Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-13
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 juillet 1872 13 juillet 1872
Description : 1872/07/13 (N2258). 1872/07/13 (N2258).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716058t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
V L'ARBRE DE FERNAND CORTEZ. — Le muséum
Jardin des Plantes va s'enrichir d'une relique
historique très-curieuse.
Il s'agit de l'arbre, situé à Pspoita, à une
heure - et demie de Mesico, et ronnu sous le
nom d'Arbol de la Noche-Triste.
i , C'est sous cet arbre gigantesque que s'assit et
pleura Fernand Cortez, dans la nuit, d'angoisses
oÙ il'sc vit abandonné par ses compagnons.
)/. Cet arbre, objet de la vénération publique, a
été, il y a quelques mois, coupé et brûlé en
grande partie par des vandales.
Ce qui en reste est envoyé en Franoe par un
haciendcro des environs de Mexico, nommé don
Antonio de Careja y Rio Rojo.
—M. Eugène Berthoud, bien connu des lecteurs
du Figaro, sous te pseudonyme de Gontran Borys,
Vi011t de mourir d'une fluxion de poitrine après trois
jours de maladie seulement. Il était âgé de trente-
trois ans.
. Insensibilis a teur Duchesse.Guétison, extrac-
tion et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafavette.
LA BANDE DE LA TAILLE
Audience du 9 juillet.
Avant de commencer l'exposé de ce grand drame,
M. le président interroge Ribetto et la femme Pour-
rian, qui ont reçu les confidences de Galetto.
Ribetto refait la narration que nous avons déjà
donnée et qui se rapporte au crime de Malemort.
La femme Pourrian, elle, a connu le crime de
Lurs.
— Galetto, dit-elle, se vantait devant moi d'avoir
assassiné trois femmes à Lurs. Je ne croyais pas
qu'il pût dire vrai et je pensais qu'il obéissait à un
sentiment de vantardise. Je répondis: «.Oh ! ne dites
pas cela, les journaux racontent qu'on vient de tuer
un homme sur la route d'Aix. On pourrait vous in-
quiéter. » — Celui-là" reprit-il, c'est moi qui l'ai tué.
Je ne veux pas travailler. Je veux vivre sans rien
faire. Je suis-le cousin deNardi, exécuté à Marseille;
je veux le venger et tuer le plus que je pourrai. »
D. Vous entendez, Galetto? — R. Cette femme in-
vente.
D. Elle précise trop bien : trois. cadavres à Lurs,
un cadavre sur la route d'Aix. — R. Elle aura connu
ces détails par les journaux.
D. Vous avez réponse à tout. Malheureusement
pour vous, la femme Pourrian, qui ne peut, quoi
que vous en disiez, inventer de tels détails, rfest pas
seule à vous accuser. Tout vous accable.
M. le président expose des fflits du drame de Lurs,.
dont le récit je trouve dans la Petite Presse des 6 et
7 juillet dernier.
Dans ce crime comme dans les précédents, quand
on consulte les témoins et quand on interroge les
hommes de l'art, on trouve qtiatre auteurs, quatre
assassins munis de couteaux. Ces quatre assassins
sont Fontana, Garbarino, Galetto et Borgi (ce der-
nier en fuite), c'est-à-dire l'état-major de la bande
de bi'igands. Chacun de ces hommes a été pris muni
de sou coutelas. Seul Fontana ne possédait plus que
le fourreau de son arme. Dirns la rage qu'il déployait
à. sa sinistre besogne, la lame s'est brisée et a été
retrouvée sur le cadavre d'André Granier.
. — Eh bien, Garbarino, le 3 septembre, vous avez
été. vu à la Bdllane? — R. J'étais à Pertuis.
D. C'est tout ce que vous avez à répondre? — R.
Jene sors pas de là : je ne suis pas allé à Lurs. J'é-
tais a Pertuis.
' D. \ ous l'établirez si vous pouvez. Et vous, Ga-
tetlo, qu'avez-vous à di¡'e? — R. Moi je ne connais-
sais pas encore Garbarino, au mois de septembre. Je
1 cU connu en octobre, à JVl&rsoiiie. S'il a commis un
aime en septembre, je n'ai pas pu me rencontrer
avec lui. Le 3 septembre, j'étais à Orgon, où j'ai volé
du ble et de la lariiie. -
D. \ ous l avez déjà dit, et même l'autre jour vous
avez montre un grand empressement à avouer le vol
u.Urg-on. Vous aviez nié ce vol toujours et toujours, jj
,et quand vous avez cru pouvoir trouver un aiibi vous
n avex plus balancé, et vous vous êtes attribué un
vol auquel VOU3 êtes étranger. C'est vous qui avez
donne a la femme Arese les boucles d'oreilles prises
sur le cadavre de Rosa Granier. - R. Ce n'est pas
moi qui lui ai donne ces boucles d'oreilles.
L'l femme Arèse, interpellée, tergiverse.
^ eulper prè;;ident. T Il "RE s'agit pas de chercher à dis-
trouvées un complice. Les bouc ies d'oreilles ont été
r r 'est WA? Possession. Qui vous les a données?
foire Galetto. Il m 'a dit les avoir achetées à la
L Le président. — A la foire ! Il y a encore des ta-
i chas de sang sur ces boucles. Une pierre manque à
l'une d'elles, et le trou de la pierre est encore maculé
, à l'intérieur.
[ Les huissiers font passer la boucle et une loupe à
5 MM. les jurés.
Galetto. — Enfin, Angèle dit ce que bon lui sem-
; ble. Ce n'est pas moi qui lui al donné ces boucles
i d'oreilles.
Le président. — Et ce couteau, qui a nécessaire-
L ment servi à couper le cou des victimes, il n'est pas
à vous non plus? —R. Non.
D. Et il a été saisi sur vous. Les témoins qui ont
opéré votre capture vous l'ont enlevé. Vous le portiez
1 pas é dans la ceinture du pantalon. — R. Ils ont dit
t cela, mais c'était pour se faire valoir.
Le président. — Votre aplomb n'a rien de surpre-
nant, vous êtes bien le digne fils du forçat Galetto,
le digne petit-fils du condamné à mort Orlano, le di-
gne cousin du condamné à mort Nardi. — R. Je ne
suis pas petit-fils d'Orlano.
D. Votre mère n'est pas la fille d'OrJano? — R.
Elle est sa fille légalement, mais Orlano n'était pas
son père.
D. Continuez. Allez, rien ne peut étonner de votre
part, vous l'homme de vingt ans — nous le verrons
dans la suite de. ces débats — qui violez les jeunes
filles pour les jeter au feu quand vous avez satisfait
votre passion et vos instincts féroces, — car chez
vous la passion ne se contente pas des satisfactions
ordinaires Vivante encore, vous torturez votre vic-
time. Vous la faites mourir lentement pour goûter
un plaisir doublement odieux : l'amour dans la
mort. Si votre aïeul revenait, il serait jaloux de
vous. Celui qui volait des petites filles pour faire de
'la charcuterie de leur chair n'avait pas à vingt ans
commis les hauts forfaits qu'on vous reproche au-
jourd'hui.
La femme Arèse, interrogée à son tour, répond,
comme devant, qu'elle ignorait la provenance des
objets apportés chez elle.
Le premier témoin appelé est Sylvain Subo, le setil
survivant des hôtes do la ferme de l'Eve. Un frisson
secoue l'auditoire quand cet homme, tout jeune, et
vêtu en grand deuil, pénètre dans le prétoire. Le té-
moin, fort ému et faisant tous ses efforts pour rete-
nir les larmes qui l'étouffent, refait la narration que
nous trouvons plus haut, dans l'exposé de M. le pré-
sident. Il ajoute : j
— On avait fouillé un peu partout. Une commode j
dont la clef tenait à la serrure avait été fouillée. A j
droite et à gauche de la cheminée, deux bahuts j
avaient été fracturés, ainsi que la porte de l'un des 1
bahuts. — Dans le seuil tiroir qui n'eût 616 ni forcé j
ni fouillé par les assassins, se trouvaient 520 fr. en !
or, 130 fr. en argent et diverses obligations pour !
une somme de 400 fr. j
En entendant ces détails, les brigands se regardent 1
d'un air qui semble dire : It Si nous avions su ! »
D. Il était de notoriété publique que votre beau-
père avait touché une somme importante. — R. Oui,
5,000priation. ' ;•
Les huissiers montrent au témoin divers objets
volés, il les reconnaît tous. Quand on lui montre les S
boucles d'oreilles de sa femme, Sube fond en larmes j
et est prêt à défaillir. j
D. Ne savez-vous pas qu'on a retrouvé un coûte- j
las? — R. Oui, un morceau de la la ne perdu sous les ;
cadavres et le manche caché dans les cendres de la !
cheminée. i
Marius Lombard,, docteur en médecine, à Forçai- j
quier. — A fait tes constatations médico-légales, et
il énumère les blessures qu'il a constatées sur les :
cadavres.
Il conclut en disant :
— Les femmes n'avaiont pas été frappées debout :
la partie inférieure de leurs vêtements n'était pas
souillée de sang. Les murs et les meubles n'étaient |
point ensanglantés, comme il serait arrivé si les vie- !
times avaient été debout au moment cù les coups i
étaient portés. Des poignées de cheveux, arrachées j
sur le derrière de la tête de ces trois femmes:, étaient
répandues ça et là dans l'appartement. Il étn.it pro-
bable que, saisies par la chevelure, par derrière, et
terrassées subitement, elles avaient été frappées par
terre, maintenues fortement et la tête fixée sur le
sol. Elles ont été saignées là comme des agneaux. i
Le docteur parle des fragments de couteau re- !
trouvés. Ces fragments sont représentés et comparés ;
avec le coutelas de Garbarino et de Galetto, les trois
j se trouvent pareits.. •
D. Quel a dû être le nombre des assassins?—R. La
position des cadavres, la nature des blessures, indi-
quent que les assassins devaient être au moins qua.-
tre. Dans la, cuisine, chacune des femmes a été saisie
par un assassin, qui l'a terrassée et fixé sa tète sur
le sol. Le quatrième n'a eu qu'à leur couper le cou.
Toutes les sections vont de gauche à droite et pla-
cées au même endroit offrent le même caractère.
* Le couteau qui a. servi à cette sinistre besogne
s est engagé jusque dans les vertèbres, sur le corps
de la mère, et c'est pour cela qu'il s'est brisé.
D. Maintenant, que nous vous avons entendn
comme docteur, veuillez nous renseigner comme té-
moin. — R. Dans la jou'née du 3 septembre, j'ai
passé en voiture devant la ferme de l'Eve, j'ai vu
deux individus rôdant autour. Ils ont échangé un
bonjour avec mon domestique, ainsi que c'est l'ha-
bitude à la campagne, et, d'après le son de voix, je
puis affirmer que ces individus étaient des Piémon-
tais.
D. Vous avez vu leurs figures ?— R. Non. Ils nous
ont tourné le dos. Ils dissimulaient leur vigage.
On entend ensuite les témoins relatifs à la présence
des accusés sur les lieux voisins du crime.
Puis viennent les parents des victimes.
Tous reconnaissent les boucles d'oreilles de Rosa
et d'Euphrasie.
Quand vient le tour du malheureux grand-père de
Rosa Granier, la salle entière fond en larmes en
voyant un vieillar(lqiii s'arrache les cheveux de dé-
sespoir.
La mère de Rosa ne peut lutter contre la douleur
qui l'accable. On lui présente les boucles d'oreilles
de sa jeune fille Rosa; elle les embrasse et tomba,
évanouie. Les huissiers s'empressent autour d'elle et
lui donnent à respirer do l'éther.
Les accusés sont toujours impassibles.
Enfin comparaissent des témoins, agriculteurs et
i 1 charretiers, qui connaissent les accusés pour les
! avoir eus comme voisins.
j Ces derniers témoins ajoutant renseignements sur
; renseignements, il est établi que Galetto était aussi
j à la BriQane le 3 septembre. Il ressort de tout ce
qui est dit que les quatre Piémontaisqui se sont ren-
dus à la ferme de l'Eve sont : Fontana, Garbarino,
i Galetto et Bargi, ce dernier actuellement en fuite,
i L'audience est levée à G h. 1(2. :
Audience du 10 juillet.
(Dépêche télégraphique.)
| Aix, 10 juillet, 6 h., soir. 1
| La première partie de l'audience d'aujourd'hui a 1
| été consacrée à l'interrogatoire des accusés et des té- i
j moins, relativement à l'assassinat du charretier
i Fautel, sur la route de Marseille à Aix, le 20 octo-
| bre 1871.
Les accusés nient être les auteurs de ce meurtre, 1
mais des révélations faites à la justice, par leur co- i
accusé Rlbetto, ont été entièrement cunfirëiées par
des preuves et des témoignages. I
A onze heures, on a commencé l'interrogatoire re-
latif au meurtre do la veuve Lambot, à Mevrargu-es.
Cet assassinat, qui a été suivi de vol, est parfaitement
établi. Galetto et Garbarino en sont les auteurs, Ri-
betto et Fontana les complices.
Les débats sont terminés. i
Demain matin le ministèra public prononcera son i
réquisitoire. 1
CHRONIQUE JUDICIAIRE
SINGULIÈRE PRÉTENTION.—Il n'est pas indifférent !
pour personne de savoir au juste à quoi s'en te-
nir sur le degré de garantie que le public doit
trouver dans la lettre chargée et déclarée, et à ce ;
titre nous croyons utile de faire connaître un ju- j
gement que vient de rendre à ce sujet le tribu- !
nal de la Seine. !
Voici le fait qui a, donné lieu au procès : |
Le notaire et la poste.
Un notaire d'Amiens, dont l'honorabilité n'est
pas douteuse, adresse 6,000 fr. à la baronne de i
Montai1leur en trois lettres contenant chacune i
2,000 fr., valeur déclarée; un reçu lui est donné, !
qui donne comme toujours avec" toutes les autres !
indications celle qui est la plus utile, le poids de j
chaque lettre ; il était indiqué 7 grammes 90 :
centig.. 'i
Lorsque les lettres arrivent à leur adresse, le
poids, pour l'une d'elles, n'est plus que de 6-1
grammes 50 c.; différence, 1 gramme 40 centi- j
grammes. j
Un billet de 1,000 francs se trouve en moins ;
dans la lettre ; or, notez que le poids d'un |
billet de banque de 1,000 francs correspond
— c'est le jugement qui le reconnaît - à cette
différence de poids de 1 gramme 10 centi-
grammes.
Il est vrai que les cachets étaient intacts et
qu'on n'apercevait pas la trace d'une violation
exercée sur la lettre.
On sait à quelle perfection de procédé cer-
tains employés de la poste— sans parler de ceux
du cabinet noir — sont arrivés pour ouvrir une
! 1 lettre sans qu'elle porte de traces apparentes dë
la violation des cachets.
Savez-vous ce que répond l'administration
des postes à une demande en restitution du bil-
let de 1,000 francs? Elle répond que l'indication
du poids ne prouve rien, qu'elle peut être le ré-
sultat d'une erreur de l'employé.
A quoi bon alors, ces indications ?
Si ce n'est précisément pour le c.ig actuel à
quoi bon le reçu donné par la poste relatant ces
indications ? Si ce n'est pour arriver tI. établit
que la lettre et son contenu ont subi une alté-
ration. L'administration ne se regarde même pas
comme engagée par les déclarations de ses pro-
pres agents.
Si le public, en compensation de la taxe de
chctvgewwvt et de la surtaxe de la déclaration* ne
doit trouver aucune sécurité, pourquoi imposer
ce chargement à peine de contravention? Ce
n est donc plus absolument qu'une mesure fis-
cale ? qu'on le dise alors.
Ce qu'il y a d'assez singulier dans cette con-
tcstation, c'est que, par le jugement qu'il a
rendu, le tribunal de la Seine a admis la pré-
tention de l'administration des postes de dédi...
ner sa responsabilité dans des cas pareils.
Nous demandons que cette question, si impor-
tante pour le commerce et po.m le public en gé-
néral, soit examinée et résolue par la juridiction
supérieure, et nous ne cachons pas que nous
espérons que ce sera dans un sens contraire à -
celui du tribunal de la Seine.
LE PRIKCE NAPOLÉON. — Avant-hier, À la {t(
chambre du tribunal civil de ia Seine, venait
une instance introduite par le prince Napoléon,,
contre M. Frauteau, son ancien caissier en rem-
boursement : Il de i 0.7S fr montant d'une fac-
ture de reliure payée à Giralld, relieur, sans or-"
dre de l'intendant ; 2° de 400 fr. portés en dou-
ble sur le compte fourni par le défendeur, A son
tour, M. Frauteau, par une demande rcconven-
tiormelle, se prétend créancier du demandeur
de 500 fr. payés il Clootz; valei de chambre,
sans avoir porté cette somme dans le compte
qui fut arrêté le 9_ mars lS71. Il offre de dimi-
nuer lies 400 fr. qui ont été portés deux fois par
erreur sur les livres, et il demande 2,000 fr. de
dommages-intérêts.
- Me Nyer, avocat, a soutenu la demande du
prince Napoléon, et M0 Bertrand-Taii!ct a plaidé
pour M. Frauteau.
Le tribunal a renvoyé le prononcé du juge-
ment à huitaine.
L ASSASSIN DE BiA\co. — Voici quelques ren-
seignements exacts au sujet de l'extradition du
nommé Stupp, l'assassin présumé de M. Dubois
de Bianco.
Ainsi que nous l'avons annoncé, l'extradition,
de Stupp avait été accordée par le gouverneur de
New York en vertu d'un décr:ct de 1822 qui au-
torise ce fonctionnaire à accorder, dans des cas
déterminés, la remise d'individus étrangers. Tout
était préparé pour le départ de Stupp, lorsque
l avocat de celui-ci protesta contre l'extradition,
et prétendit que le décret susdit est inconstitu-
Lionnd.
Cette prétention est en ce moment soumise à
1ct cour suprême de New York dont la décision
sera connue dans quelques jours.
Si cette cour donne raison a l'avocat de Stupp;
les autorités de Belgique réclameront l'interven-
tion du gouvernement allemand dont Stupp -esf
un sujet, gouvernement qui a avec celui des '
Etats- Unis un traité d'extradition.
On le voit, Stupp échappera difficilement à ses
juges.
JuSTICE ALLE!L\SfJE. — On pense généralement
que l option du mari pour la nationalité entraîne
celle de la femme j c'est une erreur tpl'ii importe
de rectifier.
D après j l'interpellation allemande, les femmes
mariées, nées en Alsace-Lorraine, sont également
tenues de signer le certificat d'option en faveur
de la nationalité française.
UN "CONDAMNÉ A MORT. — La cour de cassa-
tion, chambre criminelle, présidée par M. Faus-i
tm-IIélic, a examiné le pourvoi formé par Guil-
N° 84. Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXVII
Insulte publique.
L'Oman prit place à un guéridon près du
vitrage, guignant constamment sur la voie pu-
blique, maugréant d'inintelligibles jurons, fu-
mant comme un volcan et s'administrant 'coup
sur coup des pures lampées de la brûlante li-
queur verte, sans deutepour calmer sa bouillante
impllticnce,
avih-L!mm}ge' qui fjnUPa1, attirer l'attention des
autres consommateurs, durait depuis une mia-
tantame de minutes, quand le buveur se leva
soudain, en s'exclamant d'aise.
venait de s'arrêter un coupé
d ou descendait Powschine.
Markoff, boyard qu'il ne courut à
les glaces if l Sa-nS cloute aperçu à travers
Dombn arobp ! S btait lourdem™t ébranlé
potL marcher au-devant de lui.
Voir le numéro d'hier.
lisse joignirent sur le seuil du lieu public. j
Le Russe avait l'air étrangement irrité. Loin !
de prendre la. main que lui tendait le Zapo- j
rogue, en souriant aussi aimablement que le
comportait son museau hérissé, il le repoussa !
avec violence dans la salle. ■ \
— Ah! je viens d'en apprendre de belles ! s'é- j
cria-t-il en le foudroyant du regard. J'ai touché i
barre chez moi en revenant du bois de Bou- j
logne. Mon domestique Yvan m'a tout raconté!... f
Ainsi, non content de vous être introduit avec, ■
la dernière-inconvenance chez l' esquive Will-
comb, vous avez poussé la grossièreté jusqu'à
l insulter au point d'être appelé par lui sur le 1
terrain ! et vous supposez que je couvrirai de j
mon patronage forcé d'aussi inqualifiables pro- 1
cédés ? Non ! mille fois non ! je vous renie.. j
Pétrus s aperçut alors que l'animation de soii !
débit concentrait sur lui et sur l'betman les yeux !
friands de scandale des habitués du café \n- '
glais. ^ A ;
Il sembla tenter un effort pour se maîtriser, et,
ne réussissant pâs à baisser sensiblement son
ton courroucé, il poursuivit au moins ses objur-
gâtions dans ce langage fantastique que son in-
terlocuteur et lui paraissaient seuls connaître.
Le Markoff, quelques instants ahuri, en s'en-
tendant apostropher si rudement, se fâchait à son !
tour, on le devinait aux plissements fébriles de !
ses vilains traits. Cependant, il se dompta assez
pour poser, presque froidement, au Moscovite,
dans leur impossible jargon, une question qui fit
éclater ce dernier dQ' rjre ironique le plus frois- i
sant. - *•-
— Ma parole d'honneur ! c'est trop fort, se r-é
cria-t-il, s'oubliant dans son* indignation jus- 1
qu'à reprendre le français. Moi, vous servir" de
parrain et vous en trouyer un deuxième, pour
vous battre contre sir Georges? Jamais de. la vie !
J'irais bien plutôt offrir mes cordiaux offices a c ;
galant homme, que j'ai livré involontairement à
vos lubies d:Ours échappé !
Le Cosaque ouvrit démesurément les paupières
comme quelqu'un qui doute du témoignage de' |
ses oreilles. Puis il grommela une phrase con- :
fuse, interrogative et menaçante, à laquelle son i
ex-cornac ne répondit que par un méprisant :
haussement d'épaules. 1
Pour le coup, le semi-Barbare gr'nça des dents
en vrai loup enragé; et, saisissant le premier
verre de vin à sa portée, sur la table d'un dé-
jeuneur, il lança le contenant et le contenu à la
tête de son antagoniste.
Le comte évita le solide, mais reçut presque I
tout le liquide sur la face. Il empoigna à la gorge |
son interlocuteur. j
■ Aussitôt, la plupart des sportmen qui hantent
la célèbre réfection se jetèrent entre les lutteurs
et les séparèrent non sans peine. Plusieurs de ces j
mondains, qui : connaissaient Powschino comme i
un partenaire de courses, de jeu et, de plaisir, I
s'offrirent simultanément à lui « pour poursuivre j
l'affaii,e. » i
Car, parmi les gens à la mode, cela pose tou-
jours d'être. compromis dans une rencontre
d'honneur, même en qualité d'assistant. Les j
journaux.à chroniques, qui brevètent les lions,
4es gandins et jusqu'aux petits crevés, comnroji-. !
nent dans leur glorieuse nomenclature aussi
bien ceux qui mesurent ou chargent les armes,
que ceux qui s'embrochent avec les épées ou
qui se trouent avec les balles! Et la réclame ne
coûte pas, au moins aux premiers, de mettra
leur peau en péril.
— Il n 'y a pas à hésiter". Pétrus, dit au Russe
un jeune cocodes de la plus belle venue. La voie
de fait a été publique. Le duel -doit suivre dans
lQ plus bref délai.
C'est précisément là que je voulais arriver,
déclara Je boyard, qui avait repris tout son
sang-froid avec une étonnante promptitude.'
M. Markoff n'a fait que lever la main sur sir
Willcomb. Moi, j'ai reçu son affront au visage.
Mon cas prime donc celui de l'honorable Améri-
cain. Aussi j'entends qu'on organise sur-le-champ
la réparation qui m'est due. Comme insulté, je
choisis le pistolet. Vous serez mes témoins, mes-*;
sieurs d'Arbrisac et Darville. L'hetman n'ayant au<.
cune relation à Paris, sauf la mienne, vous m'o-,
bligeriez beaucoup, vicomte, d'être, avec un de
vos amis, ses seconds.
JULES CAUVAIN.
(La suite à demain.) .., i %.. 1
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M&WMÉM3.
De tous les journaux à DIX CENTIMES^
c'est celui qui donne le plus de gravures &
d'articles intéressants^.. - -
Jardin des Plantes va s'enrichir d'une relique
historique très-curieuse.
Il s'agit de l'arbre, situé à Pspoita, à une
heure - et demie de Mesico, et ronnu sous le
nom d'Arbol de la Noche-Triste.
i , C'est sous cet arbre gigantesque que s'assit et
pleura Fernand Cortez, dans la nuit, d'angoisses
oÙ il'sc vit abandonné par ses compagnons.
)/. Cet arbre, objet de la vénération publique, a
été, il y a quelques mois, coupé et brûlé en
grande partie par des vandales.
Ce qui en reste est envoyé en Franoe par un
haciendcro des environs de Mexico, nommé don
Antonio de Careja y Rio Rojo.
—M. Eugène Berthoud, bien connu des lecteurs
du Figaro, sous te pseudonyme de Gontran Borys,
Vi011t de mourir d'une fluxion de poitrine après trois
jours de maladie seulement. Il était âgé de trente-
trois ans.
. Insensibilis a teur Duchesse.Guétison, extrac-
tion et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafavette.
LA BANDE DE LA TAILLE
Audience du 9 juillet.
Avant de commencer l'exposé de ce grand drame,
M. le président interroge Ribetto et la femme Pour-
rian, qui ont reçu les confidences de Galetto.
Ribetto refait la narration que nous avons déjà
donnée et qui se rapporte au crime de Malemort.
La femme Pourrian, elle, a connu le crime de
Lurs.
— Galetto, dit-elle, se vantait devant moi d'avoir
assassiné trois femmes à Lurs. Je ne croyais pas
qu'il pût dire vrai et je pensais qu'il obéissait à un
sentiment de vantardise. Je répondis: «.Oh ! ne dites
pas cela, les journaux racontent qu'on vient de tuer
un homme sur la route d'Aix. On pourrait vous in-
quiéter. » — Celui-là" reprit-il, c'est moi qui l'ai tué.
Je ne veux pas travailler. Je veux vivre sans rien
faire. Je suis-le cousin deNardi, exécuté à Marseille;
je veux le venger et tuer le plus que je pourrai. »
D. Vous entendez, Galetto? — R. Cette femme in-
vente.
D. Elle précise trop bien : trois. cadavres à Lurs,
un cadavre sur la route d'Aix. — R. Elle aura connu
ces détails par les journaux.
D. Vous avez réponse à tout. Malheureusement
pour vous, la femme Pourrian, qui ne peut, quoi
que vous en disiez, inventer de tels détails, rfest pas
seule à vous accuser. Tout vous accable.
M. le président expose des fflits du drame de Lurs,.
dont le récit je trouve dans la Petite Presse des 6 et
7 juillet dernier.
Dans ce crime comme dans les précédents, quand
on consulte les témoins et quand on interroge les
hommes de l'art, on trouve qtiatre auteurs, quatre
assassins munis de couteaux. Ces quatre assassins
sont Fontana, Garbarino, Galetto et Borgi (ce der-
nier en fuite), c'est-à-dire l'état-major de la bande
de bi'igands. Chacun de ces hommes a été pris muni
de sou coutelas. Seul Fontana ne possédait plus que
le fourreau de son arme. Dirns la rage qu'il déployait
à. sa sinistre besogne, la lame s'est brisée et a été
retrouvée sur le cadavre d'André Granier.
. — Eh bien, Garbarino, le 3 septembre, vous avez
été. vu à la Bdllane? — R. J'étais à Pertuis.
D. C'est tout ce que vous avez à répondre? — R.
Jene sors pas de là : je ne suis pas allé à Lurs. J'é-
tais a Pertuis.
' D. \ ous l'établirez si vous pouvez. Et vous, Ga-
tetlo, qu'avez-vous à di¡'e? — R. Moi je ne connais-
sais pas encore Garbarino, au mois de septembre. Je
1 cU connu en octobre, à JVl&rsoiiie. S'il a commis un
aime en septembre, je n'ai pas pu me rencontrer
avec lui. Le 3 septembre, j'étais à Orgon, où j'ai volé
du ble et de la lariiie. -
D. \ ous l avez déjà dit, et même l'autre jour vous
avez montre un grand empressement à avouer le vol
u.Urg-on. Vous aviez nié ce vol toujours et toujours, jj
,et quand vous avez cru pouvoir trouver un aiibi vous
n avex plus balancé, et vous vous êtes attribué un
vol auquel VOU3 êtes étranger. C'est vous qui avez
donne a la femme Arese les boucles d'oreilles prises
sur le cadavre de Rosa Granier. - R. Ce n'est pas
moi qui lui ai donne ces boucles d'oreilles.
L'l femme Arèse, interpellée, tergiverse.
^ eulper prè;;ident. T Il "RE s'agit pas de chercher à dis-
trouvées un complice. Les bouc ies d'oreilles ont été
r r 'est WA? Possession. Qui vous les a données?
foire Galetto. Il m 'a dit les avoir achetées à la
L Le président. — A la foire ! Il y a encore des ta-
i chas de sang sur ces boucles. Une pierre manque à
l'une d'elles, et le trou de la pierre est encore maculé
, à l'intérieur.
[ Les huissiers font passer la boucle et une loupe à
5 MM. les jurés.
Galetto. — Enfin, Angèle dit ce que bon lui sem-
; ble. Ce n'est pas moi qui lui al donné ces boucles
i d'oreilles.
Le président. — Et ce couteau, qui a nécessaire-
L ment servi à couper le cou des victimes, il n'est pas
à vous non plus? —R. Non.
D. Et il a été saisi sur vous. Les témoins qui ont
opéré votre capture vous l'ont enlevé. Vous le portiez
1 pas é dans la ceinture du pantalon. — R. Ils ont dit
t cela, mais c'était pour se faire valoir.
Le président. — Votre aplomb n'a rien de surpre-
nant, vous êtes bien le digne fils du forçat Galetto,
le digne petit-fils du condamné à mort Orlano, le di-
gne cousin du condamné à mort Nardi. — R. Je ne
suis pas petit-fils d'Orlano.
D. Votre mère n'est pas la fille d'OrJano? — R.
Elle est sa fille légalement, mais Orlano n'était pas
son père.
D. Continuez. Allez, rien ne peut étonner de votre
part, vous l'homme de vingt ans — nous le verrons
dans la suite de. ces débats — qui violez les jeunes
filles pour les jeter au feu quand vous avez satisfait
votre passion et vos instincts féroces, — car chez
vous la passion ne se contente pas des satisfactions
ordinaires Vivante encore, vous torturez votre vic-
time. Vous la faites mourir lentement pour goûter
un plaisir doublement odieux : l'amour dans la
mort. Si votre aïeul revenait, il serait jaloux de
vous. Celui qui volait des petites filles pour faire de
'la charcuterie de leur chair n'avait pas à vingt ans
commis les hauts forfaits qu'on vous reproche au-
jourd'hui.
La femme Arèse, interrogée à son tour, répond,
comme devant, qu'elle ignorait la provenance des
objets apportés chez elle.
Le premier témoin appelé est Sylvain Subo, le setil
survivant des hôtes do la ferme de l'Eve. Un frisson
secoue l'auditoire quand cet homme, tout jeune, et
vêtu en grand deuil, pénètre dans le prétoire. Le té-
moin, fort ému et faisant tous ses efforts pour rete-
nir les larmes qui l'étouffent, refait la narration que
nous trouvons plus haut, dans l'exposé de M. le pré-
sident. Il ajoute : j
— On avait fouillé un peu partout. Une commode j
dont la clef tenait à la serrure avait été fouillée. A j
droite et à gauche de la cheminée, deux bahuts j
avaient été fracturés, ainsi que la porte de l'un des 1
bahuts. — Dans le seuil tiroir qui n'eût 616 ni forcé j
ni fouillé par les assassins, se trouvaient 520 fr. en !
or, 130 fr. en argent et diverses obligations pour !
une somme de 400 fr. j
En entendant ces détails, les brigands se regardent 1
d'un air qui semble dire : It Si nous avions su ! »
D. Il était de notoriété publique que votre beau-
père avait touché une somme importante. — R. Oui,
5,000
Les huissiers montrent au témoin divers objets
volés, il les reconnaît tous. Quand on lui montre les S
boucles d'oreilles de sa femme, Sube fond en larmes j
et est prêt à défaillir. j
D. Ne savez-vous pas qu'on a retrouvé un coûte- j
las? — R. Oui, un morceau de la la ne perdu sous les ;
cadavres et le manche caché dans les cendres de la !
cheminée. i
Marius Lombard,, docteur en médecine, à Forçai- j
quier. — A fait tes constatations médico-légales, et
il énumère les blessures qu'il a constatées sur les :
cadavres.
Il conclut en disant :
— Les femmes n'avaiont pas été frappées debout :
la partie inférieure de leurs vêtements n'était pas
souillée de sang. Les murs et les meubles n'étaient |
point ensanglantés, comme il serait arrivé si les vie- !
times avaient été debout au moment cù les coups i
étaient portés. Des poignées de cheveux, arrachées j
sur le derrière de la tête de ces trois femmes:, étaient
répandues ça et là dans l'appartement. Il étn.it pro-
bable que, saisies par la chevelure, par derrière, et
terrassées subitement, elles avaient été frappées par
terre, maintenues fortement et la tête fixée sur le
sol. Elles ont été saignées là comme des agneaux. i
Le docteur parle des fragments de couteau re- !
trouvés. Ces fragments sont représentés et comparés ;
avec le coutelas de Garbarino et de Galetto, les trois
j se trouvent pareits.. •
D. Quel a dû être le nombre des assassins?—R. La
position des cadavres, la nature des blessures, indi-
quent que les assassins devaient être au moins qua.-
tre. Dans la, cuisine, chacune des femmes a été saisie
par un assassin, qui l'a terrassée et fixé sa tète sur
le sol. Le quatrième n'a eu qu'à leur couper le cou.
Toutes les sections vont de gauche à droite et pla-
cées au même endroit offrent le même caractère.
* Le couteau qui a. servi à cette sinistre besogne
s est engagé jusque dans les vertèbres, sur le corps
de la mère, et c'est pour cela qu'il s'est brisé.
D. Maintenant, que nous vous avons entendn
comme docteur, veuillez nous renseigner comme té-
moin. — R. Dans la jou'née du 3 septembre, j'ai
passé en voiture devant la ferme de l'Eve, j'ai vu
deux individus rôdant autour. Ils ont échangé un
bonjour avec mon domestique, ainsi que c'est l'ha-
bitude à la campagne, et, d'après le son de voix, je
puis affirmer que ces individus étaient des Piémon-
tais.
D. Vous avez vu leurs figures ?— R. Non. Ils nous
ont tourné le dos. Ils dissimulaient leur vigage.
On entend ensuite les témoins relatifs à la présence
des accusés sur les lieux voisins du crime.
Puis viennent les parents des victimes.
Tous reconnaissent les boucles d'oreilles de Rosa
et d'Euphrasie.
Quand vient le tour du malheureux grand-père de
Rosa Granier, la salle entière fond en larmes en
voyant un vieillar(lqiii s'arrache les cheveux de dé-
sespoir.
La mère de Rosa ne peut lutter contre la douleur
qui l'accable. On lui présente les boucles d'oreilles
de sa jeune fille Rosa; elle les embrasse et tomba,
évanouie. Les huissiers s'empressent autour d'elle et
lui donnent à respirer do l'éther.
Les accusés sont toujours impassibles.
Enfin comparaissent des témoins, agriculteurs et
i 1 charretiers, qui connaissent les accusés pour les
! avoir eus comme voisins.
j Ces derniers témoins ajoutant renseignements sur
; renseignements, il est établi que Galetto était aussi
j à la BriQane le 3 septembre. Il ressort de tout ce
qui est dit que les quatre Piémontaisqui se sont ren-
dus à la ferme de l'Eve sont : Fontana, Garbarino,
i Galetto et Bargi, ce dernier actuellement en fuite,
i L'audience est levée à G h. 1(2. :
Audience du 10 juillet.
(Dépêche télégraphique.)
| Aix, 10 juillet, 6 h., soir. 1
| La première partie de l'audience d'aujourd'hui a 1
| été consacrée à l'interrogatoire des accusés et des té- i
j moins, relativement à l'assassinat du charretier
i Fautel, sur la route de Marseille à Aix, le 20 octo-
| bre 1871.
Les accusés nient être les auteurs de ce meurtre, 1
mais des révélations faites à la justice, par leur co- i
accusé Rlbetto, ont été entièrement cunfirëiées par
des preuves et des témoignages. I
A onze heures, on a commencé l'interrogatoire re-
latif au meurtre do la veuve Lambot, à Mevrargu-es.
Cet assassinat, qui a été suivi de vol, est parfaitement
établi. Galetto et Garbarino en sont les auteurs, Ri-
betto et Fontana les complices.
Les débats sont terminés. i
Demain matin le ministèra public prononcera son i
réquisitoire. 1
CHRONIQUE JUDICIAIRE
SINGULIÈRE PRÉTENTION.—Il n'est pas indifférent !
pour personne de savoir au juste à quoi s'en te-
nir sur le degré de garantie que le public doit
trouver dans la lettre chargée et déclarée, et à ce ;
titre nous croyons utile de faire connaître un ju- j
gement que vient de rendre à ce sujet le tribu- !
nal de la Seine. !
Voici le fait qui a, donné lieu au procès : |
Le notaire et la poste.
Un notaire d'Amiens, dont l'honorabilité n'est
pas douteuse, adresse 6,000 fr. à la baronne de i
Montai1leur en trois lettres contenant chacune i
2,000 fr., valeur déclarée; un reçu lui est donné, !
qui donne comme toujours avec" toutes les autres !
indications celle qui est la plus utile, le poids de j
chaque lettre ; il était indiqué 7 grammes 90 :
centig.. 'i
Lorsque les lettres arrivent à leur adresse, le
poids, pour l'une d'elles, n'est plus que de 6-1
grammes 50 c.; différence, 1 gramme 40 centi- j
grammes. j
Un billet de 1,000 francs se trouve en moins ;
dans la lettre ; or, notez que le poids d'un |
billet de banque de 1,000 francs correspond
— c'est le jugement qui le reconnaît - à cette
différence de poids de 1 gramme 10 centi-
grammes.
Il est vrai que les cachets étaient intacts et
qu'on n'apercevait pas la trace d'une violation
exercée sur la lettre.
On sait à quelle perfection de procédé cer-
tains employés de la poste— sans parler de ceux
du cabinet noir — sont arrivés pour ouvrir une
! 1 lettre sans qu'elle porte de traces apparentes dë
la violation des cachets.
Savez-vous ce que répond l'administration
des postes à une demande en restitution du bil-
let de 1,000 francs? Elle répond que l'indication
du poids ne prouve rien, qu'elle peut être le ré-
sultat d'une erreur de l'employé.
A quoi bon alors, ces indications ?
Si ce n'est précisément pour le c.ig actuel à
quoi bon le reçu donné par la poste relatant ces
indications ? Si ce n'est pour arriver tI. établit
que la lettre et son contenu ont subi une alté-
ration. L'administration ne se regarde même pas
comme engagée par les déclarations de ses pro-
pres agents.
Si le public, en compensation de la taxe de
chctvgewwvt et de la surtaxe de la déclaration* ne
doit trouver aucune sécurité, pourquoi imposer
ce chargement à peine de contravention? Ce
n est donc plus absolument qu'une mesure fis-
cale ? qu'on le dise alors.
Ce qu'il y a d'assez singulier dans cette con-
tcstation, c'est que, par le jugement qu'il a
rendu, le tribunal de la Seine a admis la pré-
tention de l'administration des postes de dédi...
ner sa responsabilité dans des cas pareils.
Nous demandons que cette question, si impor-
tante pour le commerce et po.m le public en gé-
néral, soit examinée et résolue par la juridiction
supérieure, et nous ne cachons pas que nous
espérons que ce sera dans un sens contraire à -
celui du tribunal de la Seine.
LE PRIKCE NAPOLÉON. — Avant-hier, À la {t(
chambre du tribunal civil de ia Seine, venait
une instance introduite par le prince Napoléon,,
contre M. Frauteau, son ancien caissier en rem-
boursement : Il de i 0.7S fr montant d'une fac-
ture de reliure payée à Giralld, relieur, sans or-"
dre de l'intendant ; 2° de 400 fr. portés en dou-
ble sur le compte fourni par le défendeur, A son
tour, M. Frauteau, par une demande rcconven-
tiormelle, se prétend créancier du demandeur
de 500 fr. payés il Clootz; valei de chambre,
sans avoir porté cette somme dans le compte
qui fut arrêté le 9_ mars lS71. Il offre de dimi-
nuer lies 400 fr. qui ont été portés deux fois par
erreur sur les livres, et il demande 2,000 fr. de
dommages-intérêts.
- Me Nyer, avocat, a soutenu la demande du
prince Napoléon, et M0 Bertrand-Taii!ct a plaidé
pour M. Frauteau.
Le tribunal a renvoyé le prononcé du juge-
ment à huitaine.
L ASSASSIN DE BiA\co. — Voici quelques ren-
seignements exacts au sujet de l'extradition du
nommé Stupp, l'assassin présumé de M. Dubois
de Bianco.
Ainsi que nous l'avons annoncé, l'extradition,
de Stupp avait été accordée par le gouverneur de
New York en vertu d'un décr:ct de 1822 qui au-
torise ce fonctionnaire à accorder, dans des cas
déterminés, la remise d'individus étrangers. Tout
était préparé pour le départ de Stupp, lorsque
l avocat de celui-ci protesta contre l'extradition,
et prétendit que le décret susdit est inconstitu-
Lionnd.
Cette prétention est en ce moment soumise à
1ct cour suprême de New York dont la décision
sera connue dans quelques jours.
Si cette cour donne raison a l'avocat de Stupp;
les autorités de Belgique réclameront l'interven-
tion du gouvernement allemand dont Stupp -esf
un sujet, gouvernement qui a avec celui des '
Etats- Unis un traité d'extradition.
On le voit, Stupp échappera difficilement à ses
juges.
JuSTICE ALLE!L\SfJE. — On pense généralement
que l option du mari pour la nationalité entraîne
celle de la femme j c'est une erreur tpl'ii importe
de rectifier.
D après j l'interpellation allemande, les femmes
mariées, nées en Alsace-Lorraine, sont également
tenues de signer le certificat d'option en faveur
de la nationalité française.
UN "CONDAMNÉ A MORT. — La cour de cassa-
tion, chambre criminelle, présidée par M. Faus-i
tm-IIélic, a examiné le pourvoi formé par Guil-
N° 84. Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXVII
Insulte publique.
L'Oman prit place à un guéridon près du
vitrage, guignant constamment sur la voie pu-
blique, maugréant d'inintelligibles jurons, fu-
mant comme un volcan et s'administrant 'coup
sur coup des pures lampées de la brûlante li-
queur verte, sans deutepour calmer sa bouillante
impllticnce,
avih-L!mm}ge' qui fjnUPa1, attirer l'attention des
autres consommateurs, durait depuis une mia-
tantame de minutes, quand le buveur se leva
soudain, en s'exclamant d'aise.
venait de s'arrêter un coupé
d ou descendait Powschine.
Markoff, boyard qu'il ne courut à
les glaces if l Sa-nS cloute aperçu à travers
Dombn arobp ! S btait lourdem™t ébranlé
potL marcher au-devant de lui.
Voir le numéro d'hier.
lisse joignirent sur le seuil du lieu public. j
Le Russe avait l'air étrangement irrité. Loin !
de prendre la. main que lui tendait le Zapo- j
rogue, en souriant aussi aimablement que le
comportait son museau hérissé, il le repoussa !
avec violence dans la salle. ■ \
— Ah! je viens d'en apprendre de belles ! s'é- j
cria-t-il en le foudroyant du regard. J'ai touché i
barre chez moi en revenant du bois de Bou- j
logne. Mon domestique Yvan m'a tout raconté!... f
Ainsi, non content de vous être introduit avec, ■
la dernière-inconvenance chez l' esquive Will-
comb, vous avez poussé la grossièreté jusqu'à
l insulter au point d'être appelé par lui sur le 1
terrain ! et vous supposez que je couvrirai de j
mon patronage forcé d'aussi inqualifiables pro- 1
cédés ? Non ! mille fois non ! je vous renie.. j
Pétrus s aperçut alors que l'animation de soii !
débit concentrait sur lui et sur l'betman les yeux !
friands de scandale des habitués du café \n- '
glais. ^ A ;
Il sembla tenter un effort pour se maîtriser, et,
ne réussissant pâs à baisser sensiblement son
ton courroucé, il poursuivit au moins ses objur-
gâtions dans ce langage fantastique que son in-
terlocuteur et lui paraissaient seuls connaître.
Le Markoff, quelques instants ahuri, en s'en-
tendant apostropher si rudement, se fâchait à son !
tour, on le devinait aux plissements fébriles de !
ses vilains traits. Cependant, il se dompta assez
pour poser, presque froidement, au Moscovite,
dans leur impossible jargon, une question qui fit
éclater ce dernier dQ' rjre ironique le plus frois- i
sant. - *•-
— Ma parole d'honneur ! c'est trop fort, se r-é
cria-t-il, s'oubliant dans son* indignation jus- 1
qu'à reprendre le français. Moi, vous servir" de
parrain et vous en trouyer un deuxième, pour
vous battre contre sir Georges? Jamais de. la vie !
J'irais bien plutôt offrir mes cordiaux offices a c ;
galant homme, que j'ai livré involontairement à
vos lubies d:Ours échappé !
Le Cosaque ouvrit démesurément les paupières
comme quelqu'un qui doute du témoignage de' |
ses oreilles. Puis il grommela une phrase con- :
fuse, interrogative et menaçante, à laquelle son i
ex-cornac ne répondit que par un méprisant :
haussement d'épaules. 1
Pour le coup, le semi-Barbare gr'nça des dents
en vrai loup enragé; et, saisissant le premier
verre de vin à sa portée, sur la table d'un dé-
jeuneur, il lança le contenant et le contenu à la
tête de son antagoniste.
Le comte évita le solide, mais reçut presque I
tout le liquide sur la face. Il empoigna à la gorge |
son interlocuteur. j
■ Aussitôt, la plupart des sportmen qui hantent
la célèbre réfection se jetèrent entre les lutteurs
et les séparèrent non sans peine. Plusieurs de ces j
mondains, qui : connaissaient Powschino comme i
un partenaire de courses, de jeu et, de plaisir, I
s'offrirent simultanément à lui « pour poursuivre j
l'affaii,e. » i
Car, parmi les gens à la mode, cela pose tou-
jours d'être. compromis dans une rencontre
d'honneur, même en qualité d'assistant. Les j
journaux.à chroniques, qui brevètent les lions,
4es gandins et jusqu'aux petits crevés, comnroji-. !
nent dans leur glorieuse nomenclature aussi
bien ceux qui mesurent ou chargent les armes,
que ceux qui s'embrochent avec les épées ou
qui se trouent avec les balles! Et la réclame ne
coûte pas, au moins aux premiers, de mettra
leur peau en péril.
— Il n 'y a pas à hésiter". Pétrus, dit au Russe
un jeune cocodes de la plus belle venue. La voie
de fait a été publique. Le duel -doit suivre dans
lQ plus bref délai.
C'est précisément là que je voulais arriver,
déclara Je boyard, qui avait repris tout son
sang-froid avec une étonnante promptitude.'
M. Markoff n'a fait que lever la main sur sir
Willcomb. Moi, j'ai reçu son affront au visage.
Mon cas prime donc celui de l'honorable Améri-
cain. Aussi j'entends qu'on organise sur-le-champ
la réparation qui m'est due. Comme insulté, je
choisis le pistolet. Vous serez mes témoins, mes-*;
sieurs d'Arbrisac et Darville. L'hetman n'ayant au<.
cune relation à Paris, sauf la mienne, vous m'o-,
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