Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-22
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 juin 1870 22 juin 1870
Description : 1870/06/22 (A5,N1525). 1870/06/22 (A5,N1525).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716953v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
XtrtiFO t !.*.»<*»> ^
5 cent. le numéro.. JOURNAL QUOTIDIEN j -- c ~ - ~it - j S 5 cent. le numéro.
'ABONNFWKNTR. — Troismotl Si- moît lln m-1
Paris 5 fr. 0 fr. loS fr.
Départements a 11 8.
Administrateur: BOURDILLIAT.
~ ' 11 if
Sme année — MERCREDI 22 JUIN 1870 — N° 1S23
Rédacteur ,*,n chef: A. os R\L.\1'fItInt..Ba.\GRLONN'&
BUREAUX D'ABONNÉMBNT: 9, i*UAL»roiiot '
ADMINlsnuTloN: 13, quai VotUin).
PARIS, 21 JUIN 1873
SALON DE 1870
LES PEINTRES
(Suite et fin)
M.YAN' DARGENT a exposé deux talt- "Ir.
qui sont deux laces d'un même fait, — la
vie du paysan breton.
Un chemin à travers les champs: sur ce
chemin, toute une famille attristée suit le
père qui revient de la ville à la tombée de
la nuit, ivre, dég 'adé, ayant besoin pour se
tenir de l'épaule Vie son fils aîné.
Dans les pâles clartés de l'aube, la famille
se rend au travail, reposée, joyeuse, le plus
petit enfant debout sur un bœuf, son père et
sa mère à ses côtes, les autres en avant, en
arrière, alertes et gais.
. Il n'est pas jusqu'au chien de la ferme qui
ne soit inquiet et assombri dans le premier
tableau, co-nfiant et joyeux dans le second.
Ces deux pages de peinture illustreraient
la MoraIe-en Action.On y retrouve ce senti-
ment intime, profond, qui est la véritable
poésie de la.chaumière et de l'atelier. Com-
me exécution, cela est un peu trop traité à
la manière décorative; la campagne est en
papier et les personnages ressemblent à de/3
ombres.
DAUBIGNY a voyagé, en Normandie avec
son fils; il a vu la Normandie verte; son
fils l'a vue nom». Ce double point de vue se
retrouve dans leurs prés, leurs sentiers,
leurs fermes et leurs côtes.
M. Jules D:D[En., avec son Souvenir de la
campagne de il -me, M. Gustave DORÉ, avec
son Souvenir (U la Savoie, nous donnent des
paysages remplis de qualités sans doute,
mais inférieurs aux promesses d'oeuvres pré-
cédentes. La réputation de M. Gustave Doré
oblige. La maître de l'illustration française'
nous doit, depuis dix ans, un beau ta-
bleau.
Ce tableau, rvr. Carolus DURAN nous l'a
donné. Le port va -1 de Mme F... est une des
choses les plus larges, les plus fortes; les
plus puissantes que nous ayons vues depuis
longtemps. Ce n'est ni mièvre, ni distingué,
ni joli; c'est beau. La femme, debout, un
ruban bleu dans ses cheveux noirs relevés et
tordus, se présente avec la double autorité
fi jeunesse et du charme. Elle ne doute
i'elle-même : c'est aux omnibus à se
er, s'il lui plaît de suivre la chaussée,
cpenùanL, elle est simple, naturelle,
que bonne enfant. Le peintre a senti,
iris, rendu tout cela, et il a fait une
rame. Je voudrais voir ce tableau dans un
,/musée.
* .
Quelle douce figure, enfantine, attentive,
empreinte de mélancolie voilée, que celle de
la jeune fille vêtue de noir, dans la Lecture
de M. FANTIN LATOUR ! La famille n'a pas
de plus suave poésie.
J'attendrai que M. FRÉRET ait fait un
tableau nouveau, pour parler de ses ta-
bleaux. La mer sert d'image aux poëtes pour
désigner la mo' ilité, la diversité, l'innom-
i,rable variété des aspects. M. Fréret s'obs-
Lino à 113 voir qu'une mer, qu'une côte et
qu'un flot. Personne pourtant n'a plus que
lui le sentiment de l'Océan, des falaises et
des sables.
Mon compatriote, M. Saint-Cyr GIRTEn,
habite une charmante vil'a sur les bords de
la SaÔne, un peu au-dessus de Lyon. Riche,
il a débuté par être un amateur; son Vent
du Nord nous atteste qu'il deviendra un
peintre.
Les Paysages algériens de M. Guillnumet
nous transportent sur la frontière du Maroc;
même impression que les années précé-
dentes. Pas une figure, prise à part, qui ne
heurte par [l'.,e:qu¥défaut saillant. L'ensem-
ble saisit par une vérité, une harmonie, une
couleur locale, qu'on ne trouve peut-être au
même degré chez aucun des Africains de
l'Ecole française.
VAl'pel et la Mare du village, de M. HANO-
TEAU, sont deux paysanneries, plutôt que
d. ux paysages. Les poules de Y Appel- per-
draient prut-être à être déplumées; on ver-
rait le carton. Mais il est impossible de faire
mieux, comme arrangement, comme mou-
vem .nt et comme esprit.
Jésus chez l'fartlte et Marie. « Seigneur, ne
considérez-vous point que ma sœur me laisse
servir toute seule? Dites-lui donc qu'elle
m'aide. »
« Jésus l"i répondit :
« —• Marthe, Marthe, vous vous mettez
en peine de bien des choses, mais une seule
chose est nécessaire.Marie a choisi la meilleure
part qui ne lui sera pas ôtée.. — Saint-
Luc., ch. X.
M. Louis JACQUESSON DE LA CHEVREUSE
n'a pas sans doute entendu peindre un ta-
bleau d'égli'-'e. Il a fait quelque chose de
très-joli, d'imprévu, d'original, — l'Evangile
au quartier Bréda.
Le Saint Ambroise instruisant flonorius a
l'air d'être coiffé avec une serviette. Sous le
premier aspectJ>ru'tu], grossier même, de ce
tableau, on reconnaît de sérieuses qualités
de peinture. M. LAURENS est' élève de
MM. Bida et Léon Coignet; en tout cas, il
ne leur a emprunté ni leur couleur ni leur
souci des détails. Il est bien lui-même et sa
manière est bien à lui.
Un remarquable portrait, aux teintes ef-
facées, mises en relief par un vieux cadre,
est celui de Mme *** par M. LEIBL; on
croirait wir une toile peinte il y a cent ans,
et tirée d'un Musée pour être exposée au
Salon. Une sorte de fumée affaiblit la cou-
leur; les tempes, la naissance des cheveux
appellent l'eau lustrale. Mais quelle habileté
dans le modèle! Quel senliment de la vie
dans le regard de l'œil noir! Quel fini sous
cette négligence affectée! Il n'y a que les Al-
lemands pour faire de ces œuvres étonnan-
tes, naïves et malignes, jeunes et vieilles à
la fois.
t=
- MILLET a le malheur de ne pas plaire à
À M. Paul de Saint-Victor;mais il plaira éter-
nellement à ceux qu'on appelait « les amis
de la nature » du temp3 de Rousseau. Le
premier, il a compris et rendu la grandeur
des champs. Pour lui, l'art n'est pas le
choix, mais l'émotion qui saisit l'âme en
face ckun bois, d'une terre labourée, d'une
lande ou de la mer battant la falaise. Son
Novembre, c'est tout l'automne. Q t:el' si-
lence, quel recueillement, quelle poésie hu-
maine dans cette femme, seule dans la grande
salle basse d'une ferme, occupée à battre le
beurre! La cour au fond est déserte, et, sur
le toit du hangar qui la borne, quelques pi-
geons se sont posés. C'est ainsi qu'il faut en-
tendre la campagne, l'interpréter, en donner
la vraie noto aux esprits blasés par l'amak
game des conventions.
« En Hongrie, trois jours avant l'exécu-
tion, Je public est admis dans la prison f1':
visiter le condamné qui va expier son crime.'
L'argent donné par les visiteurs est destiné
à faire dire les masses des morts. »
Le tableau de M. MÙNKACSY est la mise'
en scène de cette légende. ApDliqu"z au'
genre les procédés de la grande peintiire;, J
faites l'homme, la femme, l'enfant; faites^'
les vrais-; faites que leurs mouvemenis soient.
justes; que leur visage traduise leur caraco
(ère, leur pensée ou leur instinct ; soyez co-
loriste de premier ordre dans une gammé
sombre, et vous approcherez à peine de l'ar-<
liste hongrois qui s'est révélé à nous cettfc (
an):ée. 7 'l
Des six PETIT du livret, le plus grand,' :
au Salon, se nomme Léonce-Justin-AIexan< ;
dre. A la porte du Bureau de charité est une ;
excellente composition, où je ne sais que
louer davantage, de l'attitude des personna-1'!
ges ou de leur physionomie. Si j'en excepte
l'homme du milieu,—- qui aurait plutôt, l'air;
de demander des secours au co'n d'un bois
qu'à la porte d'un bureau,— il n'est pas un-a
des figures qui ne porle l'empreinte delà,
misère parisienne, différente de la misère de
Londres, par exemple, en ce sens qu'elle se.,
respecte toujours, qu'elle ne s'étale pas,! „
qu'elle m, t des pièces à ses trous. Tous ces ;
gene;, vieillards, femmes, petits enfants, soni',
malheureux, et ilsontbesoin d'a utrui. Tous,"T
cependant, ont une sorte de dignité; la pau-,'
vreté qui les frappe ne les écrase pas ; ils se r.
relèveraient.
Le tableau de M. PICCIO, la Mort du - :
présentant Daudin sur une barricade, avait étér
popularisé" par la belle photographie ,
tienne Carjal, bien avant le mois de mai. Laj
grandeur du sujet, l'ititerprélation conscient -
rieuse de l'artiste, lui ont valu au Salon, si-^
.non son immense succès de la première ; ,
heure, du moins l'attention -des amateurs et t
du public.
M. DE POMMAYRAC n'est pas sorti de soit,
genre habituel en .nous donnant deux pov--.:
traits peints avec un grand soin. La robe.,
bleue de MM< B... est une des choses lesj. -
plus merveilleuses qui se puissent voir.
Il faut que je termine ; j'indique, au cou^.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXVI
86
Faisons maintenant un pas en arrière et
revenons à Londres.
Un gentleman qui avait été joliment ému,
s'était sir ArcliibalJ, le père de lady E vandale
Pembleton. La peur qui s'était emparée du
révérend Pait.er;on à la nouvelle que l'homme
gris avait mi-- 1 < - nain dans ses affaires, avait
gagné l'honorab'e baronnet, car sir Archibald,
devenu beau-père de lord, avait obtenu de la i
reine le titre de baronntt.
Elle l'avait mAme si bien dominé pendant
quelque» heures que sir Archlbale n'avait pas
même songé à demander compte au révérend
de son étrange conduite.
Ce ne fut qu'après avoir pris toute la jour-
née et une partie du lendemain le rôle d'ins-
trument, que sir Archibald commença à réflé-
chir.
Ou plutôt il se souvint.
Il se sou - int de la f çnn singulière dont le
révérend Patterson l'avait reçu, quand, sau-
tant à bas de son cab dans Piccadilly, il était
allé, lui sir Archibdld, lui tendre les deux
mains.
Le révérend avait paru fort choqué de la
prétendue visite de, lady Pembleton à lord
William.
En outre, il avait paru croire que sir Archt-
bald et sa aile essayaient de se soustraire aux
er-;f;îgements contractés par lord E vandale vis-
à-vis de II Société évang.iique. *
Puis sir Archibald se wsa une question î
Pourquoi le révérend avait-il favorisé le dé-
part de M. John Bell emmenant en Irlande
lord Wil'iari?
Et le baronnet trouva la solution de ce pro-
blème dans la crainte qu'avait eue le révérend
que quelque transaction n'intervînt entre les
spoliateurs et le spolié.
Toutes ces réflexions - furent le fruit d'une
méditation de plusieurs heures.
Il y avait maintenant une chose certaine,
c'est que cet arrangement, s'il intervenait ja-
mais, serait excessivement désagréable au ré-
vérend et à la Société évangélique.
Pourquoi?
Et sir Archibald, effrayé, trouva pareille-
ment une réponse à cette question nou-
velle.
Le révérend Patterson et la Société évangé-
lique avaient un gros appétit, relativement
à la succession de lord Evandale.
Donc, le len lemain vers midi, sir Archibald
prit une grande résolution, demanda sa voi-
frurè et se fit conduire dans Elgin Cçe3-,
cent.
Il voulait voir le révérend Patterson.
— Je ne sa's pas au juste, se disait-il ea,
chemin, ce qu'a signé lord Evandwe, Je veux"
le s a\olr.
Mais sir Archibald en fut pour ses peines,
de déplacement.
Le révérend Patterson p'était pas chez luf;"
n'était pas rentré la veille au soir et était pro-f
bablement en voyage.
Courait-il après lord William, lui aussi, n,:
se fiant ainsi qu'à moitié?aux lumières du
tecti ve Sco'owe?
C'était probable.
j Sir Archibald demeura fort indécis; et, ren*| *
tré à l'hôtel Pemhletoo, il eut même quelque:
velléité de se rendre au railway de Liverpoo!
et de courir aptes le ré-vérend, cbmme celui-ci
courait après l'ex-pensionnaire de Bedlam.
Or, tandis qu'il hésitait encore, on lui
porta une carte.
Une carte sur laquelle était un nom d|,.
femme ;
t
La. comtesse Valida IU*v
Voir la aumôro du 12 juin 1869.
XtrtiFO t !.*.»<*»> ^
5 cent. le numéro.. JOURNAL QUOTIDIEN j -- c ~ - ~it - j S 5 cent. le numéro.
'ABONNFWKNTR. — Troismotl Si- moît lln m-1
Paris 5 fr. 0 fr. loS fr.
Départements a 11 8.
Administrateur: BOURDILLIAT.
~ ' 11 if
Sme année — MERCREDI 22 JUIN 1870 — N° 1S23
Rédacteur ,*,n chef: A. os R\L.\1'fItInt..Ba.\GRLONN'&
BUREAUX D'ABONNÉMBNT: 9, i*UAL»roiiot '
ADMINlsnuTloN: 13, quai VotUin).
PARIS, 21 JUIN 1873
SALON DE 1870
LES PEINTRES
(Suite et fin)
M.YAN' DARGENT a exposé deux talt- "Ir.
qui sont deux laces d'un même fait, — la
vie du paysan breton.
Un chemin à travers les champs: sur ce
chemin, toute une famille attristée suit le
père qui revient de la ville à la tombée de
la nuit, ivre, dég 'adé, ayant besoin pour se
tenir de l'épaule Vie son fils aîné.
Dans les pâles clartés de l'aube, la famille
se rend au travail, reposée, joyeuse, le plus
petit enfant debout sur un bœuf, son père et
sa mère à ses côtes, les autres en avant, en
arrière, alertes et gais.
. Il n'est pas jusqu'au chien de la ferme qui
ne soit inquiet et assombri dans le premier
tableau, co-nfiant et joyeux dans le second.
Ces deux pages de peinture illustreraient
la MoraIe-en Action.On y retrouve ce senti-
ment intime, profond, qui est la véritable
poésie de la.chaumière et de l'atelier. Com-
me exécution, cela est un peu trop traité à
la manière décorative; la campagne est en
papier et les personnages ressemblent à de/3
ombres.
DAUBIGNY a voyagé, en Normandie avec
son fils; il a vu la Normandie verte; son
fils l'a vue nom». Ce double point de vue se
retrouve dans leurs prés, leurs sentiers,
leurs fermes et leurs côtes.
M. Jules D:D[En., avec son Souvenir de la
campagne de il -me, M. Gustave DORÉ, avec
son Souvenir (U la Savoie, nous donnent des
paysages remplis de qualités sans doute,
mais inférieurs aux promesses d'oeuvres pré-
cédentes. La réputation de M. Gustave Doré
oblige. La maître de l'illustration française'
nous doit, depuis dix ans, un beau ta-
bleau.
Ce tableau, rvr. Carolus DURAN nous l'a
donné. Le port va -1 de Mme F... est une des
choses les plus larges, les plus fortes; les
plus puissantes que nous ayons vues depuis
longtemps. Ce n'est ni mièvre, ni distingué,
ni joli; c'est beau. La femme, debout, un
ruban bleu dans ses cheveux noirs relevés et
tordus, se présente avec la double autorité
fi jeunesse et du charme. Elle ne doute
i'elle-même : c'est aux omnibus à se
er, s'il lui plaît de suivre la chaussée,
cpenùanL, elle est simple, naturelle,
que bonne enfant. Le peintre a senti,
iris, rendu tout cela, et il a fait une
rame. Je voudrais voir ce tableau dans un
,/musée.
* .
Quelle douce figure, enfantine, attentive,
empreinte de mélancolie voilée, que celle de
la jeune fille vêtue de noir, dans la Lecture
de M. FANTIN LATOUR ! La famille n'a pas
de plus suave poésie.
J'attendrai que M. FRÉRET ait fait un
tableau nouveau, pour parler de ses ta-
bleaux. La mer sert d'image aux poëtes pour
désigner la mo' ilité, la diversité, l'innom-
i,rable variété des aspects. M. Fréret s'obs-
Lino à 113 voir qu'une mer, qu'une côte et
qu'un flot. Personne pourtant n'a plus que
lui le sentiment de l'Océan, des falaises et
des sables.
Mon compatriote, M. Saint-Cyr GIRTEn,
habite une charmante vil'a sur les bords de
la SaÔne, un peu au-dessus de Lyon. Riche,
il a débuté par être un amateur; son Vent
du Nord nous atteste qu'il deviendra un
peintre.
Les Paysages algériens de M. Guillnumet
nous transportent sur la frontière du Maroc;
même impression que les années précé-
dentes. Pas une figure, prise à part, qui ne
heurte par [l'.,e:qu¥défaut saillant. L'ensem-
ble saisit par une vérité, une harmonie, une
couleur locale, qu'on ne trouve peut-être au
même degré chez aucun des Africains de
l'Ecole française.
VAl'pel et la Mare du village, de M. HANO-
TEAU, sont deux paysanneries, plutôt que
d. ux paysages. Les poules de Y Appel- per-
draient prut-être à être déplumées; on ver-
rait le carton. Mais il est impossible de faire
mieux, comme arrangement, comme mou-
vem .nt et comme esprit.
Jésus chez l'fartlte et Marie. « Seigneur, ne
considérez-vous point que ma sœur me laisse
servir toute seule? Dites-lui donc qu'elle
m'aide. »
« Jésus l"i répondit :
« —• Marthe, Marthe, vous vous mettez
en peine de bien des choses, mais une seule
chose est nécessaire.Marie a choisi la meilleure
part qui ne lui sera pas ôtée.. — Saint-
Luc., ch. X.
M. Louis JACQUESSON DE LA CHEVREUSE
n'a pas sans doute entendu peindre un ta-
bleau d'égli'-'e. Il a fait quelque chose de
très-joli, d'imprévu, d'original, — l'Evangile
au quartier Bréda.
Le Saint Ambroise instruisant flonorius a
l'air d'être coiffé avec une serviette. Sous le
premier aspectJ>ru'tu], grossier même, de ce
tableau, on reconnaît de sérieuses qualités
de peinture. M. LAURENS est' élève de
MM. Bida et Léon Coignet; en tout cas, il
ne leur a emprunté ni leur couleur ni leur
souci des détails. Il est bien lui-même et sa
manière est bien à lui.
Un remarquable portrait, aux teintes ef-
facées, mises en relief par un vieux cadre,
est celui de Mme *** par M. LEIBL; on
croirait wir une toile peinte il y a cent ans,
et tirée d'un Musée pour être exposée au
Salon. Une sorte de fumée affaiblit la cou-
leur; les tempes, la naissance des cheveux
appellent l'eau lustrale. Mais quelle habileté
dans le modèle! Quel senliment de la vie
dans le regard de l'œil noir! Quel fini sous
cette négligence affectée! Il n'y a que les Al-
lemands pour faire de ces œuvres étonnan-
tes, naïves et malignes, jeunes et vieilles à
la fois.
t=
- MILLET a le malheur de ne pas plaire à
À M. Paul de Saint-Victor;mais il plaira éter-
nellement à ceux qu'on appelait « les amis
de la nature » du temp3 de Rousseau. Le
premier, il a compris et rendu la grandeur
des champs. Pour lui, l'art n'est pas le
choix, mais l'émotion qui saisit l'âme en
face ckun bois, d'une terre labourée, d'une
lande ou de la mer battant la falaise. Son
Novembre, c'est tout l'automne. Q t:el' si-
lence, quel recueillement, quelle poésie hu-
maine dans cette femme, seule dans la grande
salle basse d'une ferme, occupée à battre le
beurre! La cour au fond est déserte, et, sur
le toit du hangar qui la borne, quelques pi-
geons se sont posés. C'est ainsi qu'il faut en-
tendre la campagne, l'interpréter, en donner
la vraie noto aux esprits blasés par l'amak
game des conventions.
« En Hongrie, trois jours avant l'exécu-
tion, Je public est admis dans la prison f1':
visiter le condamné qui va expier son crime.'
L'argent donné par les visiteurs est destiné
à faire dire les masses des morts. »
Le tableau de M. MÙNKACSY est la mise'
en scène de cette légende. ApDliqu"z au'
genre les procédés de la grande peintiire;, J
faites l'homme, la femme, l'enfant; faites^'
les vrais-; faites que leurs mouvemenis soient.
justes; que leur visage traduise leur caraco
(ère, leur pensée ou leur instinct ; soyez co-
loriste de premier ordre dans une gammé
sombre, et vous approcherez à peine de l'ar-<
liste hongrois qui s'est révélé à nous cettfc (
an):ée. 7 'l
Des six PETIT du livret, le plus grand,' :
au Salon, se nomme Léonce-Justin-AIexan< ;
dre. A la porte du Bureau de charité est une ;
excellente composition, où je ne sais que
louer davantage, de l'attitude des personna-1'!
ges ou de leur physionomie. Si j'en excepte
l'homme du milieu,—- qui aurait plutôt, l'air;
de demander des secours au co'n d'un bois
qu'à la porte d'un bureau,— il n'est pas un-a
des figures qui ne porle l'empreinte delà,
misère parisienne, différente de la misère de
Londres, par exemple, en ce sens qu'elle se.,
respecte toujours, qu'elle ne s'étale pas,! „
qu'elle m, t des pièces à ses trous. Tous ces ;
gene;, vieillards, femmes, petits enfants, soni',
malheureux, et ilsontbesoin d'a utrui. Tous,"T
cependant, ont une sorte de dignité; la pau-,'
vreté qui les frappe ne les écrase pas ; ils se r.
relèveraient.
Le tableau de M. PICCIO, la Mort du - :
présentant Daudin sur une barricade, avait étér
popularisé" par la belle photographie ,
tienne Carjal, bien avant le mois de mai. Laj
grandeur du sujet, l'ititerprélation conscient -
rieuse de l'artiste, lui ont valu au Salon, si-^
.non son immense succès de la première ; ,
heure, du moins l'attention -des amateurs et t
du public.
M. DE POMMAYRAC n'est pas sorti de soit,
genre habituel en .nous donnant deux pov--.:
traits peints avec un grand soin. La robe.,
bleue de MM< B... est une des choses lesj. -
plus merveilleuses qui se puissent voir.
Il faut que je termine ; j'indique, au cou^.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXVI
86
Faisons maintenant un pas en arrière et
revenons à Londres.
Un gentleman qui avait été joliment ému,
s'était sir ArcliibalJ, le père de lady E vandale
Pembleton. La peur qui s'était emparée du
révérend Pait.er;on à la nouvelle que l'homme
gris avait mi-- 1 < - nain dans ses affaires, avait
gagné l'honorab'e baronnet, car sir Archibald,
devenu beau-père de lord, avait obtenu de la i
reine le titre de baronntt.
Elle l'avait mAme si bien dominé pendant
quelque» heures que sir Archlbale n'avait pas
même songé à demander compte au révérend
de son étrange conduite.
Ce ne fut qu'après avoir pris toute la jour-
née et une partie du lendemain le rôle d'ins-
trument, que sir Archibald commença à réflé-
chir.
Ou plutôt il se souvint.
Il se sou - int de la f çnn singulière dont le
révérend Patterson l'avait reçu, quand, sau-
tant à bas de son cab dans Piccadilly, il était
allé, lui sir Archibdld, lui tendre les deux
mains.
Le révérend avait paru fort choqué de la
prétendue visite de, lady Pembleton à lord
William.
En outre, il avait paru croire que sir Archt-
bald et sa aile essayaient de se soustraire aux
er-;f;îgements contractés par lord E vandale vis-
à-vis de II Société évang.iique. *
Puis sir Archibald se wsa une question î
Pourquoi le révérend avait-il favorisé le dé-
part de M. John Bell emmenant en Irlande
lord Wil'iari?
Et le baronnet trouva la solution de ce pro-
blème dans la crainte qu'avait eue le révérend
que quelque transaction n'intervînt entre les
spoliateurs et le spolié.
Toutes ces réflexions - furent le fruit d'une
méditation de plusieurs heures.
Il y avait maintenant une chose certaine,
c'est que cet arrangement, s'il intervenait ja-
mais, serait excessivement désagréable au ré-
vérend et à la Société évangélique.
Pourquoi?
Et sir Archibald, effrayé, trouva pareille-
ment une réponse à cette question nou-
velle.
Le révérend Patterson et la Société évangé-
lique avaient un gros appétit, relativement
à la succession de lord Evandale.
Donc, le len lemain vers midi, sir Archibald
prit une grande résolution, demanda sa voi-
frurè et se fit conduire dans Elgin Cçe3-,
cent.
Il voulait voir le révérend Patterson.
— Je ne sa's pas au juste, se disait-il ea,
chemin, ce qu'a signé lord Evandwe, Je veux"
le s a\olr.
Mais sir Archibald en fut pour ses peines,
de déplacement.
Le révérend Patterson p'était pas chez luf;"
n'était pas rentré la veille au soir et était pro-f
bablement en voyage.
Courait-il après lord William, lui aussi, n,:
se fiant ainsi qu'à moitié?aux lumières du
tecti ve Sco'owe?
C'était probable.
j Sir Archibald demeura fort indécis; et, ren*| *
tré à l'hôtel Pemhletoo, il eut même quelque:
velléité de se rendre au railway de Liverpoo!
et de courir aptes le ré-vérend, cbmme celui-ci
courait après l'ex-pensionnaire de Bedlam.
Or, tandis qu'il hésitait encore, on lui
porta une carte.
Une carte sur laquelle était un nom d|,.
femme ;
t
La. comtesse Valida IU*v
Voir la aumôro du 12 juin 1869.
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