Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-12
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 décembre 1867 12 décembre 1867
Description : 1867/12/12 (A2,N602). 1867/12/12 (A2,N602).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717604n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
- TOURNAI.- QDOÏl'OIEf«
ri cent. It. îHatto
& h- -nain^r»
ASS Paris... 5 fr. îï 'frv ■; ; ; t * (r. "
Départements.. 6 t 1.
AdnÍinistra1.tu.r: E. - DELSAUX. t» e
; #
%» année. — JEUDI 12 DECEMBRE 4861. — NO 602
xArectvur- Proprié taire ;
}{<:<<'iiïttfHr en f'. f!/ ; A. DE Ba L AT H ï KU iiK Mi Pi li.,
Dur.eaux d abu.n nejii£p
Administration : 13, place Breda.
~ I . /
* La Presse -illu£trée journal hebdoma-
daire à. 10 centimes, est vendue 5 ceji-
fimes seulement à toute personne qui*
• achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 11 DÉCEMBRE 1867.
FIGURES DE LA SEMAINE
M. ÉMILE OLLIVIER
Même déclaration que pour M. Jules Fa-
vro, et ouïe pour M. Thiers. C'est de l'homme
prjvé. seul qu'il s'agit ici. Ce sont les détails
recueillis sur Stl famille et sur lui que je vous
donnerai. Quant au député, je veux ignorer
)upqa'au banc sur lequel il est assis. -
M. D-entu a public, il y a deux ans, une sé-
rie de biographies politiques et littéraires si-
gnées Z. Marcas. Je ne sais quel écrivain se
'juche sous ce nom d'un des héros de Balzac;
liais sais que cet écrivain est un homme
j'es¡"wit, et je lui emprunte avec plaisir les
Dri.gip.es de M. Emile Ollivier,
"«■^l y avait autrefois daTis le petit village
duBeausset, entre l'antique bois deCugeset
les gorges d'Oilioules, tin maître d'école
dont on se souvient encore dans la contrée.
M savait par cœrir le De Viris Mus,tribus et le
Cnnîdms Nepjts. Un savoir si rare n'était pa:j..
sans ini avcir donné une certaine opinion
de-sa personne ; il se trouvait déclassé, et il
a^'gc-saït en latin l'aveu.gle fortune. Au de-
meurant excellent homme, on le nommait
maître Ollivier. Il se maria avec une jeune
fille -du pays qui lui apporta en dot beauté et
•sagesse, pule/lii t¡¡do et >ga-pientia. Deux en-
' rfaivi- -naquirent de ce mariage;; le premier
reeùi le nom de-Démosth-ônes, le second celui
d'Arktide, comme un témoignage -de l'admi ,.
jcaiied de leur père pour-cès grande hommes,
; et un encouragement au-culte de l'éloquence
) .ei U¡::mour de la justice."<
Dérnosthènes fut le plus fidèle à.ces inspi-
•rations.. Son 4Lie s'imprégna de bonne heure
■ 4-j toutes les vertus de son illustre patron, et,
/•jykisiUïi'd, il lë'fit bien voir au premier Phi-
rài^eqïJ lui tomba sous-le. main. La .ré vol u-
de Juillet ,1-3 compta parmi ses héros.
'pa.ri>oK&ro sou&da Hestall:'ation, compromis
dans l'affaire de Vallée,qui futjugé et exécuté
à Toulon, il avait été enfermé pendant quinze
mois à la prison des Présentines de Marseille.
Juillet le vengeait, mais sans trouver grâce
dans l'inflexibilité de ses opinions. Aussi,
pendant dix-huit ans, eut-il consciencieuse-
ment la main daft toutes l'es conspirations, de-
vant toutes les mines et dans toutes les sapes.
Conspirer fut l'œuvre principale et essentielle
de sa vie ; entre temps, il commerçait dans '
les nouveautés. Dès, 1822, il avait épousé
Mlle Geneviève Périer, fille d'un honnête né-
gociant de Toulon. De'ce mariage naquirent,
six enfants:
« Le premier mourut quelques jours après
sa naissance.
» Emile fut le second.
» Aristide, journaliste de talent, fut tué
dans un duel à Montpellier.
» Adolphe, le quatrième, et Ernest, le cin-
quième, l'un médecin, l'autre officier de ma-
rine, sont deux hommes distinguas.
» Mlle Ollivier, venue la dernière, a épousé
M. le docteur Isnard, médecin à Géménos. »
L'enfance et la jeunesse de M. Emile Olli-
vier sont c-elles d'un enfant doux et studieux.
Elevé pieusement par sa mère, il a le collège
en horreur. Docile aux enseignements de son
père, il se fait une sorte d'idéal viril d'après
les grands hommes de l'antiquité. Bachelier
a seize ans, licencié en droit dix-neuf, il
écrit une thèse : du Mariage considéré dans
ses effets à l'égard de l époux, des enfants et
des parenis, qui est restée comme un ouvrage
classique.
Cette thèse parut te 15 juin 1856 ; l'auteur
avait vingt-ot-un ans.
Un peu moins de deux ans plus tard, le 24
février, son père le prenait par la main et le
menait aux membres du gouvernement pro-
visoire. Démosthènes Ollivier était à l'Hôtel-
de-Ville comme chez lui. On ne pouvait don-
ne-r Paris à son fiis, on lui donna Macseille.
Commissaire extraordinaire à ymgt- trois anc,
M. Emile Ollivier exerça le pouvoir avec mo-
dération.
« Il devint, dit le biographe que j'ai déjà
cité, l'engouement, le charme, la fête quoti-
dienne de ces populations méridionales si
impressionnables et si expansives.Loin de faire
aucune concession au débraillé révolution-
naire, sa tenue correcte et sévère donnait au
pouvoir une sorte de décorum rassurant pour
f
gens bien élevé?. Il paraissait en public
tlpjours ganté, vêtu d'un habit bleu, à la
manière de Berryer. Des cortèges l'accom-
pagnaient dans les rues, précédés de. tam-
bours, de fifres et de drapeaux.' Là sur une
b(|rne, ici sur une chaise ou sur quelque es-
trade pavoisée de lauriers, sous le ciel bleu,
en face de la mer, il enseignait aux fils des
Phocéens l'amour de la patrie. Son imagina-
Hon, fraîche éclose dans les livres antiques,
évoquait devant ce peuple charmé les gran-
deurs républicaines de la Grèce. Ses lèvres,
comme les lèvres de la déesse de nos pères,
avaient des chaines d'or dont il enlaçait ses
auditeurs... »
M. Marcas oublie l'accent. A Marseille, on
aime les orateurs qui parlent marseillqjs.
Quoiqu'il en soit, au mois de juillet 1818,
le général Cavaignac, en fermant l'ère des
commissaires extraordinaires, offrit à M. Emile
Ollivier la préfecture de Chaumont. Le jeune
homme y renonça bientôt pour le barreau, et
il vint se faire inscrire à Paris.
C'est à cette Ópoque qu'eut lieu le duel de
son frère,
M. Auguste Cabrol a raconté les détails de
ee duel, demeuré l'un des épisodes les plus
émouvants de l'histoire du midi.
i Aristide Ollivier était le rédacteur en chef
du journal démocratique de Montpellier; M.
Escande était le rédacteur du journal légiti-
miste. Une polémique s'engagea entre eux, et
M. Escande envoya ses témoins à M. Olli-
vier. Ce dernier répondit que son adversaire
était infirme, malade, contrefait, que la lutte
ne pouvait être égale, mais qu'il acceptait à
sa place quiconque de son parti serait disposé
^fle remplacer. Le lendemain, le journal légi-
timiste publiait une liste signée des noms les
plus aristocratiques de la ville, et les té-
moins de M. Escande priaient lU. Ollivier de
chois'.r parmi ces noms.
— Je n'ai pas à choisir, dit il, je prends le
plus jeune des signataires...
Cet adversaire , était M. de Ginestous, ma-
rié depuis quelques mois et dont la jeune
femme était près d'accoucher... cependant il
'accepta sans hésiter.
Il fut décidé que la rencontre aurait lieu
au sabre d'officier d'infanterie. Aristide, à
vingt-trois ans, n'avait jamais touché une
épée. M. de Ginestous était un peu plus fort;
mais le choix du sabre égalisait les chances.
Rendez-vous fut pris dans le bois de La Va-
lette.
Je cite :
g Aristide arriva le 'premier, en compagnie
de ses témoins, deux jeunes gens comme lui.
I1s étaient à peine à l'endroit convenu que
M. de Ginestous et les siens débouchèrent du
bout d'une allée. - -
Les six hommes se saluèrent.
— Lequel de vous, messieurs, demanda
M. de Ginestous, est M. Aristide Ollivier?
— C'est moi, monsieur, répondit celui-ci.
Et il s'avança, souriant, vérs son adver-
saire, *
— Ah! monsieur, reprit le gentilhomme
frappé de tant d'insouciance, de jeunesse et
de beauté, permettéz-moi de vous dire que
je regrette vivement d'avoir à faire votre con-
naissance en un pareil moment.
Ollivier s'inclina, pendant que les témoins
choisissaient les places et mesuraient les ar-
mes.
..M. de Paul, l'un des témoins de M. de Oi-
nestous, était un ancien militaire habitué
aux scènes de ce genre, plein de loyauté et
de courage pour son propre compte, q-ui plus
tard, à la cour d'assises, se fit un devoir de
rendre hommage à la. valeur des deux com-
battants. Il mit une arme dans la main de
chacun et.fit signe aux témoins de leur lais- -
ser \'C champ libre. -' -
1 — Monsieur, dit Ollivier, je vous préviens -
que je touche un sabre pour la première fois
de ma vie, et que j,-, vais me jeter sur vous ■
! en désespère. *
M. de Ginestous était en garde et atten-
dait..
Les témoins s'étaient à peine reculés de,
quelques pas, les armes s'étaient à peine
croisées, que les adversaires tombaient, l'un
d'un coté, Vautre dd l'autre. M. de Giuesto «h,
la poitrine traversée de part en part, mais vi-
vant; Aristide, avant sous le cœur une bles-
sure irn'pcrccptibte, mais mortelle, aya;>t déjà
procuré la mort.
Ce fut un éclair, un '''.hiouissemen'; rien -
ne. semblait commencé, tout était finÍ...
lU. de Gineslons se débatt.t pendant prés de
six mois entre la vie et la mort, mais la jeu-
nesse finit par triompher et, un an ,!¡"l'Ó::.
malgré un poumon traversé, il commandait a
pleine voix, à Montpellier, la manœuvre des
sapeurs-pompiers, dont il était capitaine... »
. Quand M. de Ginestous put marcher, il fut
traduit, en compagnie de ses témoins et de
j ceux de son adversaire, devant la cour d'assi-
ROCAMBOLE
N° 33 LES
MISÈRES DE LONDRES PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXXIV
Le bon Slioking avait donc passé sa soirée à
JEvans'tavetn, dans les caves de Côvent-Garden".
•-. If avait mangé uile omelette écossaise au fro-
mage, .bu un verre de bitter mélangé de gin, et
fumé deux cigares à trois pences. ' v
Shsking ne se refusait plus rien. j
3§ ;iuniél,o du g noyembro, j
11 était u-r.e heure du matin quand il songea à
'•regagner le.boarding où il, avait laissé l'Irlan-
daise.
Il flageolait un peu sur ses jambes, en sor-
tent, et il je-ta un regard incendiaire sur la ga.ze
des tribunes.qui, dans cet établissement pudi-
bond, dérobe aux hommes la vue des quelques
femmes qui Tiennent entendre chanter des mes-
sieurs enhabit-noir ou assister aux tours d'adresse
d'un clown qui rail avec son nez et son chapeau
les choses les (plus extraordinaires.
Shoking regagna donc le hoarding.
C'était un peu, nous l'avons dit, la maison du
bon Ëieu.
On-entrait et on sortait comme on voulait.
Passé minuit, les locataires se servaient d'un
petit pssse-partout qu'on leur donnait lors de
leut installation, .trouvaient leur chandelle et
leur clé dans le corrnior sur une tablette et
s'allaient eeucher sans bruit.
Ce que FAn-giais respecte le plus, c'est le
sommeil d'aittrui.
Maigre sa légère ébriété, Slioking monta l'es-
calier avec précaution.
Il lui fallait passer devant la porte de l'Irlan-
daise pour arriver à la sienne.
La vue- de cette porte lui donna un léger re-
mords. - j
— Je sui? bien income:-,ant, se'/liMl; tandis I
que cette pauvre femme pleure, je suis allé me
divertir. Je suis un sans-cœur.
Il s'approcha de la porte et colla son oreille à
la serrure.
Il tremblait d'entendre l'Irlandaise san-
gloter.
Mais le plus profond silence régnait dans la
chambre.
— Elle 111)rt, pensa Slioking. Pauvre femme,
va !
Et il entra chez lui sur la pointe du pied et se
mit au lit, prenant garde de remuer les meubles
et de faire le moindre bruit..
Une fois couctr'', 8!Joking s'endormit profon-
dément, grâce aux fumées de gin mélangé de
biiter et rêva qu'il était véritablement gentle-
man et qu'il caracolait sur un cheval de pur
sang dans les allées de Hyde-park.
Quand le rêve est agréable, le sommeil se pro-
longe.
Londres, au reste, n'est pas la ville matinale,
on y vit la nu't. Le matin rien n'y bouge avant
neufou dix heures.
Shoking dormit donc presque vers dix heures
et demie.
En g'éveillant, il s'aperçut bien qu'il 'n'était
pas c;entleman, et poussa un profond soupir.
Puis il songea à l'Irlandaise.
En un tour de iftain, le mendiant eut endossé
son habit noir, mit sa cravate blanche, et il se
trouva prèt à aller frapper à la porte de Jenny.
On ne lui répondit pas.
Il frappa une seconde fois. Même silence.
Alor:3, il s'aperçut^ que la clék était en de-
hors.
Pris d'une vague inquiétude, il tourna cette -
clé et entra.
La chambre était virrc: la fenêtre ouverte, te
lit non fou!e.
" Shokiag éperdu s'élance au dehors et descen-
dit précipitamment au parloir.
La maîtresse du boarding le voyant entrer
effaré, lui demanda ce Íp'j) avait
— Où est la dame que j'ai amenée, fit Sho-
kjng.
— Je ne l'ai pas vue, dit la maîtresse du Loar-
ding. - -
— Elle n'a pas- couché ici !
-— Je ne sais pas.
Slioking parlait si haut et avec un accent si
désespéré que plusieurs locataires du boarding
entrèrent dans le parloir.
Une vieille dame qui logeait au même étage
que l'Irlandaise affirma l'avoir vue sortir la veille
au soir sur les huit ou neuf heures.
Il est difficile de peindre le désespoir du pau- ■
vre diable.
Il s'élança dans la rue, la parcourut dans toute
- TOURNAI.- QDOÏl'OIEf«
ri cent. It. îHatto
& h- -nain^r»
AS
Départements.. 6 t 1.
AdnÍinistra1.tu.r: E. - DELSAUX. t» e
; #
%» année. — JEUDI 12 DECEMBRE 4861. — NO 602
xArectvur- Proprié taire ;
}{<:<<'iiïttfHr en f'. f!/ ; A. DE Ba L AT H ï KU iiK Mi Pi li.,
Dur.eaux d abu.n nejii£p
Administration : 13, place Breda.
~ I . /
* La Presse -illu£trée journal hebdoma-
daire à. 10 centimes, est vendue 5 ceji-
fimes seulement à toute personne qui*
• achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 11 DÉCEMBRE 1867.
FIGURES DE LA SEMAINE
M. ÉMILE OLLIVIER
Même déclaration que pour M. Jules Fa-
vro, et ouïe pour M. Thiers. C'est de l'homme
prjvé. seul qu'il s'agit ici. Ce sont les détails
recueillis sur Stl famille et sur lui que je vous
donnerai. Quant au député, je veux ignorer
)upqa'au banc sur lequel il est assis. -
M. D-entu a public, il y a deux ans, une sé-
rie de biographies politiques et littéraires si-
gnées Z. Marcas. Je ne sais quel écrivain se
'juche sous ce nom d'un des héros de Balzac;
liais sais que cet écrivain est un homme
j'es¡"wit, et je lui emprunte avec plaisir les
Dri.gip.es de M. Emile Ollivier,
"«■^l y avait autrefois daTis le petit village
duBeausset, entre l'antique bois deCugeset
les gorges d'Oilioules, tin maître d'école
dont on se souvient encore dans la contrée.
M savait par cœrir le De Viris Mus,tribus et le
Cnnîdms Nepjts. Un savoir si rare n'était pa:j..
sans ini avcir donné une certaine opinion
de-sa personne ; il se trouvait déclassé, et il
a^'gc-saït en latin l'aveu.gle fortune. Au de-
meurant excellent homme, on le nommait
maître Ollivier. Il se maria avec une jeune
fille -du pays qui lui apporta en dot beauté et
•sagesse, pule/lii t¡¡do et >ga-pientia. Deux en-
' rfaivi- -naquirent de ce mariage;; le premier
reeùi le nom de-Démosth-ônes, le second celui
d'Arktide, comme un témoignage -de l'admi ,.
jcaiied de leur père pour-cès grande hommes,
; et un encouragement au-culte de l'éloquence
) .ei U¡::mour de la justice."<
Dérnosthènes fut le plus fidèle à.ces inspi-
•rations.. Son 4Lie s'imprégna de bonne heure
■ 4-j toutes les vertus de son illustre patron, et,
/•jykisiUïi'd, il lë'fit bien voir au premier Phi-
rài^eqïJ lui tomba sous-le. main. La .ré vol u-
de Juillet ,1-3 compta parmi ses héros.
'pa.ri>oK&ro sou&da Hestall:'ation, compromis
dans l'affaire de Vallée,qui futjugé et exécuté
à Toulon, il avait été enfermé pendant quinze
mois à la prison des Présentines de Marseille.
Juillet le vengeait, mais sans trouver grâce
dans l'inflexibilité de ses opinions. Aussi,
pendant dix-huit ans, eut-il consciencieuse-
ment la main daft toutes l'es conspirations, de-
vant toutes les mines et dans toutes les sapes.
Conspirer fut l'œuvre principale et essentielle
de sa vie ; entre temps, il commerçait dans '
les nouveautés. Dès, 1822, il avait épousé
Mlle Geneviève Périer, fille d'un honnête né-
gociant de Toulon. De'ce mariage naquirent,
six enfants:
« Le premier mourut quelques jours après
sa naissance.
» Emile fut le second.
» Aristide, journaliste de talent, fut tué
dans un duel à Montpellier.
» Adolphe, le quatrième, et Ernest, le cin-
quième, l'un médecin, l'autre officier de ma-
rine, sont deux hommes distinguas.
» Mlle Ollivier, venue la dernière, a épousé
M. le docteur Isnard, médecin à Géménos. »
L'enfance et la jeunesse de M. Emile Olli-
vier sont c-elles d'un enfant doux et studieux.
Elevé pieusement par sa mère, il a le collège
en horreur. Docile aux enseignements de son
père, il se fait une sorte d'idéal viril d'après
les grands hommes de l'antiquité. Bachelier
a seize ans, licencié en droit dix-neuf, il
écrit une thèse : du Mariage considéré dans
ses effets à l'égard de l époux, des enfants et
des parenis, qui est restée comme un ouvrage
classique.
Cette thèse parut te 15 juin 1856 ; l'auteur
avait vingt-ot-un ans.
Un peu moins de deux ans plus tard, le 24
février, son père le prenait par la main et le
menait aux membres du gouvernement pro-
visoire. Démosthènes Ollivier était à l'Hôtel-
de-Ville comme chez lui. On ne pouvait don-
ne-r Paris à son fiis, on lui donna Macseille.
Commissaire extraordinaire à ymgt- trois anc,
M. Emile Ollivier exerça le pouvoir avec mo-
dération.
« Il devint, dit le biographe que j'ai déjà
cité, l'engouement, le charme, la fête quoti-
dienne de ces populations méridionales si
impressionnables et si expansives.Loin de faire
aucune concession au débraillé révolution-
naire, sa tenue correcte et sévère donnait au
pouvoir une sorte de décorum rassurant pour
f
gens bien élevé?. Il paraissait en public
tlpjours ganté, vêtu d'un habit bleu, à la
manière de Berryer. Des cortèges l'accom-
pagnaient dans les rues, précédés de. tam-
bours, de fifres et de drapeaux.' Là sur une
b(|rne, ici sur une chaise ou sur quelque es-
trade pavoisée de lauriers, sous le ciel bleu,
en face de la mer, il enseignait aux fils des
Phocéens l'amour de la patrie. Son imagina-
Hon, fraîche éclose dans les livres antiques,
évoquait devant ce peuple charmé les gran-
deurs républicaines de la Grèce. Ses lèvres,
comme les lèvres de la déesse de nos pères,
avaient des chaines d'or dont il enlaçait ses
auditeurs... »
M. Marcas oublie l'accent. A Marseille, on
aime les orateurs qui parlent marseillqjs.
Quoiqu'il en soit, au mois de juillet 1818,
le général Cavaignac, en fermant l'ère des
commissaires extraordinaires, offrit à M. Emile
Ollivier la préfecture de Chaumont. Le jeune
homme y renonça bientôt pour le barreau, et
il vint se faire inscrire à Paris.
C'est à cette Ópoque qu'eut lieu le duel de
son frère,
M. Auguste Cabrol a raconté les détails de
ee duel, demeuré l'un des épisodes les plus
émouvants de l'histoire du midi.
i Aristide Ollivier était le rédacteur en chef
du journal démocratique de Montpellier; M.
Escande était le rédacteur du journal légiti-
miste. Une polémique s'engagea entre eux, et
M. Escande envoya ses témoins à M. Olli-
vier. Ce dernier répondit que son adversaire
était infirme, malade, contrefait, que la lutte
ne pouvait être égale, mais qu'il acceptait à
sa place quiconque de son parti serait disposé
^fle remplacer. Le lendemain, le journal légi-
timiste publiait une liste signée des noms les
plus aristocratiques de la ville, et les té-
moins de M. Escande priaient lU. Ollivier de
chois'.r parmi ces noms.
— Je n'ai pas à choisir, dit il, je prends le
plus jeune des signataires...
Cet adversaire , était M. de Ginestous, ma-
rié depuis quelques mois et dont la jeune
femme était près d'accoucher... cependant il
'accepta sans hésiter.
Il fut décidé que la rencontre aurait lieu
au sabre d'officier d'infanterie. Aristide, à
vingt-trois ans, n'avait jamais touché une
épée. M. de Ginestous était un peu plus fort;
mais le choix du sabre égalisait les chances.
Rendez-vous fut pris dans le bois de La Va-
lette.
Je cite :
g Aristide arriva le 'premier, en compagnie
de ses témoins, deux jeunes gens comme lui.
I1s étaient à peine à l'endroit convenu que
M. de Ginestous et les siens débouchèrent du
bout d'une allée. - -
Les six hommes se saluèrent.
— Lequel de vous, messieurs, demanda
M. de Ginestous, est M. Aristide Ollivier?
— C'est moi, monsieur, répondit celui-ci.
Et il s'avança, souriant, vérs son adver-
saire, *
— Ah! monsieur, reprit le gentilhomme
frappé de tant d'insouciance, de jeunesse et
de beauté, permettéz-moi de vous dire que
je regrette vivement d'avoir à faire votre con-
naissance en un pareil moment.
Ollivier s'inclina, pendant que les témoins
choisissaient les places et mesuraient les ar-
mes.
..M. de Paul, l'un des témoins de M. de Oi-
nestous, était un ancien militaire habitué
aux scènes de ce genre, plein de loyauté et
de courage pour son propre compte, q-ui plus
tard, à la cour d'assises, se fit un devoir de
rendre hommage à la. valeur des deux com-
battants. Il mit une arme dans la main de
chacun et.fit signe aux témoins de leur lais- -
ser \'C champ libre. -' -
1 — Monsieur, dit Ollivier, je vous préviens -
que je touche un sabre pour la première fois
de ma vie, et que j,-, vais me jeter sur vous ■
! en désespère. *
M. de Ginestous était en garde et atten-
dait..
Les témoins s'étaient à peine reculés de,
quelques pas, les armes s'étaient à peine
croisées, que les adversaires tombaient, l'un
d'un coté, Vautre dd l'autre. M. de Giuesto «h,
la poitrine traversée de part en part, mais vi-
vant; Aristide, avant sous le cœur une bles-
sure irn'pcrccptibte, mais mortelle, aya;>t déjà
procuré la mort.
Ce fut un éclair, un '''.hiouissemen'; rien -
ne. semblait commencé, tout était finÍ...
lU. de Gineslons se débatt.t pendant prés de
six mois entre la vie et la mort, mais la jeu-
nesse finit par triompher et, un an ,!¡"l'Ó::.
malgré un poumon traversé, il commandait a
pleine voix, à Montpellier, la manœuvre des
sapeurs-pompiers, dont il était capitaine... »
. Quand M. de Ginestous put marcher, il fut
traduit, en compagnie de ses témoins et de
j ceux de son adversaire, devant la cour d'assi-
ROCAMBOLE
N° 33 LES
MISÈRES DE LONDRES PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXXIV
Le bon Slioking avait donc passé sa soirée à
JEvans'tavetn, dans les caves de Côvent-Garden".
•-. If avait mangé uile omelette écossaise au fro-
mage, .bu un verre de bitter mélangé de gin, et
fumé deux cigares à trois pences. ' v
Shsking ne se refusait plus rien. j
3§ ;iuniél,o du g noyembro, j
11 était u-r.e heure du matin quand il songea à
'•regagner le.boarding où il, avait laissé l'Irlan-
daise.
Il flageolait un peu sur ses jambes, en sor-
tent, et il je-ta un regard incendiaire sur la ga.ze
des tribunes.qui, dans cet établissement pudi-
bond, dérobe aux hommes la vue des quelques
femmes qui Tiennent entendre chanter des mes-
sieurs enhabit-noir ou assister aux tours d'adresse
d'un clown qui rail avec son nez et son chapeau
les choses les (plus extraordinaires.
Shoking regagna donc le hoarding.
C'était un peu, nous l'avons dit, la maison du
bon Ëieu.
On-entrait et on sortait comme on voulait.
Passé minuit, les locataires se servaient d'un
petit pssse-partout qu'on leur donnait lors de
leut installation, .trouvaient leur chandelle et
leur clé dans le corrnior sur une tablette et
s'allaient eeucher sans bruit.
Ce que FAn-giais respecte le plus, c'est le
sommeil d'aittrui.
Maigre sa légère ébriété, Slioking monta l'es-
calier avec précaution.
Il lui fallait passer devant la porte de l'Irlan-
daise pour arriver à la sienne.
La vue- de cette porte lui donna un léger re-
mords. - j
— Je sui? bien income:-,ant, se'/liMl; tandis I
que cette pauvre femme pleure, je suis allé me
divertir. Je suis un sans-cœur.
Il s'approcha de la porte et colla son oreille à
la serrure.
Il tremblait d'entendre l'Irlandaise san-
gloter.
Mais le plus profond silence régnait dans la
chambre.
— Elle 111)rt, pensa Slioking. Pauvre femme,
va !
Et il entra chez lui sur la pointe du pied et se
mit au lit, prenant garde de remuer les meubles
et de faire le moindre bruit..
Une fois couctr'', 8!Joking s'endormit profon-
dément, grâce aux fumées de gin mélangé de
biiter et rêva qu'il était véritablement gentle-
man et qu'il caracolait sur un cheval de pur
sang dans les allées de Hyde-park.
Quand le rêve est agréable, le sommeil se pro-
longe.
Londres, au reste, n'est pas la ville matinale,
on y vit la nu't. Le matin rien n'y bouge avant
neufou dix heures.
Shoking dormit donc presque vers dix heures
et demie.
En g'éveillant, il s'aperçut bien qu'il 'n'était
pas c;entleman, et poussa un profond soupir.
Puis il songea à l'Irlandaise.
En un tour de iftain, le mendiant eut endossé
son habit noir, mit sa cravate blanche, et il se
trouva prèt à aller frapper à la porte de Jenny.
On ne lui répondit pas.
Il frappa une seconde fois. Même silence.
Alor:3, il s'aperçut^ que la clék était en de-
hors.
Pris d'une vague inquiétude, il tourna cette -
clé et entra.
La chambre était virrc: la fenêtre ouverte, te
lit non fou!e.
" Shokiag éperdu s'élance au dehors et descen-
dit précipitamment au parloir.
La maîtresse du boarding le voyant entrer
effaré, lui demanda ce Íp'j) avait
— Où est la dame que j'ai amenée, fit Sho-
kjng.
— Je ne l'ai pas vue, dit la maîtresse du Loar-
ding. - -
— Elle n'a pas- couché ici !
-— Je ne sais pas.
Slioking parlait si haut et avec un accent si
désespéré que plusieurs locataires du boarding
entrèrent dans le parloir.
Une vieille dame qui logeait au même étage
que l'Irlandaise affirma l'avoir vue sortir la veille
au soir sur les huit ou neuf heures.
Il est difficile de peindre le désespoir du pau- ■
vre diable.
Il s'élança dans la rue, la parcourut dans toute
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