Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-14
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 juillet 1872 14 juillet 1872
Description : 1872/07/14 (N2259). 1872/07/14 (N2259).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47160597
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
RJXR SANGLANTE. — Jeudi soir, près du pont
Neuf, une rixe s'est élevée entre des étudiants
-et quelques employés de commerce, à la suite
de laquelle trois des combattants sont restés
sur le carreau ; l'un avait la jambe bridée,
l'autre la tête fendue, le troisième plusieurs
côtes défoncées.
Quand survinrent les gardiens de la paix, at...
tirés par le bruit, ils ne trouvèrent que les trois
pauvres diables étendus sans connaissance sur la
«haussée; tous les autres avaient disparu.
Une enquête, ouverte par le commissaire de
police du quartier, a amené l'arrestation de plu-
sieurs cot]Pables.
LE CHIEN DE MICHEL CARRÉ.— Après dix jours
d'abstinence volontaire, le chien de Michel
^Carré, l'auteur de Gala'hée, de Mig: on, et de
tFaust, a succombé à la douleur que lui causait
lia mort de snn maître. Après. avoir, en quelque
-sorte, gardé le corps exposé, suivant l'usage, à
3a porte du défunt,, le fidèle Tom l'a accompagné
jusqu'à la porte de l'église d'Argenteuil, et, en-
suite, au cimetière du village.
Rentré à la maison mortuaire, Tom y vécu de
sa douleur, refusant toute espèce de nourriture
et ne buvant que quelques gouttes d'eau. Enfin,
ce modèle touchant de fidélité a expiré à la porte
du cabinet-de travail de Michel Carré.
; — L'hôtel de la préfecture de Metz et les grands
boulins qui l'avoisinent ont été détruits dans la nuit
au 10 au 11 juillet par un incendie.
-..Encore une victime des chaleurs. Avant, hier, à
peux heures, boulevard des Capucines, un individu
)fms avec une élégance tout aristocratique traversait
la chaussée pour rentrer au Grand^Hôtel, lorsque,
tout d'un coup, il s'arrêta en poussant un cri terri-
L!e et tomba toudroyé. Un médecin constata que le
Snalheureux venait de succomber à une congestion
cérébrale déterminée par la trop grande chaleur,
ai individu était un Anglais arri vé depuis deux jours
à Paris et descendu au Grand-Hôtel.
1 T ..
~ Jeudi, une division du lycée Bonaparte traver-
sait Paris, le chassepot sur l'epaule. Tout le monde
js arrêtait pour regarder passer ces gamins en armes,
|*t admirait leur mâle attitude.
— M. le géaéral Chabaud-Latour va être appelé
prochainement- au poste de gouverneur de l'Ecole po-
sytechnique..
Cour d'assises des Bouches-du-Rhône
LA BANDE DE LA TAILLE
Audience du 10 juillet.
Le 26 octobre 1871, vers six heures du matin, en-
tre le château d Albertoy et l'auberge de la Mounine,
, des charretiers qui sui aient la route nationale, se
dirigeant de Marseille à Aix, découvrirent le cadavre
du nomme Sautel (Eizéar-Paul), dit Poulet, âgé de
'quarante-qnatm alis, messager d'Apt.
Au milieu du clJernfo, une large tache de sang in-
n iquait 1 endroit où Sautel avait été frappé. Le ca-
davre avait été transporté, et non traîné, dans un
petit fossé, derrière le talus qui borde la route, on.v
remarquait de nombreuses lésions, se rattachant à
deux coups portés avec violence.
Dans un cham p voisin, à quelques mètres de la
r-oute, on avait trouvé une forte « taravelle » (bâton
de charrette), tachée de sang à l'une de ses extré-
Sutteftai nVclje' plus tard reconnue
-comme étant celle de l'une des deux charett.es que
conduisait Sautel, avait servi à l'accomplissement de
1 assassmat.
l L'instruction à établi que Sautel avait été dépouillé
l'de sa montre et de 1 argent qu'il portait sur lui.
I Ce cri vue est imputé à Garbarino et Galetto.
% Le confident de Galetto, Ribetto, a fait- connaître
-les incidents du drame.
*. Le président. — Voyons, Ribetto, répétez ce que
x-ous avez dit devant le magistrat instructeur.
Ribetto. — Eh bien!... Galetto me dit que lui et
son camarade, Garbarino, revenant de Marseille, où
'ils avaient vu leurs associés dans la maison du cor-
donnier a Gibbe qui était le lieu de leur réunion),
',ils avaient suivi un charretier qui remontait vers
Aix, et qui leur parut devoir être nanti d'argent,
parce qu il conduisait deux charrettes chargées de
marchandises, q e tantôt ils étaient devant, tantôt
derrière, qu'ils l'avaient abordé quelquefois, et que
le charretier lui avait dit...
D. Qui, lui? '
R. Galetto. Le charretier, paraissant très-effrayé,
lui dit : Vous paraissez ne pas avoir de travail; si
vous voulez, vous et votre camarade, venir avec moi,
j'ai besoin de monde. J'ai de la peine à en trouver,
et je vous donnerai à chacun cinq francs par jour.
« Mais moi, ajouta Galetto, ce n'était pas ses cinq
francs que je voulais, mais son argent. Nous nous
quittâmes encore, mais sans jamais nous perdre de
de vue, et, nous attendîmes le iieu et le mo-
ment favorables pour exécuter notre projet. Nous
évitions ainsi d'être remarqués par les charretiers
ou les personnes que nous rencontrions et qui au-
raient pu donner notre signalement, s'ils nous avaient
vus avec lui. »
D. Arrivez au fait.
R. Oui. Galetto me conta alors que : « Arrivé sur
un point de la route où il n'y avait personne, nous :
avons pris LI taravelle d'une de ses charrettes et nous
i 1 avons tué. Nous avons mis son corps sur le bord de
| la route, nous avons pris l'argent et la montre, ainsi
! qu'un portefeuille, espérant y trouver des billets de i
j banque. Nous avons marché quelque temps, Garba- '
rmo et moi, avec les charrettes ; nous sommes mon.
tés dessus pour les fouiller et voir si nous n'y trou-
vions pas de l'argent ou quelque autre chose à pren- j
dre ; mais il n'y avait que du tourteau, du sucre, du !
café et autres objets; et comme le jour allait p traî-
tre, nous avons laissé I;i. les charrettes et nous som- i
mes entrés dans un bois. ,1
e Là nous avons examiné ce que contenait lepor-
.tefeuille. Mais nous n'y avons trouvé que des écrits
relatifs aux marchandises que le charretier avait
vendues, et à ses comptes. Nous l'avons brûlé. Gar-
barino avait pris la montre et moi l'argent. Nous .
aurions cru trouver davantage. »
Garbarino et Galetto, interrogés, nient avoir été à !
Marseille au moment du crime. Bien entendu, ils ne
savent pas de qui ni de quoi il est question quand on
parle du charetier assassiné. 1
L'audience est suspendue, et à la reprise on entame
les débats relatifs à l'assassinat de la veuve Lambot,
a A-leyrargues. • i
LA FEMME MORTE ET LA CUISSE COUPÉE
i Ce fut à la suite de cet assassinat qu'on arrêta Ri-
betto et la femme Pourrian. Les révélations de ces
d-erniers amenèrent l'arrestation de Fontana et de sa
bande.
Sont compris dans l',ifraire : Galetto, Garborino,
Ribetto, Fontana et la femme Pourrian.
La veuve Lambot, âgée de 75 ans, occupait à Mey-
rargues le rez-de-chaussée d'une maison sise rue
Haute, à l'extrémité du village.
Depuis longtemps, celte femme avait cédé la plus
grande parti-e de son bien à ses deux filles et à ses
gendres, qui lui fournissaient les denrées nécessaires
a sa subsistance et lui donnaient même de l'argent
quand elle en demandait.
Le 26 septembre 1H66, par acte, notaire Gariel à
Peyrolles, la veuve Lambot vendit à Jacques Ribetto
une propriété rurale et sa petite maison à Meyrar- I
gues. !
Cette vente fut faite moyennant une pension via- !
gère et annuelle de 150 francs, payable par semestre. !
i.Ieilve se réserva, en outre, la jouissance
et 1 habitation d'une chambre, au rez-de-chaussé de
la maison.
Quelque temps avant l'assassinat. Ribetto et la
veuve Pourrian, sa concubine, étaient venus habiter
1 étage, au niveau de la rue Supérieure.
Quels sont les auteurs de cet assassinat?
La justice accuse Ribetto qui, pavant une pension
viagère à la veuve Lambot, avait'intérêt à la voir
mourir.
On passe donc à l'interrogatoire de Ribetto.
D. C'est vous qui, profitant des confidences de Ga.
letto, 1 avez amené à vous débarrasser de la veuve
Lambot? — R. Je ne suis pour rien dans cette af-
faire.
D. C'est ce que nous allons voir. — R. La nuit où
s t est commis le crime, le 4 novembre, j'étais ici à
Aix, à l'auberge de Ferrati.
D. Voilii votre version. Nous allons voir ce que di-
sent vos coaccusés. Yercellone, dites ce que vous
savez.
Verccllone. — Marie Caligaris m'a confié un secret :
qu'elle tenait de la f.?mme Arèse : Le Bachoti et le i
Bachin, c 'est-à-dii-e Galetto et Garbarino, auraient as.
sassiné la « vieille de Meyrargues. »
D. Femme Caligaris, répétez-nous cette confi-
dence.
Marie Caligaris. — C'est la femme Arèse qui m'a
confié ce secret, -ainsi que le déclare Vercellorie.
D. Eh bien ! femme Arèse, racontez comment vous
avez été mise au courant de ce drame.
Femme Arèse.—Un jour, je pris Marie à son bas-
.tidon!. et ïisus allâmes glaner des haricots. Il fut
question de la vieille femme qu'on avait tuée à Mey-
rargues, et alors je dis à Marie : Si vous me pro-
mettez de ne rien dire,' je vous annoncerai quelque
chose. Et Marie me l'ayant promis, je lui dis : Ce
le doit être Galetto et Garbarino qui ont. tué cette fem-
me. Un jour, à la maison, j'ai entendu Galetto dire
en causant avec Fontana et Garbarino :
é, « Christo! et cette vieille 1 nous n'avons pas trouvé.
si un sou chez, elle, nous .n'avons pu mettre la main
i, que sur la montre. « Un autre jour, Ribetto se trou-
r, vant a la maison, Galetto lui dit en colè e : « Si tu
r. ne me donnes pas les 200 fr., je te ferai à toi comme
q j ai fait à la vieille. Nous n'avons pas trouvé un SOli
is chez elle. » Ribetto promit de lui donner ces 200 fr.
ie dans quelques jours. Il devait, disait-il, retirer de
Cavaillon ; qu'il ferait citer ses
s débiteurs et qu une fois payé lui-même de ce qui lui
's était dû, il le satisferait.
Ribetto, pourquoi ce,) 200 francs pro-
Lt mis? C était le prix du service rendu? — R. Tout
cela n'est que mensonge. Tous ces gens-là sont coa-
lises contre moi pour me punir des révélations que
r ] ai faites sur leur compte.
s ; D. Galetto, levez-vous. Qu'avez-vous à dire sur
s accusation qui pèse' SUl' vous ? — R. Je ne sais l'in-
e térêt que pe!t avoir la femme Arèse à me mêler à
a cette affaire; mais j'y suis étranger. Je ne suis pas
e i allé a Meyrargues.
. D. Encore un alibi que vous n'établirez pas plus
. que les autres. — Et vous, Garbarino? — R. Je ne
- sais pas ce que tout cela signifie.
- | D. Vous n'êtes peut-être pas allé à Meyrargues,
1 i vous aussi ? — R. Non certes.
" J D. Toujours le même système, malheureusement
. j des témoins vous ont vu. Galette a fait des aveux,
I non a la justice, mais à la femme Arèse. — Levez-
. vous, femme Arèse, et répétez ce que vous a dit Ga-
5 letto. , .
t Femme Arèse. — Il me dit : « Je suis allé voir la
. vieille de Jacques... »
; . Le président. — Jacques, c'est Ribetto, le débiteur
j de la veuve Lambot.
Femme Arèse. — « Je suis allé voir la vieille de
s Jacques, comme si j'allais pour la caresser. Elle- m'a
reçu et je me suis assis à côté d'eiïe.
i « Elle m'a demandé si je savais qu'elle faisait la
vie; et je lui ai dit que oui. — Mais vous, m'a+elle
dit, vous n avez pas d'argent? Alors, je lui ai donné
quarante sous, que j;avàis demandés à Fontana, avant
de partir, et je lui ai offert aussi la petite montre de
Fontana. Elle a pris le tout, disant que la montre
ne valait pas grand'chose. Alors nous nous cou-
châmes ensemble et j'éteignis la lumière. Elle
me demanda pourquoi, et je lui ai répondu que
\? n' aimais pas la lumière en pareille circonstance.
j Puis, je l 'ai frappée avec une pierre aux deux côtés
du front, et elle a été morte tout de suite. Nousavors
ensuite cherché... »
D. Il a dit « nous? » — R. Oui... « Nous avons
cherche dans la chambre l'argent qu'elle pouvait
j .avoir et nous n'avons rien trouvé, pas même les
quarante sous. Nous n'avons retrouvé que la montre.»
voulait-il désigner quand il disait nous? —
: R. Il désignait Garbarino.
La femme POllrrmn, interrogée à son tour, se dé-
sintéresse du débat.
Les témoins sont introduits.
M. Rimbaud (Frédéric), docteur en médecine. —
| A constaté cinq blessures sur le cadavre de la veuve
^ Lambot. ^
j Une plaie à 13. tète produite par un instrument
contondant, et cinq lésions produites par un couteau
a lame longue, pointue et tranchante. — La femme
Lambot était debout ou assise -sur le bord du lit. Le
premier coup porté a été celui de la tête, puis les
coups de couteau dans le ventre, le corps étant légè-
ment renversé en arrière et tenu sur le bord du
lit; après sont venus les coups de couteau à la poi-
trine. Le corps a été ensuite jeté par terre, et, comme
l assassin percevait encore un sonlfle de vie à sa vic-
time, iH'a achevée par la section du cou, auquel il
s'est acharné par des coupures successives. Sur la j
cuisse droite, on aurait détaché un morceau de chair !
de la largeur de la main grande ouverte.
Le témoin ne s'expHoue pas plus longuement sur ;
cette dernière plaie. Un morceau de chair épais et ;
large a été détaché de la cuisse et n'a pas été re-
trouvé.. |
Les assassins causant entre eux se sont vantés !
d'avoir fait griller ce morceau de viande pour le 1
manger en guise de chateaubriand. j
L'instruction n'a-t-elle pu réunir des preuves pour !
étayer cette monstrueuse accusation, ou a-t-elle craint ; '
de jeter dans les débats un dé tail par trop révoltant, I :
le fait est que M. le président ne pousse pas l'illter- i '
rogatoire sur ce chapitre. - j ,
Tous les témoins entendus établissent la culpabi- 1 1
lité de Fontana, Galet.to et Garbarino. Le cas de Ri- j 1
betto demeure bien embrouillé. Quant à la femme ]
Pourrian, elle parait, avoir été étrangère aux agisse-
ments des assassins. Elle produit des témoins qui la
représentent com'!;e une femme très-charitable et
jouissant d'une certaine considération. |
_ Incidemment, il est question de la dernière tenta- '
tive d'évasion. Galetto, qui a vu son coup manquer,
a accusé Toleddno, condamné à mort, d'avoir éventé
la mèche, et le gardien-chef: a saisi un billet ainsi i
conçu : . j j
« Si votre dénonciation doit vous sauver la tête
tant mieux. Mais. quel qu'il soit, je me vengerai de
celui qui a fait manquer le coup. »
Galetto est bien l'homme féroce de la bande. Il
est le digne peut-fils d'Orsolano.
L'audience est levée à six heures et renvoyée i
demain pour le réquisitoire.
Audience du 11 juillet.
(Dépêche télégraphique.)
Aix, 8 heures du soir.
A l audience du matin, M. Soubrat, substitut du
procureur général, commence son réquisitoire en
tendant., hommage à M. Seymard, conseiller à la
cour pour le zèle et le talent qu'il a déployés vene
dant 1 instruction difficile de cette affaire. Il rappella
ensuite les antécédents de chaque accusé afin d'ex.
pliquer comment, avec leur caractère et leurs tristes
,quaIHés,..le rapprochement de ces hommes a formé
une b Inde redoutable. Il examine ensuite les vole
relevés.par l accusation et établis par les débats; iL
cusés.termine appelant sévérité du jury sur les ac.
L'audience est suspendue.
A la reprise de l'audience, à deux heures, l'avocat
général LIapier prpnd la parole pour soutenir l'accu-
sation sur les chefs d'assassinat. Il dk q-ue cette af-
faire est divisée en trois périodes et' il s'occupe de
celle qui commence le 19 août et qui finit le 4 no-
vembre, et a laquelle il a été préludé par le lugubre
assassinat du pont Mallemort, le if. mai 1871. Il fait
ressortir le rôle qu'a joué chaque accusé et s'attache
a la part qu'ils ont prise individuellement dans cette
longue série de crimes.
Il conclut eu demandant qu'il n'y ait pas de fai-
blesse pour que le châtiment puisse servir d'exemple.
En conséquence, le ministère public requiert l'appli.
canon de la peine capitale contre Dondero, Ghetto.
lrinchien et la femme Arèse.
Il admet des circonstances atténuantes en faveur
des autres accusés,
Ce réquisitoire éloquent et très-énergique a pro<
duit une vive impression.
CHRONIQUE JUDICIAIRE
Le 30 conseil de guerre a jugé treize individu»
accusés d être les émissaires de la. Commune
dans la Nièvre.
Ces, émissaires étaient étaient expédiés par
Paschal Grousset et ses collègues pour révolu-
tionner les départements en faveur du gouver-
nement des hommes de l'Hôtel-de-Ville.
Le 3e conseil, après une longue délibération, a
condamné ces treize inculpés de la manière sui-
vante :
Origet-Ducluzeau à la déportation simple.
Courot à vingt ans de détention.
Ravier, Humbert, Bernard et Rebecki à cinq
ans de détention.
. Chandioux à cinq ans de prison.
Bouche à deux ans de prison.
Godard, Gibauld, Marion, Boudret et Simo-
net, à un an de prison.
REJETS DE POURVOIS. — La cour de cassation;
chambre criminelle, présidée par M. le prési- j
dent Faustin-Héiie, a, dans son audience d'hier, '
rejeté les pourv-ois,, : !
Il De Charles Quentin et. Adrien Juhel, con-
damnes, le premier à la peine de mort, le second 1
aux travaux forcés à perpétuité, par décision du S
conseil de . guerre séant à Sèvres, du 11 mai j
1872, pour incendies de maisons habitées, pil— S
ic'ges, vols à main armée, etc., pendant l'insur-
rection ;
2° De Charles-Désiré Carlier, condamné à la.
peine de mort, par décision du 6e conseil de '
guerre séant à Versailes, du 18 mai 1872, '
pour incendie des entrepôts de la VilleUe ;
Et 39 de Ilenri-Raoul Deschamps, condamné
à la peine de mort, par décision du 6e conseil i
de guerre séant à Versailles, du 18 mai i872, -,
pour assassinat d 'un jeune soldat resté inconnu, !
LE FAUX MARQUI3 DE MONTMORENCY. — La cour ;
centrale criminelle de Londres vient d'envoyer!-
dans une maison de force un chevalier d'indus- }
trie fort connu à Paris, avant la guerre. "i
Henri BCIJson, c'est son nom, était le sCCi'é..-,'
taire particulier du rédacteur èn, chef d'un
journal.
N° 85. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXIII
Un duel extraordinaire
L imberbe que le boyard qualifiait aristocra-
tiquement, le même qui ,s'êtait si vertement p10-
aonce, l'instant d'auparavant, pour une bataille
immédiate, accepta avec ravissement la. mission
lui, 1 y mêlant, le mettait « en relief. »
Tant bien que mal, il fit comprendre au Za-
porogue écumant que les garçons du café main-
senaient à grand'peine dans un coin, ce dont îl
s agissait.
Oui, tout de suite, hurla l'inculte spadassin,
moi! ma Rédemption 1 Infâme traître à
ta chose allait ainsi sur des roulettes.
On envoya un commissionnaire quérir deux
grands remises : Powschine et ses gentlemen- j'
J'iders sautèrent ^ dans l'un; Markoff, le petit vi-
cpmte et un huitième d'agent de change 6 grîm- }!
pôrent dans l'autre.
Les cochers touchèrent d'abord pour la rue
ASS jurait M.d'Arbrisac,qui prit chez !
lui sa boite de pistolets Devisme. Puis les \foi- !
'Ë!LSC Jemir^nt en route et s'arrêtèrent de >
upuveau devant un grand estamirm du boule- !
le ntiméro d'hier. 1 j
j vard Bonne-Nouvelle, où stationnait invariable-
' ment, du matin au soir, faisant le stage du ca-
rambolage, un Jeune médecin sans clientèle, ca-
marade du financier fractionnaire. !
On emballa dans un des véhicules ce savant
docteur, dont la réputation commençait à se
fonder comme praticien d'office de presque tou-
tes les affaires d'honneur.
Enfin on se dirigea directement vers le bois
de Vincennes. j
Une demi-heure après, les deux remises sta- j
tionnaient dans une allée très-abandonnée des ;
taillis situés du côté de Saint-Mandé.
Les sept personnes qui en descendirent s'en-
foncèrent, à travers les cépées, à la recherche
d'une clairière où le gandin titré prétendait
s être battu, le mois précédent, « dans un déli-
cieux isolement, » et avoir été blessé au mollet
gauche. j
0\\1 découvrit, en effet, le précieux champ !
clos. <|
Les témoins se concertèrent ensemble, puis
avec 1«a parties, pour arrêter définitivement les !
règles du duel. j
— Comme insulté, j'ai choisi le pistolet, dé-
clara sans emphase Pétrus; mais j'entends ex-i
pressément ne point user de mon droit pour ti- >
rer le premier. Nous ferons feu ensembip. j
-. Saprisd! pas de générosité chevaleresque, 1
se récria le sportman lYarville. Rappelez -vous ce
; que vous aves raconté vous-même sur l'impi-
toyable adressa de votre chef de sotnia.
— Il m'a, sauvé naguère la liberté et peut-être
la vie, repartit l'a-dmirateur de Schamyl. Pour
rien fcu monde, je n'accepterai une chance de j
plus que lui, lorsqu'il s'agit de nous casser la i
tête.
Il fallut en passer par cette Y910rité inflexible. !
Pour diminuer les possibilités d'un résultat fu- :
neste, les assistants décidèrent, d'un eommun ,
accord, que les adversaires seraient placés à ;
trente-cinq pas l'un de l'autre. • j
- Trop loin! trop loin! Moi préférer le sabre! 1
Très fort au cimeterre, moi!... Et tout près! j
protesta le Zaporogue, pris d'une émotion bi-
zarre, qui amena un sourire goguenard sur les !
lèvres minces du comte. j
Mais la réclamai-ion du spadassin, selon toute j
apparence avide de sang, n'obtint aucune consi- 1
dération, j
Bientôt les combattants se trouvèrent face à I
face, ou plutôt de profil, leurs armes dûment j
chargées, séparés par la distance précitée. j
Le vicomte, désigné pour cet office, s'apprêta ;
à frapper dans ses mains les coups dont le troi- 'i
sième pouvait ouvrir, à deux vivants, les portes
de l'éternité. • j
— Markoff, dit alors le Russe avec son flegme
moqueur, je vous ai répété plusieurs fois que
vos tire-bouchons nuisaient à l'ensemble martial
de votre physionomie. Je vais vous rendre le
service de vous en supprimer un.
Cette bravade était de mauvais goût, au point
de vue français; mais son auteur apparlenait
à un peuple dont on ne peut, comme on sait, I
gratter la couche de civilisation, sans rencontrer I
dessous le caractère d'Yvan le Terrible et des
Strélitzs. J ..
Réellement, le descendant de Mazeppa portait
sur les tempes, se détachant desb¡'oussaill,s de
sa chevelure laineuse, deux énormes et in:er-
ininab'.Ss frisures, qui eussent semblé une charge ,
déplacée devant le cant des Anglaises à repenti' s. ;
Le petit crevé, pour couper court à un échange
probable de défis trop homériques, s'empressa ,
de donner le sienaJL ' \
Deux détonations retentirent ensemble...
Le Russe était sain et sauf, mais le Cosaque,
n avait plus qu'un de ses appendices capillaires.';
Il faisait une grimace assez indéfinissable de l
stupeur ou de soulagement.
Quant aux spectateurs, ils regardaient l'admis '
rable tireur avec ébahissement. !"
Bah ! le hasard ! murmura enfin d'Arbrisac i
a Darville. j
— Rechargez les pistolets, messieurs, dit le '
boyard, toujours froid comme glaçon. J'ai seul i
la faculté de cesser la lutte tant qu'une blessure
grave n'empêchera pas l'un de nous de la con- :
tinuer.
C'était vrai. Cinq minutes après, les duellistes '
furent replacés en présence, mais avec un chan-
gement de position voulu par Pétrus, sous pré-
texte de partage égal du soleil, et qui mettait
bien en vue, pour lui, la dernière boucle enspi»;
raie de son but humain.
— J'achève mon œuvre de merlan amateur/
scanda la voix stridente de Powschine, en
même temps que les frappements manuels du
vicomte.
Deux nouveaux coups de feux éclatèrent si-
multanément.
L'hetmaI1, ',gg yeux hagards, était coiffé main-"
tenp£|, presque à la Titus ! t, '
De son côté, le héros de cette merveille adresse
paraissait posséder le don magique d'«scamoteri
loin la balle ennemie; car, quoiqu'il eût été' *
soigneusement visé, rien n'en avait indiqué le
passage dans son voisinage. ^ - 'Sv
Cette fois, ce fut avec une admiration Tiresfftfèl "
effrayée que le considérèrent, les qi^ïve témoinS' -
eh le médecin. ,, ~
JULES CAUVAIN.
(Jm qui,* à demamA
Neuf, une rixe s'est élevée entre des étudiants
-et quelques employés de commerce, à la suite
de laquelle trois des combattants sont restés
sur le carreau ; l'un avait la jambe bridée,
l'autre la tête fendue, le troisième plusieurs
côtes défoncées.
Quand survinrent les gardiens de la paix, at...
tirés par le bruit, ils ne trouvèrent que les trois
pauvres diables étendus sans connaissance sur la
«haussée; tous les autres avaient disparu.
Une enquête, ouverte par le commissaire de
police du quartier, a amené l'arrestation de plu-
sieurs cot]Pables.
LE CHIEN DE MICHEL CARRÉ.— Après dix jours
d'abstinence volontaire, le chien de Michel
^Carré, l'auteur de Gala'hée, de Mig: on, et de
tFaust, a succombé à la douleur que lui causait
lia mort de snn maître. Après. avoir, en quelque
-sorte, gardé le corps exposé, suivant l'usage, à
3a porte du défunt,, le fidèle Tom l'a accompagné
jusqu'à la porte de l'église d'Argenteuil, et, en-
suite, au cimetière du village.
Rentré à la maison mortuaire, Tom y vécu de
sa douleur, refusant toute espèce de nourriture
et ne buvant que quelques gouttes d'eau. Enfin,
ce modèle touchant de fidélité a expiré à la porte
du cabinet-de travail de Michel Carré.
; — L'hôtel de la préfecture de Metz et les grands
boulins qui l'avoisinent ont été détruits dans la nuit
au 10 au 11 juillet par un incendie.
-..Encore une victime des chaleurs. Avant, hier, à
peux heures, boulevard des Capucines, un individu
)fms avec une élégance tout aristocratique traversait
la chaussée pour rentrer au Grand^Hôtel, lorsque,
tout d'un coup, il s'arrêta en poussant un cri terri-
L!e et tomba toudroyé. Un médecin constata que le
Snalheureux venait de succomber à une congestion
cérébrale déterminée par la trop grande chaleur,
ai individu était un Anglais arri vé depuis deux jours
à Paris et descendu au Grand-Hôtel.
1 T ..
~ Jeudi, une division du lycée Bonaparte traver-
sait Paris, le chassepot sur l'epaule. Tout le monde
js arrêtait pour regarder passer ces gamins en armes,
|*t admirait leur mâle attitude.
— M. le géaéral Chabaud-Latour va être appelé
prochainement- au poste de gouverneur de l'Ecole po-
sytechnique..
Cour d'assises des Bouches-du-Rhône
LA BANDE DE LA TAILLE
Audience du 10 juillet.
Le 26 octobre 1871, vers six heures du matin, en-
tre le château d Albertoy et l'auberge de la Mounine,
, des charretiers qui sui aient la route nationale, se
dirigeant de Marseille à Aix, découvrirent le cadavre
du nomme Sautel (Eizéar-Paul), dit Poulet, âgé de
'quarante-qnatm alis, messager d'Apt.
Au milieu du clJernfo, une large tache de sang in-
n iquait 1 endroit où Sautel avait été frappé. Le ca-
davre avait été transporté, et non traîné, dans un
petit fossé, derrière le talus qui borde la route, on.v
remarquait de nombreuses lésions, se rattachant à
deux coups portés avec violence.
Dans un cham p voisin, à quelques mètres de la
r-oute, on avait trouvé une forte « taravelle » (bâton
de charrette), tachée de sang à l'une de ses extré-
Sutteftai nVclje' plus tard reconnue
-comme étant celle de l'une des deux charett.es que
conduisait Sautel, avait servi à l'accomplissement de
1 assassmat.
l L'instruction à établi que Sautel avait été dépouillé
l'de sa montre et de 1 argent qu'il portait sur lui.
I Ce cri vue est imputé à Garbarino et Galetto.
% Le confident de Galetto, Ribetto, a fait- connaître
-les incidents du drame.
*. Le président. — Voyons, Ribetto, répétez ce que
x-ous avez dit devant le magistrat instructeur.
Ribetto. — Eh bien!... Galetto me dit que lui et
son camarade, Garbarino, revenant de Marseille, où
'ils avaient vu leurs associés dans la maison du cor-
donnier a Gibbe qui était le lieu de leur réunion),
',ils avaient suivi un charretier qui remontait vers
Aix, et qui leur parut devoir être nanti d'argent,
parce qu il conduisait deux charrettes chargées de
marchandises, q e tantôt ils étaient devant, tantôt
derrière, qu'ils l'avaient abordé quelquefois, et que
le charretier lui avait dit...
D. Qui, lui? '
R. Galetto. Le charretier, paraissant très-effrayé,
lui dit : Vous paraissez ne pas avoir de travail; si
vous voulez, vous et votre camarade, venir avec moi,
j'ai besoin de monde. J'ai de la peine à en trouver,
et je vous donnerai à chacun cinq francs par jour.
« Mais moi, ajouta Galetto, ce n'était pas ses cinq
francs que je voulais, mais son argent. Nous nous
quittâmes encore, mais sans jamais nous perdre de
de vue, et, nous attendîmes le iieu et le mo-
ment favorables pour exécuter notre projet. Nous
évitions ainsi d'être remarqués par les charretiers
ou les personnes que nous rencontrions et qui au-
raient pu donner notre signalement, s'ils nous avaient
vus avec lui. »
D. Arrivez au fait.
R. Oui. Galetto me conta alors que : « Arrivé sur
un point de la route où il n'y avait personne, nous :
avons pris LI taravelle d'une de ses charrettes et nous
i 1 avons tué. Nous avons mis son corps sur le bord de
| la route, nous avons pris l'argent et la montre, ainsi
! qu'un portefeuille, espérant y trouver des billets de i
j banque. Nous avons marché quelque temps, Garba- '
rmo et moi, avec les charrettes ; nous sommes mon.
tés dessus pour les fouiller et voir si nous n'y trou-
vions pas de l'argent ou quelque autre chose à pren- j
dre ; mais il n'y avait que du tourteau, du sucre, du !
café et autres objets; et comme le jour allait p traî-
tre, nous avons laissé I;i. les charrettes et nous som- i
mes entrés dans un bois. ,1
e Là nous avons examiné ce que contenait lepor-
.tefeuille. Mais nous n'y avons trouvé que des écrits
relatifs aux marchandises que le charretier avait
vendues, et à ses comptes. Nous l'avons brûlé. Gar-
barino avait pris la montre et moi l'argent. Nous .
aurions cru trouver davantage. »
Garbarino et Galetto, interrogés, nient avoir été à !
Marseille au moment du crime. Bien entendu, ils ne
savent pas de qui ni de quoi il est question quand on
parle du charetier assassiné. 1
L'audience est suspendue, et à la reprise on entame
les débats relatifs à l'assassinat de la veuve Lambot,
a A-leyrargues. • i
LA FEMME MORTE ET LA CUISSE COUPÉE
i Ce fut à la suite de cet assassinat qu'on arrêta Ri-
betto et la femme Pourrian. Les révélations de ces
d-erniers amenèrent l'arrestation de Fontana et de sa
bande.
Sont compris dans l',ifraire : Galetto, Garborino,
Ribetto, Fontana et la femme Pourrian.
La veuve Lambot, âgée de 75 ans, occupait à Mey-
rargues le rez-de-chaussée d'une maison sise rue
Haute, à l'extrémité du village.
Depuis longtemps, celte femme avait cédé la plus
grande parti-e de son bien à ses deux filles et à ses
gendres, qui lui fournissaient les denrées nécessaires
a sa subsistance et lui donnaient même de l'argent
quand elle en demandait.
Le 26 septembre 1H66, par acte, notaire Gariel à
Peyrolles, la veuve Lambot vendit à Jacques Ribetto
une propriété rurale et sa petite maison à Meyrar- I
gues. !
Cette vente fut faite moyennant une pension via- !
gère et annuelle de 150 francs, payable par semestre. !
i.Ieilve se réserva, en outre, la jouissance
et 1 habitation d'une chambre, au rez-de-chaussé de
la maison.
Quelque temps avant l'assassinat. Ribetto et la
veuve Pourrian, sa concubine, étaient venus habiter
1 étage, au niveau de la rue Supérieure.
Quels sont les auteurs de cet assassinat?
La justice accuse Ribetto qui, pavant une pension
viagère à la veuve Lambot, avait'intérêt à la voir
mourir.
On passe donc à l'interrogatoire de Ribetto.
D. C'est vous qui, profitant des confidences de Ga.
letto, 1 avez amené à vous débarrasser de la veuve
Lambot? — R. Je ne suis pour rien dans cette af-
faire.
D. C'est ce que nous allons voir. — R. La nuit où
s t est commis le crime, le 4 novembre, j'étais ici à
Aix, à l'auberge de Ferrati.
D. Voilii votre version. Nous allons voir ce que di-
sent vos coaccusés. Yercellone, dites ce que vous
savez.
Verccllone. — Marie Caligaris m'a confié un secret :
qu'elle tenait de la f.?mme Arèse : Le Bachoti et le i
Bachin, c 'est-à-dii-e Galetto et Garbarino, auraient as.
sassiné la « vieille de Meyrargues. »
D. Femme Caligaris, répétez-nous cette confi-
dence.
Marie Caligaris. — C'est la femme Arèse qui m'a
confié ce secret, -ainsi que le déclare Vercellorie.
D. Eh bien ! femme Arèse, racontez comment vous
avez été mise au courant de ce drame.
Femme Arèse.—Un jour, je pris Marie à son bas-
.tidon!. et ïisus allâmes glaner des haricots. Il fut
question de la vieille femme qu'on avait tuée à Mey-
rargues, et alors je dis à Marie : Si vous me pro-
mettez de ne rien dire,' je vous annoncerai quelque
chose. Et Marie me l'ayant promis, je lui dis : Ce
le doit être Galetto et Garbarino qui ont. tué cette fem-
me. Un jour, à la maison, j'ai entendu Galetto dire
en causant avec Fontana et Garbarino :
é, « Christo! et cette vieille 1 nous n'avons pas trouvé.
si un sou chez, elle, nous .n'avons pu mettre la main
i, que sur la montre. « Un autre jour, Ribetto se trou-
r, vant a la maison, Galetto lui dit en colè e : « Si tu
r. ne me donnes pas les 200 fr., je te ferai à toi comme
q j ai fait à la vieille. Nous n'avons pas trouvé un SOli
is chez elle. » Ribetto promit de lui donner ces 200 fr.
ie dans quelques jours. Il devait, disait-il, retirer de
Cavaillon ; qu'il ferait citer ses
s débiteurs et qu une fois payé lui-même de ce qui lui
's était dû, il le satisferait.
Ribetto, pourquoi ce,) 200 francs pro-
Lt mis? C était le prix du service rendu? — R. Tout
cela n'est que mensonge. Tous ces gens-là sont coa-
lises contre moi pour me punir des révélations que
r ] ai faites sur leur compte.
s ; D. Galetto, levez-vous. Qu'avez-vous à dire sur
s accusation qui pèse' SUl' vous ? — R. Je ne sais l'in-
e térêt que pe!t avoir la femme Arèse à me mêler à
a cette affaire; mais j'y suis étranger. Je ne suis pas
e i allé a Meyrargues.
. D. Encore un alibi que vous n'établirez pas plus
. que les autres. — Et vous, Garbarino? — R. Je ne
- sais pas ce que tout cela signifie.
- | D. Vous n'êtes peut-être pas allé à Meyrargues,
1 i vous aussi ? — R. Non certes.
" J D. Toujours le même système, malheureusement
. j des témoins vous ont vu. Galette a fait des aveux,
I non a la justice, mais à la femme Arèse. — Levez-
. vous, femme Arèse, et répétez ce que vous a dit Ga-
5 letto. , .
t Femme Arèse. — Il me dit : « Je suis allé voir la
. vieille de Jacques... »
; . Le président. — Jacques, c'est Ribetto, le débiteur
j de la veuve Lambot.
Femme Arèse. — « Je suis allé voir la vieille de
s Jacques, comme si j'allais pour la caresser. Elle- m'a
reçu et je me suis assis à côté d'eiïe.
i « Elle m'a demandé si je savais qu'elle faisait la
vie; et je lui ai dit que oui. — Mais vous, m'a+elle
dit, vous n avez pas d'argent? Alors, je lui ai donné
quarante sous, que j;avàis demandés à Fontana, avant
de partir, et je lui ai offert aussi la petite montre de
Fontana. Elle a pris le tout, disant que la montre
ne valait pas grand'chose. Alors nous nous cou-
châmes ensemble et j'éteignis la lumière. Elle
me demanda pourquoi, et je lui ai répondu que
\? n' aimais pas la lumière en pareille circonstance.
j Puis, je l 'ai frappée avec une pierre aux deux côtés
du front, et elle a été morte tout de suite. Nousavors
ensuite cherché... »
D. Il a dit « nous? » — R. Oui... « Nous avons
cherche dans la chambre l'argent qu'elle pouvait
j .avoir et nous n'avons rien trouvé, pas même les
quarante sous. Nous n'avons retrouvé que la montre.»
voulait-il désigner quand il disait nous? —
: R. Il désignait Garbarino.
La femme POllrrmn, interrogée à son tour, se dé-
sintéresse du débat.
Les témoins sont introduits.
M. Rimbaud (Frédéric), docteur en médecine. —
| A constaté cinq blessures sur le cadavre de la veuve
^ Lambot. ^
j Une plaie à 13. tète produite par un instrument
contondant, et cinq lésions produites par un couteau
a lame longue, pointue et tranchante. — La femme
Lambot était debout ou assise -sur le bord du lit. Le
premier coup porté a été celui de la tête, puis les
coups de couteau dans le ventre, le corps étant légè-
ment renversé en arrière et tenu sur le bord du
lit; après sont venus les coups de couteau à la poi-
trine. Le corps a été ensuite jeté par terre, et, comme
l assassin percevait encore un sonlfle de vie à sa vic-
time, iH'a achevée par la section du cou, auquel il
s'est acharné par des coupures successives. Sur la j
cuisse droite, on aurait détaché un morceau de chair !
de la largeur de la main grande ouverte.
Le témoin ne s'expHoue pas plus longuement sur ;
cette dernière plaie. Un morceau de chair épais et ;
large a été détaché de la cuisse et n'a pas été re-
trouvé.. |
Les assassins causant entre eux se sont vantés !
d'avoir fait griller ce morceau de viande pour le 1
manger en guise de chateaubriand. j
L'instruction n'a-t-elle pu réunir des preuves pour !
étayer cette monstrueuse accusation, ou a-t-elle craint ; '
de jeter dans les débats un dé tail par trop révoltant, I :
le fait est que M. le président ne pousse pas l'illter- i '
rogatoire sur ce chapitre. - j ,
Tous les témoins entendus établissent la culpabi- 1 1
lité de Fontana, Galet.to et Garbarino. Le cas de Ri- j 1
betto demeure bien embrouillé. Quant à la femme ]
Pourrian, elle parait, avoir été étrangère aux agisse-
ments des assassins. Elle produit des témoins qui la
représentent com'!;e une femme très-charitable et
jouissant d'une certaine considération. |
_ Incidemment, il est question de la dernière tenta- '
tive d'évasion. Galetto, qui a vu son coup manquer,
a accusé Toleddno, condamné à mort, d'avoir éventé
la mèche, et le gardien-chef: a saisi un billet ainsi i
conçu : . j j
« Si votre dénonciation doit vous sauver la tête
tant mieux. Mais. quel qu'il soit, je me vengerai de
celui qui a fait manquer le coup. »
Galetto est bien l'homme féroce de la bande. Il
est le digne peut-fils d'Orsolano.
L'audience est levée à six heures et renvoyée i
demain pour le réquisitoire.
Audience du 11 juillet.
(Dépêche télégraphique.)
Aix, 8 heures du soir.
A l audience du matin, M. Soubrat, substitut du
procureur général, commence son réquisitoire en
tendant., hommage à M. Seymard, conseiller à la
cour pour le zèle et le talent qu'il a déployés vene
dant 1 instruction difficile de cette affaire. Il rappella
ensuite les antécédents de chaque accusé afin d'ex.
pliquer comment, avec leur caractère et leurs tristes
,quaIHés,..le rapprochement de ces hommes a formé
une b Inde redoutable. Il examine ensuite les vole
relevés.par l accusation et établis par les débats; iL
cusés.termine appelant sévérité du jury sur les ac.
L'audience est suspendue.
A la reprise de l'audience, à deux heures, l'avocat
général LIapier prpnd la parole pour soutenir l'accu-
sation sur les chefs d'assassinat. Il dk q-ue cette af-
faire est divisée en trois périodes et' il s'occupe de
celle qui commence le 19 août et qui finit le 4 no-
vembre, et a laquelle il a été préludé par le lugubre
assassinat du pont Mallemort, le if. mai 1871. Il fait
ressortir le rôle qu'a joué chaque accusé et s'attache
a la part qu'ils ont prise individuellement dans cette
longue série de crimes.
Il conclut eu demandant qu'il n'y ait pas de fai-
blesse pour que le châtiment puisse servir d'exemple.
En conséquence, le ministère public requiert l'appli.
canon de la peine capitale contre Dondero, Ghetto.
lrinchien et la femme Arèse.
Il admet des circonstances atténuantes en faveur
des autres accusés,
Ce réquisitoire éloquent et très-énergique a pro<
duit une vive impression.
CHRONIQUE JUDICIAIRE
Le 30 conseil de guerre a jugé treize individu»
accusés d être les émissaires de la. Commune
dans la Nièvre.
Ces, émissaires étaient étaient expédiés par
Paschal Grousset et ses collègues pour révolu-
tionner les départements en faveur du gouver-
nement des hommes de l'Hôtel-de-Ville.
Le 3e conseil, après une longue délibération, a
condamné ces treize inculpés de la manière sui-
vante :
Origet-Ducluzeau à la déportation simple.
Courot à vingt ans de détention.
Ravier, Humbert, Bernard et Rebecki à cinq
ans de détention.
. Chandioux à cinq ans de prison.
Bouche à deux ans de prison.
Godard, Gibauld, Marion, Boudret et Simo-
net, à un an de prison.
REJETS DE POURVOIS. — La cour de cassation;
chambre criminelle, présidée par M. le prési- j
dent Faustin-Héiie, a, dans son audience d'hier, '
rejeté les pourv-ois,, : !
Il De Charles Quentin et. Adrien Juhel, con-
damnes, le premier à la peine de mort, le second 1
aux travaux forcés à perpétuité, par décision du S
conseil de . guerre séant à Sèvres, du 11 mai j
1872, pour incendies de maisons habitées, pil— S
ic'ges, vols à main armée, etc., pendant l'insur-
rection ;
2° De Charles-Désiré Carlier, condamné à la.
peine de mort, par décision du 6e conseil de '
guerre séant à Versailes, du 18 mai 1872, '
pour incendie des entrepôts de la VilleUe ;
Et 39 de Ilenri-Raoul Deschamps, condamné
à la peine de mort, par décision du 6e conseil i
de guerre séant à Versailles, du 18 mai i872, -,
pour assassinat d 'un jeune soldat resté inconnu, !
LE FAUX MARQUI3 DE MONTMORENCY. — La cour ;
centrale criminelle de Londres vient d'envoyer!-
dans une maison de force un chevalier d'indus- }
trie fort connu à Paris, avant la guerre. "i
Henri BCIJson, c'est son nom, était le sCCi'é..-,'
taire particulier du rédacteur èn, chef d'un
journal.
N° 85. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXIII
Un duel extraordinaire
L imberbe que le boyard qualifiait aristocra-
tiquement, le même qui ,s'êtait si vertement p10-
aonce, l'instant d'auparavant, pour une bataille
immédiate, accepta avec ravissement la. mission
lui, 1 y mêlant, le mettait « en relief. »
Tant bien que mal, il fit comprendre au Za-
porogue écumant que les garçons du café main-
senaient à grand'peine dans un coin, ce dont îl
s agissait.
Oui, tout de suite, hurla l'inculte spadassin,
moi! ma Rédemption 1 Infâme traître à
ta chose allait ainsi sur des roulettes.
On envoya un commissionnaire quérir deux
grands remises : Powschine et ses gentlemen- j'
J'iders sautèrent ^ dans l'un; Markoff, le petit vi-
cpmte et un huitième d'agent de change 6 grîm- }!
pôrent dans l'autre.
Les cochers touchèrent d'abord pour la rue
ASS jurait M.d'Arbrisac,qui prit chez !
lui sa boite de pistolets Devisme. Puis les \foi- !
'Ë!LSC Jemir^nt en route et s'arrêtèrent de >
upuveau devant un grand estamirm du boule- !
le ntiméro d'hier. 1 j
j vard Bonne-Nouvelle, où stationnait invariable-
' ment, du matin au soir, faisant le stage du ca-
rambolage, un Jeune médecin sans clientèle, ca-
marade du financier fractionnaire. !
On emballa dans un des véhicules ce savant
docteur, dont la réputation commençait à se
fonder comme praticien d'office de presque tou-
tes les affaires d'honneur.
Enfin on se dirigea directement vers le bois
de Vincennes. j
Une demi-heure après, les deux remises sta- j
tionnaient dans une allée très-abandonnée des ;
taillis situés du côté de Saint-Mandé.
Les sept personnes qui en descendirent s'en-
foncèrent, à travers les cépées, à la recherche
d'une clairière où le gandin titré prétendait
s être battu, le mois précédent, « dans un déli-
cieux isolement, » et avoir été blessé au mollet
gauche. j
0\\1 découvrit, en effet, le précieux champ !
clos. <|
Les témoins se concertèrent ensemble, puis
avec 1«a parties, pour arrêter définitivement les !
règles du duel. j
— Comme insulté, j'ai choisi le pistolet, dé-
clara sans emphase Pétrus; mais j'entends ex-i
pressément ne point user de mon droit pour ti- >
rer le premier. Nous ferons feu ensembip. j
-. Saprisd! pas de générosité chevaleresque, 1
se récria le sportman lYarville. Rappelez -vous ce
; que vous aves raconté vous-même sur l'impi-
toyable adressa de votre chef de sotnia.
— Il m'a, sauvé naguère la liberté et peut-être
la vie, repartit l'a-dmirateur de Schamyl. Pour
rien fcu monde, je n'accepterai une chance de j
plus que lui, lorsqu'il s'agit de nous casser la i
tête.
Il fallut en passer par cette Y910rité inflexible. !
Pour diminuer les possibilités d'un résultat fu- :
neste, les assistants décidèrent, d'un eommun ,
accord, que les adversaires seraient placés à ;
trente-cinq pas l'un de l'autre. • j
- Trop loin! trop loin! Moi préférer le sabre! 1
Très fort au cimeterre, moi!... Et tout près! j
protesta le Zaporogue, pris d'une émotion bi-
zarre, qui amena un sourire goguenard sur les !
lèvres minces du comte. j
Mais la réclamai-ion du spadassin, selon toute j
apparence avide de sang, n'obtint aucune consi- 1
dération, j
Bientôt les combattants se trouvèrent face à I
face, ou plutôt de profil, leurs armes dûment j
chargées, séparés par la distance précitée. j
Le vicomte, désigné pour cet office, s'apprêta ;
à frapper dans ses mains les coups dont le troi- 'i
sième pouvait ouvrir, à deux vivants, les portes
de l'éternité. • j
— Markoff, dit alors le Russe avec son flegme
moqueur, je vous ai répété plusieurs fois que
vos tire-bouchons nuisaient à l'ensemble martial
de votre physionomie. Je vais vous rendre le
service de vous en supprimer un.
Cette bravade était de mauvais goût, au point
de vue français; mais son auteur apparlenait
à un peuple dont on ne peut, comme on sait, I
gratter la couche de civilisation, sans rencontrer I
dessous le caractère d'Yvan le Terrible et des
Strélitzs. J ..
Réellement, le descendant de Mazeppa portait
sur les tempes, se détachant desb¡'oussaill,s de
sa chevelure laineuse, deux énormes et in:er-
ininab'.Ss frisures, qui eussent semblé une charge ,
déplacée devant le cant des Anglaises à repenti' s. ;
Le petit crevé, pour couper court à un échange
probable de défis trop homériques, s'empressa ,
de donner le sienaJL ' \
Deux détonations retentirent ensemble...
Le Russe était sain et sauf, mais le Cosaque,
n avait plus qu'un de ses appendices capillaires.';
Il faisait une grimace assez indéfinissable de l
stupeur ou de soulagement.
Quant aux spectateurs, ils regardaient l'admis '
rable tireur avec ébahissement. !"
Bah ! le hasard ! murmura enfin d'Arbrisac i
a Darville. j
— Rechargez les pistolets, messieurs, dit le '
boyard, toujours froid comme glaçon. J'ai seul i
la faculté de cesser la lutte tant qu'une blessure
grave n'empêchera pas l'un de nous de la con- :
tinuer.
C'était vrai. Cinq minutes après, les duellistes '
furent replacés en présence, mais avec un chan-
gement de position voulu par Pétrus, sous pré-
texte de partage égal du soleil, et qui mettait
bien en vue, pour lui, la dernière boucle enspi»;
raie de son but humain.
— J'achève mon œuvre de merlan amateur/
scanda la voix stridente de Powschine, en
même temps que les frappements manuels du
vicomte.
Deux nouveaux coups de feux éclatèrent si-
multanément.
L'hetmaI1, ',gg yeux hagards, était coiffé main-"
tenp£|, presque à la Titus ! t, '
De son côté, le héros de cette merveille adresse
paraissait posséder le don magique d'«scamoteri
loin la balle ennemie; car, quoiqu'il eût été' *
soigneusement visé, rien n'en avait indiqué le
passage dans son voisinage. ^ - 'Sv
Cette fois, ce fut avec une admiration Tiresfftfèl "
effrayée que le considérèrent, les qi^ïve témoinS' -
eh le médecin. ,, ~
JULES CAUVAIN.
(Jm qui,* à demamA
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