Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 mai 1870 09 mai 1870
Description : 1870/05/09 (A5,N1481). 1870/05/09 (A5,N1481).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716909f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
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JOURNAL QUOTO.&Ërl,-
6 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
^Bïm^KMENTS.— 511 1Hit un la
Paris ft fr. 8 fr. 18 tr.
. Départ-ements 4 ï* 8.
Administrateur : BOURDILLIAT.
ÕMO année - LUNDI 9 MAI 1870. — N° 1481
<ÙR
Tlédactewm thef: A. OE llALA.THIKR-BRAGELoNJns-
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rftCDr8118t
. ADMINISTRATION : 13, quai VoLtaire,
PARIS, 8 MAI 1870
LA MENDICITÉ A PARIS
I
LE PAUPÉRISME
i "3i * - Les uns disent : \ 5$ v
— Le droit de vivre est un drM^e'fNtàww!
le seul fait d'être né; la société "
ses membres nécessiteux du travail 1%
secours. '
Pour les autres — au contraire — le prin-
cipe de toute société, c'est que chaque citoyen
toit tenu de pourvoir lui-même à ses besoins
et à ceux de sa famille par ses ressources
acquises ou transmises.
Mais, de tout temps, la misère a été con-
sidérée comme l'ennemi commun.
Toutes les civilisations, toutes les sociétés,
tous les gouvernements l'ont combattue.
Depuis Numa Pompilius, qui donna des
flois aux premiers Romains, jusqu'à M. Thiers
qui s'est élevé contre le droit au travail, —
,il n'est pas un homme d'Etat que cette ques-
tion n'oit préoccupa. •
Les anciens, gens de la nature, des moyens
.simples — même lorsque ces moyens étaient
' odieux, — avaient deux remèdes contre le
paupérisme :
L'infanticide et l'esclavage.
— J'ai plue d'enfants que je n'en puis
nourrir. Tant pis pour les mal conformés et
les derniers venus : ils mourront. Voici un
étranger, un vaincu, auquel j'ai pris ses
lerres et son argent; il n'a plus rien: eh
J»ien 1 je lui donnerai à manger et à boire,
, Siais il m'appartiendra au même titre que
ma maison et mon champ, et ses fils appar-
tiendront de même à mes fils, et cela durera
ainsi à perpétuité.
, Le christianisme changea tout. !
L'idée d'une morale universelle, expri-
més par Cicéron, mise en vers par Virgile,
mise en décrets par quelques bons empe-
reurs, — comme Trajan, — fut le prélude
de ce bouleversement.
Trajan, quoique païen, créa des rentes
perpétuelles pour les enfants dans la plu-
part des cités de l'Italie.
Mais ce fut la prédication des disciples de
"iMsus qui porta le véritable coup au vice
anciennes mœurs.
! ¿-,>", st sous un empereur chrétien, Cons-
\ t?Qîan, qu'on vit s'élever les premiers hô-
J^Hjjux pour les vieillard?, les femmes, les
e- nnls, les déshérités de la terre égaux aux
uissants devant Dieu.
Les femmes, émancipées par la religion
nouvelle, vouèrent dès lors à Inhumanité une
part du dévoûment qu'elles n'avaient exercé
jusque-là que dans la famille.
L'ancienne société avait perdu ses mœurs.
Elle ne pouvait garder l'empire.
Les invasions des barbares ramenèrent
dans toui l'Occident la misère et la maladie,
filles des longues guerres.
La charité privée fit des merveilles.
La. charité publique resta à l'état de lettre
morte, si ce n'est à partir du cinquième siè-
cle, dans quelques grandes villes, telles que
Paris, Lyon, Reims, Autun, où l'on bâtit
des hôpitaux.
L'usislance" était toùt entière entre les i
mains du clergé. j
Charlemagne, désireux de faire bénéficier
le gouvernement de ce moyen d'influence,
transcrivit dans ses Capitulaires les disposi-
tions des conciles.
Mais le développsment de la féodalité ar-
rêta. celui de la vie civile. Tandis que les
seigneurs s'installaient et se fortifiaient, le
pouvoir central ne pouvait guère faire autre
chose que s'opposer à leurs perpétuels em-
piétements.
L'Eglise continua à soulager les pauvres
dans la mesure de ses richesses. Ces riches- ;
seS étaient immenses, grâce aux privilèges
et à la foi des fidèles; mais les guerres, sur-
tout les croisades, et le malheureux état du
,pays, avaient créé tant de pauvres que les
paroisses et les couvents étaient souvent im-
puissants à les secourir. ^
Il faut mentionner les efforls de saint Louis,
qui créa les hôpitaux, entre autres les Quinze-
Vingts, et qui renouvela les édits de Charle-
magne, tombés en désuétude depuis l'intro-
nisation de la féodalité.
A partir de ce moment, on peut constater
régulièrement les progrès de la bienfai-
sance publique dans la vieille société fran-
çaise.,
Les villes s'engagent à nourrir leurs pau-
vres ; les confréries viennent en aide aux
malades etaux-ma!heureux; les corporations
veillent sur les veuves et les orphelins de
leurs membres. Elles font plus encore. Ain-
si, chaque année, les maîtres argentiers de
Paris remettaient une forte somme à l'Hôtel-
Dieu, à la seule condition d'y admettre leurs
ouvriers malades. '
Les congrégations et les ordres mendiants
se multiplient.
Qu'il n'y ait pas eu des abus de richesse
et de pouvoir dans ces créations, ce serait
trop demander. Du moins le paupérisme
n'est pas considéré comme une plaie incura-
ble. On s'en occupe, on le combat, et non
plus par l'esclavage comme au moyen âge,
mais par des moyens humains, raisonna-
bles, dont les mobiles sont religieux et mo- i
raux. Cela seul constitue un progrès. i
Il faudrait un volume pour enregistrer les
édits ayant trait à l'Assistance publique de-
puis François Ier jusqu'à Louis XVI. Des
sommes énormes, provenant de ces deux
sources,—les quêtes, les dons, les aumônes,
les legs d'une part, — les amendes, les con-
fiscations, les taxes et les dîmes de l'autre,
sont consacrées à soulager la pauvreté.
Tous ces efforts demeurent vains. On con-
nait l'effroyable misère des dernières années
du règne de Louis XIV. Les grandes guer-
res et les grands travaux inutiles l'avaient
causée.
Le Pacte de famine et la banqueroute
planèrent comme deux spectres sur le dix-
huitième siècle.
La Révolu Lion, — en supprimant les pri-
vilèges héréditaires de 200,000 familles et de
quelques milliers de couvents, —crut avJr .\
résolu le problème. La propriété ne serait
elle pas accessible à tous, et la répartition
proportionnelle d(i;; charges n'auraiL-i ife
pas pour résultat la. répartition équitable de
la fortune publique?
Sans doute, il y aurait toujours des indi-
gents. Aussi l'Assemblée Constituante tlb-elto
do ce point l'objet d'une de ses premières pré-
occupations. Voici les plans qu'elle adopta ;
Pour les pauvres valides, travaux et S'a.,
cours ouverts dans la morte sa'son, le sep-
tième jour excepte; secours à domicile pour l|s
pauvres infirmes, les enfants, les viei ter 1s
et les malades; maisons de santé pour fes
malades sans domicile, ou sans famille dont
ils puissent espérer des soins; hospices pïktr
les enfants trouvés, les vieillards et les in-
firmes ; secours pour les calamités impré-
vues; nominations d'officiers décanté pour
les indigents traitas à domicile, pour les or-
phelins et les enfants inscrits au rôle des pau-
vres, de chirurgiens et d'accoucheuses pour
les mères indigentes ; augmentation du nSai-
tre des établissements pour les noyés, les as-
phyxiés; fondation d'asiles pour les sourde-
muets (Paris et Bardeaux) ; formation de la
maison de Charcnton, etc., etc.
Ces plans eaga-geaient l'avenir. A cpe,J-
ques exceplions,.près, ils ont été exécutés;
l'association et la charité se sont réunies
pour venir en aide aux indigents.
Malgré tout, le mal existe, et je suis de
ceux qui croient que le mal n'est pas éternel:'
En attendant l'avenir, il est bon d'élur!Í¡fto
le présent. Pour aviser à ce qui sera, il faut
savoir ee qui est, \ 1 '
C'est pourquoi j'ai lu avec un très-gratod
intérêt le nouveau travail que M. Maxime.
Du Camp vient de publier dans la Revue des
Deux Mondes. L9 titre de ce travail est calai
de cet article ; le Mendicité à Paris. Mon iti-
tention est de 10 résumer aussi complètement
que possible, -et c'est pour le mieux faille
comprendre que j'ai écrit la courte prifaa'e
que vous venez de lire.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XLII
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXVIII
4-2 -,
. Tom regarda, lui aussi, dans la rue.
En effet, on voyait une femme qui errait,
.les yeux levés, et semblait chercher quelque
i:, chose.
| —Oui, dit-il, c'est elle, c'est bien elle!
! Tout à coup cette femme traversa la rue et
^'engouffra dans l'allée étroite de la maison.
' : Alors Tom dit à sa femme ;
hoirie numéro du 12 juin 1859.
Attends-mol, je vais à sa rencontre.
Et il se précipita dans l'escalier.
La femme qui montait et Tom qui descen-
dait se rencontrèrent sur le palier du second
étage.
— Milady ? dit Tom tout bas.
La femme releva son voile.
— Je, vous cherchais, dit-elle.
Et elle parut toute tremblante et comme
honteuse .d'avoir pénétré dans ce bouge.
Milady Pembleton, car c'était elle, prit alors
le bras de'Tom et lui dit tout bas :
— Je suis venue à l'insu de lord Evandale.
— Ah ! fit Tom.
— Je voudrais revoir celui que vous dites
être lord William. 4
— Il est ici, dit Tom.
— Dans cette maison ?
— Tenez, voilà la porte du logis qu'il ha-
bite.
— Et... 11 est.... seul?
— Non, dit Tom, il est avec sa femme et ses
enfants.
— Ses enfants....? sa femme?
Elle prononça ces mots avec un accent
étrange.
L'émotion qui l'agitait .parut se calmer su-
bitement.
— Je veux le Voir seule à seul, dit-elle. ,...
— Eh bien ! dit Tom, montez au-dessus,
chez mol. Betsy et moi, nous sortirons et je
vous enverrai mylord.
Lady Pembleton eût voulu s'en aller, peut-
être en ce moment, et elle se repentait certai-
nement de sa démarche.
Mals il ét ait trop tard.
Tom la prit par le bras et la fit monter.
Puis il alla chercher lord William.
Lord William fut profondément ému en
apprenant que lady Pembleton *le venait voir.
— Elle ne m'a pas reconnu l'autre jour, di-
sait-il, mais certes elle me reconnaltra au-
jourd'hui.
Ses jambes fléchissaient sous lui quand Il
entra dans la chambre de Tom.
Celui-ci fit un signe à sa femme, et tous
deux sortirent.
Lady Pembleton était demeuré debout, son
voile baissé.
Quand Tom et Betsy furent sortis, elle la
releva.
! Tous deux, lord William et elle se contem-
j plèrent un moment en silence.
! Tous deux héritaient à parler.
j Enfin lady Pembleton fit un. effort suprême
I et dit :
I — Monsieur, j'ai absolument voulu vous
I revoir.
— Vous me reconnaissez, milady, je le vois
bien, dit lord William.
Elle ne répondit'pas à cette question et dit
encore :
— Nous sommes bien seuls ici, n'est-ce pas,
monsieur?
— Absolument seuls.
— Personne ne peut nous entendre?
— Personne.
— J'ai voulu vous voir, reprit-elle, pour me
mettre entièrement à votre service.
— Ah! fit-il en tressaillant.
— Monsieur; continua lady Pembleton, j'ai
vu lord William mort, et cependant vous mo
dites qu'il est vivant. '
— C'est moi.
— Soit, dit-elle, admettons-Je. 1
— Que voulez-vous dire, milady?
— Je vous supplie, dit-elle humblement, de
m'écouter jusqu'au bout.
— Parlez 1
— Je vous aî done cru mort, et Dieu sait si
je vous ai pleuré !
En parlant ainsi, elle avait des larmes dans
les yeux.
— Je vous al pleuré, reprit-elle, et durant
plusieurs mois, j'ai refusé d'entendre * parler
d'une aufre union. Je voulais vivre et mourir
fiancée à un mort. Mais mon père IY » tau?-'
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JOURNAL QUOTO.&Ërl,-
6 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
^Bïm^KMENTS.— 511 1Hit un la
Paris ft fr. 8 fr. 18 tr.
. Départ-ements 4 ï* 8.
Administrateur : BOURDILLIAT.
ÕMO année - LUNDI 9 MAI 1870. — N° 1481
<ÙR
Tlédactewm thef: A. OE llALA.THIKR-BRAGELoNJns-
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rftCDr8118t
. ADMINISTRATION : 13, quai VoLtaire,
PARIS, 8 MAI 1870
LA MENDICITÉ A PARIS
I
LE PAUPÉRISME
i "3i * - Les uns disent : \ 5$ v
— Le droit de vivre est un drM^e'fNtàww!
le seul fait d'être né; la société "
ses membres nécessiteux du travail 1%
secours. '
Pour les autres — au contraire — le prin-
cipe de toute société, c'est que chaque citoyen
toit tenu de pourvoir lui-même à ses besoins
et à ceux de sa famille par ses ressources
acquises ou transmises.
Mais, de tout temps, la misère a été con-
sidérée comme l'ennemi commun.
Toutes les civilisations, toutes les sociétés,
tous les gouvernements l'ont combattue.
Depuis Numa Pompilius, qui donna des
flois aux premiers Romains, jusqu'à M. Thiers
qui s'est élevé contre le droit au travail, —
,il n'est pas un homme d'Etat que cette ques-
tion n'oit préoccupa. •
Les anciens, gens de la nature, des moyens
.simples — même lorsque ces moyens étaient
' odieux, — avaient deux remèdes contre le
paupérisme :
L'infanticide et l'esclavage.
— J'ai plue d'enfants que je n'en puis
nourrir. Tant pis pour les mal conformés et
les derniers venus : ils mourront. Voici un
étranger, un vaincu, auquel j'ai pris ses
lerres et son argent; il n'a plus rien: eh
J»ien 1 je lui donnerai à manger et à boire,
, Siais il m'appartiendra au même titre que
ma maison et mon champ, et ses fils appar-
tiendront de même à mes fils, et cela durera
ainsi à perpétuité.
, Le christianisme changea tout. !
L'idée d'une morale universelle, expri-
més par Cicéron, mise en vers par Virgile,
mise en décrets par quelques bons empe-
reurs, — comme Trajan, — fut le prélude
de ce bouleversement.
Trajan, quoique païen, créa des rentes
perpétuelles pour les enfants dans la plu-
part des cités de l'Italie.
Mais ce fut la prédication des disciples de
"iMsus qui porta le véritable coup au vice
anciennes mœurs.
! ¿-,>", st sous un empereur chrétien, Cons-
\ t?Qîan, qu'on vit s'élever les premiers hô-
J^Hjjux pour les vieillard?, les femmes, les
e- nnls, les déshérités de la terre égaux aux
uissants devant Dieu.
Les femmes, émancipées par la religion
nouvelle, vouèrent dès lors à Inhumanité une
part du dévoûment qu'elles n'avaient exercé
jusque-là que dans la famille.
L'ancienne société avait perdu ses mœurs.
Elle ne pouvait garder l'empire.
Les invasions des barbares ramenèrent
dans toui l'Occident la misère et la maladie,
filles des longues guerres.
La charité privée fit des merveilles.
La. charité publique resta à l'état de lettre
morte, si ce n'est à partir du cinquième siè-
cle, dans quelques grandes villes, telles que
Paris, Lyon, Reims, Autun, où l'on bâtit
des hôpitaux.
L'usislance" était toùt entière entre les i
mains du clergé. j
Charlemagne, désireux de faire bénéficier
le gouvernement de ce moyen d'influence,
transcrivit dans ses Capitulaires les disposi-
tions des conciles.
Mais le développsment de la féodalité ar-
rêta. celui de la vie civile. Tandis que les
seigneurs s'installaient et se fortifiaient, le
pouvoir central ne pouvait guère faire autre
chose que s'opposer à leurs perpétuels em-
piétements.
L'Eglise continua à soulager les pauvres
dans la mesure de ses richesses. Ces riches- ;
seS étaient immenses, grâce aux privilèges
et à la foi des fidèles; mais les guerres, sur-
tout les croisades, et le malheureux état du
,pays, avaient créé tant de pauvres que les
paroisses et les couvents étaient souvent im-
puissants à les secourir. ^
Il faut mentionner les efforls de saint Louis,
qui créa les hôpitaux, entre autres les Quinze-
Vingts, et qui renouvela les édits de Charle-
magne, tombés en désuétude depuis l'intro-
nisation de la féodalité.
A partir de ce moment, on peut constater
régulièrement les progrès de la bienfai-
sance publique dans la vieille société fran-
çaise.,
Les villes s'engagent à nourrir leurs pau-
vres ; les confréries viennent en aide aux
malades etaux-ma!heureux; les corporations
veillent sur les veuves et les orphelins de
leurs membres. Elles font plus encore. Ain-
si, chaque année, les maîtres argentiers de
Paris remettaient une forte somme à l'Hôtel-
Dieu, à la seule condition d'y admettre leurs
ouvriers malades. '
Les congrégations et les ordres mendiants
se multiplient.
Qu'il n'y ait pas eu des abus de richesse
et de pouvoir dans ces créations, ce serait
trop demander. Du moins le paupérisme
n'est pas considéré comme une plaie incura-
ble. On s'en occupe, on le combat, et non
plus par l'esclavage comme au moyen âge,
mais par des moyens humains, raisonna-
bles, dont les mobiles sont religieux et mo- i
raux. Cela seul constitue un progrès. i
Il faudrait un volume pour enregistrer les
édits ayant trait à l'Assistance publique de-
puis François Ier jusqu'à Louis XVI. Des
sommes énormes, provenant de ces deux
sources,—les quêtes, les dons, les aumônes,
les legs d'une part, — les amendes, les con-
fiscations, les taxes et les dîmes de l'autre,
sont consacrées à soulager la pauvreté.
Tous ces efforts demeurent vains. On con-
nait l'effroyable misère des dernières années
du règne de Louis XIV. Les grandes guer-
res et les grands travaux inutiles l'avaient
causée.
Le Pacte de famine et la banqueroute
planèrent comme deux spectres sur le dix-
huitième siècle.
La Révolu Lion, — en supprimant les pri-
vilèges héréditaires de 200,000 familles et de
quelques milliers de couvents, —crut avJr .\
résolu le problème. La propriété ne serait
elle pas accessible à tous, et la répartition
proportionnelle d(i;; charges n'auraiL-i ife
pas pour résultat la. répartition équitable de
la fortune publique?
Sans doute, il y aurait toujours des indi-
gents. Aussi l'Assemblée Constituante tlb-elto
do ce point l'objet d'une de ses premières pré-
occupations. Voici les plans qu'elle adopta ;
Pour les pauvres valides, travaux et S'a.,
cours ouverts dans la morte sa'son, le sep-
tième jour excepte; secours à domicile pour l|s
pauvres infirmes, les enfants, les viei ter 1s
et les malades; maisons de santé pour fes
malades sans domicile, ou sans famille dont
ils puissent espérer des soins; hospices pïktr
les enfants trouvés, les vieillards et les in-
firmes ; secours pour les calamités impré-
vues; nominations d'officiers décanté pour
les indigents traitas à domicile, pour les or-
phelins et les enfants inscrits au rôle des pau-
vres, de chirurgiens et d'accoucheuses pour
les mères indigentes ; augmentation du nSai-
tre des établissements pour les noyés, les as-
phyxiés; fondation d'asiles pour les sourde-
muets (Paris et Bardeaux) ; formation de la
maison de Charcnton, etc., etc.
Ces plans eaga-geaient l'avenir. A cpe,J-
ques exceplions,.près, ils ont été exécutés;
l'association et la charité se sont réunies
pour venir en aide aux indigents.
Malgré tout, le mal existe, et je suis de
ceux qui croient que le mal n'est pas éternel:'
En attendant l'avenir, il est bon d'élur!Í¡fto
le présent. Pour aviser à ce qui sera, il faut
savoir ee qui est, \ 1 '
C'est pourquoi j'ai lu avec un très-gratod
intérêt le nouveau travail que M. Maxime.
Du Camp vient de publier dans la Revue des
Deux Mondes. L9 titre de ce travail est calai
de cet article ; le Mendicité à Paris. Mon iti-
tention est de 10 résumer aussi complètement
que possible, -et c'est pour le mieux faille
comprendre que j'ai écrit la courte prifaa'e
que vous venez de lire.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XLII
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXVIII
4-2 -,
. Tom regarda, lui aussi, dans la rue.
En effet, on voyait une femme qui errait,
.les yeux levés, et semblait chercher quelque
i:, chose.
| —Oui, dit-il, c'est elle, c'est bien elle!
! Tout à coup cette femme traversa la rue et
^'engouffra dans l'allée étroite de la maison.
' : Alors Tom dit à sa femme ;
hoirie numéro du 12 juin 1859.
Attends-mol, je vais à sa rencontre.
Et il se précipita dans l'escalier.
La femme qui montait et Tom qui descen-
dait se rencontrèrent sur le palier du second
étage.
— Milady ? dit Tom tout bas.
La femme releva son voile.
— Je, vous cherchais, dit-elle.
Et elle parut toute tremblante et comme
honteuse .d'avoir pénétré dans ce bouge.
Milady Pembleton, car c'était elle, prit alors
le bras de'Tom et lui dit tout bas :
— Je suis venue à l'insu de lord Evandale.
— Ah ! fit Tom.
— Je voudrais revoir celui que vous dites
être lord William. 4
— Il est ici, dit Tom.
— Dans cette maison ?
— Tenez, voilà la porte du logis qu'il ha-
bite.
— Et... 11 est.... seul?
— Non, dit Tom, il est avec sa femme et ses
enfants.
— Ses enfants....? sa femme?
Elle prononça ces mots avec un accent
étrange.
L'émotion qui l'agitait .parut se calmer su-
bitement.
— Je veux le Voir seule à seul, dit-elle. ,...
— Eh bien ! dit Tom, montez au-dessus,
chez mol. Betsy et moi, nous sortirons et je
vous enverrai mylord.
Lady Pembleton eût voulu s'en aller, peut-
être en ce moment, et elle se repentait certai-
nement de sa démarche.
Mals il ét ait trop tard.
Tom la prit par le bras et la fit monter.
Puis il alla chercher lord William.
Lord William fut profondément ému en
apprenant que lady Pembleton *le venait voir.
— Elle ne m'a pas reconnu l'autre jour, di-
sait-il, mais certes elle me reconnaltra au-
jourd'hui.
Ses jambes fléchissaient sous lui quand Il
entra dans la chambre de Tom.
Celui-ci fit un signe à sa femme, et tous
deux sortirent.
Lady Pembleton était demeuré debout, son
voile baissé.
Quand Tom et Betsy furent sortis, elle la
releva.
! Tous deux, lord William et elle se contem-
j plèrent un moment en silence.
! Tous deux héritaient à parler.
j Enfin lady Pembleton fit un. effort suprême
I et dit :
I — Monsieur, j'ai absolument voulu vous
I revoir.
— Vous me reconnaissez, milady, je le vois
bien, dit lord William.
Elle ne répondit'pas à cette question et dit
encore :
— Nous sommes bien seuls ici, n'est-ce pas,
monsieur?
— Absolument seuls.
— Personne ne peut nous entendre?
— Personne.
— J'ai voulu vous voir, reprit-elle, pour me
mettre entièrement à votre service.
— Ah! fit-il en tressaillant.
— Monsieur; continua lady Pembleton, j'ai
vu lord William mort, et cependant vous mo
dites qu'il est vivant. '
— C'est moi.
— Soit, dit-elle, admettons-Je. 1
— Que voulez-vous dire, milady?
— Je vous supplie, dit-elle humblement, de
m'écouter jusqu'au bout.
— Parlez 1
— Je vous aî done cru mort, et Dieu sait si
je vous ai pleuré !
En parlant ainsi, elle avait des larmes dans
les yeux.
— Je vous al pleuré, reprit-elle, et durant
plusieurs mois, j'ai refusé d'entendre * parler
d'une aufre union. Je voulais vivre et mourir
fiancée à un mort. Mais mon père IY » tau?-'
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