Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-10
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 mai 1870 10 mai 1870
Description : 1870/05/10 (A5,N1482). 1870/05/10 (A5,N1482).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169103
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cênt. ie numéro.
JOURNAL. QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
:!BUNNEMENTS. - Trois mots Six mois Un an
Paris 5 fr. ID fr. 18 fr.
Départements 6 11 SS
Administrateur: BOURDILLIAT.
ÕffieJ année — MARDI 10 MAI 1870. — N° 1482
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER-BRAGELONNB
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rlt" 39R«at»t
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PLÉBISCITE DE 1870
DÉPARTEMENT DE LA SEINE
RÉSULTAT DÉFINITIF
oulooste *Ibo 14szmo . 1 3¥©n. 0 0 0 0 0 J. '3'8,"89
Inscrits... 4163 e 1 à1
La récapitulation des suffrages connus ce matin à l'heure où nous mettons sous presse,compre-
nant 227 arrondissements dans lesquels on compte Paris, donne les résultats suivants :
OUÏ o. NOW:
i0,400 975,000
Il reste à connaître les résultats de i45 arrondissements, plus les votes de l'armée.
P. S. — Nous apprenons au dfrnÙr moment que l&xhiffie des QUI dépassse 6 millions.
PARIS, 9 MAI 1870
LA FÊTE DE CHARLEVAL
LE POSTILLON DE LONJUMEAU
Charleval est un bourg "normand, situé à
trois heures de Paris, dans la vallée de l'An-
'delle, au milieu, des pâturages et des pom-
miers. La population, de 2 à 3,000 habi-
tants, est active, intelligente, amie des
choses de l'esprit. Quelques jeunes gens, ri-
ches, gais, bien doués, 'donnent le mouve-
ment et la vie à ce petit centre. Ils sont en
train d'organiser un cercle ; le lundi de
Pâques, ils ont organisé une cavalcade.
Le correspondant de la Petite Presse à
Cbarleval, — M. Letailleur, — m'avait écrit
pour me prier de parler ici de celte fête de
famille, dont la charité était le but. U il de
mes amis, un jeune Parisien en vacances,
m'en envoie aujourd'hui les détails. Nos
Normands ont quitté leur bonnet de coton
et posé sur leurs têtes blondes poudrées à
blanc le tricorne des cavaliers du dix-hui-
tième siècle. Après quoi, montés sur leurs
grands chevaux à la croupe luisante, ils ont
couru la campagne, escortant la calèche de
M. le marquis de Corcy, gentilhomme de
la chambre du roi Louis XV, et le postillon
de Lonjumeau, Chapelou, faisant claquer en
l'air son fouet enrubanné. Rien de pittores-
que, de tapageur, de charmant comme cette
résurrection du temps passé, en plein pay-
sage normand, éclairé le jour par le soleil,
la nuit par la lueur des torches. Rien de plus
heureux aussi que le choix du sujet de la
cavalcade.
istillon de Lonjumeau se présente, 1
nous avec "l'attrait d'une légende,
peAulimaée par la musique.
* 1/ojpra. de M. Ado]phe Adam est de
l'histoire de ChapeIou a déjà plus
«(J^ceni/aiis.
J- 3>#st une vieille histoire Française, qui
mérite d'ei.rc racontée.
Lonjumeau est un bourg de l'Ile-de-
France, comme Charleval est un bourg de
Normandie. La route de Paris à Orléans le
traverse, et, les gens assez riches pour yoya-
ger en poste, pendant qu'on changeait leurs
chevaux, s'arrêtaient devant le portail go-
thique de l'église et devant la jolie fontaine
située auprès, à laquelle tient un abreu-
voir.
Or, vers le milieu du dix-huitième siècle,
florissait à Lonjumeau un postillon galant,
nommé Chapclou. Ce postillon, après avoir
promené sa fantaisie dans tout le pays, était
devenu amoureux pour tout de bon d'une
honnête fille, nommée Madeleine. Il l'avait
disputée il un rival, le charron Biju, et il
l'avait emporté sur ce dernier. J
Le soir même du mariage, une chaise de
poste endommagée s'arrêta à Lonjumeau.
Dans cette chaise se trouvaient M. le mar-
quis de Corcy, en mission pour le compte
du roi. Les ténors étaient, — paraît-il, —
aussi difficiles à fixer alors qu'aujourd'hui.
L'un d'eu-x, Jéliot.e, s'était fait enlever par
une grande dame, et l'autre, Legros, avait
pris un coup d'air en dînant au Port-à-l!An-
glais.
— Il me faut un ténor! — avait dit
le roi.
EL l'un de ses gentilshommes était parti
pour en trouver un.
Pendant que Biju raccommodait la chaise
de M. de Corcy, les habitants de Lonjumeau
faisaient leurs adieux aux mariés. Les fem-
mes emmenaient Madeleine dans sa cham-
bre et les hommes retenaient Chapelou, en
dépit de ses protestations. Tout n'est pas
plaisir dans une noce, et le pauvre diable se
débattait au milieu de ses bourreaux.
— Chante ! — lui disaient-ils, — nous te
lâcherons après.
— Je n'ai pas le cœur aux chansons.
— Alors, nous ne te lâcherons pas.
Bon' gré, malgré, Chapelou finissait par
obéir et il chantait :
LE POSTILLON DE LONJUMEAU
PREMIER COUPLET
Mes amis, écoutez l'histoire
I Du jeune et galant postillon;
C'est véridique, on.peut m'en-croire,
Et connu de tout le canton;
Quand on passait dans un village;
Tout le beau sexe était ravi,
Et le cœur de la plus sauvage
Galopait en croupe avec lui.
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau!
CHOEUR
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau!
DEUXIÈME COUPLET
Mainte dame du haut parage,
En l'absence de son mari,
Exprès se mettait en voyage
Pour être conduite par lui;
Aux procédés toujours fidèle,
On savait qu'adroit postillot¡,
S'il versait parfois une belle,
Ce n'était que sur le gazon.
Oh ! oh ! oh ! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau !
CHŒUR
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau !
TROISIÈME COUPLET
Mais pour conduire un équipage,
Voilà qu'un soir il est PZll'ti;
Depuis ce temps, dans le village,
On n'entend plus parler de lui.
Ah ! ne déplorez pas sa perte,
Car, de l'hymen suivant la loi,
La reine d'une île déserte
De ses sujets l'a nommé roi.
Ohf oh! oh! qa'il était beau
Le postillon de Lonjumeau !
CHŒUR
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau!
M. de Corcy l'avait entendu.
— Je tiens mon ténor! s'était-il écrié.
Et, avec cette facilité dans le bon plaisir,
propre à cette époque, il enlevait Chapelou,
sans lui laisser le temps d'embrasser sa fem-
me et de lui adresser un adieu.
Dix ans après, le premier chanteur de
l'Opéra était Saint-Phar, beau, célèbre, ca-
pricieux, aimé de toutes les femmes, ne
doutant jamais de lui à force de succès, bref
un Capoul d'autrefois, ayant oublié qu'il
s'était appelé Chapelou et que sa femme de-
vait l'attendre dans l'auberge de Lonju-
meau.
Pendant une représentatiqn, cependant,
Madeleine était apparue à son mari, ou plu-
tôt un portrait de Madeleine en costume de
duchesse, belle à ravir dans le cadre du
luxe et de la grande vie.
— Comment s'appelle cette dame?—avait
demandé le ténor.
— Madame de La Tour. C'est une créole
de l'Ile-de-France, aussi Fiche que belle, et
qui vous aime.
Il lui avait écrit, et elle, désireuse de le
voir de près, avait prié un de ses adorateurs
— M. de Corcy— d'organiser chez elle un
concert avec les artistes de l'Opéra.
Saint-Phar, dès qu'il se trouve auprès de
Mme de La Tour, aborde le sujet qui lui
ROCAMBOLE (NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XLIII
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXIX
43
Le soir même de ce jour, trois personnes
tenaient conseil dans l'hôtel Pembleton.
I Les trois personnes étaient lord E vandale,
lady Pembleton sa femme) et sir Archibald,
gon beau-père.
Sir Archibald n'était plus le gentleman ma-
gnifique, affectueux et courtois que nous
avons connu au début de cette histoire.
Il est des hommes que la prospérité rend
-Voir !e numéro du 12 juin 1869, !
meilleurs, d'autres qui deviennent méchants
avec le succès..
Sir Archibald était de ce nombre.
Petit gentleman d'origine, à peine esquire,
il avait, comme on le sait, fait sa fortune aux
Indes.
De retour en Angleterre, cet homme n'a-
vait plus eu qu'un but, — marier sa fille à un
grand personnage.
Lord William avait été le premier but de
ses intrigues.
Lord William disparu, il avait songé à lord
Evandale.
Le récit que lady Pembleton avait fait à lord
William était vrai do point en point.
Longtemps elle avait pleuréson fiancé, long-
temps elle avait résisté.
i Mais enfin il avait fallu céder.
Miss Anna était devenue lady Pembleton.
Puis elle avait aimé son mari, et la nais-
sance de ses enfants avait fini par lui faire ou-
bliBf l'infortuné lord William, ;que, du reste,
elle croyait mort.
Trois ans après, le. convict Walter Bruce
était parvenu, on s'en souvient, à intéresser à
son sort le gouverneur de la colonie péniten-
tiaire d'Aukland:
Celui-ci avait écrit en Angleterre.
Lord Evandale était alors absent de Lon-
dres, et ce fut lady Pembleton elle-même qui
reçut la fameuse lettre qui lui révélait l'exis-
tence de lord William.
Ce fut pour elle un coup de foudre.
Elle se jeta dans les bras de son frère.
Sir Archibald lui dit :
— Lord William est mort; et l'homme qui
fait écrire est un imposteur; mais songez bien
à. ce que je vais vous dire. Lord William serait-
il vivant, il doit être être mort pour vous.
Vous êtes lady Evandale Pembleton, et vo-
tre époux n'a pas, ne peut pas avoir de frère.
Lord Evandale, de retour à Londres, avait
commencé par crier, par s'indigner.
Cependant lady Pembleton avait fini par
lui arracher l'aveu de son crime.
Lord Evandale avait supprimé son frère,
non par cupidité, mais par amour pour miss
Anna.
Et Lady-Pembleton pardonna à sir Evan-
dale, et la jeune fille aimante et naïve d'au-
trefois devint, sous la double influence de i
e
son père et de son mari, la froide et hautain
grande dame que cous venons de voir péné-
trer furtivement dans-le misérable logis de
lord William.
Ce soir là donc, sir Archibald et lord Evan-
dale, après avoir, attendu lady Pembleton avec
impatience, l'accablèrent de questions.
— Est-il vraiment méconnaissable? demanda
sir Archibald.. r
— J'eusse passé toute ma vie auprès de lui
sans le reconnaître, répondit lady Pemble-
ton.
— Et il n'accepte pas nos propositions? fit
lord Evandale.
— Il les refuse.
Sir Archibald se prit à sourire :
— Ce sera, dit-il, un procès scandaleux;
mais nous en sortirons à notre honneur.
— D'abord, reprit lord Evandale, pour sou- •
tenir un procès semblable, il faut beaucoup
d'argent.
— Et non-seulement il n'en a pas, dit lady
Pembleton, mais il m'a même paru dans le
plus profond dénûment.
— Il faut cependant prendre un parti, dit
sir Archibald. ;
5 cênt. ie numéro.
JOURNAL. QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
:!BUNNEMENTS. - Trois mots Six mois Un an
Paris 5 fr. ID fr. 18 fr.
Départements 6 11 SS
Administrateur: BOURDILLIAT.
ÕffieJ année — MARDI 10 MAI 1870. — N° 1482
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER-BRAGELONNB
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rlt" 39R«at»t
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PLÉBISCITE DE 1870
DÉPARTEMENT DE LA SEINE
RÉSULTAT DÉFINITIF
oulooste *Ibo 14szmo . 1 3¥©n. 0 0 0 0 0 J. '3'8,"89
Inscrits... 4163 e 1 à1
La récapitulation des suffrages connus ce matin à l'heure où nous mettons sous presse,compre-
nant 227 arrondissements dans lesquels on compte Paris, donne les résultats suivants :
OUÏ o. NOW:
i0,400 975,000
Il reste à connaître les résultats de i45 arrondissements, plus les votes de l'armée.
P. S. — Nous apprenons au dfrnÙr moment que l&xhiffie des QUI dépassse 6 millions.
PARIS, 9 MAI 1870
LA FÊTE DE CHARLEVAL
LE POSTILLON DE LONJUMEAU
Charleval est un bourg "normand, situé à
trois heures de Paris, dans la vallée de l'An-
'delle, au milieu, des pâturages et des pom-
miers. La population, de 2 à 3,000 habi-
tants, est active, intelligente, amie des
choses de l'esprit. Quelques jeunes gens, ri-
ches, gais, bien doués, 'donnent le mouve-
ment et la vie à ce petit centre. Ils sont en
train d'organiser un cercle ; le lundi de
Pâques, ils ont organisé une cavalcade.
Le correspondant de la Petite Presse à
Cbarleval, — M. Letailleur, — m'avait écrit
pour me prier de parler ici de celte fête de
famille, dont la charité était le but. U il de
mes amis, un jeune Parisien en vacances,
m'en envoie aujourd'hui les détails. Nos
Normands ont quitté leur bonnet de coton
et posé sur leurs têtes blondes poudrées à
blanc le tricorne des cavaliers du dix-hui-
tième siècle. Après quoi, montés sur leurs
grands chevaux à la croupe luisante, ils ont
couru la campagne, escortant la calèche de
M. le marquis de Corcy, gentilhomme de
la chambre du roi Louis XV, et le postillon
de Lonjumeau, Chapelou, faisant claquer en
l'air son fouet enrubanné. Rien de pittores-
que, de tapageur, de charmant comme cette
résurrection du temps passé, en plein pay-
sage normand, éclairé le jour par le soleil,
la nuit par la lueur des torches. Rien de plus
heureux aussi que le choix du sujet de la
cavalcade.
istillon de Lonjumeau se présente, 1
nous avec "l'attrait d'une légende,
peAulimaée par la musique.
* 1/ojpra. de M. Ado]phe Adam est de
l'histoire de ChapeIou a déjà plus
«(J^ceni/aiis.
J- 3>#st une vieille histoire Française, qui
mérite d'ei.rc racontée.
Lonjumeau est un bourg de l'Ile-de-
France, comme Charleval est un bourg de
Normandie. La route de Paris à Orléans le
traverse, et, les gens assez riches pour yoya-
ger en poste, pendant qu'on changeait leurs
chevaux, s'arrêtaient devant le portail go-
thique de l'église et devant la jolie fontaine
située auprès, à laquelle tient un abreu-
voir.
Or, vers le milieu du dix-huitième siècle,
florissait à Lonjumeau un postillon galant,
nommé Chapclou. Ce postillon, après avoir
promené sa fantaisie dans tout le pays, était
devenu amoureux pour tout de bon d'une
honnête fille, nommée Madeleine. Il l'avait
disputée il un rival, le charron Biju, et il
l'avait emporté sur ce dernier. J
Le soir même du mariage, une chaise de
poste endommagée s'arrêta à Lonjumeau.
Dans cette chaise se trouvaient M. le mar-
quis de Corcy, en mission pour le compte
du roi. Les ténors étaient, — paraît-il, —
aussi difficiles à fixer alors qu'aujourd'hui.
L'un d'eu-x, Jéliot.e, s'était fait enlever par
une grande dame, et l'autre, Legros, avait
pris un coup d'air en dînant au Port-à-l!An-
glais.
— Il me faut un ténor! — avait dit
le roi.
EL l'un de ses gentilshommes était parti
pour en trouver un.
Pendant que Biju raccommodait la chaise
de M. de Corcy, les habitants de Lonjumeau
faisaient leurs adieux aux mariés. Les fem-
mes emmenaient Madeleine dans sa cham-
bre et les hommes retenaient Chapelou, en
dépit de ses protestations. Tout n'est pas
plaisir dans une noce, et le pauvre diable se
débattait au milieu de ses bourreaux.
— Chante ! — lui disaient-ils, — nous te
lâcherons après.
— Je n'ai pas le cœur aux chansons.
— Alors, nous ne te lâcherons pas.
Bon' gré, malgré, Chapelou finissait par
obéir et il chantait :
LE POSTILLON DE LONJUMEAU
PREMIER COUPLET
Mes amis, écoutez l'histoire
I Du jeune et galant postillon;
C'est véridique, on.peut m'en-croire,
Et connu de tout le canton;
Quand on passait dans un village;
Tout le beau sexe était ravi,
Et le cœur de la plus sauvage
Galopait en croupe avec lui.
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau!
CHOEUR
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau!
DEUXIÈME COUPLET
Mainte dame du haut parage,
En l'absence de son mari,
Exprès se mettait en voyage
Pour être conduite par lui;
Aux procédés toujours fidèle,
On savait qu'adroit postillot¡,
S'il versait parfois une belle,
Ce n'était que sur le gazon.
Oh ! oh ! oh ! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau !
CHŒUR
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau !
TROISIÈME COUPLET
Mais pour conduire un équipage,
Voilà qu'un soir il est PZll'ti;
Depuis ce temps, dans le village,
On n'entend plus parler de lui.
Ah ! ne déplorez pas sa perte,
Car, de l'hymen suivant la loi,
La reine d'une île déserte
De ses sujets l'a nommé roi.
Ohf oh! oh! qa'il était beau
Le postillon de Lonjumeau !
CHŒUR
Oh! oh! oh! qu'il était beau
Le postillon de Lonjumeau!
M. de Corcy l'avait entendu.
— Je tiens mon ténor! s'était-il écrié.
Et, avec cette facilité dans le bon plaisir,
propre à cette époque, il enlevait Chapelou,
sans lui laisser le temps d'embrasser sa fem-
me et de lui adresser un adieu.
Dix ans après, le premier chanteur de
l'Opéra était Saint-Phar, beau, célèbre, ca-
pricieux, aimé de toutes les femmes, ne
doutant jamais de lui à force de succès, bref
un Capoul d'autrefois, ayant oublié qu'il
s'était appelé Chapelou et que sa femme de-
vait l'attendre dans l'auberge de Lonju-
meau.
Pendant une représentatiqn, cependant,
Madeleine était apparue à son mari, ou plu-
tôt un portrait de Madeleine en costume de
duchesse, belle à ravir dans le cadre du
luxe et de la grande vie.
— Comment s'appelle cette dame?—avait
demandé le ténor.
— Madame de La Tour. C'est une créole
de l'Ile-de-France, aussi Fiche que belle, et
qui vous aime.
Il lui avait écrit, et elle, désireuse de le
voir de près, avait prié un de ses adorateurs
— M. de Corcy— d'organiser chez elle un
concert avec les artistes de l'Opéra.
Saint-Phar, dès qu'il se trouve auprès de
Mme de La Tour, aborde le sujet qui lui
ROCAMBOLE (NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XLIII
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE XXIX
43
Le soir même de ce jour, trois personnes
tenaient conseil dans l'hôtel Pembleton.
I Les trois personnes étaient lord E vandale,
lady Pembleton sa femme) et sir Archibald,
gon beau-père.
Sir Archibald n'était plus le gentleman ma-
gnifique, affectueux et courtois que nous
avons connu au début de cette histoire.
Il est des hommes que la prospérité rend
-Voir !e numéro du 12 juin 1869, !
meilleurs, d'autres qui deviennent méchants
avec le succès..
Sir Archibald était de ce nombre.
Petit gentleman d'origine, à peine esquire,
il avait, comme on le sait, fait sa fortune aux
Indes.
De retour en Angleterre, cet homme n'a-
vait plus eu qu'un but, — marier sa fille à un
grand personnage.
Lord William avait été le premier but de
ses intrigues.
Lord William disparu, il avait songé à lord
Evandale.
Le récit que lady Pembleton avait fait à lord
William était vrai do point en point.
Longtemps elle avait pleuréson fiancé, long-
temps elle avait résisté.
i Mais enfin il avait fallu céder.
Miss Anna était devenue lady Pembleton.
Puis elle avait aimé son mari, et la nais-
sance de ses enfants avait fini par lui faire ou-
bliBf l'infortuné lord William, ;que, du reste,
elle croyait mort.
Trois ans après, le. convict Walter Bruce
était parvenu, on s'en souvient, à intéresser à
son sort le gouverneur de la colonie péniten-
tiaire d'Aukland:
Celui-ci avait écrit en Angleterre.
Lord Evandale était alors absent de Lon-
dres, et ce fut lady Pembleton elle-même qui
reçut la fameuse lettre qui lui révélait l'exis-
tence de lord William.
Ce fut pour elle un coup de foudre.
Elle se jeta dans les bras de son frère.
Sir Archibald lui dit :
— Lord William est mort; et l'homme qui
fait écrire est un imposteur; mais songez bien
à. ce que je vais vous dire. Lord William serait-
il vivant, il doit être être mort pour vous.
Vous êtes lady Evandale Pembleton, et vo-
tre époux n'a pas, ne peut pas avoir de frère.
Lord Evandale, de retour à Londres, avait
commencé par crier, par s'indigner.
Cependant lady Pembleton avait fini par
lui arracher l'aveu de son crime.
Lord Evandale avait supprimé son frère,
non par cupidité, mais par amour pour miss
Anna.
Et Lady-Pembleton pardonna à sir Evan-
dale, et la jeune fille aimante et naïve d'au-
trefois devint, sous la double influence de i
e
son père et de son mari, la froide et hautain
grande dame que cous venons de voir péné-
trer furtivement dans-le misérable logis de
lord William.
Ce soir là donc, sir Archibald et lord Evan-
dale, après avoir, attendu lady Pembleton avec
impatience, l'accablèrent de questions.
— Est-il vraiment méconnaissable? demanda
sir Archibald.. r
— J'eusse passé toute ma vie auprès de lui
sans le reconnaître, répondit lady Pemble-
ton.
— Et il n'accepte pas nos propositions? fit
lord Evandale.
— Il les refuse.
Sir Archibald se prit à sourire :
— Ce sera, dit-il, un procès scandaleux;
mais nous en sortirons à notre honneur.
— D'abord, reprit lord Evandale, pour sou- •
tenir un procès semblable, il faut beaucoup
d'argent.
— Et non-seulement il n'en a pas, dit lady
Pembleton, mais il m'a même paru dans le
plus profond dénûment.
— Il faut cependant prendre un parti, dit
sir Archibald. ;
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