Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-10
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 décembre 1867 10 décembre 1867
Description : 1867/12/10 (A2,N600). 1867/12/10 (A2,N600).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717602t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
'
& cent te -fHmi¿ro ; , > !..
I ' 7 ■ ' ~ ; 1 .. \. - ' ; ' ...-*.-
■ 1 ; - " *„ ' ■ jourwal ! -iVi i l ~-- : 1 1 -..
, ,
IZ ceai. le liai*?'® ,
AsoskemeSTS. 'tr.ois ml'aaar/r.'.'i..... > J" $-f1'. .. 9 fr,'- fjS'fr..t
...ûépwtôments.-. > •" • ® ' ••■'•' :: '-11 M9
? 7: ' Âdmim$imteèr\ E. D si. s AUX.
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2« An MARDI Ifl DEC M E 1867. — N" tiOO'
Directeur-Propriétaire : J A ri ri t N, '■"
mdacleur en chef: A. DE BALATHU!:R BRAGELONNE,
1 BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, A»SAA DP®®®-!
'--»-----.».-.........", ADMINISTRATION : 13, place Brada,
La Presse illustrée journal hcbdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète :la Petite Presse le si!'rnedi- àjpàris
et le dimanche en prnv
__
PARIS, 9 DECEMBRE 1867.
PARIS A TABLE
II
LES PETITES CUISINES
Best-uîtra leurs et restaurés à la main, je
continue la revue commencée hier.
L'immense majorité des gens dont la bourse
est petite fréquente les restaurants à prix
fixe.
Viennent ensuite les tables d'hôtc&dont les
prix varient. Dans les rues qui avoisinent les
boulevards, ce prix est en moyenne de quatre
francs. Il n'est que de deux francs cinquante,
au contraire, à Montmartre et dans. le quar-
tier de l'Odéon. :
Otez la nappe du restaurant à prix fixe,
vous aurez les boitillons, où l'on dîne à la
carte pou?peu d'argent. Les bouillons datent
de 1840. Ils s'appe, laie 111 alors bouillons hollan-
dais et n'eurent aucun succès.
reprise, il y a quinze ans, par lè boucher
Duval, l'idée a fait son chemin. Duval, bou-
cher dans un quartier riche, ne vendait que
les beaux morceaux. Il voulut utiliser sa basse'
viafffte etTTïïVîit, rue Montesquieu, une mai-
son où il vendait du bceuf et du bouillon.
Bientôt, il étendit le menu. Aujourd'hui les
bouillons sont d'excellents restaurants, mais
relativement très-chers, car les portions sont
si petites qu'on est forcé d'en demanderdeux.
Les tables en marbre sont d'une extrême pro-
preté, et le service fait par des femmes cons-
litue, à 1 Paris, une exception très-appréciée...
Qui ne s'est demandé ce que peuvent ga-
gner les restaurants à trfnte-deux sous, qui
vous donnent un potage, trois plats au choix,
un dessert, une demi-bouteille et du pain à
discrétion?
M. Chavette a fait le compte :
-: . «LÀ POnGE! — Enli! eûli! fIl s^«ÉRAÏ(|
. assez difficile de- définir cé <^ê^/Sflîj
vingt clients qui demandëîî^W1^^^-^]!^
a a mo Í nss' arl'Ate n t -aprèfe9»
rée.,. sans se plaindre pëUriîs^rou-
vent eux-mèmes'célte prix:
_ du diner, oh n$*peut me ^fgufi^y Lqpt con-
L
marmite. En tenant compte aussi des dîneurs
qui ne prennent jamais de soupe, soixante
potages peuvent donc suture pour deux cents
dîners. Généralement, ce sont des soupes
maigres... Admettons même le potage gras,
si vous le voulez, mais fouirons la marmite,
et nous y trouverons un composé de géiatine/
d'os (quelquefois de seconde main), et de
très-basse viande en fort, petite quantité. —
Le tout peut s'évaluer à une valeur de 46 fr.
— Nous avons dit que, par le revklaae, cette
marmite de soixante potages suffisait à deux
cents dîners; soyons généreux, réduisons le
nombre à cent vingt, et nous trouvons que le'
potage ne revient pas,à 15 centimes,
TROIS PLATS AU Ci:oix. — La bête noire du
restaurant à prix fixe est le client qui choisit
trois plats de viande! Voyons-où nous con-
duit cet abus de la liberté.
Les bouchers des quartiers riches, dont la
clientèle prend seulement les beaux mor-
ceaux, ont une surabondance de basse viande
qu'ils cèdent à leurs confrères des quartiers
moins fortunés. C'est à ces derniers que s'a-
dressent les établissements à prix fixe.
Si les grandes cuisines obtiennent par traité
une réduction sur le prix des morceaux de
choix, le prix fixe jouit du même .privilège
pour la viande de deuxième qualité, qu'il
paye de 1 fr. 33 c. à 1 fr. 60 le kilo. On con-
naît assez la grosseur des portions pour que
nous paraissions modestes en disant qu'on
tire au moins huit portions d'un kilo, ce qui
met le plat à 26 centimes. — Trois plats, 78
centimes! Enorme 1 Aussi répétons-nous que
le client aux trois plats de viande est maudit
par l'établissement !
POISSON. Le poisson est de la menue ma-
rée... quand la marée est abondante bien
entendu ; sans quoi, on s'en tire, auprès du
! client qui exige un merlan, par cette phrase :
,-' Monsieur, on vient de servir le dernier!...
Mais si la menue marée affluait hier, vous en
aurez aujourd'hui... Dame 1 le merlan sera un
peu friable oïl la raie piquera un tantinet...
v \ \
1 N'y 'e,,îrdez pas de trop près!... fiNâce à lâ
^.ance. ^il fera disparaître ces défaut,
■ 'touslrouverez.ausss le turbot, la barbue,
- le saumon, —rcette;aristocratie de la madrée ;
mais soryuz certains que ces posons alW-
dàrent «flrant-hîer; C'eât'&U • q,uatnèTfc& • choit
j&patiêntàît. •
dépareillés conditions, estimons à
25 centi mes res portions...Et. :qrt^Éë" "por-
tions, ! Une puce resterait sur sa faim., \
Givras. — Le gibier massacre par le- fusil
et gâté/par le sang extravasé; celui qu'un
maladroit emballage au foin (au Heu' de
paille) a'-altéré;"cet autre qu'un trop long
voyage 09 le séjour prolongé à la. halle a corn-'
promis ,:voilà le gibier en question.
UN DESSEÎÎT. — Qu'est-ce que le dessert
Une pomme à bateau, huit pruneaux, un clou
de Brie ; tout cela vaut-il bien un sou?
Prrnori; un dîneur exigeant qui demande-
une meringue. La meringue sort de la fa-
brique des biscuits et des macarons de foire.
— 65 centimes la douzaine de coquilles. —
On vous ert une coquille... avec la crème ;
coût, 7 c ntimes.
La carje vous dit: « Ua dessert 01.1 un verre
de liquèur. » Examinons encore. — La
! maison appris fixe paye la qualité d'cau-dc-
j vie qu'élit! emploie à raison de 17 ou 18 fr. la
i veite contenant 7 litres 113 ; on la réduit par
| l'eau d'un sixième pour l'amener à 17 -de-rés.
■et, comme on tire 36 petits verres au litre,
. faites le calcul, et vous 'trouverez que le petit
verre revient à 6 centimes.
UNE DE,)11-,-OUTEILLE. Ce vin, tout entré, se
paye à 120 fr. la pièce de 300 bouteilles, —
après" ptêilie, 350 bouteilles ; — et;
comme la demi-bouteille n'est pas absolu-
ment de mesure, on arrive à tirer 800 demi-
bouteilles à la pièce... ce qui les met à 15
centimes.
PAIX A DISCRÉiW.- Alï ! il y a des gail-
lards qui tombent 'ur le pain; mais il est
aussi des dîneurs qui y touchent peu. La
compensation nous donne 10 centimes.
Maintenant additionnons :
Pain ..... 0,10
Vin...... 0,15
Plat ..... 0,26 Trois plats de vian-
Plat 0,26 de, le vorace 1
Plat ... , » 0,26
Dessert ... 0,06
1,09
N, *
' 'j.
. déduisez la moitié des S 1 centimes qui r,,,,s-
'tenf pour les frais de loyer, gaz, matérie!,,
are., et vous découvrirez un bénéfice dc <25 .,
. centime^ par couvert.
Notez maintenant que nous' venons de Cal-
culer sur ©? prix de tfente-deita-; sous, jadis
Jjxé par cas maisons qui -s'inti trient au jour-1
^ Admettez" Ie0 'I r.ieL,re, et vous connaîtrez les maâsons desf
i dmers à quatre francs.
âupposez, au contraire, les comestibles d'uo
degpé inférieur, el vous- tomberez dans le1J:;
établissements à vir.Ilt et wsi st)ui... »
M. Chavette consacre les dernières, pasggj
de son amusants physiologie aux étabMsse- \
ments oycentnqaes. ' '
L'AGADSMIE est le nom d'un caboulot la
rue Saint.Jacques. Autour de la salle sofîtr.
; rangés quarante tonneaux portant clmuMe l
j nom d'un des quarante membres de l'Ae»~ \
demie française. De plus petits tonneaux por- <
tent le nom commun de candidats. Qu*ita|.
académicien meure, son tonneau est recon- |
vert d'un crêpe noir qu'on n'enlève que la-^
jour où il a été pourvu a son remp lace ment. '
• ■ j
Le COCHOSÎ FÏDELH est situé rue des Cordiers>.(
près de la Sorbonne: L'enseigne a sa légende ;;,;
En ce temps-là, — quand T—■ un jeûna cà- f.
chon venait chaque jour dans la i^tie contem- I
pler à travers les- vitres la demoiselle d&'!
comptoir, qui était d'une grande -beauté. Uni
matin celle-ci se. maria. Le. cochon se glissa-
à la nuit dans la maison. Le lendemain, (m-'
le trouva mort,. — de-chagrin sans douter — ;
sous le fauteuil du comptoir.
Le RAT MORT florit à l'angle de la rue Fro-,
'chot et du boulevard Pigalle. Il y a sept ans,.:
ce café était un désert. Un rat qui s'y était'
égaré y mourut de faim. L'habitué, un peintre,
nommé Magnan, peignit ce rat sur le plafond..
Un peu plus tard un groupe de journalistes i
émigra d'un café voisin. Aujourd'hui, la foula!
a remplacé le groupe. Au comploir, sourie i
madame flélieie Chassy, dont .les beaux yeux1
éveillés et les joues roses font songer aux-
femmes de Watteau. - ■
DINOCHAU est le restaurateur des lettres.
Quand je suis arrivé à Paris, il y a dix ans,"'
j'y dînais en compagnie de Charles Monselet,
d'Henri Murger, de Théodore de , !
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXXII
No 31
Que s'était-il passé depuis la veille pour la
Jauvro Irlandaise?
Elle avait pleure à chaudes iarmep, lorsque
le boa Shoking était revenu lui dire que son fils
n'était plus dans la maison de mistress Fa-
noche. ■ -;/;i
V Qir le numéro du 8 uoysiuIjm.
La mendiant philosophe avait môme été
oblige d'user de toute son éloquence, d'abord,
et ensuite de toute sa force physique; pour l'em-
pêcher de s'élancer hors du cab et d'aller
sonner elle-même à la porte de la petite mai-
son.
Shoking était un homme do tête et de résolu-
tion.
Il comprit qu'il fallait éloigner l'Irlandaise
sur-le-champ, et il cria au cab man :
■— Mène-nous dans Greet-new port street !
Dans cette rue, Shoking, qui avait connu des
temps plus heureux, se souvenait qu'il y avait
un boarding où on logeait pour un shilling six
pence/ thé et beurre compris, que cet établisse-
ment, tenu par la veuve d'un négociant ruiné,
était convenable et décent, et qu'on n'y recevait
pas tout le monde*.
En quelques minutes, le cab s'arrêta devant
le boarding.
Shoking força l'Irlandaise à descendre, de-
manda une chambre, s'y installa avec elle, et
lui dit :
— Voyons, ma chère, raisonnons un peu, et,
au lieu de pleurer, écoutez-moi.
— Rendez-moi mon enfant ! disait la pauvre
femme éperdue. " "
— Puisque nous le retroy-.Ysrong,
— Oh ! vous dites cela pour me consoler;
mais il n'en est rien, je le sens bien.
— N'avez-vous donc pas confiance dans
l'homme gris?
Elle secoua le tête..
— Ni dans le prêtre?
Ce dernier mot la fit tressaillir. En effet l'abbé
Samuel n'était-il pas le prêtre qui aurait dû, ce
matin-là, dire la messe à Saint-lrilles?
La pauvre Irlandaise qui pleurait toujours, dit
encore :
— Mais le prêtre est en prison.
— Il en sortira. - -
— Quand donc, hélas !
— Peut-être aujourd'hui, demain pour sûr.
car l'homme gris me l'a dit, et tout ce que dit
l'homme gris est vrai.
A force de raisonnement et de patience, le
bon Shoking était parvenu à remettre un peu
d'espoir au cœur de la malheureuse mère.
Ce n'était, après tout, qu'une journée et
qu'une nuit à passer-, puisque le lendemain on
reverrait, l'homme gris et avec lui l'abbé Sa-
muel.
L'Irlandaise parut se résigner.
Elle- ne pleura plus, elle ne parla plus, et pa-
rut concentrer sa douleur.
Elle finit mème par oiîÇir à Shoking, qui par- !
[ yint à lui fâirg prendre çuigigue nourriture,
V !
Pendant toute la journée, Shoking ne la
quitta point. 1
Quand la nuit fut venue, il lui' conseilla de sa
mettre au lit.
L'Irlandaise coda.
Il se faisait dans l'esprit de la pauvre naôr®
un revirement singulier.
Elle avait foi en Shoking, elle^ji'auriut pas-
voulu le quitter; mais elle nourrissait une idée/
fixe, retourner dans cette rue olt on lui 'âvait;:
volé son enfant. ■
— Il me semble que je le retrouverai, moi !
disait-ellc- ; que ces femmes n'oseront pas le
cacher plus longtemps ; qu'elles me le l'en..
drÓnt. '
Elle s'était donc mise audit, avec i'espoïc que
Shoking sortirait.
En effet, le mendiant philosophe, qui avait-
pris une chambre à côté de la sienne, se g'iissa.
bientôt dehors et l'Ir!andaise, qui avait l'oreille'
aux aguets, l'entendit qui descendait l'esca- '
lier. , I"
Elle se mit à la fenêtre et regarda dans la 1
rue. - i
Shoking sortit du I)OLtrcliii,, ; puis il se mit à ,
cheminer d'un pas rapide, descendant la rue et!
se dirigeant sans doute dans Leicester square, j-
Si bon, si honnête qu'il flit, Shoking '
.pas
'
& cent te -fHmi¿ro ; , > !..
I ' 7 ■ ' ~ ; 1 .. \. - ' ; ' ...-*.-
■ 1 ; - " *„ ' ■ jourwal ! -iVi i l ~-- : 1 1 -..
, ,
IZ ceai. le liai*?'® ,
AsoskemeSTS. 'tr.ois m
...ûépwtôments.-. > •" • ® ' ••■'•' :: '-11 M9
? 7: ' Âdmim$imteèr\ E. D si. s AUX.
• '*#4- ' \ \ r-i
2« An MARDI Ifl DEC M E 1867. — N" tiOO'
Directeur-Propriétaire : J A ri ri t N, '■"
mdacleur en chef: A. DE BALATHU!:R BRAGELONNE,
1 BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, A»SAA DP®®®-!
'--»-----.».-.........", ADMINISTRATION : 13, place Brada,
La Presse illustrée journal hcbdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète :la Petite Presse le si!'rnedi- àjpàris
et le dimanche en prnv
__
PARIS, 9 DECEMBRE 1867.
PARIS A TABLE
II
LES PETITES CUISINES
Best-uîtra leurs et restaurés à la main, je
continue la revue commencée hier.
L'immense majorité des gens dont la bourse
est petite fréquente les restaurants à prix
fixe.
Viennent ensuite les tables d'hôtc&dont les
prix varient. Dans les rues qui avoisinent les
boulevards, ce prix est en moyenne de quatre
francs. Il n'est que de deux francs cinquante,
au contraire, à Montmartre et dans. le quar-
tier de l'Odéon. :
Otez la nappe du restaurant à prix fixe,
vous aurez les boitillons, où l'on dîne à la
carte pou?peu d'argent. Les bouillons datent
de 1840. Ils s'appe, laie 111 alors bouillons hollan-
dais et n'eurent aucun succès.
reprise, il y a quinze ans, par lè boucher
Duval, l'idée a fait son chemin. Duval, bou-
cher dans un quartier riche, ne vendait que
les beaux morceaux. Il voulut utiliser sa basse'
viafffte etTTïïVîit, rue Montesquieu, une mai-
son où il vendait du bceuf et du bouillon.
Bientôt, il étendit le menu. Aujourd'hui les
bouillons sont d'excellents restaurants, mais
relativement très-chers, car les portions sont
si petites qu'on est forcé d'en demanderdeux.
Les tables en marbre sont d'une extrême pro-
preté, et le service fait par des femmes cons-
litue, à 1 Paris, une exception très-appréciée...
Qui ne s'est demandé ce que peuvent ga-
gner les restaurants à trfnte-deux sous, qui
vous donnent un potage, trois plats au choix,
un dessert, une demi-bouteille et du pain à
discrétion?
M. Chavette a fait le compte :
-: . «LÀ POnGE! — Enli! eûli! fIl s^«ÉRAÏ(|
. assez difficile de- définir cé <^ê^/Sflîj
vingt clients qui demandëîî^W1^^^-^]!^
a a mo Í nss' arl'Ate n t -aprèfe9»
rée.,. sans se plaindre pëUriîs^rou-
vent eux-mèmes'célte prix:
_ du diner, oh n$*peut me ^fgufi^y Lqpt con-
L
marmite. En tenant compte aussi des dîneurs
qui ne prennent jamais de soupe, soixante
potages peuvent donc suture pour deux cents
dîners. Généralement, ce sont des soupes
maigres... Admettons même le potage gras,
si vous le voulez, mais fouirons la marmite,
et nous y trouverons un composé de géiatine/
d'os (quelquefois de seconde main), et de
très-basse viande en fort, petite quantité. —
Le tout peut s'évaluer à une valeur de 46 fr.
— Nous avons dit que, par le revklaae, cette
marmite de soixante potages suffisait à deux
cents dîners; soyons généreux, réduisons le
nombre à cent vingt, et nous trouvons que le'
potage ne revient pas,à 15 centimes,
TROIS PLATS AU Ci:oix. — La bête noire du
restaurant à prix fixe est le client qui choisit
trois plats de viande! Voyons-où nous con-
duit cet abus de la liberté.
Les bouchers des quartiers riches, dont la
clientèle prend seulement les beaux mor-
ceaux, ont une surabondance de basse viande
qu'ils cèdent à leurs confrères des quartiers
moins fortunés. C'est à ces derniers que s'a-
dressent les établissements à prix fixe.
Si les grandes cuisines obtiennent par traité
une réduction sur le prix des morceaux de
choix, le prix fixe jouit du même .privilège
pour la viande de deuxième qualité, qu'il
paye de 1 fr. 33 c. à 1 fr. 60 le kilo. On con-
naît assez la grosseur des portions pour que
nous paraissions modestes en disant qu'on
tire au moins huit portions d'un kilo, ce qui
met le plat à 26 centimes. — Trois plats, 78
centimes! Enorme 1 Aussi répétons-nous que
le client aux trois plats de viande est maudit
par l'établissement !
POISSON. Le poisson est de la menue ma-
rée... quand la marée est abondante bien
entendu ; sans quoi, on s'en tire, auprès du
! client qui exige un merlan, par cette phrase :
,-' Monsieur, on vient de servir le dernier!...
Mais si la menue marée affluait hier, vous en
aurez aujourd'hui... Dame 1 le merlan sera un
peu friable oïl la raie piquera un tantinet...
v \ \
1 N'y 'e,,îrdez pas de trop près!... fiNâce à lâ
^.ance. ^il fera disparaître ces défaut,
■ 'touslrouverez.ausss le turbot, la barbue,
- le saumon, —rcette;aristocratie de la madrée ;
mais soryuz certains que ces posons alW-
dàrent «flrant-hîer; C'eât'&U • q,uatnèTfc& • choit
j&patiêntàît. •
dépareillés conditions, estimons à
25 centi mes res portions...Et. :qrt^Éë" "por-
tions, ! Une puce resterait sur sa faim., \
Givras. — Le gibier massacre par le- fusil
et gâté/par le sang extravasé; celui qu'un
maladroit emballage au foin (au Heu' de
paille) a'-altéré;"cet autre qu'un trop long
voyage 09 le séjour prolongé à la. halle a corn-'
promis ,:voilà le gibier en question.
UN DESSEÎÎT. — Qu'est-ce que le dessert
Une pomme à bateau, huit pruneaux, un clou
de Brie ; tout cela vaut-il bien un sou?
Prrnori; un dîneur exigeant qui demande-
une meringue. La meringue sort de la fa-
brique des biscuits et des macarons de foire.
— 65 centimes la douzaine de coquilles. —
On vous ert une coquille... avec la crème ;
coût, 7 c ntimes.
La carje vous dit: « Ua dessert 01.1 un verre
de liquèur. » Examinons encore. — La
! maison appris fixe paye la qualité d'cau-dc-
j vie qu'élit! emploie à raison de 17 ou 18 fr. la
i veite contenant 7 litres 113 ; on la réduit par
| l'eau d'un sixième pour l'amener à 17 -de-rés.
■et, comme on tire 36 petits verres au litre,
. faites le calcul, et vous 'trouverez que le petit
verre revient à 6 centimes.
UNE DE,)11-,-OUTEILLE. Ce vin, tout entré, se
paye à 120 fr. la pièce de 300 bouteilles, —
après" ptêilie, 350 bouteilles ; — et;
comme la demi-bouteille n'est pas absolu-
ment de mesure, on arrive à tirer 800 demi-
bouteilles à la pièce... ce qui les met à 15
centimes.
PAIX A DISCRÉiW.- Alï ! il y a des gail-
lards qui tombent 'ur le pain; mais il est
aussi des dîneurs qui y touchent peu. La
compensation nous donne 10 centimes.
Maintenant additionnons :
Pain ..... 0,10
Vin...... 0,15
Plat ..... 0,26 Trois plats de vian-
Plat 0,26 de, le vorace 1
Plat ... , » 0,26
Dessert ... 0,06
1,09
N, *
' 'j.
. déduisez la moitié des S 1 centimes qui r,,,,s-
'tenf pour les frais de loyer, gaz, matérie!,,
are., et vous découvrirez un bénéfice dc <25 .,
. centime^ par couvert.
Notez maintenant que nous' venons de Cal-
culer sur ©? prix de tfente-deita-; sous, jadis
Jjxé par cas maisons qui -s'inti trient au jour-1
^ Admettez" Ie0 'I
i dmers à quatre francs.
âupposez, au contraire, les comestibles d'uo
degpé inférieur, el vous- tomberez dans le1J:;
établissements à vir.Ilt et wsi st)ui... »
M. Chavette consacre les dernières, pasggj
de son amusants physiologie aux étabMsse- \
ments oycentnqaes. ' '
L'AGADSMIE est le nom d'un caboulot la
rue Saint.Jacques. Autour de la salle sofîtr.
; rangés quarante tonneaux portant clmuMe l
j nom d'un des quarante membres de l'Ae»~ \
demie française. De plus petits tonneaux por- <
tent le nom commun de candidats. Qu*ita|.
académicien meure, son tonneau est recon- |
vert d'un crêpe noir qu'on n'enlève que la-^
jour où il a été pourvu a son remp lace ment. '
• ■ j
Le COCHOSÎ FÏDELH est situé rue des Cordiers>.(
près de la Sorbonne: L'enseigne a sa légende ;;,;
En ce temps-là, — quand T—■ un jeûna cà- f.
chon venait chaque jour dans la i^tie contem- I
pler à travers les- vitres la demoiselle d&'!
comptoir, qui était d'une grande -beauté. Uni
matin celle-ci se. maria. Le. cochon se glissa-
à la nuit dans la maison. Le lendemain, (m-'
le trouva mort,. — de-chagrin sans douter — ;
sous le fauteuil du comptoir.
Le RAT MORT florit à l'angle de la rue Fro-,
'chot et du boulevard Pigalle. Il y a sept ans,.:
ce café était un désert. Un rat qui s'y était'
égaré y mourut de faim. L'habitué, un peintre,
nommé Magnan, peignit ce rat sur le plafond..
Un peu plus tard un groupe de journalistes i
émigra d'un café voisin. Aujourd'hui, la foula!
a remplacé le groupe. Au comploir, sourie i
madame flélieie Chassy, dont .les beaux yeux1
éveillés et les joues roses font songer aux-
femmes de Watteau. - ■
DINOCHAU est le restaurateur des lettres.
Quand je suis arrivé à Paris, il y a dix ans,"'
j'y dînais en compagnie de Charles Monselet,
d'Henri Murger, de Théodore de , !
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXXII
No 31
Que s'était-il passé depuis la veille pour la
Jauvro Irlandaise?
Elle avait pleure à chaudes iarmep, lorsque
le boa Shoking était revenu lui dire que son fils
n'était plus dans la maison de mistress Fa-
noche. ■ -;/;i
V Qir le numéro du 8 uoysiuIjm.
La mendiant philosophe avait môme été
oblige d'user de toute son éloquence, d'abord,
et ensuite de toute sa force physique; pour l'em-
pêcher de s'élancer hors du cab et d'aller
sonner elle-même à la porte de la petite mai-
son.
Shoking était un homme do tête et de résolu-
tion.
Il comprit qu'il fallait éloigner l'Irlandaise
sur-le-champ, et il cria au cab man :
■— Mène-nous dans Greet-new port street !
Dans cette rue, Shoking, qui avait connu des
temps plus heureux, se souvenait qu'il y avait
un boarding où on logeait pour un shilling six
pence/ thé et beurre compris, que cet établisse-
ment, tenu par la veuve d'un négociant ruiné,
était convenable et décent, et qu'on n'y recevait
pas tout le monde*.
En quelques minutes, le cab s'arrêta devant
le boarding.
Shoking força l'Irlandaise à descendre, de-
manda une chambre, s'y installa avec elle, et
lui dit :
— Voyons, ma chère, raisonnons un peu, et,
au lieu de pleurer, écoutez-moi.
— Rendez-moi mon enfant ! disait la pauvre
femme éperdue. " "
— Puisque nous le retroy-.Ysrong,
— Oh ! vous dites cela pour me consoler;
mais il n'en est rien, je le sens bien.
— N'avez-vous donc pas confiance dans
l'homme gris?
Elle secoua le tête..
— Ni dans le prêtre?
Ce dernier mot la fit tressaillir. En effet l'abbé
Samuel n'était-il pas le prêtre qui aurait dû, ce
matin-là, dire la messe à Saint-lrilles?
La pauvre Irlandaise qui pleurait toujours, dit
encore :
— Mais le prêtre est en prison.
— Il en sortira. - -
— Quand donc, hélas !
— Peut-être aujourd'hui, demain pour sûr.
car l'homme gris me l'a dit, et tout ce que dit
l'homme gris est vrai.
A force de raisonnement et de patience, le
bon Shoking était parvenu à remettre un peu
d'espoir au cœur de la malheureuse mère.
Ce n'était, après tout, qu'une journée et
qu'une nuit à passer-, puisque le lendemain on
reverrait, l'homme gris et avec lui l'abbé Sa-
muel.
L'Irlandaise parut se résigner.
Elle- ne pleura plus, elle ne parla plus, et pa-
rut concentrer sa douleur.
Elle finit mème par oiîÇir à Shoking, qui par- !
[ yint à lui fâirg prendre çuigigue nourriture,
V !
Pendant toute la journée, Shoking ne la
quitta point. 1
Quand la nuit fut venue, il lui' conseilla de sa
mettre au lit.
L'Irlandaise coda.
Il se faisait dans l'esprit de la pauvre naôr®
un revirement singulier.
Elle avait foi en Shoking, elle^ji'auriut pas-
voulu le quitter; mais elle nourrissait une idée/
fixe, retourner dans cette rue olt on lui 'âvait;:
volé son enfant. ■
— Il me semble que je le retrouverai, moi !
disait-ellc- ; que ces femmes n'oseront pas le
cacher plus longtemps ; qu'elles me le l'en..
drÓnt. '
Elle s'était donc mise audit, avec i'espoïc que
Shoking sortirait.
En effet, le mendiant philosophe, qui avait-
pris une chambre à côté de la sienne, se g'iissa.
bientôt dehors et l'Ir!andaise, qui avait l'oreille'
aux aguets, l'entendit qui descendait l'esca- '
lier. , I"
Elle se mit à la fenêtre et regarda dans la 1
rue. - i
Shoking sortit du I)OLtrcliii,, ; puis il se mit à ,
cheminer d'un pas rapide, descendant la rue et!
se dirigeant sans doute dans Leicester square, j-
Si bon, si honnête qu'il flit, Shoking '
.pas
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