Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-02
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 février 1868 02 février 1868
Description : 1868/02/02 (A3,N654). 1868/02/02 (A3,N654).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717656c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
S tent. le - numéro - '
JOURNAL QUOTIDIEN
S cent. le numéro 1
ABONNEMENTS. — Trois^mois. six mois. un &*. ' ?
Paris 5 fr. 9 fr. IL 8 fri
Départements .. C At
1 1 Administrateur : E. BELSAÛt. , :
3me année. — DIMANCHE % FEVRIER 1868. — N° 654
Directeur-Proprié taire : JAUNI N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER B&AGEL,ONÏ*E.
BUREAUX D',kBONriElIE14T : 9, rue Drouot. - , ,
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 1er FÉVRIER 1868.
L'ART DE VIVRE CENT ANS
Une pensionnaire de laN^^éfe^fe-^ièr^
de mourir. iJt V - .s
Elle avait cent quatre ans. —
C'était une 'Belge, une Bruxelloise. Toute
leune, ellgevait suivi; comme vivandière, un
régiment de la Grande-Armée.
Elle avait fait la campagne de Russie et
s'étaittrouvée à Waterloo,..
Jusqu'au dernier moment, elle a conservé
ses facultés et ses habitudes.
Chaque matin,ce grognard en jupon fumait
sa pipe; après quoi, gai et bien portant, il se
livrait aux irçenues occupations .qe la jour-
née. * "
Les centenaires sont infiniment moins
rares qu'on pourrait le supposer.
Dans un livre publié il ly a une quinzaine
d'années, l'Art de prolonger la vie et de con-
server la santé, on trouve un tableau de cinq
cents centenaires, classés 4iqsi par profes-
SlOns : __ '
72 prêtres, évêques, religieux ou reli-,
gicuses;
3i anciens soldats;
29 journaliers; ;
21 MÉDECINS ; - .... "
16 mendiants; , j
13 hommes d'Etat ;
12 vignerons; « r sj
10 savants; 5
9 bergers ; {
9 ermites ;
9. domestiqueg:
8 femmes du monde;
8 jardiniers; •'
8 hommes de lettres;
5 avocats;
6 administrateurs (de quoi? — Le livre ne
;.e dit pas...)
6 maçons ;
6 magistrats ;
6 menuisiers ;
5 professeurs de théologie ;
• 5 gentilshommes ;
5 matelots ;
5 maréchaux-ferrants ;
4 tailleurs; . ' *
4 armuriers ; - ;
4 boulangers ; • u: ;
4 sages-femmes; '
14 orfèvres; ,
4 ouvriers mineurs; ....... ■ <
4 tonneliers ;
3 SOUVERAINS ;
3 généraux d'armée; '■
3 marchands bn 'plein . an* ?
3 selliers;
3 instituteurs ; ;..
3 pêcheurs ;
3 cordiers; '
2 scieurs de long;
2 cordonniers ;.
2 notaires;
2 bourreliers;
2 chapeliers ;
2 perruquiers ;
2 peintres ;
2 colporteurs; ,
2 tapissiers ;
1 vitrier ; .
1 tanneur ; y J ... ,
1 luthier; • _ • *
1 imprimeur;
4 cloutier ; • ' •
1 acteur ;
i brodeuse ; .... '
1 couvreur ;
1 fabricant de chandelles;
1 drapier;
. 1 tisserand ; 1 '
58 personnes, ayant fait plusieurs métiers
ou occupé plusieurs emplois.
!ï
[ Dans cette longue énumération, remarquez
Ï que les prêtres, les cultivateurs et les soldats
tiennent la tète. C'est qu'en général ceux qui
: exercent ces professions vivent sobrement, en
^ plein air, et se couchent de bonne heure.
Se coucher de bonne heure et dormir beau-
coup est en effet, suivant les spécialistes, le
moyen de vivre longtemps. Nombre d'exem-
ples illustres viennent à l'appui dé cette
thèse.
Fontenelle, qui vécut cent ans moins un
jour, se couchait à neuf heures, tous les soirs.
C'était un causeur charmant. Un soir, comme
il prenait congé, à son heure habituelle, d'une
société qui l'écoutait avec un plaisir infini, on
voulut le retenir.
— Cette nuit, lui dit-on, on doit mettre le
feu au Palais-Royal, où vous demeurez.
— Bon Il répondit Fontenelle, dans ce cas,
on m'éveillera. ,
Et il s'en alla dormir tranquillement.
Le lendemain,il s'éveilla à1luit heures,ou-
vrit sa fenêtre,et dit gaiement : - Ah 1 le feu !
n'a pas été mis de ce côté-ci.
VgUairé^ qui a vécu quatre-vingt-quatre '
ans, et qui a écrit pendant soixante-huit, se
couchait aussi de bonne heure.
Parmi les grands dormeurs contemporains,,
on peut citer le maréchal Spult, qui, à quatre-
vingts ans, avait gardé toute la vivacité de la
jeunesse ; et M. de Lamartine, qui se met au
lit deux heures après son dîner, pour se lever
il est vrai, \h cinq heures du matin.
Quel est donc l'académicien, octogénaire
et poli, qui, parlant de Lamartine, disait :
« Ce jeune pocte!... » Il y a seize ans de
cela ; l'auteur des Méditations avait soixante
ans. J
Qui ne connaît la théorie de M. Flourens?
La vie 4 divise en six périodes.
Un chenal atteint, à quatre ans, le terme
de sa croissance , et sa vie normale est de
j vingt-quatre ans.
' En coi^équence, l'homme, qui est fait à
vingt ans, doit en vivre cent vingt.
Il suffit, pour cela, de savoir ménager sa
vie avec autant de soin'que son refitm.
C'était Ifavis de l'empereur TiKèfe et du
docteur BoÏrhaave.,
Tibère disait qu'un homme, à vingt-cinq
ans, devait, s'il avait de la raison, connaître.
assez eoà*rnpéranient pénètre son propre
médecin. Il eût sans doute vécu centenaire s'il
ne se fut livré à des excès, qui le tuèrent à
l'âge respectable de soixante-douze ans.
Boerhaave, en mourant, avait laissé un
livre cacheté, que l'on devait vendre ainsi,
et qui avait pour titre, sur son enveloppe :
Livre des secrets du docteur Boerhaave.
Quelqu'un l'acheta à grand prix, l'ouvrit,
et n'y trouva que des feuillets blancs, à
l'exception du premier, sur lequel étaient
écrits ces mo'ts :
« Ayez toujours la tête fraîche, les pieds
chauds, le ventre libre; vous pourrez vous
moquer des médecins. »
Traduction*. N'ayez pas de passion; évitez
tout excès dans le boire et dans le manger, et
faitès de l'exercice, car l'inaction refroidit les
extrémités.
Tout l'art de vivre longtemps est contenu ,
dans ces mots. i
Fénelon a dit quelque part :
f Que celui qui veut vivre un an de plus
se retfanche tous les jours deux heures de
sommeil; au . bout de douze ans, r aura. *
gagné un an de vie active. » ' '
Le mot de Fénelon est celui de presque1 .'
toutes les existences contemporaines. ;
Si l'on fait en un an^ce qu'on eût fia au-
trefois dix ans à faire, en mourant à q arante ' !
ou cinquante ans,oii a plus vécu qu'un cente- ' -
naire. - - • -
Presque tous les hommes d'action sont ■
morts jeunes. Alexandre avait trerne-deux
ans; Clovis, quarante-cinq; Napoléon, cin-
quante-deux...
Le livre, auquel j'ai pris le titre de cette
causerie et emprunté la plupart de ces 'étails,
a pour auteur un excellent chrétie' , M. le
docteur Ensenada. Il porte pour ép graphe , ,*
cette maxime de M. Flourens : > v
« L'homme ne meurt pas, il se tue. » ' - •
Veut-il vivre cent ans ? Qu'il se co 'forme
aux préceptes d'hygiène formulés par a reli- • -
gion catholique ; qu'il évite les sep! péchés. ;
capitaux. source de presque toutes l ',,s ma-
ladies; qu'il pratique le repos dû di L anche,
-nécessaire au corps, et même les abstinen-
ces, qui rafraîchissent l'estomae.
J'indique la conclusion du docteur Ense-
nada. Je regrette de ne pouvoir citer toutes
les aneedgtes dont son, livre est remp i.
Il y a là cinquante histoires de cent naires,
toutes plus pittoresques les unes que les au-
tres.
C'est une paysanne russe, qui meurt à cent
huit ans. '
A quatre-vingt-quatorze ans elie avait
épousé, en troisièmes noces, un Français de
cent cinq ans. Ils eurent deux fils et u¡c fille.
C'est encore un laboureur champen-us, qui
meurt à cent dix-huit ans, laissant treize-neuf
fils de trois femmes différentes.
Le plus beau centenaire est un officier de
dragons anglais, qui se maria sept '^is. La
septième fois, le 7 mars 17&0, il comptait
cent seize ans révolus.
« Il tint bon encore quatre ans, » ajoute le
docteur Ensenada.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
mess=""N°85 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL.
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XIX
L homme gris poursuivit, tandis que le cab
roulait sur Je pont et se dirigeait vers ce quar-
tier de Londres qu'on nomme le bouthwark :
— Tout ce que je vous 'pourrais dire main-
tenant, ma chère, ne vous' apprendrait pas
grand'chose.
Voir le numéro du 22 novembre.
l,
Votre fils est placé entre deux dangers : d'une
part, la justice qui l'a frappé et qui cherchera
à le reprendre; de l'autre, un ennemi pire en-
pore, le'frère ennemi de son père, le misérable
qui a envoyé sir Edmund à l'échafaud, lord Pal-
mure.
A ce no;n, Jenny frissonna.
— Il faut donc qu'on trouve à votre enfant
un autre nom, qu'on lui fasse une identité nou-
velle, et qu'on jette sur ses épaules un manteau
auquel nul ne puisse toucher.
Tout cela, je le ferai. Mais il me faut deux
jours au moins, et pendant ces. deux jours, je
ne puis vous mettre, vous et votre enfant, à
l'abri de tout danger que- si vous m'obéissez
aveuglément.
— Ne vous ai-je pas obéi déjà? dit l'Irlandaise
avec douceur.
— Si, répondit l'homme gris.
Et, rêveur, cet homme étrange se pencha à
la portière du cab et se prit à contempler la
Tamise qui avait l'air, en ce moment, d'un
immense champ de brouillard semé, çà et là,
d'étoiles sans rayons, car' les reverbères lut-
taient en vain contre cette obscurité toujours
croissante.
Le cab arriva de l'autre côté du pont, e\. bien-
tôt il roula dans Saint-George-road.
' - Dix minutes après, il s'arrêta.
j — Nous sommes arrivés, dit l'homme gris.
Descendez, ma chère.
* Et il sauta le premier à terre et prit l'enfant
dans ses bras.
Alors, jetant les yeux autour d'elle, Jenny
vit une place déserte, des maisons chétives, de
petites ruelles noires, et au milieu une église
dont les arceaux et le clocher étaient estompés
dans le brouillard.
Un cimetière clos d'une petite grille l'entou-
rait.
C'était St-George, l'église cathédrale des ca-
tho!iques de Londres.
L'homme gris dit alors à Jak et à Shoking :
— Emmenez Suzannah, vous saurez toujours
bien où la cacher.
— Oh 1 je m'en charge, moi, dit Jak.
— Et moi aussi,fit Shoking Î faut-il donc vous
quitter, maître ?
— Oui, répondit l'homme gris, seulement,
demain matin, à la première heure, ajouta-t-il,
s'adressant toujours à Shoking, tu te rendras à
Samt-Gilles.
.— Oui, maître.
— Tu iras droit à la sacristie et tu demande-
ras à parler à l'abbé Samuel.
— Bien.
— Et tu lui diras : tout va bien, l'enfant est
sauvé.
Jak et Shoking s'en allèrent efiimenant
Suzimnah, et l'homme'gris, prenant Jenny par
la main, la fit entrer dans le cimetière, dont la
grille était ouverte.
— Ici, dit-il, nous sommes en sûreté déjà, il
n'y a pas un agent de police dan toute
l'Angleterre qui oserait arrêter un criminel dans
un cimetière.
Cheminant au travers des tombes, Jont les
pierres blanches tranchaient sur l'obscurité, ils
contournèrent l'église et arrivèrent dei. ;ère le ■
chœur.
Là, il y avait une petite porte à laquelle ;
l'homme gris frappa trois coups.
Cette porte s'ouvrit presque aussitôt.
Alors un rayon de clarté vint frapper l'Irlan-
daise et son fils au visage.
Un homme se montrait au seuH de cette par-
te, une laterne à la main. ^
L'homme gris lui
— C'est nous que vœjjs attendez.
— Qui vous envoie ? demanda cet homme.
— Celui à qui nous obéissons tous j îsqu'au
jour où le maître suprême sera devenu homme,
répondit le sauveur de Ralph.
— Entrez, dit celui qui tenait une lampe.
C'était un vieillard courbé par l'âge et dont
la longue barbe blanche descendait juN« ?
{ sa poitrine.
»
.
S tent. le - numéro - '
JOURNAL QUOTIDIEN
S cent. le numéro 1
ABONNEMENTS. — Trois^mois. six mois. un &*. ' ?
Paris 5 fr. 9 fr. IL 8 fri
Départements .. C At
1 1 Administrateur : E. BELSAÛt. , :
3me année. — DIMANCHE % FEVRIER 1868. — N° 654
Directeur-Proprié taire : JAUNI N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER B&AGEL,ONÏ*E.
BUREAUX D',kBONriElIE14T : 9, rue Drouot. - , ,
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 1er FÉVRIER 1868.
L'ART DE VIVRE CENT ANS
Une pensionnaire de laN^^éfe^fe-^ièr^
de mourir. iJt V - .s
Elle avait cent quatre ans. —
C'était une 'Belge, une Bruxelloise. Toute
leune, ellgevait suivi; comme vivandière, un
régiment de la Grande-Armée.
Elle avait fait la campagne de Russie et
s'étaittrouvée à Waterloo,..
Jusqu'au dernier moment, elle a conservé
ses facultés et ses habitudes.
Chaque matin,ce grognard en jupon fumait
sa pipe; après quoi, gai et bien portant, il se
livrait aux irçenues occupations .qe la jour-
née. * "
Les centenaires sont infiniment moins
rares qu'on pourrait le supposer.
Dans un livre publié il ly a une quinzaine
d'années, l'Art de prolonger la vie et de con-
server la santé, on trouve un tableau de cinq
cents centenaires, classés 4iqsi par profes-
SlOns : __ '
72 prêtres, évêques, religieux ou reli-,
gicuses;
3i anciens soldats;
29 journaliers; ;
21 MÉDECINS ; - .... "
16 mendiants; , j
13 hommes d'Etat ;
12 vignerons; « r sj
10 savants; 5
9 bergers ; {
9 ermites ;
9. domestiqueg:
8 femmes du monde;
8 jardiniers; •'
8 hommes de lettres;
5 avocats;
6 administrateurs (de quoi? — Le livre ne
;.e dit pas...)
6 maçons ;
6 magistrats ;
6 menuisiers ;
5 professeurs de théologie ;
• 5 gentilshommes ;
5 matelots ;
5 maréchaux-ferrants ;
4 tailleurs; . ' *
4 armuriers ; - ;
4 boulangers ; • u: ;
4 sages-femmes; '
14 orfèvres; ,
4 ouvriers mineurs; ....... ■ <
4 tonneliers ;
3 SOUVERAINS ;
3 généraux d'armée; '■
3 marchands bn 'plein . an* ?
3 selliers;
3 instituteurs ; ;..
3 pêcheurs ;
3 cordiers; '
2 scieurs de long;
2 cordonniers ;.
2 notaires;
2 bourreliers;
2 chapeliers ;
2 perruquiers ;
2 peintres ;
2 colporteurs; ,
2 tapissiers ;
1 vitrier ; .
1 tanneur ; y J ... ,
1 luthier; • _ • *
1 imprimeur;
4 cloutier ; • ' •
1 acteur ;
i brodeuse ; .... '
1 couvreur ;
1 fabricant de chandelles;
1 drapier;
. 1 tisserand ; 1 '
58 personnes, ayant fait plusieurs métiers
ou occupé plusieurs emplois.
!ï
[ Dans cette longue énumération, remarquez
Ï que les prêtres, les cultivateurs et les soldats
tiennent la tète. C'est qu'en général ceux qui
: exercent ces professions vivent sobrement, en
^ plein air, et se couchent de bonne heure.
Se coucher de bonne heure et dormir beau-
coup est en effet, suivant les spécialistes, le
moyen de vivre longtemps. Nombre d'exem-
ples illustres viennent à l'appui dé cette
thèse.
Fontenelle, qui vécut cent ans moins un
jour, se couchait à neuf heures, tous les soirs.
C'était un causeur charmant. Un soir, comme
il prenait congé, à son heure habituelle, d'une
société qui l'écoutait avec un plaisir infini, on
voulut le retenir.
— Cette nuit, lui dit-on, on doit mettre le
feu au Palais-Royal, où vous demeurez.
— Bon Il répondit Fontenelle, dans ce cas,
on m'éveillera. ,
Et il s'en alla dormir tranquillement.
Le lendemain,il s'éveilla à1luit heures,ou-
vrit sa fenêtre,et dit gaiement : - Ah 1 le feu !
n'a pas été mis de ce côté-ci.
VgUairé^ qui a vécu quatre-vingt-quatre '
ans, et qui a écrit pendant soixante-huit, se
couchait aussi de bonne heure.
Parmi les grands dormeurs contemporains,,
on peut citer le maréchal Spult, qui, à quatre-
vingts ans, avait gardé toute la vivacité de la
jeunesse ; et M. de Lamartine, qui se met au
lit deux heures après son dîner, pour se lever
il est vrai, \h cinq heures du matin.
Quel est donc l'académicien, octogénaire
et poli, qui, parlant de Lamartine, disait :
« Ce jeune pocte!... » Il y a seize ans de
cela ; l'auteur des Méditations avait soixante
ans. J
Qui ne connaît la théorie de M. Flourens?
La vie 4 divise en six périodes.
Un chenal atteint, à quatre ans, le terme
de sa croissance , et sa vie normale est de
j vingt-quatre ans.
' En coi^équence, l'homme, qui est fait à
vingt ans, doit en vivre cent vingt.
Il suffit, pour cela, de savoir ménager sa
vie avec autant de soin'que son refitm.
C'était Ifavis de l'empereur TiKèfe et du
docteur BoÏrhaave.,
Tibère disait qu'un homme, à vingt-cinq
ans, devait, s'il avait de la raison, connaître.
assez eoà*rnpéranient pénètre son propre
médecin. Il eût sans doute vécu centenaire s'il
ne se fut livré à des excès, qui le tuèrent à
l'âge respectable de soixante-douze ans.
Boerhaave, en mourant, avait laissé un
livre cacheté, que l'on devait vendre ainsi,
et qui avait pour titre, sur son enveloppe :
Livre des secrets du docteur Boerhaave.
Quelqu'un l'acheta à grand prix, l'ouvrit,
et n'y trouva que des feuillets blancs, à
l'exception du premier, sur lequel étaient
écrits ces mo'ts :
« Ayez toujours la tête fraîche, les pieds
chauds, le ventre libre; vous pourrez vous
moquer des médecins. »
Traduction*. N'ayez pas de passion; évitez
tout excès dans le boire et dans le manger, et
faitès de l'exercice, car l'inaction refroidit les
extrémités.
Tout l'art de vivre longtemps est contenu ,
dans ces mots. i
Fénelon a dit quelque part :
f Que celui qui veut vivre un an de plus
se retfanche tous les jours deux heures de
sommeil; au . bout de douze ans, r aura. *
gagné un an de vie active. » ' '
Le mot de Fénelon est celui de presque1 .'
toutes les existences contemporaines. ;
Si l'on fait en un an^ce qu'on eût fia au-
trefois dix ans à faire, en mourant à q arante ' !
ou cinquante ans,oii a plus vécu qu'un cente- ' -
naire. - - • -
Presque tous les hommes d'action sont ■
morts jeunes. Alexandre avait trerne-deux
ans; Clovis, quarante-cinq; Napoléon, cin-
quante-deux...
Le livre, auquel j'ai pris le titre de cette
causerie et emprunté la plupart de ces 'étails,
a pour auteur un excellent chrétie' , M. le
docteur Ensenada. Il porte pour ép graphe , ,*
cette maxime de M. Flourens : > v
« L'homme ne meurt pas, il se tue. » ' - •
Veut-il vivre cent ans ? Qu'il se co 'forme
aux préceptes d'hygiène formulés par a reli- • -
gion catholique ; qu'il évite les sep! péchés. ;
capitaux. source de presque toutes l ',,s ma-
ladies; qu'il pratique le repos dû di L anche,
-nécessaire au corps, et même les abstinen-
ces, qui rafraîchissent l'estomae.
J'indique la conclusion du docteur Ense-
nada. Je regrette de ne pouvoir citer toutes
les aneedgtes dont son, livre est remp i.
Il y a là cinquante histoires de cent naires,
toutes plus pittoresques les unes que les au-
tres.
C'est une paysanne russe, qui meurt à cent
huit ans. '
A quatre-vingt-quatorze ans elie avait
épousé, en troisièmes noces, un Français de
cent cinq ans. Ils eurent deux fils et u¡c fille.
C'est encore un laboureur champen-us, qui
meurt à cent dix-huit ans, laissant treize-neuf
fils de trois femmes différentes.
Le plus beau centenaire est un officier de
dragons anglais, qui se maria sept '^is. La
septième fois, le 7 mars 17&0, il comptait
cent seize ans révolus.
« Il tint bon encore quatre ans, » ajoute le
docteur Ensenada.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
mess=""N°85 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL.
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XIX
L homme gris poursuivit, tandis que le cab
roulait sur Je pont et se dirigeait vers ce quar-
tier de Londres qu'on nomme le bouthwark :
— Tout ce que je vous 'pourrais dire main-
tenant, ma chère, ne vous' apprendrait pas
grand'chose.
Voir le numéro du 22 novembre.
l,
Votre fils est placé entre deux dangers : d'une
part, la justice qui l'a frappé et qui cherchera
à le reprendre; de l'autre, un ennemi pire en-
pore, le'frère ennemi de son père, le misérable
qui a envoyé sir Edmund à l'échafaud, lord Pal-
mure.
A ce no;n, Jenny frissonna.
— Il faut donc qu'on trouve à votre enfant
un autre nom, qu'on lui fasse une identité nou-
velle, et qu'on jette sur ses épaules un manteau
auquel nul ne puisse toucher.
Tout cela, je le ferai. Mais il me faut deux
jours au moins, et pendant ces. deux jours, je
ne puis vous mettre, vous et votre enfant, à
l'abri de tout danger que- si vous m'obéissez
aveuglément.
— Ne vous ai-je pas obéi déjà? dit l'Irlandaise
avec douceur.
— Si, répondit l'homme gris.
Et, rêveur, cet homme étrange se pencha à
la portière du cab et se prit à contempler la
Tamise qui avait l'air, en ce moment, d'un
immense champ de brouillard semé, çà et là,
d'étoiles sans rayons, car' les reverbères lut-
taient en vain contre cette obscurité toujours
croissante.
Le cab arriva de l'autre côté du pont, e\. bien-
tôt il roula dans Saint-George-road.
' - Dix minutes après, il s'arrêta.
j — Nous sommes arrivés, dit l'homme gris.
Descendez, ma chère.
* Et il sauta le premier à terre et prit l'enfant
dans ses bras.
Alors, jetant les yeux autour d'elle, Jenny
vit une place déserte, des maisons chétives, de
petites ruelles noires, et au milieu une église
dont les arceaux et le clocher étaient estompés
dans le brouillard.
Un cimetière clos d'une petite grille l'entou-
rait.
C'était St-George, l'église cathédrale des ca-
tho!iques de Londres.
L'homme gris dit alors à Jak et à Shoking :
— Emmenez Suzannah, vous saurez toujours
bien où la cacher.
— Oh 1 je m'en charge, moi, dit Jak.
— Et moi aussi,fit Shoking Î faut-il donc vous
quitter, maître ?
— Oui, répondit l'homme gris, seulement,
demain matin, à la première heure, ajouta-t-il,
s'adressant toujours à Shoking, tu te rendras à
Samt-Gilles.
.— Oui, maître.
— Tu iras droit à la sacristie et tu demande-
ras à parler à l'abbé Samuel.
— Bien.
— Et tu lui diras : tout va bien, l'enfant est
sauvé.
Jak et Shoking s'en allèrent efiimenant
Suzimnah, et l'homme'gris, prenant Jenny par
la main, la fit entrer dans le cimetière, dont la
grille était ouverte.
— Ici, dit-il, nous sommes en sûreté déjà, il
n'y a pas un agent de police dan toute
l'Angleterre qui oserait arrêter un criminel dans
un cimetière.
Cheminant au travers des tombes, Jont les
pierres blanches tranchaient sur l'obscurité, ils
contournèrent l'église et arrivèrent dei. ;ère le ■
chœur.
Là, il y avait une petite porte à laquelle ;
l'homme gris frappa trois coups.
Cette porte s'ouvrit presque aussitôt.
Alors un rayon de clarté vint frapper l'Irlan-
daise et son fils au visage.
Un homme se montrait au seuH de cette par-
te, une laterne à la main. ^
L'homme gris lui
— C'est nous que vœjjs attendez.
— Qui vous envoie ? demanda cet homme.
— Celui à qui nous obéissons tous j îsqu'au
jour où le maître suprême sera devenu homme,
répondit le sauveur de Ralph.
— Entrez, dit celui qui tenait une lampe.
C'était un vieillard courbé par l'âge et dont
la longue barbe blanche descendait juN« ?
{ sa poitrine.
»
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