Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-14
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 décembre 1867 14 décembre 1867
Description : 1867/12/14 (A2,N604). 1867/12/14 (A2,N604).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717606g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
S cent. le numéro ' -1 ï
• : ' J T T ; . 1 -
...
JOURNAL | QUOTIDIEN 1 ~ ' 1 ;i ~~
1
'■ * - ' M : '
i ' S cart. le nemêm
I . , ■
— .m ii rr^m lïïmwiiBiMiiMMt m
ABONNEMENTS. — Trois mois. six mois. Un i aD.
Paris. 5 fr, ' a fr. 2 8 fr.
Départements.. 8 t 1 9$
' Administrateur : E. DEt.SA
2e année. - SÂM.EDÏ 4 i DECEMBRE 4867. No 604
Directeur-Propriétaire : JAron N..
Rédacteur -'»en chef: A: DE BALAT HIER BRAGELONNE., - .
1 BOKBAUX D'ABONNEMENT : 9, raë Drouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda. ~ '
La Presse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 18 DÉCEMBRE 1867.
MADAME DOURILLE
Valence sous la République et sous
l'Empire.
Dans un bourg de la Drôme, s'est éteinte I
ces jours-ci une vieille femme de soixante- j
dix-neuf ans dont le nom a le mérite 1er une des pages héroïques de l'histoire du j
Dauphiné. !
L'événement auquel elle s'est trouvée mêlée j
date de 1815. Il couronne pour ainsi dire la *
hérie des actes de Valence sous ''la Républi- •
i que et eeus l'Eœ^re.
Lorsque Boïïeparté, tn T788, reçut son
-Jjrev'Qtde sous4ieutenant au pëgiment d'ar-
tillerie de la Fère, cè régiment était en gar-
nison ;à Valence. Pour saulager sa famille, le
^eufôe officier amena avec lui son frère cadet
Louk^auquel il apprenait, les mathématiques,
il loua, Grande rue, n°4, en'face du magasin
i u fêkroiro Magfl Aurai, dans la matae» -de
Mlle Eau, une chambre pour kii, et une man-
sarde pour son frère.
il y e-cut commerce d'amitié et le sous-lieutenant. Bonaparte passait la
plus grande partie ée ses journées chez
MaM.Aiurel, partageant ses soirées entre trois
amis;,;Un ancien officier, M. Josselin, M. de-
Montalivet, qui fut depuis pair de France, ci
M. delFardiva, «ex-abbé de Saünt-Ruf.
Bonaparte rencontra, chez M. de Tardiva.
une jaune personne dont il devint passionné-
ment amoureux. Elle se nommait Mlle Gré-
goire du Colombiar. Le sous-lieutenant prit,
son co&rage à desax mains, et la demanda en
mariage. Malheureusement, il avait un rival,
M. de Bressieux, que la famille lui préférait.
Il fut évincé, et Mlle Grégoire devint Mme de
^essieux. Dès lors, du reste,- s'il faut en
Rroirela légende Valentinoise, Bonaparte:
avait le pressentiment de sa fortune. )
Un jour,ayant fait, en compagnie de quti-
que!! camarades, l'aumône de trois, francs Hfc
une pauvre femnie, cette prophètes en h ail-
lons lui souhaita la couronne de 'France. Les
officiers se mirent à rire. BoDaparte, seul^
resta sérieux. — Messieurs, dit-il, dit-il, je vaux, 1
mieux qu'un gardeur de pQuint est devenu pape.
Un autre jour, — Bonaparte travaillait de-
puis cinq heures du matin, et il en était huit,
— le chirurgien du régiment, M. Parmen-
tier, -entra et demanda Louis.
Le sous-lieutenant prit son sabre et frappa
au plafond avec le fourreau. Cinq minutes
après l'autre descendit à moitié endormi. —
Paresseux, dit Taîné, n'as-tu pas honte de te
lever à pareille he'ure? — Ahl répondit
Louis, tu me grondes, et c'est moi qui devrais
t'en vouloir, car tu m'as éveillé au milieu
d'un beau rêve : Je rêvais que j'étais roi. —
Toi, roi ! j'étais clone empereur !
Bonaparte resfta trois ans à Valence, et par-
tit en hissant mie dette de trois francs dix
sous chez son pâtissier, nommé Corrf'!.
Il faut lire ces anecdotes dans les ïmpres*
sions êe Voyage.
. « Malgré le changement qui se fit dans §on
nom et sa fortane, dit Alexandre Dumas, -Na-
poléon n'oublia pas Valence. Toutes les dettes
de coeur ou de bourse qu'il y avait contrac-
lées furent payées avec usure, même celle du
pâtissier Corffil. Mlle Grégoire, devenue Mme
le Bressieux, fût appelée comme lectrice près
le Madame Mère ; son mari fut nommé baron
ît administrateur des forêts, et son frère pré- ;i
'et de Turiiu.,. t
Le second -souvenir qu'on rencontre à Va-
lence, est celui du pape Pie VI, qui mourut
dans cette 'ViHe, le 29 août 17 9P.
La populace de Rome avait assassiné le gé-
néral Duphot. Berthier et Masséna vinrent
assiéger la ville, y entrèrent,au bout de dix-
sept jours, et «envoyèrent à Sienne le saint-
père prisonnier. De Sienne, on le transféra à
Florence, de Florence à Parme, de Parme à
Turin,-de Turin à Briançon, et de Briançon à
Valence. Le voyage avait duré six mois. Le
voyageur avait quatre-vingts ans, et il était
atteint de paralysie.
Une heure après qu'il eut rendu le dernier
! • • fi
: soupir, sè ttornme en hf/ôit marron, culottes f
de péatf,;,bcfttes à ret^ougpjs, ceint d'une
échine ^colore, ent^.a dans la chambre du
: défunt,; lêva le drappuis s'assit devant line table, tira de sa poche
un encrier, du papier et une pjume, et dressa
. pré^s-verbal suivant qui fut ensuite
( .tran^Jhsar les registres de. la mairies ; .
! « Aujourd'hui 12 fructidor, an VII de la
! République française, à l'heure tIe trois heu-
res de l'après-midi, par devant moi, Jean-
Louis Chauveau, administrateur municipal
de la cour de Valence , élu pour rédiger les
actes destinés à constater les naissances, les
mariages et décès des citoyens, est comparu,
M. Joseph Spina, archevêque de Corinthe,
. lequeI,accDmpagné de M. Jean, prêtre, âgé de
; quarante ans, et de M. Jérôme Fantivy, aussi
prêtre., et de M. Carachala, dont le prénom
! est Innico, prêtre, âgé aussi d'environ qua-
rante ans, et le dit Fontivy àgé de soixante-
quatre ans, tous les quatre demeurant à
Valence, dans . la maison dépendante, de la
i citadelle, et attachés au décédé ci-après, m'a
; déclaré que Jean-Ange Braschi, Pic VI, pon-
i tife de Rome, est décédé ce j(,urd'hui, à une1
j heure vingt-cinq minutes du matin, dans la-
! dite maison, âgé dë quatre-vingt-un ans, huit
mois et deux,jours.
» D'après cette déclaration, certifiée véritable
par le déclarait et les témoins, je me suis de
suite transporté en ladite maison d'habitation,
accompagné des membres composant l'admi-
nistration centrale, èt le commissaire du Di-
rectoiut exécutif près d'elle, ainsi que de deux
membres de l'administration municipale ; y
iétantjflppus dits officiers publics ctadmmistra-
,teurs ci-dessus, avons fait appelante "ci-
toyen Duvauve, officier de santé en chef de
l'hospice militaire de cette commune, le-
quel, après avoir fait l'examen dudit Braschi,
Pie VI, nous confirmé son décès; de quoi,
j'ai rédigé acte légal en présence du comman-
dant de la place et du juge de paix de ce can-
ton, que j'ai signé avec eux. Les membres
desdites autorités constituées, ledit officier
de santé, le déclarant et les témoins ; le ci-
toyen Doux, secrétaire de ladite-commune.
Fait à Valence, les jours, mois et an que
dessus. Suivent les signatures..»
"""
t
Tel est l'acte mortuaire du deux cent cin-
quante"quatrième successeur de saint Pierre.
Alexandre Dùmas a raison de dire qu'une
seule pièce, dans les archives de notre his-
. toire, peut être comparée à celle-là : le procès-
verbal de la mort de Louis XVII, sttccesseui 1
de saint Louis. ~ 1 1 1 ^ ,
Le 8 mars 4815, à Grenoble, trois officiel!,.
trois frères, les frères Debelle, vinrent offrir!
, leurs seèmes à Najtotéoa sa 4rafo<à»
quérir le trône. - ?
L'aîné des trois frères avait déplu, lors do!
la campagne de 180S en Espagne. Rappelé,'
mis à la retraite, il s'était retiré dans son vil-, -
lage, à Voreppe, et il vivait en famille, lors" -
qu'il apprit le débarquement de Cannes.
Napoléon lui tendit la main. ^Kn ordre du <
général Bertrand, qui faisait les fonctions de :
major général de la petite armée de trois,.
mille- nommes, lui enjoignit de se rendre
immédiatement à Valence et d'y prendre 1a' *
commandement du département de la Drôme.
Debelle arriva le lendemain à Valence;1
mais les autorités refusèrent de reconnaître :
ses pouvoirs, et la gendarmerie le reconduisit .
jusqu'à Romans. ■
Le 15 : « Retournez à Valence, lui fil. .
écrire l'Empereur. Cette fois, l'on vous rece-
vra. »
En effet, le général Guillau lui remit ses -
pouvoirs. Il put ordonner des levées, des ré- -
quisitions, se mettre en mesure de résister
aux troupes royales qui s'avançaient sous les, ;
ordres du duc d'Angoulême. v
Le 29, il marcha contre ce prince. La ren-
contre eut lieu près de Montélimar. Les roya- -
listes étaient nombreux, bien commandés.
par le vicomte d'Escars. Debelle fut battu..
Désespéré, il-remit le eommatfcàeœent de sa-
poignée d'hommes au colonel d'artillerie
Noël:,— Arrêtez l'ennemi pendant quarante-
huit heures, lui dit-il, je vais à Valence pour
chercher du renfort.
Valence était sens dessus dessous. Des
haines violentes divisaient alors, on le sait,
les populations du Midi. La majorité, com-
posée de la noblesse et du peuple, tenait eiïf
général pour les Bourbons. Les classes moyen-
nes au contraire, c'est-à-dire la grande et la
petite bourgeoisie, ce qui avait formé le tiers-
état en 1789, ce qui devait former le parti
libéral sous la Restauration, tenait, depuis un
an, pour l'Empire.
L'invasion, le retour de l'ancien régime',
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXXVI
1\0 35
Le cab gagna l'avenue Victoria, passa devant
l'abbaye de Westminster et s'engagea dans Par-
liament street, c'est-à-dire la rue du Parle-
ment.
Lord Palmure alors baissa la glace du cab et
tira le cabman par sa redingote. '
, Vçù' le cuaiéro du 8 uoveinhm,
Sboking se tourna à demi sur son siège.
— Tu t'arrêteras devant Scotland.Yard, dit
lord Palmure...
— Oui, répondit Shdking.
Le cab passa devant l'Amirauté et quelques !
minutes après il s'arrêtait de nouveau. j
Deux hommes qui se tenaient auprès de la j
porte de Scotland-Yard s'avancèrent rapide-
ment.
Lord Palmure mit la tête à la portière.
L'un d'eux lui dit :
— C'est nous que vous attendez, mylord.
— Alors, montez, dit lord Palmure, qui dai-
gna ouvrir la portière lui-même.
Les deux hommes montèrent et s'assirent sur
la banquette de devant, car le cab était à quatre
places.
Puis Shoking rendit de nouveau la main à
son cheval, et moins d'un quart d'heure àprès,
lord Palmure était à la porte de mistress Fa.
noche. '
Il n'eut pas besoin de sonner deux fois.
La vieille dame était toute prête, l'oreillé aux
aguets et fort impatiente. -
— Enfin, avait-elle murmuré vingt fois de-
puis une heure, je vais donc vivre tranquille, et
sans le secours de personne...
Et elle se voyait déjà dans son cottage de
Brighton, avec une bonne grosse servante, une
maison bien montée, des armoires pleines de
linge et un parloir auprès duquel celui de mis -
tress Fanoche pâlissait.
Elle avait fait coucherles petites filles, s'inquié- '
tant peu, du reste, de ce qui arriverait lorsqu'elle
serait partie et de ce qu'elles deviendraient.
Puis elle avait assemblé à la hâte quelques
hardes dans un petit sac de voyage, mis son
chapeau, endossé son chàle écossais et fourré
ses doigts crochus dans de bons gants de tri-
cot.
Ah! niylord, dit-elle en voyant entrer lord
Palmure,je craignais que vous ne vinssiez pas...
et en même temps, je l'espérais...
— Pourquoi !
— C'est que j'ai peur...
- Et pourquoi auriez-vous peur?
— Ah! c'est que vous ne connaissez pas les
gens, que je vais trahir... ils sont capables de
tout.
— Ma chère dame, dit froidement lord Pal-
mure en entrant dans le parloir où il y avait
une lampe et tirant de sa poche un portefeuille,
voici votre contrat de rente.
La vieille dame eut un battement de cœur.
— Voici cent livres en bank-notes, comme
frais de déplacement.
Le battement de cœur redoubla.
-r Enfin, acheva lord Palmure. voici un billet 1
de première classe pour le train de Londres à
Brighton. , . '
Ce train part à minuit.
La vieille dame allongeait déjà la main pour
s'emparer du contrat de rente, du billet et delJ
bank-notes. 1 . -
Lord Palmure l'arrêta.
— Non, dit-il, pas à présent. Aussitôt qua
j'aurai l'enfant, tout cela sera votre propriété,
et je vous conduirai moi même au Brighton-
raiiway.
La vieille dame éprouva une certaine décep-
tion; elle eut même un accès de défiance.
— Mais, dit-elle, ne me trompez-vous pas, au
moins?
— Je me nomme lord Palmure, et mon ncnt
doit vous être une garantie.
— Sans doute. Mais...
—- Mais quoi ?
■— Que voulez-vous faire de l'enfant?
— Le rendre à sa mère.
— A sa mère ! • .
— Oui, à sa mère qui est chez moi, dit froide-
ment lord Palmure, après avoir miraculeuse-
ment échappé à la mort. ^
Il vit pâlir la vieille dame. -
— Allons, dit-il en baissant la voix, vous
voyez que je sais bien des choses, n'est-ee pas?
Ne perdons pas de temps inutile. J'aj Jiux a*®
PONSON DU TERRAIL
S cent. le numéro ' -1 ï
• : ' J T T ; . 1 -
...
JOURNAL | QUOTIDIEN 1 ~ ' 1 ;i ~~
1
'■ * - ' M : '
i ' S cart. le nemêm
I . , ■
— .m ii rr^m lïïmwiiBiMiiMMt m
ABONNEMENTS. — Trois mois. six mois. Un i aD.
Paris. 5 fr, ' a fr. 2 8 fr.
Départements.. 8 t 1 9$
' Administrateur : E. DEt.SA
2e année. - SÂM.EDÏ 4 i DECEMBRE 4867. No 604
Directeur-Propriétaire : JAron N..
Rédacteur -'»en chef: A: DE BALAT HIER BRAGELONNE., - .
1 BOKBAUX D'ABONNEMENT : 9, raë Drouot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda. ~ '
La Presse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 18 DÉCEMBRE 1867.
MADAME DOURILLE
Valence sous la République et sous
l'Empire.
Dans un bourg de la Drôme, s'est éteinte I
ces jours-ci une vieille femme de soixante- j
dix-neuf ans dont le nom a le mérite
Dauphiné. !
L'événement auquel elle s'est trouvée mêlée j
date de 1815. Il couronne pour ainsi dire la *
hérie des actes de Valence sous ''la Républi- •
i que et eeus l'Eœ^re.
Lorsque Boïïeparté, tn T788, reçut son
-Jjrev'Qtde sous4ieutenant au pëgiment d'ar-
tillerie de la Fère, cè régiment était en gar-
nison ;à Valence. Pour saulager sa famille, le
^eufôe officier amena avec lui son frère cadet
Louk^auquel il apprenait, les mathématiques,
il loua, Grande rue, n°4, en'face du magasin
i u fêkroiro Magfl Aurai, dans la matae» -de
Mlle Eau, une chambre pour kii, et une man-
sarde pour son frère.
il y e-cut commerce d'amitié
plus grande partie ée ses journées chez
MaM.Aiurel, partageant ses soirées entre trois
amis;,;Un ancien officier, M. Josselin, M. de-
Montalivet, qui fut depuis pair de France, ci
M. delFardiva, «ex-abbé de Saünt-Ruf.
Bonaparte rencontra, chez M. de Tardiva.
une jaune personne dont il devint passionné-
ment amoureux. Elle se nommait Mlle Gré-
goire du Colombiar. Le sous-lieutenant prit,
son co&rage à desax mains, et la demanda en
mariage. Malheureusement, il avait un rival,
M. de Bressieux, que la famille lui préférait.
Il fut évincé, et Mlle Grégoire devint Mme de
^essieux. Dès lors, du reste,- s'il faut en
Rroirela légende Valentinoise, Bonaparte:
avait le pressentiment de sa fortune. )
Un jour,ayant fait, en compagnie de quti-
que!! camarades, l'aumône de trois, francs Hfc
une pauvre femnie, cette prophètes en h ail-
lons lui souhaita la couronne de 'France. Les
officiers se mirent à rire. BoDaparte, seul^
resta sérieux. — Messieurs, dit-il, dit-il, je vaux, 1
mieux qu'un gardeur de p
Un autre jour, — Bonaparte travaillait de-
puis cinq heures du matin, et il en était huit,
— le chirurgien du régiment, M. Parmen-
tier, -entra et demanda Louis.
Le sous-lieutenant prit son sabre et frappa
au plafond avec le fourreau. Cinq minutes
après l'autre descendit à moitié endormi. —
Paresseux, dit Taîné, n'as-tu pas honte de te
lever à pareille he'ure? — Ahl répondit
Louis, tu me grondes, et c'est moi qui devrais
t'en vouloir, car tu m'as éveillé au milieu
d'un beau rêve : Je rêvais que j'étais roi. —
Toi, roi ! j'étais clone empereur !
Bonaparte resfta trois ans à Valence, et par-
tit en hissant mie dette de trois francs dix
sous chez son pâtissier, nommé Corrf'!.
Il faut lire ces anecdotes dans les ïmpres*
sions êe Voyage.
. « Malgré le changement qui se fit dans §on
nom et sa fortane, dit Alexandre Dumas, -Na-
poléon n'oublia pas Valence. Toutes les dettes
de coeur ou de bourse qu'il y avait contrac-
lées furent payées avec usure, même celle du
pâtissier Corffil. Mlle Grégoire, devenue Mme
le Bressieux, fût appelée comme lectrice près
le Madame Mère ; son mari fut nommé baron
ît administrateur des forêts, et son frère pré- ;i
'et de Turiiu.,. t
Le second -souvenir qu'on rencontre à Va-
lence, est celui du pape Pie VI, qui mourut
dans cette 'ViHe, le 29 août 17 9P.
La populace de Rome avait assassiné le gé-
néral Duphot. Berthier et Masséna vinrent
assiéger la ville, y entrèrent,au bout de dix-
sept jours, et «envoyèrent à Sienne le saint-
père prisonnier. De Sienne, on le transféra à
Florence, de Florence à Parme, de Parme à
Turin,-de Turin à Briançon, et de Briançon à
Valence. Le voyage avait duré six mois. Le
voyageur avait quatre-vingts ans, et il était
atteint de paralysie.
Une heure après qu'il eut rendu le dernier
! • • fi
: soupir, sè ttornme en hf/ôit marron, culottes f
de péatf,;,bcfttes à ret^ougpjs, ceint d'une
échine ^colore, ent^.a dans la chambre du
: défunt,; lêva le drap
un encrier, du papier et une pjume, et dressa
. pré^s-verbal suivant qui fut ensuite
( .tran^Jhsar les registres de. la mairies ; .
! « Aujourd'hui 12 fructidor, an VII de la
! République française, à l'heure tIe trois heu-
res de l'après-midi, par devant moi, Jean-
Louis Chauveau, administrateur municipal
de la cour de Valence , élu pour rédiger les
actes destinés à constater les naissances, les
mariages et décès des citoyens, est comparu,
M. Joseph Spina, archevêque de Corinthe,
. lequeI,accDmpagné de M. Jean, prêtre, âgé de
; quarante ans, et de M. Jérôme Fantivy, aussi
prêtre., et de M. Carachala, dont le prénom
! est Innico, prêtre, âgé aussi d'environ qua-
rante ans, et le dit Fontivy àgé de soixante-
quatre ans, tous les quatre demeurant à
Valence, dans . la maison dépendante, de la
i citadelle, et attachés au décédé ci-après, m'a
; déclaré que Jean-Ange Braschi, Pic VI, pon-
i tife de Rome, est décédé ce j(,urd'hui, à une1
j heure vingt-cinq minutes du matin, dans la-
! dite maison, âgé dë quatre-vingt-un ans, huit
mois et deux,jours.
» D'après cette déclaration, certifiée véritable
par le déclarait et les témoins, je me suis de
suite transporté en ladite maison d'habitation,
accompagné des membres composant l'admi-
nistration centrale, èt le commissaire du Di-
rectoiut exécutif près d'elle, ainsi que de deux
membres de l'administration municipale ; y
iétantjflppus dits officiers publics ctadmmistra-
,teurs ci-dessus, avons fait appelante "ci-
toyen Duvauve, officier de santé en chef de
l'hospice militaire de cette commune, le-
quel, après avoir fait l'examen dudit Braschi,
Pie VI, nous confirmé son décès; de quoi,
j'ai rédigé acte légal en présence du comman-
dant de la place et du juge de paix de ce can-
ton, que j'ai signé avec eux. Les membres
desdites autorités constituées, ledit officier
de santé, le déclarant et les témoins ; le ci-
toyen Doux, secrétaire de ladite-commune.
Fait à Valence, les jours, mois et an que
dessus. Suivent les signatures..»
"""
t
Tel est l'acte mortuaire du deux cent cin-
quante"quatrième successeur de saint Pierre.
Alexandre Dùmas a raison de dire qu'une
seule pièce, dans les archives de notre his-
. toire, peut être comparée à celle-là : le procès-
verbal de la mort de Louis XVII, sttccesseui 1
de saint Louis. ~ 1 1 1 ^ ,
Le 8 mars 4815, à Grenoble, trois officiel!,.
trois frères, les frères Debelle, vinrent offrir!
, leurs seèmes à Najtotéoa sa 4rafo<à»
quérir le trône. - ?
L'aîné des trois frères avait déplu, lors do!
la campagne de 180S en Espagne. Rappelé,'
mis à la retraite, il s'était retiré dans son vil-, -
lage, à Voreppe, et il vivait en famille, lors" -
qu'il apprit le débarquement de Cannes.
Napoléon lui tendit la main. ^Kn ordre du <
général Bertrand, qui faisait les fonctions de :
major général de la petite armée de trois,.
mille- nommes, lui enjoignit de se rendre
immédiatement à Valence et d'y prendre 1a' *
commandement du département de la Drôme.
Debelle arriva le lendemain à Valence;1
mais les autorités refusèrent de reconnaître :
ses pouvoirs, et la gendarmerie le reconduisit .
jusqu'à Romans. ■
Le 15 : « Retournez à Valence, lui fil. .
écrire l'Empereur. Cette fois, l'on vous rece-
vra. »
En effet, le général Guillau lui remit ses -
pouvoirs. Il put ordonner des levées, des ré- -
quisitions, se mettre en mesure de résister
aux troupes royales qui s'avançaient sous les, ;
ordres du duc d'Angoulême. v
Le 29, il marcha contre ce prince. La ren-
contre eut lieu près de Montélimar. Les roya- -
listes étaient nombreux, bien commandés.
par le vicomte d'Escars. Debelle fut battu..
Désespéré, il-remit le eommatfcàeœent de sa-
poignée d'hommes au colonel d'artillerie
Noël:,— Arrêtez l'ennemi pendant quarante-
huit heures, lui dit-il, je vais à Valence pour
chercher du renfort.
Valence était sens dessus dessous. Des
haines violentes divisaient alors, on le sait,
les populations du Midi. La majorité, com-
posée de la noblesse et du peuple, tenait eiïf
général pour les Bourbons. Les classes moyen-
nes au contraire, c'est-à-dire la grande et la
petite bourgeoisie, ce qui avait formé le tiers-
état en 1789, ce qui devait former le parti
libéral sous la Restauration, tenait, depuis un
an, pour l'Empire.
L'invasion, le retour de l'ancien régime',
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXXVI
1\0 35
Le cab gagna l'avenue Victoria, passa devant
l'abbaye de Westminster et s'engagea dans Par-
liament street, c'est-à-dire la rue du Parle-
ment.
Lord Palmure alors baissa la glace du cab et
tira le cabman par sa redingote. '
, Vçù' le cuaiéro du 8 uoveinhm,
Sboking se tourna à demi sur son siège.
— Tu t'arrêteras devant Scotland.Yard, dit
lord Palmure...
— Oui, répondit Shdking.
Le cab passa devant l'Amirauté et quelques !
minutes après il s'arrêtait de nouveau. j
Deux hommes qui se tenaient auprès de la j
porte de Scotland-Yard s'avancèrent rapide-
ment.
Lord Palmure mit la tête à la portière.
L'un d'eux lui dit :
— C'est nous que vous attendez, mylord.
— Alors, montez, dit lord Palmure, qui dai-
gna ouvrir la portière lui-même.
Les deux hommes montèrent et s'assirent sur
la banquette de devant, car le cab était à quatre
places.
Puis Shoking rendit de nouveau la main à
son cheval, et moins d'un quart d'heure àprès,
lord Palmure était à la porte de mistress Fa.
noche. '
Il n'eut pas besoin de sonner deux fois.
La vieille dame était toute prête, l'oreillé aux
aguets et fort impatiente. -
— Enfin, avait-elle murmuré vingt fois de-
puis une heure, je vais donc vivre tranquille, et
sans le secours de personne...
Et elle se voyait déjà dans son cottage de
Brighton, avec une bonne grosse servante, une
maison bien montée, des armoires pleines de
linge et un parloir auprès duquel celui de mis -
tress Fanoche pâlissait.
Elle avait fait coucherles petites filles, s'inquié- '
tant peu, du reste, de ce qui arriverait lorsqu'elle
serait partie et de ce qu'elles deviendraient.
Puis elle avait assemblé à la hâte quelques
hardes dans un petit sac de voyage, mis son
chapeau, endossé son chàle écossais et fourré
ses doigts crochus dans de bons gants de tri-
cot.
Ah! niylord, dit-elle en voyant entrer lord
Palmure,je craignais que vous ne vinssiez pas...
et en même temps, je l'espérais...
— Pourquoi !
— C'est que j'ai peur...
- Et pourquoi auriez-vous peur?
— Ah! c'est que vous ne connaissez pas les
gens, que je vais trahir... ils sont capables de
tout.
— Ma chère dame, dit froidement lord Pal-
mure en entrant dans le parloir où il y avait
une lampe et tirant de sa poche un portefeuille,
voici votre contrat de rente.
La vieille dame eut un battement de cœur.
— Voici cent livres en bank-notes, comme
frais de déplacement.
Le battement de cœur redoubla.
-r Enfin, acheva lord Palmure. voici un billet 1
de première classe pour le train de Londres à
Brighton. , . '
Ce train part à minuit.
La vieille dame allongeait déjà la main pour
s'emparer du contrat de rente, du billet et delJ
bank-notes. 1 . -
Lord Palmure l'arrêta.
— Non, dit-il, pas à présent. Aussitôt qua
j'aurai l'enfant, tout cela sera votre propriété,
et je vous conduirai moi même au Brighton-
raiiway.
La vieille dame éprouva une certaine décep-
tion; elle eut même un accès de défiance.
— Mais, dit-elle, ne me trompez-vous pas, au
moins?
— Je me nomme lord Palmure, et mon ncnt
doit vous être une garantie.
— Sans doute. Mais...
—- Mais quoi ?
■— Que voulez-vous faire de l'enfant?
— Le rendre à sa mère.
— A sa mère ! • .
— Oui, à sa mère qui est chez moi, dit froide-
ment lord Palmure, après avoir miraculeuse-
ment échappé à la mort. ^
Il vit pâlir la vieille dame. -
— Allons, dit-il en baissant la voix, vous
voyez que je sais bien des choses, n'est-ee pas?
Ne perdons pas de temps inutile. J'aj Jiux a*®
PONSON DU TERRAIL
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