Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-23
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 juin 1870 23 juin 1870
Description : 1870/06/23 (A5,N1526). 1870/06/23 (A5,N1526).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169548
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro.
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro. "
1 ABONNEMENTS.— Trois mois Sixmo!s Un in
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 6 il a8
Administrateur: BOURDILLIAT.
5rile année — JEUDI 23 JUIN 1870 — N° 1326
Rédacteur en chef: A. DE BAL.ITRRRER-BRA.GKR.ONME T
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, 1-lile Hwonot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 22 JUIN 1870
EXPOSITION DE 1870
LES SCULPTEURS
La statuaire continue à se disîtfi^iîeb-^r^
d'excellents morceaux, sans arriver à pro-
duire une de ces œuvres qui vous prennent
aux entrailles et qui vous font vous arrêter
saisi?, immobilisés dans l'admiration du beau
original et imprévu.
Quel artiste aura le courage de rompre
nettement avec la convention? Si le,s sculp-
teurs font du nu, on les accuse de n'être pas
modernes; s'ils mettent seulement une che-
mise à leur figure, on leur reproche de n'a-
■' 'voir pas étudié le nu. Il en est d'eux comme
des architectes : si ces derniers font ancien,
ils copient; s'ils ne font que des murs, ils
font plat ; quelquefois ils tentent de combiner
, l'ancien et-le nouveau ; mais alors où 8::-ot
l'harmonie? — Voyez mon Opéra! — dit
;V M. G'arnier. — C'est- bien parce que je l'ai
vu !...
i De là l'ennui, qui se joint au soleil, frap-
pant les vitres du toit, pour accabler les
/ promeneurs du jardin de l'Exposition. Quel-
ques œuvres cependant méritent qu'on les
mentionne et qu'on rende justice à l'effort,
à l'habileté, au talent de ceux qui les ont
envoyées.
Ce cheval — qui galope si bien qu'il ne
tiendrait pas sans un paquet de fougères
qu'on lui a planté sous le poitrail, et sur
lequel il semble se balancer comme un che-
val de bois, — est de M. BARTHOLDI. Le
''1. major — costumé en Gaulois — qui le j
monte se nomme Vercingétorix. Il semble j
; se tourner vers un escadron invisible l
pour lui donner un ordre, sans doute celui
de crier : (f — Vive l'Empereur 1 »
La Pythie de Delphes de M. BOURGEOIS,
.outo à son inspiration, oublie que ses che- J
veux l'écrasent; elle se cramponne à son
trépied ; à demi penchée en avant, elle s'a-
gite et crie dans un transport nerveux. —
Comme c'est décoratif! — me disait un ami
de M. Bourgeois, en me montrant sa statue.
\— Décoratif, soit; mais où placer une pa-
; Veille furie? Ce n'est ni à l'Opéra, ni au tri-
"r-brçnal de commerce, ni même lt la chambre
dgs huissiers. Dans, un square, elle effraie-
. les enfants; au fond d'un parc, elle au-
rait l'air de dénoncer les amoureux...
Le buste de J1flle Engoue Liocre est une
des plus jolies choses qu'ait pu créer la fan-
taisie d'un artiste. M. CARPEAUX a saisi
avec beaucoup de goût.le caractère de la
beauté de son modèle : une tète d'enfant
capricieux, sur un corps de belle femme.
Cette tête — posée de trois quarts sur un cou
mince, blanc, délicat — est pleine de vie, de
crânerie, de gentillesse.
Une Lutte acharnée a suffi pour rendre
M. CECCIONI populaire chez nous. Essayez de
vous représenter un enfant qui a attelé un
coq à une petite voiture; le coq s'est embar-
rassé la patte dans le harnais, il se débat;
l'enfant vient à son secours, et, en voulant
le délivrer, il embrouille tout. Alors, il le
prend à bras le corps et il se renverse, le
pelit chariot entre les jambes, ne sachant
plus. que devenir, désespéré. Le coq crie,
l'enfuit crie; c'est, à qui criera le plus fort.
I 0'1 les entend crier. Si les doigts de pied du
marmot se cramponnaient davantage au sol,
si les plis de ses jolies-menottes- fines et
grasses — ne ressemblaient pas à du papier
i cassé, ce petit groupe serait un chef-d'œu-
vre. Impossible de rendre avec plus de vé-
rité l'expression des deux physionomies.
| Les citoyens de Lima ont décidé qu'ils
; élèveraient un monument commémoratif de
j la victoire du 2 mai 18GG. M. Léon Cu-
j GNOT a été charge d'une des cinq statues de
ce monumcnL. Sa Ilcpubliepie du Pérou dé-
fendant son indépendance rappelle la Liberté 1
d'Auguste Bari.ier. C'esL une belle fille, aux
traits virils, à l'allure puissante, qui regarde
ses ennemis bien en face, et qui doit pren-
dre en pitié les petits accessoires dont le soin
du sculpteur s'est plu à l'entourer. :
L'Eve après le péché de M. Eugène DELA-
PLANCHE a des flancs à porter toutes les
générations à venir. Le serpent, mince
comme un fouet, fait bien petite figure au-
près de cette femme longue, large et forte,
qu'il faut regarder tt droite pour bien la voir
étaler sa hanche et roidir ses reins.
Le Bcmardino Cenci de M. DEGEORGE n'é-
veille, nu contraire, que des idées de grâce,
de distinction, de charme jeune. Les pointes
des omoplates par derrière ne sont ~pas heu-
reuses, quoiqu'elles soient dans le goût gé-
néral de cette figure émaciée.
« Gaulois, debout! » Un homme de grande
taille, qui se tenait couché, se soulève à
demi. Cette statue est de M. Léon FALCON-
NIER. Elle a une grande allure, sans quali-
tés ni défauts saillants.
M. FALGUIÈllES expose encore une fois
son petit vainqueur au combat de coqs. De
plâtre, l'adolescent est devenu marbre. Pour
le soutenir, le sculpteur a dû lui ajouter une
draperie qui pend de son bras droit à terre
et lui sert de bâton. Cette draperie alourdit
un peu la figure, qui demeure cependant
gracieuse et beile.
Le Louis d'Orléans de M. FRÉMIET, en
casque, bardé de fer, sur un cheval cuirassé
comme lui, a le grand défaut d'évoquer l'i-
dée de mannequin ; c'est cependant une
œuvre remarquable et qui remplira à mer-
veille sa 'destination : le Louis d'Orléans
doit être placé dans une des cours du châ-
teau de Pierrefonds.
Mais quelque chose de beau, de puissant,
de superbe, même clans les parties où la
fantaisie va jusqu'à l'extravagance, ce sont
les chevaux-marins et les dauphins du même
at'Lislc, — un grand morceau de sculpture i
destiné à la décoration d'une fontaine. |
Je passe devant toute une série de travaux
estimables, de bustes insignifiants et de fi- j
figures qui font sourire, pour arriver au !
Bonaparte, lieutenantd'artillerie, de M. GUIL-
LAUME. Très-mince, très-élégant, le Bona-
parte, de près, a l'inconvénient de paraître j
grand; mais faites quelques pas, reLournez- 1
vous: les jambes se sont rapetissées, le
torse est devenu grêle, la tête a grossi. Sans'
rien perdre de son style, la statue rend le pe-.
tit Corse aux cheveux plats, au visage mai-
gre, aux traits romains.
UArion, qui a oblenu la grande médaille;
a pour auteur !IYOTLE. Il est bien coiffé; la
jambe droite est superbe ; le torse est modelé
avec un art infini. Mais quel malheureux
concours de combinaisons que ce poisson
arrangé pour faire l'office d'une chaise et
que ces vagues dressées tout exprès pour
porler la queue de cet horrible animal ! Iî
faut avoir le diable au corps pour concevoir
un pareil mécanisme et l'exécuter.
Le buste de M. le comte de Rmnbuteau, an.
cien préfet de la Seine, fait croire aux bustes,
comme un portrait d'Ingres ou de Flandrin
fait croire aux portraits. M. TsELiN. peut être
assuré de la clientèle de tous les préfets de
la Seine à venir.
Encore une statue à sa seconde édition.
La Somnolence était une fille de plâtre; elle
est devenue une fille de marbre. Elle n'en
est que plus froide et plus belle. Le minis-
tère des beaux-arts l'a achetée à Al. LEllOUX.
C'est M. Garnier qui a commandé à M.
Aimé MiLLET l'Apollon colossal qui sur-
monte le nouvel Opéra. L'artiste a cru de-
voir présenter au public de l'Exposition un.
fragment de sa figure, et il a choisi la tête
et le torse, en enlevant les jambes et les
bras. On a beaucoup ri de cet Apollon deMilo.
La Pensez de M. THOMAS est une œuvre
consciencieuse, savante et étriquée.
La Lais de M. Adolphe THABARD est une
grande figure, longue, élégante, dans le
goût des figures de la Renaissance. Rester
classique, tout en donnant une grâce mo-
derne aux contours et à la physionomie,
telle a toujours été la grande préoccupation
du jeune sculpteur. Sa Laïs, une boîte à bi-
joux dans une main, une boucle d'oreille .
dans l'autre, rend par un mouvement d'une
justesse parlai te une de ces actions simples
dont aimaient il s'inspirer les statuaires
grecs. On peut en faire le tour; elle est har-
monieuse et belle de tous les côtés.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXVII
87
Vanda reprit avec le plus grand calme:
— Vous m'excuserez, monsieur, de vous
i due tout de suite que je connais l'histoire
l- d'un certain Walter Bruce.
>:■ Archibald fit un brusque mouvement.
— D 'un certain Walter Bruce, poursuivit-
eIe, qui dit être lord William.
— Oh ! madame...
ÏOÏT le numéro du 12 juin 1869.'
i
Souffrez que j'aille jusqu'au bout, mon-
sieur.' L'homme gris, qui m'envoie vers vous,
a pris en mains les intérêts de cet homme, et
quand l'homme gris se mêle de quelque chose,
il réussit toujours.
Sir Archibald était devenu fort pâle.
Vanda continua :
— Vous devez savoir que feu lord E vandale,
votre gendre, avait confié ses intérêts à la So-
ciété évangélique ?
— En effet, balbutia Archibald.
— Lord Evandale avait signé un peu à la
légère certains actes.
- Ah!
— Et la conséquence de ces actes serait la
spoliation complète de lady Pembleton, votre
fille.
— En vérité!
— Le révérend Patterson, le chef oculte de
cette société non moins dangereuse que dé-
loyale, avait confié les pièces dont je vous
parle à l'étude du solicitor M. Colcram.
— Bon ! fit sir Archibald.
r* Ce révérend avait même une confiance
absolue dans un certain maître-clerc appelé
M. Burdett.
— Après? dit le baronnet d'une voix étran-
glée.
—Or, reprit Vanda,ce M. Burdett et l'homme
gris ne font qu'un.
— Je le sais, madame.
— Et l'homme gris a disparu.
— Hélas !
— Et il a emporté les pièces en question.
— Est-ce possible?
— Ce qui fait que le révérend se trouve sans
armes contre vous et lady Pembleton.
Un rayon de joie éclata dans les yeux de sir
Archibald.
Vanda se reprit à sourire.
— Oh ! dit-elle, ne vous réjouissez pas, mon-
sieur, vous n'avez rien à gagner à cela.
— Vraiment?
— Vous avez changé d'adversaires, voilà
tout.
— Mais enfin, murmura sir Archibald,-que
veut l'homme gris?
— Je vous apporte ses propositions,
— Parlez, madame.
— L'homme gris est à la tête d'une associa-
tion non moins redoutable, non moins puis-
sante que la société évangélique,
— Il est fénian, n'est-ce pas?
— Peut-être...
Sir Archibald, la sueur au front, attendit.
— L'homme gris, continua Vanda, a juré
de rendre à sir William sa liberté d'abord.
— Je ne m'y oppose pas,
— Ensuite sa fortune...
Sir Archibald ne souffla mot.
— Enfin son nom et son titre.
— Oh! dit alors sir Archibald, ceci est tout,
à fait impossible, madame.
— Pourquoi ?
— Parce que lord William est mort.
— Pour tout le monde, excepté pour vous.
— Soit. Mais enfin il n'est pas possible de
prouver son identité.
— Rien n'est plus facile, au contraire.
— Comment?
l — A l'aide d'une certaine déclaration faite
par le lieutenant de chiourme Percv.
5 cent. le numéro.
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro. "
1 ABONNEMENTS.— Trois mois Sixmo!s Un in
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 6 il a8
Administrateur: BOURDILLIAT.
5rile année — JEUDI 23 JUIN 1870 — N° 1326
Rédacteur en chef: A. DE BAL.ITRRRER-BRA.GKR.ONME T
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, 1-lile Hwonot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 22 JUIN 1870
EXPOSITION DE 1870
LES SCULPTEURS
La statuaire continue à se disîtfi^iîeb-^r^
d'excellents morceaux, sans arriver à pro-
duire une de ces œuvres qui vous prennent
aux entrailles et qui vous font vous arrêter
saisi?, immobilisés dans l'admiration du beau
original et imprévu.
Quel artiste aura le courage de rompre
nettement avec la convention? Si le,s sculp-
teurs font du nu, on les accuse de n'être pas
modernes; s'ils mettent seulement une che-
mise à leur figure, on leur reproche de n'a-
■' 'voir pas étudié le nu. Il en est d'eux comme
des architectes : si ces derniers font ancien,
ils copient; s'ils ne font que des murs, ils
font plat ; quelquefois ils tentent de combiner
, l'ancien et-le nouveau ; mais alors où 8::-ot
l'harmonie? — Voyez mon Opéra! — dit
;V M. G'arnier. — C'est- bien parce que je l'ai
vu !...
i De là l'ennui, qui se joint au soleil, frap-
pant les vitres du toit, pour accabler les
/ promeneurs du jardin de l'Exposition. Quel-
ques œuvres cependant méritent qu'on les
mentionne et qu'on rende justice à l'effort,
à l'habileté, au talent de ceux qui les ont
envoyées.
Ce cheval — qui galope si bien qu'il ne
tiendrait pas sans un paquet de fougères
qu'on lui a planté sous le poitrail, et sur
lequel il semble se balancer comme un che-
val de bois, — est de M. BARTHOLDI. Le
''1. major — costumé en Gaulois — qui le j
monte se nomme Vercingétorix. Il semble j
; se tourner vers un escadron invisible l
pour lui donner un ordre, sans doute celui
de crier : (f — Vive l'Empereur 1 »
La Pythie de Delphes de M. BOURGEOIS,
.outo à son inspiration, oublie que ses che- J
veux l'écrasent; elle se cramponne à son
trépied ; à demi penchée en avant, elle s'a-
gite et crie dans un transport nerveux. —
Comme c'est décoratif! — me disait un ami
de M. Bourgeois, en me montrant sa statue.
\— Décoratif, soit; mais où placer une pa-
; Veille furie? Ce n'est ni à l'Opéra, ni au tri-
"r-brçnal de commerce, ni même lt la chambre
dgs huissiers. Dans, un square, elle effraie-
. les enfants; au fond d'un parc, elle au-
rait l'air de dénoncer les amoureux...
Le buste de J1flle Engoue Liocre est une
des plus jolies choses qu'ait pu créer la fan-
taisie d'un artiste. M. CARPEAUX a saisi
avec beaucoup de goût.le caractère de la
beauté de son modèle : une tète d'enfant
capricieux, sur un corps de belle femme.
Cette tête — posée de trois quarts sur un cou
mince, blanc, délicat — est pleine de vie, de
crânerie, de gentillesse.
Une Lutte acharnée a suffi pour rendre
M. CECCIONI populaire chez nous. Essayez de
vous représenter un enfant qui a attelé un
coq à une petite voiture; le coq s'est embar-
rassé la patte dans le harnais, il se débat;
l'enfant vient à son secours, et, en voulant
le délivrer, il embrouille tout. Alors, il le
prend à bras le corps et il se renverse, le
pelit chariot entre les jambes, ne sachant
plus. que devenir, désespéré. Le coq crie,
l'enfuit crie; c'est, à qui criera le plus fort.
I 0'1 les entend crier. Si les doigts de pied du
marmot se cramponnaient davantage au sol,
si les plis de ses jolies-menottes- fines et
grasses — ne ressemblaient pas à du papier
i cassé, ce petit groupe serait un chef-d'œu-
vre. Impossible de rendre avec plus de vé-
rité l'expression des deux physionomies.
| Les citoyens de Lima ont décidé qu'ils
; élèveraient un monument commémoratif de
j la victoire du 2 mai 18GG. M. Léon Cu-
j GNOT a été charge d'une des cinq statues de
ce monumcnL. Sa Ilcpubliepie du Pérou dé-
fendant son indépendance rappelle la Liberté 1
d'Auguste Bari.ier. C'esL une belle fille, aux
traits virils, à l'allure puissante, qui regarde
ses ennemis bien en face, et qui doit pren-
dre en pitié les petits accessoires dont le soin
du sculpteur s'est plu à l'entourer. :
L'Eve après le péché de M. Eugène DELA-
PLANCHE a des flancs à porter toutes les
générations à venir. Le serpent, mince
comme un fouet, fait bien petite figure au-
près de cette femme longue, large et forte,
qu'il faut regarder tt droite pour bien la voir
étaler sa hanche et roidir ses reins.
Le Bcmardino Cenci de M. DEGEORGE n'é-
veille, nu contraire, que des idées de grâce,
de distinction, de charme jeune. Les pointes
des omoplates par derrière ne sont ~pas heu-
reuses, quoiqu'elles soient dans le goût gé-
néral de cette figure émaciée.
« Gaulois, debout! » Un homme de grande
taille, qui se tenait couché, se soulève à
demi. Cette statue est de M. Léon FALCON-
NIER. Elle a une grande allure, sans quali-
tés ni défauts saillants.
M. FALGUIÈllES expose encore une fois
son petit vainqueur au combat de coqs. De
plâtre, l'adolescent est devenu marbre. Pour
le soutenir, le sculpteur a dû lui ajouter une
draperie qui pend de son bras droit à terre
et lui sert de bâton. Cette draperie alourdit
un peu la figure, qui demeure cependant
gracieuse et beile.
Le Louis d'Orléans de M. FRÉMIET, en
casque, bardé de fer, sur un cheval cuirassé
comme lui, a le grand défaut d'évoquer l'i-
dée de mannequin ; c'est cependant une
œuvre remarquable et qui remplira à mer-
veille sa 'destination : le Louis d'Orléans
doit être placé dans une des cours du châ-
teau de Pierrefonds.
Mais quelque chose de beau, de puissant,
de superbe, même clans les parties où la
fantaisie va jusqu'à l'extravagance, ce sont
les chevaux-marins et les dauphins du même
at'Lislc, — un grand morceau de sculpture i
destiné à la décoration d'une fontaine. |
Je passe devant toute une série de travaux
estimables, de bustes insignifiants et de fi- j
figures qui font sourire, pour arriver au !
Bonaparte, lieutenantd'artillerie, de M. GUIL-
LAUME. Très-mince, très-élégant, le Bona-
parte, de près, a l'inconvénient de paraître j
grand; mais faites quelques pas, reLournez- 1
vous: les jambes se sont rapetissées, le
torse est devenu grêle, la tête a grossi. Sans'
rien perdre de son style, la statue rend le pe-.
tit Corse aux cheveux plats, au visage mai-
gre, aux traits romains.
UArion, qui a oblenu la grande médaille;
a pour auteur !IYOTLE. Il est bien coiffé; la
jambe droite est superbe ; le torse est modelé
avec un art infini. Mais quel malheureux
concours de combinaisons que ce poisson
arrangé pour faire l'office d'une chaise et
que ces vagues dressées tout exprès pour
porler la queue de cet horrible animal ! Iî
faut avoir le diable au corps pour concevoir
un pareil mécanisme et l'exécuter.
Le buste de M. le comte de Rmnbuteau, an.
cien préfet de la Seine, fait croire aux bustes,
comme un portrait d'Ingres ou de Flandrin
fait croire aux portraits. M. TsELiN. peut être
assuré de la clientèle de tous les préfets de
la Seine à venir.
Encore une statue à sa seconde édition.
La Somnolence était une fille de plâtre; elle
est devenue une fille de marbre. Elle n'en
est que plus froide et plus belle. Le minis-
tère des beaux-arts l'a achetée à Al. LEllOUX.
C'est M. Garnier qui a commandé à M.
Aimé MiLLET l'Apollon colossal qui sur-
monte le nouvel Opéra. L'artiste a cru de-
voir présenter au public de l'Exposition un.
fragment de sa figure, et il a choisi la tête
et le torse, en enlevant les jambes et les
bras. On a beaucoup ri de cet Apollon deMilo.
La Pensez de M. THOMAS est une œuvre
consciencieuse, savante et étriquée.
La Lais de M. Adolphe THABARD est une
grande figure, longue, élégante, dans le
goût des figures de la Renaissance. Rester
classique, tout en donnant une grâce mo-
derne aux contours et à la physionomie,
telle a toujours été la grande préoccupation
du jeune sculpteur. Sa Laïs, une boîte à bi-
joux dans une main, une boucle d'oreille .
dans l'autre, rend par un mouvement d'une
justesse parlai te une de ces actions simples
dont aimaient il s'inspirer les statuaires
grecs. On peut en faire le tour; elle est har-
monieuse et belle de tous les côtés.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXVII
87
Vanda reprit avec le plus grand calme:
— Vous m'excuserez, monsieur, de vous
i due tout de suite que je connais l'histoire
l- d'un certain Walter Bruce.
>:■ Archibald fit un brusque mouvement.
— D 'un certain Walter Bruce, poursuivit-
eIe, qui dit être lord William.
— Oh ! madame...
ÏOÏT le numéro du 12 juin 1869.'
i
Souffrez que j'aille jusqu'au bout, mon-
sieur.' L'homme gris, qui m'envoie vers vous,
a pris en mains les intérêts de cet homme, et
quand l'homme gris se mêle de quelque chose,
il réussit toujours.
Sir Archibald était devenu fort pâle.
Vanda continua :
— Vous devez savoir que feu lord E vandale,
votre gendre, avait confié ses intérêts à la So-
ciété évangélique ?
— En effet, balbutia Archibald.
— Lord Evandale avait signé un peu à la
légère certains actes.
- Ah!
— Et la conséquence de ces actes serait la
spoliation complète de lady Pembleton, votre
fille.
— En vérité!
— Le révérend Patterson, le chef oculte de
cette société non moins dangereuse que dé-
loyale, avait confié les pièces dont je vous
parle à l'étude du solicitor M. Colcram.
— Bon ! fit sir Archibald.
r* Ce révérend avait même une confiance
absolue dans un certain maître-clerc appelé
M. Burdett.
— Après? dit le baronnet d'une voix étran-
glée.
—Or, reprit Vanda,ce M. Burdett et l'homme
gris ne font qu'un.
— Je le sais, madame.
— Et l'homme gris a disparu.
— Hélas !
— Et il a emporté les pièces en question.
— Est-ce possible?
— Ce qui fait que le révérend se trouve sans
armes contre vous et lady Pembleton.
Un rayon de joie éclata dans les yeux de sir
Archibald.
Vanda se reprit à sourire.
— Oh ! dit-elle, ne vous réjouissez pas, mon-
sieur, vous n'avez rien à gagner à cela.
— Vraiment?
— Vous avez changé d'adversaires, voilà
tout.
— Mais enfin, murmura sir Archibald,-que
veut l'homme gris?
— Je vous apporte ses propositions,
— Parlez, madame.
— L'homme gris est à la tête d'une associa-
tion non moins redoutable, non moins puis-
sante que la société évangélique,
— Il est fénian, n'est-ce pas?
— Peut-être...
Sir Archibald, la sueur au front, attendit.
— L'homme gris, continua Vanda, a juré
de rendre à sir William sa liberté d'abord.
— Je ne m'y oppose pas,
— Ensuite sa fortune...
Sir Archibald ne souffla mot.
— Enfin son nom et son titre.
— Oh! dit alors sir Archibald, ceci est tout,
à fait impossible, madame.
— Pourquoi ?
— Parce que lord William est mort.
— Pour tout le monde, excepté pour vous.
— Soit. Mais enfin il n'est pas possible de
prouver son identité.
— Rien n'est plus facile, au contraire.
— Comment?
l — A l'aide d'une certaine déclaration faite
par le lieutenant de chiourme Percv.
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