Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 décembre 1867 09 décembre 1867
Description : 1867/12/09 (A2,N599). 1867/12/09 (A2,N599).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717601d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
& otirt. le numéro - 1 -'-5 , ~ , i . i ~ NALF~ 1 1 > 1 !.., , t ' 1 ~ - ' . ' . " /: g ccnt. le numéro !
ABONNEMENTS. — Trois MOIS. Six mois. , . 1;;1 3 RI,;
Pans. - a fr. 9 fr. 1 S fr!.
I)ép£ft*tements.. a il
Administrateur : E. BELSAU-X. ZIZ ~ ~ ; .
1 1 : , ie année. 1 — LUNDI 9 DECEMBRE - 1867. ' — No 599 I
Dtr eéteur.;Proprié taire : JANNTN.
Rédacteur eh Chef : A. DE RA LAT HIEn BRAGELONNE. '' —
BUREA OX D'ABONNEMENT : 9, re:e Di-oilot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
La Presse illustrée journal hebdoma-
aaire à 10 - centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 8 DÉCEMBRE 1869.
PARIS A TABLE
Les grandes cuisines
Il y a deux jours, chers lecteurs, je vous
annonçais la publication d'une série de phy-
siologies parisiennes par l'éditeur Â. Le Che-
valier. /..
Restaurateurs et Restaurés, tel est le titre
d'un'des premiers valûmes de cette série.
L'auteur est M. Eugène Chavette, expert e
en l'art de bien diner et en celui de conter
gaiement? -
Rien^d'intéressant comme cette étude des
grandes .et des petites cuisines de Paris.
C'est pourquoi' je me hâte de la résumer 1
pour vous. ^
Décembre est le mois des longs repas, et
nous sommes dans là saison des bonnes cho-
ses : gibier, truffes, etc. Cette causerie aura
ionc l'attrait de l'actualité.
Paris compte :
812 restaurants,
4661 cafés et brasseries,
3523 débits de vins,
257 crémeries,
208 tables d'hôte, (hôtels et établissements
privés). \
En tout 6464 maisons, pprmi lesquelles
M. Chavette reconnaît 200 bonnes maisons,
laissant à l'amour-propre de chaque proprié-
taire ,la liberté de classer sa maison parmi
celles-là?"
Cependant il en cite quelques-unes, — les
plus célèbres, — eelles qui appartiennent à
l'hisl,oire ; et, remarque à noter, toutes, sauf
. une eu deux, datent de ce siècle-ci.
LE CAFÉ ALLAIS s'ouvrit en 4802, après la
paix d'Amiens. Les Anglais qu'une longue
guerre avait tenus éloignés de France, affluè-
rent alors à Paris. Ils trouvèrent leur cuisine
r nationale dans un café dti boulevard et firent
la fortune de' ce cafë -' Mais la guerre éclata 'de
nouveau. Plus d'Anglais. L'êtabHsse ment
allait périr. Up dîner retentissan-t le sauva.
Fil marchandlde;Yinf nom m# , Jpuret, désireux
de faire connaître e t, apprécier sa cave, invita
à-dîner au Café, anglais les dix plus fameux
gourmets du temps. Le prix était de trois
louis par tête, sans le vin, — somme énorme
alors.
C'est à ce repas que fut' servie pow la pre-
mière fois la fameuse soupe coûtant 25 francs
par. t&te, qui fut appelée le potage Camerani,
du nom de son inventeur,semainier du théâtre
Feydeau. Ce potage avait pour base des foies
de. poulets gras qui ne devaient pas avoir, été
tués par "la saignée, ni par l'étoujfement.'
Celte énigme gtajt de l'invention d'un des
convives, le physicien Beyer, qui avait tué les
poulets au moyen de*l'électricité. Pour savoir
comment mouraient les poulets et quel goût
avait le potage, tout le Paris des boulevards -
vint au Café anglais. - j
: :: : i
Le.CAFÉ BIGNON, OU CAFÉ DE FOI, est situé à
l'angle de la rue de4la Chaussée d'Antin.
En 1812,^1'appartenait à un M. Feuillet
qu'on appelait Pouillet le riche, parce qu'il
était en même temps propriétaire du café et
un mille francs de loyer. Aujourd'hui, elle
en rapporte cent trente-huit mille ; on est
riche à moins bon marché.
Nibeau, successeur de Pouillet, introduisit
les déjeuners au dafé de Foi.
Puis vint Bignon-, qui y joignit les dîners
et en,fit un restaurant.
La MAISON DORÉE s'appelait en 179j) le Calé
Hardy. Un matin le propriétaire eut l'idée
d'apporter son gril dans le salon du public et
de faire cuire sous les yeux du client* le ro-
gnon demandé. De l'à un succès. En 1812,
madame veuve Hardy épousa un général et
se retira millionnaire, après avoir cédé son
fonds à Siraud. Siraud le vendit sous la Res- :
tauration à M. Hamel. !
j ' La.maison du café Hardy fut démolie sous i
la monarchie de Juillet, et 'la Maison Dorée J
fut.creée.par les frères Verdier.
j Le RESTAURANT PHILIPPE, rue Montorgueil,
i date de 1804.
Le premier Philippe avait acheté <1,000 fr.
le fonds d'un marchand de vins. La maison
ne valait rien ; mais l'homme était doué. Il
demanda à son imagination le secret de la po-
pularité. A chaque instant, ses voisine le
voyaient sortir en courant de sa boutique, un
broc dé vin swr là tête. — Où allez-vous ? lui
criait-on. Il répondait : — Je vais porter ce
vip en ville.— Quelle .chance a ce Philippe !
murmuraient les gens. Pendant ce temps là,
le malheureux marchand de vins vidait son
: broc dans le ruisseaude quelque rue éloignée.
Il ne contenai't que deTeau. 4>
i En 1820, Philippe risqua la simple côte-
lette que lui faisait cuire la mère Brodier,
son écaillère. En 1826, le restaurant Philippe
faisait deux cent mille francs par an de re-
cettes. En HAS, le fils du fondateurse retirait
millionnaire, laissant son fonds à un ancien
chef du Jockey-Club, Pascal, qui le paya trois I
cent vingt mille francs. , '
LES TROIS FRÈRES PROVENÇAUX furent fondés
sous le Directoire. Après cinquante années de
fortune successive et de réputation euro-
péenne, ce restaurantiflustres'amoindrit sous .
; M est en train, dit-en, de se relever"*
avec Goyard.
Le CAFÉ RICHE s'est relevé. Bignoa aîné, frère
du,Bignon du CAFÉ DE FOI, avait vendu sa part
de ce dernier établissement. n's'emmya dans
son oisiveté dorée, prit le café Riche aban-
donné et en fit le café Riche actuel.'
Le CAFÉ VACHETTE s'appelait, sous l'Empire,
le CAFÉ DES GRANDS HOMMES. En 1815, il s'ap-
pela CAFÉ MATHON, du nom de Mme Mathon,
propriétaire de l'hôtel SainUPhar, dont le café
n'était qu'une succursale. Mme Mathon le
vendit à Allez, qui le céda à Vachette, qui en
, fit un restaurant célèbre. Vachette, Chavette.
Je prends une anecdote à ce dernier :
«,Sous Mme Mathon, l'écrivain Merle fut le
client le plus sérieux de ce café,... mais bien
nTalgré lui. Il vivait alors avec une actrice et
il l'amenait, après le théâtre, prendre un riz
au làit. Cette habitude fut découverta,et, cha-
que !soir, au bon moment, le > malheureux '
Merle voyait arriver la mère de sa, maîtresse
conduisant l'enfant de ladite demoiselle, plus
le frère, un veuf, qui remorquait ses trois en..
faats, Cinq minutes après entrait le second
peloton, composé du père de Merle, de son
oncle, ancien horloger, et de son cousin, ex-
garde du corps, qui conduisait sa femme, sa
fille... et une bonne. Toute cette population
tombait sur les riz au lait, et comme cette au-
baine était pour" quelques-uns le vrai repas
de la journée, ils répétaient jusqu'à trois fois.
Ennuyé de payer chaque soir une moyenne
d'e trente riz au lait, Merle changeait son
campement ; mais.deux jours «près — était-il
trahi par sa maîtresse? — il voyait arriver le.
corps d'armée. Quand cette longue liaison
cessa, Merle avait payé 59,280 riz au lait. » *
LE CAFÉ VÉFOUR (café de Chartres) est voisin
de VÉRY, devenu un restaurant à prix fixe.
On montre cnez"y Véfour la table où dînait
M; de HumbÓldt. L'illustre savant était un
piètre gastronome. Son menu se composait
invariablement d'un vermicelle, d'une poi-
trine de mouton et d'un haricot.
Les échos de Véfour rediraient tous les
noms illustres et connus du commencement
du siècle. Le roi Murât venait y apprécier la
cuisine chantée par le poëte Berchoux. Plus
tard,' le général russe Rostopchin, celui qui ■
incendia Moscou, y soupait avec*Mlle Flore,
Variétés. Plus tard eireore'^le 1 duc'de ' • ^
Berry y riait aux éclats, quand la danseuse
Virginie imitait en ri?nt la démarche du mi- '
nistre Decazes.
Après les maisons illustres,les bonnes mai-
sons.
Il faut citer BRÉBANT-FDYOT 1 chez qui se réu-
nirent pour la dernière fois - les principaux .
conjurés de la conspiration Cadoudal et Piche-
gru; MAGNY, qui compte parmi ses clients
George Sand, Sainte-Beuve, Théophile Gau-
tier, Ernest Renan....; — le CAFÉ VÉRON, OÙ
.déjeunait l'illustre danseur Vestris. Vestris :
n'aimait pas à payer ses additions: Ordre fut
donné.au garçon de ne pas lui servir son dé-
jeuner avant qu'il eût réglé celui de la veille.
Le danseur s'exécuta. Ce déjeuner se compo-
ROCAMBOLE
mess="" LES MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURISSEUSE D'ENFANTS
XXXI
Le brin t, que la vip:i!e dame venait d'enten-
- dre avait causé par ^'homme gris, comme on
va le voir.
Nous avons vu ce dernier s'approcher de cette
fenêtre éclairée,qui donnaitfsur)e jardin.
S'étant couché à plat ventre, l'homme gris
Voir m; «uaiéi o -du 8 cûvembrô,
voyait distinctement lord Palmure et la vieille
dame; mais il ne pouvait pas entendre ce qu'ils
disaient ; et il voulait entendre.
Un arbre croissait auprès de la fenêtre.
Au-dessus de la fenêtre et juste en face de
cet arbre, l'homme gris remarqua « une de ces
rosaces qui ne sont autres, que, des ventilateurs
et que les Anglais posent dans presque toutes
leurs pièces.
S'il fait trop froid, on allume un bec de gaz
qui se trouve au milieu.% . j
Le ventilateur qui se compose de petites la-
mes de tôle attire à lui la fumée et le son.
L'homme gris en se,découvrant, se dit :
— Je crois que voilà mon affaire.
Et il grimpa sur l'arbre et appuya son oreille
au ventilateur; mais une branche de l'arbre cra-
qua sous son poids ei, ce fut le bruit qui vint
frapper l'oreille de la vieille dame.
Tout autre fût tombé lourdement sur le sol.
L'homme gris, leste comme un chat, se rat-
trapa aux branches supérieures et se soutint à
bras tendus à quelques pieds au-dessus du sul,
tandis que la vieille dame inspectait minutieu-,
sement le jardin et ne pensait pas à lever le
nez en l'air.
— C'était dans la ruelle sans doute, se dit.
elle.'
| Et elle rejoignit lord Palmura.
-Alou l'homme gris chercha un point d'appui
i sur une autre branche et l'oreille appuyée au
ventilateur, il écouta.
— Eh bienl dit lord Palmure, qu'est-ce donc?
— Ah! que j'ai eu peur! dit la vieille dame.
— En'vérité I
— Mylord, reprit-elle, croyant devoir mettre
à profit ce petit événement et en tirer bon parti.
Je crois que je ferais mieux de vous laisser
4aller.
— Mais, chère dame,..
— Si je trahis mon associée, elle me tuera.
— Quelle folie 1
— Je suis une pauvre femme, voyez-vous,
my'Iord, et je n'ai ni grande aisance/ni grande
joie dans la vie. Cependant j'y tiens...
Et elle tremblait et paraissait tout à fait bou:,
leversée.
— Mais chère dame, dit lord Palmure, si je
vous prends sous ma protection, qu'avez-vous
à craindre ?
— Ahl n'importe! dit-elle, je ne parlerai que
lorsque je serai sur la route de Brighton.
— Comment, vous ne me direz pas ce soir où
est l'enfant?
— Non.
Il y avait dans cette réponse un entêtement
dont lord Palmure désespéra de triompher.
— Du reste,'reprit la vieille dame, rassurez-
vous, l'enfant ne court aucun danger;'vous le ]
retrouverez demain aussi bien qu'aujourd'hui.
— Vous me le jurez ! s
— Tenez, mylord, reprit la vieille dame ie
vais vous faire une proposition.
I — Parlez,.
— Demain, à sept- heures du soir, apportez-
moi mon- contrat de rente.
— Bon ! —
— Une trentaine de livres pour mes premiers
frais d'installation. - '
— Ensuite ?
— Prenez-moi dans votre voiture et je vous
conduirai où est l'enfant.
— Soit, dit lord Palmure.
Et il se leva.
Alors l'homme gris se laissa glisser au bas de
liarbre et se sauva en murmurant :
— Maintenant, nous voilà fixés. Ce n'est pas
lord Palmure qui aura l'enfant, c'est nous...
Il profita du moment où, d'après ses calculs,
la vieille dame passait sur le devant de la mai-
son pour reconduire lord Palmure jusqu'à la
porte, et M ouvrit celle de la ruelle.
Ee policeman se promenait toujours de long -
en large.
Il vint à l'homme » gris.
— Eh bien ? dit-il.
. — Tout va bien, répondit celui-ci.
& otirt. le numéro - 1 -'-5 , ~ , i . i ~ NALF~ 1 1 > 1 !.., , t ' 1 ~ - ' . ' . " /: g ccnt. le numéro !
ABONNEMENTS. — Trois MOIS. Six mois. , . 1;;1 3 RI,;
Pans. - a fr. 9 fr. 1 S fr!.
I)ép£ft*tements.. a il
Administrateur : E. BELSAU-X. ZIZ ~ ~ ; .
1 1 : , ie année. 1 — LUNDI 9 DECEMBRE - 1867. ' — No 599 I
Dtr eéteur.;Proprié taire : JANNTN.
Rédacteur eh Chef : A. DE RA LAT HIEn BRAGELONNE. '' —
BUREA OX D'ABONNEMENT : 9, re:e Di-oilot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
La Presse illustrée journal hebdoma-
aaire à 10 - centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 8 DÉCEMBRE 1869.
PARIS A TABLE
Les grandes cuisines
Il y a deux jours, chers lecteurs, je vous
annonçais la publication d'une série de phy-
siologies parisiennes par l'éditeur Â. Le Che-
valier. /..
Restaurateurs et Restaurés, tel est le titre
d'un'des premiers valûmes de cette série.
L'auteur est M. Eugène Chavette, expert e
en l'art de bien diner et en celui de conter
gaiement? -
Rien^d'intéressant comme cette étude des
grandes .et des petites cuisines de Paris.
C'est pourquoi' je me hâte de la résumer 1
pour vous. ^
Décembre est le mois des longs repas, et
nous sommes dans là saison des bonnes cho-
ses : gibier, truffes, etc. Cette causerie aura
ionc l'attrait de l'actualité.
Paris compte :
812 restaurants,
4661 cafés et brasseries,
3523 débits de vins,
257 crémeries,
208 tables d'hôte, (hôtels et établissements
privés). \
En tout 6464 maisons, pprmi lesquelles
M. Chavette reconnaît 200 bonnes maisons,
laissant à l'amour-propre de chaque proprié-
taire ,la liberté de classer sa maison parmi
celles-là?"
Cependant il en cite quelques-unes, — les
plus célèbres, — eelles qui appartiennent à
l'hisl,oire ; et, remarque à noter, toutes, sauf
. une eu deux, datent de ce siècle-ci.
LE CAFÉ ALLAIS s'ouvrit en 4802, après la
paix d'Amiens. Les Anglais qu'une longue
guerre avait tenus éloignés de France, affluè-
rent alors à Paris. Ils trouvèrent leur cuisine
r nationale dans un café dti boulevard et firent
la fortune de' ce cafë -' Mais la guerre éclata 'de
nouveau. Plus d'Anglais. L'êtabHsse ment
allait périr. Up dîner retentissan-t le sauva.
Fil marchandlde;Yinf nom m# , Jpuret, désireux
de faire connaître e t, apprécier sa cave, invita
à-dîner au Café, anglais les dix plus fameux
gourmets du temps. Le prix était de trois
louis par tête, sans le vin, — somme énorme
alors.
C'est à ce repas que fut' servie pow la pre-
mière fois la fameuse soupe coûtant 25 francs
par. t&te, qui fut appelée le potage Camerani,
du nom de son inventeur,semainier du théâtre
Feydeau. Ce potage avait pour base des foies
de. poulets gras qui ne devaient pas avoir, été
tués par "la saignée, ni par l'étoujfement.'
Celte énigme gtajt de l'invention d'un des
convives, le physicien Beyer, qui avait tué les
poulets au moyen de*l'électricité. Pour savoir
comment mouraient les poulets et quel goût
avait le potage, tout le Paris des boulevards -
vint au Café anglais. - j
: :: : i
Le.CAFÉ BIGNON, OU CAFÉ DE FOI, est situé à
l'angle de la rue de4la Chaussée d'Antin.
En 1812,^1'appartenait à un M. Feuillet
qu'on appelait Pouillet le riche, parce qu'il
était en même temps propriétaire du café et
un mille francs de loyer. Aujourd'hui, elle
en rapporte cent trente-huit mille ; on est
riche à moins bon marché.
Nibeau, successeur de Pouillet, introduisit
les déjeuners au dafé de Foi.
Puis vint Bignon-, qui y joignit les dîners
et en,fit un restaurant.
La MAISON DORÉE s'appelait en 179j) le Calé
Hardy. Un matin le propriétaire eut l'idée
d'apporter son gril dans le salon du public et
de faire cuire sous les yeux du client* le ro-
gnon demandé. De l'à un succès. En 1812,
madame veuve Hardy épousa un général et
se retira millionnaire, après avoir cédé son
fonds à Siraud. Siraud le vendit sous la Res- :
tauration à M. Hamel. !
j ' La.maison du café Hardy fut démolie sous i
la monarchie de Juillet, et 'la Maison Dorée J
fut.creée.par les frères Verdier.
j Le RESTAURANT PHILIPPE, rue Montorgueil,
i date de 1804.
Le premier Philippe avait acheté <1,000 fr.
le fonds d'un marchand de vins. La maison
ne valait rien ; mais l'homme était doué. Il
demanda à son imagination le secret de la po-
pularité. A chaque instant, ses voisine le
voyaient sortir en courant de sa boutique, un
broc dé vin swr là tête. — Où allez-vous ? lui
criait-on. Il répondait : — Je vais porter ce
vip en ville.— Quelle .chance a ce Philippe !
murmuraient les gens. Pendant ce temps là,
le malheureux marchand de vins vidait son
: broc dans le ruisseaude quelque rue éloignée.
Il ne contenai't que deTeau. 4>
i En 1820, Philippe risqua la simple côte-
lette que lui faisait cuire la mère Brodier,
son écaillère. En 1826, le restaurant Philippe
faisait deux cent mille francs par an de re-
cettes. En HAS, le fils du fondateurse retirait
millionnaire, laissant son fonds à un ancien
chef du Jockey-Club, Pascal, qui le paya trois I
cent vingt mille francs. , '
LES TROIS FRÈRES PROVENÇAUX furent fondés
sous le Directoire. Après cinquante années de
fortune successive et de réputation euro-
péenne, ce restaurantiflustres'amoindrit sous .
; M est en train, dit-en, de se relever"*
avec Goyard.
Le CAFÉ RICHE s'est relevé. Bignoa aîné, frère
du,Bignon du CAFÉ DE FOI, avait vendu sa part
de ce dernier établissement. n's'emmya dans
son oisiveté dorée, prit le café Riche aban-
donné et en fit le café Riche actuel.'
Le CAFÉ VACHETTE s'appelait, sous l'Empire,
le CAFÉ DES GRANDS HOMMES. En 1815, il s'ap-
pela CAFÉ MATHON, du nom de Mme Mathon,
propriétaire de l'hôtel SainUPhar, dont le café
n'était qu'une succursale. Mme Mathon le
vendit à Allez, qui le céda à Vachette, qui en
, fit un restaurant célèbre. Vachette, Chavette.
Je prends une anecdote à ce dernier :
«,Sous Mme Mathon, l'écrivain Merle fut le
client le plus sérieux de ce café,... mais bien
nTalgré lui. Il vivait alors avec une actrice et
il l'amenait, après le théâtre, prendre un riz
au làit. Cette habitude fut découverta,et, cha-
que !soir, au bon moment, le > malheureux '
Merle voyait arriver la mère de sa, maîtresse
conduisant l'enfant de ladite demoiselle, plus
le frère, un veuf, qui remorquait ses trois en..
faats, Cinq minutes après entrait le second
peloton, composé du père de Merle, de son
oncle, ancien horloger, et de son cousin, ex-
garde du corps, qui conduisait sa femme, sa
fille... et une bonne. Toute cette population
tombait sur les riz au lait, et comme cette au-
baine était pour" quelques-uns le vrai repas
de la journée, ils répétaient jusqu'à trois fois.
Ennuyé de payer chaque soir une moyenne
d'e trente riz au lait, Merle changeait son
campement ; mais.deux jours «près — était-il
trahi par sa maîtresse? — il voyait arriver le.
corps d'armée. Quand cette longue liaison
cessa, Merle avait payé 59,280 riz au lait. » *
LE CAFÉ VÉFOUR (café de Chartres) est voisin
de VÉRY, devenu un restaurant à prix fixe.
On montre cnez"y Véfour la table où dînait
M; de HumbÓldt. L'illustre savant était un
piètre gastronome. Son menu se composait
invariablement d'un vermicelle, d'une poi-
trine de mouton et d'un haricot.
Les échos de Véfour rediraient tous les
noms illustres et connus du commencement
du siècle. Le roi Murât venait y apprécier la
cuisine chantée par le poëte Berchoux. Plus
tard,' le général russe Rostopchin, celui qui ■
incendia Moscou, y soupait avec*Mlle Flore,
Variétés. Plus tard eireore'^le 1 duc'de ' • ^
Berry y riait aux éclats, quand la danseuse
Virginie imitait en ri?nt la démarche du mi- '
nistre Decazes.
Après les maisons illustres,les bonnes mai-
sons.
Il faut citer BRÉBANT-FDYOT 1 chez qui se réu-
nirent pour la dernière fois - les principaux .
conjurés de la conspiration Cadoudal et Piche-
gru; MAGNY, qui compte parmi ses clients
George Sand, Sainte-Beuve, Théophile Gau-
tier, Ernest Renan....; — le CAFÉ VÉRON, OÙ
.déjeunait l'illustre danseur Vestris. Vestris :
n'aimait pas à payer ses additions: Ordre fut
donné.au garçon de ne pas lui servir son dé-
jeuner avant qu'il eût réglé celui de la veille.
Le danseur s'exécuta. Ce déjeuner se compo-
ROCAMBOLE
mess="" LES MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURISSEUSE D'ENFANTS
XXXI
Le brin t, que la vip:i!e dame venait d'enten-
- dre avait causé par ^'homme gris, comme on
va le voir.
Nous avons vu ce dernier s'approcher de cette
fenêtre éclairée,qui donnaitfsur)e jardin.
S'étant couché à plat ventre, l'homme gris
Voir m; «uaiéi o -du 8 cûvembrô,
voyait distinctement lord Palmure et la vieille
dame; mais il ne pouvait pas entendre ce qu'ils
disaient ; et il voulait entendre.
Un arbre croissait auprès de la fenêtre.
Au-dessus de la fenêtre et juste en face de
cet arbre, l'homme gris remarqua « une de ces
rosaces qui ne sont autres, que, des ventilateurs
et que les Anglais posent dans presque toutes
leurs pièces.
S'il fait trop froid, on allume un bec de gaz
qui se trouve au milieu.% . j
Le ventilateur qui se compose de petites la-
mes de tôle attire à lui la fumée et le son.
L'homme gris en se,découvrant, se dit :
— Je crois que voilà mon affaire.
Et il grimpa sur l'arbre et appuya son oreille
au ventilateur; mais une branche de l'arbre cra-
qua sous son poids ei, ce fut le bruit qui vint
frapper l'oreille de la vieille dame.
Tout autre fût tombé lourdement sur le sol.
L'homme gris, leste comme un chat, se rat-
trapa aux branches supérieures et se soutint à
bras tendus à quelques pieds au-dessus du sul,
tandis que la vieille dame inspectait minutieu-,
sement le jardin et ne pensait pas à lever le
nez en l'air.
— C'était dans la ruelle sans doute, se dit.
elle.'
| Et elle rejoignit lord Palmura.
-Alou l'homme gris chercha un point d'appui
i sur une autre branche et l'oreille appuyée au
ventilateur, il écouta.
— Eh bienl dit lord Palmure, qu'est-ce donc?
— Ah! que j'ai eu peur! dit la vieille dame.
— En'vérité I
— Mylord, reprit-elle, croyant devoir mettre
à profit ce petit événement et en tirer bon parti.
Je crois que je ferais mieux de vous laisser
4aller.
— Mais, chère dame,..
— Si je trahis mon associée, elle me tuera.
— Quelle folie 1
— Je suis une pauvre femme, voyez-vous,
my'Iord, et je n'ai ni grande aisance/ni grande
joie dans la vie. Cependant j'y tiens...
Et elle tremblait et paraissait tout à fait bou:,
leversée.
— Mais chère dame, dit lord Palmure, si je
vous prends sous ma protection, qu'avez-vous
à craindre ?
— Ahl n'importe! dit-elle, je ne parlerai que
lorsque je serai sur la route de Brighton.
— Comment, vous ne me direz pas ce soir où
est l'enfant?
— Non.
Il y avait dans cette réponse un entêtement
dont lord Palmure désespéra de triompher.
— Du reste,'reprit la vieille dame, rassurez-
vous, l'enfant ne court aucun danger;'vous le ]
retrouverez demain aussi bien qu'aujourd'hui.
— Vous me le jurez ! s
— Tenez, mylord, reprit la vieille dame ie
vais vous faire une proposition.
I — Parlez,.
— Demain, à sept- heures du soir, apportez-
moi mon- contrat de rente.
— Bon ! —
— Une trentaine de livres pour mes premiers
frais d'installation. - '
— Ensuite ?
— Prenez-moi dans votre voiture et je vous
conduirai où est l'enfant.
— Soit, dit lord Palmure.
Et il se leva.
Alors l'homme gris se laissa glisser au bas de
liarbre et se sauva en murmurant :
— Maintenant, nous voilà fixés. Ce n'est pas
lord Palmure qui aura l'enfant, c'est nous...
Il profita du moment où, d'après ses calculs,
la vieille dame passait sur le devant de la mai-
son pour reconduire lord Palmure jusqu'à la
porte, et M ouvrit celle de la ruelle.
Ee policeman se promenait toujours de long -
en large.
Il vint à l'homme » gris.
— Eh bien ? dit-il.
. — Tout va bien, répondit celui-ci.
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