Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-21
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 juin 1870 21 juin 1870
Description : 1870/06/21 (A5,N1524). 1870/06/21 (A5,N1524).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716952f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE RRESSE
5 cent. le numéro.
JOURNAL. QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
\
"B'OMNEMENTS. - Trois mol* Six mots Un an
Paris........ S 9 fr« fr.
Départements 6 tl
Administrateur: BOURDILLIAT.
5me année — MARDI 21. JUIN 1870 — N° 1024:
Rédacteur en chef.-' A. DB BA.LATHIER-BR.i<*NT.OÏ*îi*
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rU0arOiU.»i
| ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire,
PARIS, 20 JUIN 1870
SALON DE 1870
LES PEINTRES
(Suite)
Le B est une des lettres,heûmis^i
l'Expositi,on. Les salles qu'il désig^w^ûû^'
remplies de bons tableaux.
La dernière Meule de M. BESNUS fait rô-
-fer aux Géorgiques.
La Chute et le Tour de Ville de M. BEYLE,
s'ils n'attirent pas par le charme, s'imposent
par le talent.
Les pêcheuses de Boulogne de M. BILLET
sont une de ces compositions saines, em-
preinles de la grandeur qui s'attache aux
destinées obscures encadrées dans le milieu
grandiose de la mer et des. montagnes. La
peinture est à la hauteur du sujet. Sans les
contours noirs, dont l'artiste cercle encore
ses personnages, le groupe en avant, le
gars qui porte sa petite sœur, l'eau, les ter-
rains, tout serait parlait.
Le Louis XI en prière de M. BOILYIN est
une peinture étudiée, travaillée, mais ex-
cellente. L'usure de la pelisse enchantera
les chercheurs de petite bâte. Les vrais ama-
teurs s'attacheront de préférence à l'expres-
sion de la tête, au mouvement des mains.
Jamais portrait plus vivant n'a été pris à la
légende de l'histoire.
La Mue à Jérusalem de M. BGNNAT ne
diffère de ses Rues de Rome que par le
N grand vieux Juif qui s'avance avec son nez
, en bec d'aigle et sa barbe blanche.
Quand à sa Femme fellah portant un en-
' fant, c'est une figure en granit, où la pierre
remplace la chair, et qui pose dans un ate-
lier avec la prétenlion de respirer l'air du
Désert. Le talent de M. Bonnat n'est pas en
. cause ; mais rien n'est plus discutable que
son exposition de cette année.
M. BOUDIN excelle à choisir : des motifs
ristes et fâcheux ; mais, une fois qu'il les a 1
;hoisis, il prouve que pour un véritable ar-
iste il n'y a pas de mauvais sujet. Sa Rude
le Brest et ses Pêcheuses sont deux très-bons
.abieaux.
Sous ce titre : un Marché * aux environs de
Cracovie, M. BRANDT nous a donné un joli
Jçssin sur papier, traité avec une observa-
it très-fine et un très-grand goût.
'.ïÀ Village sur le Bosphore de M. BREST
a.JeJnême- charme de composition et d'ar-
rangement. M. Brest imite, mais son Orient
esrcelui des maîtres.
« Quoi de nouveau, monseigneur? —
Rien, sinon que je monte et que vous des--
cendez? »
M. Emile BRETON monte; son Ruisseau,
dans une vallée caillouteuse, est plein de
fraîcheur et de vérité. !
M. Jules BRETON descend. Les Lavan-
dières nous montrent dans une lumière
fausse leurs figures déjà vues dans des dizai-
nes de moissons, de processions et d'enter-
remen.ts.
Quelle vivante composition qu'un Cirque
en province! Depuis l'homme à la cham-
brière jusqu'au petit Hercule, depuis l'é-
cuyer grave jusqu'au cheval blanc qui galope
sacs se presser, tout ' y est bon. L'auteur
est un Américain, M. BRIDGMAN. Je suis
bien sûr qu'il a eu, comme moi, la pnssion
des cirques, et qu'il pré 1ère aux tragédien-
nes les belles filles en maillot qui crèvt®t les
•cerceaux de papier et retombent en séttgjin
arrondissant les bras.
XJ Enterrement à Venise de M. Gustave
BRION est une œuvre franche, hardie, heu-
reuse- Les rouges des costumes, au premier
plan, ont le défaut d'êtres crus, comme s'ils
apparalSfJilicnt-cn pk1il soleil. Cependant, si
l'a¡'chiLeclure du tableau ne me trompe pas,
il est midi au fond, mais le canal sur lequel
passe la gonds.le est *à l'ombre.
Jamais on n'a mangé des oranges avec
plus de plaisir et 'de sensualité que ne 1(
j font les deux enfants de la HauLc-Ebyptn.
1 peints par Mme Henriette BLIGWN. L'un, ur
petit à moitié noir, à la tête rasée, mord danf
son fruit ; l'aulre trempe son doigt dans 1(
sien; mais-OR seut qu'ils sent enchanté:
tous 10s deux de leur occupatien. Le 'graiic
panier plein d'oranges; placé entre eux,
m'enchante. Je vois qu'ils en auront pour
toute leur après-midi à ne pas souffrir de la
chaleur et de la soif.
Les drôles de bébés ! Sont-ils fagotés ! 1
Sont-ils amusants! Le joli tableau !...
M. Alexandre CABANEL apparlient au
groupe des habiles. Ce n'est pas lui qui s'a-
nuse à écouter chanler les oiseaux dans les
arbres. Il est bien doué; il a étudié; il a
;oulu faire son chemin : il est de son temps.
Les prix, les médailles, les croix, l'Institut
ît les commandes lui sont arrivés de droit,
somme à-tous les Normaliens des lettres et
des arls. Rien à dire ; il a le talent néces-
saire pour justifier son aristocratie gradée.
On le surprendrait sans doute. en disant que
la Mort de Francesca de Rimini et le portrait
de Mme la duchesse de V... compteront infini-
ment moins dans l'avenir que les sincères et
vigoureuses études de M. RIBOT et que les
tableaux de genre de M. MÉRINO. Mais un
académicien est au-dessus de toutes les sur-
prises. Les notables de cette calégorie peu-
vent être jetés impunément d'aussi haut
qu'on veut, ils retombent toujours sur leuis
pieds.
M. Jérôme CARTELLIER appartient aussi
à l'Académie par la tradition. Longtemps il
a eu la spécialité des tableaux d'église d'his-
toire. Raison de plus pour rendre justice à
son paysage, et pour lui savoir gré d'avoir
eu, dans sin Bas-Taizé, une vision exacte et
sincère de la nature.
Les portraits de M. et de Mme CA v AILLÉ
ont ce mérite de la ressemblance, qui est le
premier mérite des portraits.
La Venise de M. DE CHAMPEAUX ressem-
ble aussi à la. Venise papillotante des pein-
tres. Lo ciel,les eaux, tout resplendit. Moi,
qui ai les yeux de tout le monde, je n'ai ja-
i mais vu Veniaa ainsi ; de loin, elle m'est ap-
parue comme Tine masse rose; de près, j'ai
eu une impression d'obscurité grandiose et
! triste. Mais je ne aurais en vouloir aux
| peintres, qui se plaisent à pavoiser de dra-
peaux jaunes les barques et les navires.
i Les Mirais d'.Andernas de M. Léonce CHA-
' BRY nous trar sportent dans les Landes,
j dont le crépuscule fait ressortir la môme
■ , MI TI.III «TI..,
tendue. Rien de plus heureux que la ligne
e l'horizon, de plus pittoresque et de plus
rai que la figure du berger et queles bœufs
pars sur les premiers plans. Le ciel est
harmant de qualité. Le pittoresque partic-
ulier aux terres mouillées, aux sable:;, aux
oarais, aux herbages, se dégage de cette
grande toile avec une puissance infime.
Enfant, rève encore,
Dors, ô mes amours!
Ta jeune âme ignore 1,
Où s'en vont tes jours.
Comme une algue morte
Tu vas, que t'importe?
Le courant t'emporte;
Mais tu dors toujours.
Le tableau de M. CHAPLIN, qui a ces vers
pour épigraphe, ne comptera guèrr. plus
dans son œuvre que ces vers eux-mêmes ne
compteront dans l'œuvre de Victor H. go.
Mais la Jeune fille tenant un plateau est. utt
bijou d'élégance, de naïveté, d'esprit et de
charme. Il n'est pas possible à l'imagina ion
de créer une plus jolie figure, ni au pinceau
de l'exécuter avec plus de perfection,
M. CHENU a exposé un Effet de nrig?, à la
plus grande joie de ses ennemis, qui sous-
se sont écriés :—Et de quatre!... Jamais
talent ne fut plus réel œpr'nd:uit que eeiui
j du jeune peintre lyonnais. La ligne -. lage au fond, enlre le ciel d'un gris morne
et la plaine blanche, est d'une mervei.leuse
vérité. Les figures de soldats sur la r'O'lllC
sont traitées avec beaucoup d'à 'rcssc ;•! de
goût. Pourquoi faut-il que le motii proajise
cet effet : on voit de la neige dans un cajœ.
on se dit : — Tiens, Chenu !
Les CHAINTREUIL sont toujours desGhaïn-
treuil, et les COROT sont toujours de&Gorot.
Les feuillages en toile d'araignée de ce .! l'-
nier ont fait sourire, cett.e annee, un peu
plus que les années précédentes. P'!':3f'Uf1.e"
du reste, ne songe à contester la maîtrise
aux deux talents.
M. qustave COURBET a exposé deux pay-
sages. C'est très-beau, avec un souci ci il réel
j bien moins grand qu'on ne pense. Dans b.
j Mer orageuse, bn entend le bruit de.' vagues.-
confuses et l'on sent peser sur elle la lour-
deur des nuages ; mais on n'a ni L-, -eu Li-
ment de l'étendue de la mer, ni celui de
l'immensité du ciel. La Falaise d' E!!'f'!U ! est
traitée avec une grande finesse. Les roci.es
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXV
85
Cependant le steamer qui emportait M. Jonu
Bell et ses compagnons avait mouilla le matin
précédent dans le petit port de Dougias, dans
l'île de Man.
A peine avait-il jeté f ancre qu'une barque
portant un officier de la marine royale l'ac-
eosta.
L'officier monta à bord.
jfoir le numéro du 12 juin 18§9.
— C&pitaine, dit-il à M. Robert Wallace,
vous comptiez vous arrêter une heure ici?
— Le 'temps de-déposer des passagers et d'en
prendre d'autres, répondit le capitaine.
— Eh Men! reprit l'officier, je viens:'!fous
communiquer une dépêche de l'amirauté.
— Ah ! dit fl egm a t i q u eia e n £ le capitaine.
Et l'officier mit sous ses yeuz ua tclégram-.
me ainsi conçu :
« Ordre au capitaine Robert Wallace de
rester à l'île de Man et d'y attendre de non-
.velles instructions. »
— Mais, monsieur, dit le capitaine, il y a
à bord beaucoup de passagers pour 'l'Irlande.
— Je le sais.
— Et qui sont pressés d'arriver.
— Aussi le cas est-il prévu.
— Ah! ,
— Un autre steamer chauffe sur le port.
— Fort bien.
— Prêt à faire route pour Dublin.
— Et il prendra mes passagers? i
— Tous, à l'exception de cinq.
, Qui donc?
— Un monsieur John Bell d'abord.
-- Le directeur de Bediam?
— Justement.
— Et pais? fit tranquillement le capi-
taine.
— Et puis un nommé Walter Bruce, ancien
convict.
— Bon!
— Un homme de loi appelé Arthur Co-
keries.
— Est-ce tout?
— Non, dit l'officier, il y a encoro un gent-
leman du nom de sir Arthur.
— Alors, je vais garder ces hommes à bord.
— Jusqu'à nouvel ordre,.
— Et s'ils demandent à se promener par la
'\'illl] ?
— Je n'y vois aucun inconvénient du mo-
ment où vons m'en répondez.
— J'en réponds, dit sir Robert Wallace.
Et l'officier, ayant accompli sa mission, re-
descendit dans son canot et s'en alla.
Pendan t son colloque avec le capitaine, un
homme s'était tenu à distance respectueuse.
Cet homme, c'était Marmouset,
Sa
Marmouset rejoignit alors M. Uo.jei ! Wui-
lace.
— C'est un ordre d'arrestation noua concer-
nant que vous avez reçu ? lui dit il.
Le capitaine lui montra la dépêche.
— Heureusement, dit Marmouset, que le
maître ne doit pas rester inactif à Londies.
— Je l'espère bien.
— Mais, en attendant, qu'allons-nous faire?
— Obéir.
— Et. si les agents du révérend Pa'te/son
arrivent avant le maître?
— Alors, dit froidement le ca.pit'uGO, nous
verrons ce que nous avons a faire.
1\1. John Bell se promenait, pend .vu? ce
temps, d'un pas fiévreux et saccadé sur le
pont.
L'arrivée de l'officier l'avait quelque peu in-
trigué, lui aussi. Mais son étonnemenf. fi t }¡;¡cce -
à une vive impatience quand il vit que stea-
mer, après avoir éteint ses feux, demeurait
immobile an milieu du port.
Aussi s'approcha-t-il vivement du capHrdne.
—Mais que faisons-nous donc ici, monsieur?
*
5 cent. le numéro.
JOURNAL. QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
\
"B'OMNEMENTS. - Trois mol* Six mots Un an
Paris........ S 9 fr« fr.
Départements 6 tl
Administrateur: BOURDILLIAT.
5me année — MARDI 21. JUIN 1870 — N° 1024:
Rédacteur en chef.-' A. DB BA.LATHIER-BR.i<*NT.OÏ*îi*
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rU0arOiU.»i
| ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire,
PARIS, 20 JUIN 1870
SALON DE 1870
LES PEINTRES
(Suite)
Le B est une des lettres,heûmis^i
l'Expositi,on. Les salles qu'il désig^w^ûû^'
remplies de bons tableaux.
La dernière Meule de M. BESNUS fait rô-
-fer aux Géorgiques.
La Chute et le Tour de Ville de M. BEYLE,
s'ils n'attirent pas par le charme, s'imposent
par le talent.
Les pêcheuses de Boulogne de M. BILLET
sont une de ces compositions saines, em-
preinles de la grandeur qui s'attache aux
destinées obscures encadrées dans le milieu
grandiose de la mer et des. montagnes. La
peinture est à la hauteur du sujet. Sans les
contours noirs, dont l'artiste cercle encore
ses personnages, le groupe en avant, le
gars qui porte sa petite sœur, l'eau, les ter-
rains, tout serait parlait.
Le Louis XI en prière de M. BOILYIN est
une peinture étudiée, travaillée, mais ex-
cellente. L'usure de la pelisse enchantera
les chercheurs de petite bâte. Les vrais ama-
teurs s'attacheront de préférence à l'expres-
sion de la tête, au mouvement des mains.
Jamais portrait plus vivant n'a été pris à la
légende de l'histoire.
La Mue à Jérusalem de M. BGNNAT ne
diffère de ses Rues de Rome que par le
N grand vieux Juif qui s'avance avec son nez
, en bec d'aigle et sa barbe blanche.
Quand à sa Femme fellah portant un en-
' fant, c'est une figure en granit, où la pierre
remplace la chair, et qui pose dans un ate-
lier avec la prétenlion de respirer l'air du
Désert. Le talent de M. Bonnat n'est pas en
. cause ; mais rien n'est plus discutable que
son exposition de cette année.
M. BOUDIN excelle à choisir : des motifs
ristes et fâcheux ; mais, une fois qu'il les a 1
;hoisis, il prouve que pour un véritable ar-
iste il n'y a pas de mauvais sujet. Sa Rude
le Brest et ses Pêcheuses sont deux très-bons
.abieaux.
Sous ce titre : un Marché * aux environs de
Cracovie, M. BRANDT nous a donné un joli
Jçssin sur papier, traité avec une observa-
it très-fine et un très-grand goût.
'.ïÀ Village sur le Bosphore de M. BREST
a.JeJnême- charme de composition et d'ar-
rangement. M. Brest imite, mais son Orient
esrcelui des maîtres.
« Quoi de nouveau, monseigneur? —
Rien, sinon que je monte et que vous des--
cendez? »
M. Emile BRETON monte; son Ruisseau,
dans une vallée caillouteuse, est plein de
fraîcheur et de vérité. !
M. Jules BRETON descend. Les Lavan-
dières nous montrent dans une lumière
fausse leurs figures déjà vues dans des dizai-
nes de moissons, de processions et d'enter-
remen.ts.
Quelle vivante composition qu'un Cirque
en province! Depuis l'homme à la cham-
brière jusqu'au petit Hercule, depuis l'é-
cuyer grave jusqu'au cheval blanc qui galope
sacs se presser, tout ' y est bon. L'auteur
est un Américain, M. BRIDGMAN. Je suis
bien sûr qu'il a eu, comme moi, la pnssion
des cirques, et qu'il pré 1ère aux tragédien-
nes les belles filles en maillot qui crèvt®t les
•cerceaux de papier et retombent en séttgjin
arrondissant les bras.
XJ Enterrement à Venise de M. Gustave
BRION est une œuvre franche, hardie, heu-
reuse- Les rouges des costumes, au premier
plan, ont le défaut d'êtres crus, comme s'ils
apparalSfJilicnt-cn pk1il soleil. Cependant, si
l'a¡'chiLeclure du tableau ne me trompe pas,
il est midi au fond, mais le canal sur lequel
passe la gonds.le est *à l'ombre.
Jamais on n'a mangé des oranges avec
plus de plaisir et 'de sensualité que ne 1(
j font les deux enfants de la HauLc-Ebyptn.
1 peints par Mme Henriette BLIGWN. L'un, ur
petit à moitié noir, à la tête rasée, mord danf
son fruit ; l'aulre trempe son doigt dans 1(
sien; mais-OR seut qu'ils sent enchanté:
tous 10s deux de leur occupatien. Le 'graiic
panier plein d'oranges; placé entre eux,
m'enchante. Je vois qu'ils en auront pour
toute leur après-midi à ne pas souffrir de la
chaleur et de la soif.
Les drôles de bébés ! Sont-ils fagotés ! 1
Sont-ils amusants! Le joli tableau !...
M. Alexandre CABANEL apparlient au
groupe des habiles. Ce n'est pas lui qui s'a-
nuse à écouter chanler les oiseaux dans les
arbres. Il est bien doué; il a étudié; il a
;oulu faire son chemin : il est de son temps.
Les prix, les médailles, les croix, l'Institut
ît les commandes lui sont arrivés de droit,
somme à-tous les Normaliens des lettres et
des arls. Rien à dire ; il a le talent néces-
saire pour justifier son aristocratie gradée.
On le surprendrait sans doute. en disant que
la Mort de Francesca de Rimini et le portrait
de Mme la duchesse de V... compteront infini-
ment moins dans l'avenir que les sincères et
vigoureuses études de M. RIBOT et que les
tableaux de genre de M. MÉRINO. Mais un
académicien est au-dessus de toutes les sur-
prises. Les notables de cette calégorie peu-
vent être jetés impunément d'aussi haut
qu'on veut, ils retombent toujours sur leuis
pieds.
M. Jérôme CARTELLIER appartient aussi
à l'Académie par la tradition. Longtemps il
a eu la spécialité des tableaux d'église d'his-
toire. Raison de plus pour rendre justice à
son paysage, et pour lui savoir gré d'avoir
eu, dans sin Bas-Taizé, une vision exacte et
sincère de la nature.
Les portraits de M. et de Mme CA v AILLÉ
ont ce mérite de la ressemblance, qui est le
premier mérite des portraits.
La Venise de M. DE CHAMPEAUX ressem-
ble aussi à la. Venise papillotante des pein-
tres. Lo ciel,les eaux, tout resplendit. Moi,
qui ai les yeux de tout le monde, je n'ai ja-
i mais vu Veniaa ainsi ; de loin, elle m'est ap-
parue comme Tine masse rose; de près, j'ai
eu une impression d'obscurité grandiose et
! triste. Mais je ne aurais en vouloir aux
| peintres, qui se plaisent à pavoiser de dra-
peaux jaunes les barques et les navires.
i Les Mirais d'.Andernas de M. Léonce CHA-
' BRY nous trar sportent dans les Landes,
j dont le crépuscule fait ressortir la môme
■ , MI TI.III «TI..,
tendue. Rien de plus heureux que la ligne
e l'horizon, de plus pittoresque et de plus
rai que la figure du berger et queles bœufs
pars sur les premiers plans. Le ciel est
harmant de qualité. Le pittoresque partic-
ulier aux terres mouillées, aux sable:;, aux
oarais, aux herbages, se dégage de cette
grande toile avec une puissance infime.
Enfant, rève encore,
Dors, ô mes amours!
Ta jeune âme ignore 1,
Où s'en vont tes jours.
Comme une algue morte
Tu vas, que t'importe?
Le courant t'emporte;
Mais tu dors toujours.
Le tableau de M. CHAPLIN, qui a ces vers
pour épigraphe, ne comptera guèrr. plus
dans son œuvre que ces vers eux-mêmes ne
compteront dans l'œuvre de Victor H. go.
Mais la Jeune fille tenant un plateau est. utt
bijou d'élégance, de naïveté, d'esprit et de
charme. Il n'est pas possible à l'imagina ion
de créer une plus jolie figure, ni au pinceau
de l'exécuter avec plus de perfection,
M. CHENU a exposé un Effet de nrig?, à la
plus grande joie de ses ennemis, qui sous-
se sont écriés :—Et de quatre!... Jamais
talent ne fut plus réel œpr'nd:uit que eeiui
j du jeune peintre lyonnais. La ligne -.
et la plaine blanche, est d'une mervei.leuse
vérité. Les figures de soldats sur la r'O'lllC
sont traitées avec beaucoup d'à 'rcssc ;•! de
goût. Pourquoi faut-il que le motii proajise
cet effet : on voit de la neige dans un cajœ.
on se dit : — Tiens, Chenu !
Les CHAINTREUIL sont toujours desGhaïn-
treuil, et les COROT sont toujours de&Gorot.
Les feuillages en toile d'araignée de ce .! l'-
nier ont fait sourire, cett.e annee, un peu
plus que les années précédentes. P'!':3f'Uf1.e"
du reste, ne songe à contester la maîtrise
aux deux talents.
M. qustave COURBET a exposé deux pay-
sages. C'est très-beau, avec un souci ci il réel
j bien moins grand qu'on ne pense. Dans b.
j Mer orageuse, bn entend le bruit de.' vagues.-
confuses et l'on sent peser sur elle la lour-
deur des nuages ; mais on n'a ni L-, -eu Li-
ment de l'étendue de la mer, ni celui de
l'immensité du ciel. La Falaise d' E!!'f'!U ! est
traitée avec une grande finesse. Les roci.es
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXV
85
Cependant le steamer qui emportait M. Jonu
Bell et ses compagnons avait mouilla le matin
précédent dans le petit port de Dougias, dans
l'île de Man.
A peine avait-il jeté f ancre qu'une barque
portant un officier de la marine royale l'ac-
eosta.
L'officier monta à bord.
jfoir le numéro du 12 juin 18§9.
— C&pitaine, dit-il à M. Robert Wallace,
vous comptiez vous arrêter une heure ici?
— Le 'temps de-déposer des passagers et d'en
prendre d'autres, répondit le capitaine.
— Eh Men! reprit l'officier, je viens:'!fous
communiquer une dépêche de l'amirauté.
— Ah ! dit fl egm a t i q u eia e n £ le capitaine.
Et l'officier mit sous ses yeuz ua tclégram-.
me ainsi conçu :
« Ordre au capitaine Robert Wallace de
rester à l'île de Man et d'y attendre de non-
.velles instructions. »
— Mais, monsieur, dit le capitaine, il y a
à bord beaucoup de passagers pour 'l'Irlande.
— Je le sais.
— Et qui sont pressés d'arriver.
— Aussi le cas est-il prévu.
— Ah! ,
— Un autre steamer chauffe sur le port.
— Fort bien.
— Prêt à faire route pour Dublin.
— Et il prendra mes passagers? i
— Tous, à l'exception de cinq.
, Qui donc?
— Un monsieur John Bell d'abord.
-- Le directeur de Bediam?
— Justement.
— Et pais? fit tranquillement le capi-
taine.
— Et puis un nommé Walter Bruce, ancien
convict.
— Bon!
— Un homme de loi appelé Arthur Co-
keries.
— Est-ce tout?
— Non, dit l'officier, il y a encoro un gent-
leman du nom de sir Arthur.
— Alors, je vais garder ces hommes à bord.
— Jusqu'à nouvel ordre,.
— Et s'ils demandent à se promener par la
'\'illl] ?
— Je n'y vois aucun inconvénient du mo-
ment où vons m'en répondez.
— J'en réponds, dit sir Robert Wallace.
Et l'officier, ayant accompli sa mission, re-
descendit dans son canot et s'en alla.
Pendan t son colloque avec le capitaine, un
homme s'était tenu à distance respectueuse.
Cet homme, c'était Marmouset,
Sa
Marmouset rejoignit alors M. Uo.jei ! Wui-
lace.
— C'est un ordre d'arrestation noua concer-
nant que vous avez reçu ? lui dit il.
Le capitaine lui montra la dépêche.
— Heureusement, dit Marmouset, que le
maître ne doit pas rester inactif à Londies.
— Je l'espère bien.
— Mais, en attendant, qu'allons-nous faire?
— Obéir.
— Et. si les agents du révérend Pa'te/son
arrivent avant le maître?
— Alors, dit froidement le ca.pit'uGO, nous
verrons ce que nous avons a faire.
1\1. John Bell se promenait, pend .vu? ce
temps, d'un pas fiévreux et saccadé sur le
pont.
L'arrivée de l'officier l'avait quelque peu in-
trigué, lui aussi. Mais son étonnemenf. fi t }¡;¡cce -
à une vive impatience quand il vit que stea-
mer, après avoir éteint ses feux, demeurait
immobile an milieu du port.
Aussi s'approcha-t-il vivement du capHrdne.
—Mais que faisons-nous donc ici, monsieur?
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