Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-04
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 février 1868 04 février 1868
Description : 1868/02/04 (A3,N656). 1868/02/04 (A3,N656).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47176586
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL '- QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Troisimoîs. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 1 S fr.
Départements.. 8 II 99
Administrateur: E. DELSAUX.
-, H V,â- :
3me année. — MARDI 4 FEVRIER 4S68. — NI) 65G
DirectOUr-Proprid Mtfc : J AN N 1 R.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE. ~ *
BUREAUX, D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
La Presse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 centimes
seulement à toute personne qui achète la
Petite Presse le samedi à Paris -et le
dimanche en province. , ..
PARIS, 3 FEVRIER 1868.
LA SOCIÉTÉ PROTECTRICE
DE L'ENFANCE
Hier, la Société protectrice de l'Enfance se
réunissait, pour la troisième fois, en séance
annuelle.
J'ai sous les yeux le rapport du docteur
Alexandre Mayer, rapport plein de faits dont
le simple exposé porte avec lui un ensei-
gnement.
Une discussion retentissante l'a établi:
depuis plusieurs années la population reste
stationnaire en France, tandis qu'elle s'accroît
dans la plupart des nations voisines.
On sait la cause principale du mal; c'est la
mortalité exceptionnelle qui frappe chez nous
les enfants nouveaux-nés.
Comment s'y prendre pour arrêter cette
mortalité ?
On le sait encore. Rousseau l'a dit, il y a
plus d'un siècle, avec une éloquence incom-
parable: il faut que les enfants Soient allaités.
par les mères. C'est la loi naturelle, et la na-
ture, chose triste à dire, est devenue l'idéal
au milieu de notre civilisation.
Mais enfin il fedt prendre le fait, ç'estsè-
dire la mortalité des enfants, et chercher quels
sont dans la loi et dans les mœurs les moyens
les plus propres à la prévenir.
La Société protectrice de l'Enfance a un
double mérite. Elle fait connaître le mal dans
tous ses développements, et elle tente, dans la
mesure de SAS forces, d'y porter remède.
•
Jusqu'à présent, elle n'avait songé qu'à
sauvegarder l'enfant contre les mauvais in-
st'-ncts ou l'ignorance d'une nourrice merce-
naire.
La mauvaise nourrice — tel était l'en-
Tiemi.
Elles'esteperçue que l'enfant en avait parfois
un autre: sa mere.engénéralunemère malgré
elle, qui, soit par misère, soit par honte, soit
par intérêt, cherchait à se débarrasser du
pauvre petit être auquel elle avait donné le
jour.
Sans entrer dans les tristes mystères de
quelques familles, où la venue d'un enfant
n'est considérée que comme une charge et un
embarras, la Société s'est du moins rendu
"compte des manœuvres de certaines sages-
fèipmes, et surtout de faits Odieux relatifs à
l'étyve des enfants.
1Vn procès sinistre est justement venu, cette
lIntée, mettre ces faits en pleine lumière.
J Une sage-femme et son mari selchargeaient,
moyennant une somme une fois donnée, de
prendre soin d'un petit garçon ou d'u!J,è;o.p.etite
fille. - '
La* somme reçue, ces misérables tuaient
l'enfant, tantôt en le privai de lait,, tantôt en
négligeant les lois les plus^lémentaires de
l'hygiène, tantôt en le serrant trop fort dans
ses langes, ou bien en le faisant voyager dans
le caisson d'une voiture. Le caisson était-il
fermé, l'asphyxie était certaine; était-il ouvert,
l'air qui y pénétrait, tout.chargé de poussière,
n'était pas respirable; dans tous les cas,
cahots et les soubresauts déterminaient une
congestion cérébrale.
I Ces meurtres rapportaient à leurs auteurs,
tantôt quatre cents, tantôt cinq cents francs.
Du resté, ils travaillaient à prix réduit, etse
Wonlentaient de xleux cent cinquante francs
au besoin. •
De pauvres filles mères, qui sueraient cru
déshonorées si on avait co'^mu leur faute,
venaient trouver la sage-femme, et s'en al-
! laient, un peu rassurées, après avoir traité à
forfait avec ellev
Quand elles apprenaient la mort de leur
enfant, elles n'ouvraient pas d'enquête, et les
crimes se poursuivaient dans l'impunité.
~ Les coupables, furent enfin découverts, jet
Ta cour d'assises condamna la femme à mort
et le mari à vingt ans de travaux forcés.
A côté de ces crimes officiels, les crimes in-
connus abondent. Il suffit, pour les éclai-
rer d'un triste jour, de lire les rapports des
médecins correspondants de la Société.
Parfois les nourrices sont dans la misère.
Leur lait se tarit. Elles devraient rendre les
enfants aux parents. Mais elles ont besoin
des vingt ou vingt-cinq francs ■ qu'elles re8t
çoivent eîSwjue mois, et elles bourrent dè
grosse soupe les nourrissons auxquels il
faudrait dit lait.
Quelques-unçs vont travailler aux champs,
et laissent au logis les enfants sous la garde
de quelque qieille-à moitié paralytique, ou de
quelqùe 'aufre enfant âgé seulement de deux
ou trois ané de plus.
Dans le département de Seine-et-Marne, on
compté «èeeèe.sur dix .La-
mortalité "t de quarante pour cent! =
ï
Les parents ont leur part de reproches à re-
cevoir. 'i ■ ' i
Uh enrapf était malade. il ayait besoin de
prendre dttquinqufna. La npurrice va chez
le pharmacien, puis elle éèrit aux parents
pour être tlmbourséè. Ces derniers ne répon-
dent pas. Xè nourrice cesse le' traitement et
l'enfant meurt d'anémie.
Le docl|ur Mayer cite une lettre qui est un
drame. ''-M •
La femtœ Bjsson écrit ce qui suit à une
mère, quijjiu avait confié deux jumelles:
« Imdanie,
» Je vojls écris ces dùùx, mots, pour vous
» souhaite lè bonjour, et, en . même temps,
» 'pour va» dire, que vous avez une petite
» fille de malade. Je faisais ma lettrq.,Je vais
» attendra comme cela va faire. L'autre 'n'est
» pas biepiportanèe, pour- le moment. J'es-
» père qnefcela va changer. Je suis bien.sur-
» prise quît vous ne m'ayez pas envoyé ce que
» je vous avais demandé.. -
» Je vo)t$ dirai que voire petite fille a suc-
J) eômbé }iii~Me£~muMkioiis. Cela
» la bouche sur l'épaules C'est Marie.
» Je vous salue, femme Bisson. »
En regard de ces faits désolants, on est
^
heureux de citer quelques bons exemples.
Des nourrices s'attachent à leurs nourris-
sons et les gardent sans rétribution jusqu'à
dix-huit ou vingt ans:
D'autres, trop pauvres pour s'imposer- les
charges de la maternité, sont assez désinté-
ressées cependant pour renoncer à six ou huit
mois de gages qui leur sont dûs, à la condi-
tion que les parents reprendront leurs enfants
et s'en occuperont avec la même sollicitude
1 qu'elles.
Lisez celte lettre d'une paysanne de l'In-
dre :
« ....Malgré que je ne sois pas riche, je me,
» suis attachée à la pauvre petite que je nour-
» ris; je consens à perdre ce qui m'est dÚ, si:
toutefois la malheureuse mère ne veut pas.
» me payer; mais je puis exiger, du moins,
» qu'elle vienne chercher son enfant chez.. :
* isaLSiig iaU.
» que j'en ai eu autant -de soin que des
» miens. »
Quoi de plus simple et de plus touchant ! ,
+
* d
La société fait les efforts les plus grands et¡, ,
les plus louables pour atteindre son but. Son;
service d'inspection médicale embrasse au- ;
jourd'hui vingt-et-un départements.
A Lyon, à Metz, elle a concouru à la fon- •
dation d'institutions analogues. '
Elle espère que bientôt toutes les grandes».
villes, Marseille, Bordeaux, Rouen, Le Havre,
auront leurs Sociétés protectrices de FEn-
fance.
: Elle met au concours l'étude de la questions
de l'allaitement. ■
Elle distribue des prix aux bonnes nOUf- •
rices
Elle adresse une pétition au Sénat pour ;
demander que, pendant l'hiver, les en,fants.'
soient dispensés de la formalité de la présen-
tation aux mairies. Le. Sénat prend cette péti-
tion en considération et I& renvois au ministre
de l'intérieur. Mais des maires, entr'autres
celui de Boulogne-sur-Seine, vont au-devant
du désir légitime de la Société.
"Ees pauvres petits musiciens italiens, affa-
hwwj giviliés, exjiiaiiés par* des spécula-- :
teurs de bas étage,. ont besoin d'une protec-
tion. La Société s'adresse au préfet de police-'
pour le prier de veiller sur eux.
Mais, le.grand résultat de cette année, lei
véritable progrès accompli, c'est -la création
.d'une agence, et l'extension de publicité don-
née au Bulletin.
Paris envoie, chaque année, en province.
dix-huit mille nourrissons.
La direction municipale en place 1974;/
les bureaux particuliers, 9012; l'assistance
publique, 3942; et les familles directement,
3,000..
ROCAMBOLE
LES
MISÈRE DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
No 87
XXI
L'homme gris avait pris la main de la pauvre
mère, et il la magnétisait, pour ainsi dire, de
son regard pénétrant et dominateur.
— Allons chez vous, répéta-t-il.
Elle ne résista point à cotte injonction ; elle
le conduisit au fond de l'allée noire, lui fit mon-
ter le petit escalier tournant à- marches usées,
arriva au second étage çt tira une clé de sa
poche. Puis elle ouvrit une porte,et l'homme gris
se trouva au seuil d'une chambre assez propre,
quoique misérablement meublée.
Dans le fond de cette chambre, il y avait una
autre porte, et la pauvre mère étendant la main
' vers elle, dit :
Voir le numérodu 22 novembre.
— C'est là qu'il est mort!...
Elle se laissa tomber sur une chaise et re-
garda de nouveau l'homme gris :
— Ainsi, dit-elle, vous _ avez connu mon
Dick ?
t— Oui..
-'V ous étiez son ami ?
— Oui, dit encore l'homme gris.
— Où donc l'aviez-vous rencontre?
— Au pubiic house de White-hall.
— Je ne sais pas quel est l'endroit dont vous
parlez, répondit elle, mais je sais que mon Dick,
depuis longtemps, sortait beaucoup le soir. Où
al'ait-il? hélas! il ne me le disait pas. 11 y avait
près d'un an que le pauvre enfant était comme
fou ..
— J'ai quitté Londri's, poursuivit l'homme
gris. Quand j'y suis revenu, votre fils était
mort. On me l'a appris au public house dont je
vous parle, et on m'a dit qu'il était mort d'a-
mour. Comment? je l'ignore, et il faut pourtant
que je le sache. '
Il parlait d'une vo'x grave, et pleine d'autorité
qui impressionnait vivement la pauvre femme.
Evidemment, en parlant ainsi, il disait vrai,
i\ avait très-certainement rencontré Dick Har-
risson atJ. public bouse de \Vbîte-Hall, en face
de l'amirauté et d'une des entrées de Hyde-
Park. La femme vêtue de noir avait relevé son
. voile.
L'homme gris vit alors une personne encore
jeune, Lien que le chagrin eût creusé sur son vi-
sage, qui avait dû être fort beau,, des rides pré-
coces, et blanchi ses abondants cheveux, autre-
fois d'un blond cendré.
— Je vais tout vous dire, dit-elle, car j'ai
beau me réfugier dans l'amour de Dieu qui or-
donne le pardon des injures, une voix secrète
s'élève sans cesse au fond de mon cœur et me
crie que la mort de mon enfant ne peut rester
impunie.
— Parlez, dit l'homme gris en lui prenant
la main, je vous écoute.
Alors elle lui lit le -récit suivailt:
— « Je suis Irlandaise, mon mari était An-
glais. Soldat de, marine, il s'était épris de moi,
pendant un séjour que fit son navire, dans la
rade de Corck, et malgré la différence de reli-
gion qui existait entre nous, il m'épousa.
Je le survis à Londres ; il espérait quitter le%
service, de mer et obtenir un petit emploi dans
les bureaux de l'amirauté.
Ses démarches et celles de ceux de ses chefs
qui s'intéressaient à lui, demeurèrent infruc-
ueuses.
Un an après notre mariage, il fut obligé de
prendre la mer et me la ssa à Londres,où je de-
vins mère quelques jours après son départ.
Depuis lors je ne l'ai plus revu.
Le navire qu'il montait fit naufrage et se per-
dit corps et biens.
On me fit une petite pension.
D'abord, je songeai à retourner en Irlande, •
où j'avais encore des parents, mais l'avenir do-J
mon enfant me fit renoncer à ce projet.
J'entrai comme dame de confiance dans una- •
'
maison de commerce. _
Ce que je gagnais, réuni à ma pension, me,! =
permit d'élever mon fils et de lui donner de
l'éducation.
A seize ans, il avait acquis une instruction ,
suffistfite pour ^entrer dans une maison de J
banque et y toucher cent livres d'appointé-
ment.
Alors le cher enfant me dit :
CIl. Je ne veux plus que tu travailles, mère,
«c^est à mon tour. »
Nous' vînmes nous établir ici, dans cette'
"maison, parce que nous connaissions M. Col- .
cr'ain , le propriétaire , qui avait également'
servi dans la marine et était "un ami de mon
mari.
Ah ! cela n'a tÇîré que deux an.nées, mais
pendant ces deux années, Monsieur, j'ai été la
plus heureuse des femmes.
Mon Dicl était laborieux, rangé, affectueux;
il ne vivait que pour moi et l'avenir était gros
[ d'espérances pour nous deux,
JOURNAL '- QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Troisimoîs. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 1 S fr.
Départements.. 8 II 99
Administrateur: E. DELSAUX.
-, H V,â- :
3me année. — MARDI 4 FEVRIER 4S68. — NI) 65G
DirectOUr-Proprid Mtfc : J AN N 1 R.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE. ~ *
BUREAUX, D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
La Presse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 centimes
seulement à toute personne qui achète la
Petite Presse le samedi à Paris -et le
dimanche en province. , ..
PARIS, 3 FEVRIER 1868.
LA SOCIÉTÉ PROTECTRICE
DE L'ENFANCE
Hier, la Société protectrice de l'Enfance se
réunissait, pour la troisième fois, en séance
annuelle.
J'ai sous les yeux le rapport du docteur
Alexandre Mayer, rapport plein de faits dont
le simple exposé porte avec lui un ensei-
gnement.
Une discussion retentissante l'a établi:
depuis plusieurs années la population reste
stationnaire en France, tandis qu'elle s'accroît
dans la plupart des nations voisines.
On sait la cause principale du mal; c'est la
mortalité exceptionnelle qui frappe chez nous
les enfants nouveaux-nés.
Comment s'y prendre pour arrêter cette
mortalité ?
On le sait encore. Rousseau l'a dit, il y a
plus d'un siècle, avec une éloquence incom-
parable: il faut que les enfants Soient allaités.
par les mères. C'est la loi naturelle, et la na-
ture, chose triste à dire, est devenue l'idéal
au milieu de notre civilisation.
Mais enfin il fedt prendre le fait, ç'estsè-
dire la mortalité des enfants, et chercher quels
sont dans la loi et dans les mœurs les moyens
les plus propres à la prévenir.
La Société protectrice de l'Enfance a un
double mérite. Elle fait connaître le mal dans
tous ses développements, et elle tente, dans la
mesure de SAS forces, d'y porter remède.
•
Jusqu'à présent, elle n'avait songé qu'à
sauvegarder l'enfant contre les mauvais in-
st'-ncts ou l'ignorance d'une nourrice merce-
naire.
La mauvaise nourrice — tel était l'en-
Tiemi.
Elles'esteperçue que l'enfant en avait parfois
un autre: sa mere.engénéralunemère malgré
elle, qui, soit par misère, soit par honte, soit
par intérêt, cherchait à se débarrasser du
pauvre petit être auquel elle avait donné le
jour.
Sans entrer dans les tristes mystères de
quelques familles, où la venue d'un enfant
n'est considérée que comme une charge et un
embarras, la Société s'est du moins rendu
"compte des manœuvres de certaines sages-
fèipmes, et surtout de faits Odieux relatifs à
l'étyve des enfants.
1Vn procès sinistre est justement venu, cette
lIntée, mettre ces faits en pleine lumière.
J Une sage-femme et son mari selchargeaient,
moyennant une somme une fois donnée, de
prendre soin d'un petit garçon ou d'u!J,è;o.p.etite
fille. - '
La* somme reçue, ces misérables tuaient
l'enfant, tantôt en le privai de lait,, tantôt en
négligeant les lois les plus^lémentaires de
l'hygiène, tantôt en le serrant trop fort dans
ses langes, ou bien en le faisant voyager dans
le caisson d'une voiture. Le caisson était-il
fermé, l'asphyxie était certaine; était-il ouvert,
l'air qui y pénétrait, tout.chargé de poussière,
n'était pas respirable; dans tous les cas,
cahots et les soubresauts déterminaient une
congestion cérébrale.
I Ces meurtres rapportaient à leurs auteurs,
tantôt quatre cents, tantôt cinq cents francs.
Du resté, ils travaillaient à prix réduit, etse
Wonlentaient de xleux cent cinquante francs
au besoin. •
De pauvres filles mères, qui sueraient cru
déshonorées si on avait co'^mu leur faute,
venaient trouver la sage-femme, et s'en al-
! laient, un peu rassurées, après avoir traité à
forfait avec ellev
Quand elles apprenaient la mort de leur
enfant, elles n'ouvraient pas d'enquête, et les
crimes se poursuivaient dans l'impunité.
~ Les coupables, furent enfin découverts, jet
Ta cour d'assises condamna la femme à mort
et le mari à vingt ans de travaux forcés.
A côté de ces crimes officiels, les crimes in-
connus abondent. Il suffit, pour les éclai-
rer d'un triste jour, de lire les rapports des
médecins correspondants de la Société.
Parfois les nourrices sont dans la misère.
Leur lait se tarit. Elles devraient rendre les
enfants aux parents. Mais elles ont besoin
des vingt ou vingt-cinq francs ■ qu'elles re8t
çoivent eîSwjue mois, et elles bourrent dè
grosse soupe les nourrissons auxquels il
faudrait dit lait.
Quelques-unçs vont travailler aux champs,
et laissent au logis les enfants sous la garde
de quelque qieille-à moitié paralytique, ou de
quelqùe 'aufre enfant âgé seulement de deux
ou trois ané de plus.
Dans le département de Seine-et-Marne, on
compté «èeeèe.sur dix .La-
mortalité "t de quarante pour cent! =
ï
Les parents ont leur part de reproches à re-
cevoir. 'i ■ ' i
Uh enrapf était malade. il ayait besoin de
prendre dttquinqufna. La npurrice va chez
le pharmacien, puis elle éèrit aux parents
pour être tlmbourséè. Ces derniers ne répon-
dent pas. Xè nourrice cesse le' traitement et
l'enfant meurt d'anémie.
Le docl|ur Mayer cite une lettre qui est un
drame. ''-M •
La femtœ Bjsson écrit ce qui suit à une
mère, quijjiu avait confié deux jumelles:
« Imdanie,
» Je vojls écris ces dùùx, mots, pour vous
» souhaite lè bonjour, et, en . même temps,
» 'pour va» dire, que vous avez une petite
» fille de malade. Je faisais ma lettrq.,Je vais
» attendra comme cela va faire. L'autre 'n'est
» pas biepiportanèe, pour- le moment. J'es-
» père qnefcela va changer. Je suis bien.sur-
» prise quît vous ne m'ayez pas envoyé ce que
» je vous avais demandé.. -
» Je vo)t$ dirai que voire petite fille a suc-
J) eômbé }iii~Me£~muMkioiis. Cela
» la bouche sur l'épaules C'est Marie.
» Je vous salue, femme Bisson. »
En regard de ces faits désolants, on est
^
heureux de citer quelques bons exemples.
Des nourrices s'attachent à leurs nourris-
sons et les gardent sans rétribution jusqu'à
dix-huit ou vingt ans:
D'autres, trop pauvres pour s'imposer- les
charges de la maternité, sont assez désinté-
ressées cependant pour renoncer à six ou huit
mois de gages qui leur sont dûs, à la condi-
tion que les parents reprendront leurs enfants
et s'en occuperont avec la même sollicitude
1 qu'elles.
Lisez celte lettre d'une paysanne de l'In-
dre :
« ....Malgré que je ne sois pas riche, je me,
» suis attachée à la pauvre petite que je nour-
» ris; je consens à perdre ce qui m'est dÚ, si:
toutefois la malheureuse mère ne veut pas.
» me payer; mais je puis exiger, du moins,
» qu'elle vienne chercher son enfant chez.. :
* isaLSiig iaU.
» que j'en ai eu autant -de soin que des
» miens. »
Quoi de plus simple et de plus touchant ! ,
+
* d
La société fait les efforts les plus grands et¡, ,
les plus louables pour atteindre son but. Son;
service d'inspection médicale embrasse au- ;
jourd'hui vingt-et-un départements.
A Lyon, à Metz, elle a concouru à la fon- •
dation d'institutions analogues. '
Elle espère que bientôt toutes les grandes».
villes, Marseille, Bordeaux, Rouen, Le Havre,
auront leurs Sociétés protectrices de FEn-
fance.
: Elle met au concours l'étude de la questions
de l'allaitement. ■
Elle distribue des prix aux bonnes nOUf- •
rices
Elle adresse une pétition au Sénat pour ;
demander que, pendant l'hiver, les en,fants.'
soient dispensés de la formalité de la présen-
tation aux mairies. Le. Sénat prend cette péti-
tion en considération et I& renvois au ministre
de l'intérieur. Mais des maires, entr'autres
celui de Boulogne-sur-Seine, vont au-devant
du désir légitime de la Société.
"Ees pauvres petits musiciens italiens, affa-
hwwj giviliés, exjiiaiiés par* des spécula-- :
teurs de bas étage,. ont besoin d'une protec-
tion. La Société s'adresse au préfet de police-'
pour le prier de veiller sur eux.
Mais, le.grand résultat de cette année, lei
véritable progrès accompli, c'est -la création
.d'une agence, et l'extension de publicité don-
née au Bulletin.
Paris envoie, chaque année, en province.
dix-huit mille nourrissons.
La direction municipale en place 1974;/
les bureaux particuliers, 9012; l'assistance
publique, 3942; et les familles directement,
3,000..
ROCAMBOLE
LES
MISÈRE DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
No 87
XXI
L'homme gris avait pris la main de la pauvre
mère, et il la magnétisait, pour ainsi dire, de
son regard pénétrant et dominateur.
— Allons chez vous, répéta-t-il.
Elle ne résista point à cotte injonction ; elle
le conduisit au fond de l'allée noire, lui fit mon-
ter le petit escalier tournant à- marches usées,
arriva au second étage çt tira une clé de sa
poche. Puis elle ouvrit une porte,et l'homme gris
se trouva au seuil d'une chambre assez propre,
quoique misérablement meublée.
Dans le fond de cette chambre, il y avait una
autre porte, et la pauvre mère étendant la main
' vers elle, dit :
Voir le numérodu 22 novembre.
— C'est là qu'il est mort!...
Elle se laissa tomber sur une chaise et re-
garda de nouveau l'homme gris :
— Ainsi, dit-elle, vous _ avez connu mon
Dick ?
t— Oui..
-'V ous étiez son ami ?
— Oui, dit encore l'homme gris.
— Où donc l'aviez-vous rencontre?
— Au pubiic house de White-hall.
— Je ne sais pas quel est l'endroit dont vous
parlez, répondit elle, mais je sais que mon Dick,
depuis longtemps, sortait beaucoup le soir. Où
al'ait-il? hélas! il ne me le disait pas. 11 y avait
près d'un an que le pauvre enfant était comme
fou ..
— J'ai quitté Londri's, poursuivit l'homme
gris. Quand j'y suis revenu, votre fils était
mort. On me l'a appris au public house dont je
vous parle, et on m'a dit qu'il était mort d'a-
mour. Comment? je l'ignore, et il faut pourtant
que je le sache. '
Il parlait d'une vo'x grave, et pleine d'autorité
qui impressionnait vivement la pauvre femme.
Evidemment, en parlant ainsi, il disait vrai,
i\ avait très-certainement rencontré Dick Har-
risson atJ. public bouse de \Vbîte-Hall, en face
de l'amirauté et d'une des entrées de Hyde-
Park. La femme vêtue de noir avait relevé son
. voile.
L'homme gris vit alors une personne encore
jeune, Lien que le chagrin eût creusé sur son vi-
sage, qui avait dû être fort beau,, des rides pré-
coces, et blanchi ses abondants cheveux, autre-
fois d'un blond cendré.
— Je vais tout vous dire, dit-elle, car j'ai
beau me réfugier dans l'amour de Dieu qui or-
donne le pardon des injures, une voix secrète
s'élève sans cesse au fond de mon cœur et me
crie que la mort de mon enfant ne peut rester
impunie.
— Parlez, dit l'homme gris en lui prenant
la main, je vous écoute.
Alors elle lui lit le -récit suivailt:
— « Je suis Irlandaise, mon mari était An-
glais. Soldat de, marine, il s'était épris de moi,
pendant un séjour que fit son navire, dans la
rade de Corck, et malgré la différence de reli-
gion qui existait entre nous, il m'épousa.
Je le survis à Londres ; il espérait quitter le%
service, de mer et obtenir un petit emploi dans
les bureaux de l'amirauté.
Ses démarches et celles de ceux de ses chefs
qui s'intéressaient à lui, demeurèrent infruc-
ueuses.
Un an après notre mariage, il fut obligé de
prendre la mer et me la ssa à Londres,où je de-
vins mère quelques jours après son départ.
Depuis lors je ne l'ai plus revu.
Le navire qu'il montait fit naufrage et se per-
dit corps et biens.
On me fit une petite pension.
D'abord, je songeai à retourner en Irlande, •
où j'avais encore des parents, mais l'avenir do-J
mon enfant me fit renoncer à ce projet.
J'entrai comme dame de confiance dans una- •
'
maison de commerce. _
Ce que je gagnais, réuni à ma pension, me,! =
permit d'élever mon fils et de lui donner de
l'éducation.
A seize ans, il avait acquis une instruction ,
suffistfite pour ^entrer dans une maison de J
banque et y toucher cent livres d'appointé-
ment.
Alors le cher enfant me dit :
CIl. Je ne veux plus que tu travailles, mère,
«c^est à mon tour. »
Nous' vînmes nous établir ici, dans cette'
"maison, parce que nous connaissions M. Col- .
cr'ain , le propriétaire , qui avait également'
servi dans la marine et était "un ami de mon
mari.
Ah ! cela n'a tÇîré que deux an.nées, mais
pendant ces deux années, Monsieur, j'ai été la
plus heureuse des femmes.
Mon Dicl était laborieux, rangé, affectueux;
il ne vivait que pour moi et l'avenir était gros
[ d'espérances pour nous deux,
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