Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1924-08-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 août 1924 29 août 1924
Description : 1924/08/29 (Numéro 242). 1924/08/29 (Numéro 242).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k294076b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Le Numéro quotidien KfA$£ CENTIMES EN FRANCE
70me Année 3me Série N° 242
Vendredi 29 Août 1924
GASTON CALMETTe'
Directeur (1902-1914)
1
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Fondateur (1854-i879)
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̃'=•̃-̃̃' de rire de tout. de -peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
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de France et d'Alaérié'
En pleine tendresse
~"C>
D'ici peu, nous allons entrer dans '3 a
̃saison la plus tendre de l'année. Cha-
cun sait que septembre est le'mlois^où
ise nouent les grandes amlours. Le soleil
̃se couche plus tôt, les jours languissent
avec grâce;' les clairs de ilune ont une
1 .douceur plus grave, un ou deux frissons
d'automne passent déjà dans les feuilles.
Dès septembre, voici que l'on s'émeut
devant l'eau qui rêve, et qu'on se prend
à errer délicieusement à travers les
'beaux parcs. Et au retour dans la mai-
son bien chaude au milieu des brumes
naissantes, quand on s'est assis sous, la
lamlpe, -et si l'on n'a ni bridge qui vous
attend, ni mah-jo-ng, ni rien, que fait-
on ?. Eh bien, l'on se met lire. Et que
lit-on ?. Un roman, bien entendu.
` Et le soir, qu'y a-t-il, madame, près
̃de votre chevet?. Un roman. Et vous,
monsieur, qu'avez-vous feuilleté tandis
qu'il pleuvait si fort, et qu'on ne pouvait
pas chasser ?. Un roman. Et ce jeune
homme, Jà-bas, qui parle sf coniplaisani-1
ment de-son travail, que fait-il donc ?.
Un roman. Et ce libraire, parfaitement
achalandé sur la place de la ville, devant
l'orme du mail, que vend-il ? Des li-
vres de philosophie, d'histoire, de scieri;
ce ?. Mais non,. des romans. Il n'est
question que,de romans, il semble que,
jamais, personne ne compose autre cho-
se que des 'romans, encore et toujours
des romans.
Tant il y a que l'on se trouble à la fin,
et,qu'on fait des enquêtes « Mais com-
ment, mais pourquoi cette rage roma-
nesque ? N'y a-t-il point cent questions
plus intéressantes dans la vie que les
aventures d'amour ?. »
Assurément, il y en a, on ne peut le
nier. Du moins, il y en a en théorie, et
dès qu'on y réfléchit. Il faut pourtant
bien croire que l'amour, en définitive,
bouleverse et bouleversera toujours le
genre humain d'une manière irrépara-
ble, puisque presque tout le monde se
passionne à tel point pour cette éternelle
autant qu'épouvantable catastrophe.
» Et l'on a beau décréter, comme on le
fait périodiquement, que la jeunesse,
par exemple, a cessé d'être sentimentale,
et que la curiosité se détourne de ces
émotions du temps passé. Ah plus
souvent Faites-vous conter la chro-
nique des plages et des villes d'eaux,
après ces mois d'été. Ce ne seront que
jalousies, désespoirs, furies d'amour,
scandales par-ci, suicides pai-là, extra-
vagances et sombres délires. Un ravis-
sant, gigolo arriva au 1er août dans un
casino il est tout insolence et ^sarcas-
me, enfonce en crâneur ses mains dans
ses poches, traite de son haut les pau-
vres femmes, ne parle que d'automobi-
les, d'argent ou de sport. Néanmoins, à
la fin du mois, le voilà qui, guette, éplo-
ré, l'arrivée d'une jeune personne, et
demande où l'on trouve une bonne édi-
tion de Musset.
Rien ne change. Ce sont les psycholo-
gues de cabinet qui décrètent subite-
ment, d'un air entendu, que tout est bou-
leversé, que désormais le cœur se ')orte
à droite, ou même ne se porte plais du
tout. Cependant, n'en croyez pas un
mot. Les (psychologues de cabinet sont
des snobs ils s'en imposent mutuelle-
ment, et inventent des modes intellec-
tuelles, qu'ils suivent avec piété, voilà
tout.
Le cœur, l'émotion, le romanesque ?.
Mais nous vivons bel et. bien, au con-
traire, sous leur empire absolu, et même
sous leur 'tyrannie, en 1924. Une sensi-
bilité' perpétuelle nous agite et nous
mène, si bien qu'il y faut voir une sorte
de divinité fiévreuse, un peu sauvage,
une force à la fois bestiale et adorée à
quoi nous sommes soumis en des trans-
ports sans fin Belphégor, comme dit
M. Julien Benda. Nous nous prosternons
dans le culte barbare de Belphégor
quant au culte de la pure, délicate et
hautaine Minerve, qui donc y songe en-
core ? M. François Albert lui a d'ailleurs
déclaré 'la guerre, à cé culte réactionnai-
re, développé surtout parles études clas-
siques c'est un ci-devant culte, comme
on disait en 1793.
Les romancièrs peuvent se rassurer
e^ continuer avec sérénité de se livrer à
leur littérature sentimentale, littérature
d'ailleurs captieuse et sournoise, qui
sait s'adapter à tout, prendre toutes les
formes, et permet aussi bien ide traiter
les iplus âpres questions sociales que de
donner avec calme et, dignité son avis
sur la morale, l'esthétique, la religion et
autres sujets immenses, ou encore d'é-
crire discrètement ses mémoires et déli-
vrer sa confession publique, non sans
mensonges, comme d'usage, mais cette
fois ilégitimes et permis, puisque l'on
feint d'inventer une histoire arrivée à
d'autres qu'à soi-même. Les livres de
pensée pure ne s'adressent plus qu'à
quelques princes de l'esprit ouvrages
ci-devant, eux 'aussi, destinés à des lec-
teurs ci-devant.
Et, du reste, un roman même, c'est
déjà.bien compliqué, cela congestionne
est-ce qu'on n'a pas le cinéma ?•
On ne s'adresse qu'à nos plus tendres
sentiments, toujours et partout atten-
drissez-vous, aimez votre prochain, ai-
mez l'humanité, conseille-t-on, ordon-
ae-l-on sans trêve. Mais personne n'a-
vertit qu'il faut d'abord aimer sa, patrie,
la plus belle qui soit au monde, ni d'ail-
leurs la beauté qui donne une raison de-
vivre, ni la discipline et l'ordre, qui
permettent de se conduire comme des
êtres civilisés. Ordre, discipline, beau-
té, patrie, tout ça n'est pas du senti-
ment. Au lieu qu'humanité, altruisme,
confiance, voilà qui met des larmes dans
les yeux, à la bonne heure! l
En politique, lie nous trouvons-nous l,
pas actuellement en pleine effusion, en
pleine tendresse, en plein romanesque
aussi ? Nous ne nous permettrions pas 1
de porter sans ambages un "jugement sur
un sujet aussi redoutable mais enfin
il y a plus d'une personne pleine d'expé-
rience et de pondération, pour s'étonner-
beaucoup. « Quoi ? font des voix pruden-
tes,' modérées, on prend pour acquis des
résultats encore aléatoires ? On ne. sait.
seulement pas si des obligations seront
adoptées par l'univers financier, et l'on
se réjouit comme si. l'on avait déjà l'ar-
gent, dans, sa poche ? On se fonde sur
des probabilités, et pis encore, sur des
promesses ?. C'est de la folie, voyons,
c'est du roman »
Nous ignorons si ces personnes pen-
sent bien sagement mais on serait
tenté de le croire. Nous tournons les pa-
ges d'un étrange et vaste,roman, le ro-
man des Conférences. Succès mondial.
I El, ce que nous savons, en tout cas,
c'est qu'à la, Chambre et dans tous les
| lieux où l'on vote, il ne s'agit plus que
I du cœur et de l'émotion. On a du cœur,
i on parle avec son cœur, "on a donné son
vote dans un grand mouvement d'émo-
lion. Et c'est à l'âme des hommes d'Etat
que l'âme des autres hommes d'Etat
s'adresse. Et les arguments reposent
sur la confiance, et les accords ont la
j. bonté. pour base, et la voix des négocia-
teurs tremble, et le diplomate éclate en
sanglots, et le financier sent sa gorge
se serrer, de l'autre côté du tapis vert,
et la main fébrile du contradicteur cher-
che son sein haletant, au pied de la tri-
bune.
C'est avec sensibilité que des étran-
gers passeraient en armes notre fron-
tière, si la tendresse universelle n'avait
à jamais détruit la moindre possibilité
de guerre, ainsi que vous savez. Et les
communistes qui viendraient un jour à
fusiller des bourgeois, au nom de l'a-
mour des hommes, auraient, en vérité,
de la peine à viser, tant il y aurait de
pleurs entre leurs prunelles et le guidon j
de leurs fusils.
Marcel Boulenger.
L'affaire Matteotti
Un coup de théâtre serait imminent
Rome, 28 août. Selon le Sereno^ l'ins-
truction de l'affaire. Matteotti réserverait, à
brève échéance, un coup de théâtre qui pour-
rait être la conséquence des contradictions
entre les dépositions des divers témoins, no-
tamment entre celle du brigadier Caratelli,
qui découvrit les restes dé Matteotti, et celle
du cheminot Conti, que Caratelli appela aus-
sitôt au bord de la fosse.
La version. selon laquelle ce serait le chien
de Caratelli qui aurait découvert la fosse
serait contredite par une autre version, se-
lon laquelle le chien n'aurait été yn sur les
lieux que deux heures après. Le. chef de la
police judiciaire aurait été chargé d'organi- `
ser un service. de surveillance des çjivers té-
moins une maison, aux environs de Riano,
serait tout, particulièrement surveillée.
La Tribwna annonce que M. Thiersthae-
del, sujet autrichien, inculpé dans l'affaire
Matteotti, aurait fait des aveux partiels. M.
Philippo Panzeri, autre complice, qu'on n'a
pas encore pu arrêter, aurait réussi à s'en-
fuir de Milan, à passer la frontière et à ga-
gner Marseille, où il serait depuis un mois.
-~s*^r^
Motes d'un Parisien
La France est bien le pays du suffrage
universel.
Hier, à la fête du village, le meneur des
jeux ne parvenait pas à contenir la tur-
bulence des gamins. On ne peut disputer
sérieusement la course en sac, le mât de
cocagne si tous les coneurrents se pressent,
se bousculent. Et le jeu des ciseaux, tout
particulièrement, a besoin de silence. Il a
une minute pathétique. L'enfant, les yeux
bandés, ses ciseaux à la main, approche-
t-il de la ficelle à laquelle les lots sont at-
tachés, ou s'en éloigne-t-il. Il faut au
concurrent la sensibilité d'une chauve-
souris. Mais si les petits camarades le
renseignent, le trompent. ?
Le meneur des jeux comprit que l'épreu-
ve serait compromise il se recueillit une
minute et fut inspiré. Il annonça « Avant
le jeu des ciseaux, grand concours de gri-
maces. » Aussitôt, il obtint le silence et
l'immobilité. Les gamins, qui formaient
des équipes complices, se séparèrent. Tous
comprenaient que le concours était sfricux-
et demandait un grand effort individuel.
Chacun s'écarfa, pour s'entraîner. vit
des fronts purs qui se plissaient, de grands
yeux qui clignaient des bouches s'ouvri-
rent et des langues sortirent comme dans
l'application que réclame une belle page
d'écriture.
Puis, la rangée des concurrents fut d'un
alignement aussi parfait que celui d'une
compagnie de la garde républicaine. A
tour de rôle, les gamins montèrent sur une
table et firent leur grimace. La plupart
n'avaient pas eu le temps de trouver. Ils
improvisaient. Ils s'étiraient, de défor-
maient les yeux' ou la bouche avec' les
doigts ils tiraient la langue. L'un imita,
du bout des lèvres, le lapin ou la carpe
un autre imita les gestes du violoneux
enfin, un dernier, parodiant l'autorité du
meneur des jeux, obtint le premier prix,
et, à ce titre, conduisit les petits camara-
des au mât de cocagne où le tumulte re-
commença.
Ils ne peuvent s'appliquer qu'à faire
des grimaces, me'dit l'instituteur.
La Francé est bien le pays du suffrage
universel. JANOT.
Notre Supplément littéraire
DE DEMAIN
Maurice Levaillant Les dernières religieuse» de
Port-Royal.
Feraaad Vandérem., Choses et Geni de Lettres.
(La promotion Ronsard)
Claude Laforêt. Albéric Magnard.
Paul Gruyer Chateaubriand repose-t.il là oit
il l'avait demandé ? o
Nonce Casanova La Marie.Divine >
Lucien Refort. Huysmans caricaturiste.
Paul Claudel. A travers les villes en flammes.
(Les liores de demain)
Chronique de M. L.
AU REICHSTAG
III
Le vote définitif 0
n'aura lieu qu'aujourd'hui
Le Reichstag a reculé jusqu'au deiy
nier jour, c'est-à-dire jusqu'au 29 août,
le vote définitif sur les projets de loi pré-:
vus par le plan Dawes. On sait queues
projets, au nombre de trois, concernent
la banque d'émission, les obligations in-
| dustrielles et les .chemins de fer. Mer-
credi, en deuxième lecture, les deux
premiers ont été votés à' la majorité sim-
ple mais le dernier-n'à pas réuni la ma-
jorité nécessaire des deux tiers., Les na-
tionalistes, malgré ;la, menace de disso-
lution du Reichstag, et en dépit de
pressions diverses, ont persisté dans
leur opposition la journée d'hier ne
semble pas avoir modifié leur attitude.
C'est, cette obstination :qu'il s'agit d'ex-
pliquer.
Le refus des nationalistes a été dicté
à la fois par ,1-a fierté et par l'habileté.
Durant leur campagne électorale, ils
avaient proclamé que l'acceptation du
rapport était incompatible avec l'hon-.
neur national. Ils n'ont "point voulu se
déjuger et ils ont redouté les conséquen-
ces d'une volte-face complète. ̃'
D'ailleurs les nationalistes ont cru
plus habile de se tenir éloignés et de
proportionner le prix du ralliement au
chemin parcouru. A la fin du mois de
juillet, ils subordonnèrent donc l'ac-
ceptation du rapport à sept conditions,
bien sûrs de voir certaines d'entre elles
refusées à Londres et de pouvoir ainsi
vendre leur acceptation ou tout mi
moins-leur tolérance. :En fait, le profes-
seur Hergt a déclaré au Reichstag,
mardi dernier, que deux des conditions
prévues1 n'avaient pas été remplies la
protestation contre la, culpabilité de l'Al-
lemagne dans les origines de la guerre
la libération économique et l'évacuation
militaire des territoires occupés, immé-
diates et entières.
Mais dans la coulisse, les nationalis-
tes ont cherché à marchander leur adhé-
sion. Vis-à-vis de l'étranger en récla-
mant à la France une promesse solen-
nelle d'évacuation, et en demandant aux
Etats-Unis un prêt d'un milliard de
marks-or. Vis-à-vis du gouvernement t
allemand en exigeant un remaniement
du ministère- et l'accession des nationa-
listes au pouvoir ainsi qu'un vote
de tarifs douaniers en faveur des clas-
ses agricoles où se recrutent leurs élec-
teurs.- ̃••' .-̃ "̃̃-
Au Reiohstag, les nationalistes ont
trouvé, pour ce marchandage, des alliés
parmi les populistes. Ce parti, acquis
pourtant au vote des lois, a cherché, par
tous les moyens, à ne pas se séparer du
parti nationaliste. Au fond, les populis-
tes inclinent vers la droite leur désir
est de former un grand bloc, bourgeois
et de gouverner avec les nationalistes.
Par contre, les nationalistes ont trou-
vé des. adversaires- acharnés dans les
rangs des socialistes, des démocrates et
même du centre. Les socialistes surtout
ont poussé à la dissolution du Reichstag
et ont cru dans une nouvelle bataille
électorale réparer leur échec du 4 mai.
« Nous acceptons la lutte avec la réac-
tion, a déclaré 'M- Hilferding et nous
sommes sûrs, de l'emporter, » Les socia-
listes se sont refusés, par suite, à toutes
îes concessions que le gouvernement
était prêt à consentir aux nationalistes.
Suivant la Kœlnische Zeilung, ils au-
raient même été jusqu'à menacer le Ca-
binet, s'il cédait, de détruire par leur
absence la majorité nécessaire. Si un
pont n'a pu être construit jusqu'ici en-
tre le gouvernement et les nationalistes,
c'est que les socialistes, forts de leurs
•espérances, s'y sont résolument oppo-
sés.
Si l'on tient compte de tous ces élé-
ments, on comprend que les pourpar-
lers de ces derniers jours aient été si
longs et si laborieux. Les nationalistes
persisteront-ils dans leur intransigean-
ce, 'et le décret de dissolution du Reich-
stag, déjà tout prêt, sera-t-il proclamé ?
Ou bien, à la dernière minute, trouve-
ra-t-on un terrain d'entente et réunira-
t-on avec peine la majorité des deux
tiers ? Nous le saurons 'aujourd'hui.
Mais l'Allemagne peut déjà être.sfixée.
Ses pires ennemis se trouvent sur son
territoire et ils "se nomment les natio-
nalistes.
Alfred Mallet.
Une Conférence entre M. Stresemann
et les nationalistes
Berlin, 28 août. Le vote définitif sur les
lois*d'exécution a été renvoyé à demain.
La situation parlementaire n'est* pa§ en-
core écla'ircie la fraction nationaliste a tenu
cet après-midi une Jongae séance, et une
conférence, dont l'initiative a été prise par
les nationalistes, a lieu en ce moment entre
M. Stresemann et les chefs de la fraction.
Trouvera-t-on un compromis ?
Berlin, 28 août. Bien que les nationa-
listes aient publié ce soir un manifeste pour
déclarer que leur point de vue, dans la
question de l'accord de' Londres, ne. s'était
pas modifié, on croit maintenant à Berlin
que les- chances d'un comproimis ont quel-
que peu augmenté à la suite des négocia-
tions engagées ce soir et qui seront reprises
demain entre M. Stresemann et les leaders
nationalistes.
Voici quelles seraient les bases de ce
compromis les nationalistes transforme-
raient en résolution leurs projets de loi que
le Reichstag ne peut adopter, et les rédige-
raient en des termes plus énergiques que
les résolutions formulées hier par le, parti
populiste et qu'ils considéraient comme in-
suffisantes,
Le parti populiste bavarois
se prépare aux élections
Munich, 28 août. Le .parti populiste ba-
varois a. invité ses organisations .régionales
à se tenir prêtes pour tes élections., au Reich-
st-ag à la -fiai «de septembre,.
i lia grand'eroix
du général de tanrezae
•̃ y • -+-T
Le vainqueur de Guise, le général de Lan-
rezac, est promu grand'croix de la Légion
d'honneur. Peu à peu, l'Histoire rend ainsi
justice aux héros, souvent méconnus, de la
guerre. Dans la tourmente qui, il y a dix
ans, emportait les hommes, les meilleurs
n'étaient pas toujours à l'abri de ses erreurs
et de ses brutalités. Gallieni était mort quand
on a reconnu qu'il avait sauvé Paris et mar-
qué l'heure du rétablissement victorieux sur
la Marne.
Le général de Lanrezac avait, en avril
IQI4, succédé précisément à Gallieni à la
tête de la 5e armée. Il le consultait en tout
et, même dans les premiers jours de la.
guerre, il suivait les directives du grand
visionnaire et les avis prescients de son
génie.
A Charleroi, Lanrezac savait qu'il avait
devant lui une énorme masse ennemie, sous-
évaluée dans des proportions considérables
par les informateurs de notre G. Q. G. On
ne l'écouta pas. Il montra, dans la retraite,
les qualités d'un grand chef et une force
d'âme qui auraient dû le rendre intangible. Sa
franchise, sa réussite elle-même lui avaient
fait des ennemis, obscurs pour la plupart,
mais bien placés. Il a, comme tous les indé*
pendants et tous les forts, succombé sous la
coalition dès impondérables.
Aujourd'hui, le gouvernement s'honore en
réparant tant d'injustices et en remettant
en pleine lumière la belle figure de ce grand
soldat. La guerre avait permis ces basses
vengeances, dans tous les domaines de
l'énergie et de l'action. La réparation don-
née au général de Lanrezac qui eût été
un des premiers maréchaux de l'armistice
s'il fût demeuré à la tête de son armée
nous laisse espérer qu'il y en aura d'autres.
Tous les Français salueront aujourd'hui avec
émotion le grand soldat de 1914, le bon chef
des, troupes admirablement préparées à la
guerre par les enseignements des Bonnal
et des Gallieni. G. c'
Un acte imprudent
»̃•
M. Dejean remplissait avec une dis-
tinction à laquelle chacun rendait hom-
mage les hautes fonctions de directeur
des Chemins de fer de l'Etat. Le minis-
tère vient de lui donner un successeur.
Il l'a fait avec une discrétion qui a paru
excessive, mais qui s'explique par son
embarras. Comment expliquer, en ef-
fet, que M. Dejean soit frappé en raison
même de son dévouement, de sa nette
compréhension de ses devoirs qu'il soit t
frappé' parca qu'il montrait trop peu
d'empressement à réintégrer- les. chemi-
nots révolutionnaires, parce qu'il re-
doutait que les dangereuses promesses
éiectorales du Cartel des gauches ne
missent en péril la discipline et, par
suite, le bon fonctionnement des servi-
ces ?
̃ Mieux valait se taire et ne pas avouer
qu'on avait obéi aux injonctions des
groupements syndicalistes. Quoi qu'il en
soit, le Cabinet a assumé, d'un cœur
léger, la responsabilité des désordres
que, déjà, chacun entrevoit pour lui,
l'intérêt des mauvais cheminots, des
cheminots frappés pour faits de grève
ou pour sabotage, prime l'intérêt du pu-
blic.
Nous souhaitons qu'il n'ait pas trop à
regretter son acte imprudent nous le
souhaitons un peu pour lui et beaucoup
pour le pays.
AU JOUR LE JOUR
Les devoirs de vaeanees
Le printemps vient, et le mois de mai nous
apporte ce qui est décrit dans les chansons.
Et.les gens de lettres, même et surtout s'ils
ont du talent, montrent déjà quelque pa-
resse. S'ils ont du talent, ils sont connus;
et.jS'ils sont assez connus, on les prie à dîner.
On les invite à des bals, à des'soir/es, à
des fêtes. C'est la belle saison; il n'est plus
question de travailler.
Et l'homme de lettres remet ses projets à
octobre. Il se dit
Bah! j'ai l'été devant moi. J'ai tout le
temps de pondre les pages sublimes qu'at-
tend une foule impatiente. Et ce sera le
diable si je n'arrive pas à finir, d'ici l'au-
tomnè, Ker Esdou, roman breton, Angeline,
comédie dont les trois actes sont pour le mo-
ment des actes d'espérance, et enfin le film
dont j'ai eu l'idée, et qui s'appelle les Six
petits mouchards de Cholet.
L'été vient. Et le poète part avec sa fa-
mille, son chien, son épouse, et les six en-
fants patiemment obtenus de deux ou trois
mariages. Pour écrire Ker Esdou dans son
cadre, et lui donner son atmosphère, il eût
voulu passer un mois à Quiberon. Mais voi-
là il ne fallait pas épouser la fille d'un
confiseur de Biarritz. ·
Et. l'écrivain dépensera son été dans le
pays basque. Les deux premiers jours, après
l'agacement de l'arrivée, et de l'installation
dans une villa moisie, il se met loyalement
:à la composition de Ker Esdon. Mais les bé-
rets le gênent, et l'odeur de résine et même
là forme des toits, et voici que Ker Esdou
ressemble moins au Frère Yves qu'à Ra-
finv-ntcho.
'.i Il le laisse là. Et peu importe. Il terminera
ce livre à Paris, dans son logement de la rue
-.Brisemiche, où rien, désormais, ne' le gêne-
ra pour imaginer la vraie atmosphère bre-
tonne.
Il pense à Angeline. 'Angeline, à son tour,
prend place dans ses préoccupations, tandis
qu'il Hotte, au fond d'un canot, entre le ciel
qui sourit comme des yeux et la mer cou-
leur de vieux drapeau. Angeline est deve-
nue la chose la plus absurde du monde.
L'idée qu'elle sera jouée par un jeune pre-
mier gras, et une jeune beauté dont le second
fils sort de Centrale, cette idée seule est in-
soutenable, et arracherait des larmes aux
mulets, poissons sévères.
Et puis, rien ne prouve qu'on représen-
tera Angeline.
Les gens, au dehors, crient sous les fenê-
tres Il faut aller pêcher les crabes. Il faut
aller .porter le courrier au village.
Alors, le film? Mais la seule odeur du cel-
luloïd, l'imagination de cette odeur et d'une
salle de cinéma chaude et enfumée, cela sou-
lève le cœur, à l'instant où l'on sort dans le
jardin lavé de fraîcheur.
Le film sera pour un autre jour.
Et puis, si le' paysage est doux, les habi-
tants sont décourageants. Le menuisier, à
qui l'on demandait une porte, a dit
Ce n'est pas pour demaign?
Le serrurier, que l'on priait de venir ouvrir
une malle, a conclu avec douceur
Je ferai ça la semaine prochaine.
Le plombier, consulté pour le chauffe-bain,
a répliqué
Je le ferai biengn, oui! Laissez-le moi
un mois ou deux.
Alors, pourquoi s'use^ le tempérament,
quand l'ouvrier, confiant en l'Evangile, com-
mence-partout son travail à la onzième heu-
re, quand toute la province paresse au so-
leil, heureuse?
Le poète, couché dans l'herbe, mâche une
feuille verte et regarde onduler les platanes.
Et si l'épouse ironique lui rappelle que le
sous-préfet de Daudet, au moins, faisait des
vers, l'écrivain aura beau jeu de répondre
Ah! oui. Mais ce n'était pas son mé-
tier.
Hervé Lauwick.
ecITos
Un miracle.
Il a fait beau, hier, à Paris. Sans
doute, le ciel est resté quelque peu nua-
geux. Le soleil ne s'est montré que j\ar
intervalles et n'a dispensé qu'avec par-
cimonie des rayons assez pâles. Mais la
température était douce, et, chose in-
croyable, il n"a pas plu.
L'homme n'est jamais content de son
sort. Les gens. qui, écourtant leurs va-
cances, étaient revenus de la campagne
hier, avaient l'air un peu vexés.
Une lettre.
Quand on a l'honneur -d'être en rela-
tions d'affaires avec un Allemand, on
commet une regrettable incorrection en
ne faisant pas, pour ce que vend cet Al-
lemand, une propagande de tous les
instants. Le cas devient particulière-
ment grave si l'on se permet de re-
commander un produit français, qu'on
trouve, à quelque point d,e vue que ce
soit, supérieur au produit allemand.
Voici la lettre par laquelle un éditeur
de Leipzig annule une commande
Leipzig, le 7 août 1984.
A mon regret je me vois obligé de vous
retourner votre dernière commande.
J'ai appris .en -effet, de source certaine,
que vous faites, une/açtive propagande en
faveur de l'édition .française, en insistant
sur Je bon .manohé de cette édition par rap-
port à J'édition aiEemande.
Vous omettez, par contre, d'indiquer au
public combien est meilleure l'édition X.
en ce qui concerne le papier, d'impression,
la révision, etc.
Vous .caniipr.endrez donc que j'annule itoùte
commande des maisons qui traiv aillent de
cette manière contre mon édition.
Salutations.
PP. X.
Le destinataire de ce message ne se
consolera jamais d'avoir si mal compris
ses devoirs envers un éditeur allemand.
Tout ce que le sport compte de gens
chics est à Ostende, pour la sensation-
nelle course de chevaux de 'l'année, le
Grand International d 'Ostende, 500.000
francs, que disputeront, dimanche, à
l'hippodrome Wellington, Massine, Pha-
ros, Parth, Grillemont, Condover, Su-
baltern et quelques autres.
Au Kursaa.1, grand festival italien,
quatuor de Riaoletto par des artistes,
tous de l'Opéra.
Une municipalité qui a le mauvais
œil.
C'est la-municipalité socialiste de Mar-
seille. Elle a perdu ces jours-ci un ad-
joint au maire. M. Jean Costes, qui a
été tué net dans un accident d'automo-
bile. Un autre adjoint de M. Flaissières,
M. Cerati, a. été asphyxié accidentelle-
ment par des émanations de gaz. Un
conseiller municipal, le plus jeune, M.
Descands, a dû être hospitalisé dans un
asile d'aliénés. Un adjoint encore, M. le
docteur Platon, a succombé sous une
condamnation sévère dans l'affaire des
carnets médicaux. Un cinquième- édile
dut être démissionné d'office avant mê-
me d'être installé. Le sénateur-maire
Flaissières, malgré ses soixante-seize
ans, n'est point inquiet pour, lui, mais
pour les trente collègues qui lui res-
tent. Il les dénombre et se prend à dire,
en prévision des élections municipales
de 1925 « Pourvu qu'ils tiennent »
-<>-<>c>-o--
Une agence publie cette .̃– "ff
BERLIN, 28 août. Dans un village voisin
de Munich, un jeune homme de 25 ans a
épousé une veuve âgée de 45 ans. La fille de
cette dernière, âgée de 24 ans, a épousé le
père du jeune homme. Le père est donc deve-
nu labeau-flls de son fils et sa jeune femme
est devenue la belle-mère de sa mère quant
au fils, il a épousé la mère de sa belle-mère.
Le serpent de m'er doit tourner autour
de l'arbre généalogique de cette famille.
Lemice-Terrieux mystifiait mieux..
On sait qu'on croyait avoir découvert
le journal de bord de Christophe Co-
lomb.
Il semblait bien un peu surprenant
que, Génois, commandant des équipa-
ges espagnols, Colomb eût employé ta
langue aUercande pour noter les inci-
dents du voyage qui devait aboutir à la
découverte de l'Amérique. Les gens qui
ont réponse ;t tout assuraient qu'il avait
voulu que ses potes ne fussent pas com-
prises f.ar les marins entre les mains
desquels eîîys pouvaient tomber.
A la rit'iieur, on aurait pu accepter
cotte explication. Mais i! a fallu tout de
même renoncer à admettre comme étant
Vœuvre de Colomb, un manuscrit dans
lequel il est question de Schiller.
Le Masque de Fer.
LE DÉSARMEMENT
La Conférence interparlementaire
adopte trois résolutions
Genève, 28 août. La Conférence inter-
parlementaire- a terminé ce soir ses travaux.
Elle a adopté dans sa dernière séance trois
résolutions ayant Irait la réduction des ar-
mements et à la sécurité des Etats.
La première de ces résolutions exprime
l'espoir que la collaboration engagée au
cours de la dernière année entre la Société
des Nations et les Etats-Unis d'Amérique,
aboutira à un'accord universel snr les prin-
cipes fondamentaux de la convention de
Saint-Germain du 10 septembre 1919, rela-
tive au contrôle du travail des armes,et des
munitions et qu'ainsi le règlement de ces
deux problèmes intimement liés pourra in-
tervenir entre tous les Etats producteurs de
matériel de guerre.
La conférence recommande nn outre la
réunion d'une conférence internationale
chargée d'élaborer les conventions interna-
tionales nécessaires à cet effet, et prie les
groupes de l'Union d'insister auprès de
leurs Parlements et de leurs gouvernements
respectifs sur l'urgence de ces question-
dans l'intérêt de la paix et de la réduction
des armements.
La deuxième résolution signale. l'impor-
tance qui s'attacherait à une général'isatioii
de l'établissement de zones démilitarisées
sous l'égide de la Société des nations.
Elle charge la commission permanent p.
d'études pour la réduction des armements
d'approfondir davantage l'étude du problè-
me de la démilitarisation des frontières H
l'invite à instituer un comité spécial qui su
réunira le plus tôt possible pour discuter
cette importante question.
La dernière résolution salue avec satis-
faction l'intention annoncée par le prési-
dent des Etats-Unis de convoquer, prochai-
nement, une deuxième conférence pour le
désarmement naval, ainsi que le projet émis
à plusieurs reprises par le chef du gouver-
nement anglais de soumettre le problème
des armements à une discussion internatio-
nale.
Péguy vivant
Par DANIEL HALEVY
Voici dix ans ans qu'il est Que
reste-t-il de ce qu'il lut, de- son amie et de
sa pensée ? '?
C'était un homme extraordinaire. Qui-
conque l'a connu en est sûr. Comme il
étonna nos vingt ans nous préparions
nos examens, nous attendions en cau-<
sait, papotant, de devenir des hommes.
Lui seul, ce petit paysan au cràno ro'nd
| et aux mains courtes, lui seul refusai $
d'attendre et de se laisser examiner-;
tournant le dos aux carrières commo-
des, il osait prendre femme, il osait être,
père il louait boutique, il s'imprimait,
il s'éditait, et s'offrait à nous éditer. lt
avait fondé sa maison. Pauvre et. peu-
ple, il nous donnait, à nous bourgeois,
la liberté.
Où allait-il, ce jeune capitaine, ce. Ho-
che, ce Joubert, ce Marceau du Quartier,
latin ? Nous ne le savions pas. Le sa-
vait-il lui-même ? Je le vois et l'entends
encore, debout au seuil de sa boutique
« II ne faut jamais savoir le matin où
on couchera le soir », me disait-il. Sa
seule règle était d'avancer, d'aller en
grandissant où il s'entendait appelé. Et
plutôt que de piétiner, nous acceptions
son aventure nous l'écoutions, nous le
suivions et, nous avions l'étonnante ré-
compense de voir se marquer en lui et
se produire devant nous, quelques-unsi
des grands caractères de l'homme lej
caractère de l'homme travailleur, libre
par son travail, autant qu'il est possible
d'être libre et plus avant, plus loin,
plus haut, dans une autre lumière, nous
voyions apparaître le caractère du chré-
tien.
Et cet homme, extraordinaire était un
écrivain extraordinaire. Il avait le gé-
nie du mot, de la; phrase sa langue
était à la, fois toute, traditionnelle et toute
neuve mais Péguy, pour exprimer les
pensées que découvrait son esprit, les
rythmes qui l'animaient, s'était inventé
une rhétorique et un style aux dévelop-
pements immenses. Nous, ses amis, pré-
venus par la connaissance de l'homnïe,
nous entrions avec confiance dans les
dédales de sa prose, avec courage aussi:
il en fallait parfois. Mais.le public, je dis
le meilleur, un public de lecteurs exer-
cés, non prévenu, s'étonnait et refusait
de faire apprentissage. Ainsi Péguy, qui
était te contraire d'un artiste de cha-
pelle, se trouvait, en fait, reclus dans
̃noire groupe étroit. Il y étouffait, il y
souffrait, aucune Issue n'apparaissait.
Pourtant l'issue était proche, cachée
par les sombres nuages qui chargeaient
l'avenir. Peu de semaines ,avant la, guer-,
re, dans un poème que bien peu lurent,,
dont on n'avait guère. su que sourire,
Péguy avait écrit les strophes Heureux
ceux qui sont mwts dans une juste
guerre. Il mourut l'un des premiers, et
la France soudain réôita ces vers incon-
nus' la veille encore. Péguy avait été le!
chantre de son propre trépas, du trépas
de tant. de jeunes hommes. Le génie seu,l
obtient de telles rencontres. Les stro-
phes, l'acte rapide, le front troué, lé
corps qui tombe 'ainsi fut construite ert
un jour sa gloire, vainement cherchée à
travers quinze années de travaux.
La -légende l'a pris, son âme est sau-
vée de l'oubli mais sa pensée, son œu-
vre d'écrivain, est-elle sauvée ? Ce jour-
nal même où ces lignes s'impriment,,
quelques milliers de personnes instrui-
tes, et qui lisent, l'ouvriront tout à l'heu-
re. Combien, parmi elles, auront tenu
entre leurs mains un Cahier de Péguy
combien auront lu un pamphlet ou uru
mystère, Notre Jeunesse ou Le Porche
du mystère de la deuxième vertu ? Quel-
quès centaines ? Non, c-ertos.- Quelques
dizaines ? J'en doute. Quelques-unes ?
Peut-être. L'image héroïque, les huit
vers que les enfants apprennent à l'é*
70me Année 3me Série N° 242
Vendredi 29 Août 1924
GASTON CALMETTe'
Directeur (1902-1914)
1
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.'̃• a Loué" par ceux-ci, blâmé par. ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
̃'=•̃-̃̃' de rire de tout. de -peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
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On s'abonne dans tous les bureaux de poste
de France et d'Alaérié'
En pleine tendresse
~"C>
D'ici peu, nous allons entrer dans '3 a
̃saison la plus tendre de l'année. Cha-
cun sait que septembre est le'mlois^où
ise nouent les grandes amlours. Le soleil
̃se couche plus tôt, les jours languissent
avec grâce;' les clairs de ilune ont une
1 .douceur plus grave, un ou deux frissons
d'automne passent déjà dans les feuilles.
Dès septembre, voici que l'on s'émeut
devant l'eau qui rêve, et qu'on se prend
à errer délicieusement à travers les
'beaux parcs. Et au retour dans la mai-
son bien chaude au milieu des brumes
naissantes, quand on s'est assis sous, la
lamlpe, -et si l'on n'a ni bridge qui vous
attend, ni mah-jo-ng, ni rien, que fait-
on ?. Eh bien, l'on se met lire. Et que
lit-on ?. Un roman, bien entendu.
` Et le soir, qu'y a-t-il, madame, près
̃de votre chevet?. Un roman. Et vous,
monsieur, qu'avez-vous feuilleté tandis
qu'il pleuvait si fort, et qu'on ne pouvait
pas chasser ?. Un roman. Et ce jeune
homme, Jà-bas, qui parle sf coniplaisani-1
ment de-son travail, que fait-il donc ?.
Un roman. Et ce libraire, parfaitement
achalandé sur la place de la ville, devant
l'orme du mail, que vend-il ? Des li-
vres de philosophie, d'histoire, de scieri;
ce ?. Mais non,. des romans. Il n'est
question que,de romans, il semble que,
jamais, personne ne compose autre cho-
se que des 'romans, encore et toujours
des romans.
Tant il y a que l'on se trouble à la fin,
et,qu'on fait des enquêtes « Mais com-
ment, mais pourquoi cette rage roma-
nesque ? N'y a-t-il point cent questions
plus intéressantes dans la vie que les
aventures d'amour ?. »
Assurément, il y en a, on ne peut le
nier. Du moins, il y en a en théorie, et
dès qu'on y réfléchit. Il faut pourtant
bien croire que l'amour, en définitive,
bouleverse et bouleversera toujours le
genre humain d'une manière irrépara-
ble, puisque presque tout le monde se
passionne à tel point pour cette éternelle
autant qu'épouvantable catastrophe.
» Et l'on a beau décréter, comme on le
fait périodiquement, que la jeunesse,
par exemple, a cessé d'être sentimentale,
et que la curiosité se détourne de ces
émotions du temps passé. Ah plus
souvent Faites-vous conter la chro-
nique des plages et des villes d'eaux,
après ces mois d'été. Ce ne seront que
jalousies, désespoirs, furies d'amour,
scandales par-ci, suicides pai-là, extra-
vagances et sombres délires. Un ravis-
sant, gigolo arriva au 1er août dans un
casino il est tout insolence et ^sarcas-
me, enfonce en crâneur ses mains dans
ses poches, traite de son haut les pau-
vres femmes, ne parle que d'automobi-
les, d'argent ou de sport. Néanmoins, à
la fin du mois, le voilà qui, guette, éplo-
ré, l'arrivée d'une jeune personne, et
demande où l'on trouve une bonne édi-
tion de Musset.
Rien ne change. Ce sont les psycholo-
gues de cabinet qui décrètent subite-
ment, d'un air entendu, que tout est bou-
leversé, que désormais le cœur se ')orte
à droite, ou même ne se porte plais du
tout. Cependant, n'en croyez pas un
mot. Les (psychologues de cabinet sont
des snobs ils s'en imposent mutuelle-
ment, et inventent des modes intellec-
tuelles, qu'ils suivent avec piété, voilà
tout.
Le cœur, l'émotion, le romanesque ?.
Mais nous vivons bel et. bien, au con-
traire, sous leur empire absolu, et même
sous leur 'tyrannie, en 1924. Une sensi-
bilité' perpétuelle nous agite et nous
mène, si bien qu'il y faut voir une sorte
de divinité fiévreuse, un peu sauvage,
une force à la fois bestiale et adorée à
quoi nous sommes soumis en des trans-
ports sans fin Belphégor, comme dit
M. Julien Benda. Nous nous prosternons
dans le culte barbare de Belphégor
quant au culte de la pure, délicate et
hautaine Minerve, qui donc y songe en-
core ? M. François Albert lui a d'ailleurs
déclaré 'la guerre, à cé culte réactionnai-
re, développé surtout parles études clas-
siques c'est un ci-devant culte, comme
on disait en 1793.
Les romancièrs peuvent se rassurer
e^ continuer avec sérénité de se livrer à
leur littérature sentimentale, littérature
d'ailleurs captieuse et sournoise, qui
sait s'adapter à tout, prendre toutes les
formes, et permet aussi bien ide traiter
les iplus âpres questions sociales que de
donner avec calme et, dignité son avis
sur la morale, l'esthétique, la religion et
autres sujets immenses, ou encore d'é-
crire discrètement ses mémoires et déli-
vrer sa confession publique, non sans
mensonges, comme d'usage, mais cette
fois ilégitimes et permis, puisque l'on
feint d'inventer une histoire arrivée à
d'autres qu'à soi-même. Les livres de
pensée pure ne s'adressent plus qu'à
quelques princes de l'esprit ouvrages
ci-devant, eux 'aussi, destinés à des lec-
teurs ci-devant.
Et, du reste, un roman même, c'est
déjà.bien compliqué, cela congestionne
est-ce qu'on n'a pas le cinéma ?•
On ne s'adresse qu'à nos plus tendres
sentiments, toujours et partout atten-
drissez-vous, aimez votre prochain, ai-
mez l'humanité, conseille-t-on, ordon-
ae-l-on sans trêve. Mais personne n'a-
vertit qu'il faut d'abord aimer sa, patrie,
la plus belle qui soit au monde, ni d'ail-
leurs la beauté qui donne une raison de-
vivre, ni la discipline et l'ordre, qui
permettent de se conduire comme des
êtres civilisés. Ordre, discipline, beau-
té, patrie, tout ça n'est pas du senti-
ment. Au lieu qu'humanité, altruisme,
confiance, voilà qui met des larmes dans
les yeux, à la bonne heure! l
En politique, lie nous trouvons-nous l,
pas actuellement en pleine effusion, en
pleine tendresse, en plein romanesque
aussi ? Nous ne nous permettrions pas 1
de porter sans ambages un "jugement sur
un sujet aussi redoutable mais enfin
il y a plus d'une personne pleine d'expé-
rience et de pondération, pour s'étonner-
beaucoup. « Quoi ? font des voix pruden-
tes,' modérées, on prend pour acquis des
résultats encore aléatoires ? On ne. sait.
seulement pas si des obligations seront
adoptées par l'univers financier, et l'on
se réjouit comme si. l'on avait déjà l'ar-
gent, dans, sa poche ? On se fonde sur
des probabilités, et pis encore, sur des
promesses ?. C'est de la folie, voyons,
c'est du roman »
Nous ignorons si ces personnes pen-
sent bien sagement mais on serait
tenté de le croire. Nous tournons les pa-
ges d'un étrange et vaste,roman, le ro-
man des Conférences. Succès mondial.
I El, ce que nous savons, en tout cas,
c'est qu'à la, Chambre et dans tous les
| lieux où l'on vote, il ne s'agit plus que
I du cœur et de l'émotion. On a du cœur,
i on parle avec son cœur, "on a donné son
vote dans un grand mouvement d'émo-
lion. Et c'est à l'âme des hommes d'Etat
que l'âme des autres hommes d'Etat
s'adresse. Et les arguments reposent
sur la confiance, et les accords ont la
j. bonté. pour base, et la voix des négocia-
teurs tremble, et le diplomate éclate en
sanglots, et le financier sent sa gorge
se serrer, de l'autre côté du tapis vert,
et la main fébrile du contradicteur cher-
che son sein haletant, au pied de la tri-
bune.
C'est avec sensibilité que des étran-
gers passeraient en armes notre fron-
tière, si la tendresse universelle n'avait
à jamais détruit la moindre possibilité
de guerre, ainsi que vous savez. Et les
communistes qui viendraient un jour à
fusiller des bourgeois, au nom de l'a-
mour des hommes, auraient, en vérité,
de la peine à viser, tant il y aurait de
pleurs entre leurs prunelles et le guidon j
de leurs fusils.
Marcel Boulenger.
L'affaire Matteotti
Un coup de théâtre serait imminent
Rome, 28 août. Selon le Sereno^ l'ins-
truction de l'affaire. Matteotti réserverait, à
brève échéance, un coup de théâtre qui pour-
rait être la conséquence des contradictions
entre les dépositions des divers témoins, no-
tamment entre celle du brigadier Caratelli,
qui découvrit les restes dé Matteotti, et celle
du cheminot Conti, que Caratelli appela aus-
sitôt au bord de la fosse.
La version. selon laquelle ce serait le chien
de Caratelli qui aurait découvert la fosse
serait contredite par une autre version, se-
lon laquelle le chien n'aurait été yn sur les
lieux que deux heures après. Le. chef de la
police judiciaire aurait été chargé d'organi- `
ser un service. de surveillance des çjivers té-
moins une maison, aux environs de Riano,
serait tout, particulièrement surveillée.
La Tribwna annonce que M. Thiersthae-
del, sujet autrichien, inculpé dans l'affaire
Matteotti, aurait fait des aveux partiels. M.
Philippo Panzeri, autre complice, qu'on n'a
pas encore pu arrêter, aurait réussi à s'en-
fuir de Milan, à passer la frontière et à ga-
gner Marseille, où il serait depuis un mois.
-~s*^r^
Motes d'un Parisien
La France est bien le pays du suffrage
universel.
Hier, à la fête du village, le meneur des
jeux ne parvenait pas à contenir la tur-
bulence des gamins. On ne peut disputer
sérieusement la course en sac, le mât de
cocagne si tous les coneurrents se pressent,
se bousculent. Et le jeu des ciseaux, tout
particulièrement, a besoin de silence. Il a
une minute pathétique. L'enfant, les yeux
bandés, ses ciseaux à la main, approche-
t-il de la ficelle à laquelle les lots sont at-
tachés, ou s'en éloigne-t-il. Il faut au
concurrent la sensibilité d'une chauve-
souris. Mais si les petits camarades le
renseignent, le trompent. ?
Le meneur des jeux comprit que l'épreu-
ve serait compromise il se recueillit une
minute et fut inspiré. Il annonça « Avant
le jeu des ciseaux, grand concours de gri-
maces. » Aussitôt, il obtint le silence et
l'immobilité. Les gamins, qui formaient
des équipes complices, se séparèrent. Tous
comprenaient que le concours était sfricux-
et demandait un grand effort individuel.
Chacun s'écarfa, pour s'entraîner. vit
des fronts purs qui se plissaient, de grands
yeux qui clignaient des bouches s'ouvri-
rent et des langues sortirent comme dans
l'application que réclame une belle page
d'écriture.
Puis, la rangée des concurrents fut d'un
alignement aussi parfait que celui d'une
compagnie de la garde républicaine. A
tour de rôle, les gamins montèrent sur une
table et firent leur grimace. La plupart
n'avaient pas eu le temps de trouver. Ils
improvisaient. Ils s'étiraient, de défor-
maient les yeux' ou la bouche avec' les
doigts ils tiraient la langue. L'un imita,
du bout des lèvres, le lapin ou la carpe
un autre imita les gestes du violoneux
enfin, un dernier, parodiant l'autorité du
meneur des jeux, obtint le premier prix,
et, à ce titre, conduisit les petits camara-
des au mât de cocagne où le tumulte re-
commença.
Ils ne peuvent s'appliquer qu'à faire
des grimaces, me'dit l'instituteur.
La Francé est bien le pays du suffrage
universel. JANOT.
Notre Supplément littéraire
DE DEMAIN
Maurice Levaillant Les dernières religieuse» de
Port-Royal.
Feraaad Vandérem., Choses et Geni de Lettres.
(La promotion Ronsard)
Claude Laforêt. Albéric Magnard.
Paul Gruyer Chateaubriand repose-t.il là oit
il l'avait demandé ? o
Nonce Casanova La Marie.Divine >
Lucien Refort. Huysmans caricaturiste.
Paul Claudel. A travers les villes en flammes.
(Les liores de demain)
Chronique de M. L.
AU REICHSTAG
III
Le vote définitif 0
n'aura lieu qu'aujourd'hui
Le Reichstag a reculé jusqu'au deiy
nier jour, c'est-à-dire jusqu'au 29 août,
le vote définitif sur les projets de loi pré-:
vus par le plan Dawes. On sait queues
projets, au nombre de trois, concernent
la banque d'émission, les obligations in-
| dustrielles et les .chemins de fer. Mer-
credi, en deuxième lecture, les deux
premiers ont été votés à' la majorité sim-
ple mais le dernier-n'à pas réuni la ma-
jorité nécessaire des deux tiers., Les na-
tionalistes, malgré ;la, menace de disso-
lution du Reichstag, et en dépit de
pressions diverses, ont persisté dans
leur opposition la journée d'hier ne
semble pas avoir modifié leur attitude.
C'est, cette obstination :qu'il s'agit d'ex-
pliquer.
Le refus des nationalistes a été dicté
à la fois par ,1-a fierté et par l'habileté.
Durant leur campagne électorale, ils
avaient proclamé que l'acceptation du
rapport était incompatible avec l'hon-.
neur national. Ils n'ont "point voulu se
déjuger et ils ont redouté les conséquen-
ces d'une volte-face complète. ̃'
D'ailleurs les nationalistes ont cru
plus habile de se tenir éloignés et de
proportionner le prix du ralliement au
chemin parcouru. A la fin du mois de
juillet, ils subordonnèrent donc l'ac-
ceptation du rapport à sept conditions,
bien sûrs de voir certaines d'entre elles
refusées à Londres et de pouvoir ainsi
vendre leur acceptation ou tout mi
moins-leur tolérance. :En fait, le profes-
seur Hergt a déclaré au Reichstag,
mardi dernier, que deux des conditions
prévues1 n'avaient pas été remplies la
protestation contre la, culpabilité de l'Al-
lemagne dans les origines de la guerre
la libération économique et l'évacuation
militaire des territoires occupés, immé-
diates et entières.
Mais dans la coulisse, les nationalis-
tes ont cherché à marchander leur adhé-
sion. Vis-à-vis de l'étranger en récla-
mant à la France une promesse solen-
nelle d'évacuation, et en demandant aux
Etats-Unis un prêt d'un milliard de
marks-or. Vis-à-vis du gouvernement t
allemand en exigeant un remaniement
du ministère- et l'accession des nationa-
listes au pouvoir ainsi qu'un vote
de tarifs douaniers en faveur des clas-
ses agricoles où se recrutent leurs élec-
teurs.- ̃••' .-̃ "̃̃-
Au Reiohstag, les nationalistes ont
trouvé, pour ce marchandage, des alliés
parmi les populistes. Ce parti, acquis
pourtant au vote des lois, a cherché, par
tous les moyens, à ne pas se séparer du
parti nationaliste. Au fond, les populis-
tes inclinent vers la droite leur désir
est de former un grand bloc, bourgeois
et de gouverner avec les nationalistes.
Par contre, les nationalistes ont trou-
vé des. adversaires- acharnés dans les
rangs des socialistes, des démocrates et
même du centre. Les socialistes surtout
ont poussé à la dissolution du Reichstag
et ont cru dans une nouvelle bataille
électorale réparer leur échec du 4 mai.
« Nous acceptons la lutte avec la réac-
tion, a déclaré 'M- Hilferding et nous
sommes sûrs, de l'emporter, » Les socia-
listes se sont refusés, par suite, à toutes
îes concessions que le gouvernement
était prêt à consentir aux nationalistes.
Suivant la Kœlnische Zeilung, ils au-
raient même été jusqu'à menacer le Ca-
binet, s'il cédait, de détruire par leur
absence la majorité nécessaire. Si un
pont n'a pu être construit jusqu'ici en-
tre le gouvernement et les nationalistes,
c'est que les socialistes, forts de leurs
•espérances, s'y sont résolument oppo-
sés.
Si l'on tient compte de tous ces élé-
ments, on comprend que les pourpar-
lers de ces derniers jours aient été si
longs et si laborieux. Les nationalistes
persisteront-ils dans leur intransigean-
ce, 'et le décret de dissolution du Reich-
stag, déjà tout prêt, sera-t-il proclamé ?
Ou bien, à la dernière minute, trouve-
ra-t-on un terrain d'entente et réunira-
t-on avec peine la majorité des deux
tiers ? Nous le saurons 'aujourd'hui.
Mais l'Allemagne peut déjà être.sfixée.
Ses pires ennemis se trouvent sur son
territoire et ils "se nomment les natio-
nalistes.
Alfred Mallet.
Une Conférence entre M. Stresemann
et les nationalistes
Berlin, 28 août. Le vote définitif sur les
lois*d'exécution a été renvoyé à demain.
La situation parlementaire n'est* pa§ en-
core écla'ircie la fraction nationaliste a tenu
cet après-midi une Jongae séance, et une
conférence, dont l'initiative a été prise par
les nationalistes, a lieu en ce moment entre
M. Stresemann et les chefs de la fraction.
Trouvera-t-on un compromis ?
Berlin, 28 août. Bien que les nationa-
listes aient publié ce soir un manifeste pour
déclarer que leur point de vue, dans la
question de l'accord de' Londres, ne. s'était
pas modifié, on croit maintenant à Berlin
que les- chances d'un comproimis ont quel-
que peu augmenté à la suite des négocia-
tions engagées ce soir et qui seront reprises
demain entre M. Stresemann et les leaders
nationalistes.
Voici quelles seraient les bases de ce
compromis les nationalistes transforme-
raient en résolution leurs projets de loi que
le Reichstag ne peut adopter, et les rédige-
raient en des termes plus énergiques que
les résolutions formulées hier par le, parti
populiste et qu'ils considéraient comme in-
suffisantes,
Le parti populiste bavarois
se prépare aux élections
Munich, 28 août. Le .parti populiste ba-
varois a. invité ses organisations .régionales
à se tenir prêtes pour tes élections., au Reich-
st-ag à la -fiai «de septembre,.
i lia grand'eroix
du général de tanrezae
•̃ y • -+-T
Le vainqueur de Guise, le général de Lan-
rezac, est promu grand'croix de la Légion
d'honneur. Peu à peu, l'Histoire rend ainsi
justice aux héros, souvent méconnus, de la
guerre. Dans la tourmente qui, il y a dix
ans, emportait les hommes, les meilleurs
n'étaient pas toujours à l'abri de ses erreurs
et de ses brutalités. Gallieni était mort quand
on a reconnu qu'il avait sauvé Paris et mar-
qué l'heure du rétablissement victorieux sur
la Marne.
Le général de Lanrezac avait, en avril
IQI4, succédé précisément à Gallieni à la
tête de la 5e armée. Il le consultait en tout
et, même dans les premiers jours de la.
guerre, il suivait les directives du grand
visionnaire et les avis prescients de son
génie.
A Charleroi, Lanrezac savait qu'il avait
devant lui une énorme masse ennemie, sous-
évaluée dans des proportions considérables
par les informateurs de notre G. Q. G. On
ne l'écouta pas. Il montra, dans la retraite,
les qualités d'un grand chef et une force
d'âme qui auraient dû le rendre intangible. Sa
franchise, sa réussite elle-même lui avaient
fait des ennemis, obscurs pour la plupart,
mais bien placés. Il a, comme tous les indé*
pendants et tous les forts, succombé sous la
coalition dès impondérables.
Aujourd'hui, le gouvernement s'honore en
réparant tant d'injustices et en remettant
en pleine lumière la belle figure de ce grand
soldat. La guerre avait permis ces basses
vengeances, dans tous les domaines de
l'énergie et de l'action. La réparation don-
née au général de Lanrezac qui eût été
un des premiers maréchaux de l'armistice
s'il fût demeuré à la tête de son armée
nous laisse espérer qu'il y en aura d'autres.
Tous les Français salueront aujourd'hui avec
émotion le grand soldat de 1914, le bon chef
des, troupes admirablement préparées à la
guerre par les enseignements des Bonnal
et des Gallieni. G. c'
Un acte imprudent
»̃•
M. Dejean remplissait avec une dis-
tinction à laquelle chacun rendait hom-
mage les hautes fonctions de directeur
des Chemins de fer de l'Etat. Le minis-
tère vient de lui donner un successeur.
Il l'a fait avec une discrétion qui a paru
excessive, mais qui s'explique par son
embarras. Comment expliquer, en ef-
fet, que M. Dejean soit frappé en raison
même de son dévouement, de sa nette
compréhension de ses devoirs qu'il soit t
frappé' parca qu'il montrait trop peu
d'empressement à réintégrer- les. chemi-
nots révolutionnaires, parce qu'il re-
doutait que les dangereuses promesses
éiectorales du Cartel des gauches ne
missent en péril la discipline et, par
suite, le bon fonctionnement des servi-
ces ?
̃ Mieux valait se taire et ne pas avouer
qu'on avait obéi aux injonctions des
groupements syndicalistes. Quoi qu'il en
soit, le Cabinet a assumé, d'un cœur
léger, la responsabilité des désordres
que, déjà, chacun entrevoit pour lui,
l'intérêt des mauvais cheminots, des
cheminots frappés pour faits de grève
ou pour sabotage, prime l'intérêt du pu-
blic.
Nous souhaitons qu'il n'ait pas trop à
regretter son acte imprudent nous le
souhaitons un peu pour lui et beaucoup
pour le pays.
AU JOUR LE JOUR
Les devoirs de vaeanees
Le printemps vient, et le mois de mai nous
apporte ce qui est décrit dans les chansons.
Et.les gens de lettres, même et surtout s'ils
ont du talent, montrent déjà quelque pa-
resse. S'ils ont du talent, ils sont connus;
et.jS'ils sont assez connus, on les prie à dîner.
On les invite à des bals, à des'soir/es, à
des fêtes. C'est la belle saison; il n'est plus
question de travailler.
Et l'homme de lettres remet ses projets à
octobre. Il se dit
Bah! j'ai l'été devant moi. J'ai tout le
temps de pondre les pages sublimes qu'at-
tend une foule impatiente. Et ce sera le
diable si je n'arrive pas à finir, d'ici l'au-
tomnè, Ker Esdou, roman breton, Angeline,
comédie dont les trois actes sont pour le mo-
ment des actes d'espérance, et enfin le film
dont j'ai eu l'idée, et qui s'appelle les Six
petits mouchards de Cholet.
L'été vient. Et le poète part avec sa fa-
mille, son chien, son épouse, et les six en-
fants patiemment obtenus de deux ou trois
mariages. Pour écrire Ker Esdou dans son
cadre, et lui donner son atmosphère, il eût
voulu passer un mois à Quiberon. Mais voi-
là il ne fallait pas épouser la fille d'un
confiseur de Biarritz. ·
Et. l'écrivain dépensera son été dans le
pays basque. Les deux premiers jours, après
l'agacement de l'arrivée, et de l'installation
dans une villa moisie, il se met loyalement
:à la composition de Ker Esdon. Mais les bé-
rets le gênent, et l'odeur de résine et même
là forme des toits, et voici que Ker Esdou
ressemble moins au Frère Yves qu'à Ra-
finv-ntcho.
'.i Il le laisse là. Et peu importe. Il terminera
ce livre à Paris, dans son logement de la rue
-.Brisemiche, où rien, désormais, ne' le gêne-
ra pour imaginer la vraie atmosphère bre-
tonne.
Il pense à Angeline. 'Angeline, à son tour,
prend place dans ses préoccupations, tandis
qu'il Hotte, au fond d'un canot, entre le ciel
qui sourit comme des yeux et la mer cou-
leur de vieux drapeau. Angeline est deve-
nue la chose la plus absurde du monde.
L'idée qu'elle sera jouée par un jeune pre-
mier gras, et une jeune beauté dont le second
fils sort de Centrale, cette idée seule est in-
soutenable, et arracherait des larmes aux
mulets, poissons sévères.
Et puis, rien ne prouve qu'on représen-
tera Angeline.
Les gens, au dehors, crient sous les fenê-
tres Il faut aller pêcher les crabes. Il faut
aller .porter le courrier au village.
Alors, le film? Mais la seule odeur du cel-
luloïd, l'imagination de cette odeur et d'une
salle de cinéma chaude et enfumée, cela sou-
lève le cœur, à l'instant où l'on sort dans le
jardin lavé de fraîcheur.
Le film sera pour un autre jour.
Et puis, si le' paysage est doux, les habi-
tants sont décourageants. Le menuisier, à
qui l'on demandait une porte, a dit
Ce n'est pas pour demaign?
Le serrurier, que l'on priait de venir ouvrir
une malle, a conclu avec douceur
Je ferai ça la semaine prochaine.
Le plombier, consulté pour le chauffe-bain,
a répliqué
Je le ferai biengn, oui! Laissez-le moi
un mois ou deux.
Alors, pourquoi s'use^ le tempérament,
quand l'ouvrier, confiant en l'Evangile, com-
mence-partout son travail à la onzième heu-
re, quand toute la province paresse au so-
leil, heureuse?
Le poète, couché dans l'herbe, mâche une
feuille verte et regarde onduler les platanes.
Et si l'épouse ironique lui rappelle que le
sous-préfet de Daudet, au moins, faisait des
vers, l'écrivain aura beau jeu de répondre
Ah! oui. Mais ce n'était pas son mé-
tier.
Hervé Lauwick.
ecITos
Un miracle.
Il a fait beau, hier, à Paris. Sans
doute, le ciel est resté quelque peu nua-
geux. Le soleil ne s'est montré que j\ar
intervalles et n'a dispensé qu'avec par-
cimonie des rayons assez pâles. Mais la
température était douce, et, chose in-
croyable, il n"a pas plu.
L'homme n'est jamais content de son
sort. Les gens. qui, écourtant leurs va-
cances, étaient revenus de la campagne
hier, avaient l'air un peu vexés.
Une lettre.
Quand on a l'honneur -d'être en rela-
tions d'affaires avec un Allemand, on
commet une regrettable incorrection en
ne faisant pas, pour ce que vend cet Al-
lemand, une propagande de tous les
instants. Le cas devient particulière-
ment grave si l'on se permet de re-
commander un produit français, qu'on
trouve, à quelque point d,e vue que ce
soit, supérieur au produit allemand.
Voici la lettre par laquelle un éditeur
de Leipzig annule une commande
Leipzig, le 7 août 1984.
A mon regret je me vois obligé de vous
retourner votre dernière commande.
J'ai appris .en -effet, de source certaine,
que vous faites, une/açtive propagande en
faveur de l'édition .française, en insistant
sur Je bon .manohé de cette édition par rap-
port à J'édition aiEemande.
Vous omettez, par contre, d'indiquer au
public combien est meilleure l'édition X.
en ce qui concerne le papier, d'impression,
la révision, etc.
Vous .caniipr.endrez donc que j'annule itoùte
commande des maisons qui traiv aillent de
cette manière contre mon édition.
Salutations.
PP. X.
Le destinataire de ce message ne se
consolera jamais d'avoir si mal compris
ses devoirs envers un éditeur allemand.
Tout ce que le sport compte de gens
chics est à Ostende, pour la sensation-
nelle course de chevaux de 'l'année, le
Grand International d 'Ostende, 500.000
francs, que disputeront, dimanche, à
l'hippodrome Wellington, Massine, Pha-
ros, Parth, Grillemont, Condover, Su-
baltern et quelques autres.
Au Kursaa.1, grand festival italien,
quatuor de Riaoletto par des artistes,
tous de l'Opéra.
Une municipalité qui a le mauvais
œil.
C'est la-municipalité socialiste de Mar-
seille. Elle a perdu ces jours-ci un ad-
joint au maire. M. Jean Costes, qui a
été tué net dans un accident d'automo-
bile. Un autre adjoint de M. Flaissières,
M. Cerati, a. été asphyxié accidentelle-
ment par des émanations de gaz. Un
conseiller municipal, le plus jeune, M.
Descands, a dû être hospitalisé dans un
asile d'aliénés. Un adjoint encore, M. le
docteur Platon, a succombé sous une
condamnation sévère dans l'affaire des
carnets médicaux. Un cinquième- édile
dut être démissionné d'office avant mê-
me d'être installé. Le sénateur-maire
Flaissières, malgré ses soixante-seize
ans, n'est point inquiet pour, lui, mais
pour les trente collègues qui lui res-
tent. Il les dénombre et se prend à dire,
en prévision des élections municipales
de 1925 « Pourvu qu'ils tiennent »
-<>-<>c>-o--
Une agence publie cette .̃– "ff
BERLIN, 28 août. Dans un village voisin
de Munich, un jeune homme de 25 ans a
épousé une veuve âgée de 45 ans. La fille de
cette dernière, âgée de 24 ans, a épousé le
père du jeune homme. Le père est donc deve-
nu labeau-flls de son fils et sa jeune femme
est devenue la belle-mère de sa mère quant
au fils, il a épousé la mère de sa belle-mère.
Le serpent de m'er doit tourner autour
de l'arbre généalogique de cette famille.
Lemice-Terrieux mystifiait mieux..
On sait qu'on croyait avoir découvert
le journal de bord de Christophe Co-
lomb.
Il semblait bien un peu surprenant
que, Génois, commandant des équipa-
ges espagnols, Colomb eût employé ta
langue aUercande pour noter les inci-
dents du voyage qui devait aboutir à la
découverte de l'Amérique. Les gens qui
ont réponse ;t tout assuraient qu'il avait
voulu que ses potes ne fussent pas com-
prises f.ar les marins entre les mains
desquels eîîys pouvaient tomber.
A la rit'iieur, on aurait pu accepter
cotte explication. Mais i! a fallu tout de
même renoncer à admettre comme étant
Vœuvre de Colomb, un manuscrit dans
lequel il est question de Schiller.
Le Masque de Fer.
LE DÉSARMEMENT
La Conférence interparlementaire
adopte trois résolutions
Genève, 28 août. La Conférence inter-
parlementaire- a terminé ce soir ses travaux.
Elle a adopté dans sa dernière séance trois
résolutions ayant Irait la réduction des ar-
mements et à la sécurité des Etats.
La première de ces résolutions exprime
l'espoir que la collaboration engagée au
cours de la dernière année entre la Société
des Nations et les Etats-Unis d'Amérique,
aboutira à un'accord universel snr les prin-
cipes fondamentaux de la convention de
Saint-Germain du 10 septembre 1919, rela-
tive au contrôle du travail des armes,et des
munitions et qu'ainsi le règlement de ces
deux problèmes intimement liés pourra in-
tervenir entre tous les Etats producteurs de
matériel de guerre.
La conférence recommande nn outre la
réunion d'une conférence internationale
chargée d'élaborer les conventions interna-
tionales nécessaires à cet effet, et prie les
groupes de l'Union d'insister auprès de
leurs Parlements et de leurs gouvernements
respectifs sur l'urgence de ces question-
dans l'intérêt de la paix et de la réduction
des armements.
La deuxième résolution signale. l'impor-
tance qui s'attacherait à une général'isatioii
de l'établissement de zones démilitarisées
sous l'égide de la Société des nations.
Elle charge la commission permanent p.
d'études pour la réduction des armements
d'approfondir davantage l'étude du problè-
me de la démilitarisation des frontières H
l'invite à instituer un comité spécial qui su
réunira le plus tôt possible pour discuter
cette importante question.
La dernière résolution salue avec satis-
faction l'intention annoncée par le prési-
dent des Etats-Unis de convoquer, prochai-
nement, une deuxième conférence pour le
désarmement naval, ainsi que le projet émis
à plusieurs reprises par le chef du gouver-
nement anglais de soumettre le problème
des armements à une discussion internatio-
nale.
Péguy vivant
Par DANIEL HALEVY
Voici dix ans ans qu'il est Que
reste-t-il de ce qu'il lut, de- son amie et de
sa pensée ? '?
C'était un homme extraordinaire. Qui-
conque l'a connu en est sûr. Comme il
étonna nos vingt ans nous préparions
nos examens, nous attendions en cau-<
sait, papotant, de devenir des hommes.
Lui seul, ce petit paysan au cràno ro'nd
| et aux mains courtes, lui seul refusai $
d'attendre et de se laisser examiner-;
tournant le dos aux carrières commo-
des, il osait prendre femme, il osait être,
père il louait boutique, il s'imprimait,
il s'éditait, et s'offrait à nous éditer. lt
avait fondé sa maison. Pauvre et. peu-
ple, il nous donnait, à nous bourgeois,
la liberté.
Où allait-il, ce jeune capitaine, ce. Ho-
che, ce Joubert, ce Marceau du Quartier,
latin ? Nous ne le savions pas. Le sa-
vait-il lui-même ? Je le vois et l'entends
encore, debout au seuil de sa boutique
« II ne faut jamais savoir le matin où
on couchera le soir », me disait-il. Sa
seule règle était d'avancer, d'aller en
grandissant où il s'entendait appelé. Et
plutôt que de piétiner, nous acceptions
son aventure nous l'écoutions, nous le
suivions et, nous avions l'étonnante ré-
compense de voir se marquer en lui et
se produire devant nous, quelques-unsi
des grands caractères de l'homme lej
caractère de l'homme travailleur, libre
par son travail, autant qu'il est possible
d'être libre et plus avant, plus loin,
plus haut, dans une autre lumière, nous
voyions apparaître le caractère du chré-
tien.
Et cet homme, extraordinaire était un
écrivain extraordinaire. Il avait le gé-
nie du mot, de la; phrase sa langue
était à la, fois toute, traditionnelle et toute
neuve mais Péguy, pour exprimer les
pensées que découvrait son esprit, les
rythmes qui l'animaient, s'était inventé
une rhétorique et un style aux dévelop-
pements immenses. Nous, ses amis, pré-
venus par la connaissance de l'homnïe,
nous entrions avec confiance dans les
dédales de sa prose, avec courage aussi:
il en fallait parfois. Mais.le public, je dis
le meilleur, un public de lecteurs exer-
cés, non prévenu, s'étonnait et refusait
de faire apprentissage. Ainsi Péguy, qui
était te contraire d'un artiste de cha-
pelle, se trouvait, en fait, reclus dans
̃noire groupe étroit. Il y étouffait, il y
souffrait, aucune Issue n'apparaissait.
Pourtant l'issue était proche, cachée
par les sombres nuages qui chargeaient
l'avenir. Peu de semaines ,avant la, guer-,
re, dans un poème que bien peu lurent,,
dont on n'avait guère. su que sourire,
Péguy avait écrit les strophes Heureux
ceux qui sont mwts dans une juste
guerre. Il mourut l'un des premiers, et
la France soudain réôita ces vers incon-
nus' la veille encore. Péguy avait été le!
chantre de son propre trépas, du trépas
de tant. de jeunes hommes. Le génie seu,l
obtient de telles rencontres. Les stro-
phes, l'acte rapide, le front troué, lé
corps qui tombe 'ainsi fut construite ert
un jour sa gloire, vainement cherchée à
travers quinze années de travaux.
La -légende l'a pris, son âme est sau-
vée de l'oubli mais sa pensée, son œu-
vre d'écrivain, est-elle sauvée ? Ce jour-
nal même où ces lignes s'impriment,,
quelques milliers de personnes instrui-
tes, et qui lisent, l'ouvriront tout à l'heu-
re. Combien, parmi elles, auront tenu
entre leurs mains un Cahier de Péguy
combien auront lu un pamphlet ou uru
mystère, Notre Jeunesse ou Le Porche
du mystère de la deuxième vertu ? Quel-
quès centaines ? Non, c-ertos.- Quelques
dizaines ? J'en doute. Quelques-unes ?
Peut-être. L'image héroïque, les huit
vers que les enfants apprennent à l'é*
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