Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 juin 1870 05 juin 1870
Description : 1870/06/05 (A5,N1508). 1870/06/05 (A5,N1508).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716936b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cen-t. ïe numéro.
1 5 ~ cent. le ntméro.
âBPNNEMENTS. — Trois mots six mois Cn 3ft j
Paris. 5e. 9. fr. 18 fr. '
Départements 6 il ta i
.. Administrateur: BOURD'ILLIAT. I
'I)me année — DIMANCHE 5 JUIN 1870 — N° 1508
Rédacteur en chef : A. DB B A IATHÏ ER-BRA G-BLO NÎF B
BUREAUX D'AB.ONNEMENT: 9, PuoBrouot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 4 JUIN 1870
MAURICE DE SAXE
Jeudi, la Comédie-Française a né
Ma!ii-ice de Saxe, drame en 5 actes et en vers,
de MM. Jules Amigues et Marcelin Desbou-
tins;
Je n'ai pas assisté à la représentation et je.,
me garderais d'en parler par ouï-dire. La
pièce a réussi, et Got a obtenu un grand suc-
cès. Mais, à défaut du compte rendu de la.
soirée, je peux vous raconter l'histoire du
héros du drame.
Parmi les physionomies du dix-huitième
■ siècle, celle du comte de Saxe nous apparaît
-avec une singulière originalité : l'originalité
d'un homme doué pour vivre dans un temps
eL que le hasard fait vivre dans un autre.
Qu'on supprime, en effet, par la pensée
les noms des contemporains et des batailles,
00 placera tout de suite sur la limite du
moyen-âge et de la Renaissance ce grand
soldat, grand de toutes les façons, d'une
force herculéenne,- brisant entre ses doigts
un fer à cheval, mettant sous la table les
buveurs les plus intrépides, passionné com-
me un collégien, inconstant comme un ténor,
menant de front les petits soupers et les ba-
tailles, trouvant le temps — entre deux cam-
pagnes — d'écrire ses Rêveries sans savoir
l'orthographe, brave, prudent, fin, un type
dans le genre des condottiere de Walter
Scott, auquel il 'eût fallu un château-fort
pour demeure et des gardes, bardés de fer,
et qui mourut au milieu des enchantements
modernes de Chambord, après avoir traversé
Versailles en,calotte courte et soupé chez
les comédiennes et les duchesses, avec de la
poudre et un habit de soie.
Maurice de Saxe était un soldat né, étant
le fils d'Auguste II, roi de Pologne, et de
là comtesse de Kœnigsmark. Son père, qui
gagnait et perdait des trônes, ne posant
l'épée que pour prendre le verre, et ne quit-
tant la table que p'our le champ de bataille,
ne prit pas grand souci de cet entant du
hasard. L'enfant, livré à lui-même, n'hésita
pas sur sa vocation. A douze ans, 'il appre-
nait la guerre contre la France, sous le
prince Eugène et le duc de Marlborough.
\ A quinze ans, il assiégeait Stralsund pour
acompte de son père. Stralsund était dé-
jftidu par les Suédeis.
v / cc — J'ai eu enfin la satisfaction de me
trouver face à face' avec Choies XII, » écri-
vait -le jeune homme, « je l'ai vu habillé
comme un de ses soldais et se battant plus
bravement qu'aucun d'eux.
A la suite de cette compagne, sa mère le
maria ; mais il demeura peu dans son mé-
nage, ne se félicitant d'être marié que pour
éviter pareil désagrément par la su4te. Il
alla se battre contre les Turcs, et se lia de-
vant Belgrade avec deux Français, le comte
de Charolais et le prince de Dombes.
La ville prise :
— Venez avec nous, — lui dirent-ils; —
nous vous présenterons au régent, et vous
servirez la France.
Maurice de Saxe demanda l'agrément du
roi son père, et vint à Paris commander un
régiment. Il y fut tout de suite à la mode,
par sa naissance d'abord, ensuite par ses
rares dispositions pour la guerre, surtout
par sa liaison avec Adrienne Lecouvreur.
En 1726, les Etats de Gourlande, en. quête
d'un souverain, l'élurent pour leur duc. Un
Russe, Mentchikoff, qui prétendait au du-
ché, envoya 800 cosaques pour le prendre
mort ou vif dans son palais de Mittau. Il
avait 60 hommes avec lui ; -il se défendit
bravement et mit les cosaques en déroute.
Après quoi, il prit une plume et écrivit à
Versailles pour demander des secours.
Le ministère d'alors, qui faisait des éco-
nomies, lui envoya des vœux de prospérité.
Adrienne Lecouvreur, indignée, vendit ses
bijoux et fit tenir 48,000 livres à son amant.
Ce dernier la remercia, en refusant d'épou-
ser une grande dame, Anna Iwandwna, que
depuis fut impératrice de Russie.
Voyant qu'il ne pourrait conserver son
duché, il revint en France, batailla tour à
tour sur le Rhin, en Saxe, en Bohême, ga-
gna Lous ses grades, — y compris celui de
maréchal de France, — par une série d'ac-
tions d'éclat..
Dès qu'il eut un commandement en chef,
il y montra autant de génie et de prudence
qu'il avait montré précédemment de-.folie et
de bravoure.
Voltaire a raconta,dans tous leurs détails
ses campagnes de Flandre et des Pays-Bas,
si glorieuses pour nos armes :
(c ta Flandre française était défendue par
le maréchal de Saxe, plus faible de vingt
mille hommes que les alliés. Ce général mit
en oeuvre ces ressources de la guerre aux-
quelles ni la fortune, ni même la valeur du
soldat ne peuvent avoir part. Camper et dé-
camper à propos, couvrir son pays', faire
subsister son armée aux dépens des ennemis,
aller sur leur terrain lorsqu'ils s'avancent
vers le pays qu'on défend, et les forcer à re-
venir sur leurs pas, rendre par l'habileté la
force inutile, c'est ce qui est ragardé comme
un des chefs-d'œuvre de l'art militaire, et
c'est ce que fit le maréchal de Saxe, depuis
le commencement d'à 't jusqu'au mois de
novembre 1745. »
Et plus loin :
« L'armée était sous les ordres d'un géné-
ral en qui on avait la plus juste confiance.
Le comte de Saxe avait déjà mérité sa grande
réputation par de savantes retraites en Alle-
magne et par- sa campagne de 1744 ; il joi-
gnait une théorie profonde à la pratique. La
vigilance, le secret, l'art de savoir différer à
propos un projet, et celui de l'exécuter ra-
pidement, le coup d'œil, les ressources, la
prévoyance, étaient ses talents, de l'aveu de
tous les officiers ; mais alors ce général, con-
sumé d'une maladie de langueur, était pres-
que mourant. Il était parti de Paris très- 1
malade pour l'armée. L'auteur de cette his-
toire l'ayant même rencontré ava'nt son dé-
part, et n'ayant pu s'empêcher de lui de-
mander comment il pourrait faire dans
cet état de faiblesse, le maréchal lui ré-
pondit :
« — Il ne s'agit pas de vivre, mais de
partir 1... »
I *
Le maladie de langueur dont parle Vol-
taire était une hydropisie, qui forçait le nia
réchal à se faire traîner dans une petite voi-
ture en osier.
Cependant, le jour du combat venu, il
trouvait dans sa volont'é' la force nécessaire
pour monter à cheval.
Tout le monde connaît la célébrer victoire
de Fontenoy.
« Le maréchal de Saxe, — dit encore Vol-
taire, — avait fait la disposition et les offîr
ciers français remportèrent la victoire. »
L'épisode le plus célèbre est celui de la
rencontre entre la principale i/colonne enne-
mie et les bataillons des gardes-françaises
Les officiers anglais saluèrent les Français
en ôtant leurs chapeaux. Le comte de Cha-
bannes, le duc de Byron, qui s'étaienS
avancés, et tous les officiers des gardes-frasHi
çaises, leur rendirent;le salut. Milord Charles
Hay, capitaine aux gardes anglaises, cria :
— Messieurs les gardes-françaises, tirez I
Le comte d'Auteroche, alors lieutenant
des grenadiers, et depuis capitaine, leur dit
à voix haute :
— Messieurs, nous ne tirons Jamais les
premiers, tirez yous-mêmes!
v La conquête de la Belgique fut le résultat.
della victoire. Tous les Pays-Bas eussent été».
conquis si les états généraux de la Hollande
n'avaient demandé la paix.
Cette paix d'Aix-la-Chapelle fut à la fois
l'apogée du règne de Louis XV et celui de
la fortune de Maurice de Saxe. Le roi lui
avait envoyé des lettres de naturalisation et
six canons pris sur l'ennemi ; il l'avait fait
ma1"éçhal-ginéral de toutes ses armées, titre
que Turenne seal avait porté avant lui et
que Louis-Philippe fit revivre plus tard poul'
le maréchal Soult.
M. lè maréchal-général avait reçu en outre
la jouissance du château de Chambord et
40,000 livres de revenu..
Le grand Frédéric, après l'avoir reçu à
Berlin, écrivait à Voltaire :
« J'aime le héros de la France, le Tu-
renne du siècle de Louis XV. Je me suis?
instruit par ses discours dans l'art de la
guerre. Ce général parait être le professeur
de tous les généraux de l'Europe. »
D'Alembert écrivait au-dessous de son
buste :
Rome eut dans Fabius un guerrier politique,
Dans Annibal Carthage eut' un chef héroique:
La France, plus heureuse, a dans ce fier Saxon
La tête du premier et. le bras du second.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
69
LXIX
smoking attendait au parloir.
Marmouset lui trouva la mine quelque peu
bouleversée.
Et se mettaùt à rire, il lui dit :
— Je ne m'attendais guère à ta visite.
— Et moi je ne comptais pas venir, dit
Shoking.
Puis il jeta un regard autour de lui, parut
s'assurer que personne , ne pouvait les en-
tendre.
.Voir le numéro dû 12 j\1Ú1.
— Nous sommes seuls ? dit Shoking, bien
seuls?
— Voyons, reprit Marmouset, de quoi s'a-
git-il?
— Je n'en sais absolument rien.
— Hein ?
— J'ai fait hier tout ce que vous avez voulu,
n'est-ce pas?
— Sans dou/e. Eh bien?
•— Mais je vous ai- dit que j'agissais comme
un instrument inconscient, que je parlais
comme un perroquet et que je répétais une
leçon qu'on m'avait apprise.
— Et puis?
— Mais que je ne comprenais absolument
rien à tout cela.
— Il n'était pas nécessaire que vous com-
prissiez, a'mi Shoking.
— C'est ce que je me suis dit, et H paraît
que je dois continuer... à ne pas comprendre?
— Peut-être bien... mais enfin de quoi s'a-
git-il?
— Oh! d'une chose fort simple en appa-
rance.
— Voyona?
— Tout à l'heure, je me promenais dans le
Strand, lorgnant les demoiselles de boutique
et examinant les étalages ; tout à coup on me
frappe sur l'épaule.
— Qui donc?
— Un homme qae je voyais pour la pre-
l'nière fois.
— Comment était-il?
— Un blondravec des lunettes; il avait des pa-
piers sous son bras ; un homme de loi, pour
sûr.
Marmouset se prit à sourire, car dans le si-
gnalement il avait reconnu M. Burdett.
— Ah ! fit-il, êtes-v-ous sûr aussi, Shoking,
que If personnage vous fltt inconnu?
— Parfaitement sûr.
— Vous ne l'aviez jamais vu ?
— Jamais. Mais pourquoi me demandez-vous
cela ?
— Oh! dit Marmouset, je pensais que peut-
être vous l'aviez déjà vu; car, au signale-
ment que vous me donnez, je reconnais cet
homme. *
— E il vérité ? dit Shoking.
— C'est le premier clerc de M. Colcram, le
solicitor.
— Ah! fort bien. Mais je ne l'avais jamais
vu.
— Soit. Et que vous a-t-il dit, M. Burdett»
car il se nomme M. Burdett? >
— Un mot qui m'a stupéfié. Il m'a dit : Bon- j
jour, milord.
— Vraiment?
— J'avais repris cependant mes habits ordi-
naires et j'étais redevenu Sholving, le pauvre
diable.
— Bon ! dit Marmouset souriant toujours.
— Je l'ai regardé alors et je lui ai dit : Gent-
leman, vous vous moquez de moi.
— Je me moque si peu de vous, m'a-t-U
répondu, que je vais vous dire votre nom.
— Je m'appelle Shoking.
— Parfaitement, mais vous vous nomme:
aussi lord Wilmot.
— Ah ! vous>savez cela ?
.— Et vous avez fait enfermer hier soir, à
Bedlarn, sir Arthur, votre neveu?
— C'est vrai.' Mais comment le savez-vous?
— Peu TOUS importe. J'ai un message à
vous donner pour lui.
— Pour si'r Arlfcur 2
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cen-t. ïe numéro.
1 5 ~ cent. le ntméro.
âBPNNEMENTS. — Trois mots six mois Cn 3ft j
Paris. 5e. 9. fr. 18 fr. '
Départements 6 il ta i
.. Administrateur: BOURD'ILLIAT. I
'I)me année — DIMANCHE 5 JUIN 1870 — N° 1508
Rédacteur en chef : A. DB B A IATHÏ ER-BRA G-BLO NÎF B
BUREAUX D'AB.ONNEMENT: 9, PuoBrouot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 4 JUIN 1870
MAURICE DE SAXE
Jeudi, la Comédie-Française a né
Ma!ii-ice de Saxe, drame en 5 actes et en vers,
de MM. Jules Amigues et Marcelin Desbou-
tins;
Je n'ai pas assisté à la représentation et je.,
me garderais d'en parler par ouï-dire. La
pièce a réussi, et Got a obtenu un grand suc-
cès. Mais, à défaut du compte rendu de la.
soirée, je peux vous raconter l'histoire du
héros du drame.
Parmi les physionomies du dix-huitième
■ siècle, celle du comte de Saxe nous apparaît
-avec une singulière originalité : l'originalité
d'un homme doué pour vivre dans un temps
eL que le hasard fait vivre dans un autre.
Qu'on supprime, en effet, par la pensée
les noms des contemporains et des batailles,
00 placera tout de suite sur la limite du
moyen-âge et de la Renaissance ce grand
soldat, grand de toutes les façons, d'une
force herculéenne,- brisant entre ses doigts
un fer à cheval, mettant sous la table les
buveurs les plus intrépides, passionné com-
me un collégien, inconstant comme un ténor,
menant de front les petits soupers et les ba-
tailles, trouvant le temps — entre deux cam-
pagnes — d'écrire ses Rêveries sans savoir
l'orthographe, brave, prudent, fin, un type
dans le genre des condottiere de Walter
Scott, auquel il 'eût fallu un château-fort
pour demeure et des gardes, bardés de fer,
et qui mourut au milieu des enchantements
modernes de Chambord, après avoir traversé
Versailles en,calotte courte et soupé chez
les comédiennes et les duchesses, avec de la
poudre et un habit de soie.
Maurice de Saxe était un soldat né, étant
le fils d'Auguste II, roi de Pologne, et de
là comtesse de Kœnigsmark. Son père, qui
gagnait et perdait des trônes, ne posant
l'épée que pour prendre le verre, et ne quit-
tant la table que p'our le champ de bataille,
ne prit pas grand souci de cet entant du
hasard. L'enfant, livré à lui-même, n'hésita
pas sur sa vocation. A douze ans, 'il appre-
nait la guerre contre la France, sous le
prince Eugène et le duc de Marlborough.
\ A quinze ans, il assiégeait Stralsund pour
acompte de son père. Stralsund était dé-
jftidu par les Suédeis.
v / cc — J'ai eu enfin la satisfaction de me
trouver face à face' avec Choies XII, » écri-
vait -le jeune homme, « je l'ai vu habillé
comme un de ses soldais et se battant plus
bravement qu'aucun d'eux.
A la suite de cette compagne, sa mère le
maria ; mais il demeura peu dans son mé-
nage, ne se félicitant d'être marié que pour
éviter pareil désagrément par la su4te. Il
alla se battre contre les Turcs, et se lia de-
vant Belgrade avec deux Français, le comte
de Charolais et le prince de Dombes.
La ville prise :
— Venez avec nous, — lui dirent-ils; —
nous vous présenterons au régent, et vous
servirez la France.
Maurice de Saxe demanda l'agrément du
roi son père, et vint à Paris commander un
régiment. Il y fut tout de suite à la mode,
par sa naissance d'abord, ensuite par ses
rares dispositions pour la guerre, surtout
par sa liaison avec Adrienne Lecouvreur.
En 1726, les Etats de Gourlande, en. quête
d'un souverain, l'élurent pour leur duc. Un
Russe, Mentchikoff, qui prétendait au du-
ché, envoya 800 cosaques pour le prendre
mort ou vif dans son palais de Mittau. Il
avait 60 hommes avec lui ; -il se défendit
bravement et mit les cosaques en déroute.
Après quoi, il prit une plume et écrivit à
Versailles pour demander des secours.
Le ministère d'alors, qui faisait des éco-
nomies, lui envoya des vœux de prospérité.
Adrienne Lecouvreur, indignée, vendit ses
bijoux et fit tenir 48,000 livres à son amant.
Ce dernier la remercia, en refusant d'épou-
ser une grande dame, Anna Iwandwna, que
depuis fut impératrice de Russie.
Voyant qu'il ne pourrait conserver son
duché, il revint en France, batailla tour à
tour sur le Rhin, en Saxe, en Bohême, ga-
gna Lous ses grades, — y compris celui de
maréchal de France, — par une série d'ac-
tions d'éclat..
Dès qu'il eut un commandement en chef,
il y montra autant de génie et de prudence
qu'il avait montré précédemment de-.folie et
de bravoure.
Voltaire a raconta,dans tous leurs détails
ses campagnes de Flandre et des Pays-Bas,
si glorieuses pour nos armes :
(c ta Flandre française était défendue par
le maréchal de Saxe, plus faible de vingt
mille hommes que les alliés. Ce général mit
en oeuvre ces ressources de la guerre aux-
quelles ni la fortune, ni même la valeur du
soldat ne peuvent avoir part. Camper et dé-
camper à propos, couvrir son pays', faire
subsister son armée aux dépens des ennemis,
aller sur leur terrain lorsqu'ils s'avancent
vers le pays qu'on défend, et les forcer à re-
venir sur leurs pas, rendre par l'habileté la
force inutile, c'est ce qui est ragardé comme
un des chefs-d'œuvre de l'art militaire, et
c'est ce que fit le maréchal de Saxe, depuis
le commencement d'à 't jusqu'au mois de
novembre 1745. »
Et plus loin :
« L'armée était sous les ordres d'un géné-
ral en qui on avait la plus juste confiance.
Le comte de Saxe avait déjà mérité sa grande
réputation par de savantes retraites en Alle-
magne et par- sa campagne de 1744 ; il joi-
gnait une théorie profonde à la pratique. La
vigilance, le secret, l'art de savoir différer à
propos un projet, et celui de l'exécuter ra-
pidement, le coup d'œil, les ressources, la
prévoyance, étaient ses talents, de l'aveu de
tous les officiers ; mais alors ce général, con-
sumé d'une maladie de langueur, était pres-
que mourant. Il était parti de Paris très- 1
malade pour l'armée. L'auteur de cette his-
toire l'ayant même rencontré ava'nt son dé-
part, et n'ayant pu s'empêcher de lui de-
mander comment il pourrait faire dans
cet état de faiblesse, le maréchal lui ré-
pondit :
« — Il ne s'agit pas de vivre, mais de
partir 1... »
I *
Le maladie de langueur dont parle Vol-
taire était une hydropisie, qui forçait le nia
réchal à se faire traîner dans une petite voi-
ture en osier.
Cependant, le jour du combat venu, il
trouvait dans sa volont'é' la force nécessaire
pour monter à cheval.
Tout le monde connaît la célébrer victoire
de Fontenoy.
« Le maréchal de Saxe, — dit encore Vol-
taire, — avait fait la disposition et les offîr
ciers français remportèrent la victoire. »
L'épisode le plus célèbre est celui de la
rencontre entre la principale i/colonne enne-
mie et les bataillons des gardes-françaises
Les officiers anglais saluèrent les Français
en ôtant leurs chapeaux. Le comte de Cha-
bannes, le duc de Byron, qui s'étaienS
avancés, et tous les officiers des gardes-frasHi
çaises, leur rendirent;le salut. Milord Charles
Hay, capitaine aux gardes anglaises, cria :
— Messieurs les gardes-françaises, tirez I
Le comte d'Auteroche, alors lieutenant
des grenadiers, et depuis capitaine, leur dit
à voix haute :
— Messieurs, nous ne tirons Jamais les
premiers, tirez yous-mêmes!
v La conquête de la Belgique fut le résultat.
della victoire. Tous les Pays-Bas eussent été».
conquis si les états généraux de la Hollande
n'avaient demandé la paix.
Cette paix d'Aix-la-Chapelle fut à la fois
l'apogée du règne de Louis XV et celui de
la fortune de Maurice de Saxe. Le roi lui
avait envoyé des lettres de naturalisation et
six canons pris sur l'ennemi ; il l'avait fait
ma1"éçhal-ginéral de toutes ses armées, titre
que Turenne seal avait porté avant lui et
que Louis-Philippe fit revivre plus tard poul'
le maréchal Soult.
M. lè maréchal-général avait reçu en outre
la jouissance du château de Chambord et
40,000 livres de revenu..
Le grand Frédéric, après l'avoir reçu à
Berlin, écrivait à Voltaire :
« J'aime le héros de la France, le Tu-
renne du siècle de Louis XV. Je me suis?
instruit par ses discours dans l'art de la
guerre. Ce général parait être le professeur
de tous les généraux de l'Europe. »
D'Alembert écrivait au-dessous de son
buste :
Rome eut dans Fabius un guerrier politique,
Dans Annibal Carthage eut' un chef héroique:
La France, plus heureuse, a dans ce fier Saxon
La tête du premier et. le bras du second.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
69
LXIX
smoking attendait au parloir.
Marmouset lui trouva la mine quelque peu
bouleversée.
Et se mettaùt à rire, il lui dit :
— Je ne m'attendais guère à ta visite.
— Et moi je ne comptais pas venir, dit
Shoking.
Puis il jeta un regard autour de lui, parut
s'assurer que personne , ne pouvait les en-
tendre.
.Voir le numéro dû 12 j\1Ú1.
— Nous sommes seuls ? dit Shoking, bien
seuls?
— Voyons, reprit Marmouset, de quoi s'a-
git-il?
— Je n'en sais absolument rien.
— Hein ?
— J'ai fait hier tout ce que vous avez voulu,
n'est-ce pas?
— Sans dou/e. Eh bien?
•— Mais je vous ai- dit que j'agissais comme
un instrument inconscient, que je parlais
comme un perroquet et que je répétais une
leçon qu'on m'avait apprise.
— Et puis?
— Mais que je ne comprenais absolument
rien à tout cela.
— Il n'était pas nécessaire que vous com-
prissiez, a'mi Shoking.
— C'est ce que je me suis dit, et H paraît
que je dois continuer... à ne pas comprendre?
— Peut-être bien... mais enfin de quoi s'a-
git-il?
— Oh! d'une chose fort simple en appa-
rance.
— Voyona?
— Tout à l'heure, je me promenais dans le
Strand, lorgnant les demoiselles de boutique
et examinant les étalages ; tout à coup on me
frappe sur l'épaule.
— Qui donc?
— Un homme qae je voyais pour la pre-
l'nière fois.
— Comment était-il?
— Un blondravec des lunettes; il avait des pa-
piers sous son bras ; un homme de loi, pour
sûr.
Marmouset se prit à sourire, car dans le si-
gnalement il avait reconnu M. Burdett.
— Ah ! fit-il, êtes-v-ous sûr aussi, Shoking,
que If personnage vous fltt inconnu?
— Parfaitement sûr.
— Vous ne l'aviez jamais vu ?
— Jamais. Mais pourquoi me demandez-vous
cela ?
— Oh! dit Marmouset, je pensais que peut-
être vous l'aviez déjà vu; car, au signale-
ment que vous me donnez, je reconnais cet
homme. *
— E il vérité ? dit Shoking.
— C'est le premier clerc de M. Colcram, le
solicitor.
— Ah! fort bien. Mais je ne l'avais jamais
vu.
— Soit. Et que vous a-t-il dit, M. Burdett»
car il se nomme M. Burdett? >
— Un mot qui m'a stupéfié. Il m'a dit : Bon- j
jour, milord.
— Vraiment?
— J'avais repris cependant mes habits ordi-
naires et j'étais redevenu Sholving, le pauvre
diable.
— Bon ! dit Marmouset souriant toujours.
— Je l'ai regardé alors et je lui ai dit : Gent-
leman, vous vous moquez de moi.
— Je me moque si peu de vous, m'a-t-U
répondu, que je vais vous dire votre nom.
— Je m'appelle Shoking.
— Parfaitement, mais vous vous nomme:
aussi lord Wilmot.
— Ah ! vous>savez cela ?
.— Et vous avez fait enfermer hier soir, à
Bedlarn, sir Arthur, votre neveu?
— C'est vrai.' Mais comment le savez-vous?
— Peu TOUS importe. J'ai un message à
vous donner pour lui.
— Pour si'r Arlfcur 2
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