Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-20
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 juin 1870 20 juin 1870
Description : 1870/06/20 (A5,N1523). 1870/06/20 (A5,N1523).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169511
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro.
'
-i Il
JOURNAL QUOTIDIEN tN
X.
5 cent. le numéro.
^PDN'NKMK'NTS. — Tro!sw« 6tx moJ§ 177t ÎHI
Paris & fr. fr», ** fr.
Départements a 11 aa
Administrateur: BOURDILLIAT.
4
Õme année — LUNDI 20 JUIN 1870 — N° 1523
Rédacteur en chef: A. diï Bkr,\THiKPi-BR\açtOMî|ï
BUREAUX D'A.nO:-iNIDIE:il': t), rlieDro¡tet
ADMINISTRA LION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 19 JUIN 1870
SALON DE 1870
LES PEINTRES
Les amis du passé se sont
commun accord contre le jury do rErpo^i^
tion de cette année. Cependant ce jury, à
l'exception de trois ou quatre noms, était Je
môme que celui des années précédentes.
Mais il -avait senti souffler le vent de la ré-
volte dans les Champs-Elysées, et, bon gré
mal gré, il s'élait décidé à faire la part de
l'esprit nouveau. Rien n'aurait pu l'empê-
cher de donner la médaille d'honneur à un
jeune fort en thème, comme M. Tony Ro-
bert-Fleury; du moins tenait-il à élargir le
cercle trop étroit de la tradition, à multi-
plier les admissions, à prendre un souci plus
réel du placement des tableaux. Un progrès
a été accompli. On n'en est pas encore arrivé
à l'âge d'or, — où chaque groupe, chaque
écolo, aura sa salle distincte, et pourra se
présenter au public avec son relief et sa vé-
rité; mais on est entré dans l'âge d'argent,
où la cimaise n'est plus inaccessih^.au com-
mun, et où les maîtres d'école ne cachent
plus sous les frises les œuvres originales et
hardies.
Pas un des 5,434 numéros du Salon qui
ait été condamné à demeurer inaperçu. Si
l'on n'a pas tout vu, on pouvait tout voir.
Que de choses bonnes, excellentes! Dans
la grande peinture, à, côté des conventions,
telles que les Etats-Unis. d'Amérique, de M.
Adolphe YVON, L'Union de Lublin, de M.
MATEJÏKO, et le Dernier Jour de Corinthe, de
M. FLEURY, nous avons eu des œuvres ori-
ginales et fortes : les Gaulois devant Rome,
de M. LUMINAIS; la Salomé, de M. RI-
GAULT ; le Matin et le Soir de la vie, de M.
E. HÉBERT; c'est à la belle jeune fille, ro-
buste, forte, harmonieuse, de ce dernier ta-
bleau qu'il eût fallu donner la médaille
d'honneur. Voilà le beau ; car ici on ne
trouve pas que la ligne et la couleur, mais
encore l'expression, le mouvement, la vie...
. Que de jolis tableaux de genre ! Que de
paysages grandioses ou gracieùx, où se re- ■
troBve la saine poésie de la nature!
■"lies paysagistes sont les maîtres de la
posture contemporaine. Dans la décadence
p£ssagère, — qui a tout abaissé, la littéra-
ture et les arts, — ils ont grandi. Il n'y a
pas de gouvernement, pas de régime, pas de
mœurs publiques, capables d'empêcher les
oiseaux de chanter dans les arbres, et les
omis de la campagne de suivre du regard
l'eau qui court entre les arbres, les nuages
que le vent chasse dans le ciel.
J'arrive trop tard pour parler de l'Exposi-
tion aussi longuement qu'elle le mériterait.
Je tiens du moins, la veille du jour où elle
se ferme, à feuilleter mon livret et à y re-
trouver quelques-unes des n'otes qui j'ai prises
en la visitant.
M. Jean d'ALHEim est revenu l'année der-
nière d'Italie pour nous prouver une lois de
plus que la véritable inspiration et la véri-
table poésie sont filles du midi et de la lu-
mière.
Voir juste, savoir, éprouver en face de la
nature ce sentiment profond qui permet de
l'idéaliser dans l'art, toutes ces qualités, le
jeune peintre les possède, et je les retrouve
dan:- son exposition.
Son Port de Vintimiglia saisit par un en-
semble de choses humbles et fortes, bâleaux
dépêché, voiles, cordages, pilotis... La mer
avec un coin de côtes, un désert de sable,
un ciel d'un bleu intense sur lequel passent
des nuages pareils à de la fumée, voilà tout
le tableau. S'il y avait un peu moins de sable
et un peu plus de ciel, ce tableau serait par-
faib.
Les Cigales signifient la chaleur; elles
doivent chanter, en effet, au pied de ce mur
blanc, le long de ce chemin blanc, au bord
de la mer. Le soleil remplit le cadre; c'est
lui qui dessine avec tant de purelé les li-
gnes des montagnes à l'horion. Midi; nous
savons l'heure, à voir la couleur des flots et
celle du ciel. A peine un brouillard transpa-
rent monte-t-il au fond, olt. perte de vue.
C'est un éblouissement de clarté. Ce souve-
nir de Naples va commencer, avec une de-
mi-douzaine d'autres tableaux contempc-
rains, la galerie d'un jeune agent de change
qui est en même temps un artiste et. un
'homme d'esprit.
M. Adolphe Af-PIAN demeure propriétaire,
par droit de talent, de toute cette région de
la nature, française qui commence à Lyon
pour finir Genève, et que lui seul, parmi
ceux qui l'aiment, a jusqu'à présent rendue.
Le Bois des Roches est une des meilleures
choses qu'il aiL jamais exposées. Les terrains
ont plus de corps, les arbres sont plus vi-
goureux et plus solides. La femme qui paît
un mouton est une vraie fermière du Bu-
gey. Peut-être, à travers les feuilles, les
lointains ne fuient-ils pas assez? Mais je dis
peut-être; car, devant ce charmant tableau,
le plaisir ne laisse pas de place à la critique.
La Source de VAlbarine, inférieure comme
pemture au Bois des Roches, d'un arrange-
ment si joli qu'il semble conventionnel, n'en
met pas moins en évidence l'origi nali té, l'es-
prit, toules les qualités de M. Appian. Il a
maintenant la pâte, le modelé, la fermeté
qui lui manquaient, lors de ses débuts; joi-
gnez à cela le sentiment des lignes et une
merveilleuse habileté dans la composition.
M. ART AN est un Hollandais qui vient
étudier en Bretagne. Sa peinture est très-
belle, large, sincère. Aucune recherche, au-
cune avance au public. La marée arrive,
sous un ciel gris; si l'on faisait un pas pour
aller au-devant d'elle, les pieds s'enfonce-
raient dans le sable mouillé de la rive.
La Rencontre de M. Anatole de BEAULIEU:
a eu lieu certainement en 1830. Tout y est
fatal, la physionomie des hommes et l'aspect
des choses. Jamais duellistes ne se sont
massacrés avec un pareil acharnement. Ils
ont fait de la charpie de leurs chemises.
Le docteur à la Walter Scott, qui se tient
au fond, raccommodera peut-être les trous-
de la peau; mais il n'y a pas de lingère qui
tienne, les chemises sont perdues. Sur la.
porte de l'atelier de M. de Beaulieu doit
flotter un drapeau rouge et noir ; à l'inté-
rieur il doit y avoir des squeleltes et des ar-
mures. Dans un mélodrame, apparaissait une
femme masquée à laquelle on demandait
son nom : —Je m'appelle la Haine!... —•
Je m'appelle le Romantisme! — pourrait
dire M. de Beaulieu.
M. DE BEAUMONT, avec autant de talent,
est plus étrange encore. Quœrens qutm devo-
t'et; et il a peint le sphinx moderne, une co-
cotte t1ttle dans un bois sacré.
« En 1528, les Capitouls de la ville de
Toulouse firent un vœu aux reliques de l'é-
glise Saint-Saturnin, et offrirent le plt î en
relief de la basilique que l'on voit aujour-
d'hui suspendu à la voûte du déambulatoire
de l'abside. »
Ainsi, les Capitouls de M. BENEZET font
un vœu. Le livret le dii. Sans le livret, on
pourrai L . cr^#s*qu'il& fiw*è-une orgie, — une
orgie de laque carminée.
Les Cosaques de l'Oural de M. Emile BÉ-
NASSIT s'avancent, mouillés par le brouillard
frais du matin. Mais ce brouillard n'est pas
si épais qu'on ne puisse retrouver dans les
cavaliers la nnesse, l'élégance et le charme
particuliers à toutes les figures du jeune
artiste, qui'a un si joli bout de crayon à son
pinceau.
Après la procession, de M. BERNE-BELLE-
COUR, est un tableau qui a le tort d'être
peiut à l'huile. Supposez une faïence cuite,
; vous ne pourrez rien imaginer de plus ra-
1 1 vissant, de plus spirituel, de mieux trouvé.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXIV
si
Le portefeuille contenait différents papiers
dont ua seul eût suffit à établir l'identité de
Scotowe.
Il renfermait, en outre, un laisfez-passer fort
curieux.
C-ette pièce était sans doute celle que cher-
ehait Rocambole, car il eut un mouvementée
joie, qui se traduisait par un geste quand il j
la déplia. j
f Voir le numéro du 12 juin 1869,
Le laiuez-past-er mystérieux était une feuille
de papier jaune aux coins arrondi?, dans le
milieu de laquelle étaient deux croix en sau-
toir à l'encre rouge, et, au-dessous, à. l'encre
violer un R... et un P...
Avec cette feuille, M. Scotowe se trouvait
investi d'un pouvoir presque illimité.
Il pouvait aller où il. voudrait requérir une
véritable armée de gens en robe noire, se faire
ouvrir les prisons, ordonner l'arrestation im-
médiate d'une ou plusieurs personnes.
Cette pièce, enfin , était le sauf conduit que
lui avait donné le révérend Patterson, au
nom de la Société évangélique. Quand il eut
pris cor naissance des différents papiers que
renfermait le portefeuille, Rocambole le mit
dans sa poche.
Puis il revint à Scotowe, auprès duquel se
trouvait toujours Milon.
Mi Ion n'attendait qu'un signal pour le
prendr e par les épaules et le jeter à la mer.
Alors Rocambole dit à M. Scotowe : ;
— Ecoutez-moi bien, monsieur, l'heure est
solennelle pour "^US. "
Le détective jeta sur lui un regard éperdu.
— Votre sort dépend de la sincérité de vos
paroles et des réponses que vous me ferez.
— Je suis prêt à répondre à monsieur, ré-
pondit le détective.
— Voyons, reprit Rocambole, procédons
par ordre : où allez-vous ?
- A 1 île de Man.
— Quelle était la mission dont vous étiez
chargé?
— Je devais arrêter M. John Bell, le direc-
teur de Bedlam, et les personnes qui sont avec
lui.
- Et puis?
— Je devais les conduire dans une maison
de fous qui se trouve à l'île de Man.
— Et les y laisser?
— Oui.
— Mais n'était-il pas convenu avec le révé-
rend que vous lui écririez aussitôt l'arresta-
tion faite? .
— Cela était convenu en effet.
— Eh bien, dit Rocambole, vous allez vous
accroupir au fond de lajbarque, poser sur vos
genoux une planche, sur cette planche du pa-
pier et écrire la lettre que je vais vous dicter.
Cette proposition, cet ordre plutôt n'aurait
rien eu d'extraordinaire en un tout. autre mo-
ment.
Mais la mer était épouvantable, le vent
soufflait avec furie et la barque éprouvait les
secousses les plus violentes.
Cependant M. Scotowe, qui savait l'homme
gris capable de mettre ses menaces à exécution,
M. Scotowe prit la pose que celui-ci lui indi-
quait.
Milon décrocha le fanal.
Puis il prit au fond de la. barque une plan-
chette et posa dessus un buvard après lequel
tenaient un encrier et une plume.
' Et, le fanal à la main, il se mit à éclairer
M. Scotowe.
Celui-ci regarda Rocambole :
— Forcément, dit-il, mon écriture sera
tremblée, et peut-être verra-t-on que je n'aïaas
pas mon libre arbitre en écrivant.
Rocambole eut un sourire :
5 cent. le numéro.
'
-i Il
JOURNAL QUOTIDIEN tN
X.
5 cent. le numéro.
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Paris & fr. fr», ** fr.
Départements a 11 aa
Administrateur: BOURDILLIAT.
4
Õme année — LUNDI 20 JUIN 1870 — N° 1523
Rédacteur en chef: A. diï Bkr,\THiKPi-BR\açtOMî|ï
BUREAUX D'A.nO:-iNIDIE:il': t), rlieDro¡tet
ADMINISTRA LION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 19 JUIN 1870
SALON DE 1870
LES PEINTRES
Les amis du passé se sont
commun accord contre le jury do rErpo^i^
tion de cette année. Cependant ce jury, à
l'exception de trois ou quatre noms, était Je
môme que celui des années précédentes.
Mais il -avait senti souffler le vent de la ré-
volte dans les Champs-Elysées, et, bon gré
mal gré, il s'élait décidé à faire la part de
l'esprit nouveau. Rien n'aurait pu l'empê-
cher de donner la médaille d'honneur à un
jeune fort en thème, comme M. Tony Ro-
bert-Fleury; du moins tenait-il à élargir le
cercle trop étroit de la tradition, à multi-
plier les admissions, à prendre un souci plus
réel du placement des tableaux. Un progrès
a été accompli. On n'en est pas encore arrivé
à l'âge d'or, — où chaque groupe, chaque
écolo, aura sa salle distincte, et pourra se
présenter au public avec son relief et sa vé-
rité; mais on est entré dans l'âge d'argent,
où la cimaise n'est plus inaccessih^.au com-
mun, et où les maîtres d'école ne cachent
plus sous les frises les œuvres originales et
hardies.
Pas un des 5,434 numéros du Salon qui
ait été condamné à demeurer inaperçu. Si
l'on n'a pas tout vu, on pouvait tout voir.
Que de choses bonnes, excellentes! Dans
la grande peinture, à, côté des conventions,
telles que les Etats-Unis. d'Amérique, de M.
Adolphe YVON, L'Union de Lublin, de M.
MATEJÏKO, et le Dernier Jour de Corinthe, de
M. FLEURY, nous avons eu des œuvres ori-
ginales et fortes : les Gaulois devant Rome,
de M. LUMINAIS; la Salomé, de M. RI-
GAULT ; le Matin et le Soir de la vie, de M.
E. HÉBERT; c'est à la belle jeune fille, ro-
buste, forte, harmonieuse, de ce dernier ta-
bleau qu'il eût fallu donner la médaille
d'honneur. Voilà le beau ; car ici on ne
trouve pas que la ligne et la couleur, mais
encore l'expression, le mouvement, la vie...
. Que de jolis tableaux de genre ! Que de
paysages grandioses ou gracieùx, où se re- ■
troBve la saine poésie de la nature!
■"lies paysagistes sont les maîtres de la
posture contemporaine. Dans la décadence
p£ssagère, — qui a tout abaissé, la littéra-
ture et les arts, — ils ont grandi. Il n'y a
pas de gouvernement, pas de régime, pas de
mœurs publiques, capables d'empêcher les
oiseaux de chanter dans les arbres, et les
omis de la campagne de suivre du regard
l'eau qui court entre les arbres, les nuages
que le vent chasse dans le ciel.
J'arrive trop tard pour parler de l'Exposi-
tion aussi longuement qu'elle le mériterait.
Je tiens du moins, la veille du jour où elle
se ferme, à feuilleter mon livret et à y re-
trouver quelques-unes des n'otes qui j'ai prises
en la visitant.
M. Jean d'ALHEim est revenu l'année der-
nière d'Italie pour nous prouver une lois de
plus que la véritable inspiration et la véri-
table poésie sont filles du midi et de la lu-
mière.
Voir juste, savoir, éprouver en face de la
nature ce sentiment profond qui permet de
l'idéaliser dans l'art, toutes ces qualités, le
jeune peintre les possède, et je les retrouve
dan:- son exposition.
Son Port de Vintimiglia saisit par un en-
semble de choses humbles et fortes, bâleaux
dépêché, voiles, cordages, pilotis... La mer
avec un coin de côtes, un désert de sable,
un ciel d'un bleu intense sur lequel passent
des nuages pareils à de la fumée, voilà tout
le tableau. S'il y avait un peu moins de sable
et un peu plus de ciel, ce tableau serait par-
faib.
Les Cigales signifient la chaleur; elles
doivent chanter, en effet, au pied de ce mur
blanc, le long de ce chemin blanc, au bord
de la mer. Le soleil remplit le cadre; c'est
lui qui dessine avec tant de purelé les li-
gnes des montagnes à l'horion. Midi; nous
savons l'heure, à voir la couleur des flots et
celle du ciel. A peine un brouillard transpa-
rent monte-t-il au fond, olt. perte de vue.
C'est un éblouissement de clarté. Ce souve-
nir de Naples va commencer, avec une de-
mi-douzaine d'autres tableaux contempc-
rains, la galerie d'un jeune agent de change
qui est en même temps un artiste et. un
'homme d'esprit.
M. Adolphe Af-PIAN demeure propriétaire,
par droit de talent, de toute cette région de
la nature, française qui commence à Lyon
pour finir Genève, et que lui seul, parmi
ceux qui l'aiment, a jusqu'à présent rendue.
Le Bois des Roches est une des meilleures
choses qu'il aiL jamais exposées. Les terrains
ont plus de corps, les arbres sont plus vi-
goureux et plus solides. La femme qui paît
un mouton est une vraie fermière du Bu-
gey. Peut-être, à travers les feuilles, les
lointains ne fuient-ils pas assez? Mais je dis
peut-être; car, devant ce charmant tableau,
le plaisir ne laisse pas de place à la critique.
La Source de VAlbarine, inférieure comme
pemture au Bois des Roches, d'un arrange-
ment si joli qu'il semble conventionnel, n'en
met pas moins en évidence l'origi nali té, l'es-
prit, toules les qualités de M. Appian. Il a
maintenant la pâte, le modelé, la fermeté
qui lui manquaient, lors de ses débuts; joi-
gnez à cela le sentiment des lignes et une
merveilleuse habileté dans la composition.
M. ART AN est un Hollandais qui vient
étudier en Bretagne. Sa peinture est très-
belle, large, sincère. Aucune recherche, au-
cune avance au public. La marée arrive,
sous un ciel gris; si l'on faisait un pas pour
aller au-devant d'elle, les pieds s'enfonce-
raient dans le sable mouillé de la rive.
La Rencontre de M. Anatole de BEAULIEU:
a eu lieu certainement en 1830. Tout y est
fatal, la physionomie des hommes et l'aspect
des choses. Jamais duellistes ne se sont
massacrés avec un pareil acharnement. Ils
ont fait de la charpie de leurs chemises.
Le docteur à la Walter Scott, qui se tient
au fond, raccommodera peut-être les trous-
de la peau; mais il n'y a pas de lingère qui
tienne, les chemises sont perdues. Sur la.
porte de l'atelier de M. de Beaulieu doit
flotter un drapeau rouge et noir ; à l'inté-
rieur il doit y avoir des squeleltes et des ar-
mures. Dans un mélodrame, apparaissait une
femme masquée à laquelle on demandait
son nom : —Je m'appelle la Haine!... —•
Je m'appelle le Romantisme! — pourrait
dire M. de Beaulieu.
M. DE BEAUMONT, avec autant de talent,
est plus étrange encore. Quœrens qutm devo-
t'et; et il a peint le sphinx moderne, une co-
cotte t1ttle dans un bois sacré.
« En 1528, les Capitouls de la ville de
Toulouse firent un vœu aux reliques de l'é-
glise Saint-Saturnin, et offrirent le plt î en
relief de la basilique que l'on voit aujour-
d'hui suspendu à la voûte du déambulatoire
de l'abside. »
Ainsi, les Capitouls de M. BENEZET font
un vœu. Le livret le dii. Sans le livret, on
pourrai L . cr^#s*qu'il& fiw*è-une orgie, — une
orgie de laque carminée.
Les Cosaques de l'Oural de M. Emile BÉ-
NASSIT s'avancent, mouillés par le brouillard
frais du matin. Mais ce brouillard n'est pas
si épais qu'on ne puisse retrouver dans les
cavaliers la nnesse, l'élégance et le charme
particuliers à toutes les figures du jeune
artiste, qui'a un si joli bout de crayon à son
pinceau.
Après la procession, de M. BERNE-BELLE-
COUR, est un tableau qui a le tort d'être
peiut à l'huile. Supposez une faïence cuite,
; vous ne pourrez rien imaginer de plus ra-
1 1 vissant, de plus spirituel, de mieux trouvé.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXXXIV
si
Le portefeuille contenait différents papiers
dont ua seul eût suffit à établir l'identité de
Scotowe.
Il renfermait, en outre, un laisfez-passer fort
curieux.
C-ette pièce était sans doute celle que cher-
ehait Rocambole, car il eut un mouvementée
joie, qui se traduisait par un geste quand il j
la déplia. j
f Voir le numéro du 12 juin 1869,
Le laiuez-past-er mystérieux était une feuille
de papier jaune aux coins arrondi?, dans le
milieu de laquelle étaient deux croix en sau-
toir à l'encre rouge, et, au-dessous, à. l'encre
violer un R... et un P...
Avec cette feuille, M. Scotowe se trouvait
investi d'un pouvoir presque illimité.
Il pouvait aller où il. voudrait requérir une
véritable armée de gens en robe noire, se faire
ouvrir les prisons, ordonner l'arrestation im-
médiate d'une ou plusieurs personnes.
Cette pièce, enfin , était le sauf conduit que
lui avait donné le révérend Patterson, au
nom de la Société évangélique. Quand il eut
pris cor naissance des différents papiers que
renfermait le portefeuille, Rocambole le mit
dans sa poche.
Puis il revint à Scotowe, auprès duquel se
trouvait toujours Milon.
Mi Ion n'attendait qu'un signal pour le
prendr e par les épaules et le jeter à la mer.
Alors Rocambole dit à M. Scotowe : ;
— Ecoutez-moi bien, monsieur, l'heure est
solennelle pour "^US. "
Le détective jeta sur lui un regard éperdu.
— Votre sort dépend de la sincérité de vos
paroles et des réponses que vous me ferez.
— Je suis prêt à répondre à monsieur, ré-
pondit le détective.
— Voyons, reprit Rocambole, procédons
par ordre : où allez-vous ?
- A 1 île de Man.
— Quelle était la mission dont vous étiez
chargé?
— Je devais arrêter M. John Bell, le direc-
teur de Bedlam, et les personnes qui sont avec
lui.
- Et puis?
— Je devais les conduire dans une maison
de fous qui se trouve à l'île de Man.
— Et les y laisser?
— Oui.
— Mais n'était-il pas convenu avec le révé-
rend que vous lui écririez aussitôt l'arresta-
tion faite? .
— Cela était convenu en effet.
— Eh bien, dit Rocambole, vous allez vous
accroupir au fond de lajbarque, poser sur vos
genoux une planche, sur cette planche du pa-
pier et écrire la lettre que je vais vous dicter.
Cette proposition, cet ordre plutôt n'aurait
rien eu d'extraordinaire en un tout. autre mo-
ment.
Mais la mer était épouvantable, le vent
soufflait avec furie et la barque éprouvait les
secousses les plus violentes.
Cependant M. Scotowe, qui savait l'homme
gris capable de mettre ses menaces à exécution,
M. Scotowe prit la pose que celui-ci lui indi-
quait.
Milon décrocha le fanal.
Puis il prit au fond de la. barque une plan-
chette et posa dessus un buvard après lequel
tenaient un encrier et une plume.
' Et, le fanal à la main, il se mit à éclairer
M. Scotowe.
Celui-ci regarda Rocambole :
— Forcément, dit-il, mon écriture sera
tremblée, et peut-être verra-t-on que je n'aïaas
pas mon libre arbitre en écrivant.
Rocambole eut un sourire :
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