Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-04-13
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 avril 1870 13 avril 1870
Description : 1870/04/13 (A5,N1455). 1870/04/13 (A5,N1455).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47168842
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
1-
- JOURNAL QUOTIDIEti 1 ^
-
5 cent. le numéro.
1 5 cent. le numéro.
.:AnUNNEMENTS. - Trois mois, Six mois Un an
Paris 1) îr. 9 fr. 18 fr.
Départements 6 Il ne
j Administrateur: BOURDILLIAT.
bme année MERGRlîI»! 13 AVRIL 1870. — N° 145S
Rédacteur en chef: A. DE Baiathier-Bragelonns
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, B'atcBfOHot ;
i ADMINISTRATION : 13; quai Voltaire.
PARIS, 12 AVRIL 1870
JACQUES BONHOMME
Ce titre est celui d'un de
vres élémentaires comme il en A 1eu-
reusement beaucoup depuis quelques années.
Les lettres, les arts, les sciences, la politi-
que, sont ainsi mis à la porléo du peuple, —
auquel les journaux à un sou ont appris le
dictionnaire et qui voudrait apprendre la
.grammaire.
L'auteur de Jacques Bonhomme, M. Lissa-
;.garay, prend son héros au moment où la
loi l'émancipe à défaut du fait, et il le con-
duit de 1789 et des Cahiers des Etats à 1870
. et au suffrage universel.
Qu'est-ce que ce héros? D'où lui vient le
nom qu'il porte? Quelle signification ce
nom a-t-il dans l'histoire de la France et de
' la Révolution?
Jamais autant qu'au quatorzième siècle
la tyrannie des seigneurs féodaux — c'est-à-
dire des héritiers des soldats Francs qui
avaient conquis la Gaule et se l'étaient par-
tagée, — ne pesa plus violemment sur les
paysans, c'est-à-dire sur les vaincus. Les
rois, dans une certaine mesure, avaient pro-
; tégé-le peuple, non. par tendresse pour lui,
nar haine pour des adversaires plus
ïmmédmtr^-ler^l
' s'affranchir du pouvoir central.'.;";.;., j -1
. :Or, le roi Jean, \batttf'par ''lés ;Â4^1:ii|x
: .était prisonnier à Londres; Son. ;fils" jeune,
- sans autorité, n'exerçait 'qu'une'.' suzoràmptë
\ -de nom sur ses grands vassaux. Ces Aler-
\ niers en profitèrent pour écraser " les mal-
Uieureux qu'ils ,tenaient' sous 'leur coupe. ,Gé
ifut surtout dans j'Ile-'de-France qu'ils : çg.
montrèrent sans ' pitié. La , seule différence
Mm servage et de l'esclavage, c'est que le serT
.. soumis à la glèbe, à la, corvée, aux - e'xaé't-
iiosi-s légales de toute nature — pouvait vi-
vre sa famille,, et ramasser un peu d'argent
aliir; i'afTFS.nchir plus tard ses. enfants. Or,
y. ■' \■; ' • ; '
les gentilshommes de l'Ile-de-France s'amu-
saient à courir les chaumières, tantôt caros-
sant les.femmes devant les maris et les rilles..
devant les pères, tantôt brûlant les chefs de
famille avec un fer rouge pour leur extor-
quer leurs pauvres économies. Ils faisaient
tout cela, riant et s'égayant aux dépens de
leurs victimes. Le paysan, abruti par l'écra- ;
sèment de ces maux, supportait tout. — j
Quel bon homme ! — C'est Jacques Bon-j
homme f'- disaient les seigneurs en le tor-j
turant comme une bête du bon Dieu, sarisj
malice et sans défense.
A la fin, Jacques Bonhomme, poussé il,
bout, n'en pouvant plus, se souvint qu'ils
était homme, et, dans l'élan de son déses-
poir, il se souleva contre ses oppresseurs, \
fou de rage, éperdu, se disant : « — J'em
crèverai peut-être, mais du moins je me
re venge rai !» j
Un chroniqueur du temps, Froissard,]-
nous a laissé le tableau du soulèvement génÓJ
ral qui éclata, le 21 mai 1_308, parmi les;
paysans de l'lle-de-Frnnce. l
« Advint une grande, merveilleuse tribu-'
•lation en plusieurs parties du royaume de'
France, si comme en Beauvoisis, en Bric et
sur la rivière de Marne, en Valois, en Lan-
nois, en la terre de Coucy et enlour Sois!
sons. Car aucunes gens des villes champê.'
tres, sans chef, s'assemblèrent en Beauvoi-
sis, et dirent que tous les nobles du royau-
me de France, chevaliers et é-uyers, honnis-
saient et trahissaient le royaume, et que cd
' serait grand bien qui tous les d^trairkit. Et
chacun d'eux dit : « — Il dit vrai.! il diE
•' l.mni y-flfflniTi ^1 gr"r ( i nar qui il demeurera
que ;' tous es ^tns^oMmc
•' .$$$($$s?atsiE^blè^érit:.çt,' s'en" allé*
î d;émvi9a^s^aaît»pe.:c'ôfiseîl'eV.s>mscaujd'çs,.armiji
rès, zz'J,y~ fprs, ùïtë"'de. îîra b'aton& ferrésvret:"-:ëe: ,;2v coi:
:: :(i Jt
• eclux; en-^4^aison -û|un, £:neïV£lier; .:,.f qui p.rç
de'iH-d€meHÎ,ait'ï)Si brisèrenMa maison' * t
tuèrent le cteyajiêf, la dame. et les erjlant
.' jejtits efet ^ardiiœ?^^ : a
. :maison;...") tl :r> c ! ::::.:;'J c.v J: J.:
. Ce fut l§;comme'û©etoB*7itf: Le:premier j'odk
. 1 es 'Jacqtl,ës Jïs
; étaient jiiiïle'i; :ils &, :> ,e
la semaine. Puis'Ieur trôûpé^devint inhQ^i-
brable, et., d^vanPsa massiWîiv;;;:• V:*.v.n
et fuir. Les chevaliers, les dames, les ;
écuyers, leurs femmes et leurs enfants, tout '
■ce qui tenait aux châteaux, maîtres et vale-
taille, partaient éperdus, « laissant leurs
maisons toute vagues, et leur avoir dedans.»
Les paysans, faisant ce qu'ils avaient vu
faire et répondant aux crimes par le crime,
volaient, tuaient, brûlaient, se livraient aux
excès les plus horribles et les plus mon-
strueux.
, « Entr'autres désordonnances et vilains
'"faits, ils tuèrent un chevalier,-.le boutèrent
en une broche, et le tournèrent au feu, et le
rôtirent devant la dame et ses enfants. Après
ce que dix ou douze eurent la dame efforcée,
ils les en voulurent faire manger et par
force; et puis les tuèrent et firent mourir
de male-mort. »
Cette armée de la terreur avait élu un roi :
c'était un paysan de Clermont en Beauvoi-
sis, nommée Guillaume Callet ou Caillet.
Jacques Bonhomme Ier. Il débuta en
royauté par brûler soixante châteaux. En-
suite, il organisa ses bandes et leur fit oc-
cuper tout le pays entre Paris et Noyon,
Soissons, Laon et Meaux. L'Ile-de-France
et la Picardie ne furent plus qu'un champ
de carnage.. La Jacquerie s'affirmait.
Les gentilshommes chassés demandèrent
l'assistance de leurs amis de Flandre, du
Hainaut et du Brabant; ils revinrent en
nombre.
« Alors, — continue Froissart, — ils com-
mencèrent à tuer' et à découper les Jacques,
sans pitié et sans merci, les pendant par-
fois aux arbres où ils les trouvaient."» .
'Trois .mille furent tués à Clermont, et
neuf mille à Meaux. Ces gr^nd&.&avâliejr^
villams « noirs et petits, ci. très-maf armés.
Meaux fut brûlé, et la plus grande partie
j de ses habitants jetés dans les flammes pour
| avoir ouvert leur porte aux révoltés.
I . '
■j.r . (c Depuis cette déconfiture, les Jacques ne
I Se 'rassemblèrent-ils nulle part ; car le jeune
sire de,. Coucy, qui s'appelait messire En-
guerrand,. avait grand foison de gentilshom-
mes avec lui, qui les mettaient à fin par-
tout où ils les trouvaient, sans pilié et sans
merci. » ■ ;f
La Jacquerie avait duré six semaines; les
paysans s'étaient tenu parole: ils s'étaient
vengés avant de mourir.
Hélas! ils payèrent cher cette première,
cette unique révolte. L'heure n'était pas ve-
nue. Les siècles passèrent sur les siècles.
Jacques Bonhomme demeura pauvre, mai-
gre, isolé...
Il travaillait; il fécondait la^fôrre; il nour-
rissait les autres, et il ne pouvait garder de
quoi se nourrir lui-mêmie. "" 1
,#ri
Un jour, le roi Louis 5&"V», chassant dans
la forêt de Senart, rencontra un paysan dé..
guenillé, qui portait un cercueil. — Pour-
quoi cela? demanda-t-il ; pour .un homme ou
une femme?— Pour un homme. — De quoi
est-il mort? — De faim.
C'est ce même roi qui disait ï
— Ah ! si j'étais mon sujet, comme je ma
révollerais vite! *
Le sujet attendait encore.
«.Un jour enfin, dit M. Lissagaray, le
roi perdit la tête. La misère était générale,'
la banqueroute imminente : il fallut tendre
la besace. Jacques n'avait plus rien; le ma!;,;
tre s'adressa aux autres, les nobles, les prê-
tres, les bourgeois. Mais, pour leur deir. aider
des subsides, il fallait une délibération corn": .
mune.Les états-généraux furent ec),,i-,-o Iués. »
il: !
Jacques Bonhomme alors releva la tête et
dit : j
— Si nous sommes des hommes, les lois
doivent nous protéger comme elles protègent
. Jj3s'.autres. !j
^• à ^op-;
pression par la vengeance, mais de prendre ;
la place a laquelle il avait droit sur le sol et'
sous le soleil.
Liberté, — égalité, — fraternité.
Jacques Bonhomme de serf devenait cr
toyen.vr;, ' -
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XVI
JOURNAL D'UN FOU DE BEDLAM
16 1 -~
\ .. ' .:: t' ..." :
Les nlonts Cheviotséparen^ le comté écossais.
de Roxburgli du coiiiÉ"anglail de • Northu-ra-
befland. H ' r- - : ; - j
Jjeur cime èst\,f°uronnée. de neiges _ éter- !
. '.nenes. ; - r. " - . i
V-- D'épaisses forêts couvrent leurs pentes
, abruptes et dans les jall^p-poussent de verts
pâturages. \
A trois lieues dtt bourg (fev Castleton, sus::
pendu sur un yoclier commç lÙiB aire d'aigle
-.,• ■; f : • a
. • '.Voii-Je numéro.....
• ..... : : . : " J r.ï?., •' oi i .
et dominant un paysage d'une mélancolie
âpre et sauvais-, s'élève le manoir de P&rn-
bletoni - •' ' • - • - ' 'h--
. Fembleton-Gastle, comme oii, 'dit dans :le
pays. ■ r '.'p nr!. r-7 - - T..W: ',* |v
' Il 'a liùitfour3rmaséives, aux poivrières pj|in-.
.tues," des'murs épaisTôqmme'.ceux> d'uneî|or-
teresde: ■ " : i) i ' t'. - .>
Œ1 domine h.'utt lieue's,'de ;pays du èÔ.ti de
l'Ecosse/bien qu'il SQiPbâftiosur,.'. la terraë' an-
'Cluïèe. : ii J' \I 5?
I. An- fes sirôs de-JPembletoii'énient
des
Robert Bruce et -1 es •
Lord Pemblëion siège aufparlèmeht dims la
chambre.HalitejVïnaifi;!!- aJQéànnloi-nc CÔLP: orvé
le titre'de barô'iIVîîcôskdsy; ét il cn ipsit .très-
fier. , ; / \ - . ^
Lof d lE'vandalè, PMî bïè^on Jï.uï1 rtrQis
ans quand son père': mourut atL^rfralbat d4 Na-
varin," ou la - Krànce et l'/^.ngleterre rêgnies
chassèrent la flotte' turque Mes eaux ^ la
GrèCe. - : * : ' ; , . _\v ; £..•
Il avait un frère de dix-huit !ri,ois. '
Lorsque: lady Perrib'letàn àpprit l'épouvan-
table malheur qui la frappait, elle 'qu.Utà pré-
cipitamment Londres, où elle passaitr^|K sai-
son dans son bel hôtel'du West-End, -pt^irse '
réfugier 'en toute hâte, avec, ses deux t;Jn.!tn ts,
au manoir de Pembleton. Vêtue de ûi«r des
pieds à la tête, elle s'enferma dans Ce, ttè -'I. eille
forteresse que le noble lord son .'épou vait
--~j
l l jnLi; t>: J...' il J ^ :;:jn .• - '/
délaissée, comme ses aïeux, du reste, depuis
trois quarts de siècle.
En bas, dans la plaine, s'élevait un joli'cas-
tel tout moderne, entouré d'une ceinture de
prairies, une demeure princière, entre toutes,
dans laquelle lord Perhbleton passait l'au-
tomne et la saison des chasses, et qu'il avait
peuplée de merveilles artistiques et de toutes
les richesses du luxe moderne.
'■ C'était New-Pembleton, le nouveau Pem-
bleton. : - -'2 v." ..
Le château succédant au. manoir.
Et cependant ce ne fuïJPÍls à New-Pernblë-
ton que se réfugia lady E vandale.
Ce f(ïf à- Periibleton-n-v- 0 OIJ..Pemble-
ton, le vieux Pembleton,' 'comme on appelait
encore le manoir écossais.
Pourquoi ?
On était alors en 1828, c'est-à-dire en plein
dix-neuvième siècle, et le temps était passé où
les hauts barons se déclaraient réciproque-
ment la guerre.
La noblesse était devenue l'aristocratie, les
hauts barons n'étaient plus que des grands
seigneurs, et le calma le plus profond régnait
dans les trois royaumes devenus le royaume-
uni.
Cependant fady Evanda!e, en arrivant à
f'Nnbleton-Castle, donna des ordres bizarres.
E}le fit baisser le pont-levis, ce qui n'était
pas arri-vé depuis plusieurs siècles.
Elle fit m âppel à tous les paysans du voi-
[ sinage qui étaient encore ses vassaux, et elle
peupla le manoir d'une véritable armée.
'Puis, :cQmme jadis Jea'nne de Monfort mon-
trait son'ffls aux nobles bretons, elle prit son
fils aîné dans ses bras, — ce fils qui n'avait
que trois ans, — elle le montra à ses fidèles
Ecossais accourus à' sa voix, et elle leur fit.
jurer de veiller sur lui.
Et les montagnards jurèrent avec enthou-
siasme.' 0 :
Quel mystérieux et terrible danger mena- '
çait donc cet enfant qui devait s'aller asseoir
un jour à la chambre des lords? - - -
Un seul homme le savait peut-être, parta-
geant ainsi le secret de lady'PemMeton.
Cet homme était n'ri jeune "Eêossaîs du nom
de Tom, le frère'de lait de'îMly PèmJJlefon,
laquelle était jeune et belle, efh'avait pas en-
core atteint sa vingt-quatrième année le jour
où elle devint veuve. -
Aussi Tom, dès le premier jour, s'installa
dans la chambra où couchait l'enfant et y
passa la nuit dans un fauteuil, ayant à la
portée Se sa main sa carabine de chasseur.
Et il en fut de même des nuits suivantes.
Et pendant ces mêmes nuits, les Ecossais
veillaient, se promenaient sur les remparts du
vieux castel, et avaient soin, dès que le cré-
puscule arrivaient, de hisser le pont-levis.
Lady Pembleton se promenait au milieu
d'eux, tantôt inquiète, tantôt paraissant plus
1-
- JOURNAL QUOTIDIEti 1 ^
-
5 cent. le numéro.
1 5 cent. le numéro.
.:AnUNNEMENTS. - Trois mois, Six mois Un an
Paris 1) îr. 9 fr. 18 fr.
Départements 6 Il ne
j Administrateur: BOURDILLIAT.
bme année MERGRlîI»! 13 AVRIL 1870. — N° 145S
Rédacteur en chef: A. DE Baiathier-Bragelonns
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, B'atcBfOHot ;
i ADMINISTRATION : 13; quai Voltaire.
PARIS, 12 AVRIL 1870
JACQUES BONHOMME
Ce titre est celui d'un de
vres élémentaires comme il en A 1eu-
reusement beaucoup depuis quelques années.
Les lettres, les arts, les sciences, la politi-
que, sont ainsi mis à la porléo du peuple, —
auquel les journaux à un sou ont appris le
dictionnaire et qui voudrait apprendre la
.grammaire.
L'auteur de Jacques Bonhomme, M. Lissa-
;.garay, prend son héros au moment où la
loi l'émancipe à défaut du fait, et il le con-
duit de 1789 et des Cahiers des Etats à 1870
. et au suffrage universel.
Qu'est-ce que ce héros? D'où lui vient le
nom qu'il porte? Quelle signification ce
nom a-t-il dans l'histoire de la France et de
' la Révolution?
Jamais autant qu'au quatorzième siècle
la tyrannie des seigneurs féodaux — c'est-à-
dire des héritiers des soldats Francs qui
avaient conquis la Gaule et se l'étaient par-
tagée, — ne pesa plus violemment sur les
paysans, c'est-à-dire sur les vaincus. Les
rois, dans une certaine mesure, avaient pro-
; tégé-le peuple, non. par tendresse pour lui,
nar haine pour des adversaires plus
ïmmédmtr^-ler^l
' s'affranchir du pouvoir central.'.;";.;., j -1
. :Or, le roi Jean, \batttf'par ''lés ;Â4^1:ii|x
: .était prisonnier à Londres; Son. ;fils" jeune,
- sans autorité, n'exerçait 'qu'une'.' suzoràmptë
\ -de nom sur ses grands vassaux. Ces Aler-
\ niers en profitèrent pour écraser " les mal-
Uieureux qu'ils ,tenaient' sous 'leur coupe. ,Gé
ifut surtout dans j'Ile-'de-France qu'ils : çg.
montrèrent sans ' pitié. La , seule différence
Mm servage et de l'esclavage, c'est que le serT
.. soumis à la glèbe, à la, corvée, aux - e'xaé't-
iiosi-s légales de toute nature — pouvait vi-
vre sa famille,, et ramasser un peu d'argent
aliir; i'afTFS.nchir plus tard ses. enfants. Or,
y. ■' \■; ' • ; '
les gentilshommes de l'Ile-de-France s'amu-
saient à courir les chaumières, tantôt caros-
sant les.femmes devant les maris et les rilles..
devant les pères, tantôt brûlant les chefs de
famille avec un fer rouge pour leur extor-
quer leurs pauvres économies. Ils faisaient
tout cela, riant et s'égayant aux dépens de
leurs victimes. Le paysan, abruti par l'écra- ;
sèment de ces maux, supportait tout. — j
Quel bon homme ! — C'est Jacques Bon-j
homme f'- disaient les seigneurs en le tor-j
turant comme une bête du bon Dieu, sarisj
malice et sans défense.
A la fin, Jacques Bonhomme, poussé il,
bout, n'en pouvant plus, se souvint qu'ils
était homme, et, dans l'élan de son déses-
poir, il se souleva contre ses oppresseurs, \
fou de rage, éperdu, se disant : « — J'em
crèverai peut-être, mais du moins je me
re venge rai !» j
Un chroniqueur du temps, Froissard,]-
nous a laissé le tableau du soulèvement génÓJ
ral qui éclata, le 21 mai 1_308, parmi les;
paysans de l'lle-de-Frnnce. l
« Advint une grande, merveilleuse tribu-'
•lation en plusieurs parties du royaume de'
France, si comme en Beauvoisis, en Bric et
sur la rivière de Marne, en Valois, en Lan-
nois, en la terre de Coucy et enlour Sois!
sons. Car aucunes gens des villes champê.'
tres, sans chef, s'assemblèrent en Beauvoi-
sis, et dirent que tous les nobles du royau-
me de France, chevaliers et é-uyers, honnis-
saient et trahissaient le royaume, et que cd
' serait grand bien qui tous les d^trairkit. Et
chacun d'eux dit : « — Il dit vrai.! il diE
•' l.mni y-flfflniTi ^1 gr"r ( i nar qui il demeurera
que ;' tous es ^tns^oMmc
•' .$$$($$s?atsiE^blè^érit:.çt,' s'en" allé*
î d;émvi9a^s^aaît»pe.:c'ôfiseîl'eV.s>mscaujd'çs,.armiji
rès, zz'J,y~ fprs, ùïtë"'de. îîra b'aton& ferrésvret:"-:ëe: ,;2v coi:
:: :(i Jt
• eclux; en-^4^aison -û|un, £:neïV£lier; .:,.f qui p.rç
de'iH-d€meHÎ,ait'ï)Si brisèrenMa maison' * t
tuèrent le cteyajiêf, la dame. et les erjlant
.' jejtits efet ^ardiiœ?^^ : a
. :maison;...") tl :r> c ! ::::.:;'J c.v J: J.:
. Ce fut l§;comme'û©etoB*7itf: Le:premier j'odk
. 1 es 'Jacqtl,ës Jïs
; étaient jiiiïle'i; :ils &, :> ,e
la semaine. Puis'Ieur trôûpé^devint inhQ^i-
brable, et., d^vanPsa massiWîiv;;;:• V:*.v.n
et fuir. Les chevaliers, les dames, les ;
écuyers, leurs femmes et leurs enfants, tout '
■ce qui tenait aux châteaux, maîtres et vale-
taille, partaient éperdus, « laissant leurs
maisons toute vagues, et leur avoir dedans.»
Les paysans, faisant ce qu'ils avaient vu
faire et répondant aux crimes par le crime,
volaient, tuaient, brûlaient, se livraient aux
excès les plus horribles et les plus mon-
strueux.
, « Entr'autres désordonnances et vilains
'"faits, ils tuèrent un chevalier,-.le boutèrent
en une broche, et le tournèrent au feu, et le
rôtirent devant la dame et ses enfants. Après
ce que dix ou douze eurent la dame efforcée,
ils les en voulurent faire manger et par
force; et puis les tuèrent et firent mourir
de male-mort. »
Cette armée de la terreur avait élu un roi :
c'était un paysan de Clermont en Beauvoi-
sis, nommée Guillaume Callet ou Caillet.
Jacques Bonhomme Ier. Il débuta en
royauté par brûler soixante châteaux. En-
suite, il organisa ses bandes et leur fit oc-
cuper tout le pays entre Paris et Noyon,
Soissons, Laon et Meaux. L'Ile-de-France
et la Picardie ne furent plus qu'un champ
de carnage.. La Jacquerie s'affirmait.
Les gentilshommes chassés demandèrent
l'assistance de leurs amis de Flandre, du
Hainaut et du Brabant; ils revinrent en
nombre.
« Alors, — continue Froissart, — ils com-
mencèrent à tuer' et à découper les Jacques,
sans pitié et sans merci, les pendant par-
fois aux arbres où ils les trouvaient."» .
'Trois .mille furent tués à Clermont, et
neuf mille à Meaux. Ces gr^nd&.&avâliejr^
villams « noirs et petits, ci. très-maf armés.
Meaux fut brûlé, et la plus grande partie
j de ses habitants jetés dans les flammes pour
| avoir ouvert leur porte aux révoltés.
I . '
■j.r . (c Depuis cette déconfiture, les Jacques ne
I Se 'rassemblèrent-ils nulle part ; car le jeune
sire de,. Coucy, qui s'appelait messire En-
guerrand,. avait grand foison de gentilshom-
mes avec lui, qui les mettaient à fin par-
tout où ils les trouvaient, sans pilié et sans
merci. » ■ ;f
La Jacquerie avait duré six semaines; les
paysans s'étaient tenu parole: ils s'étaient
vengés avant de mourir.
Hélas! ils payèrent cher cette première,
cette unique révolte. L'heure n'était pas ve-
nue. Les siècles passèrent sur les siècles.
Jacques Bonhomme demeura pauvre, mai-
gre, isolé...
Il travaillait; il fécondait la^fôrre; il nour-
rissait les autres, et il ne pouvait garder de
quoi se nourrir lui-mêmie. "" 1
,#ri
Un jour, le roi Louis 5&"V», chassant dans
la forêt de Senart, rencontra un paysan dé..
guenillé, qui portait un cercueil. — Pour-
quoi cela? demanda-t-il ; pour .un homme ou
une femme?— Pour un homme. — De quoi
est-il mort? — De faim.
C'est ce même roi qui disait ï
— Ah ! si j'étais mon sujet, comme je ma
révollerais vite! *
Le sujet attendait encore.
«.Un jour enfin, dit M. Lissagaray, le
roi perdit la tête. La misère était générale,'
la banqueroute imminente : il fallut tendre
la besace. Jacques n'avait plus rien; le ma!;,;
tre s'adressa aux autres, les nobles, les prê-
tres, les bourgeois. Mais, pour leur deir. aider
des subsides, il fallait une délibération corn": .
mune.Les états-généraux furent ec),,i-,-o Iués. »
il: !
Jacques Bonhomme alors releva la tête et
dit : j
— Si nous sommes des hommes, les lois
doivent nous protéger comme elles protègent
. Jj3s'.autres. !j
^• à ^op-;
pression par la vengeance, mais de prendre ;
la place a laquelle il avait droit sur le sol et'
sous le soleil.
Liberté, — égalité, — fraternité.
Jacques Bonhomme de serf devenait cr
toyen.vr;, ' -
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XVI
JOURNAL D'UN FOU DE BEDLAM
16 1 -~
\ .. ' .:: t' ..." :
Les nlonts Cheviotséparen^ le comté écossais.
de Roxburgli du coiiiÉ"anglail de • Northu-ra-
befland. H ' r- - : ; - j
Jjeur cime èst\,f°uronnée. de neiges _ éter- !
. '.nenes. ; - r. " - . i
V-- D'épaisses forêts couvrent leurs pentes
, abruptes et dans les jall^p-poussent de verts
pâturages. \
A trois lieues dtt bourg (fev Castleton, sus::
pendu sur un yoclier commç lÙiB aire d'aigle
-.,• ■; f : • a
. • '.Voii-Je numéro.....
• ..... : : . : " J r.ï?., •' oi i .
et dominant un paysage d'une mélancolie
âpre et sauvais-, s'élève le manoir de P&rn-
bletoni - •' ' • - • - ' 'h--
. Fembleton-Gastle, comme oii, 'dit dans :le
pays. ■ r '.'p nr!. r-7 - - T..W: ',* |v
' Il 'a liùitfour3rmaséives, aux poivrières pj|in-.
.tues," des'murs épaisTôqmme'.ceux> d'uneî|or-
teresde: ■ " : i) i ' t'. - .>
Œ1 domine h.'utt lieue's,'de ;pays du èÔ.ti de
l'Ecosse/bien qu'il SQiPbâftiosur,.'. la terraë' an-
'Cluïèe. : ii J' \I 5?
I. An- fes sirôs de-JPembletoii'énient
des
Robert Bruce et -1 es •
Lord Pemblëion siège aufparlèmeht dims la
chambre.HalitejVïnaifi;!!- aJQéànnloi-nc CÔLP: orvé
le titre'de barô'iIVîîcôskdsy; ét il cn ipsit .très-
fier. , ; / \ - . ^
Lof d lE'vandalè, PMî bïè^on Jï.uï1 rtrQis
ans quand son père': mourut atL^rfralbat d4 Na-
varin," ou la - Krànce et l'/^.ngleterre rêgnies
chassèrent la flotte' turque Mes eaux ^ la
GrèCe. - : * : ' ; , . _\v ; £..•
Il avait un frère de dix-huit !ri,ois. '
Lorsque: lady Perrib'letàn àpprit l'épouvan-
table malheur qui la frappait, elle 'qu.Utà pré-
cipitamment Londres, où elle passaitr^|K sai-
son dans son bel hôtel'du West-End, -pt^irse '
réfugier 'en toute hâte, avec, ses deux t;Jn.!tn ts,
au manoir de Pembleton. Vêtue de ûi«r des
pieds à la tête, elle s'enferma dans Ce, ttè -'I. eille
forteresse que le noble lord son .'épou vait
--~j
l l jnLi; t>: J...' il J ^ :;:jn .• - '/
délaissée, comme ses aïeux, du reste, depuis
trois quarts de siècle.
En bas, dans la plaine, s'élevait un joli'cas-
tel tout moderne, entouré d'une ceinture de
prairies, une demeure princière, entre toutes,
dans laquelle lord Perhbleton passait l'au-
tomne et la saison des chasses, et qu'il avait
peuplée de merveilles artistiques et de toutes
les richesses du luxe moderne.
'■ C'était New-Pembleton, le nouveau Pem-
bleton. : - -'2 v." ..
Le château succédant au. manoir.
Et cependant ce ne fuïJPÍls à New-Pernblë-
ton que se réfugia lady E vandale.
Ce f(ïf à- Periibleton-n-v- 0 OIJ..Pemble-
ton, le vieux Pembleton,' 'comme on appelait
encore le manoir écossais.
Pourquoi ?
On était alors en 1828, c'est-à-dire en plein
dix-neuvième siècle, et le temps était passé où
les hauts barons se déclaraient réciproque-
ment la guerre.
La noblesse était devenue l'aristocratie, les
hauts barons n'étaient plus que des grands
seigneurs, et le calma le plus profond régnait
dans les trois royaumes devenus le royaume-
uni.
Cependant fady Evanda!e, en arrivant à
f'Nnbleton-Castle, donna des ordres bizarres.
E}le fit baisser le pont-levis, ce qui n'était
pas arri-vé depuis plusieurs siècles.
Elle fit m âppel à tous les paysans du voi-
[ sinage qui étaient encore ses vassaux, et elle
peupla le manoir d'une véritable armée.
'Puis, :cQmme jadis Jea'nne de Monfort mon-
trait son'ffls aux nobles bretons, elle prit son
fils aîné dans ses bras, — ce fils qui n'avait
que trois ans, — elle le montra à ses fidèles
Ecossais accourus à' sa voix, et elle leur fit.
jurer de veiller sur lui.
Et les montagnards jurèrent avec enthou-
siasme.' 0 :
Quel mystérieux et terrible danger mena- '
çait donc cet enfant qui devait s'aller asseoir
un jour à la chambre des lords? - - -
Un seul homme le savait peut-être, parta-
geant ainsi le secret de lady'PemMeton.
Cet homme était n'ri jeune "Eêossaîs du nom
de Tom, le frère'de lait de'îMly PèmJJlefon,
laquelle était jeune et belle, efh'avait pas en-
core atteint sa vingt-quatrième année le jour
où elle devint veuve. -
Aussi Tom, dès le premier jour, s'installa
dans la chambra où couchait l'enfant et y
passa la nuit dans un fauteuil, ayant à la
portée Se sa main sa carabine de chasseur.
Et il en fut de même des nuits suivantes.
Et pendant ces mêmes nuits, les Ecossais
veillaient, se promenaient sur les remparts du
vieux castel, et avaient soin, dès que le cré-
puscule arrivaient, de hisser le pont-levis.
Lady Pembleton se promenait au milieu
d'eux, tantôt inquiète, tantôt paraissant plus
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