Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-12
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 juillet 1872 12 juillet 1872
Description : 1872/07/12 (N2257). 1872/07/12 (N2257).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716057d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
* Le cadavre de Loueux portait, à la partie antérieure
du cou, 'deux larges plaies faites avec un poignard
ou un coutelas. Les musc!e' du cou, les nerfs, la ca-
rotide avaient été complètement divisés.
, La tête, 4a face, les mains, les autres parles du
corps n'offraient aucun signe de lutte. Les coups
portés, à l'improviste, par des mains exercées n'a-
vaient pas laissé à Loueux le temps de se défendre.
<— Des hommes couchés sur une aire, à 200 mètres,
it'avaient rien e"t$udu.
L'heure du crime avait été facilement déterminée.
1 Loueux partait de la Bastidane, au moment où neuf
heures sonn. ient : il avait été assassiné à deux ki-
tomètres de cette localité. Un quart d'heure peut-
être, une demi-heure certainement lui avait suffi
pour franchir cetfe distance. Le, crime s'était donc
accompli entre neut heures un quart et neuf heures
et demie du soir.
, Les meurtriers avaient pris à Loueux : le une
montre en argent de fabrication anglaise; 20 un sac
de nuit contenant divers effets d'habillement, notam-
ment un pantalon en peau de diable, un gilet de
même étoffe, un paletot et un pantalon de velours,
des chemines, etc.
Quatre Italiens ont été vus ce soir là traversant le
pont do Pertuis,, porteurs de paq' ets dont le signa-
5emcllt répond à celui des objets v.ol-és.
linf:■ , quand la bande a été arrêtée au Puy-Sainte-
fté airue, on a trouvé chez Fontana une partie des
objets volés. A MarseiJ'e, chez Trinchieri, on a saisi
le mouvement de la montre anglaise ayant appartenu
à Loueux.
Le pantalon et le gilet en peau de diable ont été
découverts teints en noir, en la possession de Fon-
tana. Le gilet était muni d'une grande poche inté-
rieure, la poche du coutelas, faite avec un morceau
de l'étoffe du pantalon de velours pris à Loueux.
, JJne grande portion de ce pantalon a été décou-
'verte transformée en un pantalon et un gilet d'en-
fant, confectionnés pour le fils de la femme Arèse,
concubine de Fontana,
L'étoffe du paletot de Loneux a été découverte chez
Fontana, transformée en gilet à grande poche inté-
rieur?, — toujours la grande poche, — et ce gilet
«tait à l'usage de Garbarino. Du même paletot, on
ivait fait une veste d'enfant pour le fils d'Angèle
Arèse.
1 En un mot, tous les objets vo'és à Loueux ont été
:etl'ouvés ou vus entre les mains de ses assassins.
— Eh bien, dit M. le président à la femme Arè?e,
voici le moment de fournir vos explications. Levez-
voas et répondez. C'est vous qui avez teint le gilet et
ie pantalon en peau de diable.
SI, Non. J'ai to jours vu ca. gilet et ce pantalon en
«toif®. Fontana l'a apporté à la maison pendant la
Wison des glomes.
D. Quel mois?
f R. Avant septembre.
D. Le crime a été commis le 19 août?
R. Je ne savais pas, moi, que Fontana faisait le
mal.
D. Vous ne saviez pas! Et vous ne vous deman-
diez pas d'où venaient les charrettes de provisions
que vous emmagasiniez? Vous ne vous demandiez
pas où allaient Fontana et les siens, pendant les
nuits d'oii ils l'etoul'lui,'nt tout souillés' de sang?
; R. Je suis bien malheureuse, allez! Est-ce que je
pouvais deviner?
L'accusée larmoyé et porte son mouchoir sur son
visage.
^ D. Vous prétendez avoir tout ignoré, ce qui est fort
invraisemblable. Vous prétendez aussi avoir toujours
vu le pantalon et le gilet teints en noir, et on a re-
trouve chez vous le bâton qui a servi à faire la tein-
ture: Allons! asseyez-vousl
Garbarino, !r-vfx-vo!!s. On a retrouvé en votre pos-
session le gilet de retours ayant appartenu à Loueux'
R. A Loueux 1 Je ne sais pas qui est Loueux, moi,
je ne sais rien.
L 'accusa, qui paraît satisfait de s-a réponse, sourit
seatement. ■
D. Que signifie ce billet?
R. Des Prisonniers venus de Marseille m'ont dit
que Trincliieri était accusé au sujet d'une montre, et
qu il avait été arrêté sur une de nos dénonciations.
Alors j ai voulu les rassurer.
D. Quels sont ces prisonniers ? Nous pourrions les
entendre.
R. Ah!... je ne les connais pas.
D. Vous avez de bonnes raisons pour ne pas les
connaître. Vous avez avoué être allé à Pertuis avec
Fontana?
R. Oui, le 15 août. *
D. Et le 19 aussi?
R. Non.
D. Vous niez iJujourd'hui j mais nous tenons vos
'premiers aveux.
Galetto, iuie ' ogé à son tour, nie absolument tout.
Ne se départissant pas de son,système, l'accusé in-
voque un-alioi qu'il est iospuissai -t à établir. Cet ac-
cusé est toujours le lion de l'audience. Toutes les
femmes, et elll s sont nombreuses, qui suivent les
débats se sont procuré à prix d'or sa photographie,
ipecialement tirée pour figurer au dossier, et qu'un
amateur a reproduite exprès pour satisfaire à la cu-
riosité du sexe faible.
JV1. le président passe à Trinchieri, qui, lui aussi,
invoque un alibi.
— Le 19 août, dit-il; j'étais encore an service de
M. Fabrc, charretier, et ne l'ai quitté que le 26 août.
D. Mais M. Fabre vous donne un démenti formel?
R. Il se trompe.
D. El. le ressort de la montre volée sur le cadavre,
retrouvé encore sur vous, démontre que vous avez
été possesseur de la montre? *
R. J avais fait un échange avec Fontana. Nous
nous rencontrâmes à la toire d'Aix, et j'échangeai
une vieille mont e contre celle-ci, en ajoutant 8 fr.
D. Vous changez de système, car vous prétendiez,
en principe, l'avoir achet e à Marseille, place Saint-
Martin. Et comment expliquerez-vous la précaution
que prend Garbarino, quand il vous voit à la prison,
et qu'il vous informe qu'il ne dira rien de la montre?
R. Garbarillo niait ce qti'il a voulu, mais je ne
sais pas pourquoi il s'inquiétait de la montre.
D. Il s'en inquiétait, parce qu'il savait que la pos-
session de la montre vous dénonçait comme corn.
plice de l'assassinat. Vous avez vendu le boîtier delà
montre ?
R. Oui. ' .
D. Vous avez voulu vendre !a montra entière.
Vous l'aviez donc achetée pour la vendre tout de
suite ?
R. J'avais besoin d'argent.
D. N'est-ce pas plu'ôt que vous vouliez vous en
débarrasser ?
R. Non Je ne savais rien de ce qui s'était passé
et j'étais légitime acquéreur de La montre.
M. le président revient incidemment sur l'interro-
gatoire de la femme Arèse qui proteste toujours de
son ignorance, j
D. Et comment pouviez-vous ignorer la vie crimi- j
nelle menée par votre amant et ses complices, alors-!
que votre petit enfant lui-même, un enfant de cinq
ans, n'a pas pu fai"e autrement que de s'apercevoir j
de ce qui se passait autour de lui? Quand le magis-
| trat instructeur a eu la pensée de l'interroger, l'en- '
fant a répondu : j
- Papa, maman?... ils font les voleurs. j
On passe à l'audition des témoins. j
On entend les geudarhies iui ont découvert le ca- j
davre de Loueux et les personnes qui ont vu ce !
dernier quitter la Bastidaiie à neuf heures du soir, !
Je 19 août.. j
Puis vient le juge de paix qui a fait les constata-
tions légales, telles que M. le président les a répé- j
tées plus haut dans son exposé. |
Lecture est donnée du rapport médical touchant !
les plaies trouvées sur le cadavre. Le rapport con- j
clut à la coopération de plusieurs assassins se ser- j
vant de coutelas. !
Les gouttes de sang répandues sur le chemin l'a- |
vaient été ppur donner une fausse piste et faire j
croire que les assassins avaient fui dans une direc-
tion autre que celle qu'ils avaient prise réellement.
Signoret Léonard, propriétaire à Pertuis, raconte
que, une quinzaine après le crime, étant à la chasse,
il a découvert dans une touffe de chêne vert, à quinze
mètres de la route de la Bastidane, à sept ou huit
centimètres du lieu de l'assassinat, en se dirigeant
vers Pertuis, deux compas te charpentier, une règle,
un mètre, une jauge, une veste d'ouvrier, le tout
ayant appartenu à l'infortuné Lourux.
Viq#,orine. Loue''x, épcu'e WatteallX, reconnaît le j
mouvement de la montre qui a appartenu à son mal- I
heureux frère, ainsi que divers vêtements saisis chez j
Fontana. Le pantalon et gilet teints en noir 'O!lt
également reconnus par le témoin, qui démontre au j
jury que le .t't il(iii a été raccourci, I
Le président. - G;trbarino, vous portiez ce gilet? !
L'accusé. — Certainement; je l'ai acheté à Chil- 1
Ion sur-Saône. Il y a diverses étoffes qui se ressem- !
blent.
Le président. — J'en conviens, mais le témoin ne
reconnaît pas que l'étoffe. Certain travail de couture
que Mme Watteaue él fait elle-ixême est aussi recon- '
nu par elle. |
Le témoin. — Non-seulement la couture, mais la
doublure me fait reconnaître le gilet. Cette doublure
est la même que celle du paletot.
Au récit du tém oin qui reconnaît un à un les vê-
tements et objets du mort, ceci « que maman lui
avait donné, » et puis « cela que j'avais lahl iqué
pour lui de mes mains, » l'auditoire se laisse aller à
l'émotion bien naturelle q¡,i l'ernpflig-ne, el. les fem-
mes portent souvent le mouchoir à leurs yeux.
Seuls, les accusés demeurent impassibles. '
La mère de l'infortuné Loueux répète la précédente
déposition. La pauvre mère ne peut cep ndant répé- i
ter les détails donnés par sa fille. Les larmes étouf-
fent sa voi« e elle ne tarde pas à donner cours à la
douleur qu'elle ne l eut maîtriser.
Mouron, teinturier, à Aix, à qui les objets feints
sont représentas :
— Ces objets ont été teints par quelqu'un d'inex-
périmenté.
D. Rapprochez ce bâton saisi chè'Z Fontana des '
objets teints. i
R. Ce bj o i qui a dû servir à opérer le mélange
dés di@ogii, s est teint exactement de la même cou-
leur que les vêtements.
Pan vif, fripier, à Aix, à qui sont aussi représefités
les mêmes objets et chez qui Fontana prétendait les
avoi achetés :
— Je ne reconnais pas ces objets et ne les ai pas
vendus. Ils sont teints, mais assez mal pour qu'il me
fut facile de les reconnaître si je les avais vendus.
Boissonnet, horloger à Serrières (Aruèche). — Il
reconnaît a,ec la plus entière certitude la montre
anglaise saisie chez Tritichieri comme ayant été ré-
parée par lui en 1 868.
D. A quoi la reconnaissez-vous?
R. A tous les signes qui lui sont parMcuHers, et à
une marque que j'ai faite sur le pont de l'échappe-
ment, comme j ai _1 habitude de le faire sur tou-
tes les montres qui passent par mes mains.
Clary, Louis, horloger à Marseille, reconnaît égale-
ment. la montre, et ajoute :
— Le 20 septembre, Trinchieri m'apporta, cet'e
montre et _un réveil pour les arranger. Il prétendit
avoir besoin d'lino montre, et je lui en prêtai une.
D. Est-le ce))e-ci?
L'huissier prend une montre dans les pièces à con-
viction.
R. Oui, et il a fini par h garder au prix de '10 fr.
Le présidf'nt. Eh bien, Trinchieri, vous disiez
tenir, celte dernière^ montre de Fontana, Comment
auriez-vous échangé avec Fontana, alors que vous
n'aviez pas encore vu l'lm\'!ogcr ?
R.' L'horloger fait erreur. Qu'il fasse voir son re-
gistre. ,
Trinrhieri, qui ne peut donner l'empli de son
temps le 19 août, a préteniu avoir travaillé comme
I charretier chez M. Fabre, maître charretier. Ce der-
| nier, entendu à l'audience, déclare q :e Trinchieri a
j dû le quitter te 15 août; mais il ne peut affirmer
! positivement son dire. • ■
; On entend encore quelques témoins insignifiante,
et raudienc-} est levée à sept heure'.
Audience du 9 juillet.
(Dépêche télégraphique.)
Toute l'audience d'hier a été consacrée au drame
de Lurs, où fut assassinée la famille Granier.
Les ac usés nient formellement leur présence sur
les )ieu.\ dl] cr.me, lo jour où il fut commis.
L'interrogatoire des accusés n'a pas amené d'a-
veux. Ils persistent à nier, mais les dépositions des
témoins sont écrasantes.
Beaucoup d'entre eux affirment avoir vu au vi!-
lage, deux heures avant le crime, quatre Piémontais,
parmi lesquels étaient Fontann, Garbarino et Ga-
letto, et nn quatrième qui a fui eu Italie.
La famille des victimes reconnaît le linge et les
bijoux volés aux leurs et trouvés en possession de la
femme Arèse.
Les accusas n'en persistent pas moins à nier.
Les débats relatifs à ce chef d'accusation étant
terminés, aujourd'hui la cour continuera l'interroga-
toire, pour les autres meurtres.
CHRONIQUE JUDICIAIRE
L'AFFAIRE SAINT-LAURENT, — A la fin de ce
mois doivent comparaître devant le 3° conseil de
guerre, siégeant à Versailles, les individus accu-
sés d'avoir pillé l'église Saint-Laurent, Il y a un
nommé Godefroy, sur lequel pèsent de très-
lourdes charges. C'est lui qui, le vendredi-saint,
à cinq heures de l'après-midi, vint faire fermer
l'église. Le vendredi suivant, commença la lu- !
gu'bre comédie de l'exhibition des cadavres.
Plusieurs pei'sonnes qui ont, pris une très-
grande part à ces scènes sont mortes ou n'ont
pas pu être atteintes par la justice. Leblood, le !
commissaire de police qui présidait aux perqui- !
sitions, ceint de son écharpe rouge, a pu se ré-
fugier à l'étranger; son .secrétaire, Henri Pié, a
été tué pendant la journée du 5, et Rcusselet,
qui dirigeait le spectacle des cadavres (on payait
50 centimes par personne), a disparu sans qu'on
sache où il est passé.
AFFAIRE DE BAYONVILLERS. Depuis plusieurs i
années, de nombreux crimes étaient commis
dans le canton de Rosières (Somme) et dans les
cantons voisins, où le souvenir de la bande Le-
maire effraye encore les populations.
Un des derniers crimes a été l'assassinat des
époux Debras. M. et Mme Deb-as possédaient
environ 150,000 fr. A la fois avares et vanitc,ux,
ils cachaient leur arg'cnt'et en parla.ent beau- 1
ccup. Le mari était impotent, la. femme pouvalfe
à peine marcher.
Le 21 février dernier, leur va1ct de ferme, qui
ne restait pas à la maison, arrive et trouve ses
maîtres étendus morts par terre. Le chien avait
été assommé comme ses maitres.
Les soupçons se sont portés sur Cauchy et
oOiteJ, anciens domestiques des époux Debras.
Il,, viennent d être juges par la cour d'assise»
de. Somme, et -condamnés : Cauchy à ls
peine de mort, Boitcl à quinze ans de travaux
forcés.
L'AFFAIRE GUYARD. — Le pourvoi en grâce de%
femme GlIyard, condamnée à mort pour avoii
tiré sur Mgr Surat, a été rejeté.
Bien que condamnée par un conseil de guerre,
elle sera guillotinée. Son exécution aura lieu sur
une des places publiques de Versailles.
Le recensement de la population parisienne a été
fatal aux insurgés restés à Paris. La justice a déco't-
vert dans le relevé des noms une fuule d'individus
qui avaient rempli des fonctions pendant la Cjm-
mune. Ils vont. être traduits devant les tribunaux
correctionnels.
La cour d'assises de la Seine a condamné le gérant
du journal l*. Ranpel à 500 fr. d'amende pour avoir
signale la répartition des voix des jurés dans l'affaire
Bordone-Chenet.
BULLETIN DRAMATIQUE ET ARTISTIQUE
Raphaël Félix est mort hier à Londres des
suites de l'anthrax dont nous avons parlé.
Depuis trois jours il avait été transporté à S y-'
denham.
Le corps du défunt arrivera demain à Paris,
où auront lieu ses obsèques.
Le prince de Galles a envoyé au théâtre que
dirigeait Raphaël Félix ses compliments de
condo'éance. \
On vient de vendre aux .enchères, pour le prise,
de 150,500 francs, la jolie maison de campagne,
située à Brunoy, que le tragédien Talma avait
habitée pennant longtemps, et où il reçut un
jour -la visite de Napoléon Ier.
Cette^ habitàtiou très-somptueuse avait été
construite en 1R02,. sur l'emplacement du châ-
teau des marquis de Brunoy.
Jeudi 11, au théâtre du Chàteau-d'Eau, pre-
mière représentation du ltH. ade des roses dt
MM. Antony Béraud et Hippolyte Hos&é
LES
DÉPARTEMENTS MARTYRS
HISTOIRE ANECDOTIQUE
DE L'OCCUPATION ALLEMANDE
II. — SEINE-ET-OISE
Boissy-Saint-Léger. — Livry. — Chelles.-
Groussainville. — Louvres. — Enghien.
Le juge d'instruction. — 1,0 fils du maire de Livry, — Affaire
Bertin, de Chelles. — Le gendarme de Louvres. '
Faisons une rapide revue des communes dans
chacune desquelles se trouvait ua détachement
de l'armée d'ocetipatinn.
Partout les Allemands ont trouvé moyen de
laisser d'odieux souvenirs.
A Boisây-Saint-Léger, pendant l'occupation, se
trouvait le juge d'instruction (unte1's1.J-chungsl'wlt...
ter) chargé de la justice allemande. Disons que
les officiers impériaux et royaux lui rendaient
la- besogne facile en se faisant à la fois partiesr
juges et exécuteurs de leurs propres arrêts.
+
A Livry, nous avons un drame qui donne à lu'»-
seul la mesure de la bonne foi prussienne.
— N° 82. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXVII
Insulte publique.
Willcomb traversa ses salons, et, dans le der-
nier, il se rencontra avec Powschine qui venait
d'offrir respectueusement son braa à Elise, sor-
tant de jeter un dernier coup d'oeil aux préparatifs
du grand souper.
— Savez-vous ce qu'est, devenu mon Sioux du
Caucase? lui demanda Pétrus; je le croyais avec
.l l'heure encore, répondit
b t ' ! Américain.'Mais, se sentant su-
dehSf « ®p0 ' il a accepté que je le mette
duire, vous déranger pour le recon-
porc- - Courtoisie qui m'étonne, de la part de ce
bien re*,arUt le. boyard; au fond, j'en suis
a me laissera la liberté enviée de
ëlore foils, elle le aaa-vec votre aimable dame... si toute-
neur. 8°e m accorder insigne hon-
e,n jusqti", la fin du raout, eut
iJ efc d^s traits heureux pendant le repas,
aerSp«anS -'Spnl ses hôtes parmi les plus
?We-garde
Voir Je numéro d'hier. ne prit congé tu'avec l'ar-
Comme l'aurore pointait,, quand il quitta l'hô-
tel de l'avenue de l'Impératrice, sans doute tenté
par l'appât d'un beau matin printanier hors de la
ville, au lieu d'ordonner au cocher de son coupé
de le reconduire à son domicile, rue Taitbout, il
lui dit de le promener au bois de Boulogne.
Dans cette matinée même, vers dix heures, le
chancelier et le premier attaché de l'ambassade,
des Etats-Unis se présentèrent chez le comte
russe et demandèrent si son commensal, l'htt-
man Markotf, était visible.
L'espèce de moujick camard et barbu, qui
avait répondu à leur coup de sonnette, intro-
duisit ces messieurs dans le cabinet d'armes de
Powschine: 3eul endroit, par parenthèse, où ne
s'étalait point un luxe criard, sentant en diable
le clinquant et le plaqué, entre les quelques piè-
ces du petit appartement d'entre-sol que traversè-
rent les deux Yankees.
Le Cosaque ne tarda pas trop à se montrer.
Le chancelier le salua tout d'abord en slave,
mais son interlocuteur fit une grimace affreuse, i
— Langue des ennemis ! gronda-t-i!. Vous 1
parler pas circassien ou turcoman? Moi vous en- j
tendre, sinon en français. !
Les deux envoyés lui expliquèrent alors, non
sans peine, que leur ami et compatriote AL
Georges WiHcomb les avait pris à part, quaad se
terminait le gala nocturne où il les avait toès-
gracieusement conviés.
Sous le sceau du secret et en s'engageant à
gvd,er la chose entre eux, ils avaient appris de
lui son altercation avec M. M.irJkoff, et s'etaient
déclarés prêts à lui servir de témoins, pour le
duel impossible à éviter qui terminerait cette
querelle. En conséquence, ils venaient deman-
der à l'adversaire de leur client avec quels ho-
uorables gentlemens ils auraient à s'entendre,
quant à l'heure, au lieu et aux conditions de la
rencontre.
L'hetman tenta d'abord de répondre directe-
ment, mais son fond rudimentaire de notre
idiome était insuffisant pour une pareille cxp!i-
! cation.
Il dut appeler à son aide le valet de chambre
à tout faire de Pétrus, qui parlait un auvergnat
passable pour un serf moscovite. Ce truche nent
: traduisit'donc l'harmonieux croassement const-i-
1 tuant, paraît-il, le pator:, zaporogue.
j ^ - L'illustre sheich, articult pompeusement
; l'interpt'ete, me chargea de dire à messeigneurs
i que le seigneur mon maitre est sa seule con-
naissance in ime à Paris jusque-là. Or, comme
monseigneur Powscb'ne a eu sans doute quel-
; que aventure galante, qui l'a empêcha de rentrai
; cette nuit, et meme jusqu'à présent, sa seigneu- I
I rie Markoff ne peu i savoir qu ,..l second prendra i
r le seigneur com e, liU 'il choisit pour premier
assistant. Il va alla attendre au cafo ArIgrais, où
monseigneur et maître déjeune toujours. Dès
que m'es deux seigneurs se seront, entendus
monseigneur le comte et le seigneur qu'il se
sera adjoint se rendront à l'adresse marqua par
vos seigneuries, pour les arrangements devant
précé ier le combat.. fouchtra!
- Ce contre-temps remettra probablement la
réparation à demain, dit le chancelier, en dépo-
sant sa carte'sur un guéridon supportant une
botte à pistolets. Enfin, nous attendrons à l'hô-
tel de la légation, jusqu'à l'heure du dÎfler, les
mandataires de notre adversaire. Nous allons
envoyer un billet à M. Willcomb, pour lui expli-
quer le retard forcé que souffre notre mission.
Les deux diplomates saluèrent cérémonieuse-
ment le Cosaque, qui leur rendit leur poli esse
avec la pesanteur de certains olatuterades sa-
van,-s ; et ils se retirèrent, escortés jusque Sllf,
le palier par le mouj»ck obséquieux.
L'hetman ne tarda pas à sortir lui-môme, et;
confirmant la version du valet du boyard, il «des—
cendit au boulevard pour s installer devant une
j des tables du café Anglais.
j Depuis son arrivée chez Pétrus, Markoff dé-
■ jeûnait avec lui dans cet aristocratique établis-
sement. Aussi son type baroque et sauvage ne
1 i produisait déjà plus qu'un effet négatif sur les
habitués de ce caravansérail de « la haulte
gueule, » riches oisifs accoutumés au défilé con-,
, ' linuel des touristes gastronomes de tous les peu-;
pies qui mangent le I:9atin.
i Les garçons en étaient même arrivés à traite?
! presque comme une connaissance « l'avaleur de
| bougies grasses, » qualification traditionnelle
qu'ils lui appliquaient entre eux, quoique le
Zaporogue ne leur eût jamais donné aucune
preuve dj cet appétit anti-lumineux.
Quand celui qui servait d'ordinaire le comte
et son inséparable vit le naturel des steppes ar-
river seul, il fit du zèle auprès de lui.
—■ Ami à vous, pas avec vom ? dit-il en par-
lant nègre, dans la croyance qu'il fallait ainsi •
s'exprimer pour s'entendre avec le descendant
d'Attila. Vous mangir sans M? Vous vouloir carte-
du jour ?
— Attendre î déclara brièvement le Cosaqtlfô
Carafon absinthe! cigares ! Moi à la kllètre.
Le garçon se hâta d'obéir.
JULES CAUVAIN.
(La suite à demain.)
du cou, 'deux larges plaies faites avec un poignard
ou un coutelas. Les musc!e' du cou, les nerfs, la ca-
rotide avaient été complètement divisés.
, La tête, 4a face, les mains, les autres parles du
corps n'offraient aucun signe de lutte. Les coups
portés, à l'improviste, par des mains exercées n'a-
vaient pas laissé à Loueux le temps de se défendre.
<— Des hommes couchés sur une aire, à 200 mètres,
it'avaient rien e"t$udu.
L'heure du crime avait été facilement déterminée.
1 Loueux partait de la Bastidane, au moment où neuf
heures sonn. ient : il avait été assassiné à deux ki-
tomètres de cette localité. Un quart d'heure peut-
être, une demi-heure certainement lui avait suffi
pour franchir cetfe distance. Le, crime s'était donc
accompli entre neut heures un quart et neuf heures
et demie du soir.
, Les meurtriers avaient pris à Loueux : le une
montre en argent de fabrication anglaise; 20 un sac
de nuit contenant divers effets d'habillement, notam-
ment un pantalon en peau de diable, un gilet de
même étoffe, un paletot et un pantalon de velours,
des chemines, etc.
Quatre Italiens ont été vus ce soir là traversant le
pont do Pertuis,, porteurs de paq' ets dont le signa-
5emcllt répond à celui des objets v.ol-és.
linf:■ , quand la bande a été arrêtée au Puy-Sainte-
fté airue, on a trouvé chez Fontana une partie des
objets volés. A MarseiJ'e, chez Trinchieri, on a saisi
le mouvement de la montre anglaise ayant appartenu
à Loueux.
Le pantalon et le gilet en peau de diable ont été
découverts teints en noir, en la possession de Fon-
tana. Le gilet était muni d'une grande poche inté-
rieure, la poche du coutelas, faite avec un morceau
de l'étoffe du pantalon de velours pris à Loueux.
, JJne grande portion de ce pantalon a été décou-
'verte transformée en un pantalon et un gilet d'en-
fant, confectionnés pour le fils de la femme Arèse,
concubine de Fontana,
L'étoffe du paletot de Loneux a été découverte chez
Fontana, transformée en gilet à grande poche inté-
rieur?, — toujours la grande poche, — et ce gilet
«tait à l'usage de Garbarino. Du même paletot, on
ivait fait une veste d'enfant pour le fils d'Angèle
Arèse.
1 En un mot, tous les objets vo'és à Loueux ont été
:etl'ouvés ou vus entre les mains de ses assassins.
— Eh bien, dit M. le président à la femme Arè?e,
voici le moment de fournir vos explications. Levez-
voas et répondez. C'est vous qui avez teint le gilet et
ie pantalon en peau de diable.
SI, Non. J'ai to jours vu ca. gilet et ce pantalon en
«toif®. Fontana l'a apporté à la maison pendant la
Wison des glomes.
D. Quel mois?
f R. Avant septembre.
D. Le crime a été commis le 19 août?
R. Je ne savais pas, moi, que Fontana faisait le
mal.
D. Vous ne saviez pas! Et vous ne vous deman-
diez pas d'où venaient les charrettes de provisions
que vous emmagasiniez? Vous ne vous demandiez
pas où allaient Fontana et les siens, pendant les
nuits d'oii ils l'etoul'lui,'nt tout souillés' de sang?
; R. Je suis bien malheureuse, allez! Est-ce que je
pouvais deviner?
L'accusée larmoyé et porte son mouchoir sur son
visage.
^ D. Vous prétendez avoir tout ignoré, ce qui est fort
invraisemblable. Vous prétendez aussi avoir toujours
vu le pantalon et le gilet teints en noir, et on a re-
trouve chez vous le bâton qui a servi à faire la tein-
ture: Allons! asseyez-vousl
Garbarino, !r-vfx-vo!!s. On a retrouvé en votre pos-
session le gilet de retours ayant appartenu à Loueux'
R. A Loueux 1 Je ne sais pas qui est Loueux, moi,
je ne sais rien.
L 'accusa, qui paraît satisfait de s-a réponse, sourit
seatement. ■
D. Que signifie ce billet?
R. Des Prisonniers venus de Marseille m'ont dit
que Trincliieri était accusé au sujet d'une montre, et
qu il avait été arrêté sur une de nos dénonciations.
Alors j ai voulu les rassurer.
D. Quels sont ces prisonniers ? Nous pourrions les
entendre.
R. Ah!... je ne les connais pas.
D. Vous avez de bonnes raisons pour ne pas les
connaître. Vous avez avoué être allé à Pertuis avec
Fontana?
R. Oui, le 15 août. *
D. Et le 19 aussi?
R. Non.
D. Vous niez iJujourd'hui j mais nous tenons vos
'premiers aveux.
Galetto, iuie ' ogé à son tour, nie absolument tout.
Ne se départissant pas de son,système, l'accusé in-
voque un-alioi qu'il est iospuissai -t à établir. Cet ac-
cusé est toujours le lion de l'audience. Toutes les
femmes, et elll s sont nombreuses, qui suivent les
débats se sont procuré à prix d'or sa photographie,
ipecialement tirée pour figurer au dossier, et qu'un
amateur a reproduite exprès pour satisfaire à la cu-
riosité du sexe faible.
JV1. le président passe à Trinchieri, qui, lui aussi,
invoque un alibi.
— Le 19 août, dit-il; j'étais encore an service de
M. Fabrc, charretier, et ne l'ai quitté que le 26 août.
D. Mais M. Fabre vous donne un démenti formel?
R. Il se trompe.
D. El. le ressort de la montre volée sur le cadavre,
retrouvé encore sur vous, démontre que vous avez
été possesseur de la montre? *
R. J avais fait un échange avec Fontana. Nous
nous rencontrâmes à la toire d'Aix, et j'échangeai
une vieille mont e contre celle-ci, en ajoutant 8 fr.
D. Vous changez de système, car vous prétendiez,
en principe, l'avoir achet e à Marseille, place Saint-
Martin. Et comment expliquerez-vous la précaution
que prend Garbarino, quand il vous voit à la prison,
et qu'il vous informe qu'il ne dira rien de la montre?
R. Garbarillo niait ce qti'il a voulu, mais je ne
sais pas pourquoi il s'inquiétait de la montre.
D. Il s'en inquiétait, parce qu'il savait que la pos-
session de la montre vous dénonçait comme corn.
plice de l'assassinat. Vous avez vendu le boîtier delà
montre ?
R. Oui. ' .
D. Vous avez voulu vendre !a montra entière.
Vous l'aviez donc achetée pour la vendre tout de
suite ?
R. J'avais besoin d'argent.
D. N'est-ce pas plu'ôt que vous vouliez vous en
débarrasser ?
R. Non Je ne savais rien de ce qui s'était passé
et j'étais légitime acquéreur de La montre.
M. le président revient incidemment sur l'interro-
gatoire de la femme Arèse qui proteste toujours de
son ignorance, j
D. Et comment pouviez-vous ignorer la vie crimi- j
nelle menée par votre amant et ses complices, alors-!
que votre petit enfant lui-même, un enfant de cinq
ans, n'a pas pu fai"e autrement que de s'apercevoir j
de ce qui se passait autour de lui? Quand le magis-
| trat instructeur a eu la pensée de l'interroger, l'en- '
fant a répondu : j
- Papa, maman?... ils font les voleurs. j
On passe à l'audition des témoins. j
On entend les geudarhies iui ont découvert le ca- j
davre de Loueux et les personnes qui ont vu ce !
dernier quitter la Bastidaiie à neuf heures du soir, !
Je 19 août.. j
Puis vient le juge de paix qui a fait les constata-
tions légales, telles que M. le président les a répé- j
tées plus haut dans son exposé. |
Lecture est donnée du rapport médical touchant !
les plaies trouvées sur le cadavre. Le rapport con- j
clut à la coopération de plusieurs assassins se ser- j
vant de coutelas. !
Les gouttes de sang répandues sur le chemin l'a- |
vaient été ppur donner une fausse piste et faire j
croire que les assassins avaient fui dans une direc-
tion autre que celle qu'ils avaient prise réellement.
Signoret Léonard, propriétaire à Pertuis, raconte
que, une quinzaine après le crime, étant à la chasse,
il a découvert dans une touffe de chêne vert, à quinze
mètres de la route de la Bastidane, à sept ou huit
centimètres du lieu de l'assassinat, en se dirigeant
vers Pertuis, deux compas te charpentier, une règle,
un mètre, une jauge, une veste d'ouvrier, le tout
ayant appartenu à l'infortuné Lourux.
Viq#,orine. Loue''x, épcu'e WatteallX, reconnaît le j
mouvement de la montre qui a appartenu à son mal- I
heureux frère, ainsi que divers vêtements saisis chez j
Fontana. Le pantalon et gilet teints en noir 'O!lt
également reconnus par le témoin, qui démontre au j
jury que le .t't il(iii a été raccourci, I
Le président. - G;trbarino, vous portiez ce gilet? !
L'accusé. — Certainement; je l'ai acheté à Chil- 1
Ion sur-Saône. Il y a diverses étoffes qui se ressem- !
blent.
Le président. — J'en conviens, mais le témoin ne
reconnaît pas que l'étoffe. Certain travail de couture
que Mme Watteaue él fait elle-ixême est aussi recon- '
nu par elle. |
Le témoin. — Non-seulement la couture, mais la
doublure me fait reconnaître le gilet. Cette doublure
est la même que celle du paletot.
Au récit du tém oin qui reconnaît un à un les vê-
tements et objets du mort, ceci « que maman lui
avait donné, » et puis « cela que j'avais lahl iqué
pour lui de mes mains, » l'auditoire se laisse aller à
l'émotion bien naturelle q¡,i l'ernpflig-ne, el. les fem-
mes portent souvent le mouchoir à leurs yeux.
Seuls, les accusés demeurent impassibles. '
La mère de l'infortuné Loueux répète la précédente
déposition. La pauvre mère ne peut cep ndant répé- i
ter les détails donnés par sa fille. Les larmes étouf-
fent sa voi« e elle ne tarde pas à donner cours à la
douleur qu'elle ne l eut maîtriser.
Mouron, teinturier, à Aix, à qui les objets feints
sont représentas :
— Ces objets ont été teints par quelqu'un d'inex-
périmenté.
D. Rapprochez ce bâton saisi chè'Z Fontana des '
objets teints. i
R. Ce bj o i qui a dû servir à opérer le mélange
dés di@ogii, s est teint exactement de la même cou-
leur que les vêtements.
Pan vif, fripier, à Aix, à qui sont aussi représefités
les mêmes objets et chez qui Fontana prétendait les
avoi achetés :
— Je ne reconnais pas ces objets et ne les ai pas
vendus. Ils sont teints, mais assez mal pour qu'il me
fut facile de les reconnaître si je les avais vendus.
Boissonnet, horloger à Serrières (Aruèche). — Il
reconnaît a,ec la plus entière certitude la montre
anglaise saisie chez Tritichieri comme ayant été ré-
parée par lui en 1 868.
D. A quoi la reconnaissez-vous?
R. A tous les signes qui lui sont parMcuHers, et à
une marque que j'ai faite sur le pont de l'échappe-
ment, comme j ai _1 habitude de le faire sur tou-
tes les montres qui passent par mes mains.
Clary, Louis, horloger à Marseille, reconnaît égale-
ment. la montre, et ajoute :
— Le 20 septembre, Trinchieri m'apporta, cet'e
montre et _un réveil pour les arranger. Il prétendit
avoir besoin d'lino montre, et je lui en prêtai une.
D. Est-le ce))e-ci?
L'huissier prend une montre dans les pièces à con-
viction.
R. Oui, et il a fini par h garder au prix de '10 fr.
Le présidf'nt. Eh bien, Trinchieri, vous disiez
tenir, celte dernière^ montre de Fontana, Comment
auriez-vous échangé avec Fontana, alors que vous
n'aviez pas encore vu l'lm\'!ogcr ?
R.' L'horloger fait erreur. Qu'il fasse voir son re-
gistre. ,
Trinrhieri, qui ne peut donner l'empli de son
temps le 19 août, a préteniu avoir travaillé comme
I charretier chez M. Fabre, maître charretier. Ce der-
| nier, entendu à l'audience, déclare q :e Trinchieri a
j dû le quitter te 15 août; mais il ne peut affirmer
! positivement son dire. • ■
; On entend encore quelques témoins insignifiante,
et raudienc-} est levée à sept heure'.
Audience du 9 juillet.
(Dépêche télégraphique.)
Toute l'audience d'hier a été consacrée au drame
de Lurs, où fut assassinée la famille Granier.
Les ac usés nient formellement leur présence sur
les )ieu.\ dl] cr.me, lo jour où il fut commis.
L'interrogatoire des accusés n'a pas amené d'a-
veux. Ils persistent à nier, mais les dépositions des
témoins sont écrasantes.
Beaucoup d'entre eux affirment avoir vu au vi!-
lage, deux heures avant le crime, quatre Piémontais,
parmi lesquels étaient Fontann, Garbarino et Ga-
letto, et nn quatrième qui a fui eu Italie.
La famille des victimes reconnaît le linge et les
bijoux volés aux leurs et trouvés en possession de la
femme Arèse.
Les accusas n'en persistent pas moins à nier.
Les débats relatifs à ce chef d'accusation étant
terminés, aujourd'hui la cour continuera l'interroga-
toire, pour les autres meurtres.
CHRONIQUE JUDICIAIRE
L'AFFAIRE SAINT-LAURENT, — A la fin de ce
mois doivent comparaître devant le 3° conseil de
guerre, siégeant à Versailles, les individus accu-
sés d'avoir pillé l'église Saint-Laurent, Il y a un
nommé Godefroy, sur lequel pèsent de très-
lourdes charges. C'est lui qui, le vendredi-saint,
à cinq heures de l'après-midi, vint faire fermer
l'église. Le vendredi suivant, commença la lu- !
gu'bre comédie de l'exhibition des cadavres.
Plusieurs pei'sonnes qui ont, pris une très-
grande part à ces scènes sont mortes ou n'ont
pas pu être atteintes par la justice. Leblood, le !
commissaire de police qui présidait aux perqui- !
sitions, ceint de son écharpe rouge, a pu se ré-
fugier à l'étranger; son .secrétaire, Henri Pié, a
été tué pendant la journée du 5, et Rcusselet,
qui dirigeait le spectacle des cadavres (on payait
50 centimes par personne), a disparu sans qu'on
sache où il est passé.
AFFAIRE DE BAYONVILLERS. Depuis plusieurs i
années, de nombreux crimes étaient commis
dans le canton de Rosières (Somme) et dans les
cantons voisins, où le souvenir de la bande Le-
maire effraye encore les populations.
Un des derniers crimes a été l'assassinat des
époux Debras. M. et Mme Deb-as possédaient
environ 150,000 fr. A la fois avares et vanitc,ux,
ils cachaient leur arg'cnt'et en parla.ent beau- 1
ccup. Le mari était impotent, la. femme pouvalfe
à peine marcher.
Le 21 février dernier, leur va1ct de ferme, qui
ne restait pas à la maison, arrive et trouve ses
maîtres étendus morts par terre. Le chien avait
été assommé comme ses maitres.
Les soupçons se sont portés sur Cauchy et
oOiteJ, anciens domestiques des époux Debras.
Il,, viennent d être juges par la cour d'assise»
de. Somme, et -condamnés : Cauchy à ls
peine de mort, Boitcl à quinze ans de travaux
forcés.
L'AFFAIRE GUYARD. — Le pourvoi en grâce de%
femme GlIyard, condamnée à mort pour avoii
tiré sur Mgr Surat, a été rejeté.
Bien que condamnée par un conseil de guerre,
elle sera guillotinée. Son exécution aura lieu sur
une des places publiques de Versailles.
Le recensement de la population parisienne a été
fatal aux insurgés restés à Paris. La justice a déco't-
vert dans le relevé des noms une fuule d'individus
qui avaient rempli des fonctions pendant la Cjm-
mune. Ils vont. être traduits devant les tribunaux
correctionnels.
La cour d'assises de la Seine a condamné le gérant
du journal l*. Ranpel à 500 fr. d'amende pour avoir
signale la répartition des voix des jurés dans l'affaire
Bordone-Chenet.
BULLETIN DRAMATIQUE ET ARTISTIQUE
Raphaël Félix est mort hier à Londres des
suites de l'anthrax dont nous avons parlé.
Depuis trois jours il avait été transporté à S y-'
denham.
Le corps du défunt arrivera demain à Paris,
où auront lieu ses obsèques.
Le prince de Galles a envoyé au théâtre que
dirigeait Raphaël Félix ses compliments de
condo'éance. \
On vient de vendre aux .enchères, pour le prise,
de 150,500 francs, la jolie maison de campagne,
située à Brunoy, que le tragédien Talma avait
habitée pennant longtemps, et où il reçut un
jour -la visite de Napoléon Ier.
Cette^ habitàtiou très-somptueuse avait été
construite en 1R02,. sur l'emplacement du châ-
teau des marquis de Brunoy.
Jeudi 11, au théâtre du Chàteau-d'Eau, pre-
mière représentation du ltH. ade des roses dt
MM. Antony Béraud et Hippolyte Hos&é
LES
DÉPARTEMENTS MARTYRS
HISTOIRE ANECDOTIQUE
DE L'OCCUPATION ALLEMANDE
II. — SEINE-ET-OISE
Boissy-Saint-Léger. — Livry. — Chelles.-
Groussainville. — Louvres. — Enghien.
Le juge d'instruction. — 1,0 fils du maire de Livry, — Affaire
Bertin, de Chelles. — Le gendarme de Louvres. '
Faisons une rapide revue des communes dans
chacune desquelles se trouvait ua détachement
de l'armée d'ocetipatinn.
Partout les Allemands ont trouvé moyen de
laisser d'odieux souvenirs.
A Boisây-Saint-Léger, pendant l'occupation, se
trouvait le juge d'instruction (unte1's1.J-chungsl'wlt...
ter) chargé de la justice allemande. Disons que
les officiers impériaux et royaux lui rendaient
la- besogne facile en se faisant à la fois partiesr
juges et exécuteurs de leurs propres arrêts.
+
A Livry, nous avons un drame qui donne à lu'»-
seul la mesure de la bonne foi prussienne.
— N° 82. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXVII
Insulte publique.
Willcomb traversa ses salons, et, dans le der-
nier, il se rencontra avec Powschine qui venait
d'offrir respectueusement son braa à Elise, sor-
tant de jeter un dernier coup d'oeil aux préparatifs
du grand souper.
— Savez-vous ce qu'est, devenu mon Sioux du
Caucase? lui demanda Pétrus; je le croyais avec
.l l'heure encore, répondit
b t ' ! Américain.'Mais, se sentant su-
dehSf « ®p0 ' il a accepté que je le mette
duire, vous déranger pour le recon-
porc- - Courtoisie qui m'étonne, de la part de ce
bien re*,arUt le. boyard; au fond, j'en suis
a me laissera la liberté enviée de
ëlore foils, elle le aaa-vec votre aimable dame... si toute-
neur. 8°e m accorder insigne hon-
e,n jusqti", la fin du raout, eut
iJ efc d^s traits heureux pendant le repas,
aerSp«anS -'Spnl ses hôtes parmi les plus
?We-garde
Voir Je numéro d'hier. ne prit congé tu'avec l'ar-
Comme l'aurore pointait,, quand il quitta l'hô-
tel de l'avenue de l'Impératrice, sans doute tenté
par l'appât d'un beau matin printanier hors de la
ville, au lieu d'ordonner au cocher de son coupé
de le reconduire à son domicile, rue Taitbout, il
lui dit de le promener au bois de Boulogne.
Dans cette matinée même, vers dix heures, le
chancelier et le premier attaché de l'ambassade,
des Etats-Unis se présentèrent chez le comte
russe et demandèrent si son commensal, l'htt-
man Markotf, était visible.
L'espèce de moujick camard et barbu, qui
avait répondu à leur coup de sonnette, intro-
duisit ces messieurs dans le cabinet d'armes de
Powschine: 3eul endroit, par parenthèse, où ne
s'étalait point un luxe criard, sentant en diable
le clinquant et le plaqué, entre les quelques piè-
ces du petit appartement d'entre-sol que traversè-
rent les deux Yankees.
Le Cosaque ne tarda pas trop à se montrer.
Le chancelier le salua tout d'abord en slave,
mais son interlocuteur fit une grimace affreuse, i
— Langue des ennemis ! gronda-t-i!. Vous 1
parler pas circassien ou turcoman? Moi vous en- j
tendre, sinon en français. !
Les deux envoyés lui expliquèrent alors, non
sans peine, que leur ami et compatriote AL
Georges WiHcomb les avait pris à part, quaad se
terminait le gala nocturne où il les avait toès-
gracieusement conviés.
Sous le sceau du secret et en s'engageant à
gvd,er la chose entre eux, ils avaient appris de
lui son altercation avec M. M.irJkoff, et s'etaient
déclarés prêts à lui servir de témoins, pour le
duel impossible à éviter qui terminerait cette
querelle. En conséquence, ils venaient deman-
der à l'adversaire de leur client avec quels ho-
uorables gentlemens ils auraient à s'entendre,
quant à l'heure, au lieu et aux conditions de la
rencontre.
L'hetman tenta d'abord de répondre directe-
ment, mais son fond rudimentaire de notre
idiome était insuffisant pour une pareille cxp!i-
! cation.
Il dut appeler à son aide le valet de chambre
à tout faire de Pétrus, qui parlait un auvergnat
passable pour un serf moscovite. Ce truche nent
: traduisit'donc l'harmonieux croassement const-i-
1 tuant, paraît-il, le pator:, zaporogue.
j ^ - L'illustre sheich, articult pompeusement
; l'interpt'ete, me chargea de dire à messeigneurs
i que le seigneur mon maitre est sa seule con-
naissance in ime à Paris jusque-là. Or, comme
monseigneur Powscb'ne a eu sans doute quel-
; que aventure galante, qui l'a empêcha de rentrai
; cette nuit, et meme jusqu'à présent, sa seigneu- I
I rie Markoff ne peu i savoir qu ,..l second prendra i
r le seigneur com e, liU 'il choisit pour premier
assistant. Il va alla attendre au cafo ArIgrais, où
monseigneur et maître déjeune toujours. Dès
que m'es deux seigneurs se seront, entendus
monseigneur le comte et le seigneur qu'il se
sera adjoint se rendront à l'adresse marqua par
vos seigneuries, pour les arrangements devant
précé ier le combat.. fouchtra!
- Ce contre-temps remettra probablement la
réparation à demain, dit le chancelier, en dépo-
sant sa carte'sur un guéridon supportant une
botte à pistolets. Enfin, nous attendrons à l'hô-
tel de la légation, jusqu'à l'heure du dÎfler, les
mandataires de notre adversaire. Nous allons
envoyer un billet à M. Willcomb, pour lui expli-
quer le retard forcé que souffre notre mission.
Les deux diplomates saluèrent cérémonieuse-
ment le Cosaque, qui leur rendit leur poli esse
avec la pesanteur de certains olatuterades sa-
van,-s ; et ils se retirèrent, escortés jusque Sllf,
le palier par le mouj»ck obséquieux.
L'hetman ne tarda pas à sortir lui-môme, et;
confirmant la version du valet du boyard, il «des—
cendit au boulevard pour s installer devant une
j des tables du café Anglais.
j Depuis son arrivée chez Pétrus, Markoff dé-
■ jeûnait avec lui dans cet aristocratique établis-
sement. Aussi son type baroque et sauvage ne
1 i produisait déjà plus qu'un effet négatif sur les
habitués de ce caravansérail de « la haulte
gueule, » riches oisifs accoutumés au défilé con-,
, ' linuel des touristes gastronomes de tous les peu-;
pies qui mangent le I:9atin.
i Les garçons en étaient même arrivés à traite?
! presque comme une connaissance « l'avaleur de
| bougies grasses, » qualification traditionnelle
qu'ils lui appliquaient entre eux, quoique le
Zaporogue ne leur eût jamais donné aucune
preuve dj cet appétit anti-lumineux.
Quand celui qui servait d'ordinaire le comte
et son inséparable vit le naturel des steppes ar-
river seul, il fit du zèle auprès de lui.
—■ Ami à vous, pas avec vom ? dit-il en par-
lant nègre, dans la croyance qu'il fallait ainsi •
s'exprimer pour s'entendre avec le descendant
d'Attila. Vous mangir sans M? Vous vouloir carte-
du jour ?
— Attendre î déclara brièvement le Cosaqtlfô
Carafon absinthe! cigares ! Moi à la kllètre.
Le garçon se hâta d'obéir.
JULES CAUVAIN.
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