa-
cristain s'arrêta :
— 0e doit être là, dit-il.
L'homme gris prit la lanterne dos mains du
sacristain et rapprocha d'une pierre étroite et
hau-te,sur laquelle on avait gravé ces mots :
ICI REPOSE
DICK HARRIS80N
MORT D'AMOIR A L'AGE DE VINGT ANS
— Et c'est sur cette tombe que vient s'age-
nouiller cette femme ? dit l'homme gris.
— Oui, monsieur.
L'inscription tumulaire ne portait aucune date.
Cependant la pierre n'était pas encore couverte
de cette mousse grisâtre dont le temps tisse la.
livrée des tombeaux.
— Depuis quand cette tombe est-elle creu-
sée? demanda l'homme gris.
— Comment voulez-vous que je le saclie,
monsieur? répondit le sacristain. On enterre
Ici tous les dimanches plusieurs personnes à la
fois. Bien que ce chimp de repos ne renferme
j que des catholiques, tous ne sont pas de notre
paroisse.
I 11 y a des paroisses àaas Londres uui n'ont
pas d'église de notre culte, il y en a même beau-
coup. li advient donc que le dimanche, de très-
grand matin, il nous arrive jusqu'à dix et quinze
cercueils de différents points de la ville, accom-
pagnés d'un prêtre, sous les yeux duquel on
leur donne la sépulture
Et puis, voyez-vous, je suis vieux et je n'ai
pas beaucoup de mémoire.
Ensuite, l'administration du cimetière, bien
qu'fl touche à l'église, ne me regarde pas. Cela
fait que je ne m'en occupe guère autrement que
pour ouvrir la griHe; chaque matin, quand j'ai
so.m>é l'angelus.
Cependant, la ténacité, la régularité de cette
femme m'a frappé, et j'en ai parlé à l'abbé Sa-
muel, lorsqu'il est venu hier.
— C'est bien, mon ami, dit l'homme gris, je
sais ce que je voulais savoir. .
Et il fit un pas de retraite.
Mais, au lieu de se diriger vers la grille du
cimetière, il reprit le cliemi > de la peti'te porte
qui donnait acce3 dans l'église, au grand étonne-
ment du vieillard, qui lui dit :
— Est-ce que v,)us voulez revoir la personne
que vous m'avez amenée?
— Non, dit l'homme gris.
Et il entra dans l'église.
. — Mon ami, dit-il- alors, je désire attendre ici
l'bfturti r,,, *'c.Ufvfemme vient.
Il se dirigea vers le confessionnal qui se trou-
vait au milieu de l'église, y entra, s'enveloppa
dans son manteau, et y chercha la position la
plus commode pour dormir.
Le sacristain savait qu'il avait affaire à un
homme tout puissant dans ce parti mystérieux,
à la tête duquel était l'abbé Samuel.
Il s'inclina donc, se bornant à dire :
— Devrai-je vous éwiller?
— Oui, quand vous sonnerez rangellls...
Llhomme pris se couvrit. la tête d'un pan de
con manteau. •
Le sacristain s'en alla après avoir fermé soi-
gneusement les portes de t 'é,,Itse.
Plusieurs heures s'écoulèrent, et la nuit tout,
entière.
Les gens Alui passaient au-dehors et regar-
daient l'église Saint-Géorge. n'a se fussent
guère doutés qu'elle abrilait quatre personnes,
I tant elle flit silencieuse jusqu'au m -ILin.
! L'homme gris dormait.
j Enfin une lueur brilla dans le fond du chœur
et vint frapper la grille de bois du confes-
sionnal. /
L'homme gris s'éveilla. - »
Il vit le vieillard, la lanterne à la main,S(;ftant
de la sacristie, où il avait passé la nuit sui iuie
chaise, se diriger vers la porte du clocher.
1 ■ Une seconde aurès. i'anealus tiaia.
JOURNAL QUOTIDIEN l " ~
& cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un M.
Paris......... • ô fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. O 11
Administrateur : E. DELSAUX. et
• 'i
3Uie année. — I.UNDI " 3 FEVRIKlt i — ?:• #55
# '
N
|| ^ ... m
Dtfect€Mr-PropWe
Rédacteur en chef: A. DE BALAT HIER BRAGELONNE.
' BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, l'iae .'011104.
A.DMiNis'siiATtcui : 13, place Breda.
PARIS, 2 FEVRIER 1868
LES BUREAUX DE PLACEMENT
Un pauvre diable d'acteiiK^de province,/
dont le directeur avait fait faillit&,--après^Hle
année de jeûne, arriva à Paiis' OOPMM.fle
tout, mais bien décidé à trouver une..profes-
sion plus lucrative que celle de comédien.
Il avait une 'belle éeriture. Il pensa tout d'a-
bord qu'une place de secrétaire serait son fait.
Il alla frapper à la porte d'un bureau,de pla-
cement, où, moyennant cent sous payés d'a-
vance, on promit de lui trouver ce qu'il dési-
rait.
Quand, au bout de huit jours. notre acteur
revint pour ia quinzième fois demander des
.'ion voiles de son secrétariat, l'homme du bu-
reau de placement Imi offrit une place de pion
dans l'institution Troubat, à Bordeaux. Le
voyage était aux frais du titulaire.
Je tiens à rester à Paris, dit ce der-
cicr.
— A Paris, nous n'avons qu'une plaoe de
teneur de livres.
— Je ne sait'; pas la tenue des livres.
— Nous avons bien encore une place de
c:':i?>ier. Mais il faut un, cautionnement.
— En ce cas, monsieur, veuillez me ren-
dre rms cent sous.
— Plaît-il?
-' Je vous demande les cent sous, que je
vous ai remis, il y a huit jours, à la condition
:]u«'. vous me trouviez une place. -
— Je vous en ai trouvé trois.
— Ouiauetme «e-me convient.
— Ce n'est pas ma faute ; je chercherai de
nouveau.
' — C'est inutile. Je ne reviendrai plus.
— Alors, Monsieur, permettez-moi «i mon
tour (je vous réclamer un franc, différence
la petite somme déposée et les ports
-le i:.'t:!'cs que j'ai payés à votue intention.
— Je n'ai pas d-e monnaie.
Quand l':1cVm fut dans la rue :
/ — Ces cent sous m'auraient été for.t utiles,
se dit-il. vuevfaire? Ce matin, quand je suis
alh' chez un avoué demander des rôles à co-
pier. le premier clerc m'a demandé mes pa-
pit.l':". Pour être commissionnaire, il faut une
' 4*.
-médaille ; pour remuer de la terre avec une
pelle, un livret l
>» Le comédien vendit son gilet, le mangea,.
ÓJ; comprit qu'on pouvait à la: longue mourir
de faim,à Paris. a
j Quand il rentra à l'hôtel, le garçon lui dit
Au'en vertu d'un nouveau règlement les loca-
taires devraient à'l'avenir payer chaque jour
le loyer de leur chambre.
— Voilà! dit l'artiste en domMftït J® -Tester
de son gilet, demain j'irai loger dans un
.hôtel du faubourg Saint-Germa-m./
Le lendemain, il entra dans le théâtre qu'il
trouva sur sa route, força la porte du direc-
teur, et sollicita une place dt figurant.
— Faites-vous inscrire à la régie, dit le
directeur.
Le comédien se fit inscrire. Il était le tren-
tième 1
/ Pris d'une rage froide, il fit successi-
vement tous les théâtres. Rien.
Ses "cheveux lui entraient dans la tête,
comme autant d'épingles.
— Est-ce que je vais devenir fou?
Une voix intérieure lui cria :
— Les soldats mangent.
Il courut place Vendôme, à l'Etat-Maj&r,
pour s'engager.
— Votre extrait de naissance?
Il sortit en chancelant.
— J'ai le temps de mourir avant qu'il so.it
arrivé.
/ 5
L'acteur se dit que la province était déci-
dément plus hospitalière que Paris.
— Allons, je-vois qu'il faut faire encore un
an de province.
En"'COns??frf0W?fe'fîriS^ frapper à la porte
des agents dramatiques.
Encore des bureaux de placement.
Partout il reçut la même réponse : — les
troupes d'été étaient au complet; il fallait
attendre septembre pour entrer dans une
troupe d'hiver.
— Eh ! je ne puis attendre septembre ! cria
le malheureux au dernier agent.
L'industriel se connaissait en désespoirs
— Si c'est comme Ç1, répondit-i), il y a un
moyen de s'arrangea. J'ai reçu une lettre de
la Guadeloupe. On me demande un cornet à
pistons...
— Mais je ne sais pas je-uer du cornet 1
— Tous apprendrez pendant la traversée. ;
Il n'y a que l'embouchure de difficile. Le
reste n'est rien. On souffle. Pf! Pf! Pf! —
* .V»
L'acteuftaccepta. f
Trois Joftrs après il s'embarquait au Havre. j
;^"'£ou.t4*lm mois, l'agent apprit que le vais- j
seau avait fait naufrage et que ceux qu'il por- 1
tait avaient péri; - I
i
GeUèjfeljiâ histoire peut servir de début, à
tBàrgaj isurîes bureau^ de|h
Je ne>âuis pas partisan de ces bureaux.
,Sui'\laJtt naoiy fous les gens, exerçant un
corps a'état,. devraient faire partie d'une so-
ciété, et je siège de cette société serait celui
de J'ageftce de placement. Que si une seute
agencerait ms-ulfisante, dansune ville comme
Paris, il serait facile d'établir des succur-
sales. &
Àinsi^je prends pour exemple les coiffeurs..
Qui eip|êch§rait un patron par q-uartier d'a-
voir un registre à souche, et de remplir gra-
tuitement, ou tout au moins pour une
somme!'extfèuwment minime, les fonctions
des quatre ou cip^ajgents épars dans la
ville? L : ,t. '
I; Une Ipciété est un intermédiaire exceUent,
^car elirfjoffVe des garanties. Po.ur en faire à
partie,if faut être présenté par deux parrains.
. Ces parrains répondent de là moralité de leur
filleul. Ils ne sauraient en répondre à la lé-
gère. Fine fois admis, le nouveau- membre
fait, potir ainsi dire, pal'tic-d'une-'famille, Ses
actions sont connues, pesées par un.tribunal
paternel. Les-"maîtres ou les patrons qui
viendront, au siège de la société, chercher un
domesëque ou un employé, pourront être
t?om,péfe pur sa capacité, mais ils ne le seront
pas sup son honnêteté.
Je sais bien que les bureaux de placement
exigent les états de service de leurs clients,
et un certificat attestant leurs bonnes mœurs.
Mais, à entendre les conversations échan-
gées dans la salle d'attente de ces bureaux,
il est difficile de croire aux bonnes moeurs
des certificats. Le vol et la mauvaise conduite
y sont souvent préconisés en riant. De vieilles
cuisinières y apprennent aux jeunes les cent
façü:ls' de faire danser l'anse du panier, et
des garçons de café racontènt comment ils
exploitent les clrents à des valets de-chambre,
qui fument les cigares de leurs ma.1tres, et à
des cochers, qui boivent le foin de leurs che-
vaux.
Parfois, un guichet s'ouvre, et des Jhialo-
: goes cyniques s'engagent entre le commis du, .
bureau et un de ses clients ou une de 4
clientes.
Le commis. - Vous est-il égal d'aller à la
cafmpagne?
La cuisinière. — Tout à fait. Combien de
personnes à servir?
^ Le commis,.. —.Une dame seule.
1 La cuisinière, - Pas de manT
Le commis. — Non.. *
La cuisinière. — Alors, n'en partons plus.
Je ne voudrais pas qu'on allât plus ioira
que ma pensée.
Les sociétés seraient de meilleurs interne-
diaires que les bureaux de placement. Mais,.
en attendant leur action à venir, les bu-
reaux de placement sont utiles.
Pour tenir ces bureaux, il faut une autori-
sation de la préfecture de police.
Le titulaire''doit avoir un registre paraphé
à chaque page par le commissaire de police
Nou par le maire.
Il lui est interdit d'afficher des places qu'il
n'a pas mandat de procurer.
Toutes ces .précautions sont prises dans
l'intérêt du public.
La retenue prélevée sur le gain des gens
placés est, il faut le reconnaître aussi, asv-a
minime. Pour les gens de maison, cette rete-
nue va de deux et demi à cinq pour cent sur
le montant des gages d'une année. -
i Les ouvriers appartenant à un corps d'état
| ne payent le plus souvent qu'un droit iiXe,
i qui va de deux à six francs.
i
On lit dans l'almanach Bottin :
* Mademoiselle *** (fille d'un anéicn vm-
ghdmt,) dirige un bureau pour employés*,
institutrices et professeurs. » " . ' ; ■
•f
On y lit encore :
- c Monsieur * * fournit des dames de comp-
toir et des demoiselles de magasin. II
Un certain nombre de bureaux de place-
mont sont en même temps des bureaux de
renseignements et des agences autorisées
pour la vente des fonds de commerce
ROCAMBOLE
mess=""N° 86 LES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XX
L'homme gris se disait, pendant que ie sa-
'cristai;) portait sa lanterne au ras de terre et en
projetait la lueur sur les tombes :
— Si c'est la femme que je crois, il faudra
bien que lord Palmure devienne, entre n:es
, .Voirie jauttiéro du 22 novembre.
mains, un instrument docile, et je combattrai
miss Ellen à armes égales.
Après quelques minutes de recherche, le sa-
cristain s'arrêta :
— 0e doit être là, dit-il.
L'homme gris prit la lanterne dos mains du
sacristain et rapprocha d'une pierre étroite et
hau-te,sur laquelle on avait gravé ces mots :
ICI REPOSE
DICK HARRIS80N
MORT D'AMOIR A L'AGE DE VINGT ANS
— Et c'est sur cette tombe que vient s'age-
nouiller cette femme ? dit l'homme gris.
— Oui, monsieur.
L'inscription tumulaire ne portait aucune date.
Cependant la pierre n'était pas encore couverte
de cette mousse grisâtre dont le temps tisse la.
livrée des tombeaux.
— Depuis quand cette tombe est-elle creu-
sée? demanda l'homme gris.
— Comment voulez-vous que je le saclie,
monsieur? répondit le sacristain. On enterre
Ici tous les dimanches plusieurs personnes à la
fois. Bien que ce chimp de repos ne renferme
j que des catholiques, tous ne sont pas de notre
paroisse.
I 11 y a des paroisses àaas Londres uui n'ont
pas d'église de notre culte, il y en a même beau-
coup. li advient donc que le dimanche, de très-
grand matin, il nous arrive jusqu'à dix et quinze
cercueils de différents points de la ville, accom-
pagnés d'un prêtre, sous les yeux duquel on
leur donne la sépulture
Et puis, voyez-vous, je suis vieux et je n'ai
pas beaucoup de mémoire.
Ensuite, l'administration du cimetière, bien
qu'fl touche à l'église, ne me regarde pas. Cela
fait que je ne m'en occupe guère autrement que
pour ouvrir la griHe; chaque matin, quand j'ai
so.m>é l'angelus.
Cependant, la ténacité, la régularité de cette
femme m'a frappé, et j'en ai parlé à l'abbé Sa-
muel, lorsqu'il est venu hier.
— C'est bien, mon ami, dit l'homme gris, je
sais ce que je voulais savoir. .
Et il fit un pas de retraite.
Mais, au lieu de se diriger vers la grille du
cimetière, il reprit le cliemi > de la peti'te porte
qui donnait acce3 dans l'église, au grand étonne-
ment du vieillard, qui lui dit :
— Est-ce que v,)us voulez revoir la personne
que vous m'avez amenée?
— Non, dit l'homme gris.
Et il entra dans l'église.
. — Mon ami, dit-il- alors, je désire attendre ici
l'bfturti r,,, *'c.Ufvfemme vient.
Il se dirigea vers le confessionnal qui se trou-
vait au milieu de l'église, y entra, s'enveloppa
dans son manteau, et y chercha la position la
plus commode pour dormir.
Le sacristain savait qu'il avait affaire à un
homme tout puissant dans ce parti mystérieux,
à la tête duquel était l'abbé Samuel.
Il s'inclina donc, se bornant à dire :
— Devrai-je vous éwiller?
— Oui, quand vous sonnerez rangellls...
Llhomme pris se couvrit. la tête d'un pan de
con manteau. •
Le sacristain s'en alla après avoir fermé soi-
gneusement les portes de t 'é,,Itse.
Plusieurs heures s'écoulèrent, et la nuit tout,
entière.
Les gens Alui passaient au-dehors et regar-
daient l'église Saint-Géorge. n'a se fussent
guère doutés qu'elle abrilait quatre personnes,
I tant elle flit silencieuse jusqu'au m -ILin.
! L'homme gris dormait.
j Enfin une lueur brilla dans le fond du chœur
et vint frapper la grille de bois du confes-
sionnal. /
L'homme gris s'éveilla. - »
Il vit le vieillard, la lanterne à la main,S(;ftant
de la sacristie, où il avait passé la nuit sui iuie
chaise, se diriger vers la porte du clocher.
1 ■ Une seconde aurès. i'anealus tiaia.
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