Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-01-31
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 janvier 1868 31 janvier 1868
Description : 1868/01/31 (A3,N652). 1868/01/31 (A3,N652).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717654j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
,.ÏO,URNAL QUOTIDIEN
a: cent. le numéro
S cent. le namér* - ~
ABONNEMENTS. — Trois Mois. six mois. es ' ' J
Paris & &. • &. 1« t'I.
Départements.. Ot 11 99 "
Administrateur : - E. DMSACX. - ; - F
- . jJ* . ~ ..J
.. — VENDREDI ""Y JANVIER 1868. *- 1\70 65%
.. I". Ji rt, • . • . NF 1 .., < - 1 : « .
. Directeur-Proprié taire : JANNIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
. BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot.
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 30 JANVIER 1868.
CAUSERIE
Etude sur Alexandre Pouschline.
— M Prosper Mérimée . — En pré-
nant le thé. — M. Ferdinand Genissieu.
Autrefois, une page nouvelle de Prospef
Mérimée était un événement pour un petit i
groupe de lettrés qui suivaient l'auteur de
■Colomba. Aujourd'hui l'événement n'est plus
qu'un plaisir, mais, en revanche, le groupe a
grossi, et c'est par milliers qu'il faut compter
les lecteurs qu'une nouveauté de M. Mérimée
attire et intéresse.
Depuis quelques années, cet esprit cosmo-
polite semble s'être fixé en Russie. Les Cosa-
ques d'autrefois on-t'succédé au Faux Démé-
trius. Une étude sur l'illustre poète Pousch-
kine succède aux Cosaques, d'autrefois. Cette
étude d'un académiéien ,-qui en mêm.e
temps un sénateur, paraît dans le Moniteur1
ainsi qu'il convient ' j. i' *
Outre son intérêt propre, elle a .le, mente-
de placer sur un terrain purement littéraire
et sympathique le nom de M. Mtéèméè. - '
À
Une des physionomies les plus caractéristi-
ques de ce siècle est celle de M. le comte
d'Argout. Petit-commis de .l'octroi en 1804,
auditeur au conseil d'Etat en 1815, préfet en
1816, pair 4e F-*--" — J"n TiinMrf f
1830, gouverneur de la Banque de France
sous la Monarchie de Juillet, la République
et le second Empire, sénateur, grand'croix de
la Légion d'honneur, M. d'Argout est resté
en faveur sous tous les gouvernements, par
cette excellente raison^ u«'il les a tous bien
Eervis. C'était moins, "un homme politique
qu'un fonctionnaire capable et zélé. C'était
surtout un excellent homme. Il avait la pas-
sion des autographes. Il aimait à professer
une sorte de philosophie .pratique qui consis-
tait à donner raison à tout le monde, et à ne
se préoccuper en aucune façon qu'on lui don-
nât tort à lui-m&he. Grandville, Daumier,
Traviès et Gavarni, la Caricature, le Corsaire,
la Mode et le Bricfoison illustrèrent pendant
dix ans son nez sans qu'il perdît patience un
seul jour. «'té Scipion Nasica a\^!t-
deux. pencas dte tfrft'îis 'que celui de~ftî'. 4' Ar-I
.gout »véçri,yait-on. IL. riait, laissait, j^re, 'ët:
;,contimiaît a MvaïïleiCjEn' 1857, |]^rggflt las '
quitte 'la, d^ÈOBLinpis, ;
jJVepnuie; a,ii'çout^$ a*, il il mâ^ffiGe n'à-
,.-lait pa§* à coup sûr; le premier venir.
I,.œs¡fú'au mois de novembre f830 M. d'AiH
entra au minisîèiœaie la marine, il pi*
«■pour #feepélaiifii mf-jawpe h&îrnne de ^pgt-
sept ans en qui il avait trouva -à ufc^egré
fi^l-au sien" ce grand sens des^.i^^idus et
des choses dont s'enorgueillis^j^^^ion^o-
mie. Ce jeune homme- était MrTwsper Mé-
rimée, Sont Gustave- Planche, dirait alors.: -
« Ceux qui 'le connaissent familièrement
n'ont jamais vu eh lui qu'un homme très-
simple, d'une instruction solide, lisant facile-
ment l'italien et le'grec moderne, parlant
avec une pureté remarquable l'anglais et l'es-
pagnol, préférant volontiers entre 'tous les:
livres les relations df, voyages, ca qui explique
l'ubiquité de son esprits.. » ' " '
lU. Mérimée était l£ fils d'un peirftte'de -ta-
lent, secrétaire de l'École deos:lre'aux-arts et
auteur d'un"Traité de là peinture à l'huile. Il
avait étudié dans un collège de Paris,, ^uivi
les cours de l'École de droit, s'était îtj&taï'ecer
voir avocat et n'avait jamais plaidé. :Éff-i825
avait paru le T hMtve:^êi^pra Gazul ~comé-
dienne espagnole, et£nI8i7 la Guzla, d'Hya-
cinthe Ma,g.Jaw>wich;Dpoëte illyrien. Gazul,
Giizla^—^d^e, dans son Journal de Weimar,
démontmï.. ine commune des dèux livres
par l'anâ^mme deî-- deux mots. La Chroni-
que du temps de Charles IX fit connaître le
nom de l'auteur, et les débuts littéraires de
-M. Mérhuéc'prêterait ses débntratratifs.
Successivement secrétaire du cabinet de
M. d'Argout, chef de bureau au ministère de
la marine, inspecteur des monuments histo-
riques de France, l'un des commissaires char-
gés par la République de procéder à l'inven-
taire des biens de Louis Philippe," membre de
dix commissions et sénateur, 'l\,l::Mérimée a,
comme son patron, pris part aux affaires pu-
bliques, mais dans la proportion exacte de
! ses goûts. Epicurien curieux et lettré, il aimé
tour à tour le loisir, les voyages et l'étude. Il a
su se reposer, aller, venir, et écrire au gré
de sa fantaisie. Ces hommes qui font juste ce
qu'ils veulent faire, assez discrets pour qu'on
n'ait jamais à les plaindre., assez sur leitys
gardes pour ne jamais prêter au ridicule,
n'insîjSent guère que tfàs sympathies d'esprit,
maison* les inspirent tris-vives, parce qu'il
s'y mèO bon gré mal gré un peu d'admiration
et d'envie.- - " • •
Je É%fléta .jâ- J'heurë de ,¥fcrivain.
L'h(). e se fwlle.^r deux traits: quelle
qu'^ifc até ^ POtJt¡o,Q" il a toujours su lui être
super&iir^.quels qu'aient été ses amis, il est
resté J^îmi ôoûte^que-coûte. Il était déjà
'céIèb : {Iu'.$teudha.l était encore incarnai^
cepemfeift il sVouait le disciple de StenAal.
Quand>ftf. Libri fut con.dajnné, M. MéHmée
prot^slk, dans la Revue des Deux-Mondes, en
faveur du vaincu. Cela lui valut quinze jours
dè prijfon. Je nè pense pas qu'il les ait faits,
mais « faut lui en tenir compte tout de même.
On m assure que la mort de l'illustre voya-
geur "Victor Jacquemont lui a fait verser la
seule Ijtrme de sa vie. ' ' *
Il démiel
^
> « J'jgnore la signification du mot roman-
;i,q4e, disait Eugène jDelacroix, et je ne con-
nais de différenceqafflfttre la bonne et la mau-
vaise JeiIilllfte, » ' r'i^
M. yrosper Mérimée eh savait un peu plus
long (94 ses dié^fte'. Mais, avec cette. habileté i
dont Ranger ét lui sont les modèles, il sut
toujours échapper aux querelles de feuille-
t0^'l
J,e IJte rappelle un mot de Guichardet sur
Stendmal : « Ce n'était pas un plumitif, celui-
là ! ,» ;f
M^^rosper Mérimée non plus. Il est trop
honaï^e du monde pour n'avoir pas en hor-
rëW^ute pédanterie. Cette coterie de disci-
T$îe9"%Wf^ràiitbur-d'un maître, quî, cor-" '
rompu par leurs flatteries, a fini par se croire
la poésie, l'éloquence, le droit, la politique
et l'esthétique infuse, cette coterie ne l'attira
jamais. /
Elle lui fil des avances. Quelqu'un, pré-
voyant peut-être qu'il écrirait l'Histoire des
Cosaques, le surnomma « le Mazeppa du Ro-
mantisme. »
C'est sans doute à partir de ce jour-là que
M. Mérimée résolut de pousser la sobriété
jusqu'aux limites de la sécheresse.
Il était romantique pourtant. Désireux de
faire du nouveau,comme Balzac,comme Sten-
dha:J,comma tous les esprits bien doués du dix-
neuvième siècle,il avait demandé aux littératu-
res étrangères ses premières inspirations. Il
avait emprunté au théâtre de Lope de Vega et !
de Calderon sa libre fantaisie, sans pouvoji|
lui prendre sa rhétorique. De là un contrasté
involontaire entre l'allure du drame et le toril
du dialogue. Le drame est bien espagnol, mais-
le dialogue reste français. Aussi les pièces dé
Çlara Gazul, qui plaisent tant à lalecture, sont*
elles injouables. La chute du Carrosse dti
Saint-Sacrement l'a prouvé.
En n'écrivant qu'un petit nombre de pages
annêW,"1tf. "Mérimée a cepen*—
dant beaucoup produit, par la raison qu'il
écrit depuis longtemps.
Outre le Théâtre de Clara Gazul, la Guzlà
ex la Chronique du temps de Charles IX,
rus dès avant 1830, il faut citer la Jacquerie,
un recueil de scènes à la façon du Waldstein
de Schiller,la Famille Carvajal, un Essai sur
la guerre socia le, ■unÇjlistoire de don Pèdre
de. Ça s tille y, le Fcfaj; Dgmétvius, cinq ou six
recueils de' Voyages, un volume de Mélanges
et je nef sais combien de rapports et de bro-
chures. Je cite pêle-mêle, mentionnant un
Salon de 1839, et m'arrêtant devant ces deux
admirables recueils de nouvelles qui ont
placé leur auteur au premier rang des con-
teurs français.
Rien à dire sur ces recueils qui n'ait été
dit. Rien à apprendre au public, qui les a lus
et relus.
« Il est impossible de pousser plus loin
l'artifice des incidents et du style, d'enfermer
dans un espace aussi étroit plus d'émotions et
d'idées, d'indiquer avec plus de concision et
de vivacité autant de physionomies et de
caractères... Rien de trop. »
Ces six lignes sont de Gustave Planché.,
Maintenant, !
Cherchez-vous la morale et la. philosophie ?
Rêvez si vous voulez, — voilà ce qu'il a vu.
Ces deux vers sont de Musset;.
- i
Puisque nous parlons littérature aujour-
d'hui, chers lecteurs, je vous signale un livre
qui paraîtra demain.
Ce livre a deux très-grands défauts.
D'abord, il est conçu et écrit dans cet
prit que la Vie Parisienne & mis à la mode
depuis quelques années. ' On marie un mon-
sieur et une dame, la morale est satisfaite.
Après quoi, on les fait parler comme un ;
gandin et une cocotte, afin d'exciter la curio"'
sité malsaine du lecteur. On vante les joies de
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU.
XVII
Ko 83
Le gouverneur avait donné cet ordre par me-
iure de prudence.
Bien qu'il appartînt à l'armée, et qu'il fut
tris-brave, cet officier se souvenait d'une ré-
volte récente où, sans l'intervention dçs ooldau)
! Y,9l!,!C1 431pérp, dki 22 vpxwSmkr.
M. Whip, lui et tous les gardiens de la prison
eussent été massacrés.
Les soldats arrivèrent.
Alors le gouverneur se mit à leur tète et con-
tinua l'inspection du corridor.
Il trouva une deuxième cellule ouverte et
vide. ' * ;
M. Bardel seul aurait pu dire quels étaient
les prisonniers qui les avaient occupées ; mais
M. Bardel dormait,et le docteur faisait de vains
efforts pour l'arracher à sa léthargie.
Le gouverneur continua son chemin jusqu'à
la porte du préau.
Cette porte, contre toute habitude, était ou-
verte.
C'était donc par là que les deux prisonniers
étaient sortis.
Le préau était sablé.
Le gouverneur abaissa sa lanterne jnsques au-
près du sol, et il distingua nettement l'em-
preinte de plusieurs pas.
En examinant ces empreintes avec attention,
on trouva deux pieds d'homme et un pied d'en-
fant. j
La lumière commençait à* se faire. Le pied
; d'enfant était certainement celui du petit Irlan-
■ dais.
Les gardiens de Bath-square portent un uni-
forme, coguge les employas de toutes tes gri-
sons du monde, et par conséquent, onr leur
donne des chaussures identiques.
Il ne fut pas difficile au gouverneur de re-
conn.,Utre, dans Fane des empreintes, le soulier
ferré d'un sardièfi.
L'autre paraissait :èfcfe celle d'un homme
étranger à la prison. ( v
U •
Quel était le gardien qui avait passé par là,
sinon M. Whip, dont on continuait à n'avoir
pas de nouvelles, puisque M. Bardel et Jona-
'tban, qui, seuls avec lui, avaient pu pénétrer
jdans la prison par ce chemin, étaient plongés
'dans un profond sommeil ?
."'"f t " '''r.
Le gouverneur, les gardiens et les soldats
suivirent les empreintes des pas, et arrivèrent
ainsi à la muraille qui séparait la prison des
nouveaux bâtiments en construction.
Là se trouvait une porte dont M. Bardel avait
seul la clé.
Mais puisqu'on n'avait pas retrouvé cette clé
sur le gardien chef, il fallait bien admettre que
M. Whip la Ici avait volée.
Le gouverneur ouvrit cette porte et pénétra
le premier dans le préau neuf.
Alors de sourds gémissements parvinrent à
son oreille.
Ces gémissements se faisaient entendre au
pied du mur d'çuce&ie, ' -
Il n'était pas jour encore; et le brouillard était
toujours très-épais.
Le brouillard de Paris est blanc et presque
toujours transparent.
Celui de Londres est rougeâtre et presque
toujours opaque.
Le gouverneur fut donc obligé de guider sa
marche avec l'ouïe, bien plus qu'avec la vue, et
il arriva ainsi, suivi des gardiens et des soldats,
jusques au pied du mur.
Les gémissements redoublèrent à son appro.
che.
Alors baissant sa lanterne, le gouverneur vit
un homme qui se tordait sur le sol et paraissait
en proie à de vives souffrances.
— C'est un des ouvriers, dit l'un des gardiens,
il travaillait à reconstruire le mur du moulin, je
le reconnais. -
C'était en effet John Colden qui, revenu' d'tm
long évanouissement, ranimé sans doute par le
froid de la nuit, et souffrant beaucoup, appelait
à son aide.
— Qui êtes-vous ? dit le gouverneur ea.ié
penchant sur lui.
Mais soudain une exclamation d'oorre11f •
échappa à l'un des gardiens.
A trois pas de John Golden se trûUym*t lê
"
davre de M. Whifi.
,.ÏO,URNAL QUOTIDIEN
a: cent. le numéro
S cent. le namér* - ~
ABONNEMENTS. — Trois Mois. six mois. es ' ' J
Paris & &. • &. 1« t'I.
Départements.. Ot 11 99 "
Administrateur : - E. DMSACX. - ; - F
- . jJ* . ~ ..J
.. — VENDREDI ""Y JANVIER 1868. *- 1\70 65%
.. I". Ji rt, • . • . NF 1 .., < - 1 : « .
. Directeur-Proprié taire : JANNIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
. BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot.
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 30 JANVIER 1868.
CAUSERIE
Etude sur Alexandre Pouschline.
— M Prosper Mérimée . — En pré-
nant le thé. — M. Ferdinand Genissieu.
Autrefois, une page nouvelle de Prospef
Mérimée était un événement pour un petit i
groupe de lettrés qui suivaient l'auteur de
■Colomba. Aujourd'hui l'événement n'est plus
qu'un plaisir, mais, en revanche, le groupe a
grossi, et c'est par milliers qu'il faut compter
les lecteurs qu'une nouveauté de M. Mérimée
attire et intéresse.
Depuis quelques années, cet esprit cosmo-
polite semble s'être fixé en Russie. Les Cosa-
ques d'autrefois on-t'succédé au Faux Démé-
trius. Une étude sur l'illustre poète Pousch-
kine succède aux Cosaques, d'autrefois. Cette
étude d'un académiéien ,-qui en mêm.e
temps un sénateur, paraît dans le Moniteur1
ainsi qu'il convient ' j. i' *
Outre son intérêt propre, elle a .le, mente-
de placer sur un terrain purement littéraire
et sympathique le nom de M. Mtéèméè. - '
À
Une des physionomies les plus caractéristi-
ques de ce siècle est celle de M. le comte
d'Argout. Petit-commis de .l'octroi en 1804,
auditeur au conseil d'Etat en 1815, préfet en
1816, pair 4e F-*--" — J"n TiinMrf f
1830, gouverneur de la Banque de France
sous la Monarchie de Juillet, la République
et le second Empire, sénateur, grand'croix de
la Légion d'honneur, M. d'Argout est resté
en faveur sous tous les gouvernements, par
cette excellente raison^ u«'il les a tous bien
Eervis. C'était moins, "un homme politique
qu'un fonctionnaire capable et zélé. C'était
surtout un excellent homme. Il avait la pas-
sion des autographes. Il aimait à professer
une sorte de philosophie .pratique qui consis-
tait à donner raison à tout le monde, et à ne
se préoccuper en aucune façon qu'on lui don-
nât tort à lui-m&he. Grandville, Daumier,
Traviès et Gavarni, la Caricature, le Corsaire,
la Mode et le Bricfoison illustrèrent pendant
dix ans son nez sans qu'il perdît patience un
seul jour. «'té Scipion Nasica a\^!t-
deux. pencas dte tfrft'îis 'que celui de~ftî'. 4' Ar-I
.gout »véçri,yait-on. IL. riait, laissait, j^re, 'ët:
;,contimiaît a MvaïïleiCjEn' 1857, |]^rggflt las '
quitte 'la, d^ÈOBLinpis, ;
jJVepnuie; a,ii'çout^$ a*, il il mâ^ffiGe n'à-
,.-lait pa§* à coup sûr; le premier venir.
I,.œs¡fú'au mois de novembre f830 M. d'AiH
entra au minisîèiœaie la marine, il pi*
«■pour #feepélaiifii mf-jawpe h&îrnne de ^pgt-
sept ans en qui il avait trouva -à ufc^egré
fi^l-au sien" ce grand sens des^.i^^idus et
des choses dont s'enorgueillis^j^^^ion^o-
mie. Ce jeune homme- était MrTwsper Mé-
rimée, Sont Gustave- Planche, dirait alors.: -
« Ceux qui 'le connaissent familièrement
n'ont jamais vu eh lui qu'un homme très-
simple, d'une instruction solide, lisant facile-
ment l'italien et le'grec moderne, parlant
avec une pureté remarquable l'anglais et l'es-
pagnol, préférant volontiers entre 'tous les:
livres les relations df, voyages, ca qui explique
l'ubiquité de son esprits.. » ' " '
lU. Mérimée était l£ fils d'un peirftte'de -ta-
lent, secrétaire de l'École deos:lre'aux-arts et
auteur d'un"Traité de là peinture à l'huile. Il
avait étudié dans un collège de Paris,, ^uivi
les cours de l'École de droit, s'était îtj&taï'ecer
voir avocat et n'avait jamais plaidé. :Éff-i825
avait paru le T hMtve:^êi^pra Gazul ~comé-
dienne espagnole, et£nI8i7 la Guzla, d'Hya-
cinthe Ma,g.Jaw>wich;Dpoëte illyrien. Gazul,
Giizla^—^d^e, dans son Journal de Weimar,
démontmï.. ine commune des dèux livres
par l'anâ^mme deî-- deux mots. La Chroni-
que du temps de Charles IX fit connaître le
nom de l'auteur, et les débuts littéraires de
-M. Mérhuéc'prêterait ses débntra
Successivement secrétaire du cabinet de
M. d'Argout, chef de bureau au ministère de
la marine, inspecteur des monuments histo-
riques de France, l'un des commissaires char-
gés par la République de procéder à l'inven-
taire des biens de Louis Philippe," membre de
dix commissions et sénateur, 'l\,l::Mérimée a,
comme son patron, pris part aux affaires pu-
bliques, mais dans la proportion exacte de
! ses goûts. Epicurien curieux et lettré, il aimé
tour à tour le loisir, les voyages et l'étude. Il a
su se reposer, aller, venir, et écrire au gré
de sa fantaisie. Ces hommes qui font juste ce
qu'ils veulent faire, assez discrets pour qu'on
n'ait jamais à les plaindre., assez sur leitys
gardes pour ne jamais prêter au ridicule,
n'insîjSent guère que tfàs sympathies d'esprit,
maison* les inspirent tris-vives, parce qu'il
s'y mèO bon gré mal gré un peu d'admiration
et d'envie.- - " • •
Je É%fléta .jâ- J'heurë de ,¥fcrivain.
L'h(). e se fwlle.^r deux traits: quelle
qu'^ifc até ^ POtJt¡o,Q" il a toujours su lui être
super&iir^.quels qu'aient été ses amis, il est
resté J^îmi ôoûte^que-coûte. Il était déjà
'céIèb : {Iu'.$teudha.l était encore incarnai^
cepemfeift il sVouait le disciple de StenAal.
Quand>ftf. Libri fut con.dajnné, M. MéHmée
prot^slk, dans la Revue des Deux-Mondes, en
faveur du vaincu. Cela lui valut quinze jours
dè prijfon. Je nè pense pas qu'il les ait faits,
mais « faut lui en tenir compte tout de même.
On m assure que la mort de l'illustre voya-
geur "Victor Jacquemont lui a fait verser la
seule Ijtrme de sa vie. ' ' *
Il
^
> « J'jgnore la signification du mot roman-
;i,q4e, disait Eugène jDelacroix, et je ne con-
nais de différenceqafflfttre la bonne et la mau-
vaise JeiIilllfte, » ' r'i^
M. yrosper Mérimée eh savait un peu plus
long (94 ses dié^fte'. Mais, avec cette. habileté i
dont Ranger ét lui sont les modèles, il sut
toujours échapper aux querelles de feuille-
t0^'l
J,e IJte rappelle un mot de Guichardet sur
Stendmal : « Ce n'était pas un plumitif, celui-
là ! ,» ;f
M^^rosper Mérimée non plus. Il est trop
honaï^e du monde pour n'avoir pas en hor-
rëW^ute pédanterie. Cette coterie de disci-
T$îe9"%Wf^ràiitbur-d'un maître, quî, cor-" '
rompu par leurs flatteries, a fini par se croire
la poésie, l'éloquence, le droit, la politique
et l'esthétique infuse, cette coterie ne l'attira
jamais. /
Elle lui fil des avances. Quelqu'un, pré-
voyant peut-être qu'il écrirait l'Histoire des
Cosaques, le surnomma « le Mazeppa du Ro-
mantisme. »
C'est sans doute à partir de ce jour-là que
M. Mérimée résolut de pousser la sobriété
jusqu'aux limites de la sécheresse.
Il était romantique pourtant. Désireux de
faire du nouveau,comme Balzac,comme Sten-
dha:J,comma tous les esprits bien doués du dix-
neuvième siècle,il avait demandé aux littératu-
res étrangères ses premières inspirations. Il
avait emprunté au théâtre de Lope de Vega et !
de Calderon sa libre fantaisie, sans pouvoji|
lui prendre sa rhétorique. De là un contrasté
involontaire entre l'allure du drame et le toril
du dialogue. Le drame est bien espagnol, mais-
le dialogue reste français. Aussi les pièces dé
Çlara Gazul, qui plaisent tant à lalecture, sont*
elles injouables. La chute du Carrosse dti
Saint-Sacrement l'a prouvé.
En n'écrivant qu'un petit nombre de pages
annêW,"1tf. "Mérimée a cepen*—
dant beaucoup produit, par la raison qu'il
écrit depuis longtemps.
Outre le Théâtre de Clara Gazul, la Guzlà
ex la Chronique du temps de Charles IX,
rus dès avant 1830, il faut citer la Jacquerie,
un recueil de scènes à la façon du Waldstein
de Schiller,la Famille Carvajal, un Essai sur
la guerre socia le, ■unÇjlistoire de don Pèdre
de. Ça s tille y, le Fcfaj; Dgmétvius, cinq ou six
recueils de' Voyages, un volume de Mélanges
et je nef sais combien de rapports et de bro-
chures. Je cite pêle-mêle, mentionnant un
Salon de 1839, et m'arrêtant devant ces deux
admirables recueils de nouvelles qui ont
placé leur auteur au premier rang des con-
teurs français.
Rien à dire sur ces recueils qui n'ait été
dit. Rien à apprendre au public, qui les a lus
et relus.
« Il est impossible de pousser plus loin
l'artifice des incidents et du style, d'enfermer
dans un espace aussi étroit plus d'émotions et
d'idées, d'indiquer avec plus de concision et
de vivacité autant de physionomies et de
caractères... Rien de trop. »
Ces six lignes sont de Gustave Planché.,
Maintenant, !
Cherchez-vous la morale et la. philosophie ?
Rêvez si vous voulez, — voilà ce qu'il a vu.
Ces deux vers sont de Musset;.
- i
Puisque nous parlons littérature aujour-
d'hui, chers lecteurs, je vous signale un livre
qui paraîtra demain.
Ce livre a deux très-grands défauts.
D'abord, il est conçu et écrit dans cet
prit que la Vie Parisienne & mis à la mode
depuis quelques années. ' On marie un mon-
sieur et une dame, la morale est satisfaite.
Après quoi, on les fait parler comme un ;
gandin et une cocotte, afin d'exciter la curio"'
sité malsaine du lecteur. On vante les joies de
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU.
XVII
Ko 83
Le gouverneur avait donné cet ordre par me-
iure de prudence.
Bien qu'il appartînt à l'armée, et qu'il fut
tris-brave, cet officier se souvenait d'une ré-
volte récente où, sans l'intervention dçs ooldau)
! Y,9l!,!C1 431pérp, dki 22 vpxwSmkr.
M. Whip, lui et tous les gardiens de la prison
eussent été massacrés.
Les soldats arrivèrent.
Alors le gouverneur se mit à leur tète et con-
tinua l'inspection du corridor.
Il trouva une deuxième cellule ouverte et
vide. ' * ;
M. Bardel seul aurait pu dire quels étaient
les prisonniers qui les avaient occupées ; mais
M. Bardel dormait,et le docteur faisait de vains
efforts pour l'arracher à sa léthargie.
Le gouverneur continua son chemin jusqu'à
la porte du préau.
Cette porte, contre toute habitude, était ou-
verte.
C'était donc par là que les deux prisonniers
étaient sortis.
Le préau était sablé.
Le gouverneur abaissa sa lanterne jnsques au-
près du sol, et il distingua nettement l'em-
preinte de plusieurs pas.
En examinant ces empreintes avec attention,
on trouva deux pieds d'homme et un pied d'en-
fant. j
La lumière commençait à* se faire. Le pied
; d'enfant était certainement celui du petit Irlan-
■ dais.
Les gardiens de Bath-square portent un uni-
forme, coguge les employas de toutes tes gri-
sons du monde, et par conséquent, onr leur
donne des chaussures identiques.
Il ne fut pas difficile au gouverneur de re-
conn.,Utre, dans Fane des empreintes, le soulier
ferré d'un sardièfi.
L'autre paraissait :èfcfe celle d'un homme
étranger à la prison. ( v
U •
Quel était le gardien qui avait passé par là,
sinon M. Whip, dont on continuait à n'avoir
pas de nouvelles, puisque M. Bardel et Jona-
'tban, qui, seuls avec lui, avaient pu pénétrer
jdans la prison par ce chemin, étaient plongés
'dans un profond sommeil ?
."'"f t " '''r.
Le gouverneur, les gardiens et les soldats
suivirent les empreintes des pas, et arrivèrent
ainsi à la muraille qui séparait la prison des
nouveaux bâtiments en construction.
Là se trouvait une porte dont M. Bardel avait
seul la clé.
Mais puisqu'on n'avait pas retrouvé cette clé
sur le gardien chef, il fallait bien admettre que
M. Whip la Ici avait volée.
Le gouverneur ouvrit cette porte et pénétra
le premier dans le préau neuf.
Alors de sourds gémissements parvinrent à
son oreille.
Ces gémissements se faisaient entendre au
pied du mur d'çuce&ie, ' -
Il n'était pas jour encore; et le brouillard était
toujours très-épais.
Le brouillard de Paris est blanc et presque
toujours transparent.
Celui de Londres est rougeâtre et presque
toujours opaque.
Le gouverneur fut donc obligé de guider sa
marche avec l'ouïe, bien plus qu'avec la vue, et
il arriva ainsi, suivi des gardiens et des soldats,
jusques au pied du mur.
Les gémissements redoublèrent à son appro.
che.
Alors baissant sa lanterne, le gouverneur vit
un homme qui se tordait sur le sol et paraissait
en proie à de vives souffrances.
— C'est un des ouvriers, dit l'un des gardiens,
il travaillait à reconstruire le mur du moulin, je
le reconnais. -
C'était en effet John Colden qui, revenu' d'tm
long évanouissement, ranimé sans doute par le
froid de la nuit, et souffrant beaucoup, appelait
à son aide.
— Qui êtes-vous ? dit le gouverneur ea.ié
penchant sur lui.
Mais soudain une exclamation d'oorre11f •
échappa à l'un des gardiens.
A trois pas de John Golden se trûUym*t lê
"
davre de M. Whifi.
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