Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1886-06-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1886 12 juin 1886
Description : 1886/06/12 (Numéro 163). 1886/06/12 (Numéro 163).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2
LE FIGARO - SAMEDI 12 JUIN 1886-
sives, nous voulons tjue le gouvernement de
la République soit remis dans la situation où
tout régime légal doit se trouver vis-à-vis de
la nation et vis-à-vis des gouvernements
étrangers.
J'ai dit que nous appliquerions immédiate-
ment aux prétendants le pouvoir que nous
vous demandons. J'ajoute que si l'un des au-
tres membres des familles princières était
tenté de prendre leur place et se livrait aux
mêmes manifestations, nous lui applique-
rions le même traitement, sans colère, mais
sans défaillance. (Très bien ! très bien ! à
gauche.)
Tel est l'esprit de notre projet, nous le
croyons juste historiquement, philosophique-
ment ; nous le croyons nécessaire, non que
la République soit menacée d'un danger ma-
tériel, non que nous ayons peur que les pré-
tendants fassent un coup de force contre la
République, mais parce qu'il y a un effort
incessant pour essayer de déconsidérer les
institutions de la République, parce que c'est
là une maladie chronique à laquelle nous
voulons enfin mettre un terme.
Nous entendons que la République soit
respectée et montre qu'elle est en état de se
faire respecter. Je le répète, au point de vue
historique, philosophique, nous considérons
que notre projet est juste.
Nous sommes convaincus que, pesant les
conséquences d'un rejet de cetteproposition,
vous vous demanderez quelle situation ré-
sulterait d'un nouvel avortement pareil àce-
luiqui s'est produit en 1883. Nous sommes
assurés que, rentrés dans vos consciences,
vous n'hésiterez .pas à la voter. (Vifs applau-
dissements sur un grand nombre de bancs.)
C'est M. Jolibois qui a répondu à M.
de Freycinet, et ii l'a fait avec sa sûreté
ordinaire, avec toute son expérience et
toutes les ressources d'une parole mer-
veilleusement exercée. Il a étalé, une
fois de plus, aux yeux du public, les
petites misères de la politique ministé-
rielle, et annoncé que le jour de la re-
vanche était proche. Mais la majorité
avait fait son siège. Après avoir inter-,
rompu grossièrement à chaque phrase,
et presque à chaque mot, un orateur
comme il lui serait très avantageux d'en
avoir, elle a brutalement prononcé la
clôture du débat, et les déclarations ont
commencé.
Nous avons eu celle de M. Barodet,
qui a protesté comme MM. Henry Maret
et Anatole de La Forge contre toute loi
d'exception et de proscription. Nous
avons eu celle d'un républicain inconnu,
M. Pesson (d'Indre-et-Loire), qui s'est
hautement honoré en refusant de s'as-
socier à une vilenie parlementaire. En-
iin, nous avons eu celle de M. Michelin,
toute contraire. Après avoir juré qu'il
ne voterait'jamais une pareille loi, M.
Michelin s'est senti tout mal à son aise
d'une si belle résolution, et le naturel
reprenant le dessus, cet homme, qui
trouve « qu'on n'en a pas assez guil-
lotiné », a énergiquement demandé
« qu'on en exile ! » Que sa volonté soit
faite 1
Il était sept heures lorsqu'on a voté
sur l'article premier du projet de la
Commission, c'est-à-dire l'expulsion
franche, l'expulsion intégrale, repoussée
par le gouvernement. Le rapporteur, M.
Camille Pelletan, dans un petit discours
de cinq minutes, très pressant et très ,
serré, en avait montré tous les avan-
tages. A ce moment, la droite avait un
beau rôle à jouer, et surtout un rôle
très simple, qui consistait à culbuter le j
gouvernement en votant le texte de la
commission. Plusieurs de ses membres,
appartenant à tous les groupes, l'en ad-
juraient.
MM. Paul de Cassagnac,. Raoul Duval,
Delafosse, de Mackau se multipliaient
pour démontrer à leurs collègues que cet
article voté, le gouvernement était par
terre, et la loi avec lui, car jamais le
Sénat n'adopterait une rédaction aussi
radicale; et aussi bien on avait l'article 2
pour se rattraper et émousser, entre
les mains de la Commission victo-
rieuse, l'arme qu'on venait d'y remettre.
La droite n'a pas compris cette tac-
tique, ou plutôt elle a craint que le pays
ne la comprît pas. La plupart de ses
membres ont voté avec la majorité gou-
vernementale, et la commission a été
battue à une majorité de 104 voix.
Dès lors il n'y avait plus de revanche
possible. M. de Freycinet triomphant a
fait immédiatement la concession d'a-
bandonner sa propre rédaction, et d'ac-
cepter - ainsi que nous l'avions prédit
- l'amendement Brousse, dont l'ar-
ticle 1er a réuni cette fameuse majorité
de 83 voix, qui s'appellera dans l'histoire
la majorité de l'exil.
Le reste a été enlevé sans scrutin et
on n'a pas même eu l'envie de se comp-
ter sur l'ensemble du projet.
Un article additionnel de M. Cuneo
d'Ornano a fourni à son auteur l'occa-
sion de réclamer énergiquement cet
appel au peuple dont il est un des doc-
trinaires les plus convaincus; mais les
cris d'animaux avaient déjà depuis
longtemps remplacé la discussion ; et
ainsi a fini cette journée du 11 juin qui
deviendra peut-être une date dans l'his-
toire de France. La proscription y a été
solennellement décrétée, l'exil y a été
rétabli aux applaudissements frénétiques
et féroces de trois cents républicains.
Pas-Perdus.
LE SCRUTIN
Les noms des députés qui ont pris
part au scrutin sur l'expulsion du comte
de Paris et de son fils aîné, du prince
Napoléon et du prince Victor doivent
être livrés à la publicité. Il est intéres-
sant de connaître officiellement la façon
dont se sont réparties les voix des dépu-
tés sur l'article premier du projet
Brousse, adopté par le gouvernement.
Pour l'Expulsion
MM. Abeille, Achard, Allain-Targé, Alype,
Audiffred, Aujame, Baïhaut, Ballue, Balte t,
Barbe, Barré, Barrière, Bastide, Beauquier,
Belle, Déranger, Maurice Berger, Bernard,
Bernier, de Bernis, Binachon, Bizarelli; Bizot
de Fonteny, Blachère, Blanc, Blandin, Blatin,
Bonnerot, Borie, Bourganel, Bourgeois (du
Jura),Bourlier, Bourneville, Bousquet,Bovier-
Lapierre, Boysset, Brelay, Brialou, Brisson,
Brousse, Brugeilles, Brugère, Brugnot, Bur-
deau, Buvignier, Calés, Cantagrel, Sadi Car-
not, Carret, Casse, Cavaignac, Cavalié, Chaix.
Chanson, Chantagrel, Chavannes, Chavoix*
Chevandter, Chevillon, Clémenceau, A. Co-
chery, G. Cochery, Colfavru, Constans, Cor-
dier, Corneau, Cornudet, Cousset, Crémieux,
Crozet-Fourneyron.
Danelle-Bernardin, Daumas, Dautresme,
Déaadreis, Delattre, Dellestable, Delmas.De-
luns-Montaud, Deniau, Deproge, Derevoge,
Desmons, Dethou, Devade, Develle, Dou-
ville-MaiUefeu, Dreyfus, Dubois, Dubost, Du-
chasseint,Duché,Ducher,Ducoudray, Ducroz,
Dupuy (de l'Aisne), Duportal,Durand-Savoyat,
Dureau de Vaulcomte, Dutailly, Duval,
Duvaux, Duvivier, Ch. Dupuy,Etienne, Fagot,
Fallières, Farcy, H. Faure, Fernand, Faure,
Maurice Faure, Ferrary, Albert Ferry, Jules
Ferry, Folliet, Fores t, Franconie, Frebault.
Gagneur, Gaillard (de Vaucluse), Gaillard,
Gallier, Ganault, Ganne, Gastellier, Germain,
Gerville-Réacbe, Giguet, Gilbert, Gillet, Go-
blet, Gobron, Granet, Gros, Guillaumou,
Guillemot, Guillot, Paul Guyot, Yves Guyot,
ûujrot-Dessaigne, Héral, Harteur, Hubbard,
Hude, Clovis Hugues, Humbert, Hurard,
Imbert, Jacquemart, Jacquier, Jamais, Jau-
rès, Joigneaux, Joubert, Jouffrault, Jouven-
cel, Jullien.
De la Bâtie, Labordère, Labrousse, Labus-
sière, Lacote, Lacretelle, Lacroix, Lafont,
Lagrange, Laisant, Lamazière, Lamo-
the-Prevalle, Lanessan, Laporte, de la
Porte, A. Laroze, L. Laroze, Lasbavsses,
Lascombes, Lasserre, Laur, Lavergne, La-
ville, Lefebvre, Legludic, Lelièvre, Lepor-
ché, Arthur Leroy, Lesage, Lesguiller, Le-
tellier, Levêque, Level, Levrey, Leydet,
Leygues, Liouville, Lockroy, Lombard, Lo-
ranchet, Lyonnais.
Madier de Montjau, Magnier, de Mahy,
Maillard, Margaine, Marmonnier, Marty, F.
Mathé, H. Mathé, Maunoury, Maurel, Mellot,
Menard-Dorian, Mennesson, Michel, Miche-
lin, Millerand, Million, de Mondenard, Monis,
Montaut, de Montgolfler, Morel-Latour, de
Mortillet, Munier, Nadaud, Neveux, Noblot,
Noirot, Obissier Saint-Martin, Ordinaire.
Pajot, Papinaud, Pelletan,Périllier, Perrin,
Pernolet, Peytral, Philipon, Jules Philippe,
Pichon, Pochon, Ponlevoy, Pons-Tande,
Poqpin, Pradon, Pressât, Préveraud, Proust,
Prudon, Papon.
Ranson, B. Raspail, Rathier, Raynal, Ra-
zimbaud, Remoivilie, Reuillet, Revillon, Rey,
Reybert, Reynaud, Ricard,Richard, Ringuier,
Rivet, Jules Roche, Rochet, Roque de Fillol,
Rouvier, Royer, Rumillet-Charretier.
Sabatier.Saint-Ferréol, Saint-Romme, Salis,
Sandrique, Sarlat, Sarrien, Sentenac, Simo-
net, Simyan, de Sonnier, Spuller, Steeg.
Tassin,.Théron", Thévenet, Thiers, Thom-
son, Tondu, Treille., Trouard-Riolle,
Turigny, Turquet, Turrel.
Vacher, Vergoin, Vernet, Vernière, Versi-
gny, Viette, Viger, Vilar, Villeneuve, Viox.
Waddington, Wickersheimer, Wilson.
Contre l'expulsion
Adam, de l'Aigle, d'Aillières, Andrieux,
d'Ariste, Arnault, Arnous, Barascud, Baro-
det, Barouille, Basly, Beaucarne -Leroux,
Baudry-d'Asson, de Belizal, Benazet, de Be-
noist, Berger (M.-et-L.), Bergerot, Bigot, de
la Billiais, Blancsubé, Blin de Bourdon, de
Bonneval, Boreau-Lajanadie, Boscher-Delan-
gle, Bottieau, Boucher, Bourgeois (Vendée),
Bouvattier, Boyer, Brame, Bresson, de Bre-
teuil, Brice, Briet de Rainvillers.
Galvet-Rogniat, Camelinat, Caradec, Caron,
G. Périer (Seine-Inférieure), Cazêaux, Caze-
nove de Pradines, Chamberland, de Champ-
vallier, de Chatenay, Chevalier (Maine-et-
Loire), Chevalier (Manche), Chevillotte, Che-
vreau, Cibiel, de Clercq, de Colbert Laplace,
deCornulier, Creuzé.
Dàynaud, Deberly, Dejardin, Delafos»e,
Delelis, Dellisse, Descaure, Deschanel, Des-
loges, Destandau, Dompierre d'Hornoy, Du
Bodan, Duchatel, Duchêne, Dufour (Lot),
Dufour (Indre), Dugué de la Fauconnerie,
Durand, Dussaussoy.
Eschasseriaux, d'Estournel, Fairé, Faure
(Félix), Fauré, Féraud, de la Ferrière, Fou-
quet, Freppel, de Frescheville.
Gadaud.Galpin, Ganivet, Garnier-Bodeléac,
Gasconi, Gaudin, Gaudin de Vilaine, Gaus-
sorgueS, Gérard, Gévelot, Gilly, Ginoux de
Fermon, Godet delà Ribouillerie.
Gomot, P. de Cassagnac, Harispe,Hermary,
H illion, Hovius, Jolibois, Jonglez, de Juigné,
Keller, de Kergariou,de Kermenguy; de Ker-
sauson, Labassetière, delà Batut, de Laborde
Noguet.
Labourdonnaye, A. de La Forge, Laguerre,
Lalande, de La Martinière, de La Marzelle,
Lanjuinais, Larère, Largentaye, Larochefou-
cauld, Laroche-Joubert, Larochette, Laurent
çon, Leblanc, Le Chevallier, Lecointre, Le
Cour, Lefebvre du Prey, Lefebvre-Pontalis,
LeGavrian.
De Legge, Legrand de Lecelles,Le Guay,
Le Hérissé, Lejeune, prince Léon, Lepoutre,
Le Provost de Launay, Leroux, Leroy, Le»
souef, Levert, Lévis-Mirepoix, de Lhomel,
Liais, Lorois, Lorois (L.), de Luppé.
De Màckau, de Maillé, Maret, Marqul-
set, de Martimprey, Martin d'Auray, Mar-
tin (Oise), Martin-Feuillée, Maurice, Meynard
de la Glaye, Merlet, du Mesnildot, Mézières,
Michou, Milocheau, de Montety, Morel (N),
de Mouchy, de Mun, Murât, Niel, Noël
Parfait, Olivier, Ornano, Paillard-Ducléré.
Pain,Pally,de Partz, Passy (Frédéric), Passy
(de l'Eure), Paulmier, Pesson, Peyrusse,
Pinaud, Piou, de Plazanet, Plichon, Prax-
Paris Proal
Raoul Duval, Rauline, Récipon, 'Reille,
Renard, Georges Roche, Roques, de Rosa-
mel, des Rotours, Roulleaux-Dugage, Rous-
sin, Roy de Loulay, de Roys.
Sabouràud, de Suint-Luc, de Saint-Martin,
Saint-Martin, de Saisy, Sans-Leroy, Sarrette,
Sens, Serph, Sevaistre. Siegfried, de Soland,
de Soubeyran, Soucaze, Suquet.
Taillandier, de Terves, Thellier de Ponehe-
ville, Tlieulier, Thoinnet de la Turmelière,
Trubert, de Turenne, Vast-Vimeux, de Vau-
juas-Langan, Viellard, de Valon, Waddington,
Waldeck-Rousseau, de Witt.
Se sont abstenus
Amagat, Arène, Astima, Borriglione, Boul-
lay, Bourrillon, Boysset, CasimirPérier (Aube),
Ernest Lefèvre (Seine), Escande, Floquet,
Fonbelle, Fousset, Houdaille, Jametel, Javal,
de la Ferronnays, de Lamberterie, Méline,
Mérilion, Prévet, Planteau, Raspail (Var),
Rondeleux, Roure, Steenackers.
MM. de la Ferronnays, de Lamberterie,
absents au moment du vote, déclarent qu'ils
auraient voté contre. M. Escande, porté
comme s'étant abstenu, déclare avoir voté
pour.
AUTOUR DE LA SÉANCE
La dernière journée a été rude et
longue. Il a fallu plus de sept heures
aux députés assemblés pour émettre un
vote définitif sur la. question des
Princes.
La plus grande partie de la séance
n'offre qu'un intérêt médiocre. M. de
Freycinet a prononcé un discours ha-
bile - ses adversaires eux - mêmes
sont contraints de le reconnaître. -
Son intervention, quoique tardive, a
certainement contribué pour beaucoup
au succès final du gouvernement.
La véritable séance n'a commencé
qu'au moment où le président de la
Chambre a mis aux voix le passage à la
discussion des articles.
Par 310 voix contre 233, la Chambre
s'est prononcée en faveur du passage à
la discussion des articles.
K.
*s «
Ce premier vote acquis, la droite s'est
assemblée dans un des locaux du Palais-
Bourbon. Elle voulait prendre une im-
portante résolution : elle voulait exa-
miner si par son abstention totale elle
n'arriverait pas à créer de sérieux em-
barras au cabinet voire même à en pro-
voquer la chute.
En s'abstenant, en effet, elle pouvait
laisser la majorité républicaine se divi-
ser et se prononcer en faveur de l'expul-
sion totale, repoussée par le gouverne-
ment.
Plusieurs des membres de la droite
ont fait valoir que les électeurs considé-
reraient cette abstention comme une vé-
ritable désertion, qu'ils comprendraient
mal celte tactique parlementaire et que,
par conséquent, il était indispensable de
soutenir le droit des Princes jusqu'au
bout.
A ce moment, les bancs de la minorité
conservatrice étaient complètement vi-
des, et la gauche, ayant été avertie, pre-
nait ses dispositions pour parer à toute
éventualité, les chefs républicains étaient
même disposés à ne pas combattre le
texte du gouvernement, pour déjouer la
savante combinaison des droitiers.
***
Un détail de séance: pendant le dé-
pouillement du premier vote, on a pu
remarquer, causant en même temps
avec M. Floquet, MM. Paul de Cassa-
gnoc et de Freycinet. Le président du
Conseil et le député du Gers ont même
échangé quelques paroles.
Signalons aussi une curieuse coïnci-
dence : M. Floquet s'étant absenté pen-
dant quelques instants au moment du
scrutin sur l'article 1er portant expulsion
de M. le Comte de Paris et de son fils le
duc d'Orléans.
Plusieurs députés républicains avaient
jugé convenable de rédiger une déclara-
tion libérale qui a été lue par M. Barodet
à la tribune.
Avaient signé cette déclaration : MM.
Barodet, Henry Maret, Laguerre, Saint-
Martin (Vaucluse), Gaussorgues, Gilly,
Michelin, Planteau, Basly, Boyer, Pally,
Camélinat, membres de l'extrême gau-
che ou du groupe ouvrier, et MM. An-
drieux, Blancsubé, Theulier, Anatole de
la Forge, Proal, Boullay, Javal, Michou,
Gadaud, Houdaille et de Hérédia, mem-
bres des autres fractions de la gauche.
Mais M.Michelin a regretté sans doute
ce bon mouvement et il est venu décla-
rer à la Chambre qu'il voterait pour-
l'expulsion.
D'un autre côté, M. Michou n'a pas été
très heureux 1 On lui a reproché ses
votes précédents. M. de Douville-Mail-;
le feu a même insisté violemment, ou-
vrant un registre qu'il montrait à ses
collègues et sur lequel étaient mention-
nés les votes de M. Michou.
L'incident a failli prendre de grandes
proportions à l'heure où. le président du
Conseil montait à la tribune. Si bien
que M. Floquet, pour faire renaître le
silence, s'est écrié : « Il est sans doute
» plus intéressant de savoir ce que va
» dire M. de Freycinet, que de savoir si
» M. Michou a changé ou non d'opi-
» nion! »
**#
On a beaucoup remarqué le silence
voulu de M. Clémenceau. Le député du
Var a empêché M. Pelletan de prendre
part à la discussion générale. C'est, en
effet, pour être agréable à son directeur
que le rédacteur en chef de la Justice
n'est intervenu dans les débats qu'après
la clôture de la discussion générale.
L'attitude de M. Jules Ferry et de
quelques-uns de ses anciens ministres
a également fait l'objet de bien des
conversations.
M. Jules,Ferry a ouvertement soutenu
le cabinet Freycinet, il a ouvertement
voté la proposition gouvernementale.
#**
Les nouvelles-les plus diverses et les
plus invraisemblables circulaient hier
dans la journée au Palais-Bourbon. On
allait jusqu'à prétendre que M. Granet
voulait donner sa démission, lui qui est
si content d'être ministre. Il est vrai,
d'ailleurs, que ce bruit de démission n'a
pas été confirmé et que M. Granet conti-
nue à rester, comme par le passé, à la
tête du ministère des postes.
Il y a eu mardi dernier, 8 juin, quinze
ans que l'Assemblée nationale a aboli,
par 472 voix contre 97, la loi de pros-
cription, remise hier en vigueur.
Cinquante-quatre membres de cette
Assemblée font aujourd'hui encore par-
tie de la Chambre des députés.
Il n'est pas sans intérêt de comparer
leur vote d'alors avec celui d'hier.
Trente-deux avaient voté pour l'abro-
gation, ce sont : MM. Beaucarne-Lo-
roux, Bigot, Bottiau, Boucher, Bour-
geois, Brame, René Brice, Cazenove de
Pradines, de Champvallier, de Clercq,
Duchatel, Dufour, Dussaussoy, Eschas-
seriaux, Ginoux de Fermon, de Juigné,
de Kergariou, de Kermenguy, de Lar-
gentaye, de La Rochefoucauld- Bisaccia,
Lefèvre-Pontalis, de Maillé, Murât, de
Partz, Louis Passy, Piou, Plichon,
Prax-Pâris, des Rotours, Serph, de
Valon, Vast-Vimeux, Noôl Parfait, Ger-
main,Me Roys, et hier, avec logique,
ils ont voté contre la remise envigueur
de cette même loi.
Au contraire, MM. Turquet, Cochery,
démentant leur vote de 1871, ont voté
en faveur du texte gouvernemental,
c'est-à-dire pour la résurrection des lois
d'exil.
Neuf autres députés qui, en 1871,
avaient voté pour le maintien de la loi de
proscription, conséquents avec eux-
mêmes, ont adopté hier le projet du gou-
vernement ; ce sont MM. Brisson, Sadi
Carnot, Jules Ferry, Farcy, Joigneaux,
de Mahy, Margaine, Rathier et Viot.
M. Chevandier, absent en 1871, a voté I
pour hier.
Enfin, MM. Bastid, Gévelot, Maurice,
Sarrette, Tassin et Wilson n'avaient
pas pris part au vote en 1871.
Hier MM. Gévelot, Sarretté et Mau-
rice ont voté contre; les deux autres
pour.
M. Jules Grévy,président de l'Assem-
blée nationale, s'était abstenu 1
Et maintenant la parole est au Sénat.
Le projet sera déposé aujourd'hui même
au Luxembourg.
Faut-il pronostiquer? Il est presque
certain que la majorité sénatoriale ne
changera pas un mot au projet adopté
par la Chambre. La Commission qui va
être nommée sera probablement en to-
talité favorable à ce projet et, avant huit
jours, le dernier mot aura étédit sur toute
cette triste histoire.
Paul Hémery.
CHEZ LES PRINCES
Les résultats du vote de la Chambre
ont été télégraphiés à M. le comte de
Paris, hier soir, à dix heures, par M. le
comte de Chevilly.
M. le comte de Paris se propose de
venir à son hôtel de la rue de Varennes,
pendant la journée d'aujourd'hui, pour
s'entretenir avec tous les princes de la
maison d'Orléans.
Il repartira le soir même pour lo châ-
teau d'Eu.
MM. le duc de Chartres, le duc d'Au-
male, le duc de Nemours, le duc d'A-
lençon et tous les princes de la maison
d'Orléans non compris dans la loi d'ex-
pulsion, sont décidés à rester en France.
M. le comte de Paris, seul, partira
avec Mme la comtesse de Paris et ses
enfants.
Mgr le duc d'Aumale est rentré hier à
Chantilly, venant du château d'Eu.
***
C'est vers neuf heures que le prince
Napoléon a connu le vote de l'art. 1" du
projet Brousse qui prononce son expul-
sion. Il était entouré d'un grand nombre
de ses amis, quand M. Lenglé est venu
lui apporter le résultat. Il a reçu la nou-
velle avec calme et en souriant. Il avait
prévu de longue date la mesure qui le
devait frapper et l'on assure que ses pré-
paratifs de départ sont faits depuis plu-
sieurs semaines.
- « Quatre-vingt-trois voix de majo-
rité ! s'écrie-t-il. Eh ! c'est un peu plus
que je n'avais pensé.» Et immédiate-
ment, avec sa profondeur de vue et dans
son langage imagé, il examina les diffi-
cultés et les crises qu'allait traverser la
République - qu'en dépit des fautes des
républicains,il considère toujours comme
le gouvernement de l'avenir - avant
d'arriver,à sa formule définitive : « Je
reviendrai, dit-il en finissant, je revien-
drai pour empêcher ceux qui m'ont
proscrit d'avoir le cou coupé, et ce ne
sera pas long, s
G. C.
XJE SÉNAT
Le Sénat a invalidé hier pour la se-
conde fois M. Sébline, sénateur de
l'Aisne. M. Sébline n'avait pas les qua-
rante ans exigés par la loi lorsqu'il a
été élu, il ne les a eus que dix-huit jours
après. .
La loi est formelle. M. Lenoel a essayé
de faire observer qu'il suffisait peut-être
d'avoir les quarante ans le jour de la vali-
dation, mais le Sénat s'est montré in-
flexible. Par 158 voix contre 92, il'a inva-
lidé l'élection. Voilà donc- M. Sébline
obligé de se faire réélire une troisième
fois : son succès est d'ailleurs certain.
La fin de la séance appartient au pro-
jet de loi relatif aux sociétés de secours
mutuels.
P. H.
Échos de Paris
LA POLITIQUE
Par suite de l'invalidation nou-
velle de M. Sébline, prononcée hier par
le Sénat, les électeurs sénatoriaux de
l'Aisne devront être convoqués dans le
délai d'un mois.
M. Sébline sera donc réélu avant le
11 juillet prochain. Son élection est assu-
rée parce que de nombreux conserva-
teurs votent pour lui à défaut de tout
autre candidat.
M. Goblet, ministre de l'instruc-
tion publique, par arrêté en date d'hier,
vient de mettre gracieusement à la dis-
position des organisateurs du Congrès
des industriels et négociants français la
salle des Fêtes du Trocadéro pour les
10, 12 et 13 juillet prochain. .
La Commission d'initiative a
tenu hier une longue séance pour exami-
ner la proposition de loi de M. Cunéo
d'Ornano, tendant à établir le référen-
dum en matière législative, c'est-à-dire
à faire ratifier les lois par le peuple.
M. Levert, un des signataires de la
proposition, l'a vivement soutenue; elle
a été combattue non moins vivement par
MM. Emmanuel Arène et Sabatier.
Finalement la Commission l'a repous-
sée et M. Emmanuel Arène a été nommé
rapporteur.
A TRAVERS PARIS
LA TEMPÉRATURE. - Une amélioration mo-
mentanée se produit en France; toutefois des
ondées sont encore probables dans l'ouest et le
nord. Le baromètre est toujours bas au nord de
l'Irlande; une dépression paraît exister au
large. L'aire des fortes .pressions couvre l'Es-
pag'ne; elle s'avançait hier jusqu'à la France
centrale. La situation reste troublée sur la
Méditerranée, ou des mauvais temps ont sévi
dans divers parages.
Une baisse faible de la température a eu lieu
sur l'Europe centrale et occidentale, mais il est
probable qu'un radoucissement va se produire
en France. A Paris, les averses ont cessé et le
soleil s'est montré assez longtemps pendant la
journée d'hier. Le thermomètre a . atteint 20°;
le baromètre a remonté à 762nllu.
Nêris-les-Bains. - Beau temps. Therm, 20»<
Aujourd'hui,à 2h30, courses au Vésinet.
Train spécial, gare Saint-Lazare, lh. 30.
Pronostics de la journée :
Prix de Mormant : Cérémonie.
Prix de Nantouillet : Rocco.
Prix de Nogent : Farceuse.
Prix de l'Ôurcq : Chérubin.
Dans le monde.
Le mariage du comte Christian de
Berckeim, capitaine d'artillerie, avec
Mlle Elisabeth de Pourtalès, fille du
comte et de la comtesse de Pourtalès,
sera célébré dans la dernière semaine de
juin, à la chapelle protestante de la rue
Chauchat.
Le bal de la duchesse de Pomar avait
réuni, avant-hier, dans le magnifique
hôtel Pozzo di Borgo, une foule aussi
élégante que nombreuse. Les salons
étaient magnifiquement décorés pour la
circonstance.
Un cotillon des plus brillants a ter-
miné cette fête, à sept heures du matin.
Hier soir, dernière réception de Mme
la comtesse Aimery de La Rochefou-
cauld.
M. le comte de Montholon, ministre
plénipotentiaire, est confirmé dans ses
fonctions de chargé d'affaires de France
à Constàntinople.
Cette nomination semble indiquer que
M. le marquis de Noailles, en ce moment
en congé, ne retournera pas à Constan-
tinople.
M. Piétri, l'ancien préfet de l'Empire,
vient d'être cruellement éprouvé par un
nouveau deuil.
Sa plus jeune fille, Mlle Eugénie Pié-
tri, âgée de seize ans, est morte hier.
En moins de trois années, il a perdu
sa femme, son fils aîné et deux filles.
Tous les anciens officiers de marine,
tous les anciens matelots qui ont servi
pendant la guerre de Chine, sous les
ordres de l'amiral Courbet, avaient tenu
à honneur d'assister au service funèbre
qui a été célébré hier à la mémoire du
glorieux vainqueur de Fou-Tchéou.
L'église Saint-Louis d'Antin avait été
tendue de draperies noires.
Aux premiers rangs, derrière la fa-
mille représentée par M. et Mme Ti-
burce Ferry, se tenaient les vice-ami-
raux Cloué, Peyron, Lespès, Ribourt, le
commandant Parrayon et trois quar-
tiers-maîtres du Bayard, le comte de
Clermont-Tonnerre, M. de Baudry d'As-
son, et de nombreux députés de la
droite, le commandant Caillard, le quar-
tier-maître canonnier Morel, qui fut dé-
coré de la Légion d'honneur par Courbet
lui-même à Fou-Tchéou, etc...
Le ministre de la marine était repré-
senté par le commandant Maigret, an-
cien chef d'état-major de l'escadre de
l'Extrême-Orient.
La cérémonie funèbre était terminée à
midi.
On célèbre ce matin, à onze heures,
à l'église Saint-Louis d'Antin, un autre
service funèbre pour un des plus jeunes
enseignes de vaisseau de la marine
française, M. Edouard Signorino, mort
à bord de la canonnière le Scorpion,
pendant la dernière expédition de Mada-
gascar.
La famille de cet officier a reçu, il y a
trois jours à peine, la nouvelle de ce dé-
cès.
M. Signorino était âgé de vingt-sept
ans.
On a célébré hier les funérailles
d'un homme de lettres qui a eu son
heure de notoriété. Edouard Didier, au-
teur de XAbîme, du Rocher de Sisyphe, de
Lord Byron, de plusieurs autres pièces
jouées à l'Odéon, au Vaudeville et ail-
leurs. Il est mort avant-hier à Briis-
sous-Forges, d'une maladie de coeur. II
a été, comme Fechter et Dickens, l'ami
du prince de Galles, quand il était le
collaborateur de Dickens. Edouard Di-
dier a eu une carrière très mouvemen-
tée. Après d'excellentes études, il se fit
comédien comme Got, cet autre lauréat
du grand concours. Il a joué la comédie
au Théâtre-Français sous la protection
de Régnier vers 1856.
Calmann Lévy a publié cinq ou six
romans de' lui qui ont eu du succès,
comme la Bague d'opale.
On trouvera dans ses papiers deux
volumes de romans et nouvelles, qui
seront publiés avec une préface d'Ar-
sène Houssaye.
M. le comte de Greffulhe vient d'en-
voyer 10.000 francs pour la souscription
de l'Institut Pasteur.
On sait que, par suite des mauvais
temps, le bénéfice des fêtes des 5 et 6
juin au profit de la Caisse des Victimes
du Devoir a été à peu près nul.
A la demande de nombreux intéressés,
le comité de Direction a résolu de don-
ner dimanche et lundi de nouvelles fê-
tes au Jardin des Tuileries.
S'il faut en croire le dicton populaire,
Saint Barnabé nous a ramené le beau
temps. Espérons donc que les nouvelles
fêtes, - les dernières qui auront lieu
cette année aux Tuileries, - seront en-
fin productives.
Un encouragement à l'industrie fran-
çaise à l'étranger.
Dans la promotion de Chevaliers de la
Couronne d'Italie que S. M. le roi Hum-
bert vient de faire à l'occasion de la
fête Nationale, nous trouvons le nom
d'un ingénieur français, M. Decauville,
inventeur du chemin de fer portatif
adopté dans tous les arsenaux italiens.
Le cercle de la rue Volney fêtera jeudi
prochain, en un banquet, les deux mé-
dailles d'honneur des Salons 1885 et 1886.
MM. Bouguereau et Jules Lefebvre
sont, en effet, membres du Cercle artis-
tique et littéraire, et ils y comptent de
nombreux amis.
On nous demande le nom de l'auteur
de ce vers ;
Tout homme a duu son coeur un cochon qui som-
[meille.
C'est au statuaire Auguste Préault
que revient l'honneur de cette maxime
humoristique. Mais ce n'est pas lui qui
en a fait un vers. C'est un de ses amis, à
la table duquel il se trouvait, qui donna
la forme à cette pensée qu'il avait for-
mulée en prose disant : » Il y a un co-
chon dans le fond de chaque homme. »
Une question nous est adressée au
sujet des bourses de voyages iqui vien-
nent d'être accordées à l'occasion des
envois du Salon.:
Est-il exact que les peintres paysa-
gistes sont exclus de ces récompenses?
Renvoyé à M. Edmond Turquet.
Pêcheur d'Islande, le nouveau roman,
de Pierre Loti, à qui l'on doit de si char-
mants chefs-d'oeuvre, paraît chez Cal-
mann Lévy.
Le premier volume des Guides artis-
tiques Simons, qui va paraître le mois
prochain, contiendra de très intéressants
détails sur les côtes de Normandie et de
Bretagne, et en particulier sur Paramé,
Saint-Malo, Granville, le cap Frehel et
les îles de Jersey et de Guernesey.
Ces renseignements sont très précieux
pour les touristes et les baigneurs qui
visiteront cette année cette partie si pit-
toresque de la France.
NOUVELLES A LA MAIN
Un fabricant de vin à un de ses con-
frères-:
-. Il est certain qu'il n'y a plus autant
de raisin qu'autrefois ; mais il y en a
encore pas mal... Qu'est-ce qu'on peut
bien en faire ?
Au conseil de révision :
Avez-vous des cas de réforme à faire
valoir?
- Imberbe.
Le Masque do fer.
L.A DÉCHÉANCE
DU
ROI DE BAVIÈRE
Munich, 11 juin.
Voici quelques détails sur la scène qui
se passa à Hohenschwangau, lors de
l'arrivée de la délégation qui apportait
au roi Louis la nouvelle de sa dé-
chéance.
Ce fut le comte Holnstein, autrefois
un des favoris du roi, qui eut la pénible
mission de lui communiquer la triste
nouvelle. On prévint Sa Majesté de l'ar-
rivée de la délégation. Louis II ne laissa
entrer que le comte de Holnstein. Il le
reçut entouré de gendarmes avec les
fusils chargés.
- Tu m'as trahi, s'écria le roi, mais
je ne céderai, pas.
Le comte de Holnstein ne s'émut pas ;
il démontra au roi l'absolue nécessité
qu'il y avait pour lui de quitter sa rési-
dence actuelle pour aller demeurer au
château de Lindershof. Mais le roi devint
furieux et ordonna aux gendarmes de
sai sir cet homme, coupable de haute
trahison. M. le comte de Holnstein passa
la nuit au cachot et ne fut mis en liberté
que par le commandant en chef de la
gendarmerie, appelé en toute hâte de
Munich.
Dans la nuit, le roi eut plusieurs ac-
cès de folie furieuse. Il paraît calme au-
jourd'hui.
Le traitement médical va commencer.
Des gardes malades choisis parmi le
personnel des meilleures maisons d'a-
liénés sont installés auprès du roi. On a
renvoyé les domestiques qui le ser-
vaient habituellement.
La population de Munich est tran-
quille, mais attristée. Ses théâtres sont
fermés en signe de deuil; malgré tout,
la sympathie est très grande pour le
malheureux souverain.
A Fuessen, ville située près de
Hohenschwangau, la population s'est
soulevée en faveur de Louis II. Il a fallu
envoyer des gendarmes pour rétablir
l'ordre.
Le prince de Hohenlohe, gouverneur
d Alsace-Lorraine, s'est rendu à Munich,
par ordre du chancelier, pour examiner
les actes de légitimation de la Régence.
Walter Vogt.
L'OUVERTURE DI Li PÊCHE
La statistique nous apprend qu'il y a
en France un million deux cent mille
pêcheurs à la ligne qui viennent d'être
comblés de joie par la circulaire du mi-
nistre des travaux publics, autorisant
l'ouverture de la pêche à la ligne le 13
au lieu du 15, date réglementaire.
C'est à ces douze cent mille pêcheurs
que s'adresse ce dessin d'Uzès, paru
dans le Courrier français du 13 juin, re-
présentant deux pêcheurs placés à peu
de distance l'un de l'autre. Malgré l'heure
matinale, le premier de ces pêcheurs,
qui est en bateau, ne prend rien; il s'est
enrhumé dans le brouillard du matin et
éternue toutes les cinq minutes, ce qui
fait du bruit, secoue le bateau et éloigne
le poisson. Le second, immobile et les
jambes dans l'eau, est mordu à chaque
coup de ligne, et son filet se garnit de
plus en plus. Après avoir amorcé son
hameçon, le pêcheur heureux cligne de
l'oeil du côté du pêcheur malheureux,
qui continue à tousser et éternuer, et,
plus malin ou mieux renseigné que lui,
tire de sa pOche un petit étui dont il ex-
trait des Pastilles Géraudel !!!! grâce à la
succion desquelles il évite le rhume dont
son confrère donne le spectacle.
Voilà tout le secret d'une bonne pêche.
Donc, pêcheurs, qui allez.faire l'ouver-
ture, munissez-vous d'un étui de 1 fr. 50
de ces excellentes pastilles, qu'on trouve
dans toutes les pharmacies, car, quelle
que soit l'habileté du pêcheur et le plus
ou moins de finesse de ses engins, il est
une condition sine quâ non à observer :
l'absence de tout bruit. Silence et im-
mobilité, voilà quelle pourrait être la
devise du parfait pêcheur.
Mais il faut voir ces dessins du Cour-
rier français et les renseignements tech-
niques qui les accompagnent; aussi est-
ce avec plaisir que nous apprenons à
ceux de nos lecteurs amateurs de pêche
qu'ils peuvent recevoir ce numéro du
ourrier français, moins le supplément,
gratis et franco sur demande adressée
aux bureaux de ce journal, 14, rue Sé-
guier, à Paris. Ce numéro très curieux
contient aussi deux dessins de Henri
Pille sur les pêcheurs à Paris, et le Re-
tour des beaux jours, une page de A.
Willette sur les pêcheurs fantaisistes,
un dessin d'Uzès dont il est question
plus haut, le portrait de Rabelais d'après
Zacharie Astruc, Misère, dessin du ta-
bleau de Pelez par Heidbrinet, le Bain,
par Quinsac, les Courses de printemps,
par G. Lorin, une Partie de pêche, sup-
plément de Myrbach, tiré en couleur,
etc., etc. On trouve également le Cour-
rier français fans tous les kiosques et
librairies, au prix de 30 centimes le nu-
méro.
Paul Bernier.
Lord Lyons chez Ede Freycinet
L'OCCUPATION DES NOUVELLES-HÉBRIDES
Une grosse question à propos de la-
quelle Lord Lyons a fait, hier, à M. de
Freycinet des représentations que ce
dernier a fort peu goûtées, divise l'An-
gleterre et la France, et a amené entre
les deux pays une tension de rapports
regrettable.
Il s'agit des Nouvelles-Hébrides, de
ce groupe d'îles voisin de la Nouvelle-
Calédonie, où nos colons ont d'assez
grands intérêts engagés. Le départ de
Nouméa de la Dive et du Magellan pro-
voque en Australie beaucoup d'agita-
tion. Lord Rosebery a demandé des
explications à M. Waddington, notre
ambassadeur à Londres, qui n'a pu lui
répondre qu'une chose : c'est que le
gouvernement français, à la suite de
l'assassinat dë cinq de nos compatriotes,
a effectivement envoyé aux Nouvelles-
Hébrides deux navires. M. Waddington
a ajouté qu'il ne croyait pas qu'on eût
l'intention d'y débarquer des troupes.
Ne nous payons pas de mots. Pour-
quoi ne pas déclarer nettement à lord
Rosebery qu'à la suite du traité du 6 avril
dernier, passé entre l'Angleterreet l'Alle-
magne, traité qui partage entre ces deux
puissances, à l'exclusion de la France,
la partie occidentale de l'Océan Pacifi-
que, absolument comme au quinzième
siècle Jean II établissait, avec l'Espagne,
la fameuse ligne de démarcation, con-
firmée par le pape Alexandre VII, d'a-
près laquelle tous les pays, à l'ouest des
îles du Cap Vert, devaient appartenir à
la couronne de Castille, et tous les pays
situés à l'est à celle de Portugal; l'An-
glelerre et l'Allemagne ont acquis des
possessions coloniales que les autres
puissances, il est vrai, n'ont pas re-
connues, mais qui autorisent néanmoins
celles-ci à chercher des compensations.
Les Nouvelles-Hébrides ne valent pas
les îles Bougainville, Choiseul, Isabelle,
et cent autres, sur lesquelles l'Allema-
gne vient de mettre la main. M. de Bis-
marck en a convenu, et il s'est empressé
de reconnaître, par une convention spé-
ciale, que le gouvernement allemand ne
s'opposera ni à la prise de possession
par la France des îles Sous-le-Vent, nia
celle des Nouvelles-Hébrides.
A la même demande adressée à l'An-
gleterre, lord Rosebery répondit que Io
Colonial Office allait consulter les colo-
nies australiennes. Avec une touchante
unanimité, celles-ci ont fait sayoir au
gouvernement métropolitain, qui avait
l'air de se désintéresser de la question
tout en encourageant sous-main leur
résistance, qu'elles s'opposeraient « par
tous les moyens » à l'annexion par ia
France des Nouvelles-Hébrides, dont
l'Australie s'emparera même par la
force et en déclarant la guerre à la
France, dès qu'elle sera assez puissante
pour accomplir cette entreprise. Cette
LE FIGARO - SAMEDI 12 JUIN 1886-
sives, nous voulons tjue le gouvernement de
la République soit remis dans la situation où
tout régime légal doit se trouver vis-à-vis de
la nation et vis-à-vis des gouvernements
étrangers.
J'ai dit que nous appliquerions immédiate-
ment aux prétendants le pouvoir que nous
vous demandons. J'ajoute que si l'un des au-
tres membres des familles princières était
tenté de prendre leur place et se livrait aux
mêmes manifestations, nous lui applique-
rions le même traitement, sans colère, mais
sans défaillance. (Très bien ! très bien ! à
gauche.)
Tel est l'esprit de notre projet, nous le
croyons juste historiquement, philosophique-
ment ; nous le croyons nécessaire, non que
la République soit menacée d'un danger ma-
tériel, non que nous ayons peur que les pré-
tendants fassent un coup de force contre la
République, mais parce qu'il y a un effort
incessant pour essayer de déconsidérer les
institutions de la République, parce que c'est
là une maladie chronique à laquelle nous
voulons enfin mettre un terme.
Nous entendons que la République soit
respectée et montre qu'elle est en état de se
faire respecter. Je le répète, au point de vue
historique, philosophique, nous considérons
que notre projet est juste.
Nous sommes convaincus que, pesant les
conséquences d'un rejet de cetteproposition,
vous vous demanderez quelle situation ré-
sulterait d'un nouvel avortement pareil àce-
luiqui s'est produit en 1883. Nous sommes
assurés que, rentrés dans vos consciences,
vous n'hésiterez .pas à la voter. (Vifs applau-
dissements sur un grand nombre de bancs.)
C'est M. Jolibois qui a répondu à M.
de Freycinet, et ii l'a fait avec sa sûreté
ordinaire, avec toute son expérience et
toutes les ressources d'une parole mer-
veilleusement exercée. Il a étalé, une
fois de plus, aux yeux du public, les
petites misères de la politique ministé-
rielle, et annoncé que le jour de la re-
vanche était proche. Mais la majorité
avait fait son siège. Après avoir inter-,
rompu grossièrement à chaque phrase,
et presque à chaque mot, un orateur
comme il lui serait très avantageux d'en
avoir, elle a brutalement prononcé la
clôture du débat, et les déclarations ont
commencé.
Nous avons eu celle de M. Barodet,
qui a protesté comme MM. Henry Maret
et Anatole de La Forge contre toute loi
d'exception et de proscription. Nous
avons eu celle d'un républicain inconnu,
M. Pesson (d'Indre-et-Loire), qui s'est
hautement honoré en refusant de s'as-
socier à une vilenie parlementaire. En-
iin, nous avons eu celle de M. Michelin,
toute contraire. Après avoir juré qu'il
ne voterait'jamais une pareille loi, M.
Michelin s'est senti tout mal à son aise
d'une si belle résolution, et le naturel
reprenant le dessus, cet homme, qui
trouve « qu'on n'en a pas assez guil-
lotiné », a énergiquement demandé
« qu'on en exile ! » Que sa volonté soit
faite 1
Il était sept heures lorsqu'on a voté
sur l'article premier du projet de la
Commission, c'est-à-dire l'expulsion
franche, l'expulsion intégrale, repoussée
par le gouvernement. Le rapporteur, M.
Camille Pelletan, dans un petit discours
de cinq minutes, très pressant et très ,
serré, en avait montré tous les avan-
tages. A ce moment, la droite avait un
beau rôle à jouer, et surtout un rôle
très simple, qui consistait à culbuter le j
gouvernement en votant le texte de la
commission. Plusieurs de ses membres,
appartenant à tous les groupes, l'en ad-
juraient.
MM. Paul de Cassagnac,. Raoul Duval,
Delafosse, de Mackau se multipliaient
pour démontrer à leurs collègues que cet
article voté, le gouvernement était par
terre, et la loi avec lui, car jamais le
Sénat n'adopterait une rédaction aussi
radicale; et aussi bien on avait l'article 2
pour se rattraper et émousser, entre
les mains de la Commission victo-
rieuse, l'arme qu'on venait d'y remettre.
La droite n'a pas compris cette tac-
tique, ou plutôt elle a craint que le pays
ne la comprît pas. La plupart de ses
membres ont voté avec la majorité gou-
vernementale, et la commission a été
battue à une majorité de 104 voix.
Dès lors il n'y avait plus de revanche
possible. M. de Freycinet triomphant a
fait immédiatement la concession d'a-
bandonner sa propre rédaction, et d'ac-
cepter - ainsi que nous l'avions prédit
- l'amendement Brousse, dont l'ar-
ticle 1er a réuni cette fameuse majorité
de 83 voix, qui s'appellera dans l'histoire
la majorité de l'exil.
Le reste a été enlevé sans scrutin et
on n'a pas même eu l'envie de se comp-
ter sur l'ensemble du projet.
Un article additionnel de M. Cuneo
d'Ornano a fourni à son auteur l'occa-
sion de réclamer énergiquement cet
appel au peuple dont il est un des doc-
trinaires les plus convaincus; mais les
cris d'animaux avaient déjà depuis
longtemps remplacé la discussion ; et
ainsi a fini cette journée du 11 juin qui
deviendra peut-être une date dans l'his-
toire de France. La proscription y a été
solennellement décrétée, l'exil y a été
rétabli aux applaudissements frénétiques
et féroces de trois cents républicains.
Pas-Perdus.
LE SCRUTIN
Les noms des députés qui ont pris
part au scrutin sur l'expulsion du comte
de Paris et de son fils aîné, du prince
Napoléon et du prince Victor doivent
être livrés à la publicité. Il est intéres-
sant de connaître officiellement la façon
dont se sont réparties les voix des dépu-
tés sur l'article premier du projet
Brousse, adopté par le gouvernement.
Pour l'Expulsion
MM. Abeille, Achard, Allain-Targé, Alype,
Audiffred, Aujame, Baïhaut, Ballue, Balte t,
Barbe, Barré, Barrière, Bastide, Beauquier,
Belle, Déranger, Maurice Berger, Bernard,
Bernier, de Bernis, Binachon, Bizarelli; Bizot
de Fonteny, Blachère, Blanc, Blandin, Blatin,
Bonnerot, Borie, Bourganel, Bourgeois (du
Jura),Bourlier, Bourneville, Bousquet,Bovier-
Lapierre, Boysset, Brelay, Brialou, Brisson,
Brousse, Brugeilles, Brugère, Brugnot, Bur-
deau, Buvignier, Calés, Cantagrel, Sadi Car-
not, Carret, Casse, Cavaignac, Cavalié, Chaix.
Chanson, Chantagrel, Chavannes, Chavoix*
Chevandter, Chevillon, Clémenceau, A. Co-
chery, G. Cochery, Colfavru, Constans, Cor-
dier, Corneau, Cornudet, Cousset, Crémieux,
Crozet-Fourneyron.
Danelle-Bernardin, Daumas, Dautresme,
Déaadreis, Delattre, Dellestable, Delmas.De-
luns-Montaud, Deniau, Deproge, Derevoge,
Desmons, Dethou, Devade, Develle, Dou-
ville-MaiUefeu, Dreyfus, Dubois, Dubost, Du-
chasseint,Duché,Ducher,Ducoudray, Ducroz,
Dupuy (de l'Aisne), Duportal,Durand-Savoyat,
Dureau de Vaulcomte, Dutailly, Duval,
Duvaux, Duvivier, Ch. Dupuy,Etienne, Fagot,
Fallières, Farcy, H. Faure, Fernand, Faure,
Maurice Faure, Ferrary, Albert Ferry, Jules
Ferry, Folliet, Fores t, Franconie, Frebault.
Gagneur, Gaillard (de Vaucluse), Gaillard,
Gallier, Ganault, Ganne, Gastellier, Germain,
Gerville-Réacbe, Giguet, Gilbert, Gillet, Go-
blet, Gobron, Granet, Gros, Guillaumou,
Guillemot, Guillot, Paul Guyot, Yves Guyot,
ûujrot-Dessaigne, Héral, Harteur, Hubbard,
Hude, Clovis Hugues, Humbert, Hurard,
Imbert, Jacquemart, Jacquier, Jamais, Jau-
rès, Joigneaux, Joubert, Jouffrault, Jouven-
cel, Jullien.
De la Bâtie, Labordère, Labrousse, Labus-
sière, Lacote, Lacretelle, Lacroix, Lafont,
Lagrange, Laisant, Lamazière, Lamo-
the-Prevalle, Lanessan, Laporte, de la
Porte, A. Laroze, L. Laroze, Lasbavsses,
Lascombes, Lasserre, Laur, Lavergne, La-
ville, Lefebvre, Legludic, Lelièvre, Lepor-
ché, Arthur Leroy, Lesage, Lesguiller, Le-
tellier, Levêque, Level, Levrey, Leydet,
Leygues, Liouville, Lockroy, Lombard, Lo-
ranchet, Lyonnais.
Madier de Montjau, Magnier, de Mahy,
Maillard, Margaine, Marmonnier, Marty, F.
Mathé, H. Mathé, Maunoury, Maurel, Mellot,
Menard-Dorian, Mennesson, Michel, Miche-
lin, Millerand, Million, de Mondenard, Monis,
Montaut, de Montgolfler, Morel-Latour, de
Mortillet, Munier, Nadaud, Neveux, Noblot,
Noirot, Obissier Saint-Martin, Ordinaire.
Pajot, Papinaud, Pelletan,Périllier, Perrin,
Pernolet, Peytral, Philipon, Jules Philippe,
Pichon, Pochon, Ponlevoy, Pons-Tande,
Poqpin, Pradon, Pressât, Préveraud, Proust,
Prudon, Papon.
Ranson, B. Raspail, Rathier, Raynal, Ra-
zimbaud, Remoivilie, Reuillet, Revillon, Rey,
Reybert, Reynaud, Ricard,Richard, Ringuier,
Rivet, Jules Roche, Rochet, Roque de Fillol,
Rouvier, Royer, Rumillet-Charretier.
Sabatier.Saint-Ferréol, Saint-Romme, Salis,
Sandrique, Sarlat, Sarrien, Sentenac, Simo-
net, Simyan, de Sonnier, Spuller, Steeg.
Tassin,.Théron", Thévenet, Thiers, Thom-
son, Tondu, Treille., Trouard-Riolle,
Turigny, Turquet, Turrel.
Vacher, Vergoin, Vernet, Vernière, Versi-
gny, Viette, Viger, Vilar, Villeneuve, Viox.
Waddington, Wickersheimer, Wilson.
Contre l'expulsion
Adam, de l'Aigle, d'Aillières, Andrieux,
d'Ariste, Arnault, Arnous, Barascud, Baro-
det, Barouille, Basly, Beaucarne -Leroux,
Baudry-d'Asson, de Belizal, Benazet, de Be-
noist, Berger (M.-et-L.), Bergerot, Bigot, de
la Billiais, Blancsubé, Blin de Bourdon, de
Bonneval, Boreau-Lajanadie, Boscher-Delan-
gle, Bottieau, Boucher, Bourgeois (Vendée),
Bouvattier, Boyer, Brame, Bresson, de Bre-
teuil, Brice, Briet de Rainvillers.
Galvet-Rogniat, Camelinat, Caradec, Caron,
G. Périer (Seine-Inférieure), Cazêaux, Caze-
nove de Pradines, Chamberland, de Champ-
vallier, de Chatenay, Chevalier (Maine-et-
Loire), Chevalier (Manche), Chevillotte, Che-
vreau, Cibiel, de Clercq, de Colbert Laplace,
deCornulier, Creuzé.
Dàynaud, Deberly, Dejardin, Delafos»e,
Delelis, Dellisse, Descaure, Deschanel, Des-
loges, Destandau, Dompierre d'Hornoy, Du
Bodan, Duchatel, Duchêne, Dufour (Lot),
Dufour (Indre), Dugué de la Fauconnerie,
Durand, Dussaussoy.
Eschasseriaux, d'Estournel, Fairé, Faure
(Félix), Fauré, Féraud, de la Ferrière, Fou-
quet, Freppel, de Frescheville.
Gadaud.Galpin, Ganivet, Garnier-Bodeléac,
Gasconi, Gaudin, Gaudin de Vilaine, Gaus-
sorgueS, Gérard, Gévelot, Gilly, Ginoux de
Fermon, Godet delà Ribouillerie.
Gomot, P. de Cassagnac, Harispe,Hermary,
H illion, Hovius, Jolibois, Jonglez, de Juigné,
Keller, de Kergariou,de Kermenguy; de Ker-
sauson, Labassetière, delà Batut, de Laborde
Noguet.
Labourdonnaye, A. de La Forge, Laguerre,
Lalande, de La Martinière, de La Marzelle,
Lanjuinais, Larère, Largentaye, Larochefou-
cauld, Laroche-Joubert, Larochette, Laurent
çon, Leblanc, Le Chevallier, Lecointre, Le
Cour, Lefebvre du Prey, Lefebvre-Pontalis,
LeGavrian.
De Legge, Legrand de Lecelles,Le Guay,
Le Hérissé, Lejeune, prince Léon, Lepoutre,
Le Provost de Launay, Leroux, Leroy, Le»
souef, Levert, Lévis-Mirepoix, de Lhomel,
Liais, Lorois, Lorois (L.), de Luppé.
De Màckau, de Maillé, Maret, Marqul-
set, de Martimprey, Martin d'Auray, Mar-
tin (Oise), Martin-Feuillée, Maurice, Meynard
de la Glaye, Merlet, du Mesnildot, Mézières,
Michou, Milocheau, de Montety, Morel (N),
de Mouchy, de Mun, Murât, Niel, Noël
Parfait, Olivier, Ornano, Paillard-Ducléré.
Pain,Pally,de Partz, Passy (Frédéric), Passy
(de l'Eure), Paulmier, Pesson, Peyrusse,
Pinaud, Piou, de Plazanet, Plichon, Prax-
Paris Proal
Raoul Duval, Rauline, Récipon, 'Reille,
Renard, Georges Roche, Roques, de Rosa-
mel, des Rotours, Roulleaux-Dugage, Rous-
sin, Roy de Loulay, de Roys.
Sabouràud, de Suint-Luc, de Saint-Martin,
Saint-Martin, de Saisy, Sans-Leroy, Sarrette,
Sens, Serph, Sevaistre. Siegfried, de Soland,
de Soubeyran, Soucaze, Suquet.
Taillandier, de Terves, Thellier de Ponehe-
ville, Tlieulier, Thoinnet de la Turmelière,
Trubert, de Turenne, Vast-Vimeux, de Vau-
juas-Langan, Viellard, de Valon, Waddington,
Waldeck-Rousseau, de Witt.
Se sont abstenus
Amagat, Arène, Astima, Borriglione, Boul-
lay, Bourrillon, Boysset, CasimirPérier (Aube),
Ernest Lefèvre (Seine), Escande, Floquet,
Fonbelle, Fousset, Houdaille, Jametel, Javal,
de la Ferronnays, de Lamberterie, Méline,
Mérilion, Prévet, Planteau, Raspail (Var),
Rondeleux, Roure, Steenackers.
MM. de la Ferronnays, de Lamberterie,
absents au moment du vote, déclarent qu'ils
auraient voté contre. M. Escande, porté
comme s'étant abstenu, déclare avoir voté
pour.
AUTOUR DE LA SÉANCE
La dernière journée a été rude et
longue. Il a fallu plus de sept heures
aux députés assemblés pour émettre un
vote définitif sur la. question des
Princes.
La plus grande partie de la séance
n'offre qu'un intérêt médiocre. M. de
Freycinet a prononcé un discours ha-
bile - ses adversaires eux - mêmes
sont contraints de le reconnaître. -
Son intervention, quoique tardive, a
certainement contribué pour beaucoup
au succès final du gouvernement.
La véritable séance n'a commencé
qu'au moment où le président de la
Chambre a mis aux voix le passage à la
discussion des articles.
Par 310 voix contre 233, la Chambre
s'est prononcée en faveur du passage à
la discussion des articles.
K.
*s «
Ce premier vote acquis, la droite s'est
assemblée dans un des locaux du Palais-
Bourbon. Elle voulait prendre une im-
portante résolution : elle voulait exa-
miner si par son abstention totale elle
n'arriverait pas à créer de sérieux em-
barras au cabinet voire même à en pro-
voquer la chute.
En s'abstenant, en effet, elle pouvait
laisser la majorité républicaine se divi-
ser et se prononcer en faveur de l'expul-
sion totale, repoussée par le gouverne-
ment.
Plusieurs des membres de la droite
ont fait valoir que les électeurs considé-
reraient cette abstention comme une vé-
ritable désertion, qu'ils comprendraient
mal celte tactique parlementaire et que,
par conséquent, il était indispensable de
soutenir le droit des Princes jusqu'au
bout.
A ce moment, les bancs de la minorité
conservatrice étaient complètement vi-
des, et la gauche, ayant été avertie, pre-
nait ses dispositions pour parer à toute
éventualité, les chefs républicains étaient
même disposés à ne pas combattre le
texte du gouvernement, pour déjouer la
savante combinaison des droitiers.
***
Un détail de séance: pendant le dé-
pouillement du premier vote, on a pu
remarquer, causant en même temps
avec M. Floquet, MM. Paul de Cassa-
gnoc et de Freycinet. Le président du
Conseil et le député du Gers ont même
échangé quelques paroles.
Signalons aussi une curieuse coïnci-
dence : M. Floquet s'étant absenté pen-
dant quelques instants au moment du
scrutin sur l'article 1er portant expulsion
de M. le Comte de Paris et de son fils le
duc d'Orléans.
Plusieurs députés républicains avaient
jugé convenable de rédiger une déclara-
tion libérale qui a été lue par M. Barodet
à la tribune.
Avaient signé cette déclaration : MM.
Barodet, Henry Maret, Laguerre, Saint-
Martin (Vaucluse), Gaussorgues, Gilly,
Michelin, Planteau, Basly, Boyer, Pally,
Camélinat, membres de l'extrême gau-
che ou du groupe ouvrier, et MM. An-
drieux, Blancsubé, Theulier, Anatole de
la Forge, Proal, Boullay, Javal, Michou,
Gadaud, Houdaille et de Hérédia, mem-
bres des autres fractions de la gauche.
Mais M.Michelin a regretté sans doute
ce bon mouvement et il est venu décla-
rer à la Chambre qu'il voterait pour-
l'expulsion.
D'un autre côté, M. Michou n'a pas été
très heureux 1 On lui a reproché ses
votes précédents. M. de Douville-Mail-;
le feu a même insisté violemment, ou-
vrant un registre qu'il montrait à ses
collègues et sur lequel étaient mention-
nés les votes de M. Michou.
L'incident a failli prendre de grandes
proportions à l'heure où. le président du
Conseil montait à la tribune. Si bien
que M. Floquet, pour faire renaître le
silence, s'est écrié : « Il est sans doute
» plus intéressant de savoir ce que va
» dire M. de Freycinet, que de savoir si
» M. Michou a changé ou non d'opi-
» nion! »
**#
On a beaucoup remarqué le silence
voulu de M. Clémenceau. Le député du
Var a empêché M. Pelletan de prendre
part à la discussion générale. C'est, en
effet, pour être agréable à son directeur
que le rédacteur en chef de la Justice
n'est intervenu dans les débats qu'après
la clôture de la discussion générale.
L'attitude de M. Jules Ferry et de
quelques-uns de ses anciens ministres
a également fait l'objet de bien des
conversations.
M. Jules,Ferry a ouvertement soutenu
le cabinet Freycinet, il a ouvertement
voté la proposition gouvernementale.
#**
Les nouvelles-les plus diverses et les
plus invraisemblables circulaient hier
dans la journée au Palais-Bourbon. On
allait jusqu'à prétendre que M. Granet
voulait donner sa démission, lui qui est
si content d'être ministre. Il est vrai,
d'ailleurs, que ce bruit de démission n'a
pas été confirmé et que M. Granet conti-
nue à rester, comme par le passé, à la
tête du ministère des postes.
Il y a eu mardi dernier, 8 juin, quinze
ans que l'Assemblée nationale a aboli,
par 472 voix contre 97, la loi de pros-
cription, remise hier en vigueur.
Cinquante-quatre membres de cette
Assemblée font aujourd'hui encore par-
tie de la Chambre des députés.
Il n'est pas sans intérêt de comparer
leur vote d'alors avec celui d'hier.
Trente-deux avaient voté pour l'abro-
gation, ce sont : MM. Beaucarne-Lo-
roux, Bigot, Bottiau, Boucher, Bour-
geois, Brame, René Brice, Cazenove de
Pradines, de Champvallier, de Clercq,
Duchatel, Dufour, Dussaussoy, Eschas-
seriaux, Ginoux de Fermon, de Juigné,
de Kergariou, de Kermenguy, de Lar-
gentaye, de La Rochefoucauld- Bisaccia,
Lefèvre-Pontalis, de Maillé, Murât, de
Partz, Louis Passy, Piou, Plichon,
Prax-Pâris, des Rotours, Serph, de
Valon, Vast-Vimeux, Noôl Parfait, Ger-
main,Me Roys, et hier, avec logique,
ils ont voté contre la remise envigueur
de cette même loi.
Au contraire, MM. Turquet, Cochery,
démentant leur vote de 1871, ont voté
en faveur du texte gouvernemental,
c'est-à-dire pour la résurrection des lois
d'exil.
Neuf autres députés qui, en 1871,
avaient voté pour le maintien de la loi de
proscription, conséquents avec eux-
mêmes, ont adopté hier le projet du gou-
vernement ; ce sont MM. Brisson, Sadi
Carnot, Jules Ferry, Farcy, Joigneaux,
de Mahy, Margaine, Rathier et Viot.
M. Chevandier, absent en 1871, a voté I
pour hier.
Enfin, MM. Bastid, Gévelot, Maurice,
Sarrette, Tassin et Wilson n'avaient
pas pris part au vote en 1871.
Hier MM. Gévelot, Sarretté et Mau-
rice ont voté contre; les deux autres
pour.
M. Jules Grévy,président de l'Assem-
blée nationale, s'était abstenu 1
Et maintenant la parole est au Sénat.
Le projet sera déposé aujourd'hui même
au Luxembourg.
Faut-il pronostiquer? Il est presque
certain que la majorité sénatoriale ne
changera pas un mot au projet adopté
par la Chambre. La Commission qui va
être nommée sera probablement en to-
talité favorable à ce projet et, avant huit
jours, le dernier mot aura étédit sur toute
cette triste histoire.
Paul Hémery.
CHEZ LES PRINCES
Les résultats du vote de la Chambre
ont été télégraphiés à M. le comte de
Paris, hier soir, à dix heures, par M. le
comte de Chevilly.
M. le comte de Paris se propose de
venir à son hôtel de la rue de Varennes,
pendant la journée d'aujourd'hui, pour
s'entretenir avec tous les princes de la
maison d'Orléans.
Il repartira le soir même pour lo châ-
teau d'Eu.
MM. le duc de Chartres, le duc d'Au-
male, le duc de Nemours, le duc d'A-
lençon et tous les princes de la maison
d'Orléans non compris dans la loi d'ex-
pulsion, sont décidés à rester en France.
M. le comte de Paris, seul, partira
avec Mme la comtesse de Paris et ses
enfants.
Mgr le duc d'Aumale est rentré hier à
Chantilly, venant du château d'Eu.
***
C'est vers neuf heures que le prince
Napoléon a connu le vote de l'art. 1" du
projet Brousse qui prononce son expul-
sion. Il était entouré d'un grand nombre
de ses amis, quand M. Lenglé est venu
lui apporter le résultat. Il a reçu la nou-
velle avec calme et en souriant. Il avait
prévu de longue date la mesure qui le
devait frapper et l'on assure que ses pré-
paratifs de départ sont faits depuis plu-
sieurs semaines.
- « Quatre-vingt-trois voix de majo-
rité ! s'écrie-t-il. Eh ! c'est un peu plus
que je n'avais pensé.» Et immédiate-
ment, avec sa profondeur de vue et dans
son langage imagé, il examina les diffi-
cultés et les crises qu'allait traverser la
République - qu'en dépit des fautes des
républicains,il considère toujours comme
le gouvernement de l'avenir - avant
d'arriver,à sa formule définitive : « Je
reviendrai, dit-il en finissant, je revien-
drai pour empêcher ceux qui m'ont
proscrit d'avoir le cou coupé, et ce ne
sera pas long, s
G. C.
XJE SÉNAT
Le Sénat a invalidé hier pour la se-
conde fois M. Sébline, sénateur de
l'Aisne. M. Sébline n'avait pas les qua-
rante ans exigés par la loi lorsqu'il a
été élu, il ne les a eus que dix-huit jours
après. .
La loi est formelle. M. Lenoel a essayé
de faire observer qu'il suffisait peut-être
d'avoir les quarante ans le jour de la vali-
dation, mais le Sénat s'est montré in-
flexible. Par 158 voix contre 92, il'a inva-
lidé l'élection. Voilà donc- M. Sébline
obligé de se faire réélire une troisième
fois : son succès est d'ailleurs certain.
La fin de la séance appartient au pro-
jet de loi relatif aux sociétés de secours
mutuels.
P. H.
Échos de Paris
LA POLITIQUE
Par suite de l'invalidation nou-
velle de M. Sébline, prononcée hier par
le Sénat, les électeurs sénatoriaux de
l'Aisne devront être convoqués dans le
délai d'un mois.
M. Sébline sera donc réélu avant le
11 juillet prochain. Son élection est assu-
rée parce que de nombreux conserva-
teurs votent pour lui à défaut de tout
autre candidat.
M. Goblet, ministre de l'instruc-
tion publique, par arrêté en date d'hier,
vient de mettre gracieusement à la dis-
position des organisateurs du Congrès
des industriels et négociants français la
salle des Fêtes du Trocadéro pour les
10, 12 et 13 juillet prochain. .
La Commission d'initiative a
tenu hier une longue séance pour exami-
ner la proposition de loi de M. Cunéo
d'Ornano, tendant à établir le référen-
dum en matière législative, c'est-à-dire
à faire ratifier les lois par le peuple.
M. Levert, un des signataires de la
proposition, l'a vivement soutenue; elle
a été combattue non moins vivement par
MM. Emmanuel Arène et Sabatier.
Finalement la Commission l'a repous-
sée et M. Emmanuel Arène a été nommé
rapporteur.
A TRAVERS PARIS
LA TEMPÉRATURE. - Une amélioration mo-
mentanée se produit en France; toutefois des
ondées sont encore probables dans l'ouest et le
nord. Le baromètre est toujours bas au nord de
l'Irlande; une dépression paraît exister au
large. L'aire des fortes .pressions couvre l'Es-
pag'ne; elle s'avançait hier jusqu'à la France
centrale. La situation reste troublée sur la
Méditerranée, ou des mauvais temps ont sévi
dans divers parages.
Une baisse faible de la température a eu lieu
sur l'Europe centrale et occidentale, mais il est
probable qu'un radoucissement va se produire
en France. A Paris, les averses ont cessé et le
soleil s'est montré assez longtemps pendant la
journée d'hier. Le thermomètre a . atteint 20°;
le baromètre a remonté à 762nllu.
Nêris-les-Bains. - Beau temps. Therm, 20»<
Aujourd'hui,à 2h30, courses au Vésinet.
Train spécial, gare Saint-Lazare, lh. 30.
Pronostics de la journée :
Prix de Mormant : Cérémonie.
Prix de Nantouillet : Rocco.
Prix de Nogent : Farceuse.
Prix de l'Ôurcq : Chérubin.
Dans le monde.
Le mariage du comte Christian de
Berckeim, capitaine d'artillerie, avec
Mlle Elisabeth de Pourtalès, fille du
comte et de la comtesse de Pourtalès,
sera célébré dans la dernière semaine de
juin, à la chapelle protestante de la rue
Chauchat.
Le bal de la duchesse de Pomar avait
réuni, avant-hier, dans le magnifique
hôtel Pozzo di Borgo, une foule aussi
élégante que nombreuse. Les salons
étaient magnifiquement décorés pour la
circonstance.
Un cotillon des plus brillants a ter-
miné cette fête, à sept heures du matin.
Hier soir, dernière réception de Mme
la comtesse Aimery de La Rochefou-
cauld.
M. le comte de Montholon, ministre
plénipotentiaire, est confirmé dans ses
fonctions de chargé d'affaires de France
à Constàntinople.
Cette nomination semble indiquer que
M. le marquis de Noailles, en ce moment
en congé, ne retournera pas à Constan-
tinople.
M. Piétri, l'ancien préfet de l'Empire,
vient d'être cruellement éprouvé par un
nouveau deuil.
Sa plus jeune fille, Mlle Eugénie Pié-
tri, âgée de seize ans, est morte hier.
En moins de trois années, il a perdu
sa femme, son fils aîné et deux filles.
Tous les anciens officiers de marine,
tous les anciens matelots qui ont servi
pendant la guerre de Chine, sous les
ordres de l'amiral Courbet, avaient tenu
à honneur d'assister au service funèbre
qui a été célébré hier à la mémoire du
glorieux vainqueur de Fou-Tchéou.
L'église Saint-Louis d'Antin avait été
tendue de draperies noires.
Aux premiers rangs, derrière la fa-
mille représentée par M. et Mme Ti-
burce Ferry, se tenaient les vice-ami-
raux Cloué, Peyron, Lespès, Ribourt, le
commandant Parrayon et trois quar-
tiers-maîtres du Bayard, le comte de
Clermont-Tonnerre, M. de Baudry d'As-
son, et de nombreux députés de la
droite, le commandant Caillard, le quar-
tier-maître canonnier Morel, qui fut dé-
coré de la Légion d'honneur par Courbet
lui-même à Fou-Tchéou, etc...
Le ministre de la marine était repré-
senté par le commandant Maigret, an-
cien chef d'état-major de l'escadre de
l'Extrême-Orient.
La cérémonie funèbre était terminée à
midi.
On célèbre ce matin, à onze heures,
à l'église Saint-Louis d'Antin, un autre
service funèbre pour un des plus jeunes
enseignes de vaisseau de la marine
française, M. Edouard Signorino, mort
à bord de la canonnière le Scorpion,
pendant la dernière expédition de Mada-
gascar.
La famille de cet officier a reçu, il y a
trois jours à peine, la nouvelle de ce dé-
cès.
M. Signorino était âgé de vingt-sept
ans.
On a célébré hier les funérailles
d'un homme de lettres qui a eu son
heure de notoriété. Edouard Didier, au-
teur de XAbîme, du Rocher de Sisyphe, de
Lord Byron, de plusieurs autres pièces
jouées à l'Odéon, au Vaudeville et ail-
leurs. Il est mort avant-hier à Briis-
sous-Forges, d'une maladie de coeur. II
a été, comme Fechter et Dickens, l'ami
du prince de Galles, quand il était le
collaborateur de Dickens. Edouard Di-
dier a eu une carrière très mouvemen-
tée. Après d'excellentes études, il se fit
comédien comme Got, cet autre lauréat
du grand concours. Il a joué la comédie
au Théâtre-Français sous la protection
de Régnier vers 1856.
Calmann Lévy a publié cinq ou six
romans de' lui qui ont eu du succès,
comme la Bague d'opale.
On trouvera dans ses papiers deux
volumes de romans et nouvelles, qui
seront publiés avec une préface d'Ar-
sène Houssaye.
M. le comte de Greffulhe vient d'en-
voyer 10.000 francs pour la souscription
de l'Institut Pasteur.
On sait que, par suite des mauvais
temps, le bénéfice des fêtes des 5 et 6
juin au profit de la Caisse des Victimes
du Devoir a été à peu près nul.
A la demande de nombreux intéressés,
le comité de Direction a résolu de don-
ner dimanche et lundi de nouvelles fê-
tes au Jardin des Tuileries.
S'il faut en croire le dicton populaire,
Saint Barnabé nous a ramené le beau
temps. Espérons donc que les nouvelles
fêtes, - les dernières qui auront lieu
cette année aux Tuileries, - seront en-
fin productives.
Un encouragement à l'industrie fran-
çaise à l'étranger.
Dans la promotion de Chevaliers de la
Couronne d'Italie que S. M. le roi Hum-
bert vient de faire à l'occasion de la
fête Nationale, nous trouvons le nom
d'un ingénieur français, M. Decauville,
inventeur du chemin de fer portatif
adopté dans tous les arsenaux italiens.
Le cercle de la rue Volney fêtera jeudi
prochain, en un banquet, les deux mé-
dailles d'honneur des Salons 1885 et 1886.
MM. Bouguereau et Jules Lefebvre
sont, en effet, membres du Cercle artis-
tique et littéraire, et ils y comptent de
nombreux amis.
On nous demande le nom de l'auteur
de ce vers ;
Tout homme a duu son coeur un cochon qui som-
[meille.
C'est au statuaire Auguste Préault
que revient l'honneur de cette maxime
humoristique. Mais ce n'est pas lui qui
en a fait un vers. C'est un de ses amis, à
la table duquel il se trouvait, qui donna
la forme à cette pensée qu'il avait for-
mulée en prose disant : » Il y a un co-
chon dans le fond de chaque homme. »
Une question nous est adressée au
sujet des bourses de voyages iqui vien-
nent d'être accordées à l'occasion des
envois du Salon.:
Est-il exact que les peintres paysa-
gistes sont exclus de ces récompenses?
Renvoyé à M. Edmond Turquet.
Pêcheur d'Islande, le nouveau roman,
de Pierre Loti, à qui l'on doit de si char-
mants chefs-d'oeuvre, paraît chez Cal-
mann Lévy.
Le premier volume des Guides artis-
tiques Simons, qui va paraître le mois
prochain, contiendra de très intéressants
détails sur les côtes de Normandie et de
Bretagne, et en particulier sur Paramé,
Saint-Malo, Granville, le cap Frehel et
les îles de Jersey et de Guernesey.
Ces renseignements sont très précieux
pour les touristes et les baigneurs qui
visiteront cette année cette partie si pit-
toresque de la France.
NOUVELLES A LA MAIN
Un fabricant de vin à un de ses con-
frères-:
-. Il est certain qu'il n'y a plus autant
de raisin qu'autrefois ; mais il y en a
encore pas mal... Qu'est-ce qu'on peut
bien en faire ?
Au conseil de révision :
Avez-vous des cas de réforme à faire
valoir?
- Imberbe.
Le Masque do fer.
L.A DÉCHÉANCE
DU
ROI DE BAVIÈRE
Munich, 11 juin.
Voici quelques détails sur la scène qui
se passa à Hohenschwangau, lors de
l'arrivée de la délégation qui apportait
au roi Louis la nouvelle de sa dé-
chéance.
Ce fut le comte Holnstein, autrefois
un des favoris du roi, qui eut la pénible
mission de lui communiquer la triste
nouvelle. On prévint Sa Majesté de l'ar-
rivée de la délégation. Louis II ne laissa
entrer que le comte de Holnstein. Il le
reçut entouré de gendarmes avec les
fusils chargés.
- Tu m'as trahi, s'écria le roi, mais
je ne céderai, pas.
Le comte de Holnstein ne s'émut pas ;
il démontra au roi l'absolue nécessité
qu'il y avait pour lui de quitter sa rési-
dence actuelle pour aller demeurer au
château de Lindershof. Mais le roi devint
furieux et ordonna aux gendarmes de
sai sir cet homme, coupable de haute
trahison. M. le comte de Holnstein passa
la nuit au cachot et ne fut mis en liberté
que par le commandant en chef de la
gendarmerie, appelé en toute hâte de
Munich.
Dans la nuit, le roi eut plusieurs ac-
cès de folie furieuse. Il paraît calme au-
jourd'hui.
Le traitement médical va commencer.
Des gardes malades choisis parmi le
personnel des meilleures maisons d'a-
liénés sont installés auprès du roi. On a
renvoyé les domestiques qui le ser-
vaient habituellement.
La population de Munich est tran-
quille, mais attristée. Ses théâtres sont
fermés en signe de deuil; malgré tout,
la sympathie est très grande pour le
malheureux souverain.
A Fuessen, ville située près de
Hohenschwangau, la population s'est
soulevée en faveur de Louis II. Il a fallu
envoyer des gendarmes pour rétablir
l'ordre.
Le prince de Hohenlohe, gouverneur
d Alsace-Lorraine, s'est rendu à Munich,
par ordre du chancelier, pour examiner
les actes de légitimation de la Régence.
Walter Vogt.
L'OUVERTURE DI Li PÊCHE
La statistique nous apprend qu'il y a
en France un million deux cent mille
pêcheurs à la ligne qui viennent d'être
comblés de joie par la circulaire du mi-
nistre des travaux publics, autorisant
l'ouverture de la pêche à la ligne le 13
au lieu du 15, date réglementaire.
C'est à ces douze cent mille pêcheurs
que s'adresse ce dessin d'Uzès, paru
dans le Courrier français du 13 juin, re-
présentant deux pêcheurs placés à peu
de distance l'un de l'autre. Malgré l'heure
matinale, le premier de ces pêcheurs,
qui est en bateau, ne prend rien; il s'est
enrhumé dans le brouillard du matin et
éternue toutes les cinq minutes, ce qui
fait du bruit, secoue le bateau et éloigne
le poisson. Le second, immobile et les
jambes dans l'eau, est mordu à chaque
coup de ligne, et son filet se garnit de
plus en plus. Après avoir amorcé son
hameçon, le pêcheur heureux cligne de
l'oeil du côté du pêcheur malheureux,
qui continue à tousser et éternuer, et,
plus malin ou mieux renseigné que lui,
tire de sa pOche un petit étui dont il ex-
trait des Pastilles Géraudel !!!! grâce à la
succion desquelles il évite le rhume dont
son confrère donne le spectacle.
Voilà tout le secret d'une bonne pêche.
Donc, pêcheurs, qui allez.faire l'ouver-
ture, munissez-vous d'un étui de 1 fr. 50
de ces excellentes pastilles, qu'on trouve
dans toutes les pharmacies, car, quelle
que soit l'habileté du pêcheur et le plus
ou moins de finesse de ses engins, il est
une condition sine quâ non à observer :
l'absence de tout bruit. Silence et im-
mobilité, voilà quelle pourrait être la
devise du parfait pêcheur.
Mais il faut voir ces dessins du Cour-
rier français et les renseignements tech-
niques qui les accompagnent; aussi est-
ce avec plaisir que nous apprenons à
ceux de nos lecteurs amateurs de pêche
qu'ils peuvent recevoir ce numéro du
ourrier français, moins le supplément,
gratis et franco sur demande adressée
aux bureaux de ce journal, 14, rue Sé-
guier, à Paris. Ce numéro très curieux
contient aussi deux dessins de Henri
Pille sur les pêcheurs à Paris, et le Re-
tour des beaux jours, une page de A.
Willette sur les pêcheurs fantaisistes,
un dessin d'Uzès dont il est question
plus haut, le portrait de Rabelais d'après
Zacharie Astruc, Misère, dessin du ta-
bleau de Pelez par Heidbrinet, le Bain,
par Quinsac, les Courses de printemps,
par G. Lorin, une Partie de pêche, sup-
plément de Myrbach, tiré en couleur,
etc., etc. On trouve également le Cour-
rier français fans tous les kiosques et
librairies, au prix de 30 centimes le nu-
méro.
Paul Bernier.
Lord Lyons chez Ede Freycinet
L'OCCUPATION DES NOUVELLES-HÉBRIDES
Une grosse question à propos de la-
quelle Lord Lyons a fait, hier, à M. de
Freycinet des représentations que ce
dernier a fort peu goûtées, divise l'An-
gleterre et la France, et a amené entre
les deux pays une tension de rapports
regrettable.
Il s'agit des Nouvelles-Hébrides, de
ce groupe d'îles voisin de la Nouvelle-
Calédonie, où nos colons ont d'assez
grands intérêts engagés. Le départ de
Nouméa de la Dive et du Magellan pro-
voque en Australie beaucoup d'agita-
tion. Lord Rosebery a demandé des
explications à M. Waddington, notre
ambassadeur à Londres, qui n'a pu lui
répondre qu'une chose : c'est que le
gouvernement français, à la suite de
l'assassinat dë cinq de nos compatriotes,
a effectivement envoyé aux Nouvelles-
Hébrides deux navires. M. Waddington
a ajouté qu'il ne croyait pas qu'on eût
l'intention d'y débarquer des troupes.
Ne nous payons pas de mots. Pour-
quoi ne pas déclarer nettement à lord
Rosebery qu'à la suite du traité du 6 avril
dernier, passé entre l'Angleterreet l'Alle-
magne, traité qui partage entre ces deux
puissances, à l'exclusion de la France,
la partie occidentale de l'Océan Pacifi-
que, absolument comme au quinzième
siècle Jean II établissait, avec l'Espagne,
la fameuse ligne de démarcation, con-
firmée par le pape Alexandre VII, d'a-
près laquelle tous les pays, à l'ouest des
îles du Cap Vert, devaient appartenir à
la couronne de Castille, et tous les pays
situés à l'est à celle de Portugal; l'An-
glelerre et l'Allemagne ont acquis des
possessions coloniales que les autres
puissances, il est vrai, n'ont pas re-
connues, mais qui autorisent néanmoins
celles-ci à chercher des compensations.
Les Nouvelles-Hébrides ne valent pas
les îles Bougainville, Choiseul, Isabelle,
et cent autres, sur lesquelles l'Allema-
gne vient de mettre la main. M. de Bis-
marck en a convenu, et il s'est empressé
de reconnaître, par une convention spé-
ciale, que le gouvernement allemand ne
s'opposera ni à la prise de possession
par la France des îles Sous-le-Vent, nia
celle des Nouvelles-Hébrides.
A la même demande adressée à l'An-
gleterre, lord Rosebery répondit que Io
Colonial Office allait consulter les colo-
nies australiennes. Avec une touchante
unanimité, celles-ci ont fait sayoir au
gouvernement métropolitain, qui avait
l'air de se désintéresser de la question
tout en encourageant sous-main leur
résistance, qu'elles s'opposeraient « par
tous les moyens » à l'annexion par ia
France des Nouvelles-Hébrides, dont
l'Australie s'emparera même par la
force et en déclarant la guerre à la
France, dès qu'elle sera assez puissante
pour accomplir cette entreprise. Cette
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